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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 00:45
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  BERNARD PERRIN    

Plus rien ne sera comme avant. Depuis l'arrivée d'un indigène socialiste à la tête de la Bolivie, le pays s'est réconcilié avec ses institutions. Mais les transformations sociales et économiques sont encore balbutiantes.
Il fut berger de lamas à plus de 4000mètres d'altitude, dans le froid de l'Altiplano. Quatre de ses six frères et soeurs sont morts avant l'âge de 5ans, victimes des terribles conditions de vie dans les campagnes. Comme la grande majorité de ses compatriotes, il a longtemps souffert du mépris, des insultes et de la ségrégation de la part des élites blanches ou métisses. Mais, depuis cinq ans, depuis le jour historique du 22 janvier 2006, Evo Morales est le premier président indigène de Bolivie.
«Oui, la Bolivie a profondément changé en cinq ans!» Andrés Gomez, un indigène quechua du nord de Potosi, devenu directeur de la chaîne de radio nationale Erbol, n'hésite pas une seconde: «Si notre pays a vécu une révolution historique depuis 2006, c'est avant tout celle de l'inclusion. Les indigènes, considérés pendant cinq cents ans comme des retardés, exclus de la vie publique et politique, sont aujourd'hui fiers de leurs origines et occupent une place dans la société, jusqu'au fauteuil présidentiel.»
C'est certainement ce que retiendra l'histoire de l'arrivée au pouvoir d'Evo Morales: «La démocratie aujourd'hui concerne tous les Boliviens, elle s'est étendue à tous les secteurs sociaux historiquement exclus. Un peuple peut vraiment prendre son destin en main lorsqu'il affirme son estime propre, qu'il sort de la dépendance, de la colonisation. Alors tous les rêves peuvent se concrétiser», poursuit Andrés Gomez.


Un parlement enfin représentatif

Dans la Bolivie d'Evo Morales, le mot «indio» n'est plus un gros mot, il est au contraire synonyme d'orgueil, de dignité, d'opportunité, d'ascension sociale. Une vue «aérienne» du nouveau parlement plurinational remplace d'ailleurs tous les discours. La cravate occidentale a cédé sa place aux bonnets andins, aux casques de mineurs et aux chapeaux ronds des femmes indigènes de l'Altiplano.
«La recomposition des élites a été profonde. La Bolivie politique aujourd'hui correspond enfin à la Bolivie réelle», commente Pablo Stefanoni, directeur du Diplo, l'édition bolivienne du Monde diplomatique.
La Constitution reconnaît également pour la première fois après cinq siècles de colonisation la majorité indigène, qui s'exprime à travers trente-six ethnies différentes. Ce sont autant de cultures, de modes de vie, de systèmes économiques ou judiciaires, ou encore de langues, qui font désormais partie de la mosaïque bolivienne.


Quelle nationalisation?

L'arrivée au pouvoir d'Evo Morales marque aussi le retour de l'Etat, qui avait disparu au début des années 1990. Un retour symbolisé par la nationalisation des hydrocarbures en mai 2006. Mais cette «seconde révolution», qui a principalement consisté à renégocier avec les transnationales les dividendes pétroliers, divise au sein même des partisans du gouvernement.
L'ancien ministre des Hydrocarbures Andrés Soliz Rada est l'un des plus sévères. A ses yeux, la nationalisation aurait dû être beaucoup plus radicale: «Le décret prévoyait de récupérer la propriété, la possession et le contrôle total et absolu des hydrocarbures. Il n'était certes pas possible d'expulser les transnationales, sous peine de paralyser la production et le pays. Mais de là à considérer, comme Evo Morales le fait actuellement, que la nationalisation peut être une soumission à Petrobras et aux autres entreprises étrangères, c'est une grave erreur.»
Un point de vue que ne partage pas Andrés Gomez: «Aujourd'hui, dans une économie globalisée, il n'est pas possible d'aller plus loin. Certes nous avons échoué pour ce qui est de nous affranchir de la dépendance vis-à-vis des transnationales. Mais la relation s'est équilibrée entre l'Etat et les entreprises étrangères. Avant cela, il ne faut pas l'oublier, il y avait un véritable Etat pétrolier (référence à l'expression République bananière, ndlr) en Bolivie, aujourd'hui ce n'est plus le cas.»


Bureaucratie et corruption

Pablo Stefanoni, lui, regrette que l'Etat n'ait pas pu renforcer l'entreprise nationale d'hydrocarbures YPFB, pour en faire l'acteur majeur de l'exploitation du gaz naturel et du pétrole: «La nationalisation n'a de sens que si une entreprise étatique solide peut investir et prendre en main la production et la vente des ressources naturelles. Mais YPFB n'y est jamais parvenue, minée par la mauvaise gestion, la bureaucratie et la corruption à tous les niveaux.»
La Bolivie «socialiste et souveraine» d'Evo Morales repose donc encore et toujours sur les transnationales des hydrocarbures et n'a pas soldé sa dépendance historique à l'égard du capital transnational. Du coup, ce pays au sous-sol si riche doit importer une grande partie des carburants qu'il consomme. La faute notamment à l'absence d'industrialisation du secteur pétrolier.


Politique sociale

De quoi faire fulminer un des leaders de la mobilisation populaire d'octobre 2003, Carlos Rojas: «Les entreprises pétrolières ont le contrôle de notre production et décident selon leurs intérêts d'investir ou non, dans les pures règles du capitalisme qu'on combattait dans les rues!»
Auteur du livre Bolivia en los tiempos de Evo, Hugo Moldiz refuse pourtant de juger si sévèrement la nationalisation: «Elle a permis d'augmenter les réserves internationales nettes à 10milliards de dollars, elle a permis d'instaurer la Renta Dignidad, une retraite universelle pour toutes les personnes de plus de 60ans et d'autres allocations pour les écoliers et les femmes enceintes notamment, ce qui permet de pallier les inégalités sociales. Evo Morales a réussi à mettre en place ces mécanismes de redistribution de la richesse grâce à la nationalisation. Résultat: selon l'ONU, cinq cent mille personnes seraient sorties de l'extrême pauvreté depuis 2006!»


L'éducation pour le futur

Mais, au final, malgré une meilleure redistribution des richesses issues de la rente pétrolière, l'Etat bolivien souffre encore et toujours de sa faiblesse historique: une capacité de gestion publique très limitée. «C'est l'énorme problème du gouvernement d'Evo Morales, qui peine à passer des discours politiques à l'exécution technique sur le terrain. Il manque une bureaucratie réellement formée, des fonctionnaires et des techniciens compétents», note Pablo Stefanoni.
Les réformes essentielles sont donc encore en chantier. Mais, approuvée récemment, la nouvelle Loi sur l'éducation nationale unique, qui propose une réforme profonde, à la fois décolonisatrice et productiviste, sera peut-être la troisième révolution, celle assurant réellement un futur souverain aux nouvelles générations et garantissant la refondation définitive de la Bolivie. I

Source : Le courrier

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