Manifestation anti-OTAN samedi au Port-du-Rhin

La préfecture a diffusé hier soir le trajet de la manifestation anti-OTAN du samedi 4 avril, qui partira du jardin des Deux-Rives et traversera le Port-du-Rhin. Les organisateurs devraient se plier à cette « obligation ».
Après des semaines de négociations, la décision est finalement tombée hier soir : la manifestation restera en périphérie de Strasbourg. Une réunion doit encore avoir lieu ce matin avec la préfecture. Après une ultime proposition faite aux autorités mardi soir, le collectif anti-OTAN Strasbourg, organisateur de la manifestation, devrait annoncer aujourd'hui qu'il se plie à cette « obligation ».
 Le départ sera donné à 13h au jardin des Deux-Rives, le cortège empruntera ensuite les rues Coulaux, du Port-du-Rhin, la route du petit-Rhin, le pont Vauban, pour bifurquer à l'entrée de Neudorf dans la rue du Havre et revenir sur le terrain de l'ancien stand de tir Desaix via le pont des Deux-Rues et la rue du Rhin-Napoléon (notre infographie) pour une arrivée prévue vers 17h.

Un très important
service d'ordre

Les organisateurs attendent plusieurs dizaines de milliers de manifestants samedi à Strasbourg, dont au moins 10 000 d'Allemagne. « Les autorités françaises nous ont assuré qu'il n'y aurait pas de barrage filtrant, simplement des contrôles un peu plus importants que d'habitude », a relevé Arielle Denis, du mouvement de la paix.
Le parking des bus est prévu sur le terrain Starlette, en bordure de la route du Petit-Rhin, aménagé pour l'occasion. Un podium doit également être mis en place sur le site de la foire St-Jean. Des vétérans de la guerre d'Afghanistan, une députée afghane, une députée kurde, Margareth Theodorakis (fille de Mikis Theodorakis), doivent notamment y intervenir avant le départ de la manifestation. Enfin, les organisateurs ont prévu un service d'ordre de plusieurs centaines de personnes, composé de membres de la coordination internationale.
Hier matin encore, la coordination internationale anti-OTAN, qui regroupe quelque 600 organisations de 33 pays, réaffirmait sa volonté de défiler en ville. Reiner Braun, de la coordination internationale, estimait même que les autorités faisaient de la « paranoïa » : « Que signifient les hélicoptères au-dessus de la place Kléber en pleine journée ? Ou à minuit, au-dessus du campement ? Le seul but de ces opérations est de faire peur aux gens pour les empêcher de venir manifester ». La coordination internationale réclame le droit de clamer son opposition à l'Alliance Atlantique et a pour ce faire écrit à Barack Obama. « L'Afghanistan sera leur Vietnam », prévient Reiner Braun.

Aude Gambet

Édition du Jeu 2 avril 2009

L'itinéraire de la manifestation anti-OTAN prévue samedi 4 avril. Bien à l'écart du centre-ville.

Happening au pont du Corbeau

Quatre membres du collectif anti-OTAN se sont enchaînés hier au pont du Corbeau, en tenue de prisonnier de Guantanamo, pour dénoncer les « exactions » dont les Etats-Unis se rendent « coupables » à la prison de Bagram (Afghanistan).

 Le happening n'aura duré que quelques minutes. A 16 h tapantes, quatre membres du collectif anti-OTAN, habillés en orange de pied en cap - comme les prisonniers de Guantanamo - et coiffés d'une cagoule s'enchaînent au pont du Corbeau.
 « On a beaucoup parlé de la fermeture de Guantanamo, décidée par Obama. Mais on dit moins que le président américain s'oppose à la fermeture de la prison de Bagram, en Afghanistan, au motif que le pays est en zone de guerre, s'indigne Ali Rastegar, porte-parole du collectif. Or, les militaires américains bafouent les droits de l'homme à Bagram comme avant à Guantanamo. Deux personnes y sont déjà mortes de "maltraitance" selon les termes officiels. Or, il s'agit bien de torture ! »
 Avant l'arrivée des forces de l'ordre les manifestants mettent fin au happening. L'action se poursuit par la vente des fameux drapeaux multicolores - des cartons viennent d'arriver d'Allemagne, les ventes ont déjà dépassé la barre du millier - et la distribution de tracts appelant les Strasbourgeois à rejoindre le collectif.

Manuel Plantin

Plus d'infos sur notre blog-OTAN (http ://otan-strasbourg.dna.fr).

Édition du Jeu 2 avril 2009

Quatre membres du collectif anti-OTAN se sont enchaîné au pont du Corbeau pour un court happening, hier, à 16 h au centre de Strasbourg. (Photo DNA - M. P.)

En bref

Du bleu
partout

La présence policière est manifeste au centre-ville. Pendant que des contrôles d'identité étaient effectués hier soir boulevard de Metz avant une réunion des anti-OTAN, douze fourgons de la police nationale stationnaient place Kléber, devant la Fnac et devant Monoprix.

Village
anti-OTAN :
incidents avec
la police

Il n'y a pas eu d'interpellation suite aux échauffourées qui ont eu lieu mardi soir vers 23 h entre la police et des militants anti-OTAN, rue de la Ganzau, à Strasbourg, aux abords du village anti-OTAN.
Selon des témoins présents dans le camps, la tension serait montée suite à la multiplication des contrôles d'identité à proximité du campement.
Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes pour se dégager. La situation s'est rapidement calmée.
D'après les forces de l'ordre, il n'y a pas eu de blessé.

Édition du Jeu 2 avril 2009

Contre-sommet de l'Otan : demandez le programme

Dans l'Humanité jeudi, un encart spécial de quatre pages commun à notre journal ainsi qu'aux quotidiens allemands Neues Deutschland et Tageszeitung (TAZ). A l'heure du sommet de l'OTAN à Strasbourg, L'Humanité donne dans cet encart le programme complet du contre-sommet à Strasbourg et Baden-Baden.
Avant la manifestation de samedi près du pont de l'Europe à Strasbourg, à lire, un entretien avec Arielle Denis, du Mouvement de la paix.

Pourquoi est-ce important pour le Mouvement de la Paix d'organiser un contre sommet pour les 60 ans de l'OTAN ? Qu'est-ce que vous attendez de la mobilisation du 4 avril à Strasbourg ?

Ce Sommet de l'Otan intervient en pleine crise et les crises ont souvent ouvert le chemin des guerres. Comment se positionnera l'Alliance, bras armé de la globalisation en crise, avec sa doctrine d'intervention adaptable à tout ? Elle se cherche une nouvelle doctrine, elle en échec en Afghanistan et très divisée. Par ailleurs, c'est ce moment qu'a choisi Nicolas Sarkozy pour annoncer le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l'Otan., et ça non plus ça ne passe pas...

Nous rencontrons un bon écho pour ce contre sommet préparé depuis 6 mois avec nos amis Allemands. Le Mouvement de la paix anime une coalition de 40 organisations et le collectif international en compte plus de 600. Des delegations viendront d'Afghanistan, du Japon, de tous les pays de l'Otan, des cars de Filande ou de Pologne, de Turquie, de Grèce et de Russie, des Vétérans de la guerre d'Irak et d'Afghanistan... Nous voulons peser sur le Sommet officiel et demandons à être reçu par Barack Obama. Le monde ne peut se payer en même temps et les guerres et les solutions pour les défis globaux, du réchauffement climatique à la lutte contre la famine, la prolifération nucléaire, l'illétrisme ou le mal logement...

Comment réagissez-vous aux atteintes aux libertés, après les actions de la police à Starsbourg visant à faire retirer les drapeaux anti-Otan de fenêtres de la capitale alsacienne ?

C'est atterrant ! Nous venons d'arracher le Pont de l'Europe -rendez vous à 13h -mais pas encore un trajet décent. M. Sarkozy a transformé Strasbourg en village « Potemkine » : pas un travailleur, pas un service public, pas une ecole, ... pas la moindre trace de contestation et on relègue les manifestants dans la zone industrielle. L'affaire des drapeaux de la paix est exemplaire...

C'est un délire sécuritaire : 60 hélicoptères, 30 km de barrières, un dirigeable, 40 000 policiers... les autorités allemandes parlent de 110 millions d'Euros pour la sécurité - soit la somme nécessaire pour éradiquer la Malaria...

Comment analysez-vous la décision de Nicolas Sarkozy de réintégrer l'Otan et ya -t-il une alternative à l'Otan ?

C'est un choix purement idéologique, le Président estime que la France doit renforcer « la famille occidentale » à laquelle elle « appartient ». Nous voilà en plein « choc des civilisations », une vision qui ne peut qu'aggraver les tensions. Il veut arrimer la France et l'UE à l'Otan et à la politique des Etats-Unis, c'est une erreur majeure, un stupide anachronisme et une sinistre provocation. Les alliances militaires ont fomenté et déclenché les guerres du 20eme siècle. L'Otan reste la seule . Club des riches, branche européenne du Pentagone, c'est un obstacle majeur à la paix, au désarmement, au droit international et au renforcement de l'ONU à laquelle l'Otan voudrait se substituer. Il nous semble important de remettre l'Onu et sa transformation au coeur des enjeux de sécurité. Oui, il faut dissoudre l'Otan. Pourquoi ne pas consacrer les prochaines années à son désarmement et à sa transformation en pompier -civil- des catastrophes humanitaires au service de l'Onu ?

Entretien réalisé par Vadim Kamenka

Politique : (en guise de réponse au communiqué haineux de L'UMP locale)

« L'OTAN doit-elle encore exister ? »

Trois questions à Jean-Pierre Grand, député UMP de l'Hérault.

Comment avez-vous réagi au discours du président de la République ?

Jean-Pierre Grand. Nous nous posons beaucoup de questions. Ne fallait-il pas conserver une certaine élasticité à notre politique étrangère ? L'OTAN n'est-elle pas en train de grignoter les prérogatives de l'ONU ? Nous allons perdre notre singularité qui a permis à la France d'être considérée pour sa politique étrangère ouverte. Ne courons-nous pas un risque majeur que l'on nous range définitivement dans le bloc occidental sans différence avec les autres pays ? Faire passer le message que nous sommes totalement dans le bloc occidental et que nous rentrons de plain-pied dans une structure militaire qui, pour toutes les capitales du monde, est une structure américaine est un message effroyablement réducteur.

Nicolas Sarkozy invoque les changements intervenus au cours des dernières années pour justifier l'abandon de la politique définie par le général de Gaulle...

Jean-Pierre Grand. Précisément, le monde a changé et la vraie question est : l'OTAN, dont chacun connaît l'histoire depuis 1949, doit-elle toujours exister ? Le bloc soviétique, l'URSS n'existent plus. Nous sommes dans une crise sans précédant, Les États-Unis sont en passe de perdre le leadership qu'ils avaient encore il y a quelques années. Il faut compter avec la Chine, l'Inde. Il faut que notre politique continue d'être comprise par les peuples d'Afrique.

Et je n'imagine pas une seconde que plus d'OTAN signifie plus de défense européenne, en tout cas pas une défense européenne autonome.

Comme parlementaire UMP, n'êtes-vous pas confronté à un dilemme ?

Jean-Pierre Grand. Le président a déjà annoncé le retour total de la France dans l'OTAN. Cette question n'est pas de la responsabilité du premier ministre. Le chef de l'État aurait pu, puisque la Constitution l'y autorise désormais, venir parler devant les deux Chambres réunies à Versailles. Il ne l'a pas fait. Poser la question de confiance c'est obliger la majorité à voter pour et contraindre l'opposition à voter contre. Pour ma part, comme un certain nombre d'autres députés de la majorité, nous ne participerons pas au vote, ne voulant pas voter contre le gouvernement. Nous n'avons pas d'autre choix.

Entretien réalisé par Jean-Paul Piérot

Libération

02/04/2009

OTAN - La "parade solidaire contre le cirque sécuritaire" a silloné mercredi les rues de Strasbourg, pour protester pacifiquement et drolatiquement contre le 60e sommet de l'Otan, qui s'ouvrira vendredi. Du quartier de l'Esplanade (photo) à la salle du Molodoï, une cinquantaine de clowns-jongleurs et deux fois plus de militants ont défilé dans un joyeux chambard, improvisant happenings et simulations de "sécurisations" de sites. Rue d'Austerlitz, un groupe qui voulait se détacher du cortège principal pour se diriger vers le centre ville a été bloqué par des policiers en civil. Un peu plus loin, pont du Corbeau, le Parti de gauche et le mouvement des Drapeaux de la paix "enchaînaient" quatre "prisonniers" vêtus de combinaisons orange et cagoulés : "Une reconstitution historique pour montrer le vrai visage de l'Otan, les prisons illégales".
T.C.