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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 11:16

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Quand Eric m’a annoncé, il y a de cela quelques mois, que Masy et lui désiraient que les Cinq soient les parrains d’honneur de leur fils Leandro, j’ai trouvé l’idée géniale. Et pas un instant je n’ai douté de la réponse de Tony, de Gerardo, de Ramon, de Fernando et de René. Ils m’ont donné raison en acceptant ce parrainage avec enthousiasme.

 

Nous voilà réunis pour fêter l’évènement. Certes, les parrains ne sont pas là physiquement, mais chacun de nous aujourd’hui, madame la Consul, le président de France Cuba, la secrétaire de l’association, les représentants des divers comités et de différentes associations, tous les amis des Cinq qui se sont retrouvés ici, nous tous nous les représentons.

 

Ainsi donc, Leandro Epitalon a maintenant pour parrains cinq Héros de la République Socialiste de Cuba, c’est leur titre officiel et prestigieux, des héros que la solidarité internationale, appuyée par dix Prix Nobel, dont Nelson Mandela, a proposé pour le titre de Prix Nobel de la Paix en 2009, prix octroyé cette année-là à Barack Obama, pour son œuvre à venir… Pourtant les Cinq méritaient ce titre, eux qui ont déjoué plus de 170 attentats en infiltrant les milieux terroristes de l’exil cubain, là-bas, dans ce paradis de cinéma qu’est Miami, sauvant ainsi des centaines de vies. Cinq héros qui depuis plus de douze ans payent dans des prisons des Etats-Unis leur amour de leur patrie, leur amour de leur peuple, leur amour de la vie.

 

Mais les Cinq de Miami, ainsi qu’on les appelle à travers le monde entier, sont bien plus que cette image véhiculée par les campagnes de solidarité. Leandro doit savoir qui sont ces cinq hommes que ses parents lui ont choisis pour parrains et auxquels, désormais, le rattachent des liens privilégiés. Bien plus que des héros, ils sont avant tout des hommes que je voudrais lui présenter.

 

Commençons par parrain Tony.

Papa de deux grands garçons, Tonito et Gabriel, il craque devant les gamins. Il n’y a pas de meilleur « babby sitter » que lui ! La patience et la gentillesse faites homme! L’idée d’être parrain d’un petit Léandro ne pouvait que le faire fondre !

 

Tony - Antonio Guerrero Rodríguez – est né le 16 Octobre 1958, à Miami. Il est le deuxième enfant de Antonio Guerrero et de Mirta Rodríguez. Il a une grande sœur, María Eugenia, qu’on appelle Maruchi. Quelques mois après la naissance de Tony, la Révolution cubaine triomphe. C’est le retour au pays. C’est sans doute de son père, ex pelotero professionnel, que Tony tient son amour des sports. Basket, natation, football, base-ball, il s’essaie à tout. C’est la pratique du sport qui va faire fondre les rondeurs du petit garçon gourmand qui aimait tant les glaces, surtout celles du Parc Coppelia, à La Havane. Et peut-être aussi le plaisir de danser la salsa, en bon Cubain qu’il est! Tony est un étudiant doué, brillant dans le domaine des mathématiques. Il aime le sport et les arts, mais c’est vers le Génie Civil qu’il oriente sa carrière. Il obtient une bourse d’études pour devenir ingénieur à Kiev, en Ukraine, en 1980. Il y découvre l’hiver, la neige, le froid, un monde aux antipodes des Caraïbes. Il en garde des images fortes qu’il transcrira dans des poèmes, et des amitiés solides. De retour à Cuba, il est chargé malgré sa jeunesse, de réaliser l’agrandissement de l’aéroport Antonio Maceo à Santiago. Fidel Castro en personne le félicitera du résultat. Mais les intérêts de Cuba envoient Tony à Miami, parce que c’est de là que vient le danger. Et voilà Antonio Guerrero à Key West. Lui, le brillant ingénieur, devient homme à tout faire dans la base aéronavale de Cayo Hueso, ce qui lui permet de surveiller l’activité des avions de « Hermanos al rescate » qui sortent quasi quotidiennement pour des raids sur Cuba et d’avertir La Havane.

A Miami, les gens aiment bien ce jeune homme sympathique, au sourire communicatif, qui danse si bien la salsa et qui est toujours prêt à rendre service. Parce que Tony est comme ça, dans la vie de tous les jours. Quand s’ouvrira le procès, en 2000, ses amis de Key West viendront témoigner en sa faveur, et leur amitié ne s’est jamais démentie au cours des longues années de sa détention.

 

Tous ses amis du monde entier attendent que justice soit rendue et que Tony retrouve la liberté. A Cuba aussi, tout le monde l’attend .Mais celle qui attend avec le plus de ferveur, c’est sa mère.

Mirta Rodríguez est une vieille dame à cheveux blancs, qui vit à la Havane dans la petite maison remplie de fleurs, de plantes vertes et de photos de Tony. Dans le couloir, une volée de placards métalliques qui prennent plein de place et qui sont remplis des courriers reçus par le fiston. Elle gère tout ça, « pour quand il reviendra ».

En prison, Tony s’est découvert une passion pour la poésie. Il est l’auteur de plusieurs recueils de poèmes. Ces trois dernières années, c’est surtout la peinture qui l’occupe et il a un véritable talent. Mais il continue à s’intéresser au sport, son préféré restant le football (européen) et une de ses équipes favorites… les Girondins de Bordeaux! D’ailleurs, en ce moment, il se fait pas mal de souci pour eux !! Il vaudrait peut-être mieux qu’il s’initie au rugby et à Toulon ! Peut-être que son filleul pourra l’y aider!

 

Parrain Gerardo

 

Gerardo Hernandez Nordelo est un homme attachant. Il est né à La Havane le 4 Juin 1965. Etudiant de l’Institut Supérieur des Relations Politiques Internationales, il est sorti major de sa promotion à tout juste 23 ans! Brillant, travailleur, généreux, un brin sentimental comme tout bon Cubain, et doté d’un humour ravageur, tel était – et tel est encore – Gera. Excellent caricaturiste, il cache sous un trait de crayon incisif une âme romantique.

Marié à Adriana Perez O’Connor, il n’oublie jamais de lui envoyer un mot tendre pour l’anniversaire de la date où ils se sont rencontrés, dans la guagua qui les menait à l’université. Pendant des semaines, il est arrivé en retard aux cours pour pouvoir prendre le même bus qu’Adriana, avant d’oser l’aborder à la faveur d’une pile de livres renversés. Un poème dédié à «la muchacha de la guagua» suivi d’une balade en bord de mer, une demande en mariage sous un flamboyant scelleront leur amour. Le destin les a brutalement séparés. Adriana, qualifiée de «dangereuse pour la sécurité des Etats-Unis» (1m58, à peine 50 kilos!) se voit systématiquement refuser le visa qui lui permettrait comme elle le dit joliment «de se regarder dans les yeux de l’homme qu’elle aime».

Condamné à une double perpétuité plus 15 ans de prison, Gerardo n’a jamais perdu confiance en l’avenir et reste convaincu d’avoir fait son devoir. Entre deux poèmes et trois dessins, il trouve le temps de répondre à un courrier chaque jour plus imposant. La plus grande angoisse de cet homme que rien ne semble pouvoir abattre, c’est de recevoir un coup de téléphone de La Havane. Parce que, dans son immense bonté, l’administration pénitentiaire américaine autorise exceptionnellement les proches à téléphoner pour annoncer une catastrophe familiale. Comme ce 2 novembre 2009, où son Adriana en larmes lui a annoncé la mort de Carmen, sa maman, sa « mamucha ».

Son seul regret, lui qui est déjà «grand-oncle», c’est de ne pas avoir eu un enfant d’Adriana. «Et là, dit-il, le temps joue contre nous.» Alors, être parrain de Leandro, c’est quelque part être papa par intérim. Un vrai bonheur.

 

Parrain Fernando

Fernando González Llort, qui est né à La Havane le 18 Août 1963, est un homme calme, réfléchi et sérieux. Qui pourrait imaginer, à part ses proches, le gamin bavard et facétieux qu’était Fernandito – Tito pour ses amis?

Et pourtant! Dès son plus jeune âge, il a manifesté un besoin impérieux de communiquer, au point que sa maîtresse de maternelle devait trouver des activités supplémentaires pour occuper ce bavard impénitent qui avait toujours tout fini avant les autres! Sa mère, Magaly Llort, se souvient de son fils qui quelques années plus tard, rentrait de l’école ventre à terre et expédiait ses devoirs – impeccables au demeurant!- pour se consacrer à sa passion : le base-ball. Un amour qui va de pair avec son goût pour la lecture. Il est capable de lire deux ou trois livres en même temps, sans perdre sa capacité d’analyse ni la rigueur de sa réflexion.

Fernandito grandit. En 1981, il entre à l’«Instituto Superior de Relaciones Internacionales » dont il sortira parmi les meilleurs grâce à un travail assidu et des capacités intellectuelles remarquables. A cette époque, Cuba est l’objet d’attaques de plus en plus nombreuses et violentes de la part des contre-révolutionnaires de Miami, formés et soutenus par la CIA. Fernando ne pouvait pas rester indifférent.

En 1995, il laisse Rosa Aurora, sa fiancée, à La Havane et gagne Miami où, sous le nom de Ruben Campa, il réussit à infiltrer les réseaux terroristes au point qu’Orlando Bosh, le chef de la bande, le remarque, lui accorde sa confiance et en fait … un de ses conseillers! Poste ultra dangereux s’il en est, mais qui permettait à Fernando de renseigner efficacement sa patrie sur les agissements des terroristes. Si son « patron » s’était douté un seul instant de la véritable activité de son jeune « assistant », nul doute que notre Fernando serait allé admirer les fonds sous-marins de Miami avec des chaussures en ciment!

 

Arrêté en 1998, en même temps que Tony, Gerardo, Ramón et René, il a été condamné à 19 ans de prison. Malgré les rigueurs de l’enfermement, il garde intact son amour de la vie, de la justice et de son pays. Il sait qu’il reviendra un jour ou l’autre, ne serait-ce que pour prouver ses talents de danseur de salsa à son épouse qui en doute fortement, et, malgré l’âge, taquiner un peu ses sœurs, Marta et Lurdes, comme au bon vieux temps!

 

Et pouvoir enfin embrasser son filleul, lui que le destin a privé du bonheur d’être père!

 

Parrain Ramón

 

Ramon Labañino Salazar est né le 9 juin 1963 à Marianao, dans une famille modeste. Il est le premier né de la nichée. Comme il faut bien nourrir tout ce petit monde, les parents travaillent. C’est donc à Ramón, l’aîné de la troupe, que revient l’obligation de s’occuper des petits, ce qu’il fera consciencieusement.

 

Ramón, c’est le grand frère idéal. Dans le genre gros nounours gentil et protecteur, mais intraitable quand il s’agit du devoir. Il trouve toujours un moment pour jouer aux billes ou au base-ball. Il n’a pas son pareil pour vous faire voyager à travers son atlas, et près de lui, on ne risque rien : il est ceinture noire de karaté! Par contre, pas moyen d’échapper au bain le soir ni de regarder la télé en arrivant de l’école: les devoirs et les leçons passent d’abord! Mais il accepte de prêter ses chers livres pendant qu’il prépare le repas!

 

C’est parce qu’il sait la valeur de l’éducation que Ramón étudie aussi sérieusement, tout en assumant, dans toutes les écoles où il est passé, des responsabilités sportives, éducatives, culturelles. Alors qu’il étudie l’économie à l’Université de la Havane, il participe à diverses compétitions de karaté et même aux Jeux de la Caraïbe! Ce qui ne l’empêchera pas de réussir ses examens!

 

Son diplôme en poche, Ramón va assumer des missions à l’étranger pour le gouvernement cubain. A partir de 1990, il est envoyé aux Etats-Unis pour surveiller les groupes anti révolutionnaires de Miami qui, aidés par les services américains, multiplient leurs activités terroristes contre l’Île, et s’installe à Tampa, en Floride, dans un minuscule appartement. Pendant des années, sous le nom de Luis Medina, il parcourt Miami pour livrer des médicaments aux pharmacies, tout en faisant des petits boulots, à l’instar de nombreux exilés latinos. Pas grand-chose à voir avec la vie dorée d’un James Bond! Comme Tony, Gerardo, Fernando et René, il sera arrêté le 12 Septembre 1998, et condamné à la perpétuité plus 18 ans de prison. Une sentence qui sera « réduite » à 30 ans de prison en décembre 2009.

 

Malgré ses longs séjours hors de Cuba, il trouve le temps de se marier. Il aura trois filles: Ailí, avec Ilia Cardoso, puis Laura et Lisbeth avec Elizabeth Palmeiro. Elles grandissent loin de leur père qu’elles vont voir de temps à autre, au gré des visas accordés ou non. Entre deux activités pratiquées en prison pour garder la forme, Ramón répond – à son rythme – au courrier qui arrive du monde entier et, en bon Cubain, écrit des poèmes. Car, outre ses filles et sa femme, Ramón a deux amours: la poésie et les parfums!

 

Il a accepté avec joie ce rôle nouveau pour lui, de parrain de Leandro. Mais il y a mis d’entrée une condition: que des photos de son filleul lui soient régulièrement envoyées toute sa vie ! Ce qui prouve qu’il n’a pas l’intention d’être un parrain d’opérette !

 

Parrain René

Chicago, Illinois, 13 Août 1956: le petit René vient de naître dans le foyer d’Irma et René González, deux Cubains qui ont émigré aux Etats-Unis pour fuir le régime de Batista. Le père a trouvé un petit boulot dans la sidérurgie, la mère fait des ménages. On n’est pas riche, à la maison, et on a la nostalgie de l’Île… Et quand la famille décide de retourner au pays, en 1961, le petit René se sent chez lui à La Havane. La fratrie s’agrandit avec Roberto, Iván, Dayana et Alina.

René aime jouer avec ses frères et sœurs – il adore démonter et remonter leurs jouets !- et aujourd’hui encore une profonde tendresse les unit. Il entre à l’école militaire « Camilo Cienfuegos » à Baracoa. Grand sportif, René pratique la plongée sous-marine avec Roberto, le base-ball, le basket, le volley, la natation. Il entre en 1972 à l’institut Combatientes de América. En 1977, il effectue en tant que conducteur de char T-34 une mission en Angola au cours de laquelle il obtiendra la médaille du Combatiente Internacionalista. A son retour, il réalise enfin son rêve: il devient pilote d’avions! Il épouse Olga Salanueva qui lui donne une première fille, Irma. Il est chef d’escadrille à la base de San Nicolás de Bari, responsable de la section d’aéronautique sportive et enfin, en 1990, membre du Parti Communiste cubain.

 

Il accepte pourtant de sacrifier ce bonheur tranquille pour partir en mission à Miami. Il fait semblant de voler un avion de l’armée et atterrit en Floride où il est reçu en héros. Il infiltre l’extrême droite des exilés cubains en tant qu’instructeur de pilotage. Pendant huit ans, il vivra au sein de cette mafia, accumulant les renseignements qui permettront de déjouer des dizaines d’attentats contre sa patrie. En 1997, Olga l’a rejoint à Miami et Ivette est venue au monde. Et puis le 12 septembre 1998, c’est l’arrestation de René. Le FBI débarque en force, armé jusqu’aux dents. René est menotté et embarqué dans les hurlements, Olga est jetée à terre, Irmita pleure, Ivette est terrifiée. Elle n’a que quelques mois: elle ne reverra son père, enchaîné et au milieu de policiers, que pendant quelques minutes plusieurs mois plus tard. Sa mère, après trois mois passés en prison, est renvoyée à Cuba. A partir de là, aucun visa ne lui sera accordé pour rendre visite à son mari, et Ivette, trop petite pour voyager seule, grandit loin d’un père qu’elle ne connaît qu’à travers des photos ou par le téléphone. René ne pourra voir sa petite dernière que huit ans plus tard, en 2006.

Pour des millions de Cubains, René est devenu un héros, au même titre que cet homme qui un jour, barbu et souriant, était venu à son école et s’était penché pour embrasser le petit René qui tirait sur sa veste. Cet homme, c’était Ernesto Che Guevara.

Aujourd’hui, c’est lui, René, qui depuis sa prison de Marianna en Floride se penche en souriant vers Leandro, son filleul.



Voilà qui sont les cinq parrains de Leandro Epitalon. Qu’ils soient pour leur filleul un modèle dans la vie qui s’ouvre devant ce tout petit bonhomme dans lequel Cuba s’unit à la France. Souhaitons lui d’être le digne héritier de deux révolutions et de suivre l’exemple de ses prestigieux parrains.

On dit que tout filleul a quelque chose de son parrain. Si cela se vérifie, Leandro Epitalon sera un grand bonhomme : il aura de qui tenir!

Ses parents lui diront qu’il pourra compter sur Tony, sur Gerardo, sur Fernando, sur Ramon, sur René et sur nous tous pour lui montrer le chemin à suivre. Même si ce n’est pas toujours le plus facile. Mais Marti le disait : « l’homme véritable ne regarde pas de quel côté on vit le mieux mais de quel côté est son devoir ».

C’est la devise de ses parrains.

Annie Arroyo

Carnoules, 12 mars 2011



 

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