C’est avec les idées du peuple, ses suggestions et ses inquiétudes, c’est avec le talent collectif de la nation au service des meilleurs rêves, que le Parti a donné des pas historiques lors de ce Congrès, pour actualiser le modèle économique et social cubain.
Les origines de cette tâche nécessaire et incontournable se trouvent dans le processus de débat transparent et démocratique qui a eu lieu à la fin 2007, dans la discussion qui s’était organisée dans les noyaux du Parti, les centres de travail et les quartiers, autour du discours de Raul, le 26 juillet de cette même année à Camaguey. De cette convocation est né tout un torrent de propositions, de questions et de points non satisfaits.
Ce fut une base importante aux côtés de la réalité complexe que nous vivons, et dans laquelle nous travaillons comme économistes, comme spécialistes et au niveau de la direction du pays, pour arriver au Projet de Lignes de la Politique Économique et Sociale du Parti et de la Révolution, un élément central de la stratégie de la nation pour faire face aux enjeux internes d’aujourd’hui, et à ceux que nous imposent le blocus actuel et la crise économique internationale.
Il ne s’agit pas de nier le chemin traversé, mais d’une autocritique franche et de sauvegarde; on n’en a pas abandonné ni l’ essence ni les principes; on a plutôt réaffirmé et enrichi les défis et les expériences de ces temps vécus.
C’est dans le sens léniniste et castriste que l’on a de nouveau convoqué le peuple à être protagoniste de la prise de décisions du gouvernement. On a appelé à un exercice collectif extraordinaire de recherche d’idéaux communs sur le destin de la Patrie.
Dans “L’État et la Révolution”, Lénine mettait en garde sur le fait que la construction du socialisme était nécessairement associée au rôle décisif et croissant des masses populaires, surtout des travailleurs, dans la direction donnée à la société. Fidel, depuis le début même du processus révolutionnaire, a doté le peuple de puissantes organisations de masse pour participer activement à la construction du socialisme et n’a pas hésité à convoquer les parlements ouvriers et estudiantins en 1984, lorsque le pays eut besoin d’adopter des décisions médullaires dans les moments les plus difficiles de la Période Spéciale.
En valorisant le nouvel exercice démocratique face aux députés de l’Assemblée Nationale, le 18 décembre 2010, le Président des Conseils d’État et des Ministres, Raul Castro, signalait que “…le vrai congrès en sera la discussion ouverte – comme elle existe maintenant – et franche avec les militants et tout le peuple, sur ces énoncés ; ceux-ci, dans un véritable exercice de démocratie, permettront de l’enrichir en même temps que, sans exclure les opinions divergentes, l’on arrivera à un consensus national sur le besoin et l’urgence d’introduire des modifications stratégiques dans le fonctionnement de l’économie, pour rendre le Socialisme à Cuba, soutenable et irréversible. ”
Presque 9 millions de personnes ont participé au débat, des jeunes bacheliers aux retraités (dont certains ont pris part à plus d’une réunion), et plus de trois millions de propositions ont été rassemblées au cours d’un processus qui a duré trois mois. Le Parti a consolidé ses capacités de leader social et de dialogue avec le peuple. D’importantes contributions se sont données au Projet de Lignes, qui s’est enrichi du savoir et de la pratique populaire. Plus des deux tiers des chapitres ont subi des modifications avant d’être présentés au conclave des communistes cubains.
Le Congrès a fini par donner forme au document et a signalé un chemin d’actualisation de notre économie, avec la participation de divers acteurs, plus de flexibilité et de décentralisation, une plus grande capacité de décision chez les cadres et dans les structures de direction, un renforcement du système tributaire et des outils légaux, mais dans le cadre d’une planification comme timon, avec l’entreprise d’État socialiste comme acteur principal, et la justice sociale comme aspiration suprême permanente.
Il s’agit d’un sentier rénovateur, celui que nous avons commencé à parcourir, bien qu’avec quelques précédents significatifs au cours des deux dernières années. Un changement de mentalité dans tous les ordres et les composantes sociales, ainsi qu’un perfectionnement de l’action des structures politiques et du gouvernement sont incontournables pour faire triompher le programme économique et social dont nous l’avons doté.
Comme on le signale dans le Rapport Central au Sixième Congrès – enraciné dans le discours historique de Fidel du 17 novembre 2005-: “Nous sommes convaincus que la seule chose qui peut faire fracasser la Révolution et le socialisme à Cuba, mettant ainsi en péril le futur de la nation, c’est notre incapacité a dépasser les erreurs que nous avons commises durant plus de 50 ans et celles que nous pourrions commettre.”
De là, l’importance de la convocation à la Conférence Nationale du Parti pour janvier 2012. Les pas audacieux et réfléchis dans le domaine de l’économie devront être accompagnés d’un travail politique et idéologique renforcé, renouvelé également et flexible, adapté aux temps actuels, aux nouvelles formes de communication et aux nouvelles technologies, au langage et aux aspirations de toutes les générations de Cubains et, tout spécialement aux plus jeunes, héritières qui continueront l’œuvre.
Le Parti prendra la tête de cette bataille avec un regard sur soi-même, affrontant les superficialités et les formalismes dans sa labeur politique, cherchant à adapter son rapport avec le Gouvernement, l’Union des Jeunes Communistes et les organisations de masse avec sa fonction d’avant – garde politique, renforçant son rôle comme expression maximale des aspirations et des intérêts du peuple et de la nation cubains.
C’est aussi le combat de tous ceux qui croyons en la justesse de la Révolution, en l’émancipation réelle de l’homme et au devoir de continuer avec des roues du XXI siècle, la caravane triomphale que Fidel a menée depuis 1er janvier 1959.
Il faut affiler tous les jours nos armes de l’unité, de la discipline, de l’exigence, de la rationalité, de la participation sociale et de la créativité.
source: Cubadebate
trad.: Dominique Gomis
Source : Cubanismo