
L’Amérique latine, une zone de séismes… politiques ! Alors que toutes les caméras sont braquées sur Haïti, à quelques kilomètres de là, c’est la démocratie hondurienne qui reste ensevelie…
Le 28 juin 2009, Manuel Zelaya, président démocratiquement élu du Honduras, est renversé par l’armée et remplacé par un gouvernement intérimaire. La résistance qui s’organise rapidement pour le retour de Zelaya est violemment réprimée par le nouveau pouvoir (plus de 40 assassinats, 120 disparus et 4 000 arrestations). Dans ce climat de terreur, une démocratie factice a été mise en place avec l’élection, le 29 novembre 2009, de Porfirio Lobo (conservateur) comme président. De nombreux pays d’Amérique latine (Venezuela, Bolivie, Brésil, Équateur) refusent de reconnaître le nouveau gouvernement, alors que les États-Unis n’ont pas hésité à entériner cette mascarade électorale. Zelaya, réfugié dans l’ambassade du Brésil à Tegucigalpa, est sous le coup d’une menace d’arrestation pour « haute trahison ».
Pourquoi une telle situation n’est-elle pas plus décriée par les médias de masse ? Le Honduras a pourtant bien failli prendre place sur le devant de la scène médiatique. En décembre 2009, France 2 illustrait ses « JT » du midi et du soir avec une photo « saisissante » des affrontements en Iran. Mais voilà, le cliché a été pris durant l’été 2009, au Honduras… Le lendemain, David Pujadas s’excusait pour cette erreur, sans même spécifier la provenance de l’image ! Nous avons tenté de joindre France 2 afin de savoir pourquoi cet événement n’a pas été l’occasion de parler de la situation hondurienne, sans succès… Quel problème pose le traitement du sujet hondurien ? Trop loin, trop compliqué ? Question de priorité ? Sans doute. Mais il est vrai également que traiter du Honduras revient à s’intéresser à la situation politique du continent sud-américain. Continent qui inquiète les États-Unis depuis que s’y développent certains mouvements révolutionnaires. Parler du Honduras, c’est parler de Chavez, Morales, de l’Alba, et mettre à nu la politique d’ingérence nord-américaine dans la région. Daniel Ortega, président du Nicaragua, a dénoncé la présence massive de militaires américains à Haïti comme étant la poursuite de cette stratégie impérialiste. Si cela se confirme, la situation politique de la région peut s’attendre à une nouvelle « secousse »
Loïc Ramirez, Margot Achard et Mathéo Illera