Le gouvernement de l’Equateur a signé avec le Programme des Nations Unies pour le Développement, PNUD, l’Initiative Yasuni –ITT, par laquelle le pays andin renonce à l’exploitation de 846 millions de barils de pétrole pour ne pas affecter une partie importante de l’Amazonie, considérée comme l’une des plus grandes réserves de biodiversité sur la planète.
Le brut restera sous terre, pour que la vie fleurisse à la surface, grâce à une décision considérée comme historique, qui de plus, permettra aux ethnies indiennes tagaeri et taromenane, les deux dernières à se maintenir en isolement volontaire, de conserver leur mode de vie dans leur environnement d’origine.
Les spécialistes s’accordent à dire que le Parc National Yasuni, où se trouve le bloc Ishpingo-Tambococha- Tiputini, abrite 2274 espèces d’arbres et arbustes, 593 d’oiseaux, 150 d’amphibies et beaucoup d’autres formes de vie qui seraient affectées irrémédiablement au cas où l’hydrocarbure serait exploité.
L’extraction du pétrole signifierait le déversement dans l’atmosphère de 407 millions de tonnes de carbone. En renonçant à cette activité le gouvernement du président Rafael Correa est donc en train de faire un apport significatif à la santé globale de notre planète.
En échange, un apport international de 3 milliards 600 millions de dollars est attendu, environ la moitié de la somme qui serait obtenue si le pétrole était vendu. Cet argent sera géré par le PNUD et il sera destiné à la mise au point de projets de développement de cette zone et d’utilisation des sources d’énergie renouvelable.
Le plan avait été proposé par Rafael Correa devant l’Assemblée Générale de l’ONU en 2007, cependant les négociations compliquées, surtout au sujet de l’origine des fonds, ont retardé presque de trois ans sa matérialisation.
Après la signature des documents, le ministre équatorien des Affaires Etrangères, Ricardo Patiño, a assuré : « c’est une proposition politique et révolutionnaire, car en plus de conserver la biodiversité il s’agit là d’une option contre le changement climatique, qui aspire en outre à combattre la pauvreté et les inégalités du pays ».
Quito avait fait récemment un autre pas transcendantal dans sa politique pétrolière, en signant la nouvelle Loi d’Hydrocarbures, qui établit la propriété par l’état de toute la production du pays.
Dans un délai de 120 jours l’actuel modèle « de contrats de participation » dans les revenus du pétrole sera changé par celui de « prestation de services » au moyen d’un tarif fixe. Ce nouveau schéma permettra, entre autres bénéfices, que ce soit le pays et non pas les transnationales qui reçoivent les recettes extraordinaires pour les éventuelles hausses du prix du brut sur le marché mondial.
La législation stipule que 12% des bénéfices des entreprises étrangères, qui extraient 40% du total national, soit investit dans des plans de développement économique et social dans les zones d’opérations.
Aussi bien la Loi des Hydrocarbures, que l’initiative Yasuni-ITT, impliquent un changement brusque dans la conception de l’activité pétrolière où la priorité cessera d’être le gain sans frein, au profit de la biodiversité, la souveraineté nationale et le bien être de la population.
L’Equateur est en train de donner une réponse positive et inédite à la planète. Il faudra voir maintenant s’il y a une attitude conséquente dans le reste du monde, ou si va prévaloir la culture de l’égoïsme et de la mort qui nous amène à faire de notre maison un cimetière huileux et pestilentiel.
RHC