La libération imminente de 5 prisonniers en pouvoir des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, les FARC, la principale force de guérilla dans ce pays, pourrait marquer le début d’une période de négociations pour mettre un terme à l’un des plus vieux conflits armés dans notre continent.
C’est ce que souligne un communiqué de cette force de guérilla, rendu public ces dernières heures. Elle demande au Président Juan Manuel Santos de “ profiter de l’occasion pour entamer un dialogue, pouvant aboutir à une solution politique de ce grave conflit”.
L’ex sénatrice Piedad Córdoba, qui agit comme médiatrice entre les FARC et des groupes humanitaires y compris la Croix Rouge Internationale s’est prononcée dans des termes similaires.
La remise des prisonniers, 3 militaires et 2 conseillers municipaux, est prévue au cours de cette semaine.
Le geste de la guérilla est une démonstration de solidarité envers Piedad Cordoba, qui a été inhabilitée de sa charge par le Procureur Général de la Nation, qui a avancé comme prétexte pour ce faire, de prétendus liens avec les guérilleros.
Pour sa part, le Président colombien a laissé ouverte la possibilité d’entamer des conversations de paix, mais il a mis comme condition la libération de tous les prisonniers et otages en pouvoir des FARC, quelques uns d’entre eux depuis plus d’une décennie.
La disposition du Président Santos peut être considérée comme un pas important en avant dans la recherche d’une solution à la guerre, surtout parce que son antécesseur, Álvaro Uribe, s’était caractérisé par attiser le feu et il est arrivé même à mettre en danger la paix avec des pays voisins.
Eduardo Pizarro, délégué du gouvernement chargé de recevoir les 5 prisonniers qui seront libérés, a déclaré qu’il reste encore 16 militaires retenus par les guérilleros. Piedad Córdoba pour sa part a annoncé qu’ils pourraient tous être mis en liberté avant le mois de juin.
La Colombie a vécu l’un des conflits armés les plus prolongés et intenses de l’histoire de l’Amérique Latine. Il a commencé avec les luttes entre conservateurs et libéraux et la rébellion armée d’un groupe de paysans dans les années 40 et 50 du 20è siècle.
Le légendaire Manuel Marulanda, qui dirigeait l’une de ces forces, s’est associé au Parti communiste de la Colombie, et a créé les FARC dans les années 60. D’autres mouvements de guérilla sont nés après: le M-19, l’Armée de Libération Nationale et l’Union Patriotique, organisation non belligérante dont les membres ont été pratiquement exterminés par les forces paramilitaires créées avec l’appui gouvernemental.
En fait, l’un des angles les plus douloureux de cette guerre a été l’emploi des groupes armés d’extrême droite, qui ont été utilisés aussi pour attaquer des organisations syndicales, paysannes, étudiantes et populaires.
À l’heure actuelle, les FARC et l’ELN restent en action. Le gouvernement colombien, les États-Unis et plusieurs alliés, les qualifient de “terroristes” pour enlever de la légitimité à leurs demandes et pour entraver toute tentative d’entamer un dialogue de paix.
D’où l’importance de la proposition lancée par l’organisation rebelle et l’ex sénatrice au Président Santos, qui pourrait, à condition de relever ce défi, devenir le gouvernant de la paix dans une nation martyrisée et épuisée par un conflit qui a coûté la vie à un grand nombre de Colombiens et qui a plongé des générations entières dans la peur et l’obscurité.