Par Andrew Cawthorne et Luis Jaime Acosta
CARTHAGÈNE-DES-INDES, Colombie (Reuters) - De nombreux gouvernements sud-américains ont menacé dimanche de ne pas signer de déclaration finale au sommet des Amériques si les Etats-Unis ne mettaient pas fin à l'exclusion de Cuba de l'Organisation des Etats américains (OEA).
Aussi pour la première fois, des pays alliés des Etats-Unis, comme la Colombie, mettent tout leur poids dans la balance pour mettre un terme à l'isolement de l'île communiste.
La Havane avait été exclue en 1962 de l'organisation régionale et les Etats-Unis et le Canada ne veulent pas depuis infléchir leur position.
D'après des diplomates, ce désaccord sur le retour de Cuba au sein de l'OEA pourrait bloquer la déclaration finale prévue dimanche à la fin du sommet, qui devait au contraire afficher l'unité de vue des pays du continent américain.
"L'isolation, l'embargo, l'indifférence, (...) ont été inefficaces", a dit le président colombien Juan Manuel Santos (droite) au sujet de Cuba.
La Colombie est un allié majeur des Etats-Unis en Amérique du Sud, et les gouvernements américains successifs ont aidé Bogota à financer leur lutte contre les guérillas et les trafics de drogue.
Sans surprise, la Bolivie, dont le gouvernement est marqué à gauche, a apporté son soutien à une normalisation des rapports entre l'OEA et La Havane.
"Tous les pays d'Amérique latine et des Caraïbes soutiennent Cuba et l'Argentine, et seulement deux pays (USA et Canada) refusent d'en discuter", a dit le président Eva Morales, faisant également allusion à la dispute entre Londres et Buenos Aires à propos de la souveraineté des îles Malouines (Falklands pour les Britanniques).
"Comment est-ce possible que Cuba ne soit pas présent au sommet des Amériques?", s'est interrogé Morales. "Comment peut-on parler d'intégration si nous excluons Cuba?"
"CE N'EST PAS UNE FAVEUR"
Le président équatorien Rafael Correa (gauche) a boycotté la réunion sur Cuba lors du sommet et son homologue nicaraguéen Daniel Ortega ne s'est pas rendu à Carthagène des Indes.
Les pays membres de l'Alliance bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique (ALBA), fondée par Chavez, qui regroupe le Venezuela, l'Equateur, la Bolivie, le Nicaragua et des Etats caraïbes, ont promis de ne plus assister à de nouveaux sommets des Amériques si l'exclusion de Cuba persiste.
"Ce n'est pas une faveur que nous voulons faire à Cuba", a dit Ortega à Managua. "A cette réunion à Carthagène, je pense qu'il est temps que l'administration américaine, et tous les conseillers d'Obama, écoutent toutes les nations latino-américaines", a-t-il ajouté.
L'élection d'Obama à la Maison blanche avait suscité l'espoir d'une amélioration des relations entre Washington et La Havane. Mais, mis à part la fin de quelques restrictions touchant les déplacements, l'administration Obama s'est montrée timide sur le dossier, jugeant que Cuba devait d'abord démocratiser le régime avant tout dégel américain.
Obama, durant le sommet, ne s'est pas exprimé directement sur le sujet cubain. Il a toutefois reconnu que des reliques de la guerre froide, datant parfois d'avant sa naissance, empêchaient une meilleure intégration régionale.
Benjamin Massot pour le service français