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28 octobre 2009 3 28 /10 /octobre /2009 20:20

En moins de trois quarts de siècle, Cuba a connu trois statuts. Dernière colonie d’Espagne en Amérique (avec Puerto Rico), elle devint à partir de 1898, au terme d’une guerre d’indépendance et d’une intervention d’États-Unis, le principal satellite de Washington, avant d’ériger le seul État socialiste dans l’hémisphère. Peu de pays ont connu une histoire aussi comprimée.
Au cours des trente-sept dernières années. Cuba a souvent été à l’avant- scène de l’actualité. Sa révolution et l’hostilité des États-Unis en ont fait un point de mire. Cette petite nation a su affronter de graves défis. Phare et source d’espoirs par les uns, elle fut un épouvantail et la cible de dénonciation pour d’autres.

 

Le socialisme n’est pas une aberration à Cuba

En décembre 1958, un dictateur tombe. Des rebelles s’installent au pouvoir. Une révolution commence sous la forme d’un train ininterrompu de réformes économiques, sociales, politiques. En avril 1961, à la veille d’une agression orchestrée par la CIA, Fidel Castro déclare que la révolution en marche est "socialiste".

L’URSS apporte bientôt un concours indispensable à la survie de cette expérience aux portes de la forteresse capitaliste. Cette évolution n’était pas accidentelle. Elle couronne une histoire de luttes unifiées par deux thèmes : justice sociale et dignité, des générations de Cubains et Cubaines ont combattu l’esclavage, la discrimination raciale, l’exclusion et la pauvreté. Ils y ont participé à titre de travailleurs, de paysans, d’étudiants, de femmes, de gens de couleur. Ils ont formé de syndicats, des partis, organisé des manifestations, des grèves, occupé les lieux de travail, pris les armes, affronté a police et l’armée, et plusieurs milliers ont payé de leur vie.

Au nom de la dignité nationale, ces générations ont combattu le colonialisme espagnol, à coup de séditions à l’occasion de deux guerres. L’influence des États-Unis devint ensuite la cible de leurs protestations et de leurs inquiétudes. A plusieurs reprises, l’intervention du grand voisin fut décisive pour bloquer des réformes comme en 1933.

Les révolutionnaires, Fidel en tête, se voyaient comme les héritiers d’une tradition de luttes, poursuivant l’oeuvre des héros tombés au panthéon: Martí, Maceo, Mella, Guiteras. Cuba présentait en 1959 l’économie la plus capitaliste et la plus "pénétré" de l’Amérique latine. Le capitalisme s’y confondait avec l’impérialisme. Les Cubains connaissaient les maux du capitalisme (fort taux de chômage saisonnier, grands écarts entre les classes, les régions). Peu profitaient des avantages. Les entreprises américains dominaient tout l’spectre de l’activité économie de l’île. Cuba était un appendice des États-Unis. Des réformes libérales ne pouvaient remédier aux problèmes, et on ne pouvait entreprendre des réformes significatives sans heurter de front les États-Unis. La révolution éclata à l’rencontre des deux tendances contraires., celles de la domination états-unienne des affaires cubains et celle de l’affirmation du nationalisme cubain. Après avoir agi comme rassembleur, Fidel fut l’architecte.

Définir cette révolution comme socialiste, c’était placer les réformes dans une logique des classes, inversée par rapport aux attentes d’une bourgeoisie cubaine surprise, mais conforme aux espoirs des majorités, c’était lui donner une portée supranationale, la rattacher aux grands bouleversements en cours avec la décolonisation, c’était défier les États-Unis, mais aussi forcer l’URSS à prendre parti en sa faveur et élever le coût d’une agression de Washington.

Les Conquêtes de la Révolution

On a souvent présenté l’économie cubaine comme un fiasco maintenu à flot par l’assistance soviétique. Cette vision caricaturale ne tient compte ni des coûts du blocus, ni des coûts de la défense, pas plus qu’elle n’admet les déformations dont Cuba avait héritées.
Cuba s’est dotée d’une infrastructure industrielle inimaginable en 1959. L’économie s’est également diversifiée et a affiché des gains appréciables dans plusieurs branches. Certes, des erreurs ont été commises- des improvisations liées à l’impatiente ou à l’inexpérience, une transposition des méthodes soviétiques de gestion, une propension pour les grands projets. La productivité n’a pas été à la hauteur, entraînant des gaspillages. Mais surtout, Cuba a souffert d’un environnement extérieur hostile. La performance économique (respectable à l’échelle latino-américaine) aurait été cependant meilleure si l’on n’avait pas tant investi dans les domaines sociaux.

En effet, les plus belles réussites sont d’ordre social. Cuba a offert à sa population des avantages sociaux que son économie ne pouvait sans doute pas supporter, eu égard aux contraintes externes, et qui n’auraient pas été envisageables dans un cadre capitaliste. Elle s’est d’abord appliquée à réduire les écarts entre les classes, les races, les régions, la ville et la campagne.

Des inégalités persistent, mais tous les citoyens ont accès, sans égard à leurs revenus, à des biens et à des services essentiels, les uns gratuits (éducation, santé), les autres disponibles à des prix subventionnés (logement, aliments, cantines, transport, loisirs). Voilà pourquoi les notions de revenu par habitant, de salaire moyen, de coût de la vie ont un sens différent qui traduit mal leur expression monétaire. La prise en charge va du berceau au tombeau, une situation unique en Amérique latine (garderies, congés de maternité, indemnités d’accident, pensions). La femme peut prendre sa retraite à 55 ans et l’homme, à 60 ans. Les prestations versées aux accidentés de travail, aux invalides, aux retraités, aux chômeurs font que la sécurité sociale coûte par présentement plus de 1,5 milliards de pesos.

L’originalité de Cuba tient dans l’énorme investissement qui s’est fait dans le capital humain. Cuba s’est transformée en nation-école. Près de 3 millions de personnes suivent des cours. Il y a un enseignant pour 37 habitants. L’amélioration de la santé a été l’autre priorité du plan social. Cuba a su combiner une médecine curative de très haut niveau avec des soins préventifs. Elle a une mortalité, une espérance de vie et une fécondité du Premier Monde.

Il y des autres conquêtes importantes. La faim a été supprimée. Si le régime alimentaire manquait de variété, tous pouvaient se permettre une alimentation décente, du moins jusqu’en 1992. Plus de 80% de Cubains sont aussi propriétaires de leur logement. La condition féminine a été améliorée, par l’égalité juridique, par l’éducation, par la participation au travail et à la vie politique. La discrimination raciale institutionnalisée a pris fin. La Révolution a aussi mis la culture à la portée de tous en créant bibliothèques, musées, théâtres, cinémas. Ses artistes ont un large public et sont appréciés à travers le monde. Cuba est aussi devenue une puissance sportive.

À la différence d’autres partis communistes, le Parti communiste cubain n’a pas un passé stalinien. Sa fondation, en 1965, consacre l’unification des forces révolutionnaires, après plusieurs défections de l’aile droite du Mouvement 26 Juillet et du Directoire Révolutionnaire. Le Parti est un produit de la révolution socialiste et c’est à ce titre qu’il se conçoit comme Parti unique. Dès le départ il fut ouvert aux "travailleurs exemplaires" et il a veillé à refléter par sa composition l’évolution de la société. Le recrutement a toujours reposé sur l’état de service et le dévouement révolutionnaire des candidats.

Depuis 1992, les chrétiens peuvent y adhérer. Les débats sont animés, protégés par le huis clos. Le parti est le guide, mais n’est pas le gouvernement. Longtemps dirigée par un Conseil des Ministres- l’apport populaire se limitant à participation à des organisations de masses et à des mobilisations- Cuba s’est dotée d’une démocratie participative. Les institutions ont été crées vers 1975 après plusieurs années d’expérimentation. Elles n’ont cessé de se perfectionner afin d’être plus proches de la population. Il y a des élections périodiques pour les trois niveaux du pouvoir pour des candidats proposés par la base. Les élus sont révocables et les élections entraînent un important renouvellement des députés.

On cherche à distinguer le gouvernement du Parti, ce qui est difficile en absence d’opposition organisée. Sans compter que les mêmes personnes siègent à la fois aux principales instances du Parti (Bureau politique et Comité central) et aux principaux postes du gouvernement (Conseil d’État et Conseil des ministres). L’hostilité des États-Unis fait en outre que toute décision du pouvoir a tendance d’être présentée comme un acte patriotique et que toute critique est suspecte. Si les consultations sont nombreuses sur les lieux de travail, dans l’organisation de masses et en fonction du quartier, la gestion au jour le jour reste affligée par l’autoritarisme bureaucratique, à l’image d’un centralisme réfractataire à des initiatives individuelles.

L’une des énigmes que pose Cuba est la longétivité politique de Fidel Castro. Peu d’hommes ont exercé une influence aussi durable et déterminante dans l’histoire d’un peuple. Cette prééminence, il la doit à ses qualités personnelles extraordinaires et à des circonstances exceptionnelles. La dialectique Fidel-peuple fut le moteur de la révolution dans sa phase initiale. Ses discours soulevèrent les foules en 1959. Les Cubains projetèrent en lui leurs espoirs de changements. Les réformes lui acquirent l’appui des masses qui, en se mobilisant dans la rue, le poussèrent à accélérer le rythme des transformations. Il proposait des buts; le peuple réclamait des actes. Il devint gouvernement. En neuf mois, 1500 décrets ou lois furent adoptés. Les gains furent rapides. Le défi qu’il lança aux États-Unis ne fit que le grandir.

La majorité des Cubains s’identifient à lui. Homme d’action audacieux, leader charismatique, habile et visionnaire, esprit curieux, il demeure trente-sept ans plus tard la clé de voûte de la Révolution, son image de marque à la fois son inspiration et sa conscience critique, symbole de l’intégrité et du dévouement dans une Amérique latine riche de présidents corrompus et sans scrupules. La Révolution pourra-t-elle lui survivre? Sans aucun doute, car ses racines sont aussi cubaines que le palmier royal. Le pouvoir est beaucoup plus collégial qu’il n’en paraît tant la figure de Fidel domine l’ensemble. Une relève s’est mise en place, constitué de cadres compétents de plus en plus visibles. Fidel cherche à se faire plus discret, mais sa présence rassure. Beaucoup d’opposants acceptent même l’idée qu’il est la condition d’un transition ordonnée.

Ce sont ces conquêtes qui assurent une légitimité et un attachement à la Révolution. Chaque convocation électorale démontre un faible taux de rejet - inférieur à 12% si l’on combine les abstentions et les bulletins annulés ou en blanc- et une forte cohésion sociale, étonnante, eu égard aux pénuries de toutes sortes. La majorité des Cubains ne réclament pas une démocratie multipartiste, même si plusieurs souhaiteraient un plus large débat public. Ils veulent une économie qui marche. Les mécontents-sauf une partie de la jeunesse- ne veulent pas d’un retour au capitalisme et encore moins d’un gouvernement dirigé par les gens de Miami, assoiffés de pouvoir et vindicatifs.

 

Les Etats-Unis face à Cuba

L’indépendance cubaine a été contrainte à la façon dont les États-Unis ont défini leurs intérêts de sécurité nationale avant et après 1959. Malgré la fin de la "guerre froide", leur politique officielle demeure revancharde, punitive. Washington souhaite toujours en finir avec la Révolution cubaine perçue comme un anachronisme et avec Fidel assimilé à un dinosaure. Les partisans d’un durcissement l’ont emporté jusqu’ici. La tendance majoritaire au Congrès considère que la pression est l’arme adaptée.

Le projet de loi Helms-Burton (pompeusement baptisée "Loi pour la liberté cubaine et la solidarité démocratique") est son étendard, sa massue. Mais il y de plus en plus de voix qui réclament un changement de politique. Une minorité propose la levée immédiate de l’embargo et l’ouverture de négociations sur l’ensemble des différends qui opposent Washington à La Havane en vue d’une normalisation. Des milieux d’Affaires s’identifient à ce courant, déçus que l’embargo les prive d’un marché naturel dont profitent leurs concurrents. D’autres plus nombreux défendent un engagement constructif sur le mode donnant-donnant. Ils plaident pour une réduction de l’état d’hostilité permanente.

La démarche serait graduelle: supprimer les mesures qui gênent la circulation des personnes et des idées à destination de Cuba, assouplir l’embargo, réagir ensuite à des concessions cubaines. Certains ne cachent pas que le scénario qui les inspire est celui d’une répétition de l’effondrement du communisme en Europe de l’Est, préparé selon eux par un accroissement des échanges de toutes sortes. C’était déjà le "track II" de la "Loi pour la démocratie cubaine" qui emprunte à la croisade religieuse. Les télécopieurs, les journalistes, les universitaires américains apporteraient le nouvel évangile à Cuba. Les points d’appui de leur campagne seraient des organisations non-gouvernementales et des groupes susceptibles de se transformer en opposition au régime.

L’ouverture vise à remodeler Cuba par une conquête des esprits. C’est justement cette volonté de subversion qui gêne le débat public à Cuba et impose aux dirigeants la prudence dans les réformes et la fermeté face à la contestation. Au nom de l’indispensable unité, face à l’ennemi l’ennemi prompt à l’exploiter toute critique comme un signe annonciateur de désintégration, le Parti, le gouvernement et la société civile évitent les discussions sur la place publique. Les impératifs de la sécurité intérieure limitent les libertés individuelles. Ce n’est pas le moindre paradoxe que les États-Unis soient, en raison de leur politique, l’obstacle majeur à l’institutionnalisation du pluralisme à Cuba.
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