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30 décembre 2010 4 30 /12 /décembre /2010 01:36

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Le sous titre du dernier livre de Rémy Herrera en dit l’ambition : « des transitions socialistes au XXI e siècle« .  Il part d’un constat : « la brusque aggravation de la crise aux Etats-Unis et la poursuite de deux guerres perdues au Moyen orient, (Irak et Afghanistan)rappellent nous explique-t-il un certain nombre de faits. d’abord que la crise n’est pas financière ou même socio-économique, mais systémique, aux multiples dimensions liées(alimentaire, climatique, énergétique, politique culturelle); il s’agit en fait d’une crise structurelle du capitalisme en tant que système mondial, et pas seulement dans sa forme passagère dite néo-libérale. » Rémy Herrera établit un diagnostic sur l’origine de cette crise systémique: »Expression et extension de la domination de la haute finance, l’impérialisme est indissociable des rapports de domination et d’exploitation que les puissances centrales du Nord continuent d’entretenir avec les périphéries du système mondial capitaliste.  » On comprend que le propos du livre n’est pas la recherche d’une régulation à l’intérieur du système . En revanche face à un impérialisme dans une crise aussi profonde ce qui frappe est   cette étrange situation où les forces progresistes perçoivent bien la nocivité et l’épuisement d’un système mais  elles restent sur la défensive faute de savoir ce qu’il faudrait faire et quoi construire. Et ce n’est pas un hasard si Rémy Herrera  insiste sur un nouvel internationalisme pour dépasser cette inertie. Il ajoute que seule l’Amérique latine et caribéenne offre l’image d’un continent dont les peuples ont commencé à passer à l’offensive et dont l’expérience peut constituer l’amorce de cet internationalisme. « L’opposition aux Etats-Unis est le principal facteur d’unité des peuples du continent qui savent jusque dans leur chair- que l’impérialisme a mis en oeuvre tous ses moyens et toutes ses énergies pour écraser de façon systématique, obstinée, acharnée chacune des incessantes tentatives qui ont été conduites au Sud pour marcher vers la démocratie et la justice sociale » (p.8)   

 

Cette synthèse des mouvements sociaux et des pouvoirs, des politiques menées fait tout l’intérêt de ce livre parce quue cela  nous permet d’envisager la manière dont  des forces émiettées avec des objectifs parfois trés différents contribuent au développement d’un nouvement et dont rémy Herrera vise à accélérer la prise de conscience de son unité anti-impérialiste et même anticapitaliste. C’est quelqu’un de rare qui n’écrit pas pour passer le temps, pour faire carrière mais pour contribuer à une prise de conscience vers une société plus juste.

 L’analyse est claire, bien écrite, sans jargon et en même temps on sent un appareil théorique, une problématique théorique marxiste parfois voisine de celle de Samir Amin et souvent pour qui connaît les travaux de Rémy Herrera enrichie par une réflexion sur le développement inégal. Ou comment derrière les inégalités et les transferts de technologie dans les exportations de capitaux, qui sont la base de la mondialisation financière, il reste toujours l’exploitation fondée sur la création de valeur. Avec une extraction de valeur selon de nouvelles modalités techniques et financières du sur-travail avec des développements inégaux entre secteurs productifs agricoles et industriels par le biais d’un commerce international financiarisé. Ces travaux d’économiste ne laissent comme trace ici que la rigueur de l’approche et une vision claire de l’interpénétration des processus et donc de la cohérence globale de mouvements différenciés . Mais dans cette réflexion, Rémy Herrera nous économise toute référence disciplinaire en cherchant l’expression la plus simple, la mieux apte à favoriser la participation des peuples. C’est un exercice méritoire et qui prouve la volonté politique de ce chercheur en économie, un engagement révolutionnaire dont on a du mal à mesurer  le travail exigé pour atteindre ce niveau de clareté.

Donc, nous sommes dans une crise systémique, l’impérialisme dans sa phase sénile de domination de la haute finance de partage d’un système mondial, des forces progressistes en retrait sur la défensive et un continent contraint historiquement à passer à l’offensive à cause de son expérience de ce qu’il peut attendre des Etats-Unis, écrasement, pillage, destruction de toute espérance de justice pour les peuples.

Ce n’est donc pas un hasard si Remy Herrera entame son périple par Cuba socialiste, par la clé de la résistance anticapitaliste et anti-impérialiste. toujours avec cette clareté extrême, Rémy herrera montre que le conflit opposant Cuba aux Etats-Unis ne doit pas être lu « comme un résidu d’une confrontation Est-Ouest » mais doit l’être au prisme de leurs relations bilatérales, et de ce fait joue un rôle essentiel dans l’unification et la prise de conscience de l’Amérique latine. C’est pourquoi ceux qui s’étonnent du fait que Cuba qu’ils voient comme le vestige d’un système communiste partout ailleurs dénoncé ne comprennent pas le rôle réel joué par Cuba en particulier par rapport au reste du continent, mais aussi pour d’autres peuples du Tiers Monde.

 Au passage, Rémy herrera nous présente un trés dense mais trés éclairant panorama de l’histoire de cet antagonisme entre Cuba et les Etats-Unis.Il fait un sort à ceux qui ne voient dans le lien entre Cuba, l’ex-union soviétique et le CAEM (COMECON) que cuba intègre en 1972 qu’une aggravation de la dépendance sucrière. Rémy Herrera décrit « l‘enclechement d’une industrialisation adaptée aux conditions d’un petit pays, à la maïtrise de la répartition du surplus et de pour favoriser une homogénéisation de la société, mais aussi à une formation scientifique et technique placée au service des besoins du pays.. soit l’exact contraire de ce qu’offrent à la périphérie du système mondial capitaliste. » Mais attention si Rémy Herrera remet bien des pendules à l’heure sur l’apport du socialisme, ou des expériences qui s’en rapprochent il n’en cache aucune des difficultés et à l’inverse de bien des commentateurs lie toujours les pesanteurs bureaucratiques, les dogmatismes académiques, les problèmes d’incitation à l’efficacité du travail, le manque de contrôle sur les moyens de production aux effets dramatiques qu’impose le blocus à ce petit pays.

Remy Herrera nous montre les prodiges réalisés, comment il y a eu dans les pires conditions, celles intervenues après la chute de l’URSS et le renforcement du blocus où ont pu être maîtrisés des mécanismes du marché sans retour au capitalisme.

On retrouve dans l’analyse de pays comme le Venezuela ou la Bolivie, avec des avancées vers le socialisme, la même sympathie et la même lucidité de la part de Rémy herrera. Par exemple quand il note que ce n’est qu’à partir de sa réelection en 2006 qu’il a été réellement question pour Chavez d’orienter le processus de transformation de la société vénézuélienne vers une forme d’organisation socialiste, dénommée « socialisme du XX siècle » avec des propositions alternatives de planification.

Le contexte n’est pas le même qu’à Cuba, les anciennes élites sont restées sur place et conservent le pouvoir politico-économique que leur garantissent la propriété des Moyens de production ( sur les terres, les industries, les commerces…) et le contrôle d’une partie de l’activité bancaire et financière, la mise en oeuvre d’un dispositif de planification adapté aux besoins du pays et du peuple se heurte frontalement aux intérêts des capitalistes locaux comme étranger. Un processus de nationalisation de secteurs clés est mis en oeuvre. Mais la véritable innovation réside dans les EPS (entreprises de production sociales) qui foctionnent sous des régimes hybrides de propriété, démocratiquement gérées et dirigées par les travailleurs eux-mêmes en s’appropriant le suprplus généré par leur travail. Pour le moment ajoute Rémy Herrera le financement de ces EPS est resté trop faible pour espérer tenir tête aux multinationales.

Ce que va étudier Rémy herrera d’une manière concise mais qui a le mérite de mettre l’accent sur les secteurs stratégiques c’est le processus de transition au socialisme conçu comme un processus long où coexistent diverses formes de propriété, il préconise des orientations, des mesures supplémentaires au nombre desquelles l’accroissement des poids respectifs des entreprises publiques et de ces EPS.

 Il faut également mesurer que le Venezuela a été et reste marqué par une économie de rente lié aux revenus pétroliers avec destruction du tissu industriel et développement de l’informel et le projet socialiste se confond avec un renforcement des transferts des revenus du pétrole, ceux-ci ont commencé à aller dans le sens des plus pauvres et à la participation populaire pour  une société plus juste.

Rémy Herrera là encore comme il l’a fait pour Cuba montre les acquis mais aussi le long chemin à parcourir, les ré-orientation à opérer dans un contexte de guerre ouverte avec l’oligarchie soutenue par les Etats-Unis, sans parler des problèmes avec le voisin colombien.

 Avec ce livre vous avez de véritables fiches qui peuvent être utile à la fois à l’enseignant et aux militant, parce qu’elles fournissent matière à un véritable savoir synthétique sur les formes possibles de transition au socialisme, un savoir sur un mouvement global marqué par des différences socio-économiques, historiques culturelles fruit y compris de cette mondialisation impérialiste en crise. L’information dans  chaque cas est étonnement riche vu le volume (il ne fait pas 200 pages).  Ce qui est d’autant plus remarquable comme synthèse qu’ il ne s’agit pas seulement d’étudier les avancées étatiques mais d’établir un état des lieux des mouvements sociaux puisque l’objectif est de montrer comment on se rapproche ou non d’une capacité d’intervention populaire sur les pouvoirs étatiques et pas d’une manière formelle.

 Chacune des expériences de ce continent convergent vers le progrès social et la participation populaire mais elles sont menées dans des perspectives historiques sur des trames culturelles et à l’intérieur d’espaces nationaux trés divers. Donc Rémy Herrera pour nous faciliter la compréhension du processus tout en respectant la diversité et la complexité classe ces pays selon deux critères fondamentaux: premièrement sont-ils anti-capitalistes ou non, deuxièmement sont-ils anti-impérialistes ou pas? Anti-capitalistes, c’est-à-dire pour la remise en question des structures du système capitaliste. Anti-impérialiste c’est à dire pour ou contre la mise en oeuvre de stratégies de développement visant à dégager des marges de manoeuvres de souveraineté nationale.

Cuba est le seul pays où l’intégration anti-capitaliste et anti-impérialiste ont littéralement fusionné. le Venezuela, la Bolivie, l’Equateur (peut-être le Nicaragua)ont annoncé un processus mais pour le moment ils ont simplement attaqué la forme néo-libérale du capitalisme plus que ses structures profondes.

d’autres gouvernement sont à base populaire avec des dirigeants progressistes ont réalisé des avancées dans la lutte contre la pauvreté mais n’ont pas infléchi la ligne néo-libérale, il s’agit du Bresil, de l’Argentine, l’URuguay , le Guatemala, le Salvador, le Paraguay et le Chili jusqu’en 2010.

Dans d’autres pays on voit monter des luttes contre des régimes de droite voir d’extrême-droite. Et là encore Rémy Herrera va nous décrire toutes ces luttes, depuis le mouvement des sans terre au Brésil, un des plus puissants et les mieux structurés ou ceux du Mexique, mais il montre que partout sous des formes diverses et souvent singulières c’est tout un continent qui converge vers le progrès social.

Donc ce livre est indispensable pour qui veut avoir une vue synthétique et profonde d’un continent dont les peuples se sont mis en mouvement sans   toujours la conscience claire de ce qu’ils veulent mettre en oeuvre mais qui savent par l’expérience ce qu’ils rejettent et là réside leur unité.

Cependant sans contrôle réel- et non seulement formel plus poussé des classes populaires sur l’Etat, les conditions de transition au post-capitalisme (ou au pre-socialisme) ne seront que trés difficilement réunies. Si je partage ce point de conclusion de Rémy Herrera ainsi que l’insistance qu’il met à montrer l’importance de l’axe Cuba-Venezuela ou encore celui des résistances populaires encore diversifiées, je ne suis pas convaincue par sa proposition d’une Ve Internationale ou à tout le moins une organisation internationale de solidarité entre les travailleurs. C’est la conclusion du livre mais on a du mal à comprendre le projet, s’agit-il de s’appuyer sur l’axe Cuba- la Havane? Dans l’état où se trouve le mouvement ouvrier en France et en Europe cela aboutira-t-il à autre chose que ce « tourisme planétaire » qui a eu sa nécessité pour une amorce de prise de conscience mais qui a été plus ou moins « cassé » à Gènes? En revanche ce que tente de développer Fidel Castro, un mouvement anti-guerre qui a déjà un contenu transformateur non seulement sur le plan écologique mais une écologie anti-impérialiste et anti-capitaliste aura-t-il un impact et lequel ?

A l’inverse de l’ensemble de son livre riche, précis, argumenté, cette proposition sur laquelle il chute mériterait un autre développement. Comme Rémy Herrera, je mesure bien l’intérêt y compris pour un pays comme la France et pour les forces révolutionnaires qui tentent avec les pires difficultés de se rassembler d’un nouvel internationalisme. Est-ce qu’une nouvelle internationale en est le chemin, je l’ignore. Ce qui est sûr c’est que nous avons besoin de savoir à quel point des forces de résistance sur des bases diverses existent et le livre de rémy herrera un des mieux conçus sur le plan pédagogique  pour favoriser cette prise de conscience internationale absolument indispensable à un passage à l’offensive des forces progressistes.

compte-rendu de lecture de Danielle Bleitrach pour changement de société

Remy Herrera est chercheur en Economie au CNRS et il enseigne également à l’Université de paris I Panthéon-Sorbonne. Il est aussi le secrétaire exécutif du Forum Mondial des Alternatives.

* Rémy herrera les avancées Révolutionnaires en Amérique latine, des transitions socialistes au XXI e siècle, Parangon/Vs Lyon 2010, 13 € www.editions.parangon.com

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