| EFE
Bogotá – Les massacres ont augmenté de 40% en Colombie en 2010, les nouvelles bandes criminelles s'étant renforcées au point de devenir la principale menace, annonce aujourd'hui l'ONU dans son rapport annuel sur les droits de l'homme dans ce pays d'Amérique du Sud.
Pendant la présentation, le représentant à Bogotá du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme, Christian Salazar, a exprimé la préoccupation de cet organisme face à "une augmentation de la violence engendrée par ces groupes armés illégaux".
Ces bandes criminelles ou "bacrim", comme les appelle le Gouvernement, ont commis "des homicides, des menaces, des extorsions et des actes de violence sexuelle, et provoqué des déplacements forcés individuels et collectifs", selon Salazar.
"Il est particulièrement préoccupant de constater la forte croissance des massacres (40%) dans le contexte de disputes violentes entre ces groupes et entre les factions d'un même groupe", a-t-il précisé, en qualifiant ces organisations de "groupes armés illégaux apparus dans le sillage de la démobilisation des organisations paramilitaires".
Il a ainsi fait référence aux quelque 30.000 membres des Autodéfenses unies de Colombie (AUC) qui se sont livrés au Gouvernement en 2006 après un accord avec celui qui était alors président, Álvaro Uribe.
Mais, en dépit de cette démobilisation, "il y a des éléments de continuité", puisque "12% des capturés appartenaient aux AUC", a insisté le représentant de l'ONU.
"De nombreux commandements intermédiaires des AUC occupent des postes clés dans ces nouveaux groupes", a dit Salazar, en indiquant qu'environ 50% des chefs actuels viennent des escadrons de la mort qui ont semé la terreur en Colombie pendant des années.
Pour Salazar, "le mobile fondamental est la recherche d'un profit économique à partir d'activités illicites", raison pour laquelle "ils exercent un contrôle social et recréent des structures similaires à la délinquance organisée ", "sans afficher [cependant] une idéologie ou des intentions politiques claires et cohérentes".
"Ces bandes sont la principale menace contre l'État de droit et les droits humains en Colombie", a-t-il remarqué, avant de préciser qu'elles sont en outre les auteurs de la plupart des massacres perpétrés en 2010.
Rien que dans le département nordique de Córdoba, berceau des AUC, "on a enregistré dix massacres en huit mois, dont cinq entre octobre et novembre", a-t-il ajouté.
"Parmi les victimes de ces groupes figurent des dirigeants sociaux, des défenseurs des droits humains et des fonctionnaires", ainsi que des indigènes, des Afro-colombiens et des personnes qui refusent simplement de collaborer ou qui demandent qu'on leur rende les terres qui leur ont été usurpées, a précisé Salazar.