La nomination de M. Uribe, ancien président de la Colombie, au titre de Professeur des Universités à l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Metz, avait suscité des réactions indignées que ce soit en France ou au-delà. Une lettre de protestation avait d’ailleurs été cosignée par des parlementaires européens des groupes GUE-GNL et Verts.
Comment croire que cette scandaleuse promotion, pour un homme dont on connaît à la fois le passé et les limites intellectuelles, ait pu se faire sans que le ministère (et la ministre) de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche n’en fussent sinon parties prenantes, tout du moins bien informés ?
Dans une période où les droits de l’Homme et la démocratie servent d’alibi aux interventions militaires engagée par le gouvernement français notamment en Lybie et en Côte d’Ivoire, le passé de M. Uribe ne semble pas troubler ces mêmes gouvernants, ce qui d’ailleurs en dit long sur leur attachement aux valeurs desquelles ils se réclament. Et pour cause !
Pourtant les assassinats, qu’ils soient politiques ou de nombreux militants syndicaux (plus de 2500), les 120 000 victimes (au moins) des escadrons de la mort (narco paramilitaires) et de l’armée, les fosses communes, les enlèvements, les déplacements massifs de populations (4 000 000 notamment des paysans), la corruption… le tout sous le regard bienveillant et avec le soutien des Etats-Unis : voilà le passé de M.Uribe sur lequel les autorités françaises et le directeur de l’ENIM ferment lesyeux.
En lien avec plusieurs organisations de ressortissants colombiens dont le Polo Democratico Alternativo en Suisse et à Strasbourg et ARLAC de Suisse et de Belgique, la section de Metz du PCF avec le Comité Local du Pays Messin du Front de Gauche et le MJCF ont organisé jeudi 7 avril un rassemblement avec conférence de presse à l’ENIM, en présence de Jacques Maréchal secrétaire de section, de Marie-Christine Vergiat, députée européenne du groupe GUE-GNL, de René Zille responsable du SNESUP à l’ENIM, de Paul-Emile Dupret pour le Comité pour les droits humains "Daniel Gillard" de Bruxelles, et d’Aïda Avella, exilée politique colombienne en Suisse et membre fondatrice de l’Union Patriotica. Ont également participé Marie-Anne Isler-Beguin de EELV ancienne députée européenne, la Ligue des Droits de l’Homme, l’UNSA, des militants communistes, des JC et du Parti de Gauche, et les militants des organisations colombiennes. Sous les fenêtres où se tenait un Conseil d’Administration de l’ENIM, une centaine de personnes ont ainsi déclaré M. Uribe persona non grata à Metz, et réclamé l’intervention du ministère pour mettre fin à ce scandale et rendre sa dignité à l’ENI de Metz. Un tract explicatif sur la Colombie d’Uribe et de Santos a été distribué aux élèves-ingénieurs présents à l’école. Les organisateurs ont ensuite proposé de mettre en place un front anti-Uribe rassemblant toutes les organisations démocratiques et des droits de l’Homme, pour porter cette exigence et organiser la riposte à un éventuel retour de M. Uribe à Metz.
La journée s’est poursuivie avec la projection du film IMPUNITY de Juan Lozado et Hollman Morris, à la Chenille Bleue à Metz, puis un débat a clôturé la soirée, mais pas le combat.
Jean-François Lassagne