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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 16:52

Plusieurs centaines de milliers de sinistrés de la capitale ont pris la route de la province après le tremblement de terre. Pour ces communes, telles celles du département de la Grand’Anse, accueillir ces réfugiés est un effort important

 

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Une famille réfugiée à Léogâne, un village à l'ouest de Port-au-Prince où 300 familles ont trouvé refuge après le tremblement de terre du 12 janvier (AFP/Clement SABOURIN).

Lentement, Mariese Marc balaie son petit lopin de terre noire en pente douce. Elle pousse doucement des feuilles de bananiers et des restes de noix de coco coupées à la machette. La peau sombre et ridée, un foulard noué dans les cheveux façon pirate, en harmonie avec ses boucles d’oreilles rondes, la vieille femme de 84 ans se déplace à petits pas, sur les hauteurs des Abricots, petit village au sud-ouest d’Haïti.

Ici, dans ce dernier espace encore boisé du pays, l’éternel grondement de la capitale congestionnée, depuis longtemps désertée par la végétation et les oiseaux, désormais défigurée par
le tremblement de terre du 12 janvier dernier, est bien loin.

Pourtant, la famille Marc, aussi, a subi les conséquences du séisme qui a frappé Port-au-Prince : il y a quelques semaines, ils étaient 46 à vivre dans cette petite maison de ciment blanc et de tôle, dont l’étroite porte bleue s’ouvre en penchant.

«Beaucoup n’avaient pas grand-chose à faire ici»

En temps normal, cette simple demeure paysanne est déjà surpeuplée – dans ces deux pièces dorment onze personnes. Mais pendant plus de deux mois, les enfants et petits-enfants de Mariese avaient repris le chemin d’une campagne abandonnée il y a des années pour chercher du travail et des écoles. Réfugiés de Port-au-Prince, venus comme ils pouvaient de la capitale en ruine, ils avaient trouvé ici l’aide et le réconfort nécessaires pour survivre au traumatisme.



Depuis quelques semaines, toutefois, presque toute la famille est repartie. « J’aurais bien aimé qu’ils restent tous, mais beaucoup n’avaient pas grand-chose à faire ici », déplore la vieille femme en poussant les dernières feuilles.

Le territoire le plus enclavé du pays

Certains jeunes sont tout de même restés. Sur la petite terrasse, Launia, 26 ans, a installé une chaise et, la tête penchée, tresse ses cheveux en se regardant dans un miroir. Contrairement à ses parents, elle n’envisage pas un retour proche dans la capitale.

« Je vais bientôt partir, pour chercher des affaires, lâche-t-elle entre deux nœuds. Mais je reviendrai ici cet été. » Pour l’école. Son frère, appuyé à un bananier, acquiesce : pour eux, il est trop tôt pour retourner à Port-au-Prince, où de nombreux établissements n’ont pas été en mesure de décider la reprise des cours, même dans des salles temporaires.


Le département de la Grand’Anse, au bout de la pointe sud-ouest d’Haïti, est le territoire le plus enclavé du pays. Ce département rural compte près de 500 000 habitants, dont 30 000 pour son chef-lieu, Jérémie. Les habitants sont répartis le long de quelques villages côtiers ou sur les mornes, ces collines qui partent des côtes vers le massif de la Hotte, culminant à 2 347 mètres dans le sud du département.

L’avion est réservé aux élites, la mer, aux courageux

Un enclavement douloureux au quotidien, mais qui a au moins un mérite : faute de moyens de communication pratiques avec la capitale, les arbres de la Grand’Anse n’ont pas été abattus pour faire du charbon de bois et l’acheminer vers les centres plus peuplés, comme dans le reste de ce pays devenu chauve.

En distance, la capitale n’est pourtant pas si loin – environ 300 kilomètres, disent les rares cartes routières. Mais toutes les voies d’accès à la région sont semées d’embûches et le voyage peut à tout instant virer à l’aventure compliquée. Il y a bien la route, en V, qui part de Port-au-Prince, descend sur la côte sud jusqu’à la ville des Cayes. Là commence la Nationale 7, qui remonte jusqu’à Jérémie. Mais si, dans ce coin des Caraïbes, la Nationale 7 mène aussi à la côte et à la mer, on n’y est pas forcément très heureux : cette centaine de kilomètres de pierres et de roches, sans asphalte, est en effet tout sauf une balade enjouée.


Et les quatre heures nécessaires pour faire les 60 derniers kilomètres sont franchement horribles, tant le terrain tient plus du lit asséché d’une rivière, sinon d’un parcours de varappe. Il y a quelques années, un député estimait qu’il n’y avait qu’un mot pour parler des routes de la Grand’Anse : « immorales », car condamnant les habitants à un exil intérieur. Reste l’avion, réservé aux élites, et la mer, réservée aux courageux, les bateaux qui relient le département à la capitale ne respectant aucune norme de sécurité.

Le village n’offre aucune opportunité économique

Ce parcours, des dizaines de milliers de réfugiés l’ont pourtant accompli au lendemain du séisme pour trouver refuge sur le sol natal, chez un parent ou chez un proche. « Nous avons fait un recensement, et nous avons enregistré près de 9000 nouveaux venus sur l’ensemble de la commune : la population est passée de 28 000 habitants à plus de 36 000, explique Jean-Claude Fignolé, écrivain et maire des Abricots depuis trois ans. Même chose dans notre village, où nous avons accueilli 317 réfugiés, soit le quart de notre population ! »

« Le village a fait preuve d’une solidarité très forte, ajoute-t-il. Car les familles ont accueilli leurs proches, partis vivre à la capitale, mais aussi des amis de ceux-ci Ils ont partagé la nourriture, le logement… Aujourd’hui, nous n’avons pas les moyens de faire un second recensement pour savoir combien sont repartis. Mais, à en juger par les élèves inscrits dans nos écoles, nous savons que nous devons encore accomplir un effort très important. »


Car si beaucoup de familles sont reparties pour Port-au-Prince – il faut bien retrouver un travail, en espérant bénéficier, d’une manière ou d’une autre, des retombées des milliards de dollars d’aide annoncés pour les prochaines années –, d’autres ont fait le choix de rester, même si le village n’offre aucune opportunité économique. Ici, pas de travail : on vit de l’agriculture de subsistance. Ou de la pêche, mais avec des moyens rudimentaires, à bord de pirogues creusées dans des troncs d’arbres, les « bois fouillés ».

«Un jour, nous avons vu débarquer 300 personnes sur un petit bateau»

Et pour les citadins, l’adaptation est difficile. « Chaque jour, des gens viennent me voir pour me demander de l’aide, explique le P. Lavalas, curé des Abricots. Ils veulent à manger, un travail… Avant, cela n’arrivait que de temps en temps, aujourd’hui, c’est dix fois par jour. Des gens que je connais, du village, et des gens que je ne connais pas, de la capitale. »

Et le village des Abricots n’est pas une exception : toutes les communes du département affichent les mêmes chiffres. « Un jour, nous avons vu débarquer 300 personnes sur ce petit bateau, se souvient Sénèque Philippe, médecin à Pestel, petit village de l’est du département. Et ça a duré comme ça une quinzaine de jours ! Ce qui fait beaucoup pour un village de 2000 habitants ! Et certains sont arrivés bien amochés. Grâce à l’aide d’une missionnaire américaine, nous avons pu évacuer 10 personnes par hélicoptère. Dont une jeune fille qui avait fait le trajet depuis Port-au-Prince avec une balle dans le talon d’Achille, reçue d’un policier. »


Sénèque est le seul médecin haïtien de cette partie du département, qui abrite environ 70 000 habitants. Certaines personnes marchent cinq heures pour arriver au centre de santé où il donne les soins élémentaires. « Depuis le 12 janvier, le rythme est infernal, explique-t-il au volant de son pick-up vert, célèbre dans tout l’est du département qu’il sillonne à longueur d’année. Avant, au centre de santé, nous avions de 10 à 20 rendez-vous par jour. Aujourd’hui, c’est plutôt de l’ordre de 100 ! Évidemment, avec des moyens constants. » Car, comme dans tout le département, aucune aide n’est arrivée de l’État haïtien. Seule la coopération cubaine, qui envoie des médecins, et la présence de Médecins du monde, antérieure au séisme, soulagent, un peu, le centre de santé.


Comme aux Abricots, l’éducation est l’autre point noir à Pestel. Au lycée Toussaint-Louverture, il a fallu mettre en place différentes tranches horaires pour faire entrer tout le monde dans le bâtiment, les effectifs ayant doublé de 250 à 500 : nouvelles classes, heures supplémentaires, alternance matin et midi pour gérer au mieux l’espace.


À 21 ans, Hélène est en « rhéto » (classe de première) et n’a cours que l’après-midi. Comme beaucoup de jeunes de la région, elle était partie vivre à Port-au-Prince avec sa sœur, faute de lycée à Pestel. Aujourd’hui, l’école locale a ouvert une classe de rhétorique pour accueillir les réfugiés et Hélène révise Voltaire devant la minuscule épicerie de sa mère. Elle est venue en bateau deux semaines après le séisme, traumatisée par la violence du drame.

«Les paysans ont entamé les semences prévues pour les nouvelles récoltes»

Si elle n’a pas souffert physiquement, elle commence tout juste à reprendre une vie normale, sans stress ni cauchemar. « Tout le monde est très gentil, nous aide à évacuer ce que nous avons vécu, dit-elle en souriant. Mais Port-au-Prince me manque. » L’ancienne gamine du village est devenue jeune fille de la ville, et la modernité de la ville lui manque. « Il y a plus d’activités là-bas. Et puis il n’y a pas la télévision ici », lâche en riant cette fidèle de la série mexicaine à l’eau de rose Frijolito…

Heureusement, la Grand’Anse, contrairement au reste du pays, a la nature à ses côtés. Grâce à son sol préservé et à un climat agréable – les Indiens de l’île avaient placé leur paradis aux Abricots, où les morts venaient se régaler des arbres fruitiers –, la région est autosuffisante d’un point de vue alimentaire. Dans un premier temps, les familles ont ainsi pu absorber le choc de ces milliers de bouches supplémentaires à nourrir. Mais en puisant aussi dans les réserves.


« Le problème, c’est que les paysans ont entamé les semences prévues pour les nouvelles récoltes, explique Eddy St-Gilles, un agronome venu de Port-au-Prince pour faire un état des lieux dans la Grand’Anse pour le compte d’une ONG haïtienne. Aujourd’hui, c’est le moment de planter l’igname, mais ils n’ont plus grand-chose à mettre en terre. Ce n’est pas la panique, mais la situation est tendue et il faut aider la région… »

 

Gilles BIASSETTE , à Pestel, Corail et aux Abricots

 

http://www.la-croix.com/Solidaires-des-refugies-les-villages-d-Haiti-souffrent/article/2425464/4077

Source : Camarade

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