Par Reynaldo Henquen RHC
Par María Josefina Arce.
La société chilienne redoute une aggravation des violences policières suite à l’installation d’une base d’entraînement militaire financée par les forces armées nord-américaines. De nombreux Chiliens ont vu la construction de cette base militaire comme un nouvel exemple de la politique interventionniste des Etats-Unis en Amérique Latine.
Le député du Parti Communiste Chilien Hugo Gutiérrez s’est dit inquiet de l’entraînement militaire auquel seront soumis les policiers chiliens. Il a estimé que cet entraînement pourrait conduire à une répression accrue contre les nombreux mouvements sociaux qui agitent le Chili.
Ce n’est pas par hasard si l’installation de cette base militaire est intervenue quelques jours avant la tenue du Sixième Sommet des Amériques à Carthagène des Indes, au cours duquel Washington a clairement montré quelles étaient ses positions en matière de politique régionale.
L’objectif des Etats-Unis n’est pas de favoriser l’inclusion sociale, la coopération et le développement durable, loin de là. La politique des gouvernements qui se sont succédés à la tête des Etats-Unis a toujours été de protéger les intérêts économiques nord-américains et de soutenir sur toute la planète les gouvernements qui leur sont favorables.
Beaucoup comparent déjà le nouveau centre de formation militaire à l’Ecole des Amériques, une institution tristement célèbre créée en 1946 au Panamá, pour soit disant promouvoir la stabilité en Amérique Latine : en réalité, cette « école » n’a produit que des tyrans et des dictateurs et les Latino-américains ont fini par l’appeler l’Ecole des Coups.
La CommissionEthiquecontre la Torture au Chili a dénoncé cette subordination des forces armées chiliennes aux ordres de l’Armée nord-américaine, une armée qui a semé la souffrance dans le monde depuis de longues années et dont le Chili connaît bien les méfaits, suite au coup d’Etat de septembre 1973, fomenté par les Etats-Unis.
L’Ecole des Amériques était étroitement liée au régime de Pinochet : un article publié dans les années 1990 révélait que le colonel José Feliciano, commandant de l’Ecole, conservait dans son bureau une lettre envoyée par Pinochet en 1991 et une épée également envoyée par le dictateur chilien.
Même si en 2001 l’Ecole a été rebaptisée Institut de l’hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération, son essence reste identique : en avril 2002, ce sont des militaires formés dans ce centre qui ont dirigé le coup d’Etat manqué contre le président de la République Bolivarienne du Venezuela, Hugo Chavez.
Les Latino-américains n’ont pas oublié les centaines de milliers de personnes assassinées pour des raisons politiques, les centaines de milliers de personnes torturées, les exilés et les prisonniers politiques et la sinistre histoire des diplômés de l’Ecole des Amériques.
C’est pourquoi la société chilienne est sur ses gardes, elle ne veut pas revenir aux pages les plus sombres de son histoire. La Commission Ethique contre la Torture au Chili a indiqué, à juste titre, que la sécurité et la paix ne peuvent être apportées par la répression et les dictatures militaires, mais par la reconnaissance et le respect absolu des droits de l’Homme.