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24 juin 2010 4 24 /06 /juin /2010 08:53

Melenchon.jpgJean-Luc Mélenchon a non seulement été un leader étudiant, un dirigeant syndical, un journaliste et un professeur de français, il a aussi fait partie de la direction nationale du Parti socialiste (PS) dont il a démissionné pour créer le Parti de gauche (PG) en novembre 2009. L’ex-sénateur Mélenchon est aujourd’hui député européen. C’est l’un des rares hommes politiques européens au fait des processus politiques et sociaux en cours aujourd’hui en Amérique du Sud. Il répond ici aux questions de Hernando Calvo Ospina

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Hernando Calvo Ospina : Que pensez-vous de l’analyse des dirigeants de gauche en France sur les processus politiques et sociaux que vivent des pays comme le Venezuela, la Bolivie ou l’Equateur ?


Jean-Luc Mélenchon : La majeure partie des dirigeants de gauche a vu dans mes réflexions sur l’Amérique latine une sorte d’exotisme. En particulier les dirigeants du PS, avec qui il fut impossible de mener une discussion sérieuse sur ce thème, car ils se satisfont de la pauvreté intellectuelle, culturelle, politique et socialiste d’une bonne partie de la gauche européenne qui encourage leur paresse.

Les dirigeants du PS français et de la social-démocratie européenne, en effet, sont en général des personnages que je considère comme des poulets élevés en batterie.Ils sortent des grandes écoles, sans aucun passé militant dans les luttes populaires, et encore moins dans l’internationalisme politique. Ils montent les marches du pouvoir politique en croyant que leur discours de gestionnaires, c’est du socialisme. Et ils font croire que ça se résume à ça.

Ces dirigeants n’ont jamais compris ce qui se passe en Amérique latine parce qu’ils ne se sentent pas concernés. Dans le meilleur des cas, ils se contentent de reproduire le discours de la propagande étasunienne, repris par la majorité des médias.

La social-démocratie européenne ne voit pas l’intérêt de tirer des leçons du modèle politique suivi actuellement par l’Amérique du Sud. Elle ne veut même pas savoir que les Latino-Américains sont fatigués des recettes du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et de ses hommes politiques traditionnels. Pourtant elle devrait en prendre de la graine, car ici notre peuple suit ce même chemin, et elle pourrait finir plus isolée qu’elle ne l’est déjà.

Le président Hugo Chavez note, comme moi : « Les gens ne veulent pas comprendre que pour redistribuer les richesses auprès des pauvres, il faut changer les institutions ». Et Chavez nous interpelle : « Parce qu’il existerait une alternative ? Et où se trouvent donc vos magnifiques modèles, vous les Européens, que l’on devrait prétendument imiter ? ». Et il a raison, car ce que l’on a à lui montrer, à lui proposer, c’est le modèle grec, dont le chef de file est le président de l’Internationale socialiste, de la social-démocratie, George Papandréou (le fils), qui s’est fait élire sur un discours de gauche et qui a ensuite soumis son pays aux banquiers. Et on voit le résultat…

C’est donc pour cela que j’ai demandé à ces dirigeants qu’ils se taisent, et qu’ils observent avec respect le chemin montré par Chavez, Evo Morales en Bolivie, Rafael Correa en Équateur ou José Mujicaen Uruguay. Non pas pour les imiter, mais pour apprendre d’eux. Mais leur arrogance les en empêche, bien que la social-démocratie soit enlisée, et que même ses propres dirigeants ne croient plus dans ce modèle comme projet pour le futur. Ils préfèrent arguer que le marché est une puissance neutre que l’on peut manœuvrer, une force qui avance, mais seulement sans savoir où elle va.


HCO : Vous ne trouvez pas qu’il existe en France, et en Europe en général parmi certains intellectuels et de nombreux médias, une sorte de hargne contre ces dirigeants ?


J-LM : Le néolibéralisme a engendré un niveau incroyable de destruction et de régression dans les sociétés latino-américaines. Il a œuvré pour la destruction du rôle de l’Etat, sous prétexte que c’était un système collectif inefficace et bureaucratique qu’il fallait donc supprimer et remplacer par les entreprises privées. Aujourd’hui le rôle de l’Etat a presque complètement disparu, et les services rendus sont mauvais et chers. Je pense qu’au Venezuela, en Bolivie, en Uruguay, en Équateur et dans d’autres pays d’Amérique latine, on prend la bonne direction pour sortir de ce schéma-là.

Beaucoup d’entre ceux qui se disent intellectuels, une grande partie de la presse, et j’inclus de nombreux secteurs de gauche, sont hostiles à Chavez et Morales, surtout. Pour eux il ne suffit pas qu’ils soient arrivés au gouvernement par la voie démocratique, ou qu’ils fassent baisser le taux de pauvreté en un temps record, ou qu’ils alphabétisent, ou bien qu’ils permettent aux pauvres l’accès à la santé. D’ailleurs ils l’ignorent. Ces aspects si essentiels sont perçus comme secondaires.

L’argument de toujours : dans ces pays, « on manque de libertés ». On exige d’eux une liberté de presse inconcevable même en Europe. Ici on ne peut ni insulter ni calomnier le président ou le roi ni aucune autorité de l’Etat, et c’est pourtant bien ce que fait la presse d’opposition dans ces pays. Ils disent que Chavez est un dictateur, mais ils éludent qu’il a gagné douze processus électoraux tout à fait ouverts.

Ces gens-là reprochent à Morales, à Chavez ou à Correa d’avoir « confisqué » le pétrole et le gaz aux multinationales. Mais ils oublient de dire que c’est pour les rendre aux peuples. J’applaudis leur décision ! Car, en France et en Europe, on nous a aussi raconté qu’en privatisant tout, ça améliorerait notre vie. C’est tellement faux ! Tout est cher et marche plus mal depuis. Les élites craignent que le peuple français et les peuples européens voient comment des pays qui se trouvent aux portes de l’empire étasunien résistent et avancent grâce à un autre type de logique - je ne dis pas de modèle, je dis de logique -, en essayant de construire un autre type d’organisation sociale pour le bien de la grande majorité, c’est-à-dire les pauvres. Les attaques contre Chavez, Morales, Correa ou Mujica naissent de la mauvaise conscience à propos de ce qui se passe ici. Ils veulent cacher le fait que tandis que, là-bas, ils sont en train de réduire la pauvreté, ici la misère augmente.


HCO : Ce que l’on peut facilement percevoir, c’est que ce ne sont pas de simples attaques, sinon des campagnes bien orchestrées contre ces dirigeants.


J-LM : Cracher sur l’Amérique latine qui change est le ticket d’entrée pour appartenir au club des bien-pensants, des personnes qui méritent le respect et la considération des médias. L’extraordinaire alignement de la France sur les intérêts des Etats-Unis qui d’ailleurs implique aussi de nombreux secteurs de gauche, a accru ce mépris. Les grotesques campagnes de désinformation que lance régulièrement la CIA démontrent comment les officines de propagande et autres agences étasuniennes bénéficient de beaucoup de complicité et de facilités dans toutes sortes de sphères dirigeantes.

Avec Chavez, les exemples ne manquent pas. Les campagnes se montent aux Etats-Unis et arrivent en France et dans les autres pays européens via les médias espagnols. Ce qui est absurde, c’est qu’elles sont régulièrement reprises par les partis de gauche comme étant véridiques, sans qu’ils se donnent la peine de vérifier leur contenu.

J’ai vécu cette situation au Parti socialiste. Je me rappelle qu’une fois j’ai demandé au premier secrétaire du Parti s’il était d’accord avec un communiqué qui allait être publié contre Chavez. Il m’a dit qu’il ne savait pas de quoi il s’agissait. Après lui avoir expliqué que l’information était tronquée, on a décidé de vérifier d’où provenait l’idée centrale du message, jusqu’à ce qu’on aboutisse à ce que je considère comme des agents d’influence de Washington. Pure coïncidence ? Les auteurs étaient des personnes qui avaient été invitées aux Etats-Unis par des institutions politiques ou des universités, tous frais payés. Cela crée des relations de reconnaissance mutuelle, d’amitié et de gratitude, que ces personnes manifestent en appuyant ces campagnes d’opinion quand on le leur demande. Ces personnes existent dans le PS et dans beaucoup d’autres partis en Europe, de droite comme de gauche, et elles sont directement liées aux agences étasuniennes. Elles sont en quelques sortes payées pour accompagner leurs intérêts.

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Honduras Resiste

HCO : Et dans ce contexte que tu décris, qu’en est-il de Cuba ? On ne peut pas oublier que ce processus a été constamment attaqué depuis plus de cinquante ans.

J-LM : Je ne suis pas un fin connaisseur de Cuba, mais en revanche j’en suis un observateur attentif. Je peux dire que Cuba, en Amérique latine, bénéficie d’une autorité et d’une audience qui est totalement incomprise en Europe. Ici, quand on parle de Cuba, c’est pour la cataloguer comme une dictature et pour dire qu’il n’y a pas suffisamment de liberté. L’obsession des médias, tous attentifs aux Etats-Unis, est de trouver un dissident ou un prétendu prisonnier politique pour en faire un héros et ainsi justifier leurs dénigrements. Ils ne mentionnent jamais les presque 600 attentats que la CIA a préparés contre Fidel Castro, ni le terrible embargo imposé par les Etats-Unis.

En Europe, Cuba fait les frais d’une vision totalement déséquilibrée et absurde. Ici on nous empêche de comprendre la réalité politique, humaine et même spirituelle de ce pays et de l’Amérique latine en général. Cuba génère de la vindicte parce qu’elle incarne un sentiment d’indépendance, parce qu’elle a donné une autre vision de la souveraineté populaire. De quelle souveraineté populaire pourrait-on parler en Europe, quand les nations elles-mêmes sont soumises in fine aux Etats-Unis, et ses citoyens soumis individuellement à des contrôles étatsuniens ? Quelle souveraineté populaire existe-t-il en France où, par exemple, la majorité des citoyens vote contre la Constitution européenne et où le gouvernement la fait ensuite approuver par le Parlement ?

Il faut être lucide et comprendre que Cuba provoque de la hargne chez les puissants car c’est le foyer qui maintient l’idée, le rêve éveillé de pouvoir construire quelque chose de différent, et qui continue à avancer, malgré tous les problèmes matériels auquel elle est confrontée. Je félicite Cuba, sa résistance et les contributions qu’elle a faites à la science, à la culture, au sport et à l’histoire universelle.

Beaucoup d’hommes politiques, de médias et d’intellectuels en Europe ne veulent pas comprendre qu’en Bolivie, au Venezuela et dans d’autres nations sud américaines, la majorité a décidé de se gouverner librement. Et cette rébellion latino-américaine n’est pas nouvelle : elle existe depuis les guerres d’indépendance, il y a 200 ans. Les Latino-Américains ont toujours cultivé la rébellion par soif de liberté.


HCO : Et pour terminer ?


J-LM : Chaque fois que j’en ai l’occasion, je parle de l’Amérique latine, et en particulier de ces peuples qui luttent actuellement pour construire leur société différemment. En Europe, on devrait regarder dans cette direction, car c’est une source d’inspiration, de connaissances, de lutte et d’optimisme, dont on a bien besoin ici. Il n’existe pas d’autre endroit au monde où l’on trouve tout cela.

Hernando Calvo Ospina
journaliste et collaborateur du Monde diplomatique.
Une version en espagnol de cet entretien a été publiée sur le site de l’auteur :
http://www.hernandocalvoospina.com/

NOTE DU GRAND SOIR :

On se souvient aussi qu’en avril 2009, c’est la présence d’Hernando Calvo Ospina dans un avion régulier d’Air France qui incita les USA à dérouter cet avion. Voir : http://www.legrandsoir.info/L-homme...

URL de cet article
http://www.legrandsoir.info/L-Amerique-du-Sud-est-une-source-d-inspiration-de-lutte-et-d-optimisme,10940.html

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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 00:45

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Pascual SERRANO

Pendant que nous pensions que ces gouvernements-là c’étaient des gouvernements populistes qui cherchaient seulement à gagner des électeurs, ils augmentent le salaire minimum des citoyens (au Nicaragua, en février, a été votée, pour 2010, une hausse des salaires de 12 %) alors qu’ici, en Europe, ils gèlent les pensions des retraités et ils baissent les traitements des fonctionnaires.

Pendant que nous qualifions ces économies-là de pauvres et de sous-développées, la Commission Économique pour l’Amérique Latine (CEPAL) annonce que les pays de l’UNASUR connaîtront une hausse de 5 % de leur PIB alors qu’ici, nous prions le Ciel pour que cet indice ne soit pas négatif.

Pendant que nous taxions avec mépris ces démocraties-là de républiques bananières mal nées de dictatures précédentes, elles traînent en justice et jettent en prison leurs militaires putschistes (en mai dernier, en Argentine, le dictateur Jorge Rafael Videla a été jugé et condamné à la prison préventive) alors qu’ici, en Europe, nous faisons un procès au juge qui a osé ouvrir une instruction judiciaire sur le franquisme.

Pendant que notre xénophobie et notre arrogance nous interdisent d’accepter que tous les hommes et toutes les femmes soient égaux et pendant que nous enfermons les immigrants dans des camps, là-bas ils considèrent égaux tous les humains, qu’ils soient nationaux ou immigrants (voyez la nouvelle loi sur l’Émigration adoptée par l’Argentine qui accorde l’égalité aux immigrants).

Pendant que nous accusions Fidel Castro d’enrichissement personnel (cf un numéro pas très ancien de la revue Forbes), nos banquiers font à la manière d’Alfredo Saénz, PDG de la banque BBVA, qui part en retraite avec 85,7 millions d’euros alors que son salaire était déjà de 10 millions annuels.

Pendant que nous accusons d’êtres des führers et des dictateurs ces dirigeants-là, au Venezuela, deux millions cinq cent mille militants du parti de Chávez élisent directement leurs candidats à l’Assemblée Nationale alors qu’ici, ils sont choisis en petit comité par les dirigeants nationaux des partis.

Pendant qu’ils ont soigné et guéri gratuitement de la cécité un million et demi de pauvres dans le cadre de la mission Milagro, nous, ici, nous baissons le budget destiné à la coopération.

Pendant que nous, ici, nous nous enfonçons avec notre orgueil, eux, là-bas, ils grandissent en dignité.

Pascual Serrano
www.pascualserrano.net

http://www.rebelion.org/noticia.php...

Traduction M. Colinas

Décadence

Voici deux exemples de la dérive morale des pays occidentaux.

En Espagne, pays plongé dans une crise économique terrible, avec 4 millions de chômeurs, pays où les pensions de retraite sont gelées et où le traitement des fonctionnaires a été baissé par décret du gouvernement, deux chaînes de télévision ont diffusé les premières parties de deux reality shows. Il s’agit de « Femmes riches », sur la Six, et de « Mariées avec Hollywood » sur la Quatre. On y assiste à l’interview de femmes multimillionnaires ; les caméras pénètrent dans leurs appartements ; on écoute leurs frivoles et décadents témoignages ; nous prenons connaissance de leurs goûts, de leurs penchants et de leurs centres d’intérêt. Le public constate que les « efforts » de ces femmes se limitent, par exemple, à piloter un hélicoptère, acheter des bijoux ou des oeuvres d’art, assister à des soirées luxueuses, faire provision de lingerie fine dans des boutiques de marque ou chercher le personnel qui veillera sur leurs enfants.

Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, aux États-Unis d’Amérique, on paye entre 15.000 et 30.000 dollars par soirée une jeune fille âgée de 19 ans qui donne des conférences où elle prêche contre l’avortement et pour l’abstinence sexuelle en guise de méthode contraceptive. Mais cette jeune personne n’est pas n’importe qui. En effet, elle est la fille de Sarah Palin, l’ex-candidate au poste de vice-président des États-Unis pour le Parti Républicain — (publié dans Público du 18-05-2010).

Cela se passe dans les pays « civilisés » et « avancés » qui veulent donner des leçons d’éthique et de civilisation aux mouvements islamistes et aux peuples du Tiers Monde.

Pascual Serrano
www.pascualserrano.net

http://www.rebelion.org/noticia.php...

Traduction M. Colinas

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http://www.legrandsoir.info/La-vieille-Europe-et-la-nouvelle-Amerique-Latine-Pendant-que-Rebelion.html

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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 07:29

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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 07:03

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Lionel Mesnard   

La fin de la présidence d’Alvaro Uribe ne signifie pas pour autant la fin de l’uribisme. Comme l’ont démontré les élections législatives et sénatoriales du 14 mars 2010, la Colombie est repartie de nouveau pour un régime très ancré à droite, mais au-delà de l’appartenance partisane c’est un système politique qui dans son ensemble se perpétue.

Une gangrène qu’il importe de comprendre, tant elle joue une place centrale dans les dérives de l’État colombien Si l’on débat sous nos cieux de l’abstention, les électeurs colombiens depuis de nombreux scrutins sont environ 6 électeurs sur 10 à  ne pas voter, voire à ne jamais se prononcer. Ils furent 64% le 14 mars à bouder les urnes. Comment peut-on comprendre que dans un pays se réclamant de la démocratie, on arrive à 36% de votants sur des enjeux nationaux d’une telle importance ? De plus, il existe plus que des doutes sur le bon déroulement du scrutin hors des grands centres urbains. Pour évidence, nous sommes dans un pays en guerre, ou le vote se monnaie et peut aussi s’imposer par la force dans les campagnes. Et si nous limitons notre regard aux résultats intervenus, ce vote à de nouveau investi des élus de droite proche des paramilitaires et de leurs réseaux maffieux. Se perpétue ainsi des mécanismes qui ont pour rôle d’engendrer la violence et l’effroi au détriment des populations civiles.



De 300.000 à 800.000 civils et militaires morts


On n’imagine pas à quel point, il est martelé en Colombie une seule perception, et ceux qui s’y opposent sont menacés dans leur intégrité. Il est difficile de définir un climat de terreur vous imposant le plus souvent au silence, aussi parce que souvent les apparences sont trompeuses ou sourdes aux souffrances. Face à cette réalité, il vaut mieux rester discret et ne pas trop faire part de ses opinions, surtout si elles ne calquent pas avec les maîtres du pays. Ce climat de suspicion n’a rien de nouveau, il n’a fait que se renforcer depuis 2002. Ce pays qui devrait être un paradis est un enfer, et il l’est depuis au moins sa séparation avec le Venezuela en 1830. De nombreuses guerres, révoltes sociales au long du XIX° et du XX° siècle vont émailler l’histoire de la nation colombienne. Une des récurrences de ces affrontements va résider pour bonne part autour de la question du bipartisme. La république de Colombie va connaître de nombreuses querelles entre les conservateurs et les libéraux. Ces divergences donneront suites à des guerres meurtrières et à un flot régulier de victimes. Rien qu’entre 1948 et 1958, il est fait état de 300.000 à 800.000 civils et militaires morts. Et, ne se sont jamais véritablement éteintes les braises, sauf à noter la naissance des guérillas «marxistes» dans les années 1960, puis la montée en puissance des narcotrafics dans les années 1970. Ces phénomènes dessineront pour bonne part le visage de la Colombie actuelle.



Pouvoirs politiques, paramiltarisme et pègre


Il est fait peu état des relations entre les pouvoirs politiques colombiens, le paramiltarisme et la pègre. Mais contrairement à ce que l’on peut lire le plus souvent, il faut pouvoir distinguer les acteurs clefs du narcotrafic, notamment un certain Monsieur Alvaro Uribe qui favorisera le développement des milices privées et du paramilitarisme avec la création des CONVIVIR en 1991. Le but non avoué fut de s’assurer le contrôle du marché des drogues et de s’approprier des terres hors de tout contrôle légal. Ces connexions n’ont jamais été aussi puissantes, elles rongent une bonne part de l’appareil étatique, elles participent à une guerre qui ne semble pas connaître de nom et de fin, et nous fait vivre une hypocrisie hors de toute proportion. Ces dernières années ont été marquées par d’innombrables atteintes à la dignité humaine, il est facile de tout mettre sur le dos des mouvements rebelles, l’objet n’est pas de nier leurs responsabilités criminelles, mais toute proportion gardée ils ne sont qu’un rouage dans l’organisation des trafics de drogue et en premier lieu chez les achemineurs. Pour évidence, les FARC ou l’ELN ne disposent pas des relais et moyens suffisants, ils ne contrôlent pas les circuits de distributions et le recyclage de l’argent sale. Bien que certains de ses parrains se trouvent incarcérés aux USA, les mafias colombiennes sont toujours aussi actives et nocives. La première incidence est le niveau record de la criminalité. Son point culminant a été d’environ 32.000 morts en 2002 dont 8 à 10.000 morts en raison du conflit armé, de 1979 à 2002, il s’agit d’une multiplication par cinq ou six fois du nombre de décès civils par mort violente en vingt ans (80% des homicides étant le fait d’une arme à feu).

 

La Colombie n’est pas un pays pauvre


Alvaro Uribe en se faisant élire président en 2002 met un terme au bipartisme, toutefois il consolide une pensée binaire et perpétue une domination quasi moyenâgeuse des rapports sociaux. Que dire d’une économie nationale aux mains d’une infime minorité, ou vendue à la pièce et au profit de multinationales ? Que dire de tous ces mécanismes obscures qui alimentent les marchés parallèles et noyautent le monde politique colombien ? Au nom de l’ouverture à des capitaux extérieurs, le président n’a fait que défaire le peu de mesures sociales existantes en privatisant l’assurance sociale et l’éducation, et en fermant des hôpitaux publics. La Colombie n’est pas un pays pauvre si l’on prend en compte ses richesses minérales et vivrières, sauf que 54% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et qu’en parallèle 2% des plus riches détiennent plus de 50% des terres agricoles. Cette nation est très attractive pour les investisseurs, c’est même une fierté du président que d’avoir quintuplé les investissements étrangers (2 milliards de dollars à son arrivée au pouvoir). La force d’Uribe aura été de faire croire qu’avec lui la guerre n’existait pas et se limitait à un phénomène qualifié de terroriste. Dans la même veine, il s‘appuya sur le discours son ami Bush junior sur le thème de cette menace, en assimilant tout ce qui lui était opposé à des terroristes et en désignant les Forces Armées Révolutionnaires comme la cause de toutes les horreurs se produisant dans le pays. Le martelage a gagné bon nombre d’esprits en Colombie et via bon nombre de médias internationaux, mais pour autant la guerre a continué, et le déplacement de dizaines de milliers de réfugiés par an s’est poursuivi et s’est plutôt amplifié sous le deuxième mandat du président Uribe (plus de 300.000 en 2008).

 

Effet Ingrid Betancourt aidant...


Car ces dernières années, effet Ingrid Betancourt aidant, les FARC sont devenues responsables de toutes les difficultés du pays, et tous ceux qui critiquent la politique de sécurité nationale sont désignés publiquement comme des «amis» des FARC. Des syndicalistes, des journalistes ou des militants d’ONG s’activant en faveur de la paix ou pour les droits sociaux se sont trouvés amalgamés dans cette rhétorique quelque peu outrancière. Et la Colombie au fil des ans est et demeure la nation la plus dangereuse pour l’exercice du syndicalisme. Avec un tel angle de dénigrement, il devient difficile de relater une insécurité qui dépasse quand même l’entendement, et qui est loin d’être la seule responsabilité des guérillas (ELN et FARC). Elles seraient responsables d’un quart des victimes civiles du conflit armé. Mais attention, ces chiffres ne prennent pas en compte les disparus dont les estimations varient de 150 à 300.000 personnes pour ces dix dernières années. Les guérillas ne sont pas exemptes de condamnations, elles ont à leur actif des crimes de guerre et contre l’humanité qui au titre du droit international sont passibles du Tribunal Pénal International. En premier lieu ce qui touche à la question des populations civiles non armée sur un territoire en guerre, et à ce sujet chaque combat provoque son lot de victimes innocentes et souvent plus que le nombre de soldats tombés sur un champ de bataille. Le sort des populations civiles en temps de guerre n’est pas simple, il est même paradoxale, car les civils sont toujours les premières victimes. Surtout quand le but est de ne pas aborder certaines évidences, c’est-à-dire les 75% de crimes perpétrés par l’armée régulière et les milices paramilitaires ces dernières années, mais à nouveau en ne prenant pas en compte les personnes disparues, et le haut niveau de criminalité, notamment maffieuse, qui n’est en rien hors du conflit en cours, commerce de la drogue oblige. Vous comprenez ainsi qu’il est presque impossible d’établir des données fiables sur le nombre des décès civils, particulièrement dans un univers où l’on a découvert plusieurs charniers ces dernières années dans les campagnes, et la dernière fosse commune trouvée en ce début d’année 2010 rassemblait 2000 cadavres. Dans les faits les crimes du paramiltarisme et de l’armée régulière sont sous-évalués, et il y aura inévitablement de nouvelles découvertes macabres dans les mois et années à venir (l’on estime à minima à 2.000 charniers restant à découvrir).

 

Méthodes pour ne pas avoir un état réel du nombre de morts

Il est à souligner que le journal La Croix est le premier quotidien français a relaté l’existence de fours crématoires en Colombie (1), comme il est peu fait état des disparus donnés en pâture aux crocodiles, des méthodes très utiles pour ne pas avoir un état réel du nombre de morts. Qui va se soucier de petits paysans ou ouvriers agricoles ? Ils sont non seulement confrontés de chaque part à des pressions des forces en présence, mais en plus, ils subissent une guerre au quotidien sans véritable relâche. Rajouté à tout cela près d’un millier de réfugiés par jour obligés de fuir les affrontements armés, nous atteignons des sommets de cynisme quant à l’efficacité du président Uribe et sa politique de «sécurité démocratique». Ces huit années passés au pouvoir ont simplement légitimé un mensonge d’État visant à manipuler les esprits. En pur produit hollywoodien Uribe s’est fait passé pour le «chevalier blanc» qui allait tout nettoyer sur son passage. Et le «nettoyage» au sens militaire du terme a certes marqué des points, mais les mécanismes criminels n’ont pas changé, et ils sont restés conformes à un ordre manifestement peu soucieux des règles d’un état de droit. Certains aspects de cette guerre peuvent nous échapper, si l’on ne pose pas la question du mélange des genres entre politique, le paramilitarisme et le contrôle des cartels toujours en présence sur les narcotafics. Cet ensemble politico-militaire et maffieux est le résultat de la complexité et de l’ampleur des déséquilibres existants depuis le milieu des années 1970 et des liens étroits qui se sont établis entre les pouvoirs politiques, judiciaires, militaires et les pieuvres locales de la drogue.

 

Liens entre paramilitaires et réseaux de drogues mis à jour

Si le président Uribe n’est pas le «chevalier blanc », mais qui est-il, et que nous connaissons-nous de ses liens avec le paramilitarisme ou bien le dénommé Pablo Escobar ? Il contribua à la création des CONVIVIR, des groupes paramilitaires ou milices privées, qui ont été financer avec l’appui des grands propriétaires terriens et le narcotrafic. Les liens entre les paramilitaires et les réseaux de drogues ont autre été mis à jour, entre autre par les aveux ou confessions récentes de Salvatore Mancuso (2), il fut un proche d’Alvaro Uribe, lui et sa famille (3). Pour ce qui est du lien entre Pablo Escobar et Alvaro Uribe, il marque à la fois l’entrée en politique de ce dernier et l’élimination du premier pour accomplir un chemin jusqu’au mandat suprême. Pareillement, pourquoi Alvaro Uribe Velez est-il répertorié comme le narcotrafiquant numéro 82 au sein des archives du Département d’État étasunien? (4). Comment se fait-il que les USA aient accepté que cet homme puisse se faire élire avec de telles charges pesant sur lui, tout en continuant à financer par milliard de dollars un plan de lutte contre la culture et le trafic des drogues, le plan « Colombia » initié par Bill Clinton et son homologue colombien Pastrana ? Et question au demeurant sans réponse réelle à apporter pourquoi en 12 ans de lutte, personne n’a pu constater un infléchissement véritable  du marché ? Il est resté stable à environ 700 à 800 tonnes de cocaïne exportées et concernant principalement deux marchés, les USA et l’Europe.     

 

Une continuation certaine 

Les derniers mois de la présidence d’Alvaro Uribe ne signalent pas la fin d’un système, tout semble se présenter dans une continuation certaine, si Juan Manuel Santos devenait le prochain président de la Colombie. Ce dernier fut au poste de ministre de la défense et s’est retrouvé en première ligne lors du scandale des exécutions extrajudiciaires de jeunes hommes civils, ceci pour le but de faire du chiffre et de toucher des primes sur de faux combattants prétendument tués au combat. Cette affaire des « faux positifs » (4) est un des révélateurs, de comment a été organisé ces dernières années un silence de plomb au sein de la société civile. Des outils de délations permettent à des citoyens de dénoncer contre une rétribution un mal-pensant ou «un terroriste» en puissance, c’est le cas récent par exemple de comment dans les universités, il est possible de toucher un petit pécule pour dénoncer ses petits camarades. Il en est de même à l’extérieur du pays via certaines ambassades surveillant leurs ressortissants à l’étranger et traquant des nationaux non conformes et toujours sous le titre d’appartenance aux FARC. C’est ainsi que croupi en prison un académicien, Miguel Angel Beltrán. Jusqu’à l’an dernier, il donnait des cours au Mexique. Il s’est retrouvé extradé et mis sous les verrous sous la fallacieuse accusation d’appartenance aux FARC. Et ce n’est pas un cas isolé, il est question de 7.500 prisonniers politiques. Un jour qui sait, il sera temps de porter un regard lucide sur la Colombie… C’est un peu tout l’enjeu de comprendre, pourquoi cette société supporte depuis des décennies de tels déséquilibres ? Il en va surtout d’une guerre qui plonge le pays tout entier dans l’anonymat, une négation patente des crimes qui y sont commis.

Notes :

(1) « Les paramilitaires colombiens avouent 30 000 meurtres » par Christine Renaudat
http://www.la-croix.com/Les-paramilitaires-colombiens-avouent-30-000-meurtres/article/2415418/4077
(2) Ancien chef paramilitaire ou milicien des AUC (Armées Combattantes Unies), Salvatore Mancuso est actuellement en prison pour narcotrafic aux USA.
(3) PANTUANA TV , Uribe en sus tierras (vidéo en espagnol) :
http://www.dailymotion.com/video/x8tkag_uribe-velez-en-sus-tierras_news
(4) PANTUANA TV, Alvaro Uribe, saint ou démon ? (vidéo en espagnol) : http://www.dailymotion.com/video/xb2bjk_alvaro-uribe-santo-o-demonio_news
(5) PANTUANA TV, Los Falsos-Positivos (vidéo en espagnol)
1ère partie : http://www.dailymotion.com/video/xb2x0g_falsos-positivos-1-2_news
2éme partie : http://www.dailymotion.com/video/xb2w6t_falsos-positivos-2-2_news

 

 

Source: Le Grenier de Lionel Mesnard

 

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19 juin 2010 6 19 /06 /juin /2010 04:25

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En 2008, presque en même temps que l’ex-évêque et partisan de la théologie de la libération, Fernando Lugo, était élu président, la guérilla de l’Armée du peuple du Paraguay (EPP en espagnol) apparaissait dans le nord du pays.

Forte d’une vingtaine de membres, autoproclamée marxiste-léniniste et guévariste, elle affirme vouloir renverser le président Lugo qu’elle accuse de ne pas promouvoir la réforme agraire, l’une des promesses-clé de la campagne électorale de ce dernier.

Elle ne dément aucunement les liens avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) que lui prêtent la droite et ses médias, pas plus que l’entraînement de ses membres à Cuba et au Venezuela, rumeur qu’on dirait copiée-collée à partir d’un discours du président colombien, Alvaro Uribe.

Elle se laisse également mettre sur le dos de nombreux crimes que, dans la plupart des cas, elle n’a pas revendiqués : vols, enlèvements de propriétaires terriens, assauts de postes militaires et de commissariats de police, attentats et au moins quatre assassinats de policiers survenus en avril dernier.

Victime de tirs qui ont visé sa voiture, le 26 avril dernier, dans le département d’Amambay, le sénateur Robert Acevedo, dément avoir été agressé par la guérilla.

Dans une entrevue diffusée par la chaîne Telesur, le parlementaire libéral, qui lutte depuis longtemps contre les trafiquants de drogue et de bois dans la région où serait implantée l’EPP, dit que tout se passe comme s’il fallait absolument garnir le curriculum vitae de l’organisation révolutionnaire plutôt que de rechercher les véritables auteurs des crimes.

Tout cela, bien sûr, soulève de sérieux doutes que ne manque pas d’exprimer le journaliste Diego Ghersi, de l’Agence de presse du Mercosur :

« Quiconque est un peu averti, écrit-il, sait qu’un groupe insurgé sans armes ni ressources, sans moyens de propagande ni le moindre appui urbain, est condamné à l’avance. Pourquoi alors tant de bruit autour de ça? »

Hugo Richer, secrétaire général de la Convergence populaire socialiste du Paraguay, connaît la réponse. L’EPP, dit-il, « est fonctionnelle pour la droite du pays et pour l’objectif qu’elle poursuit de juger le président de la nation ».

Mais pour atteindre cet objectif, la droite doit d’abord priver le président d’une partie de son seul appui important, la population du pays.

L’embuscade qui a tué les quatre policiers, rappelle Richer, est survenue peu de temps après les célébrations du deuxième anniversaire de la présidence de Lugo, marquée par une très forte et enthousiaste participation populaire.

Lugo et de son parti, l’Alliance patriotique pour le changement, une coalition de formations de centre et de gauche, sont arrivés au pouvoir, en avril 2008, après six décades ininterrompues de régimes conservateurs du Parti Colorado, tristement marquées par la longue dictature d’Alfredo Stroessner (1954-1989).

Tout de suite, le nouveau président se bute à une opposition de droite majoritaire au Congrès dont les alliés sont depuis fort longtemps incrustés à tous les niveaux des institutions politiques, économiques et juridiques du pays.

À l’époque, l’EPP s’avère déjà un cadeau du ciel pour la droite parlementaire qui peut accuser l’ex-évêque de faiblesse voire de sympathie envers les guérilleros et de laxisme en matière de sécurité du pays.

À l’instar des oppositions hondurienne et argentine contre les président Manuel Zelaya et Cristina Fernandez, la droite paraguayenne emprunte la voie législative pour empêcher de gouverner un président élu démocratiquement et, ensuite, mieux pouvoir le renverser.

Fernando Lugo réagit d’abord en limogeant 39 chefs militaires sous le prétexte qu’existent des « poches coup d’étatistes » dans les Forces armées.

Déçus de la réaction des militaires, l’opposition s’attaque ensuite à l’image du président dans la population.

Lugo est accusé de corruption dans une affaire d’achat de terres par le gouvernement pour ensuite les redistribuer à des familles paysannes et de paternité, survenue en 2006, alors que, encore évêque, le chef de l’État aurait eu une relation avec une adolescente de 16 ans.

Le vice-président, Federico Franco, se déclare alors prêt à assumer le pouvoir advenant la destitution du chef de l’état.

Membre du Parti radical libéral authentique (PRLA), de centre-droite, qui fait partie de la coalition au pouvoir, Franco s’était jusque là distancé du président au fur et à mesure que celui-ci implantait les politiques sociales qui avaient été promises. Le PRLA fait maintenant partie du bloc de l’opposition de droite contre Lugo.

Malgré les avatars de son mandat, ce dernier a institué la gratuité et la qualité des services publics de santé et d’éducation, entamé les processus d’expulsion des bases militaires états-uniennes du pays et d’adhésion à l’ALBA, en plus d’appeler à une réforme constitutionnelle pour approfondir les changements exigés par le projet social du gouvernement.

Mais la réforme agraire, elle, n’a pratiquement pas décollé et c’est dans ce contexte que, récemment, l’EPP redouble d’activité.

Après le meurtre des quatre policiers, le gouvernement sollicite du Congrès l’état d’exception dans cinq départements du nord du pays pour une durée de trente jours.

La mesure prévoit l’envoi de 3 000 effectifs militaires et policiers dotés de pouvoirs accrus pour capturer les membres de la guérilla. Mais, pour bien montrer que cette loi d’exception n’est pas celle des dictatures passées, le gouvernement installe des bureaux des droits humains dans chacun des départements touchés.

L’état d’exception a surpris la droite, dit Hugo Richer, car celle-ci n’est pas d’accord avec l’élimination de la guérilla.

Mais les trente jours n’ont donné aucun résultat tangible contre l’EPP et, le 24 mai, le président prolongeait la mesure. La droite espère maintenant un nouvel échec ou un dérapage vers plus de violence, deux cas qui pourraient grandement affecter l’image du gouvernement.

En même temps, le 23 avril, la majorité de droite au Congrès adoptait une motion de censure contre le ministre de la Défense, Luis Bareiro Spaina, à qui on reproche d’avoir accusé l’ambassadrice des États-Unis, Liliana Ayalde, d’ingérence dans les affaires du pays.

Dans une lettre adressée à l’ambassade états-unienne et dont des extraits ont été publiés dans les médias paraguayens, Spaini révèle que l’ambassadrice a organisé un déjeuner au cours duquel le vice-président Franco et des militaires états-uniens de haut rang  ont échangé des propos « d’un acharnement anti-gouvernemental tenace ».

Franco aurait notamment fortement plaidé en faveur d’un jugement politique contre le président.

Ces agissements de la diplomatie états-unienne, dit Diego Ghersi, rappellent ceux de l’ambassade de Washington en Bolivie au plus fort des événements de 2008 quand l’opposition de la Media Luna essayait de destituer le président Morales.

De plus, il semble qu’au moment où le président considérait de prolonger la période d’exception, les militaires états-uniens stationnés à la base d’Estigarribia lui auraient offert leur « expérience de combat en zone de jungle ».

Pour Ghersi, cela confirme la théorie que les Etats-Unis, après l’avoir fait en Colombie, essaient de s’impliquer militairement dans d’autres zones où abondent les ressources naturelles, ce qui est le cas du Paraguay.

« Dans ce contexte, conclut-il, toute l’opération EPP pourrait bien être une nouvelle création tactique de Washington ».


André Maltais est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.  Articles de André Maltais publiés par Mondialisation.ca

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19 juin 2010 6 19 /06 /juin /2010 03:04

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pour Le Monde Dilma Rousseff, candidate du Parti des travailleurs à l'élection présidentielle brésilienne, mercredi 16 mars à Paris.

 


Dilma Rousseff a profité du Mondial pour se projeter sur la scène internationale. C'est à Paris que la dauphine du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, candidate désignée du Parti des travailleurs (PT, gauche) à l'élection présidentielle (dont le premier tour est fixé au 3 octobre), a regardé le premier match de l'équipe du Brésil, mardi 15 juin. Elle était vêtue du maillot "auriverde" (vert et jaune) de la Seleçao.



 

Mercredi, son programme a été plus protocolaire : Mme Rousseff s'est entretenue avec la secrétaire nationale du Parti socialiste, Martine Aubry, et avec le président de la République, Nicolas Sarkozy.


A 62 ans, cette ancienne ministre, à la tête du cabinet présidentiel, ne s'est jamais soumise à l'épreuve du suffrage universel. Son principal atout est l'immense popularité de son mentor, qui finit son second mandat avec l'approbation de 80 % des Brésiliens. Pourtant, cette femme de caractère refuse de se considérer la simple continuatrice du président Lula.

"Le Brésil vit un moment très spécial, nous pouvons passer de la condition de pays émergent à celui de nation développée", explique-t-elle dans un entretien au Monde. Cela suppose de maintenir au cours de la prochaine présidence (2011-2014) un taux de croissance de 5,5 % à 6 % par an.


"BONUS DÉMOGRAPHIQUE"


Le gouvernement Lula est parvenu à réduire le nombre de pauvres de 77 à 53 millions. Mais 19 millions de Brésiliens survivent encore dans des conditions d'extrême pauvreté et 34 autres millions vivent dans la précarité. "Le Brésil doit continuer à élargir sa classe moyenne, devenue majoritaire", affirme Mme Rousseff.

A son avis, le pays bénéficie d'un "bonus démographique", puisque la majorité de sa population (193 millions) est en âge de travailler. En huit ans, 14 millions d'emplois ont été créées. Désormais, le défi est de se doter d'un enseignement de qualité. "L'intégration des régions pauvres du Nordeste et du Nord exige une main d'œuvre plus qualifiée, il faudrait une école technique dans chaque ville de plus de 50 000 habitants", plaide la candidate. Le gouvernement sortant a doublé le nombre d'écoles techniques existantes et créé quatorze universités. Pour disposer des ressources de l'Etat fédéral, les établissements sont soumis à une évaluation de résultats.

La croissance exige davantage d'investissement en recherche et développement. "Le Brésil n'est pas devenu un grand producteur de denrées alimentaires uniquement grâce à la qualité de ses sols et aux vertus de son climat, mais parce que notre excellence en matière de recherche agricole a permis de choisir les cultures adéquates, souligne-t-elle. De même, les immenses gisements de pétrole en eaux très profondes sous une croûte de sel [pre-sal] ont été découverts grâce à l'expertise de l'entreprise publique Petrobras."

Pour surmonter le goulot d'étranglement des infrastructures, le gouvernement Lula a lancé en 2007 un vaste programme d'accélération de la croissance (PAC). Dilma Rousseff a d'ailleurs été présentée par le chef de l'Etat comme "la mère du PAC", pour mieux l'associer au bilan de sa gestion.

LES ÉTABLISSEMENTS PRIVÉS MIS À CONTRIBUTION

A en croire des sources non gouvernementales, moins de la moitié des projets ont été exécutés à ce jour. La candidate conteste ce chiffre et pointe du doigt la frilosité des investisseurs privés. "Le financement des grands travaux ne peut pas dépendre exclusivement de la Banque nationale de développement économique et social (BNDES), il faut que les établissements privés y contribuent aussi, tout en mettant au point de nouvelles formes d'ingénierie financière", assure cette ancienne économiste. "La construction d'une centrale hydroélectrique comme Jirau et Santo Antonio demande cinq ans, les travaux sont bien avancés ", ajoute-t-elle.

Les grands travaux, comme la construction de Brasilia, se sont toujours soldés par un accroissement de la corruption au Brésil. Le pays est régulièrement épinglé à ce sujet par l'organisation non gouvernementale Transparency International. Le premier mandat du président Lula a d'ailleurs été entaché par un scandale qui a coûté son poste au prédécesseur de Mme Rousseff, José Dirceu, encore très influent au sein du PT.

"Nos institutions s'améliorent", assure Mme Rousseff. Elle invoque la transparence des appels d'offres, la vigilance de la Cour des comptes et du ministère public. Le gouverneur de Brasilia, un opposant, a été emprisonné par la police fédérale pour avoir touché des pots-de-vin.

La dauphine de Lula n'admet pas le retard du gouvernement fédéral en matière d'insécurité, une question en tête des soucis de l'opinion. Afin d'éviter de recourir à l'armée pour le maintien de l'ordre, un corps d'élite, la Force nationale de sécurité publique, a été formé et entraîné en vue d'interventions rapides. Des prisons de haute sécurité ont permis d'isoler les chefs du crime organisé, ces narcotrafiquants qui avaient occupé des territoires abandonnés par l'Etat.

Mme Rousseff cite en exemple le bidonville Complexo do Alemao, à Rio de Janeiro. "Un téléphérique va désenclaver la favela et la relier au quartier résidentiel de Botafogo, explique-t-elle. La police a réoccupé le terrain, tandis qu'étaient installés de nouveaux services sociaux : écoles, centres de santé, sports."

Soucieuse de ne pas se démarquer de son mentor, Mme Rousseff ne se laisse pas démonter à l'évocation des fréquentations douteuses du président Lula, du côté de Raul Castro ou de Mahmoud Ahmadinejad. "On ne fait pas de diplomatie en s'immisçant dans les affaires intérieures d'autres pays", s'exclame-t-elle. "Les menaces, l'isolement ou les sanctions ne mènent à rien de constructif", dit-elle à propos de Cuba et de la récente initiative de la Turquie et du Brésil sur le dossier du nucléaire iranien.

Avant même le début de la campagne officielle, la candidate du PT a réussi à rattraper dans les sondages son principal rival, le social-démocrate José Serra, ancien gouverneur de Sao Paulo. Mais comme pour le Mondial, rien n'est joué d'avance.


Paulo A. Paranagua

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17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 07:05

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Hernando CALVO OSPINA

Cela a été annoncé comme une faveur faite aux Colombiens et à leurs terres. Il ne s’agit pas de décréter la moindre réforme agraire favorisant le paysan. Il ne s’agit pas de commencer à faire en sorte que les cinq millions d’habitants indigents mangent à leur faim. Ni que l’armée et ses paramilitaires cessent d’assassiner des innocents. Il ne s’agit pas non plus de la volonté de négocier avec la guérilla pour mettre fin à la guerre.

Rien de tout cela : les Forces Armées se mettent à la mode mondiale avec le bio, le vert, l’écologique. Voilà l’extraordinaire nouvelle.

L’Industrie militaire, Indumil, a annoncé le premier juin qu’elle était en train de perfectionner les bombes « intelligentes » de 250 kg, les mêmes qui sont déjà fabriquées en Colombie avec les technologies israélienne et étasunienne.

Comme le dit ce même communiqué militaire, l’innovation réside dans le fait qu’elles seront « écologiques », car fabriquées avec des « explosifs biodégradables, qui cherchent à protéger la population civile des attaques indiscriminées ou des accidents ». Texto.

Le journal El Tiempo de Bogota note à ce sujet : « Les bombes que fabrique Indumil, outre le fait d’offrir une meilleure précision, possèdent un composant écologico-humanitaire. En collaboration avec différentes universités, elle a travaillé à l’élaboration d’explosifs "biodégradables". » Encore une fois, c’est ce qui est écrit mot pour mot, bien que cela paraisse insensé.

Ce qui les rend « écologico-humanitaires », c’est que celles qui n’explosent pas « perdent leur puissance au bout d’un certain temps, ce qui évite les risques pour la population civile et les combattants. » Il n’est pas précisé quelle sera l’action ’bio’ ni ’écolo’ sur les corps détruits par les bombes qui exploseront.

Etonnant hasard, à la fin de cette même journée (le premier juin), dans la ville de Cali, au sud-ouest du pays, les habitants des quartiers proches du bataillon Pichincha ont commencé à ressentir des brûlures aux yeux, des maux de tête, des difficultés à respirer, des congestions nasales et des fortes nausées. Comme le dit un témoin, « des symptômes qui s’accentuaient proportionnellement au désespoir de ne pas savoir ce qui se passait ni comment agir. » Démunis, les gens se sont précipités dans les rues à la recherche d’une aide qui n’est jamais arrivée.

Quand ils ont appelé la police et les organismes de secours, ils ont appris que des expériences sur les bombes avaient lieu dans le bataillon, que « des gaz s’étaient échappés », mais qu’il n’était pas possible de faire quoi que ce soit, car l’armée est autonome. Il n’y avait qu’à attendre que les effets s’estompent tout seuls. A huit heures du soir, des personnes avaient encore des maux de tête et de vives irritations aux yeux.

Si cela peut arriver dans l’une des villes les plus importantes du pays, que ne se passe-t-il pas dans les campagnes ?

Devant ces bombes ’vertes’ et ’intelligentes’, des questions se posent, comme celles-ci : Combien de milliers de paysans sont-ils morts sous les bombes ’stupides’ lancées depuis 1964, quand il fut décidé d’en finir militairement avec les guérillas ? Combien de milliers de kilomètres carrés de terres ont-ils été contaminés par les produits toxiques contenus dans ces explosifs ? Quand donc l’Etat colombien commencera t-il à investir dans le maïs, les maisons, la santé, l’éducation, et tout ce qui amène la vie et la paix, que ce soit de façon écologique ou même traditionnelle ?

Hernando Calvo Ospina
http://www.hernandocalvoospina.com/

Traduction : Hélène Anger

URL de cet article
http://www.legrandsoir.info/Colombie-La-mort-BIO.html

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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 07:16

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 par Primitivi

Alors que la mascarade de la coupe du monde 2010 vient de commencer en Afrique du Sud (voir "Coupe du monde de football : passion, diversion, répression", Oscar Estrada cinéaste indépendant hondurien s’inquiète de la manipulation de l’engouement national pour le foot que fera certainement le gouvernement de ’Pepe’ Lobo pour écraser la résistance populaire.

Et cette vision pessimiste est malheureusement confortée à la fois par l’usage qui avait été fait de la coupe du monde 78 par la junte argentine et l’augmentation des meurtres et des exactions contre l’opposition populaire depuis que Lobo est au pouvoir.

Le 28 juin prochain, si l’équipe de foot hondurienne est toujours en lice, il faudra porter un regard attentif et perçant sur le Honduras. Car à ce moment là le premier anniversaire du coup d’État risque fort d’être l’occasion d’une grande vague de répression à travers tout le pays.

Les vacances du Loup et de ses agneaux quand le monde a les yeux tournés vers...

Je ne pensais pas écrire sur ce sujet, c’est vrai, je voulais prendre une certaine distance avec le sujet et éviter de gâcher l’une des rares distractions du peuple hondurien. Mais il est impossible de ne pas commenter l’effronterie de la classe gouvernante, qui dans un manque de respect incroyable, 100 grands fonctionnaires, monsieur Lobo y compris, son épouse, ses 3 [vice-présidents] désignés, le président et les vice-présidents du congrès national,les ministres et vice-ministres ont pris 15 jours de vacances, après seulement 3 mois d’exercice du pouvoir, pour aller en Afrique du Sud tous frais payés par le trésor public et pour voir, (parce que voir par soit-même est toujours mieux que se le faire raconter), l’équipe du Honduras, ou l’H, comme l’appelle les médias.

Il est certain, que comme beaucoup de Honduriens qui sont dans la résistance j’aimerais voir le Honduras gagner, se glisser victorieusement entre les meilleures sélections du monde et qu’un peu d’orgueil soit redonné à ce peuple qui vit plein de mauvaises nouvelles. Mais je ne peux pas. Alors que les médias internationaux informent d’un Honduras au pouvoir vacant, ils oublient de mentionner que Pepe Lobo n’a gouverné à aucun moment, ce n’était pas son travail, il a été engagé pour apparaître devant la chambre et pour se faire voir, avec un sourire collé sur le visage alors que les autres nettoient le terrain. Les autres, les personnages obscurs qui se cachent dans l’ombre pour conspirer contre ce peuple digne, pour torturer, pour tuer notre espoir.

Nous savons que ce Mondial, plus que tout autre dans l’histoire, sera utilisé de manière sinistre contre notre peuple. Le show qui se monte avec la complicité de la presse nationale et étrangère, me rappelle ce jour d’août, où tandis que dans les maisons, les bars, les restaurants, les rues, les trottoirs et les bureaux on célébrait les buts de la sélection, des dizaines de personnes souffraient des tortures dans le sous-sol du congrès national pour être transportés peu après dans les cachots humides du bataillon des Cobras [1] : parce que leurs cris pouvaient gâcher la fête footballistique de Micheletti.

Tout à fait comme cela c’est passé il y a 32 ans, en Argentine, quand la dictature a profité de la fête du Mondial 78 pour faire disparaître des milliers de citoyens. Adolfo Perez Esquivel, prix Nobel de la paix 1980 qui a été détenu arbitrairement durant 14 mois nous rappelle comment “Dans la prison, comme les agents voulaient aussi écouter les match, les commentaires de la radio nous arrivait par des haut-parleurs. C’était étrange, mais dans un cri de but nous nous unissions les agents et les prisonniers. Cela me donne la sensation qu’à ce moment, au-delà de la situation que nous vivions, c’était le sentiment pour l’Argentine.”

C’est pour cela que je ne me peux me réjouir. La Résistance hondurienne est dans un intense processus d’organisation. Pratiquement dans chaque coin du pays nous apprenons à travailler ensemble, à débattre, à discuter de politique et à approuver à la majorité ce projet complexe de refondation du pays. Cette force, avec nos avancées et nos reculs, on ne peut l’arrêter qu’avec la terreur.

Et c’est pour cela qu’on a fait sortir les Forces armées, ceux qui profitent d’une accusation suspecte de monsieur Lobo qui disait cette semaine qu’il “se préparait un coup d’État contre lui”, sont redescendus dans les rues, pour soit-disant combattre le crime organisé, mais ils envahissent les villages et les hameaux dirigeant leurs armes contre le peuple comme s’ils se préparaient à quelque chose de plus important.

Pendant ce temps, le lundi 14 les 3 centrales ouvrières indiqueront ce qu’elles vont faire par rapport au salaire minimum qui a dû être défini par le gouvernement en décembre dernier [2] et que Lobo Sosa a évité d’appliquer pour ne pas irriter l’oligarchie. Ils lanceront certainement un appel à la Grève, je crois que c’est la seule possibilité qu’ils ont. A la Choluteca le peuple a pris la mairie d’une commune en protestation contre l’attitude effrontément corrompue du maire et indiquent qu’ils se tiennent prêt à résister contre l’armée, jusqu’à ce que le maire soit destitué.

Nous sommes à deux semaines du premier anniversaire du coup d’État. Si la sélection hondurienne arrive à se classer pour le second tour elle jouera le 28 Juin. Ce même jour, des centaines de milliers de Honduriens seront dans les rues et feront savoir au monde qu’ici personne ne se rend, et que cette équipe elle appartient aussi au patron.

Oscar Estrada Le 12 juin 2010


Source
 : Habla honduras "Las vacaciones del Lobo y sus corderos cuando el mundo con los ojos sobre..."
Traduction : Primitivi

Notes

[1] Les Cobras : la section commando de la police anti-émeute. Qui peut-être comparable au GIPN français, même si les Cobras ressemblent bien plus à un bataillon militaire.

[2] Le salaire minimum est une décision prise sous le gouvernement de Zelaya en 2009, il devait être mis en place en décembre et appliqué début 2010. Avec le coup d’État et l’arrivée de Porfirio Lobo Sosa au pouvoir ce projet a été complètement gelé.

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13 juin 2010 7 13 /06 /juin /2010 07:56

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Un pauvre martyr innocent, victime de ses aspirations à la liberté (mais non, pas le libéralisme débridé, voyons), dans une épouvantable dictature.

 

Le gouvernement du Vénézuéla a appelé l’oligarchie à cesser ce jeu morbide, à cesser de pousser vers la mort Frank Brito en grève de la faim depuis décembre dernier.

 

Elias Jaua, vice-président, accompagné du ministre Nicolas Maduro et de Tarek El Aissami, ministre de l’Interieur et de la Justice a donné une conférence de presse au cours de laquelle il a lancé cet appel : «Nous appelons les secteurs de l’opposition responsables, l’église catholique – dont le premier devoir est la défense de la vie - et les directeurs des medias à conjuguer leurs efforts pour sauver une vie humaine et à abandonner l’attitude indigne qui consiste à jeter le trouble et à créer les conditions pour la mort de Brito »

 

Frank Brito a été hospitalisé dans un hopital militaire, car : « face à la conviction que ni sa famille ni aucun secteur de l’opposition ne garantiraient sa vie, il est du devoir de l’état de protéger la vie des Vénézuéliens. » La Croix Rouge Vénézuélienne est invitée à visiter, diagnostiquer et soigner Brito. Jusqu’à récemment, elle n’avait pas été sollicitée par ses proches.

 

Elias Jaua a précisé que Frank Brito, propiétaire terrien, a toujours bénéficié de tous ses droits civils, sociaux et économiques, que l’état a toujours garanti qu’il les exerçait librement, de même qu’il lui a refusé des privilèges particuliers destinés à satisfaire ses prétentions.

 

Celui qui est aussi le ministre du Pouvoir Populaire pour l’Agriculture et la Terre a dit également que toutes les actions de l’armée étaient conduites par le désir de préserver la vie d’un être humain, dans une action éthique authentiquement révolutionnaire. « Que notre peuple aie confiance en ce que, comme en d’autres occasions, la vérité, la raison et la justice nous accompagnent. »

Traduction : Alma

Source : http://www.radiomundial.com.ve/yvke/noticia.php?459209

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12 juin 2010 6 12 /06 /juin /2010 08:54

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Bilan de la présidence de Porfirio Lobo

jeudi 10 juin 2010, par Primitivi

Depuis que Porfirio Lobo assure la plus haute charge de l’État du Honduras les exactions, les tortures, les assassinats, et les violations des plus élémentaires des droits n’ont pas cessé, au contraire. Par contre les exécutants en ont appris avec le temps et ces actions sont devenues plus discrètes, laissant moins de traces pour d’éventuelles action en justice [1].

Mais ces délits ne pourraient être conduits sans l’aval et la complicité des institutions judiciaires. C’est cette mise au pas d’un pays que décrit Giorgio Trucchi en interviewant Bertha Oliva, coordinatrice nationale du Comité des Parents de Détenus Disparus au Honduras.

La démocrature du Honduras : L’ère du Loup

Plus de 700 violations des droits de l’homme - incluant douze assassinats - c’est le résultat des observations réalisées du 30 janvier au 28 mai 2010 par le COFADEH. Plus de 9 000 violations et 544 "incidents" contre des défenseurs des droits de l’homme enregistrées depuis le coup d’État.

 

En manquant de quelques semaines [2] la commémoration du premier anniversaire du coup d’État sanglant, Sirel a discuté avec Bertha Oliva, coordinatrice nationale du Comité des Parents de Détenus Faits disparus au Honduras (COFADEH), pour faire le point sur la situation.

Quel est le bilan des droits de l’homme au Honduras après quatre mois du gouvernement Lobo ? Ce que nous avons réussi à compiler pendant ces quatre mois du gouvernement de Porfirio Lobo est un peu terrifiant. C’est encore une preuve qu’au Honduras des violations sélectives et systématiques des droits de l’homme continuent d’être faites, elles obéissent à une politique fine et silencieuse de l’État, et par conséquent dangereuse et inquiétante.

Au niveau international, le président Porfirio Lobo essaie de présenter l’image d’un pays différent, d’un pays en voie de normalisation et de réconciliation... La communauté internationale, la coopération et les gouvernements du monde doivent comprendre qu’au Honduras les hommes politiques ne font jamais ce qu’ils disent publiquement. Il y a une hypocrisie totale, et quand ils annoncent qu’un gouvernement plus humain s’est installé, qui permet une réconciliation et respect les droits de l’homme, les faits montrent bien que ce sont des mensonges.

Les détentions illégales, les poursuites, les tortures et les assassinats continuent. Ils continuent de violer les lois tous les jours. Au Honduras les forces économiques et politiques continuent de s’imposer, à travers des institutions publiques qui sont supposée se charger d’appliquer la justice.

Y a-t-il eu un changement de stratégie répressive dans le pays à la suite du coup d’État ? Avant le coup il y avait une répression, mais elle l’était surtout par abus d’autorité. Maintenant la majorité des violations des droits de l’homme sont faites pour des raisons politiques et les oppresseurs ont accordé leurs instruments et leurs méthodes.

Pour les organisations des droits de l’homme, il est actuellement plus difficile de travailler dans un climat de violence. La stratégie s’est affinée et diversifiée, et les oppresseurs sont plus attentifs à ne pas laisser de traces.

C’est une politique systématique de la part de l’État, accompagnée par une campagne médiatique des plus cynique et agressive menée par les médias corporatifs qui tendent à disloquer tout type de travail ou d’expérience structurante et sociale.

Nous le voyons ces jours-ci avec la fermeture de la radio communautaire de Zacate Grande, de la persécution des leaders ruraux, des représailles judiciaires et patronales contre les syndicalistes de l’Université Autonome du Honduras (UNAH) et du licenciement des juges et des magistrats qui se sont opposés au coup.

Cela fait des semaines que ces derniers sont en grève de la faim et il n’y a aucune intention (de la part de l’État) de résoudre le conflit. Ils créent des crises déguisées en actions légales, imposent le droit avec les concepts utilisés pendant le coup militaire

Il y a aussi des signes très inquiétants. Est-ce que les menaces et les attaques dont les directeurs du STIBYS ont souffert et la campagne pour discréditer la direction de la Résistance font partie de cette stratégie ? Le COFADEH s’inquiète beaucoup de ce qui est arrivé durant les derniers jours. Il y a des signes clairs comme les menaces contre Carlos H. Reyes [3], l’assaut contre le siège du STIBYS à San Pedro Sula et la campagne de discrédit contre les dirigeants du Front National de Résistance Populaire (FNRP) font partie de la même stratégie répressive.

Une stratégie qui veut nous faire taire, nous dominer, en nous laissant sans le droit de nous organiser et de protester contre ce qui arrive dans ce pays. Jusqu’à présent le Ministère public n’a absolument rien dit sur ces faits.

Le secrétaire général de l’OEA, José Miguel Insulza, a assujetti le retour du Honduras au sein de l’OEA au retour de l’ex-président Manuel Zelaya avec l’assurance “d’une tranquillité absolue”. Qu’est-ce que vous pensez de cette proposition ? Il a le droit de la faire, mais il n’a pas de droit de manipuler des mensonges. Ce gouvernement continue de mentir à la communauté internationale et se propose de compenser le processus d’unité et d’organisation qui a surgi après le coup [4].

On ne peut pas négocier le retour du président Zelaya en échange de sa sécurité, et nous croyons que ce n’est pas juste considérer le retour du Honduras dans les instances internationales alors qu’il n’y a aucun signe de vraie vie commune en démocratie, de respect des droits de l’homme et d’application correcte de la justice.

Nous avons plus de 700 violations des droits de l’homme depuis que Porfirio Lobo est arrivé au pouvoir en janvier dernier. Il faut maintenir l’isolement du Honduras jusqu’à ce que les forces répressives réfléchissent, donnent un signe clair de repentir et acceptent de répondre pour les délits qu’elles ont commis.

Nous allons continuer de dénoncer et de travailler, même si nous savons qu’à tout moment ils peuvent essayer nous faire taire.

Ici personne ne se réconcilie avec personne. Au contraire, ceux qui ont le contrôle du pouvoir et des armes, ceux qui ont assailli les institutions de l’État, continuent avec leur stratégie du crime et peut leur importe ce que dit la communauté internationale.

Quel sorte d’anniversaire va être le 28 juin prochain ? Cela va être une rencontre que le monde va avoir avec le peuple hondurien. Il n’y a pas de raison de pleurer, au contraire, nous allons nous embrasser et célébrer cela, parce que nous nous sommes rendus compte qu’il y a des millions de personnes sur la planète qui ont exprimé leur solidarité, et qui ont souffert quand ils ont senti que le Honduras était toujours attaqué.

A cette date nous allons installer la Commission de Vérité Alternative. Cela va être un bon message pour chercher la mémoire, pour récupérer l’histoire. Pour dire aux peuples du monde, au gouvernement du Honduras qui a préféré être la continuation du coup, qui continue de violer les droits de son peuple, que cette affaire n’a pas été une succession constitutionnelle, mais un coup d’État militaire.

Le 28 juin il faudra le vivre avec joie, en pensant qu’il y a douze mois le peuple s’est éveillé et continue de le démontrer dans les rues.

par Giorgio Trucchi


Source
 : Rel Uita "La democradura en Honduras : La era del Lobo"
Traduction : Primitivi

Notes

[1] Le cas de Roberto Micheletti est actuellement étudié par le Tribunal Pénal International, mais Micheletti a pu décrocher un mandat de député à vie - charge non prévue dans la Constitution hondurienne - qui lui offre l’immunité parlementaire jusqu’à la fin de ses jours.

[1] Le cas de Roberto Micheletti est actuellement étudié par le Tribunal Pénal International, mais Micheletti a pu décrocher un mandat de député à vie - charge non prévue dans la Constitution hondurienne - qui lui offre l’immunité parlementaire jusqu’à la fin de ses jours.

[2] Le coup d’État fut lancé le 28 juin 2009 par Romeo Vásquez Velásquez (chef des états-major des forces armées) et Roberto Micheletti (président de la chambre des députés), l’un kidnappant le président Manuel Zelaya dans la nuit et l’autre se faisant porter au pouvoir suite à une soit-disant "succession constitutionnelle" décidée unilatéralement par le Parlement et la Cour Suprême. Le Honduras tombait alors sous le joug d’un nouveau "type" de dictature. Celle où l’on fait semblant d’utiliser l’appareil démocratique pour mieux imposer un diktat oligarchique soutenu par l’armée et des centre de pouvoirs extérieurs -autres gouvernements ou multinationales-.

[3] Carlos Reyes, leader du Front National de Résistance Populaire hondurien.

[4] le mouvement de résistance populaire, du jamais vu dans ce pays

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