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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 07:20

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AUTEUR:  Jorge MAJFUD

Traduit par  Chloé Meier. Édité par Fausto Giudice

Angel Rama rappelle quelque chose d'essentiel pour toute approche anthropologique: les répressions font immanquablement partie de la culture, quelle qu'elle soit (transculturation). Pour des raisons historiques, elles ont joué un rôle fondamental, voire déterminant, en Amérique latine.

D'une violence guerrière et morale née du complexe de supériorité caractéristique de la culture européenne, la Conquista s'est opérée dans le rejet public et systématique de tout ce qui avait trait aux Amérindiens par la classe créole, laquelle dominait les nouvelles républiques au 19e siècle. Autre implant de la culture européenne des Lumières, le romantisme a constitué, en littérature, un moyen intellectuel de légitimer la consolidation des nouvelles républiques, en quête désespérée d'identités définies.

Depuis le romantisme du Río de la Plata, dans la première moitié du 19e siècle, jusqu'à celui qui s'est développé dans la seconde moitié du siècle dans la région andine, il s'est agi d'une nouvelle superposition culturelle plus que d'une transculturation ou d'une récupération de la culture vernaculaire populaire. Selon Angel Rama, "quelle que soit la valeur qu'on accorde à l'œuvre de Ricardo Palma, réhabilité par Mariátegui lui-même et devenu l'un des chantres du demos liménien, en 1872 la 'tradition péruvienne' constitue indéniablement une solution esthétique épigonale qui se nourrit encore de la littérature romantique espagnole, si ce n'est des maîtres du Siècle d'or".

Des discordes surgissent régulièrement, accompagnées de la répression d'une des parties par l'autre: de la société orale majoritaire, d'une culture populaire ignorée ou méprisée à défaut d'être annihilée, par la "cité lettrée", la classe aisée et sa culture éclairée.

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Cette tendance ne s'atténue pas avant la moitié du 20e siècle. Les revendications se cristallisent alors autour de cultures et de races dépréciées jusque-là. Hernán Cortés, Domingo F. Sarmiento et l'indigénisme illustrent bien ces trois périodes. Angel Rama a observé que les Indiens apparaissaient en tant que sujet dans quatre contextes littéraires, à savoir: 1. la littérature missionnaire de l'époque de la Conquista; 2. la littérature critique de la bourgeoisie marchande de la période révolutionnaire; 3. la littérature romantique, qui se lamente de son extermination; 4. « en plein 20e siècle, sous la forme d'une revendication présentée par un nouveau secteur social issu de la classe moyenne inférieure blanche ou métisse. Inutile de souligner qu'à aucun moment la parole n'a été donnée aux Indiens: d'autres se sont toujours chargés de parler en leur nom ».

Les lecteurs de ce type de littérature non plus ne se trouvaient pas parmi le peuple illetré, ce qui constituait une barrière entre les classes sociales et allait préserver pendant des siècles les caractéristiques et les valeurs les plus radicales possibles. Même lorsqu'ils avaient pour sujet les Indiens, les textes étaient un produit de consommation destinés aux classes cultivées. Angel Rama cite en exemple le Memorial de Las Casas, Siripo de Albarden, Tabaré de Zorrilla de San Martín et Huasipungo de Jorge Icaza. Pourtant, le fait que la classe éclairée ignorait doublement la classe populaire (en tant que producteur et en tant que consommateur) ne signifie pas que celle-ci avait disparu.

José Carlos Mariátegui lui-même pensait que tout ce qui subsistait du Tawantinsuyu se résumait aux Indiens en tant qu'êtres biologiques, et que sa civilisation avait disparu.

Par ailleurs – phénomène du 20e siècle –, les revendications et l'ascension des classes non éclairées se sont traduites dans des formulations qui inversaient les valeurs dominantes et en devenaient devenaient difficiles à interpréter. Selon Angel Rama, les nouvelles interprétations du passé comprenaient l'imposition "d'un nouveau mythe, défini dans le titre du fameux livre L'Empire socialiste des Inka (Louis Baudin, 1928), qui allait devenir un lieu commun de la pensée politique. Celle-ci voyait en la subsistance du l'ayllu le moyen de connecter instantanément les structures économiques archaïques avec les plus modernes en un clignement d'yeux traversant les millénaires".

L'humanisme européen a valorisé la culture populaire en Europe et revendiqué l'universalité de l'égalité et de la liberté des hommes, malgré leur déformation par les sociétés verticales, composées de castes ou de classes, et régies par le prestige de l'autorité. On peut penser que le même processus a provoqué, dans l'Amérique latine du 20e siècle, une réaction contre les classes dominantes, qui s'est manifestée notamment à travers l'idéologie contestataire du socialisme.

Au 19e siècle, le libéralisme a été prolongé "naturellement" par une pensée plus radicale, qui allait ensuite être considérée comme son contraire: le marxisme. Bien que reposant sur une formulation complexe qui ne la rendait pleinement accessible qu'aux nouveaux intellectuels, cette philosophie a pénétré les masses incultes du continent et en a reçu l'influence d'une tradition encore bien vivante, quoique ayant toujours évolué dans l'ombre de la culture éclairée, principalement européiste. Ainsi, alors que les intellectuels se rapprochaient des classes défavorisées émergentes et rejetaient les classes oligarchiques traditionnelles, la culture populaire, orale et iconoclaste, disputait à l'ancienne culture lettrée le prestige du livre. L'intellectuel s'est popularisé, et le peuple s'est intellectualisé.

Il s'est donc produit en Amérique latine un phénomène apparemment contradictoire: les intellectuels engagés, des écrivains de gauche pour la plupart, ont développé un discours rationnel, le marxisme, au moment même où ils plongeaient dans un paradigme contradictoire: la revendication d'un monde mythique, d'un retour aux sources, plutôt que d'une évolution hégélienne; d'un mouvement circulaire, propre aux mythes, plutôt que de l'irréversible linéarité judéo-chrétienne; de la sagesse de la nature plutôt que de la vénération moderne de l'industrie; de l'émotion plutôt que du rationalisme; de l'esthétique et de la conception spirituelle du cosmos plutôt que de la déshumanisation calculatrice que nous subissons aujourd'hui non plus en tant que machines à produire, mais en tant que machines à consommer.


Source : Ilustrados y salvajes en América latina

Article original publié le 26/4/2010

Sur l’auteur

Chloé Meier et Fausto Giudice sont membres de Tlaxcala, le réseau international de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, la traductrice, l'éditeur et la source.

URL de cet article sur Tlaxcala : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=10464&lg=fr

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 07:20

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Dans le cadre de "Libertad", le journaliste Maurice Lemoine a animé lundi soir, une conférence sur l'Amérique Latine vue par les médias français. Une intéressante remise en perspective, au nom d'une réalité. Paroles de passionné...
Comment est née votre passion pour l'Amérique Latine ?
M. L.
C'est mon premier voyage en 1973 qui a déclenché cet attachement. L'Amérique Latine, de toute façon, soit on la trouve insupportable, soit on en tombe amoureux, c'est ce qui s'est passé pour moi. Pendant 7 mois avec 7 000 francs en poche, j'y ai fait la route, je n'étais pas journaliste à l'époque. Entre le Honduras, la Colombie et le Venezuela... Ensuite, j'ai effectué de nombreux voyages en vendant mes prem iers articles. Jusqu'à devenir, une appellation qui m'amuse toujours, un spécialiste de l'Amérique Latine.

Vous êtes considéré comme le spécialiste, justement du Venezuela et de Chavez...
J'y suis allé pour la première fois en 1973. En 1998, Chavez est arrivé au pouvoir et je m'y suis pas mal intéressé. Notamment avec la tentative de coup d'état contre lui en 2002. J'ai écrit un bouquin, puis un deuxième. De plus, au Monde diplomatique, on a la particularité de ne pas être hostile à Chavez, ce qui est un peu inhabituel dans les médias, et du coup, j'ai été catalogué journaliste "Chaviste" et spécialiste du Venezuela. Alors que je continue de travailler aussi sur d'autres pays.

Dans votre conférence, vous avez abordé le regard peu amène des médias français sur l'Amérique Latine...
Je suis un peu dur sur la manière
dont les médias traitent aujourd'hui de l'Amérique Latine. Précisément par rapport aux changements qui s'y sont opérés depuis 1997 et cette vague de gauche, dans laquelle on a trouvé très vite des têtes de Turcs, Chavez, Morales, Correa, considérés comme des populistes, des nationaux populistes, des apprentis dictateurs... L'image donnée par les médias français de ces gouvernements, ne correspond pas du tout, selon moi, à la réalité. On a tout le temps un portrait à charge. On est passé de la critique à l'hostilité, notamment de la part des médias de centre-gauche, plus féroces que la presse de droite.

Pour quelles raisons ?
L'information a beaucoup bougé, les grands groupes économiques s'interpénètrent avec les médias. Des moyens de plus en plus réduits sont mis à la disposition des confrères. On fait de plus en plus de l'info sur Internet, malheureusement. Tout cela fait qu'il y a maintenant très peu de spécialistes de l'Amérique Latine. Les journalistes indépendants qui travaillaient sur ces pays ne gagnent plus leur vie, c'est un secteur du monde qui n'intéresse personne. Et les jeunes qui à un moment, vont dans ces pays n'en connaissent pas l'histoire, n'ont pas l'arrière-fond pour comprendre les logiques, sans les justifier.

Vous, homme de gauche, en voulez à la gauche ?
Il y a une dérive idéologique de la gauche depuis la chute du mur de Berlin, selon laquelle toute tentative de transformation radicale mène forcément au stalinisme. On refuse d'examiner ce qui se passe là-bas, parce que ça nous fout un peu la honte. Ils sont en train de montrer que s'il y a une volonté politique, on peut faire des choses.

Mercredi 5 avril sur  http://www.lindependant.com/articles/2010-05-05/pour-l-amerique-latine-maurice-lemoine-n-a-pas-fait-voeu-de-silence-175032.php

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 12:24

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Le Cercle bolivarien de Paris vous invite

 

VENEZUELA

 

12 ANS DE RÉVOLUTION

 

Les Succès, les difficultés, les menaces

 

rencontre avec

 

Ignacio Ramonet
(ancien directeur du Monde Diplomatique)

 

Salim Lamrani
(enseignant chargé de cours à l'Université Paris IV et Paris-Est Marne-la-vallée)

 

 

 

MARDI 4 MAI à 19h00

 

 Espace Robespierre - 2, rue Robespierre - 94200 Ivry sur Seine
à 10mins de Paris en metro (Mairie d'Ivry - ligne 7)

 

 

 

Avec le soutien de :
Consejo Pro Bolivia, France Cuba, Mémoires des Luttes, NPA, PCF, PG, CALI, Colectivo Paraguay, Cuba Si, Colectivo de Peruanos en Francia, Polo Democrático Alternativo (Colombia), Nuestra América, Alerte Honduras, Asociación Los Cipotes, Comité Perú, Petite Amérique, Consejo Pro Bolivia, CIAL - Nanterre, Espacio Carta Abierta France, Central de Trabajadores Argentinos, Argentinos en el Exterior - Francia, MRAP, France Amérique Latine...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 08:04

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BALTIMORE (AP) — L'arsenic pourrait avoir contribué à la mort de Simon Bolivar en 1830, d'après un médecin de l'université américaine Johns Hopkins, dans le Maryland, qui remet en cause la thèse de la tuberculose, communément admise comme cause de la disparition du plus grand "Libertador" de l'Amérique latine.

Mais ce sont les médecins -et non une trahison- qui auraient conduit le Libertador à consommer de l'arsenic, selon la thèse défendue par le docteur Paul Auwaerter, qui a présenté son étude du cas Bolivar lors de la conférence annuelle de la faculté de médecine du Maryland à Baltimore consacrée aux décès de personnages célèbres. L'an passé, les causes des décès d'Abraham Lincoln, Toutankhamon et Christophe Colomb avaient été passés au peigne fin.

"La tuberculose est l'explication conventionnelle depuis de nombreuses années, mais cela ne tient pas debout", a lancé Auwaerte. "Franchement, cela n'explique pas ses six derniers mois de vie". Avant sa mort, le "Libertador" souffrait de fièvres, pertes de connaissance, migraines, essoufflements, perte de poids, problèmes de peau et autres maux. En revanche, Bolivar n'aurait pas toussé de sang et le fluide retrouvé ensuite autour de son coeur laisse penser à une infection bactérienne plutôt qu'à la tuberculose, selon le médecin.

D'après le Dr Auwaerte, l'arsenic était un traitement utilisé souvent à cette époque et aurait pu contribuer au décès de Bolivar qui devait vraisemblablement l'employer comme tonique. Le "Libertador", surnommé également "culo de hierro" car il se déplaçait essentiellement à cheval, a également pu en consommer sans le savoir via des aliments ou de l'eau contaminés. Mais "je ne soutiens pas la thèse de l'assassinat", a souligné le médecin.

Ce n'est pas le cas du président vénézuélien Hugo Chavez, qui a rapidement réagi aux conclusions du colloque. "Ils l'ont tué. Ici, dans mon coeur, depuis de nombreuses années, j'ai la conviction que Bolivar n'est pas mort de la tuberculose", a-t-il dit dans un discours à la télévision vénézuélienne. "Je ne sais pas si on peut le prouver, mais pour moi, Bolivar a été assassiné".

Icône latino-américaine, Simon Bolivar, né au Venezuela, est particulièrement vénéré par Hugo Chavez. L'ambassade vénézuélienne avait dépêché deux représentants à la conférence, dont un responsable qui avait présidé un conseil convoqué par le président vénézuélien pour se pencher sur la mort du héros de l'indépendance de nombreux pays d'Amérique du Sud.

La fin de vie en forme de chemin de croix de Simon Bolivar a inspiré un roman au prix Nobel de littérature colombien Federico Garcia Marquez, "Le Général dans son labyrinthe". Les derniers mois ont été particulièrement tragiques pour Bolivar, amaigri, malade, traqué par ses alliés d'hier, contraint de périr sur le chemin de l'exil.

La figure de Bolivar est omniprésente en Amérique latine: la Bolivie doit son nom au Libertador. Au Venezuela, on arrive à Caracas à l'aéroport Simon Bolivar, on paye en Bolivar, les places principales des villes se nomment toujours "Plaza Bolivar", Hugo Chavez s'exprime derrière un tableau de Bolivar et les passeports vénézuélien sont ornés de la mention "république bolivarienne du Venezuela". AP

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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 09:40

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Par Adrien Trocmé (30 avril 2010)

Plongée dans une vallée de détritus, la Chureca à Managua (Nicaragua), où se sont installés familles et enfants. Leur travail : survivre de ce que les autres - les riches - considèrent comme inutiles, les déchets. Récit en texte et en images.


C’était un mercredi soir à Managua (Nicaragua), nous étions allés au théâtre voir des enfants nicaraguayens danser, chanter. Il y avait un ou deux journalistes locaux dans la salle pleine. Et les parents à la fin de la représentation semblaient tout à fait émus. Une scène de fête d’école comme on en retrouve dans des villes européennes ou sud-américaines. Seulement le message ce soir-là, simple mais exprimé avec force, était celui du refus de l’exclusion. Celle que le public a oubliée un soir dans cette féerie de décors et de déguisements avant de retourner chez eux, dans leur village, au sein de la Chureca. La décharge publique du pays. Leur lieu de vie et de travail.

Le lendemain nous arrivons au bureau de l’association Dos Generaciones, qui a monté ce spectacle depuis plusieurs années avec les enfants de La Chureca. De nombreuses jeunes filles s’alignent à l’ombre devant la porte. L’association travaille beaucoup aussi avec les adolescentes. Edwin apparaît, il va nous emmener sur sa moto jusqu’à la décharge.

Un horizon gris de collines de déchets

Alors que nous avançons en direction de la décharge publique, les routes de poussière prennent progressivement la texture d’une couche de papiers et de terre mêlés. Des gens sont courbés à ramasser quelques déchets autour de camions bennes à l’arrêt. Nous prenons un dernier virage, s’impose alors un horizon gris de collines de déchets, à droite une vaste étendue d’eau, le lac de Managua. A gauche un autre lac plus petit, deux garçons mouillés le longent. S’y sont-ils baignés ? Au-dessus, dans le ciel bleu soudain déchiré par un rideau de poussière et de fumée, des oiseaux tournoient. Nous nous arrêtons dans l’une des artères du village de tôles et de bois. Chez Ramona.

Ramona nous accueille chaleureusement chez elle, sous les planches, les toiles et les tôles, il y a plusieurs hamacs accrochés, des poules picorent le sol. Ramona déambule dans le village, machette en main, son outil de travail qui lui permet de gratter la terre. Tout le monde salue Ramona. Elle est membre de la commission du village.

Visite guidée de l’école où les enfants ne se rendent pas toujours car ils vont travailler. Puis détour par ce qui fait office d’infirmerie. Les habitants de la Chureca s’y massent car ils souffrent d’insuffisance respiratoire. Une illustration des conditions insalubres dans lesquelles environ mille personnes habitent et plus de deux mille travaillent.

 

Ce cadre insupportable qui détruit la santé, à la marge de toute vie normale pour les enfants et les adultes, prend soudain toute son ampleur lorsque notre horizon est obstrué par une montagne d’immondices. Au loin deux êtres fouillent la structure à la recherche de métal, aluminium, plastique, verre et - s’ils sont chanceux - de cuivre. En contrebas, à une distance de quelques mètres à peine de ces collines : d’autres maisons.

Montagnes d’immondices

On escalade ces montagnes. Au milieu, des monticules de déchets errent des personnes. Certaines creusent, d’autres portent des sacs, d’autres trient. On rencontre alors une autre personne qui curieusement vient nous saluer. Nous ne l’avions pas reconnue dans sa tenue de travail. Il est le père de l’actrice principale de la pièce de théâtre.

Nous nous trouvons alors au sommet des montagnes de déchets, il y a là-bas comme une vallée balayée constamment par les rafales de poussière. Les montagnes se décomposent lentement sous l’effet de la chaleur et de la compression. Une fumée nocive en ressort, entre par le nez et la bouche. Tous les travailleurs se couvrent le visage de foulards. Ils portent parfois des lunettes pour se protéger les yeux. Nous voyons une vache paître près de déchets en feu. Plus tard un troupeau. Mais ce sont les corbeaux les compagnons des churequeros. Ils se sont pris d’amitié. Ils les appellent les condors.

« Prends-moi en photo, je suis Fidel Castro ! »

Progressivement la fumée s’épaissit, apparaissent plusieurs personnes fantasques, l’une le visage camouflé sous plusieurs étoffes, évoque la Révolution française, 1789 ou 1848. Laquelle était-ce déjà ? Il repart, citant d’autres dates. A côté, quelqu’un délaisse ses déchets, nous interpelle, et sort de dessous trois planches un sac de jute rempli de livres. Il nous en tend un. Il nous l’offre. Plus loin un autre torse nu me dit : « Prends-moi en photo, je suis Fidel Castro ! ». Intimidé, je m’exécute. La conscience de certains churequeros semble s’être enfuie sous d’autres latitudes, elle ne voulait plus rester là.

Un euro par jour

Plus tard nous discutons avec le fils de Ramona. Il nous explique comment sa mère, brandissant la machette, avait sauvé un photographe espagnol qui s’était aventuré chez eux sans être accompagné. En toute logique, des gens s’étaient précipités sur les appareils qui représentaient plusieurs années de salaire puisque ils ne gagnent qu’un euro par jour. Plus tard encore, Eric nous expliquera comment certains churequeros surveillent la venue des camions bennes en provenance des quartiers riches pour y trouver des restes, ou encore comment ils font chauffer l’eau quand ils ont repéré le camion qui vient se dévider des abattoirs.

Les churequeros ont été acculés par la pauvreté et le chômage régnant au Nicaragua à venir s’établir au sein même de la décharge. Prochainement, à l’initiative de la coopération espagnole, un village de briques devrait être construit et une usine de recyclage devrait s’installer. Certains s’inquiètent de ne pas pouvoir travailler car ils seraient trop vieux… Mais cette fois, la promesse ne semble plus un mirage, l’argent serait dans les caisses.

Si la Chureca, symbole de l’exclusion, est la démonstration insupportable de la réalité des Objectifs du Millénaire, on ne voudrait vraiment pas que ces gens aient encore cinq ans à attendre.

Adrien Trocmé - LARuta

Source : Basta !link

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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 09:25

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Lundi 19 avril, le Venezuela fêtait le bicentenaire de la déclaration d’indépendance impulsée par Simon Bolivar le 19 avril 1810.

200 ans de construction qui portent une symbolique forte :le thème de « l’indépendance » et de la souveraineté sont toujours d’actualité, mis en danger tant par nos faiblesses internes pour construire une société démocratique capable de se forger une vraie liberté, que par les pressions nationales et internationales qui ne trouvent pas leur intérêt dans cette émancipation.

En 200 ans « d’indépendance », le Venezuela est loin d’avoir construit une réalité idyllique : dictatures, gouvernements fantoches… non seulement l’oligarchie locale a conservé sa mainmise sur les richesses nationales, mais en plus elle a fait du pays une arrière-cour des États-Unis. Certains disent qu’en 1810, le colon a cessé d’être espagnol pour devenir nord-américain.

C’est la raison pour laquelle cet anniversaire est enthousiasmant : le processus révolutionnaire fixe des objectifs qui visent à développer la souveraineté du pays, c’est-à-dire son indépendance (économique, notamment) et invite l’ensemble des citoyens à travailler dans l’objectif du développement humain. Généralisation de l’accès aux services de base (santé, éducation…), participation protagonique au système politique, démocratisation des médias, mise en place de nouvelles logiques de production… La nouvelle répartition des richesses finance un développement de la conscience collective pour un projet de société plus libre.

Il me parait sain de considérer sa liberté non pas comme un fait acquis, mais comme un enjeu à construire en permanence. Celui que se croit libre ne voit pas les barreaux qui l’entourent. Mais comment mettre en perspective cette aspiration ?

Le même jour, les 9 présidents des pays membres de l’ALBA se réunissaient pour leur 9ème sommet. Neuf pays qui s’unissent autour de projets sociaux et économiques pour mettre en œuvre une nouvelle géopolitique du continent, clairement engagée contre la logique capitaliste. Il s’agit d’une alliance de collaboration dont les effets sont très positifs pour les peuples sud-américains, les échanges de compétences et de ressources permettant la réalisation d’un grand nombre de projets d’intérêts collectifs. L’exemple le plus connu est l’échange Venezuela-Cuba, raffineries de pétrole contre services médicaux. La Bolivie, Équateur, le Nicaragua, la république Dominicaine, Antigua & Barbuda et Saint Vincent & Grenadines sont les 6 autres membres à l’heure actuelle. Cette union s’articule autour du consensus sur le projet bolivarien (le B d’Alba) dont l’objectif premier est l’union de l’Amérique latine.

L’Unasur est une union plus économique à laquelle participent tous les pays du sous-continent ; c’est donc le terrain de coopération avec l’Argentine, le Chili et l’Uruguay, partenaires privilégiés du Venezuela.

À l’heure de l’union des gouvernements de gauche, la Colombie navigue à contre courant. La campagne pour les élections présidentielles du 30 Mai est d’ailleurs source d’importantes tensions : 3 des candidats, y compris l’actuel Ministre de la Défense du gouvernement Uribe, affirment qu’ils jugent approprié le bombardement contre Équateur qui avait entrainé la mort du guérillero Raúl Reyes en 2008, et qu’ils seraient prêts à engager dans le futur une action similaire si elle permettait de lutter contre le terrorisme. De telles déclarations mettent le feu à la poudrière ; il est normal que Équateur, le Venezuela et le Brésil, pays frontaliers, ne puissent accepter l’éventualité d’une attaque de leur territoire. La Colombie regarde plutôt du côté des États-Unis qui financent son armée et sont en train d’y construire 7 nouvelles bases militaires.

Le Honduras faisait partie de l’ALBA, mais le coup d’état contre le président Zelaya en a entrainé la sortie. Hier, on pouvait lire dans la presse que 3000 familles de paysans de la province de Bajo Aguán sont en train de subir la répression de 4000 militaires menaçant de les expulser de leurs terres. Il semble que la politique du nouveau président Lobo soit de revenir sur la réforme agraire et de transférer ces terres à un grand projet de production intensive d’huile de palme (c’est à dire de rétablir les grands propriétaires terriens). Dans le même temps, aujourd’hui même, un journaliste a été assassiné. C’est le 6ème depuis le coup d’état contre Zelaya. La presse internationale ferme les yeux, tout comme elle a superbement ignoré la Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique. La liberté des pays « développés » ?


Pierre-Charles Marais est architecte.
http://venezuela-2006.overblog.com

pc.marais[AT]gmail.com

http://www.alterinfos.org/spip.php?article4392

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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 08:53

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CARACAS — Le président du Venezuela Hugo Chavez, célèbre pour sa gouaille et ses déclarations tonitruantes, fait un tabac sur le site de microblogs Twitter, où 92.000 personnes ont déjà décidé de le suivre un peu plus de 24 heures après l'ouverture de son compte mercredi.

"Salut mes chers Candangueros et Candangueras. C'est une explosion inattendue. En ce moment à Barinas avec Evo. Nous vaincrons!", écrit-il dans son deuxième message posté sur son compte @chavezcandanga, avant une rencontre avec le président bolivien Evo Morales dans l'Etat de Barinas (centre-ouest du Venezuela).

Son pseudonyme est une combinaison de son nom et du mot "candanga", utilisé au Venezuela pour désigner une personne espiègle et explosive.

Jeudi matin, le nombre de personnes suivant Chavez sur Twitter avait dépassé les 92.000. Lui-même ne s'est abonné qu'à cinq comptes, ceux de certains de ses ministres et un autre intitulé "Réflexions de Fidel", en référence au dirigeant communiste cubain Fidel Castro, qui est son père spirituel.

Le chef de file de la gauche radicale en Amérique latine, qui utilise presque tous les jours les télévisions, radios et journaux pour s'adresser directement à ses concitoyens, a annoncé le mois dernier sa volonté de devenir un "activiste cybernétique" pour contrer l'influence de l'opposition sur les réseaux sociaux.

L'internet était jusqu'ici délaissé par son gouvernement dans un pays où 30% des 27 millions d'habitants sont connectés à la toile.

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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 07:45

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 Le président de l'Equateur, Rafael Correa, a demandé au gouvernement colombien une information claire et précise sur les supposés ordinateurs saisis par l'armée colombienne durant l'invasion militaire en territoire équatorien, lors de l'assassinat du leader guerillero Raul Reyes.



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Les supposés ordinateurs


"Il (le gouvernement colombien) a inventé cette farce des ordinateurs. C'est pour cela que nous avons demandé une copie des disques durs de ces "super ordinateurs" qui ont survécu à une attaque militaire, qui, au cas où ils auraient existé, ont été volés en territoire équatorien, ce qui est un autre grave délit" a-t-il dit.


Le président a affirmé que jusqu'à maintenant, le gouvernement d'Alvaro Uribe n'avait pas répondu à cette demande.


"C'est une des conditions que nous avons posées pour rétablir totalement les relations diplomatiques (avec la Colombie). Nous voulons tous savoir la vérité. Donc, qu'ils nous donnent une copie pour que le monde entier sache quelles sont les relations des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC)"


Il a rappelé que le gouvernement de Colombie avait entrepris une campagne contre l'Equateur, fondée sur des supposées informations trouvées dans l'ordinateur de Raul Reyes


"Celui qui a la conscience tranquille ne craint rien. Il se peut qu'il n'y ait pas une telle information, ou bien qu'il y ait des informations qui compromettent le gouvernement colombien", a-t-il indiqué.


http://www.radiomundial.com.ve/yvke/noticia.php?t=455952


Télécharger le rapport d’Interpol sur les supposés ordinateurs (en français) : http://www.interpol.int/Public/ICPO/PressReleases/PR2008/pdfPR200817/ipPublicAbstractFR.pdf


Par ailleurs,


Le président Rafael Correa a averti qu’il répondrait militairement à « la plus petite agression » venant de la Colombie et il a refusé à nouveau les déclarations du candidat à la présidence de la Colombie Juan Manuel Santos qui s’est dit « fier » d’avoir ordonné le bombardement du 1° Mars 2008 en Equateur.


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Territoire équatorien bombardé et impacts des bombes


…/ Lors de ce bombardement, qui eut lieu alors que Juan Manuel Santos était ministre de la défense en Colombie, moururent au moins 26 personnes, et, parmi elles, le porte-parole international des Forces Armées Révolutionnaires (FARC) de Colombie Luis Édgar Devia, alias "Raúl Reyes", quatre étudiants mexicains et un citoyen équatorien.


« Nous comptons sur la dissuasion, mais, par-dessus tout, sur la volonté d’un peuple digne, altier et souverain qui respecte l’armée et se sent respecté par elle. », a dit Correa


…/ Il a affirmé : « Nous ne permettrons pas que des groupes de désaxés, probablement soutenus à l’étranger, veuillent transformer la région en un nouveau Moyen Orient. »


http://www.radiomundial.com.ve/yvke/noticia.php?t=456006&highlight=correa&sid=f6ef116f227c7a72aafd9540a538f3f


Mercredi 21 avril

Traduction : Alma

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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 07:34

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Gouvernement Uribe : Le plus grand scandale d’espionnage de l’histoire de la Colombie perpétré para le DAS

Depuis cinq ans, d’influents médias colombiens – entre autres la revue Semana – ont commencé à ébruiter ce que les organisations de défense des droits humains savaient déjà : les hauts responsables du Département administratif de Sécurité (DAS), service de renseignement politique qui dépend directement du président de la République, chargeaient des chefs paramilitaires d’assassiner les opposants. L’un de ces fonctionnaires, M. Rafael García, a reconnu que nombre d’opérations de « guerre sale » menées par le DAS ont été financées grâce à l’argent du trafic de cocaïne. Malgré leur gravité, ces informations, comme tant d’autres, sont restées sans suite dans la rubrique « justice nationale ».

En parallèle, on découvrait que l’ordre d’espionner illégalement des défenseurs des droits humains, des opposants politiques et des journalistes « étiquetés » de gauche partait du Palais présidentiel de Nariño. Ces personnes étant « censées collaborer » avec les « terroristes » de la guérilla, la mise en lumière de ces méthodes a été traitée comme une information banale. Les réactions ont commencé à changer lorsque les médias ont dévoilé que cet espionnage illégal touchait aussi des magistrats de la Cour suprême de justice et des dirigeants des partis traditionnels.

La tension est montée lorsque des fonctionnaires du DAS ont été mis en examen. Le chef suprême du DAS, c’est-à-dire le président Alvaro Uribe, a pris leur défense, proposant même de mettre sa main au feu tant il était convaincu de leur innocence. Peu de temps après, certains d’entre eux – dont l’ancien directeur général de l’institution, M. Jorge Noguera – ont été incarcérés. M. Uribe a alors affirmé que cela ne faisait que servir la « stratégie de déstabilisation » des « terroristes ». A force d’être répétées, ces phrases ont fait office de chantage menaçant.

Ce jusqu’au 15 avril, jour où le très populaire directeur de l’information de RCN-Radio, Juan Gossain, a lu des extraits de quelques pages arrivées jusqu’à lui, et qui font partie des documents trouvés par le Corps technique d’investigation (CTI) de la Fiscalía General de la Nation (sorte de ministère public) lors d’une perquisition dans les locaux du DAS. Il y est prouvé que, depuis 2005, une stratégie globale a été mise sur pied : espionnage, discrédit des organisations non gouvernementales (ONG) et des opposants – en particulier le Front social et politique (centre-gauche) et la sénatrice Piedad Córdoba (centre-gauche elle aussi) –, programmation d’attentats terroristes qui, ensuite, auraient été attribués aux organisations de guérilla.

Toute cette information se trouve dans des dossiers portant le nom d’opérations : « Amazonas », « Transmilenio », « Bahia », « Halloween », « Arauca », « Intercambio », « Risaralda », « Internet » et « Europa ». Dans leur contenu figurent les méthodes suivantes : « Désinformer la population favorable aux détracteurs du gouvernement » ; « Créer des divisions à l’intérieur des mouvements d’opposition » ; « Empêcher la concrétisation de manifestations convoquées par l’opposition » ; « Neutraliser les actions déstabilisatrices des ONG en Colombie et dans le monde » ; « Stratégies : discrédit et sabotage. Action : alliance avec services de renseignement étrangers, communiqués et dénonciations sur des sites Internet, guerre juridique » ; « Utilisation des médias, des enquêtes d’opinion (…) des chats » ; « Sabotage : terrorisme, explosifs, incendies, service public, technologique. Pression : menaces et chantage. »

Après avoir lu ce qui précède, le journaliste en colère a déclaré : « Nous, Colombiens, avons le droit de savoir qui a essayé de transformer le pays en un Etat de policiers et de terroristes d’Etat. (...) Qui a conçu le plan macabre consistant à persécuter les opposants, réels ou imaginaires, comme s’ils étaient des délinquants ? Qui est derrière cela ? Trois détectives du DAS ? Ne me faites pas rire ! (…) Nous voulons savoir si le DAS est une institution respectable de l’Etat ou un repaire de bandits. Il n’y a que les bandits pour agir ainsi : persécuter les autres, poser des bombes pour faire croire que c’est l’œuvre de l’opposition... (…) (1) »

Le 20 avril, c’est RCN-TV qui fait d’autres révélations : les activités du DAS ont dépassé les frontières de la Colombie. « Les actions de surveillance apparemment illégales que le DAS a exercées à l’étranger sur ceux que le gouvernement considérait comme des ennemis ou des opposants du gouvernement ont été inscrites dans un dossier nommé “Europe ” (…)  ». L’Opération Europe a eu comme objectif de neutraliser l’influence du système juridique européen, de la Commission des droits humains du Parlement européen, du Bureau du Haut-commissariat aux droits humains de l’Organisation des Nations unies (ONU) et des gouvernements nationaux. Unique stratégie : discréditer ces organismes en lançant des communiqués et des dénonciations sur Internet et en menant une guerre juridique contre eux.

Des séminaires, des forums et des ateliers organisés par différentes ONG ont donné lieu à des rapports confidentiels et à la constitution d’un « album photographique et clinique » de ceux qui y assistaient. « L’album clinique » est le nom donné depuis les années 1950 par la Central Intelligence Agency (CIA) à l’étude psychiatrique personnelle (Psychiatric Personality Study, PPS) de ceux qu’elle considère comme des « ennemis ». Il comprend des rapports d’enquête de psychologues, de psychiatres, de journalistes, etc., sur la personnalité présumée et le comportement du sujet étudié, depuis son enfance, y compris ses éventuelles maladies et même ses « goûts » sexuels. Les « études » sont menées à partir de l’analyse des conférences, écrits et autres activités réalisées par le sujet étudié (2).

« Dans les archives du DAS récupérées par le CTI, a révélé RCN-TV, figurent, par exemple, les copies des passeports et les CV de citoyens européens, centraméricains et sud-américains ayant visité la Colombie ou ayant participé à ces événements.Le DAS a envoyé en Europe son fonctionnaire German Villalba qui a installé, dans différentes capitales de ce continent, un bureau satellite d’où il dirigeait un groupe chargé de la surveillance ; [celle-ci inclut] des enregistrements vidéo et audio, des photographies et un registre de déplacements des personnes visées, pour la plupart des Colombiens résidant ou en visite dans des pays comme la Suisse, la France et l’Espagne, et auxquels le DAS a collé l’étiquette d’“adversaires de l’actuel gouvernement colombien”, et d’“agitateurs contre Uribe en tournée”. » (…)

Par ailleurs, « la découverte d’un dossier nommé “Parlement européen” dans lequel étaient cités les noms des parlementaires européens sympathisants du gouvernement colombien, et ceux des non sympathisants, a attiré l’attention des enquêteurs » (…).

Après avoir écouté les déclarations de quelques fonctionnaires devant la Fiscalía, M. Cesar Julio Valencia Copete, ancien président de la Cour suprême de justice, s’est dit, sur RCN-TV, « horrifié » de constater que le palais présidentiel « était non seulement le destinataire des informations liées à ces surveillances illégales, mais aussi celui qui dirigeait et manipulait ces surveillances, ou chuzadas comme on les a surnommées ».

Le président Uribe s’est contenté d’affirmer qu’il ignorait tout de cette affaire. Reste une question : que savent de tout cela les autorités des pays européens concernés ?

Hernando Calvo Ospina

(1) http://www.rcnradio.com/node/22862

(2) Pour en savoir plus, lire Gordon Thomas, Las armas secretas de la CIA, Ediciones B, Barcelone, 2007.

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27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 07:10

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PROPOS RECUEILLIS PAR BENITO PEREZ    

HONDURAS - Les opposants au putsch du 28 juin 2009 reprennent l'offensive, avec une consultation sur le projet de Constituante. Une façon d'affaiblir le régime et de préparer l'alternative, selon le syndicaliste Carlos H. Reyes.
cs291109carlosh.reyes.jpgQuand il prend la parole, le sympathique géant se mue en redoutable tribun. Carlos Humberto Reyes, 68 ans, dont plus de cinquante consacrés à la lutte syndicale, est un personnage incontournable du mouvement social hondurien. Président du Syndicat de l'industrie des boissons et similaires (STIBYS), chef de file du Bloc populaire – la coalition des partis de gauche et des mouvements sociaux – et, depuis le 28 juin 2009, du Front national de résistance populaire (FNRP) contre le putsch, sa voix de stentor et sa carrure sont aisément repérables dans les cortèges de Tegucigalpa. «C'est un avantage et un désavantage», rigole Carlos H. Reyes. Un mois après le renversement du président Manuel Zelaya, le charismatique syndicaliste fut l'une des cibles de la terrible répression du 30 juillet, qui fera un mort et des dizaines de blessés lors de manifestations pacifiques. Chargé sans ménagement par la police, frappé à la tête, M. Reyes faillit perdre l'usage de son bras dans une chute de plusieurs mètres dans le vide. Cinq mois après le scrutin organisé par les putschistes – boycotté par une majorité des Honduriens mais reconnu par l'essentiel de la communauté internationale –, le Front de résistance organise la contre-attaque avec une consultation nationale sur la tenue d'une Assemblée constituante, prélude à une «prise de pouvoir» par les organisations populaires. Les explications de Carlos H. Reyes.

Le Honduras a depuis janvier un nouveau président et la plupart des pays ont rétabli leurs relations diplomatiques avec Tegucigalpa. La crise ouverte par le putsch du 28 juin 2009 est-elle terminée?

Carlos H. Reyes: C'est l'information qu'on essaie d'imposer, mais c'est erroné. Ces élections ont constitué la seconde partie d'un scénario élaboré par les Etats-Unis: d'abord un coup d'Etat, ensuite des élections pour effacer le putsch, en faisant croire qu'elles furent les plus votées de l'histoire du pays et que le nouvel exécutif est d'unité nationale. Et ça marche: pour les médias occidentaux, le Honduras est désormais hors agenda, les élections ayant tout résolu. Or la violence continue au Honduras, les violations aux droits humains n'ont jamais cessé. Seulement durant ces dernières semaines, ils ont assassiné cinq paysans, deux journalistes et trois syndicalistes. L'ensemble du comité du syndicat de l'Université nationale a été arrêté. La justice ne fonctionne pas, les possédants dirigent tout, au besoin en passant par dessus les institutions. Quant au plan économique adopté durant le putsch, il est lui suivi à la lettre. Nous sommes dans la continuité du coup d'Etat.



Avant le putsch, vous aviez prévu de vous présenter à la présidentielle comme indépendant. Ne regrettez-vous pas d'avoir retiré votre candidature et d'avoir ainsi laissé tout l'espace à la droite lors de l'élection du 29 novembre?

Non. Il n'y avait pas d'autre choix. Participer dans les conditions imposées revenait à accepter le scénario étasunien et donc le putsch. Un ordre constitutionnel ne peut être rétabli que par un retour aux institutions précédentes ou par la convocation à une Assemblée constituante. Le processus électoral frauduleux, tenu dans un climat de peur, n'a fait que confirmer cette évidence: non seulement nous aurions légalisé le putsch, mais nous étions sûr de perdre. Ces gens n'ont pas réalisé un coup d'Etat pour rendre ensuite le pouvoir lors d'un scrutin! Pensez: deux mois après le renversement de Zelaya, ils ont fait adopter un plan néolibéral de développement économique jusqu'en 2038! Plus largement, participer à des élections dans ce contexte revenait à accepter que l'oligarchie et les Etats-Unis puissent organiser des coups d'Etat lorsque leurs intérêts sont touchés, même de façon minime. Une forte majorité des Honduriens (environ 70%) nous ont donné raison en s'abstenant.


Quelles perspectives offre aujourd'hui le Front de résistance à cette majorité qui refuse le nouveau pouvoir?

Le Front vient d'adopter un positionnement politique qui fixe comme objectif stratégique la prise du pouvoir. C'est la seule organisation nationale qui puisse y parvenir. Face à des gens qui nous tuent impunément, nous n'avons de toute façon pas alternative.



Comment espérez-vous leur arracher le pouvoir?

Nous avons deux angles d'attaque. D'une part, il nous faut affaiblir le pouvoir en multipliant des actions de masse non violentes. L'idée étant d'obliger à la convocation d'une Assemblée constituante. D'autre part, il nous faut avancer vers une proposition politique commune à visée électorale. D'ici au 28 juin, anniversaire du coup d'Etat, nous allons organiser une consultation populaire. Nous espérons récolter 1,25 million de signatures d'Honduriens en faveur de la convocation d'une Assemblée constituante afin de démocratiser le pays. Au sein du Front, les gens sont enthousiastes. C'est un défi lancé au pouvoir, car n'oublions pas que c'est l'idée de convoquer une Constituante qui a conduit au putsch.


Des opposants d'hier ont été cooptés par le président issu des élections du 29 novembre, Porfirio Lobo. La résistance n'a-t-elle pas été affaiblie par ces divisions?

Le Front ne s'est pas divisé. Aucun mouvement n'est parti et si quelques personnes ont accepté des postes, elles l'ont fait à titre personnel. Dans l'autre sens, la politique du «nouveau gouvernement» a provoqué des mécontentements, ce qui nous a valu des renforts! Je peux vous assurer que nous allons de l'avant. Avec le Front et, avant lui, avec le Bloc populaire, la traditionnelle brèche entre mouvements sociaux et mouvements politiques a été résorbée. Si nous maintenons cette unité, nous gagnerons. Et en cela, le projet de Constituante joue un grand rôle, car il nous rassemble depuis bien avant la présidence de Zelaya. En mars 2005, lorsque l'accord de libre-échange avec les Etats-Unis a été signé, nous avions déjà dit à «Pepe» Lobo, le supposé actuel président du Honduras qui était alors président du Congrès: «Ce traité donne le coup de grâce à la Constitution de la République: il faut une assemblée pour élaborer une nouvelle charte.» Nous n'avons pas changé d'avis. I



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CONFÉRENCE À GENÈVE

   BPZ    

Carlos H. Reyes ne cache pas sa gratitude à l'égard de Solifonds. L'association de soutien aux «luttes de libération sociale dans le tiers monde» l'a invité en Suisse pour une série d'évènements publics, dont des conférences lundi à Genève1 et jeudi à Berne2, qui lui permettront, espère-t-il, de raviver la solidarité internationale en faveur de la résistance hondurienne. BPZ 1 19 h 30, Maison des assoc., Savoises 15
2 19 h 30, Progr, Waisenhausplatz 30



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«Le prétendu président ne gouverne rien, le pays est en mains des patrons»

   PROPOS RECUEILLIS PAR BPZ    



En tant que syndicaliste, comment jugez-vous la politique économique de ce gouvernement qui se dit d'unité nationale?

Le prétendu président ne dirige rien, le pays est en mains des patrons. Prenons le cas de la loi sur le travail que la droite voulait modifier pour introduire la demi-journée ouvrée et allonger la durée des engagements temporaires à trois ans. Face aux protestations, la loi n'est pas passée. Qu'ont fait les entrepreneurs? Ils ont décidé de l'appliquer quand même! Ainsi, les entreprises de fast food ont licencié leurs employés et les réengagent à la «demi-journée», non pas de quatre heures mais de six, payées à la moitié du salaire minimum... Ce type de choses ne peut arriver que dans un pays où les institutions – dont la justice – ne fonctionnent pas. Et quand elles fonctionnent, c'est à sens unique. Par exemple, pour faire face à la crise financière de l'Etat, des taxes sur la consommation et sur les salaires ont été instaurées. En revanche, l'impôt sur le revenu est à peine touché. Leur voie est celle du paradis fiscal. Actuellement, les recettes de l'Etat représentent à peine 16% du PIB contre 26% en 1980, mais ils veulent aller plus loin. Une loi vient d'être votée pour privatiser l'eau, chose qu'ils n'étaient jamais parvenus à imposer.


Que reste-t-il des réformes de M. Zelaya?

Que peut-il rester? L'une des premières mesures du «nouveau gouvernement» a été de revenir sur le mode de calcul du prix des carburants. C'était une des mesures phares de Zelaya en faveur du peuple, mais elle était défavorable aux transnationales... Que sont devenus les fonds créés pour soutenir la production nationale, la petite agriculture, les crédits pour le logement? Mystère. Quant aux missions sanitaires en lien avec Cuba et le Venezuela, elles sont arrêtées.



Tous ces projets étaient liés à l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA)...

En effet, la sortie de l'ALBA est un coup dur pour les Honduriens. Mais c'est surtout politiquement que ce retrait est désolant. L'ALBA comme PetroCaribe, la Banque du Sud ou l'UNASUR, sont des éléments d'un même processus d'intégration latino-américaine crucial pour se renforcer face aux intérêts européens et nord-américains. Il ne faut pas se voiler la face: ce coup d'Etat a été organisé par les Etats-Unis pour empêcher que l'Amérique centrale ne leur échappe, et avec elle le Mexique. Ne viennent-ils pas d'inaugurer une seconde base militaire dans la zone de Caratasca (à la frontière avec le Nicaragua, ndlr)? Comme par le passé, le Honduras a vocation, pour les Etats-Unis, d'être le gendarme de la région. Ils l'utilisèrent pour renverser le gouvernement du Guatemala (en 1954, ndlr), puis pour lutter contre les sandinistes au Nicaragua et le Front Farabundo Marti (guérilla du Salvador, ndlr) dans les années 1970 et 1980. Et maintenant pour faire un coup d'Etat contre l'ALBA!

PROPOS RECUEILLIS PAR BPZ



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«La vérité, tout le monde la connaît!»

   PROPOS RECUEILLIS PAR BPZ    



Que pensez-vous de la proposition d'une «commission de la vérité» pour faire la lumière sur les violences durant le putsch?

Cela fait partie du scénario étasunien de blanchiment du putsch. C'est d'autant plus absurde qu'une loi d'amnistie protège déjà les putschistes. Alors à quoi bon?



A faire connaître ce qui s'est passé...

Mais la vérité, tout le monde la connaît. Il y a eu un putsch et des crimes. Ce qu'il faut faire, c'est juger les criminels! Et cela ne se fera pas avec ce gouvernement. Selon nos recensements, il y a eu plus de quarante assassinats durant des manifestations ou de façon sélective et plus de cent morts durant les couvre-feux. On compte plus de 3300 arrestations illégales. Un millier de personnes ont été blessées lors de manifestations ou victimes de mauvais traitements en détention. On recense 213 personnes menacées de mort, dont 150 ont dû quitter le pays, une trentaine ont changé de domicile et presque autant de ville. Sur les 120 personnes qui ont subi des procédures judiciaires, 70 sont encore poursuivis et 4 en prison. Tous ces faits sont connus de la Commission interaméricaine des droits humains. La haut-commissaire de l'ONU aux droits humains s'est aussi prononcée sur ces faits. PROPOS RECUEILLIS PAR BPZ

Source : Le Courrier

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