( ils chantent quoi ? ..)
Hugo Chavez salue les résultats du congrès extraordinaire du PSUV
Caracas, 26 avril, (RHC)--. Le président vénézuélien, Hugo Chavez, a salué dimanche les résultats du congrès extraordinaire du PSUV, le Parti Socialiste Uni du Venezuela.
« La Révolution a accouché de ce parti révolutionnaire » a relevé Hugo Chavez à la clôture de ce congrès dont les travaux ont duré cinq mois à partir du moment des consultations populaires qui ont précédé l’installation de 14 commissions.
Devant des milliers de membres du PSUV, au stade de Caracas, Hugo Chavez a souligné que cette organisation politique était maintenant renforcée pour livrer la bataille en faveur du socialisme. Il a salué la maturité, la cohésion atteinte par cette organisation, des valeurs qui la situent à l’avant-garde politique du pays. Il a précisé :
«L’avant-garde idéologique, pratique dans la bataille de transformation, de transition vers le socialisme, a la mission d’orienter le gouvernement, la classe ouvrière, les paysans, les étudiants, les femmes, les peuples indiens, les mouvements sociaux ».
Il a signalé que la déclaration de principes, la plate-forme programme et les statuts du PSUV, adoptés la veille, s’inspiraient des idées de Simon Bolivar et de Zamora, des grands penseurs du 19e siècle et du Christ qui, a-t-il dit, a prêché le socialisme depuis 2 000 ans déjà et qui a été crucifié par l’empire romain.
Le Président Chavez a rappelé :
“L’histoire de l’Humanité a toujours été marquée par la lutte de classes, le Parti socialiste assume la lutte de classes comme moteur de la nouvelle histoire. Nous avons créé un acteur politique vital pour assurer la continuité de notre Révolution. Le parti. Nous ne sommes pas ici pour organiser un parti pour entreprendre une révolution. Cela fait longtemps qu’elle a commencé. C’est la Révolution qui a accouché de ce parti révolutionnaire. »
José Martinez Queirolo, auteur, acteur et metteur en scène, est né le 22 mars 1931 à Guayaquil. Son grand-père maternel, qui était génois, le surnommait « Pippo » : José en italien se dit Giuseppe et le diminutif de ce nom est Pippo ou Peppe. Ce surnom affectueux l’a accompagné toute sa vie, « j’ai juste mis un seul p pour ne pas faire exotique ».
Pipo est né dans une famille des plus traditionnelles où « l’on ne pouvait être qu’avocat, médecin ou ingénieur, de sorte que le métier de comédien n’était pas bien vu ». Il devint donc ingénieur civil, mais sans renoncer au théâtre pour autant. Il fit ses premiers pas dans le monde du théâtre au sein du groupe Agora de l’Université de Guayaquil, en tant que comédien. Il écrit sa première pièce, Goteras, à l’âge de 17 ans.
Selon lui, c’est sa rencontre précoce avec la pauvreté qui l’a poussé très tôt à écrire. Le mariage de ses parents ayant été un échec, ses frères et lui ont grandi dans des internats ainsi que chez leur grand-mère. Elle possédait une maison qu’elle louait, et l’envoyait chercher le loyer. Les couturières, blanchisseuses qui y vivaient n’avaient pas de quoi payer et lui contaient leur misère. Il revenait toujours chez sa grand-mère les mains vides, d’autant plus triste qu’il savait qu’elle avait besoin de cet argent pour les élever.
« Quand j’écrivis Goteras, ma première pièce, au début il s’agissait d’une nouvelle ; puis je compris que le théâtre était la solution, que même s’il n’y avait pas plus de 30 ou 40 personnes qui assistaient à chaque représentation, elles au moins recevaient le message ».
Ensuite il écrivit Requiem pour la pluie, une de ses pièces les plus connues. Il donna une représentation à la Faculté de Philosophie et de Lettres, et « comme personne ne faisait attention à moi, je suis retourné chez moi, j’ai pris une bouteille, rempli un paquet de tout mon linge sale et je suis allé à l’Université, pour entrer exactement de la même manière que le personnage du monologue. Ils m’ont quasiment fichu dehors, parce qu’ils croyaient que j’étais un ivrogne qui avait réussi à entrer. Mais ensuite ils se sont rendus compte, « C’est Pipo qui fait le comique »… ils m’ont applaudi, c’est la première fois qu’on a parlé de moi dans les journaux, en tant qu’acteur mais aussi en tant qu’auteur.
Mais c’est seulement des années plus tard, en 1963, que José Martinez Queirolo parvient à se consacrer pleinement au théâtre, grâce à un prix organisé par l’Alliance Française et la Maison de la Culture de Quito. « A cette époque, j’étais ingénieur à San Carlos, où je suis resté 4 ans. C’est là que j’ai écrit La maison du qu’en dira-t-on et, oh surprise, j’ai gagné le Premier Prix National de Théâtre. Je suis parti à Quito. Je suis arrivé ébloui à la première, au Théâtre Sucre. Imaginez, moi qui venait de San Carlos, qui est un village…
Il y avait le président, don Carlos Julio Arosemana. Ils m’ont appelé à la loge présidentielle, où se trouvaient tous les grands pontes. Les gens me trimballaient de tous côtés… ».
Dans les années 70, il fut invité par les gouvernements de Russie et des Etats-Unis à venir vivre dans un de ces deux pays, mais il refusa. En dehors d’une excursion à Ipiales, en Colombie, il n’est jamais sorti de son pays et préfère que ses pièces voyagent à sa place.
Aujourd’hui, Pipo est sans doute le principal dramaturge équatorien contemporain ; il a écrit près de 50 pièces de théâtre. Au cours de sa carrière, il a reçu quatre prix nationaux et ses oeuvres ont été inclues au programme du baccalauréat. C’est après qu’il eut reçu le Prix National « Eugenio Espejo » en 2001 que la salle de théâtre de la Maison de la Culture à Guayaquil a été rebaptisée à son nom.
En 2006, un festival de théâtre fut créé en son honneur, au cours duquel furent présentées plusieurs de ses pièces.
Il dirige actuellement le Groupe de Théâtre de l’Ecole Supérieure Polytechnique du Littoral (ESPOL), avec lequel notamment il monta en 2005 L’avare de Molière.
Malgré son succès, il vit modestement auprès de sa soeur Violeta, qui tout comme lui ne s’est jamais mariée.
En 2002, il tomba gravement malade d’un cancer du colon et fut sauvé de justesse.
Il vient de publier son dernier ouvrage, « una cita con Cervantes » (« un rendez-vous avec Cervantes »), qui rassemble toutes les adaptations qu’il a réalisées du célèbre auteur espagnol.
Aujourd’hui pour la première fois de sa vie, à l’âge de 75 ans, il prépare pour le mois d’avril 2007 sa première tournée internationale, en Suisse et en Europe, aux côtés de l’actrice italienne Marina Salvarezza.
Bibliographie :
Teatro: La casa del que dirán. Las faltas justificadas –Premio Nacional de Teatro (Quito, 1962); Réquiem por la lluvia (Quito, 1963); Teatro (Guayaquil, 1965); Cuestión de vida o muerte (Guayaquil, 1979); Los unos vs. los otros –Premio Nacional de Teatro- (1970); Q.E.P.D. (Guayaquil, 1972); La dama meona –Premio Nacional de Teatro- (1976); La conquista no ha terminado todavía –Premio Nacional de Teatro- (1983). Cuento: Diez cuentos universitarios –coautor- (Guayaquil, 1953); La lluvia muere en silencio (1959); Cuentos y relatos (Guayaquil, 1976). Consta en las antologías: Lo social en el teatro hispanoamericano contemporáneo, Temas y estilos en el teatro hispanoemricano contemporáneo; Teatro selecto contemporáneo hispanoeamericano; Antología del teatro iberoamericano contemporáneo.
Sources :
Courtes biographies :
http://www.literaturaecuatoriana.com/paginas/josmartq.htm
http://www.edufuturo.com/educacion.php?c=3146
Site de la ESPOL :
http://www.espol.edu.ec/vida_un/informat/807/html/miscelaneos.htm
Site officiel du gouvernement équatorien, bulletin de presse n° 170, avril 2004 :
http://www.mmrree.gov.ec/mre/documentos/novedades/boletines/ano2004/abril/bol170.htm
Article de Yanko Molina, publié en décembre 2006 sur Hoy Online, journal en ligne
sudaméricain :
http://www.hoy.com.ec/NoticiaNue.asp?row_id=251750
programme de la soirée du 8 novembre 2006 au Teatro Centro de Arte, où fut représentée
Montesco y su señora.
http://www.hoy.com.ec/impnoticia.asp?row_id=250132
Article de Teresa Briones, publié le 19 octobre 2006 sur le site du journal el Universo :
http://www.eluniverso.com/2006/10/19/0001/262/DC629820472741D0859ABA53B894B
71C.aspx
Article de Francisco Bravo, publié le 29 octobre 2006 sur le même site :
http://www.eluniverso.com/2006/10/29/0001/262/3573C449A56243E6A3D4D51CC5BD3
65A.aspx
Article de ?, publié le 1e novembre 2006 sur le même site :
http://www.eluniverso.com/2006/11/01/0001/262/26B2B38318684DDA9AECC1D943648
7CF.aspx
Interview réalisée par Cristian Cortez, publiée sur le site de El Apuntador :
http://www.elapuntador.com/articulos/12/entrevista.html
Article traitant de la situation théâtrale actuelle en Equateur intitulé « les arts scéniques
se fortifient » (« las artes escénicas se fortalecen ») publié sur estaentodo.com
http://estaentodo.com/sistema/cultura/noticia.php?id=12170&tipo=6
Programme du « Festival de teatro 2006 », publié sur le site de la revue Vistazo :
http://www.vistazo.com/actualidad.php?sID=3&id=2312
A l’âge de 12 ou 13 ans, en assistant à un spectacle d’Ernesto Recuerda et comme le public riait à gorge déployée, il déclara : « je voudrais faire rire les gens comme cet homme »
Il se déclare religieux, mais ne croit en aucun sacerdoce, ni en aucun type d’uniforme (et pour lui, la soutane est un uniforme)
Il a reçu le Prix National de la Nouvelle « José de la Cuadra », Fervent admirateur de Molière.
Quand on lui demande de quel signe il est, il répond « du signe de Velasco », parce que ce président avec ses cinq mandats a marqué son adolescence et sa jeunesse.
Passionné de cinéma, il a même songé à devenir scénariste après avoir vu le fim Autant en
emporte le vent.
Esthétique subordonnée à l’idéologie
par Jorge Majfud
Peut-être l’Amérique Latine est-elle la région du monde où s’est formée de façon plus récurrente la double condition d’hommes d’armes et de lettres, le cliché de l’Espagne de Cervantes.
Même le mythique cacique rebelle, Tupac Amaru II, décapité après que son écartèlement par quatre chevaux ait échoué, était un indien doté d’une double éducation. Il parlait l’espagnol, avait lu l’Inca Garcilaso du Vega et partageait ses lectures avec ses adeptes rebelles (Fox, 16), ce qui rappelle Ernesto « Che » Guevara lisant Neruda, écrivant des journaux, des essais et de la poésie ou apprenant le français à ses très mal armés guérilleros. Plusieurs intellectuels ici reconnus ont dérivé de littérature au militantisme, de Sandino à Rodolfo Walsh, en passant par Ernesto Guevara, Francisco Urondo et Roque Dalton. Dalton avoue avoir dérivé au militantisme depuis la poésie. Guevara, le médecin, tenait l’écriture comme une profession sacrée et il le reconnaît, par exemple, dans une lettre envoyée à Ernesto Sábato après le triomphe de la Révolution cubaine. Son père, Ernesto Guevara Lynch, a reconnu qu’Ernesto a lu dès enfant Le Quijote mais « les poèmes de Neruda lui ont causé une admiration spéciale ». Cette référence hispanique au Quijote se répète souvent. Dans son premier voyage, Granados et Guevara sur sa moto reproduisent l’image errante du Quijote et de Sancho Panza. De nombreuses années plus tard, quand il part pour sa dernière aventure révolutionnaire, il écrit à ses parents en reconnaissant que « encore une fois je sens sous mes talons les maigres cotes de Rossinante, je reprends le chemin avec mon bouclier de cuir ovale au bras ». (recueil de lettres, 29). Mais ce parallèle valable doit être compris par une culture dominante qui retient l’image de l’Hidalgo de la Mancha avant l’image presque inexistante et vague du Serpent à plumes. Bien que don Quijote soit un justicier solitaire, c’est l’antihéros, ridicule que ne voient pas les lecteurs convaincus par la valeur de ses exploits, au-delà de l’aventure littéraire, mais tout le contraire : c’est l’exemple du ridicule, non de l’homme - dieu arrivant sur une terre pour imposer l’ordre juste qui rend l’harmonie au Cosmos. Le même voyage que Guevara et Granados font, Concolorcorvo et don Alonso l’ont fait deux siècles avant, autre image du héros quijotesque. Ce n’est pas tant le Neruda des 20 Poèmes de l’Amour, mais le Neruda vibrant et audacieux du « Canto General y las Residencias » (Gonzáles, 70). Le même Guevara fut l’auteur de quelques poèmes qu’il a faits connaître. Dans ses discours publics, comme celui qu’il a donné à l’ONU, on peut apprécier le rythme poétique de Neruda et on sait qu’au milieu de ses campagnes de guérillero il emmenait des livres du Chilien. Ceux qui n’ont pas fait ce pas radical d’engagement, l’ont substitué par le militantisme politique, comme Mario Benedetti ou ont chanté cette dualité commune : « à la lumière d’une flambée Sandino en lisant Quijote » (Cardenal, chant, 47). Cardenal insistera ensuite avec la même idée : « Sandino n’avait pas le visage d’un soldat, / Mais d’un poète devenu en soldat par nécessité » (Cardena, Anthologie, 13). Plus tard, dans « Netzahualcoyotl », le poète catholique chante les dieux américains et révèle cette origine ancestrale, mythe du poète justicier.« Le Roi dit : ‘ et / je suis un chanteur …’ / Le Roi - poète, le Roi - philosophe (avant le Roi - guérillero) / il a changé son nom ‘Lion-Fort‘ pour ‘un Coyote Affamé’ ». […] “il a renversé des tyrans et des juntes militaires” (Anthologie, 180). Plus loin il poétise le pas « d’ un Homme d’Etat - poète, quand il y avait une démocratie à Texcoco », en marchant sous les avocats ; il va avec Moctezuma I et d’autres poètes […]
Cent ans avant Don Quijote, le conquérant et aventureux Hernán Cortés s’enivrait de littérature à l’Université de Salamanque, où il n’a pas été un bon étudiant. Comme le justicier de La Mancha, Cortes a lu des romans de chevalerie et des récits fabuleux de la découverte de l’Amérique. Il ne faisait pas référence à la justice et l’engagement, mais l’aventure et l’ambition. Il a conquis une civilisation infiniment supérieure à ses forces et est devenu l’un des best-sellers littéraires de l’Europe de son époque.
Cette condition ancienne de l’homme « des armes et de lettres » qui se reproduit en Amérique Latine, dans presque tous les cas les lettres précèdent les armes ou l’engagement. Mais l’écrivain engagé contemporain est certainement marqué par l’humanisme prométhéen — liberté, égalité, progression — et le paradigme préhispanique : sacrifice et re-création de l’humanité.
Article original : América Latina : Armas y letras, publié le 18 avril.
Traduction de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi.
Jorge Majfud, Jacksonville University
par Agnès Debarge
Juan Cabandié est argentin, il a 32 ans… Mais il se sent véritablement né le 26 janvier 2004, date à laquelle une analyse d’ADN lui a permis de retrouver sa famille. Juan est le 77e enfant de disparu retrouvé grâce à Abuelas (Grands-mères de la Place de mai). Interview.
Le contexte : Entre 1976 et 1983, l’Argentine a connu une effroyable dictature pendant laquelle trente mille personnes ont disparu. Dès les premières années, des femmes se sont mobilisées contre le régime, les « folles de la Place de mai », manifestant toutes les semaines devant la Casa Rosada (palais présidentiel) pour réclamer le retour de leurs enfants disparus, puis celui de leurs petits-enfants. En effet, outre les disparitions forcées et les tortures, les bourreaux ou leurs complices se sont également appropriés les quelque cinq cents enfants nés dans les maternités des centres clandestins de détention. Ces enfants sont aujourd’hui de jeunes adultes à qui on a volé une identité, une famille, une histoire. |
Agnès Debarge : Comment en êtes-vous arrivé à douter de vos liens de parenté ?
Juan Cabandié : Je devais avoir 22 ans. J’ai commencé à douter parce que je ressentais de grandes différences entre moi et la famille qui m’a élevé. Il y avait quelque chose de difficile à expliquer, que je ne comprenais pas. A un moment donné, je me suis demandé si j’étais vraiment leur fils. Je n’avais jamais eu le moindre signe ou indice du contraire. Ils m’ont toujours dit que j’étais leur fils, c’était indubitable. Mais mes doutes ont persisté, les années ont passé et je continuais à y penser. Un jour, alors que je préparais un examen avec des camarades à l’université, nous avons commencé à raconter nos histoires, à parler de nos familles. J’ai commencé à décrire ce père très violent, lié à la dernière dictature – ce que je savais déjà. Puis j’ai fini par dire à mes amis que je me demandais si je n’étais pas un enfant de disparu. On en parlait beaucoup, et c’est apparu petit à petit, comme une intuition. A partir de ce moment-là, la question est devenue plus sérieuse à mes yeux. Jusqu’au moment où j’ai demandé à un ami ce que je devais faire. Il m’a conseillé de poser la question à ma mère. Sa réponse, à elle, fut claire : oui, j’étais son fils. Mais elle ne m’a pas convaincu et j’ai continué mes recherches. Jusqu’à ce que je me décide à aller voir Abuelas. J’avais entendu parler de leur existence, j’étais au courant des autres « cas » sans les avoir étudiés de façon approfondie. Elles m’ont alors proposé de faire un test ADN. C’était en 2003. Et en janvier 2004, le 26 janvier 2004 exactement, c’est-à-dire il y a quasiment six ans jour pour jour, j’ai retrouvé mon identité.
Quelle est cette identité, à présent retrouvée ?
Mes parents étaient militants politiques du parti péroniste, le parti révolutionnaire local… Dans les années 1970, les jeunes avaient connu le Mai 68 français, la révolution cubaine. Le leader du parti, Juan Perón, était alors en exil en Espagne. Il est revenu en 1973. Les jeunes péronistes étaient très actifs, marqués par les inégalités de ce monde. Mes parents étaient militants Montoneros [voir « Pour en savoir plus »]. A l’époque mon père, Damian, avait 19 ans, il était originaire de Buenos Aires et ma mère, Alicia, avait 16 ans. Ils étaient très jeunes mais les jeunes avaient alors une conscience politique bien plus marquée, ils étaient déjà très adultes. D’une enfance ou d’une adolescence très brève, ils entraient vite dans l’âge adulte. Ils étaient donc très engagés, mon père était d’ailleurs membre d’un syndicat. En novembre 1977, ils ont été enlevés et emmenés dans ce que nous appelons les « centres clandestins de détention ». Ensuite ils ont été séparés et ma mère, enceinte de cinq mois, a été transférée à l’Ecole supérieure de mécanique de la marine (Esma), où je suis né en mars 1978. L’Esma était un centre de détention clandestin à Buenos Aires. Cinq mille personnes ont été emprisonnées là-bas. J’ai passé à peu près trois semaines auprès de ma mère. La famille qui m’a « adopté » était proche de la dictature. Le « père » travaillait pour les services de renseignements de la police fédérale. Ils m’ont appelé Mariano. Dès cette disparition, mes grands-parents paternels et maternels ont contacté Abuelas, et ils m’ont cherché sans relâche. Aujourd’hui, je suis proche de mes grands-parents, de mes oncles et de mes tantes. Mon père avait trois frères, et ma mère deux frères et une sœur. Mon père et ma mère sont les seuls qui aient été enlevés.
Après cette découverte déterminante, les relations avec votre famille adoptive ont-elles changé ? Y a-t-il des enfants de disparus qui, en raison de ce passé trop lourd, ne veulent pas « savoir » ?
Je ne voyais déjà plus l’homme que je croyais être mon père depuis l’âge de 18, 19 ans. Mes parents adoptifs étaient divorcés. Mais je voyais encore la femme que je croyais être ma mère. Pendant toutes ces années, ma sœur, la fille biologique du couple, m’a aidé à retrouver mon identité. Je la vois toujours, c’est ma sœur. Mais je ne vois quasiment plus ma mère adoptive. Je les aimais, certes, parce que c’étaient mes parents, mais je ne ressens plus aujourd’hui que de l’indifférence. Par rapport à votre deuxième question, je ne dirais pas que les enfants de disparus ne veulent pas savoir. Beaucoup d’entre nous avons été élevés par des familles liées à la dictature, qui y ont participé ou qui en étaient proches. Ces familles-là nous ont fait grandir dans un sentiment de culpabilité, dans la peur, de sorte que si nous découvrions nos origines, la culpabilité nous empêcherait d’avancer plus loin dans nos recherches. Elles nous ont élevés en disant nous avoir « donné une famille, une maison, une éducation », que nous sommes « redevables ». Il est donc parfois difficile, pour beaucoup d’entre nous, de traverser cette frontière et de se dire que l’identité ne se négocie pas, qu’il faut la connaître. Les familles tentent de nous retenir ou refusent d’en parler. Beaucoup d’enfants ont également peur, une peur naturelle qui disparaît avec le temps. Parmi les jeunes qui ont retrouvé leur identité, aucun d’entre eux ne regrette cette quête. Il y a eu deux ou trois enfants qui ont refusé, et ils l’ont déclaré publiquement : ils ne voulaient pas connaître leur identité, leurs parents biologiques, et souhaitaient rester avec ceux qu’ils aimaient et les avaient élevés. Selon eux, c’était une affaire politique. Mais savoir qui l’on est, c’est un droit de l’Homme, l’accès à l’identité est un droit. Il y a aussi le cas d’une jeune fille qui a écrit un livre à ce sujet, elle connaît son histoire, est contente de connaître la vérité, mais elle est restée avec sa famille adoptive et elle ne voit pas sa famille biologique. Elle ne veut pas aller plus loin. Peut-être changera-t-elle d’avis et, un jour, ils se réuniront. C’est son droit. Certains enfants de disparus sont restés en relation avec leurs familles adoptives mais la nature de ces relations s’est transformée après la découverte de la vérité. Pareillement, certaines familles ont choisi de le dire aux enfants, ont accepté de les accompagner dans leur recherche d’identité, et cela a complètement changé la nature de leurs rapports.
Qu’en est-il des recherches aujourd’hui, et quels outils juridiques permettent de faire valoir les droits des enfants et de leurs familles biologiques ?
Les Grands-mères de la Place de mai sont en premier lieu des mères qui réclamaient le retour de leurs enfants et de leurs petits-enfants, très jeunes à l’époque. Certaines d’entre elles savaient que leur fille ou belle-fille était enceinte, et elles ont entrepris de manifester pour retrouver leurs petits-enfants. Avec le temps, elles ont compris qu’elles ne reverraient pas leurs enfants, mais peut-être leurs petits-enfants. Discrètement, pendant la dictature, et puis plus ouvertement à partir de 1983, quelques juges les ont appelées pour leur signaler des dossiers d’adoption qui leur semblaient suspects. Alors elles allaient voir, prenaient des photos, comparaient des dates. Puis des voisins ont commencé à les appeler ou à déposer des plaintes, elles allaient alors sonner aux portes des maisons, dans les écoles, mais les directeurs ou les enseignants n’étaient pas toujours coopératifs. Ces femmes accomplissaient un travail de fourmi, long, fastidieux et difficile, sans aucun instrument juridique sur lequel s’appuyer. Et en général la justice ne collaborait pas. Parallèlement, elles cherchaient des solutions juridiques et scientifiques qui leur permettraient de retrouver ces enfants. Jusqu’au jour où Estela de Carlotto, aujourd’hui présidente d’Abuelas, a rencontré une généticienne américaine, Marie-Claire King. C’était en 1983-1984. Celle-ci lui a confirmé qu’il était possible d’établir la parenté, même avec des échantillons d’ADN des grands-parents ou des latéraux de la famille (oncles et tantes), puisque la difficulté principale pour les grands-mères était qu’elles ne disposaient pas d’échantillons de leurs enfants enlevés. Enfin, en 1994, le gouvernement argentin a créé la Banque nationale de données génétiques (BNDG). Des échantillons d’ADN des membres des familles de disparus ont ainsi été stockés pour pouvoir être utilisés dans les recherches d’identité. La science était donc enfin au service de la justice et du droit, ce qui a permis aux grands-mères de demander des analyses d’ADN. Mais beaucoup de juges s’y sont opposés. C’est encore le cas aujourd’hui, car certains juges ont commencé leur carrière pendant la dictature, et il y a encore une frange de notre société qui véhicule des idées dictatoriales, autoritaires, fascistes.
L’analyse d’ADN est une procédure relativement lourde… Comment s’effectue-t-elle ?
Heureusement, grâce aux progrès scientifiques, il n’est plus nécessaire de faire une prise de sang. La justice est obligée de diligenter les enquêtes s’il y a soupçon de vol d’enfant, pour l’identifier, et d’ordonner la saisie d’objets personnels (brosse à dents) ou de tissus (cheveux) pour procéder à l’identification. Cette méthode a l’avantage d’être moins invasive et plus simple, et elle permet d’accélérer les recherches : vingt-cinq enfants ont ainsi été retrouvés en six ans, grâce à ces nouvelles méthodes et à l’action du gouvernement. Car c’est ce gouvernement qui a aidé Abuelas, financièrement, et qui a sensibilisé la population sur la nécessité de reconnaître les droits de l’Homme et de retrouver les petits-enfants. C’est aussi ce gouvernement qui a abrogé les lois d’amnistie et mis en prison les militaires qui étaient en liberté. Aujourd’hui je ne pense pas qu’il y ait plus de quatre ou cinq politiciens de droite qui nient la réalité, ou qui s’opposent à la recherche d’identité. Enfin, en novembre 2009, le congrès a voté une réforme du Code pénal sur la BNDG, qui oblige les juges à recourir à cette méthode non invasive, et à la BNDG pour les recherches. Ceux qui étaient opposés ne pourront plus contourner la loi. Il y a, cependant, le cas d’Ernestina Herrera de Noble, directrice du groupe de média Clarín et femme de pouvoir proche de la dictature, qui a adopté deux enfants. La procédure d’adoption était irrégulière et les deux enfants seraient en fait des enfants de disparus. L’affaire a rebondi en décembre 2009 lorsque la famille a tenté de se dérober aux obligations de tests ADN. Mais même les échantillons, finalement prélevés, sont suspects, selon nous ! L’impunité de certains pouvoirs est impressionnante. Selon la loi de 1994, l’analyse des échantillons doit être effectuée à la BNDG, qui dépend de l’hôpital public. Le juge a ordonné que l’analyse soit effectuée à l’institut médicolégal qui dépend du ministère de la Justice, mais qui ne dispose pas des moyens techniques de procéder à l’analyse. Il a donc été obligé de recourir à un laboratoire externe privé. Et dès qu’il y a un acteur privé… Le jour même, nous sommes intervenus dans les médias pour condamner cette décision. Le juge a fait un pas en arrière et a ordonné une saisie au domicile des deux jeunes gens. Il fallait agir rapidement. La police s’est rendue sur place et a pris des échantillons de cheveux et une brosse à dents. Cela fait aujourd’hui trois semaines, et l’on ne sait même pas où sont passés ces échantillons ! Ce groupe Clarín est le groupe médias le plus puissant d’Argentine : la justice a été achetée, le juge a ignoré la loi… Nous allons exiger que ce dernier soit poursuivi devant le Conseil de la magistrature, mais il y a peu d’espoir qu’il soit démis de ses fonctions, compte tenu de la composition de ce Conseil. Peut-être que la pression médiatique et le travail des associations le conduiront à démissionner...
Estela de Carlotto parle « d’otages » pour désigner les enfants de disparus, et d’une torture permanente et impardonnable dont sont victimes leurs parents. Ces termes traduisent-ils ce que vous avez vécu ?
J’ai été un otage pendant vingt-six ans, c’est en retrouvant mon identité que j’ai rencontré la liberté. Je me suis libéré, je marchais heureux, je vivais différemment. J’ai ressenti un grand bonheur, malgré toute la douleur, tout le chagrin de savoir que je n’ai plus de parents, que je ne les ai pas connus et que je ne peux même pas aller déposer un bouquet de fleurs au cimetière. Concernant les parents adoptifs ravisseurs, les procès sont en cours. Selon un jugement prononcé en Argentine il y a quelques années, la soustraction d’identité d’enfants enlevés est un crime contre l’humanité. Il entre dans la même catégorie que la torture ou le génocide. Mais tous les juges ne sont pas disposés à traiter ces affaires, et la lenteur bureaucratique est un bon moyen pour se dérober... S’agissant, justement, de mon ravisseur, le procès a commencé. J’ai porté plainte contre lui et je vais témoigner, avec ma sœur, contre lui. La loi autorise en effet la fratrie de la famille incriminée à témoigner, ce qui n’est pas le cas des épouses. Il s’agit de la première affaire où un membre latéral issu de la famille adoptive vient témoigner. Ma sœur m’aide beaucoup. Elle connaît ma famille biologique, s’entend bien avec elle et c’est réciproque. J’ai quand même un peu de chance dans cette histoire…
Votre histoire, désormais révélée, a-t-elle eu un rôle dans votre engagement politique ?
J’étais déjà un enfant très politisé, ce qui m’a valu des rapports difficiles avec mon père adoptif. Retrouver mon identité a achevé de confirmer mon engagement de façon définitive. Aujourd’hui je suis militant des droits de l’Homme, secrétaire national de la Jeunesse péroniste (JP), membre du Front pour la victoire (FPV, parti au pouvoir) et député au gouvernement de la ville de Buenos Aires… Donc les deux sont très liés. Deux autres fils de disparus sont entrés dans la vie politique, à Buenos Aires. Sont élus une députée au Congrès national, et moi.
Aujourd’hui, combien d’enfants retrouvés ? En 2009, cent enfants de disparus ont été retrouvés, sur environ cinq cents. Le 100e a été retrouvé et identifié récemment, avec une particularité : c’est le père biologique de l’enfant, qui était en exil, qui a cherché son fils avec Abuelas. Les Grands-mères ne perdent pas espoir mais le temps commence à jouer contre ces retrouvailles tant désirées. Estela de Carlotto a 80 ans et cherche toujours Guido, son petit-fils… |
Pour en savoir plus :
« Montoneros - une histoire argentine », documentaire de Frédéric Compain, production Dune-Arte, 1h34’, 1998.
Victoria Donda, Moi Victoria, enfant volée de la dictature argentine, Ed. Robert Laffont, 2010, 267 p. - Site Internet (en espagnol) des Grands-mères de la Place de mai, très complet : www.abuelas.org.ar.
CARACAS.- Les pays de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) sont convenus de consolider leur intégration et leur souveraineté en vue de construire la voie vers le socialisme, a rapporté l’agence Prensa Latina.
Le point d’orgue du 9e Sommet de ce bloc créé en 2004, qui s’est déroulé au théâtre Tereza Carreño de cette capitale, les chefs d’Etat et de gouvernement d’Antigua et Barbuda, de Bolivie, de Cuba, de la Dominique, d’Equateur, du Nicaragua, de Saint Vincent et les Grenadines et du Venezuela ont ratifié ces objectifs dans le «Manifeste de Caracas pour la consolidation de la nouvelle indépendance».
Dans ce document, les dirigeants présents ont estimé que la réalisation des objectifs fixés passe par l’exercice d’une justice pleine et entière, et se libérer des interventions étrangères et de la soumission aux diktats impériaux.
Ils ont également réaffirmé leur décision de continuer d’œuvrer pour la défense des droits de l’Homme, de l’environnement, et la construction d’une base économique indépendante, développée et socialiste. Le document reflète en outre la volonté de concevoir les pays de l’ALBA comme un espace d’égalité, de bien-être social et de dépassement de la pauvreté.
Par ailleurs, le Manifeste a fixé la date du Sommet ALBA-TCP avec les autorités indigènes et les descendants d’Africains, prévu à Imbabura, en Equateur, aux 3 et 4 juin. Les présidents et chefs de gouvernement ont manifesté leur décision de créer la Communauté des Etats latino-américains et caribéens, et ont offert leur aide au Venezuela, qui organisera en 2011 le Sommet prévu à cette fin.
Au préalable, le président vénézuélien Hugo Chavez avait inauguré le 9e Sommet extraordinaire de l’ALBA par des paroles de bienvenue à l’intention de ses homologues de Bolivie, Evo Morales; de Cuba, Raul Castro; du Nicaragua, Daniel Ortega; d’Equateur, Rafael Correa, et des premiers ministres Ralph Gonsalves, de Saint-Vincent et les Grenadines; Roosevelt Skerrit, de la Dominique, et Baldwin Spencer, d’Antigua et Barbuda.
Evoquant l’importance de l’ALBA, le président Chavez a l’a considérée comme «l’alternative» pour obtenir la véritable indépendance.
«C’est pourquoi il nous faut en prendre soin, la protéger et avancer dans ses programmes et ses projets. Tout retard est dangereux, nous n’avons pas le droit au retard», a souligné le leader de la Révolution bolivarienne.
A cet égard, il a relevé la nécessité pour les présidents et les chefs de gouvernement, ainsi que pour les peuples de l’ALBA, de préserver et de défendre l’organisme d’intégration régionale contre les menaces constantes de l’empire et des gouvernements soumis aux USA.
Plus loin, Chavez a rappelé qu’il faut continuer d’exiger très fermement la levée du blocus imposé à Cuba et la libération des cinq héros cubains séquestrés par l’empire.
Prenant la parole, le président équatorien Rafael Correa a exhorté à conquérir la véritable indépendance de l’Amérique latine.
«Il y a 200 ans, nos libérateurs nous ont donné l’indépendance politique. Aujourd’hui, nous, les nations du continent, devons gagner notre indépendance économique, culturelle, sociale, scientifique, technologique», a-t-il dit.
Quant au président bolivien Evo Morales, il a souligné que «la défense de la mère Terre, que nous les indiens appelons Pachamama, est la meilleure bannière de lutte contre le capitalisme irresponsable et l’industrialisation irrationnelle».
Morales a insisté sur l’importance de la 1e Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique qui sera inaugurée mardi dans son pays, à Cochabamba, en présence de 22 000 délégués enregistrés à ce jour.
S’adressant aux participants de cette rencontre qui s’est achevée au petit matin, le président du Nicaragua Daniel Ortega a rappelé que pendant que notre initiative de coopération et d’intégration de l’ALBA progresse, l’empire se livre à des conspirations et à des provocations pour tenter de la liquider.
«Le nouveau modèle que nous avons adopté cherche à donner un pouvoir réel au peuple et d’en faire un sujet productif pour le développement et sortir de la pauvreté», a signalé Ortega.
Et d’ajouter: «Cette lutte que nous livrons aujourd’hui est la lutte des peuples d’Amérique latine et de la Caraïbe, tout comme il y a 200 ans notre continent a été un champ de bataille pour l’indépendance de nos nations.»
Le Premier ministre de Saint Vincent et les Grenadines, Ralph Gonsalves, est intervenu pour inviter les pays membres de l’Alliance bolivarienne à lutter contre le colonialisme et l’impérialisme sous toutes leurs formes, et il s’est dit confiant que les gens de son pays et de la région comprendront que l’ALBA est la racine qui nous permettra de sortir du sous-développement (…) «C’est une cause qui ne saurait être matérialisée avec des gens qui doutent», a-t-il souligné.
Quant à Baldwin Spencer, Premier ministre d’Antigua et Barbuda, il a déclaré devant le forum que l’Alliance sera le véritable avenir de l’Amérique latine et la Caraïbe.
«J’aimerais exhorter ceux qui doutent encore à se rendre à la réalité. Nous devons faire partie de ce mouvement grandiose et noble», s’est-il exclamé.
Spencer a commenté que malgré les pressions et les campagnes hostiles, il maintient sa décision de continuer faire partie de ce mécanisme d’intégration.
Devant les délégations officielles et les invités, le Premier ministre de la Dominique, Roosevelt Skerryt, a exigé au gouvernement des Etats-Unis de mettre fin au blocus économique, commercial et financier qu’ils exercent contre Cuba depuis 1962.
«Le blocus est injuste et incorrect», a déclaré le Premier ministre, avant de souligner que Barack Obama doit en finir avec cette mesure unilatérale s’il veut vraiment entrer dans l’histoire comme le meilleur président des Etats-Unis. (SE)
L’ALBA, l’Alliance bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique a créé un précédent sur la voie de la lutte contre le changement climatique : marcher unis dans un front commun. Les pays membres de ce bloc d’intégration ont fait entendre à l’unisson leurs voix pour lancer un appel pressant à la prise de mesures face au danger qui plane sur l’humanité.
Lors du Sommet raté de Copenhague, en décembre dernier, le Venezuela, Cuba et la Bolivie ont dénoncé énergiquement les manœuvres des pays industrialisés ayant pour but d’abandonner le Protocole de Kyoto qui fixe des quotas de réduction sur les émanations de gaz polluants, qui provoquent l’effet de serre et qui expire en 2012.
Dans son récent Sommet de Caracas, le 9e, l’ALBA a exprimé son appui le plus ferme au Sommet Mondial des Peuples sur le Changement Climatique et les Droits de la Mère Terre qui siège dans la ville bolivienne de Cochabamba.
Il s’agit incontestablement d’une initiative encourageante de la Bolivie et un pas en avant dans la lutte pour la protection de l’environnement. Sous la présidence d’Evo Morales et en sa qualité de membre de l’ALBA, la Bolivie s’est efforcé de faire comprendre au monde l’importance de reprendre la façon dont les civilisations anciennes vivaient en harmonie avec la Nature et la vénéraient même.
Cuba, depuis l’obtention de son indépendance définitive en janvier 1959 et maintenant, en tant que membre de l’ALBA, qui préconise le bien-être de tous les peuples étroitement lié à l’environnement, a contribué modestement à la préservation du monde où nous vivons.
Les acquis de Cuba dans ce domaine ont été reconnus par des personnalités internationales. L’ONU, par exemple, a indiqué que notre pays occupe une place remarquable dans les Caraïbes en raison de son travail d’adaptation au changement climatique.
Notre pays a signé des accords et des protocoles internationaux qui l’engagent à réaliser des actions concrètes pour protéger l’environnement. Elle a également créé des structures de gouvernement pour veiller à la protection de l’environnement.
Notre pays se fait remarquer aussi dans la lutte pour la protection de la couche d’ozone, ce qui permet de freiner la progression du changement climatique. Cuba a éliminé l’utilisation de certaines substances qui portent atteinte à l’environnement ; elle procède à l’élimination graduelle de plusieurs autres et elle remplace les gaz fréon dans la réfrigération et dans les aérosols.
L’ALBA a préconisé la nécessité de sauvegarder la terre pour les futures générations. Ses actions, en tant que bloc régional, ont pour but d’atteindre cet objectif. C’est pourquoi l’actuel Sommet de Cochabamba a eu l’appui inconditionnel des pays membres de l’ALBA, car le bien-être de tous les peuples dépend de la préservation du monde où nous vivons.
Deux siècles d’histoire commune nous enseignent que nous n’avons d’autre alternative que de nous unir, lutter et vaincre
• Discours prononcé par Raul Castro Ruz, président de Cuba,
au 9e Sommet de l’ALBA-TCP qui s’est tenu en
République bolivarienne du Venezuela le 19 avril 2010
• CHER camarade Hugo Chavez Frias, président de la République bolivarienne du Venezuela,
Messieurs les chefs d’Etat et de gouvernement ici présents,
Messieurs les délégués et invités,
Vénézuéliens et Vénézuéliennes,
Nous sommes ému de nous trouver ce 19 avril au Venezuela, pour célébrer le 200e anniversaire du début de la geste d’émancipation que furent les luttes pour l’indépendance dans les colonies espagnoles d’Amérique.
Ce fut l’embryon d’un premier processus d’intégration de l’Amérique latine, car Bolivar avait compris très tôt ce que serait le destin des peuples de notre région. Tout ce que nous faisons maintenant pour l’intégration de l’Amérique latine et des Caraïbes a commencé précisément ici, un jour comme aujourd’hui, il y a deux siècles.
Je saisis l’occasion pour transmettre à tous les Vénézuéliens et à toutes les Vénézuéliennes, au nom du peuple de Cuba et du camarade Fidel, nos sincères félicitations en cette date mémorable et notre éternelle gratitude envers la mémoire de votre héros, le Libérateur Simon Bolivar, dont Marti dit: «On ne saurait pas parler dans le calme de cet homme qui n’a jamais rien connu de tel. De Bolivar il faut parler avec une montagne pour tribune, au milieu des éclairs et du tonnerre, ou avec au poing un faisceau de peuples libres avec la tyrannie décapitée à ses pieds!»
Nous tenons aujourd’hui aussi le Sommet de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique, pour travailler sur les documents que d’autres camarades ont préparés ces jours derniers afin de nous les présenter. Il s’agit d’une intégration d’un type nouveau, fidèle continuatrice de l’héritage de nos héros nationaux. L’ALBA continue d’avancer à un rythme soutenu pour solder la dette sociale contractée envers nos peuples.
Certains de ses Etats membres ont liquidé l’analphabétisme, la formation de ressources humaines a considérablement avancé, en particulier dans les domaines de la santé et de l’éducation; une étude clinique, génétique et psychosociale a été menée auprès des handicapés, ce qui constitue une œuvre d’un impact humain considérable: tels sont quelques-uns des processus qui distinguent notre Alliance.
Les progrès en matière d’intégration commerciale et financière, les efforts qui tendent à assurer la souveraineté énergétique, alimentaire, technologique et notre autonomie dans d’autres secteurs clés de l’économie constituent aussi de remarquables contributions de notre organisation.
Comme je le disais à l’instant, ce 19 avril est aussi le 49e anniversaire de la victoire du peuple cubain sur l’invasion mercenaire de Playa Giron, autrement dit, la première défaite de l’impérialisme dans cet hémisphère. En moins de 72 heures, sous la conduite du commandant en chef de la Révolution cubaine, Fidel Castro Ruz (Applaudissements), à force de contre-attaques énergiques et d’actions ininterrompues, nos combattants des Forces armées et nos miliciens forçaient à la reddition le contingent envahisseur sélectionné et entraîné par la CIA des Etats-Unis et soutenu par la force navale étasunienne qui l’avait escorté jusqu’à nos côtes et dut se résigner à devenir le témoin de l’échec fracassant de cette aventure.
Il y a seulement quelques jours, notre presse nous rappelait la grande campagne médiatique qui avait accompagné l’agression militaire: on a d’abord tenter de faire croire que les bombardements du 15 avril 1961 sur les bases aériennes, effectués par des avions arborant les couleurs cubaines, étaient le fait de nos pilotes, prétendument en désaccord avec la Révolution. Le 17 avril, lorsque débute l’invasion, les agences de presse étasuniennes diffusent toutes sortes de mensonges, affirmant, par exemple, que la deuxième ville de Cuba, Santiago de Cuba, était déjà tombée aux mains des envahisseurs, que notre milice s’était dispersée, que Fidel était en fuite et que j’avais moi-même été arrêté. Elles ont poussé l’absurdité jusqu’à informer le monde de la prise du port de Bayamo alors que cette ville n’a pas de côte et est située au centre de l’ancienne province d’Oriente, la plus large du pays. Cette vieille campagne de presse nous rappelle celle d’aujourd’hui et toutes les campagnes menées contre bon nombre de pays ici représentés.
En cinquante années de vie, la Révolution cubaine n’a jamais pu être détruite par le blocus, la subversion et le mensonge, et elle ne le sera jamais. Cuba, tout comme le Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua et l’Equateur, à un degré ou à un autre, constituent les cibles préférées de campagnes médiatiques féroces et calomnieuses, organisées et financées par les centres de pouvoir des Etats-Unis, les oligarchies locales et, dans certains cas, l’Union européenne.
Nous avons été témoins, il y a moins d’un an, du coup d’Etat exécuté contre le Honduras, pays qui était alors membres de l’ALBA, avec la complicité et le soutien de l’impérialisme et de ses instruments médiatiques. Nos peuples doivent apprendre les leçons dérivant de ces événements et ne pas se laisser séduire par les chants de sirène auxquels nous sommes soumis au quotidien ni jamais céder au chantage ou aux pressions.
L’expérience du chemin long et douloureux que nous avons parcouru en deux siècles d’histoire commune nous enseignent que nous n’avons d’autre alternative que de nous unir, lutter et vaincre (Applaudissements).
Je me joins à Evo pour féliciter chaleureusement le peuple vénézuélien et tous ses représentants qui ont pris part au magnifique défilé d’aujourd’hui, profondément émouvant du début à la fin (Applaudissements et vivats). Nous avons vu un peuple pur et armé, et ses glorieuses Forces armées qui progressent à vue d’œil; nous avons vu les étudiants participer au défilé et s’installer à la tribune, de même que les paysans et les ouvriers; nous avons apprécié de multiples manifestations culturelles qui m’étaient pour la plupart inconnues et qui témoignent de la richesse de la culture de ce peuple et des autres peuples frères du continent. J’ai tout vu mais je souhaite tout revoir en vidéo ou en DVD parce que, comme me le faisait justement remarquer Chavez, les caméras de la télévision prennent souvent des vues meilleures qui révèlent des éléments ayant échappé au public présent.
Pour conclure, je voudrais me joindre à vous avec un «Vive les Forces armées et le peuple armé du Venezuela!» (Vivats)
Vive le 200e anniversaire du début des luttes d’émancipation de notre Amérique! (Vivats)
Vive les glorieuses femmes vénézuéliennes que nous avons vues défiler avec élégance, prestance et beauté! (Vivats)
Vive la Révolution bolivarienne! (Vivats)
Vive Chavez! (Vivats)
Merci beaucoup. •
Caracas, 20 avril, (RHC)--. Le général d’armée Raul Castro, président du Conseil d’Etat et du Conseil des ministres de Cuba, a appelé ses homologues latino-américains à l’unité régionale face à l’hostilité de Washington.
« La seule option est de nous unir, lutter et vaincre » a relevé le président Raul Castro au cours de son intervention au 9e Sommet de l’ALBA, l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique.
« L’ALBA continue d’avancer de façon soutenue pour honorer la dette sociale envers nos peuples. La déclaration de plusieurs de ses États membres comme territoires libres d’analphabétisme, la formation de ressources humaines, notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation ; l’étude clinique, génétique et psychosociale de personnes handicapées. C’est une tâche à grand impact humain. Ce sont quelques uns des processus remarquables de notre Alliance”.
Dans le cadre du 9e Sommet de l’ALBA, Raul Castro a signalé :
« Les progrès faits en matière d’intégration commerciale et financière, ainsi que les efforts déployés en faveur de la souveraineté énergétique, alimentaire, technologique, tout comme dans d’autres domaines clefs de l’économie, sont également des contributions faites par notre organisation. »
Dans son discours il a rappelé que lors de l’invasion mercenaire repoussée en moins de 72 heures par le peuple cubain, les agences étasuniennes de presse diffusaient des mensonges grossiers sur de soi-disant victoires des envahisseurs, la fuite de Fidel et son arrestation.
« Cela nous rappelle ce qui est fait maintenant contre bon nombre de pays ici présents » a-t-il ajouté.
Il a en effet dénoncé la campagne médiatique orchestrée par Washington contre des pays qui ont choisi un chemin indépendant pour leurs peuples. Il a précisé :
« Aujourd’hui 19 avril, nous commémorons également le 49è anniversaire de la victoire du peuple cubain sur l’invasion mercenaire de la Baie des Cochons, la première défaite de l’impérialisme dans notre continent. La Révolution cubaine au cours de ses 50 ans, n’a pas pu être et ne sera pas détruite ni avec de blocus, ni de la subversion, ni de mensonges. Cuba, de même que le Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua et l’Équateur sont la cible préférée de campagnes médiatiques féroces et calomnieuses, organisées et financées par les centres de pouvoir hégémonique des États-Unis, des oligarchies locales et dans certains cas, de l’Union Européenne »
« Nous avons vu le coup d’Etat au Honduras, perpétré avec la complicité et l’appui de l’impérialisme et de ses instruments médiatiques » a-t-il signalé.
Au sujet de la cérémonie pour le bicentenaire de l’indépendance du Venezuela, célébrée par un défilé militaire et par une session solennelle à l’Assemblée Nationale, Raul Castro a signalé qu’il était rempli d’émotion.
“Nous sommes émus d’être au Venezuela aujourd’hui 19 avril pour commémorer le bicentenaire du début de l’épopée libératrice des luttes pour l’indépendance des colonies espagnoles en Amérique Latine. Je profite de l’occasion pour exprimer à tous les Vénézuéliens et Vénézuéliennes, au nom du peuple cubain et du camarade Fidel, nos félicitations sincères à cette date mémorable et la gratitude éternelle pour le legs de son principal héros Le Libérateur Simon Bolivar ».
Intervention d'Hugo Chavez lors du dernier sommet de l'ALBA qui se tenait à la Havane à Cuba en décembre 2009.