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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 07:03

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La sénatrice d’opposition Piedad Cordoba est en Suisse pour promouvoir un échange humanitaire. Rencontre.

© PIERRE ALBOUY | Piedad Cordoba. «Je ne crois malheureusement pas à un changement de politique à court terme.»

GUSTAVO KUHN | 12.04.2010 | 00:00

Sénatrice de gauche dans une Colombie dominée par les conservateurs, Piedad Cordoba, 55 ans, est une des plus célèbres politiciennes de son pays. Notamment grâce à son rôle de médiatrice avec la guérilla, qui lui a permis d’obtenir la libération de plusieurs otages des FARC. Parlementaire depuis 1990, ce membre du Parti libéral est en Suisse dans le cadre d’une tournée européenne pour promouvoir un échange humanitaire entre les derniers otages des rebelles marxistes et des guérilleros emprisonnés. Interview.

Qu’est-ce qui vous amène en Suisse?

Je suis ici au nom de l’organisation Colombiens et Colombiennes pour la paix. Nous cherchons à faire connaître la vérité sur la situation des droits humains dans notre pays et promouvoir un échange humanitaire, comme premier pas vers une solution politique au conflit armé qui déchire la Colombie. Je viens aussi rencontrer le CICR, dont l’énorme travail est très difficile depuis l’opération Jaque (ndlr: durant cette action militaire, qui a permis la libération d’Ingrid Betancourt et d’autres otages, des soldats avaient utilisé l’emblème de la Croix-Rouge sur leurs déguisements, nourrissant ainsi une grande méfiance des combattants rebelles envers les humanitaires).

Que peut apporter la Suisse dans ce processus?

La Suisse a déjà eu par le passé un rôle de médiation important en Colombie. Une action qui n’a malheureusement pas abouti à la fin de la guerre. Mais elle a obtenu des points positifs, notamment dans les discussions avec la guérilla de l’ELN.

Dans un mois et demi, les Colombiens éliront le successeur d’Alvaro Uribe, au pouvoir depuis 2002. Un nouveau président serait-il plus enclin à négocier avec la guérilla?

Je ne crois malheureusement pas à un changement de politique à court terme. D’abord parce que le pouvoir actuel a renforcé sa position lors des législatives du mois dernier – qui ont été l’objet d’énormes irrégularités – et contrôle désormais 70% du parlement. Ensuite, le favori de l’élection présidentielle, Juan Manuel Santos, a longtemps été le ministre de la Guerre…, pardon, de la Défense, d’Alvaro Uribe. Il est d’ailleurs le principal responsable de ces atrocités connues comme le scandale des «faux positifs», qui a coûté la vie à près de 5000 personnes, d’après les derniers chiffres que j’ai eus (ndlr: depuis deux ans, l’affaire des «faux positifs» indigne la Colombie . Dans le but de gonfler les chiffres de la lutte contre la guérilla, des centaines, voire des milliers de civils ont été froidement assassinés par des militaires pour être présentés comme des guérilleros tués au combat).

Le fait qu’un protégé d’Uribe soit le favori de l’élection ne reflète-t-il pas le succès de la politique du président?

Comment peut-on parler de succès? La situation est désastreuse. La guerre interne, qui n’est pas reconnue comme telle par ce gouvernement élu grâce aux paramilitaires, déchire le pays et a fait 5 millions de déplacés internes. Il y a 18 millions de Colombien pauvres et 8 millions d’indigents. Plus de 3 millions et demi de nos compatriotes ont quitté le pays à la recherche d’une vie meilleure. On dénombre près de 200 000 disparitions forcées au cours des 15 dernières années, dont une grande proportion pendant les deux mandats d’Uribe. Et ceux qui dénoncent la situation sont taxés de terroristes ou de collaborateurs de la guérilla, comme moi, par exemple, et sont poursuivis. On ne peut vraiment pas parler de réussite.

 

 

http://www.tdg.ch/actu/monde/piedad-cordoba-issue-politique-guerre-colombie-2010-04-11

Source : camarade

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 07:57

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 09:48

 

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 09:38

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Caracas, 12 avril, (RHC)--. Le président vénézuélien, Hugo Chavez, a souligné l’importance de l’intégration latino-américaine pour garantir l’équilibre du nouvel ordre mondial.

« La multipolarité, en tant que nouvel ordre mondial, passe nécessairement par la consolidation de notre Amérique, par l’union des pays qui partagent un legs et un sort commun » releve Hugo Chavez dans sa colonne dominicale « Les lignes de Chavez »

Il souligne que l’unité régionale garantit en plus la consolidation des conquêtes faites en faveur des peuples.

« C’est l’esprit qui a marqué, cette semaine, la visite du président uruguayen, José Mujica, au Venezuela » assure le président vénézuélien.

En effet, les deux chefs d’Etat ont présidé à Caracas la cérémonie de signature de 8 importants accords de coopération touchant notamment les domaines de l’énergie et de l’agriculture.

Hugo Chavez écrit à ce propos que les accords garantissant la sécurité énergétique et la souveraineté alimentaire donnent un nouvel élan aux relations mutuelles et aux efforts en faveur de l’indépendance réelle et définitive.

 

Le Venezuela annonce le renforcement de sa capacité défensive


Caracas, 12 avril, (RHC)--. Le président vénézuélien, Hugo Chavez, a confirmé la décision de son gouvernement de renforcer la capacité défensive à la suite des menaces que les Etats-Unis font planer sur le Venezuela.

Hugo Chavez a dénoncé les plans d’agression contre le Venezuela, pays aux plus grandes réserves de pétrole dans le monde.

« Les yankees ont toujours eu ici des gendarmes subordonnés mais maintenant, ils n’ont personne pour leurs besognes et ils organisent des plans d’invasion » a-t-il relevé ce dimanche au cours de son émission à la radio et à la télévision « Allô, Président »

Il a consacré cette émission à rappeler la tentative de coup d’Etat du 11 avril 2002 et la manière dont le peuple a frustré l’opposition de ses desseins.

« Soldats et peuple, la meilleure manière d’empêcher toute attaque est de nous préparer comme le font Fidel et Raul à Cuba, tout un peuple en armes. Les yankees et les tyrans craignent les peuples » a-t-il souligné.

 

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 08:16

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par Immanuel Wallerstein
        Sociologue au Centre Fernand Braudel à l’Université de Birmigham, , chercheur au département de sociologie de l’université de Yale

A l’occasion de la célébration du 30ème anniversaire de la création du Partido dos Trabalhadores (le Parti des travailleurs ou PT) au Brésil, le principal journal des mouvements sociaux, Brasil de Fato, a publié des entretiens avec quatre grands intellectuels de la gauche brésilienne. Tous les quatre ont joué un rôle central dans la fondation du PT et ont même participé à sa fondation. Trois s’en sont retirés : l’historien Mauro Iasi, qui a rejoint le Partido Comunista Brasileiro (PCB) ; le sociologue Francisco de Oliveira, qui a rejoint le Partido Socialismo e Liberdade (PSOL) ; et l’historien Rudá Ricci, aujourd’hui devenu une figure indépendante de la gauche radicale. Le quatrième, l’historien Valter Pomar, toujours au PT, est l’une des figures de l’aile gauche du parti. 

Ils ont fourni des analyses remarquablement différentes de ce que Ricci appelle « un vieux dilemme de la gauche brésilienne : comment être populaire et de gauche ». Ce dilemme, naturellement, a été celui de la gauche dans le monde entier et l’est resté jusqu’aujourd’hui.

Le Brésil est un endroit intéressant pour analyser ce dilemme et observer comment il se déploie. C’est un pays doté d’une longue et active tradition politique dans laquelle son multipartisme est aujourd’hui bien enraciné. C’est aussi un pays dont la situation économique nationale a beaucoup progressé au cours des années récentes, particulièrement dans la dernière décennie. Enfin, le Brésil est un pays qui a affirmé son leadership politique en Amérique latine. La question devient alors : comment mesure-t-on la « popularité » d’un parti et comment évalue-t-on son identité de gauche ?

L’intervieweur de Brasil de Fato a démarré ses entretiens en notant que Luis Inácio Lula da Silva (« Lula »), avec sa personnalité charismatique, est le président le plus populaire qu’ait connu le pays depuis sa démocratisation et qu’au fil du temps, le soutien au PT a augmenté parmi les couches les plus pauvres de la population. Afin de devenir plus populaire, selon lui, le PT « a dû faire des concessions au pragmatisme ».

Comment les quatre intellectuels ont-ils réagi à cette prémisse ? Pour Ricci, le « lulisme » est devenu plus important que le parti, ce qui renverse le concept originel du PT. Celui-ci s’est « américanisé », dit-il. Il est aujourd’hui devenu une simple machine électorale. La gauche a du mal à être populaire à cause de sa « base théorique d’origine européenne ». La culture populaire, dit-il encore, est « complexe et conservatrice » et Lula dialogue avec cette culture populaire. Le PT est étatiste et développementaliste et, de là, conservateur et pragmatique. Le problème est donc de revenir au projet originel du PT, celui de « l’utopie d’une gauche démocratique, sans devenir élitiste ».

Pour Iasi, le PT est devenu l’un des deux principaux partis brésiliens, un parti de centre-gauche avec un programme « petit-bourgeois  ». Pour obtenir un tel soutien, il lui en a coûté « l’abandon des principes et objectifs politiques de ses origines ». Le « lulisme » ou le « populisme » sont une façon d’obtenir des masses qu’elles consentent à des politiques qui ne sont pas dans leur intérêt.

Pour Oliveira, le PT, qui avait débuté en se fondant sur les mouvements de travailleurs, de la théologie de la libération et de démocratisation, n’est devenu rien de plus qu’un élément de la « confiture générale » qu’est le système partisan brésilien. Une perspective socialiste ne peut être basée sur les « pauvres » mais doit se fonder sur une analyse de classe. Quant au programme du PT de nationalisation (estatizaçao), il a cent ans de retard et représente un aspect de la « maladie infantile de l’étatisme ». C’est un programme visant à renforcer les industries brésiliennes qui n’a rien à voir avec la gauche ou le socialisme.

Pomar voit la situation très différemment. Il convient qu’au départ, le gouvernement Lula était social-libéral dans ses orientations. Mais après 2005, le parti a viré plus à gauche. Oui, dit-il, le parti est développementaliste. Mais il existe deux espèces de développementalistes : les conservateurs et les démocrates-populaires. Avec la crise du capitalisme, le « socialisme est de retour dans le débat ».

Ce qu’il y a de frappant avec les trois analyses critiques, c’est la peur du « populisme ». Ce qu’il y a de frappant avec les quatre analyses, c’est l’absence de toute discussion sur la géopolitique.

Quelques jours seulement après cet article du Brasil da Fato, Fidel Castro a publié l’une de ses régulières « réflexions » dans La Jornada de Mexico. Lula venait tout juste de lui rendre visite. Castro y écrit qu’il connaît Lula depuis trente ans, c’est-à-dire depuis la création du PT. Compte tenu de l’histoire et des difficultés de Cuba au cours des cinquante dernières années, la récente rencontre de Cancún, lors de laquelle fut décidée la création d’une Communauté des Etats latino-américains et caribéens comprenant Cuba mais excluant les Etats-Unis et le Canada, a été, selon Castro, « pour nous d’une importance énorme  ». La réunion a été, dans une large mesure, une réussite de Lula.

Et Castro de poursuivre en soulignant « l’importance et le symbole » que représentait cette visite de Lula, sa dernière en tant que président du Brésil. Castro se souvient de sa « rencontre émouvante avec Lula, sa femme et ses enfants » dans leur simple maisonnée dans les années 1980 et loue « le plaisir [pris par Lula] dans la lutte qu’il a conduite avec une modestie irréprochable ». Point d’accusation de lulisme ici.

Tout ce que les intellectuels de gauche brésiliens ont critiqué, Castro le loue : le développement technologique du Brésil, la croissance de son PIB, le fait de devenir l’une des dix plus grandes économies du monde. Même sur la question de la production d’éthanol, à laquelle Castro se déclare opposé, il n’accable pas Lula : « je comprends parfaitement que le Brésil n’ait pas d’autre solution, face à la concurrence déloyale et les subventions des Etats-Unis et de l’Europe, que d’augmenter sa production d’éthanol ».

Castro termine ainsi sa note : « Une chose est indiscutable : l’ouvrier métallurgiste s’est en fait converti en un remarquable et prestigieux homme d’Etat dont la voix est entendue avec respect dans toutes les réunions internationales ».

Comment les intellectuels de gauche brésiliens et Castro peuvent-ils faire des portraits aussi différents de Lula ? Il est clair qu’ils ont regardé deux choses totalement différentes. Les intellectuels de gauche brésiliens ont d’abord regardé la vie politique interne du Brésil et ont déploré le fait que Lula ne fût, au mieux, qu’un pragmatique de centre-gauche. Castro a d’abord regardé le rôle géopolitique du Brésil et de Lula qu’il considère comme effectuant un travail de sape de l’ennemi principal, l’impérialisme états-unien.

Quelle priorité alors pour les hommes politiques de gauche ? Il ne s’agit pas simplement d’une question brésilienne. C’est une question qui peut être posée pratiquement partout, en prenant naturellement en compte l’histoire et le statut géopolitique du pays en question.

Immanuel Wallerstein

[Copyright Immanuel Wallerstein, distribué par Agence Global. Pour tous droits et autorisations, y compris de traduction et mise en ligne sur des sites non commerciaux, contacter : rights@agenceglobal.com, 1.336.686.9002 or 1.336.286.6606. Le téléchargement ou l’envoi électronique ou par courriel à des tiers est autorisé, pourvu que le texte reste intact et que la note relative au copyright soit conservée. Pour contacter l’auteur, écrire à : immanuel.wallerstein@yale.edu.
Ces commentaires, édités deux fois le mois, sont censés être des réflexions sur le monde contemporain, à partir non des manchettes du jour mais de la longue durée.]

Source : Mémoire de Luttes

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 07:07

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Jean-François Le-Dizès 

Suite au coup d’État perpétré au Honduras l’an dernier et de la mobilisation contre celui-ci, j’ai séjourné deux semaines à Tegucigalpa, capitale de ce pays, vingt-et-un ans après mon premier voyage dans ce pays d’Amérique Centrale, et ce afin d’apprécier l’atmosphère sociopolitique.

Pourquoi un coup d’État ?

Depuis le début des années 1980, le Honduras connaissait un régime politique civil qui consistait en une alternance entre deux partis politiques, le Parti libéral et le Parti national. Par le biais de la corruption de la classe politique, la politique menée par l’un comme par l’autre parti a toujours été en faveur de l’aristocratie. Si bien que la pauvreté et les inégalités sont extrêmes : 70% de la population est pauvre (1), 58% des richesses sont accaparées par 20% de la population (2).

Dans ces conditions, les gens se détournaient de plus en plus de la politique. Ainsi, la participation aux élections n’a cessé de baisser aux élections présidentielles : elle est tombée de 84% en 1985 à 56% en 2005 (3). Issu de cette dernière élection, le Président Zelaya du Parti libéral a rompu avec cette politique. Il a pris différentes mesures en direction des couches populaires :

- augmentation de 42% du SMIC (4) ;
- gratuité de l’électricité pour les 62% plus pauvres (5) ;
- gratuité de l’inscription scolaire ;
- distribution de nourriture aux scolaires, de bourses aux étudiants ;
- attribution de la sécurité sociale aux domestiques et aux ouvriers du bâtiment ;
- crédits accordés aux mini-entreprises.


Cette politique fut, économiquement parlant, favorisée par le changement d’alliance en politique étrangère. Zelaya a pris ses distances avec Washington pour adhérer à l’ALBA. Ce qui a permis d’importer du Venezuela, du pétrole à bien meilleur marché qu’auparavant. Avec en plus la création d’une entreprise nationale de distribution d’essence ayant le monopole de la vente, le prix de l’essence avait nettement diminué. En outre, pour pallier au manque de médecins, des Cubains sont venus exercer ce métier au Honduras. Zelaya projetait d’importer des médicaments génériques du Brésil. Enfin, il avait décidé de pourvoir d’un terminal commercial la base aérienne militaire de Palmerola, où est notamment stationnée l’armée étasunienne.

En juin 2009, « Mel », en suivant les exemples d’Hugo Chavez au Venezuela et d’Evo Morales en Bolivie, a voulu tenter de changer la Constitution en demandant aux Honduriens, par une « consultation populaire non-contraignante », s’ils désiraient ou non l’élection d’une Assemblée constituante. C’est alors que toutes les forces conservatrices (aristocratie, multinationales, classe politique, militaires, Églises catholique et évangélique, gouvernement étasunien) ont organisé le coup d’État militaire du 28 juin. Craignant de perdre leurs privilèges liés notamment à la corruption, les députés ont approuvé, à raison de 80% des présents, ce coup d’État. La Ministre des Affaires étrangères étasunienne, Hillary Clinton, au courant des préparatifs, a laissé faire l’armée hondurienne.


Quand la corruption augmente les inégalités

Durant mon séjour, tant par mes conversations que par les informations reçues par les différents médias, j’ai été frappé par l’importance de la corruption, des détournements de fonds et des passe-droits. Deux employés de banque que j’ai rencontrés par hasard dans un café m’ont affirmé que les détournements d’argent coulaient à flot. Si, durant mon séjour, les enseignants avaient deux mois d’arriérés de paiement de salaire, c’était parce que cet argent avait été détourné par des responsables de l’administration. Autre exemple, tout l’argent prévu pour l’aménagement hydraulique de la petite ville de Sabanagrande a été détourné, et la ville, au grand dam de ses habitants, n’a pas été équipée. Une quantité (33%) des consommateurs d’électricité, et pas des moindres, sont illégalement et en toute impunité, dispensés de paiement (5). De la même façon, une personne bien placée m’a rapporté qu’aucun des grands magasins de Tegucigalpa ne payait ses impôts. Naturellement, aucun de ces cadeaux ne se fait sans contrepartie auprès des administrations concernées. L’ensemble de ces détournements de fonds, sur la période 1982-2006, est estimée à 10% du PIB (Produit Intérieur Brut) (3). S’il est arrivé que des affaires concernant la corruption ou le détournement de fonds passent devant les tribunaux, jamais un prévenu n’a été condamné pour ces motifs, la magistrature étant elle-même corrompu, m’a-t-on si souvent dit. C’est pour la même raison que la Cour Suprême a reconnu le coup d’État.
La corruption et les détournements de fonds font partie de la culture hondurienne. Aussi, leur élimination ne peut qu’être, au mieux, le résultat d’un long processus.


Une élection dans une atmosphère de chape de plomb

Le coup d’État a été l’occasion d’un réveil politique de la part de la population. En effet, dès que la population a pris connaissance de celui-ci, elle s’est mobilisée. Par exemple, le groupe de femmes de la « colonia » San Francisco de Tegucigalpa que j’ai rencontré m’ont raconté qu’elles sont allées immédiatement rejoindre la foule devant le Palais présidentiel. Telle balayeuse de terrasse de café me dit que ce coup d’État a été un mauvais coup pour les pauvres. Depuis le 28 juin, la répression est très dure. 140 militants ou manifestants ont ainsi été tués6. Un certain nombre d’entre eux, notamment des syndicalistes, sont abattus froidement en pleine rue par des escadrons de la mort. La police ne retrouvant jamais les coupables, tout laisse à penser que celle-ci ou l’armée sont les commanditaires de ces assassinats. À la colonia San Francisco, les différents affrontements entre la police et la population ont fait, depuis le 28 juin, trois morts parmi les jeunes.


Par ailleurs, 140 personnes sont inculpées « d’atteinte à la sécurité de l’État » (7). Trois d’entre elles sont déjà incarcérées (7). La responsable de la COFADEH (Comité des Familles de Détenus et de Disparus du Honduras) que j’ai rencontrée m’a expliqué qu’après leur arrestation par la police, les militants étaient torturés. Cette organisation a recensé depuis le coup d’État 3 033 violations aux Droits de l’Homme. Nombre de militants ainsi que certains journalistes reçoivent, par téléphone, des menaces de mort. Aussi, pour se protéger, les militants sont amenés à changer de quartier, de ville ou même à se réfugier à l’étranger. Par ailleurs, après le coup d’État, les chaînes de radio et de télévision opposées à ce coup ont été fermées par l’armée, qui a saccagé leur matériel. Face à toutes ces atteintes aux Droits de l’Homme, les militants défendant cette cause cherchent à faire inculper les dirigeants « golpistes » par le Tribunal Pénal International.


Et c’est dans cette atmosphère de peur qu’a eu lieu, le 29 novembre 2009, l’élection de Porfirio Lobo à la tête d’un État toujours largement influencé par l’armée. Boycottée par le Front National de la Résistance Populaire (FNPR), cette élection n’a vu que 35% des électeurs y participer (6).


La résistance au « Golpe »

Quand on se promène dans Tegucigalpa, qui est une capitale de 1 250 000 habitants8, située au milieu des montagnes à 1 000 m d’altitude, à la jonction de différents petits cours d’eau, on ne peut pas, en ce moment, ne pas remarquer la quantité d’inscriptions politiques sur les murs de la ville. Les inscriptions les plus fréquentes sont : « Fuera golpistas », « Urge Mel », « Si a l’ALBA », « Constituyente », « Patria o muerte, venceremos ». Dans le cadre du FNPR, la résistance (pacifique) s’organise. Dans les campagnes, on assiste à une lutte pour la propriété de la terre entre les « terratenientes□ » et les « sans terre », notamment dans la vallée de l’Aguan. Il faut savoir qu’au Honduras les « terratenientes » occupent 37% des terres cultivables (1), que 27% de la population rurale est sans terre et que 17% autres en ont moins d’un hectare (9). Dans la vallée de l’Aguan, suite aux mobilisations des années 70 et de la réforme agraire qui s’en suivit, des « sans terres » avaient reçu des parcelles, mais non des titres de propriété. Aujourd’hui, les « terratenientes » qui prétendent avoir acheté ces terres y cultivent des palmiers africains pour en tirer des agrocarburants. Grâce aux dessous-de-table, m’a-t-on dit, la justice leur a donné raison. Aussi, organisés au sein de « Via campesina », les 3 500 familles de presque sans terre de la vallée ont, en décembre 2009, occupé les latifundia. Depuis, il y eut de nombreux affrontements entre d’une part les « sans terre » et d’autre part la police nationale, les militaires et les polices privées. Trois paysans ont ainsi été tués. Au moment où j’ai rencontré des délégués de ce mouvement qui venaient d’être reçus à la Présidence de la République, 80 autres venaient d’être arrêtés. Mais les latifundia étaient toujours occupés.


La résistance s’exprime aussi dans des manifestations de rue comme celle que j’ai vue le 25 février. C’était la première du FNRP depuis celle du 27 janvier qui avait accompagné « Mel » à l’aéroport pour son départ de l’ambassade du Brésil de Tegucigalpa pour son exil en République Dominicaine. La présence, ce jour-ci, de 400 000 manifestants10 a montré que la population n’a pas accepté le coup d’État et l’expulsion de son président renversé. Toutes les conversations que j’ai pu avoir dans les cafés avec les Honduriens vont dans ce même sens.


À la manifestation du 25 février, il y avait, certes, beaucoup moins de monde (15 à 20 000 manifestants) que le 27 janvier, mais le dynamisme était de la partie. Au début, il fut rappelé la liste des martyres résultant du coup d’État. Parmi les slogans, on entendait « El pueblo unido jamas sera vencido », « Los militares sirven a nada », « Las luchas de hoy, el futuro del hombre ». D’autres dénonçaient l’impunité dont bénéficient les « golpistes », auteurs de crime, et ce grâce à l’adoption d’une loi d’amnistie. Des pancartes réclamaient des salaires dignes, dénonçaient les licenciements massifs et l’impérialisme étasunien.


Les premiers objectifs du FNRP, qui est un front large, sont le départ des « golpistes » et la formation d’une assemblée constituante. Les différentes critiques que j’ai entendues à l’égard de l’actuelle Constitution, de la bouche de personnes se réclamant du Front de la Résistance sont :

- le Président de la République ne peut être réélu. Il peut donc négliger ses électeurs ;
- la présence de troupes étrangères (étasunienne) est autorisée
- la Constitution défend les « terratenientes »

Au sein du FNRP il existe une tendance à vouloir, à partir de la société civile, créer, à l’image des Zapatistes du Chiapas, un État parallèle à celui existant.


À la pression intérieure exercée par la Résistance, s’ajoute la pression extérieure émanant des gouvernements des pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Ainsi, le Honduras a été exclu du sommet de Cancun réunissant en février 2010 l’ensemble de ces gouvernements. L’arrivée clandestine de Manuel Zelaya à l’ambassade du Brésil a été une autre preuve de l’opposition de ces pays au « golpe ».


Face à ces pressions, les « golpistes » sont obligés de lâcher du lest. Ainsi, suite à des manifestations contre la privatisation du barrage hydroélectrique de Nacaome, les députés ont dû se déjuger en votant son maintien dans le secteur public. Aujourd’hui, « radio globo » et « canal 36 », médias d’opposition, ont pu reprendre du service. Le gouvernement annonce différentes mesures sociales : aide aux chefs de famille femmes ayant une micro-entreprise, rétablissement de la gratuité de l’inscription scolaire que les « golpistes » avaient supprimée.

 

Une pauvreté qui ne diminue pas

Durant mon séjour, la pauvreté m’est apparue tout aussi importante que lors de mon voyage de 1989. Le Honduras est en effet le troisième pays plus pauvre du continent, après Haïti et le Nicaragua (11). Les petits vendeurs de rues abondent. La sous-alimentation et la malnutrition sont très présentes. C’est ce que m’ont expliqué notamment les femmes de la colonia San Francisco. Selon la FAO, 15 personnes meurent chaque jour de faim au Honduras. Aussi bien les femmes de la vallée de l’Aguan que certaines de celles de San Francisco m’ont informé qu’elles n’avaient pas chez elle l’eau courante. Cette pauvreté pousse à l’exode rural vers les colonias des villes ou vers l’étranger, notamment vers les États-Unis. Les familles qui choisissent Tegucigalpa comme lieu d’immigration doivent squatter un bout de terre sur les versants des montagnes qui entourent la ville. Pour celles qui ont édifié la colonia San Francisco, la reconnaissance de leur installation par les autorités n’a été que le résultat d’une longue lutte d’une dizaine d’années, qui a été marquée par leur expulsion par la police à plusieurs reprises. Les Honduriens qui choisissent les États-Unis risquent à tout moment l’expulsion de ce pays. Alors qu’ils sont 7,1 million au Honduras (2), les Honduriens sont 600 000 sans papiers aux États-Unis (5). En 2009, 48 630 d’entre eux s’en sont fait expulser (5). Quelqu’un m’a rapporté le cas d’un Hondurien qui s’est fait expulser après 10 ans de séjour dans ce même pays !


Une éducation à la traîne de l’Amérique Centrale

Les enfants sont loin d’être tous scolarisés. Dans certaines régions, il n’y a pas d’école. Les paysannes de la vallée de l’Aguan m’ont affirmé qu’il n’y en avait pas chez elles. En outre, l’uniforme, les livres et les cahiers sont à la charge des familles. Les femmes de San Francisco m’ont informé qu’un certain nombre d’enfants de leur colonia n’allaient pas à l’école car leurs parents ne pouvaient payer de telles charges. Le travail des enfants, qui touche 39% de ceux-ci (2), contribue également à la déscolarisation. Aussi, la fréquentation scolaire est basse : 79%2, alors que dans les six autres pays d’Amérique Centrale elle est comprise entre 90 et 99% (2). En outre, le système scolaire est dual : d’un côté, les écoles publiques qui n’offrent que 100 jours de cours par an dans des classes dont les effectifs peuvent atteindre 55 ; de l’autre côté des écoles privées qui offrent le double de jours de cours dans l’année. Si, dans les universités, la division est la même, très peu de personnes accèdent à ce niveau : seulement 2% d’une classe d’âge, m’a-t-on rapporté, y accèdent. On m’a parlé, ici aussi, d’une certaine corruption de l’administration universitaire pour l’obtention des diplômes. Et de toutes les façons, l’aristocratie se transmet ses places de génération en génération.


Si, durant mes nombreuses promenades dans Tegucigalpa, je n’ai vu aucune bibliothèque, j’ai en revanche rencontré plusieurs librairies comme je n’en avais jamais rencontrées dans l’ensemble de l’Amérique centrale 21 ans auparavant. En revanche, la presse, qui, à l’époque avait une forte coloration de gauche, est devenue très conformiste.


Parce que nombre d’adulte sont analphabètes, le Président Zelaya avait dans ses projets le lancement d’une campagne d’alphabétisation.


La santé pour les riches

Tant les femmes de la vallée de l’Aduan que celles de la colonia San Francisco se sont plaint de l’absence de lieux de soins publics gratuits à leur proximité. S’il existe, par endroits, des hôpitaux et des centres de santé où les soins sont gratuits, les médicaments sont payants et l’équipement est rudimentaire. Et comme bon nombre de personnes ne peuvent payer les médicaments… Par ailleurs, seulement une minorité de personnes bénéficient de la sécurité sociale : la quinzaine de pourcents de familles dont le chef est salarié. Aussi, le médecin, ancien candidat à l’élection présidentielle, que j’ai rencontré, regrette que les Honduriens abandonnent complètement leur médecine traditionnelle basée sur les plantes. En outre, il m’a expliqué que, si des hôpitaux ne sont pas pourvus de tel ou tel autre équipement, c’est pour inciter les patients d’aller dans le secteur privé qui en est pourvu, les propriétaires de celui-ci corrompant les administrations des hôpitaux pour qu’ils ne s’en procurent pas. Aussi, selon lui, seules les personnes pouvant se payer tous leurs soins dans le secteur privé, soit environ 5% de la population, sont véritablement bien soignées. Cependant, le taux de mortalité infantile du Honduras (20‰ (2)) est, en comparaison avec les six autres pays d’Amérique Centrale (21‰ en moyenne (2)), moyen.


Les problèmes d’alimentation dont souffrent les Honduriens et qui gangrènent leur santé est en partie le résultat d’une forte poussée démographique. En effet, de 1930 à aujourd’hui, la population est passée de 860 00012 à 7,1 millions (2) ! Aujourd’hui, le taux de fécondité reste assez élevé. Il est de 3,32 contre 2,92 à la moyenne des six autres pays centre-américains. Si la contraception est autorisée, il y a pénurie de médicament. Par exemple, les femmes de la vallée de l’Aduan m’ont dit qu’il n’y en avait pas chez elles. Et même quand les femmes en ont à leur disposition, souvent le poids moral de l’Église les empêche de les utiliser.


Un mouvement de femmes très impliqué dans la résistance

Alors qu’elles n’ont le droit d’hériter que depuis quelques décennies, qu’elles n’ont obtenu le droit de vote qu’en 1955, les femmes honduriennes me sont apparues très impliquées dans le Front de la Résistance. À la manifestation du 25 février, la banderole d’un de leurs mouvements revendiquait le rétablissement de l’autorisation de la pilule du lendemain supprimée par les « golpistes, le droit à l’avortement et l’éducation sexuelle. Constamment de mèche avec l’Église catholique, les « golpistes » ont également supprimé l’Institut National de la Femme.


Un des grands problèmes dont m’ont fait part le groupe de la colonia San Francisco est la violence conjugale. Les séparations que celle-ci provoque, les naissances non-désirées et le fait que de nombreux hommes n’assument pas leur paternité font que les chefs de famille femmes sont très nombreuses et se retrouvent donc souvent avec de faibles ressources.


Un souci écologique réduit

Si les problèmes environnementaux ne sont pas actuellement le premier souci des Honduriens, il existe, ici ou là, des mobilisations concernant ces questions : contre la pollution des eaux provoquée par les exploitations de mines d’or et d’argent, contre la construction d’un barrage hydroélectrique, qui expulserait nombre d’habitants. Mais, à Tegucigalpa, le problème écologique le plus important est celui de la fourniture d’eau en période de saison sèche. Les autorités n’ayant pas anticipé l’accroissement de la ville, nombre de quartiers se retrouvent à sec et leurs habitants sont obligés de se fournir auprès de livreurs privés qui amènent ce liquide par camion citerne et en profitent pour demander des prix prohibitifs. Ainsi, certaines femmes de la colonia San Francisco m’ont assuré que, compte tenu de leurs revenus, elles devaient choisir entre manger et boire.


Depuis mon dernier passage à Tegucigalpa, la circulation automobile, dans des rues pas toujours goudronnées, s’est beaucoup accrue. En effet, cette capitale, qui regroupe une bonne partie de la bourgeoisie hondurienne, a vu son nombre de voitures particulières beaucoup augmenter. Par ailleurs, les taxis individuels ont proliféré, au détriment des taxis collectifs. Handicapée par sa topographie, la ville ne possède aucun transport sur rail. Aussi, compte tenu des importants embouteillages, il est projeté d’établir, comme à Londres, un péage à l’entrée de la ville.


L’apparition du crime organisé

Depuis mon dernier passage au Honduras, la sécurité s’est nettement dégradée. Les femmes de la colonia San Francisco se sont plaintes à moi de la violence qui règne dans leur quartier. Presque tous les magasins de Tegucigalpa sont gardés à leur entrée par un policier privé muni d’un fusil, prés à tirer. Les épiceries de quartier ne servent qu’au travers une petite ouverture au sein d’une grille qui ferme la boutique. Les lotissements bourgeois ont leur entrée, soit gardée, soit fermée par des grilles. Le soir, dès que la nuit tombe, tous les commerces et les services ferment. Durant mon séjour, pour des raisons de sécurité, un centre de santé de Tegucigalpa a fermé ses portes, son gardien ayant été abattu. Le Honduras est, avec le Venezuela le pays d’Amérique Latine ayant le plus haut taux d’assassinat : 58 par an pour 100 000 habitants5.


La persistance de la pauvreté, l’absence tant d’ascenseur sociale que de débouchés sociaux-politiques ne peuvent que faire le lit de la délinquance, qui, au Honduras, prend, entre autres, la forme de crimes organisés. Il n’y a pas un seul jour où la presse ne parle d’assassinats perpétrés par les « maras ». Ces jeunes grand-délinquants seraient une vingtaine de milliers (13).

 

Notes:

1 « 135 dias que estremecieron a Honduras », œuvre dirigée par Mario Mencia Gamera, Tegucigalpa

2 UNICEF

3 Revue « Envío Honduras » Tegucigalpa

4 Correo de Orinoco

5 Le quotidien « La Tribuna » Tegucigalpa

6 Le mensuel « El Libertador » Tegucigalpa

7 Comité des Familles de Détenus et de Disparus du Honduras

8 Wikipédia

9 Via campesina Honduras

10 FNPR

11 « El Tornillo sin fin », organe du Front de résistance estudiantin

12 « Le Honduras, difficile émergence d’une nation, d’un État » d’André-Marcel d’Ans. Éditions Karthala 1997

13 « Maras, pandillas y desviación social » de Gustavo Sánchez Velásquez. Éditions Dunken, Buenos Aires, 2008

 

Source: Alter autogestion

http://www.michelcollon.info/index.php?view=article&catid=6&id=2675&option=com_content&Itemid=11

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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 07:26

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Rafael Correa, président de l'Equateur, économiste, appelle à l’union contre elles.

 

Il a qualifié de scandaleuse une décision du Tribunal Pénal International de La Haye en faveur de Chevron et de Texaco, en ce qu'elle détruit la souveraineté, les institutions et la sécurité juridique du pays.

Le Tribunal Pénal International de La Haye a condamné l'Equateur à 700 millions de dollars d'indemnité.

Il y a 16 ans, Texaco, acquise ensuite par Chevron, a fait l'objet d'un procès de la part de quelque 30 000 habitants touchés et pour des dommages à l'environnement en raison de pratiques contaminantes lorsqu'elle était présente en Equateur ((1964-1990). 27 000 millions de dollars étaient exigés de la société pétrolière.

Durant ses dizaines d'années d'exploitation en Amazonie, Texaco a laissé 17 000 millions de galons de pétrole brut répandu, 917 bassins toxiques, elle a délibérément jeté 16 000 millions de déchet toxiques et l'on estime que 700 000 personnes sont mortes à cause de cela.

Ce qui est extrêmement grave et terrible, a dit Rafael Correa, c'est que cet arbitrage qui a commencé en 2006, met fin à 6 des 7 jugements qui ont donné raison à l'Etat Equatorien. "Là est la monstruosité, et nous allons demander l'annulation de cette monstruosité".

C'est pourquoi il a appelé les pays d'Amérique Latine et du tiers-monde à faire attention: "Si nous permettons cela, il n'y aura jamais de sécurité juridique, car le Tribunal de La Haye pourra toujours inverser la décision prise par des juges nationaux"

En tant que président de l'UNASUR, il va envoyer une lettre à tous ses membres. "Nous devons nous unir pour pouvoir affronter ces monstres qui nous croient encore leur chasse gardée, leur colonie, et pensent qu'ils peuvent piétiner notre dignité, notre souveraineté."

 

Source :  http://www.radiomundial.com.ve/yvke/noticia.php?455027

Traduction : Alma

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 15:52

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Politologue, Alain Rouquié est directeur de recherche émérite à la Fondation nationale des sciences politiques et de l’Amérique latine contemporaine. Ancien ambassadeur au Brésil, il est président de la Maison de l’Amérique latine à Paris.


Après des années 
de dictature, la démocratie a été rétablie dans les pays d’Amérique latine. Y a-t-il une permanence de cet héritage comme semble l’indiquer votre dernier ouvrage, À l’ombre 
des dictatures (1) ?


Alain Rouquié.


Ce que j’ai voulu dire, c’est que le passage des dictatures à la démocratie n’est pas simple. Après les dernières dictatures, notamment les plus féroces des années 1970-1980, au Chili, en Argentine ou en Uruguay, entre autres, des systèmes représentatifs libéraux ont été restaurés. Ce ne sont pas des démocraties comme les autres. Il y a un héritage multiple qu’on a tendance à ne pas considérer comme une dimension importante de la vie politique et sociale de ces pays. Voilà pourquoi j’utilise le terme « ombres ». Le cas limite est celui du Chili, où l’ancien dictateur a été, de 1990 à 1998, le commandant en chef de l’armée de terre, ce qui signifie que les militaires devaient loyauté à l’ancien dictateur et que le président n’avait aucun pouvoir. C’était inscrit dans la Constitution et dans les faits. Il y avait une espèce de bicéphalie, de double pouvoir anormal dans une démocratie. Pendant vingt ans, les différents présidents issus de la Concertation démocratique ont dû déminer cet héritage. On peut ajouter à cette situation le récit fait sur l’unité populaire, qui était le récit de la junte. Il est demeuré très longtemps  : les militaires refusaient toute responsabilité sur les victimes et les violations des droits de l’homme. Les valeurs dominantes sont restées très longtemps celles de la dictature. L’héritage est donc lourd à porter pour ces démocraties.


Les racines de l’Amérique latine sont aussi beaucoup plus anciennes… Cette année marque le bicentenaire des « indépendances » en Amérique latine, vous évoquez souvent Simon Bolivar et Tocqueville. À quels types de démocratie a-t-on affaire aujourd’hui  ?


Alain Rouquié.

Le paradoxe – et la singularité – de l’Amérique latine sur le plan démocratique, comparé à d’autres continents, est le suivant  : lorsque les États nations, ces nouvelles républiques, naissent entre 1810 et 1824, les dirigeants n’ont comme légitimité que la souveraineté populaire. Il n’y a rien d’autre. Il y a un régime représentatif, mais cela ne fonctionne pas – c’est ce que dit Tocqueville – parce que la société ne le permet pas. Cette société hérite de trois siècles de colonisation espagnole ou portugaise, elle est rigide, liée aux origines ethniques avec l’esclavage, les peuples premiers, les différentes catégories de migrants venus d’Europe. Il n’y a pas une égalité de conditions, qui est à la base de tout fonctionnement de l’ordre démocratique. Au départ, vous avez d’une part des constitutions représentatives, libérales, et d’autre part une pratique dévoyée, restrictive. Au XXe siècle, cette pratique se met en mouvement sous la pression sociale, des classes moyennes, des syndicats, et se met en conformité avec la Constitution. Mais les classes dominantes, voyant qu’elles perdaient le pouvoir, ont appelé les militaires pour arrêter çà, sous toutes sortes de prétextes, particulièrement par peur du danger communiste. Tout cela procède de cette histoire des XIXe et XXe siècles et de la singularité de ces sociétés et des valeurs politiques qui dominent l’Amérique latine pendant deux siècles.


Quelle est alors la marque 
des changements profonds auxquels on assiste aujourd’hui  ?


Alain Rouquié.

À partir du moment où le fantasme de la guerre froide disparaît, vous avez une avancée dans l’éducation, la vie sociale, les associations, l’urbanisation… Rien ne peut arrêter ni remettre en question la mobilisation sociale, l’exigence et la demande de citoyenneté. Les systèmes qui permettaient légalement de canaliser le vol comme le clientélisme entrent peu à peu dans une phase d’érosion. De ce fait, nous avons des sociétés très fluides, volatiles avec des systèmes institutionnels qui rendent possible le changement de dirigeants et de politiques. Et que les militaires ne peuvent plus remettre en question.


La volonté d’indépendance vis-à-vis des États-Unis, l’Amérique latine balayée par les politiques néolibérales dans les années 1980-1990 ont fortifié les aspirations populaires à la citoyenneté…


Alain Rouquié.

Oui. Dans les années 1980, on assiste à un épuisement du modèle économique autocentré d’industrialisation nationale. Le choix des classes dominantes est l’ouverture ultralibérale, les privatisations, l’amoindrissement de l’État. Certains sont allés très loin, pas tous comme le Brésil. Mais la Bolivie, l’Argentine ont ouvert à tout-va, avec des conséquences sociales très lourdes et d’importantes mobilisations. Aujourd’hui, il y a une réhabilitation de l’État dans tous les pays où il avait été remis en question et même démantelé. Grâce à cette réhabilitation – et aussi à une conjoncture internationale plus favorable –, les dépenses sociales ont été mises en œuvre. L’éducation et la santé sont devenues des priorités, la pauvreté a reculé considérablement. Au début des années 2000, quasiment 50 % de la population latino-américaine vivait en dessous du seuil de pauvreté. Au Chili la pauvreté a diminué de moitié. Le Brésil est passé de 44 % à 24 %. C’est encore beaucoup. Mais c’est très important, car quand on avance socialement, on avance aussi sur le plan politique.


Vous analysez longuement dans votre livre les pays « refondateurs » que sont le Venezuela de Chavez, la Bolivie de Morales et l’Équateur de Correa. Vous évoquez le « populisme »…


Alain Rouquié.

Oui. Généralement, on considère que, lorsqu’on a mis l’étiquette « populisme » sur ces trois pays qui ne se ressemblent pas du tout, on a résolu le problème. Cela ne signifie rien, si ce n’est que les personnes qui qualifient ces régimes de populistes ne les aiment pas. C’est péjoratif. Ce n’est pas un concept qui explique le contenu…


Comment alors percevez-vous 
ces trois pays  ?


Alain Rouquié.

Ils sont très différents. Ils ont en commun d’être refondateurs et réparateurs. Dans les trois cas, ils ont refondé le système politique avec une nouvelle Constitution. Seul trait commun, les trois connaissent de par leur histoire, leur population, leur économie, une crise profonde des partis politiques. En Équateur, Rafael Correa a mis fin à une instabilité politique tragicomique, il s’est appuyé sur une nouvelle Constitution, mais les organisations politiques ne sont pas encore reconstituées. Au-delà, vous avez des situations différentes. Le Venezuela est un pays de redistribution d’une rente  : le pétrole. Le problème avant Chavez était la concentration inacceptable de cette distribution de la rente aux mains de quelques-uns tandis qu’un immense secteur informel ne voyait pas les retombées de cette manne. La réparation actuelle est une meilleure redistribution, progressiste, plus égalitaire. La réparation dans le cas de la Bolivie porte sur la reconnaissance de ces populations vivant en marge de la société et du pouvoir depuis cinq siècles  : les communautés et les cultures indigènes. Aujourd’hui, une classe dirigeante totalement nouvelle est en place. C’est une immense révolution. Bien sûr, çà ne plaît pas à tout le monde, notamment les tensions sont vives avec les métis et les Blancs de l’est bolivien. Il faut beaucoup de doigté à Evo Morales pour maintenir démocratie et réparation. Les processus révolutionnaires dans un cadre démocratique, ce n’est pas facile.

Ces pays – Venezuela, Bolivie et Équateur – ont aussi un point commun  : leur anti-impérialisme, alimenté dernièrement par l’implantation de sept bases américaines tout autour de l’Amérique latine et le coup d’État au Honduras…

L’anti-impérialisme est une façon de parler du point de vue de ceux qui pensent que les États-Unis sont une menace pour eux. Ce n’est pas un concept descriptif mais un engagement. Je crois que si toutes ces évolutions vertueuses, positives, ont pu avoir lieu, c’est parce que les États-Unis se désintéressent de l’Amérique Latine. Ce n’est pas parce que Monsieur Chavez ou un autre tempête contre eux. Ce qui intéresse les États-Unis, ce sont l’Afghanistan, l’Irak, le Pakistan, le Moyen-Orient, la Chine. Mais l’Amérique latine, composée de pays démocratiques, désarmés, dénucléarisés, qui fonctionnent plutôt bien sur le plan économique, ne leur posent pas de problèmes. S’il devait y en avoir, ce serait avec le Mexique avec le narcotrafic. Qu’il y ait une sensibilité forte des pays latino-américains vis-à-vis de Washington, oui. C’est la première puissance mondiale. Leur sensibilité est d’autant plus vive qu’ils sont proches et qu’il y a le poids de l’histoire immédiate.


Mais les États-Unis tentent 
de reprendre pied et d’imposer 
leur hégémonie en Amérique latine, et passent des accords bilatéraux avec certains pays.


Alain Rouquié.

Absolument, mais comme tous ceux qui veulent exporter vers ce grand marché de 500 millions de consommateurs virtuels qu’est l’Amérique latine. Selon moi, ce sont les relations normales Nord-Sud. On fait la même chose avec les pays du Maghreb, d’Afrique et dans d’autres parties du monde. Il y a le pétrole, et le pétrole, c’est le Venezuela. Le paradoxe, c’est que ce pays a comme premier client les États-Unis. Outre le pétrole, il a aussi les minerais, le lithium demain. Nous ne sommes plus au temps de la guerre froide.


Comment appréciez-vous alors 
que tous les pays latino-américains s’unissent sans les États-Unis 
et face à eux  ?


Alain Rouquié.

Il n’y a aucune raison qu’ils s’unissent avec les États-Unis. Ils ont en commun un patrimoine et des valeurs culturels, historiques. Le groupe de Rio, créé en 1986, se réunit toujours sans les États-Unis. Il a été même formé contre les États-Unis, qui voulaient appliquer à l’Amérique centrale des solutions militaires, au moment de la révolution sandiniste au Nicaragua. C’est de là qu’est venue cette prise de conscience d’intérêts communs qui ne sont pas ceux des États-Unis. Mieux, ils ont fini par se faire accepter par Washington. On voit bien également que, dans le cadre de l’Unasur (Union des nations sud-américaines), les pays latino-américains mettent en œuvre des programmes en commun (comme les infrastructures routières) ou résolvent des problèmes locaux. Bolivar y pensait déjà. Mais il a fallu deux siècles pour arriver jusque-là.


Entre l’Amérique latine et les États-Unis, il y a un point sensible  : Cuba.

Alain Rouquié.


C’est vrai. La question est très sensible. Il est intéressant de relever dans la dernière période que c’est un gouvernement de droite, le Mexique, qui a fait clairement entendre que Cuba devait être accepté dans le concert des nations sud-américaines. Cuba est entré dans le groupe de Rio sous la présidence mexicaine. Tous les dirigeants ont fait savoir aussi qu’ils étaient opposés à l’embargo prolongé par Obama sans discussion. Il y a une solidarité entre les pays latino-américains qui partagent beaucoup de valeurs, d’histoire et de patrimoine commun. C’est irréductible à la relation avec les États-Unis. Même s’il est évident que beaucoup de Latino-Américains aimeraient mieux plus de démocratie dans l’île, il est vrai que Cuba garde une aura. Cuba est des leurs, on peut ne pas être d’accord mais c’est notre famille, disent-ils. Les Cubains ont longtemps résisté aux Américains. C’est notre petit frère, il ne faut donc pas y toucher.

 


Entretien réalisé par Bernard Duraud

(*) À l’ombre des dictatures. La démocratie en Amérique latine. Éditions Albin Michel, décembre 2009.

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 07:16

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Selon des sources parfaitement crédibles à Bogota, le président Alvaro Uribe se propose de terminer son mandat en beauté en s’installant au cœur d’une campagne médiatique internationale. Il s’emploie déjà à remettre à plusieurs Commissions rogatoires internationales, en Europe et en Amérique Latine, de soi-disant « preuves » afin que l’on enquête sur des Colombiens et des ressortissants de ces mêmes pays, en raison de leurs prétendus liens avec des « groupes terroristes » c’est à dire avec les guérillas colombiennes, et ceci, dans le but de les faire extrader.

Mais ce ne serait là qu’une partie de la stratégie, car l’objectif principal est de « démontrer » que les activités politiques et de solidarité de ces personnes se font avec la complicité des gouvernements du Venezuela et de Cuba. C’est Washington qui tire les ficelles de cette stratégie, avec le soutien sans faille du gouvernement espagnol.


Une nouvelle campagne massive de discrédit contre les gouvernements de Caracas et de La Havane est en cours de préparation. Nous avons déjà vu le scandale nauséabond organisé contre Cuba après la mort d’un délinquant de droit commun, travesti en « dissident politique ». Et nous voyons qu’en Espagne, on s’obstine à trouver des liens entre les FARC, l’ETA et la dite complaisance du gouvernement du président Chavez.


C’est pourquoi il ne faudra pas s’étonner si dans quelques jours ou quelques semaines, les médias commencent à publier à la une des articles sur ces connexions, en se fondant sur des informations communiquées par des sources « dignes de foi ». On peut déjà facilement imaginer leur contenu.


On dira que les « preuves » proviennent des ordinateurs de Raul Reyes, le chef guérillero assassiné. Evidemment, on omettra de dire que Noël Saez en personne, rien de moins que l’ancien consul de France à Bogota et ancien agent de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure Française, DGSE, envoyé par son gouvernement pour négocier la libération d’Ingrid Betancourt, les a qualifiées de « fausses » dans son livre L’émissaire.


Les grands médias ignoreront que le capitaine Ronald Ayden Coy Ortiz, de l’unité judiciaire antiterroriste de Colombie, la DIJIN, chargé de rédiger le rapport sur les ordinateurs, a déclaré, sous serment, qu’il n’y avait pas de courriers électroniques dans les ordinateurs en question et il a précisé : « Ce que Reyes gardait, c’étaient des archives Word et Microsoft ». Et comme chacun sait, leur contenu peut sans difficulté être manipulé ou même inventé.


D’autres « preuves » ne manqueront pas de provenir des confessions de prétendus éléments démobilisés des FARC ou de l’ELN. On ne citera pas leurs noms et à n’en pas douter, même au cours des procès, si procès il y a, on ne le fera pas. Evidemment, sous prétexte de garantir leur « sécurité ». Une telle pratique était tout à fait courante à l’époque reculée de l’Inquisition, ou pendant les dictatures pas si anciennes que cela, ou encore lors des « procès » des prisonniers de la base étasunienne de Guantánamo. Une pratique courante aussi en Colombie.


Les articles aux titres ronflants ou à la une des émissions de radio ou de télévision, raconteront aussi que les services de sécurité colombiens ont obtenu telle ou telle preuve « digne de foi », au terme d’années d’enquête « minutieuse ».


Voici ce qui risque d’arriver dans quelques jours.


Reste à savoir quels autres gouvernements, outre le gouvernement espagnol, seront disposés à mettre en accusation les résidents colombiens, ou leurs propres citoyens, et à les menacer d’être livrés aux redoutables autorités colombiennes. Pourvu que l’on « n’oublie » pas que ces « preuves » sont fournies par un gouvernement qui entretient – cela est prouvé de manière concrète, objective et exhaustive – des relations avec le trafic de drogue et le paramilitarisme, en plus d’être responsable de nombreux crimes de lèse-humanité, et d’être l’un des principaux acteurs des violations des droits de l’homme au monde.


Espérons que les intérêts économiques et la pression de Washington ne passeront pas avant l’éthique judiciaire et la conscience humaine et politique. Et que ces manipulations ne seront pas utilisées contre la souveraineté et la dignité du Venezuela et de Cuba.



*Journaliste et écrivain, collaborateur de Le Monde Diplomatique
(Traduction espagnol-français : Simone Bosveuil-Pertosa)

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 07:14

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Avec les élections législatives de septembre 2010 à l'horizon, la question va encore être posée au Parti Communiste Vénézuelien: pourquoi votre parti léniniste de 50 000 militants ne se fond-il pas dans le Parti Socialiste Unifié du Vénézuela (PSUV) et ses millions de membres?


Les deux partis ne partagent-ils pas les mêmes objectifs, la même perspective révolutionnaire?


Nous republions ici la réponse d'un dirigeant du PCV, Carolus Wimmer, qui défend avec résolution la raison d'être d'un parti communiste dans un processus révolutionnaire national-démocratique. La nécessité d'un parti marxiste-léniniste, qui définit sa politique en fonction de la lutte de classes, un parti dont l'objectif est l'abolition de la société capitaliste et non son aménagement, la construction d'une société meilleure, donc socialiste.

AC



Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Article de Carolus Wimmer, Membre du Comité Central du PCV, Secrétaire des Relations Internationales, Deputé du Parlement Latino-Américain, du 28 juillet 2008



Il ne s'agit pas seulement de théorie, le processus politique vénézuelien est un sujet d'actualité, lié à la pratique. On se pose la question: pourquoi le Parti Communiste du Vénézuela (PCV) n'a pas rejoint le Parti Socialiste Unifié du Vénézuela (PSUV), dont le président de la République Bolivarienne du Vénézuela, Hugo Chavez Frias a décidé la formation. Il y en a même pour dire que si il ne le faisait pas, le Parti Communiste du Vénézuela n'aurait pas de sens, serait liquidé dans le processus et réduit à néant, parce que la lutte pour le socialisme « reposerait tout entier entre les mains du PSUV ».



Cela paraît un argument apparemment logique, mais d'après moi il ne l'est pas. Le Parti Communiste du Vénézuela lutte et continuera à lutter pour le socialisme, quelque soit la position du PSUV, ou de quelque autre force qui se réclame de la transformation et de la liquidation du capitalisme.



Pour les communistes, le socialisme constitue une étape de transition vers une société plus juste – à notre avis – qui est le communisme. Donc, nous communistes, sommes les combattants les plus déterminés et les résolus dans la lutte pour le socialisme. La réalisation et la construction du socialisme nous rapproche de notre objectif, qui est de construire une société plus avancée que l'organisation socialiste, c'est-à-dire, le communisme, l'organisation communiste de la société. Pour l'expliciter: notre lutte pour le communisme nécessite une étape préalable, qui est le socialisme. Sous le socialisme, comme organisation de la production et de la distribution sociale de la production, la formation de base est: « de chacun (qui produit pour la société) selon ses capacités, à chacun selon son travail (rémunération pour son travail) »; cela constitue la base pour la construction de la société socialiste.



Sous le communisme, la formation de base est plus avancée et pose: « de chacun (qui produit) selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ». Cela suppose un haut niveau de développement de la société, de la productivité, permettant de satisfaire les besoins de la collectivité. Avancer vers la première étape, le socialisme, requiert un préalable: éliminer la propriété privée des moyens de production. Sous le capitalisme, on a la propriété privée des moyens de production. Les travailleurs vendent leur force de travail, ce qu'ils savent faire, ce pour quoi les propriétaires des moyens de production ne leur payent une partie de ce qu'ils produisent, par l'intermédiaire du salaire. Le reste devient plus-value, que s'approprie le propriétaire des moyens de production, ce qui constitue la base de l'accroissement de sa richesse



Voilà sur quoi repose la société capitaliste. Ceux qui possèdent les moyens de production s'unissent pour défendre cet ordre social qui leur permet de s'enrichir toujours plus. Et ceux qui sont exploités s'unissent pour se défendre contre cette exploitation et lutter pour un autre ordre social dans lequel il ne seraient pas exploités. Cette union entre exploiteurs est connue comme étant la classe sociale bourgeoise, la bourgeoisie, qui défend ses intérêts et cherchent à ce que les choses restent telles qu'elles sont. Et ceux qui travaillent et sont exploités constituent la classe ouvrière, le prolétariat, ils défendent leurs intérêts et veulent que la société change, avec l'extinction de la propriété privée, de l'exploitation et du capitalisme.



Les intérêts des deux classes sont antagonistes. C'est pour cela qu'elles luttent, principalement pour exercer le pouvoir de gouverner la société dans son ensemble. C'est ce qu'on appelle la lutte des classes. C'est justement ce que nous, marxistes-léninistes, considérons comme le moteur de l'histoire. Ce n'est pas le marxisme-léninisme qui est le moteur de l'histoire, mais bien la lutte des classes. Le marxisme-léninisme, ses formulations théoriques, sont seulement un instrument d'interprétation la réalité en mutation, un instrument d'interprétation et d'orientation pour la lutte, pour étudier la lutte des classes en des moments historiques déterminés et, par conséquent, il ne remplace pas la lutte des classes comme moteur de l'histoire. Voilà ce qu'est le « marxisme-léninisme »: un instrument qui s'est profondément enrichi à travers l'histoire et s'appuyant sur la dialectique, ce qui permet sa rénovation permanente.On ne peut donc pas parler du marxisme-léninisme comme d'un « dogme », ni de dogmatiques, comme on ne peut pas dire qu'il serait « dépassé ». Il n'est pas dépassé; au contraire, il se rénove, s'actualise, s'applique continuellement en accord avec les réalités. Il est dialectique, dynamique, en permanente interprétation des réalités de la lutte des classes. Et c'est en cela que, nous marxistes-léninistes, prenons parti pour les luttes du prolétariat et de la classe ouvrière contre le capitalisme. Nous sommes anti-capitalistes, combattant toutes les formes de capitalisme ou celles qui emmènent au capitalisme. Ce dont s'est servi Marx, à son époque, dans les conditions d'alors. Ce dont s'est servi Lénine, à son époque, dans les conditions d'alors. Ce qui sert actuellement de guide aux Partis Communistes du monde entier pour l'étude des conditions économiques et sociales, du développement respectif de la lutte de classes et pour la formulation de ses politiques à partir de la lutte de classes et de la défense des intérêts de la classe ouvrière, du prolétariat dans les luttes immédiates dans chaque pays, projetées vers la marche au socialisme puis au communisme.



Comme cela a été dit, le nouveau parti PSUV, « ne hissera pas la bannière du marxisme-léninisme, parce que c'est un dogme, parce qu'il est déjà dépassé »; cependant cela ne peut se décréter, on doit le démontrer scientifiquement, et cela personne n'a pu et ne pourra le faire, parce qu'il n'est ni dépassé ni un dogme. Que le nouveau parti PSUV ne l'adopte pas, ne l'utilise pas, qu'il le rejette ou l'exclut de ses rangs, c'est une question qui regarde ceux qui composent ce Parti. Ce même parti dont il a été dit, à plusieurs reprises, que l'adoption de ses orientations théoriques, politiques, son modèle organisationnel, etc., seraient horizontales et collectives, discutées par les candidats à l'adhésion, transformés en membre à part entière du processus des réunions de section, dans lesquelles ils discuteront et adopteront collectivement les orientations théorico-doctrinaires, la ligne politique, syndicale, etc., les statuts, l'organisation, le fonctionnement et, pourtant cela n'a pas eu lieu. Je veux dire que – l'analyse et la discussion horizontale – n'a pas eu lieu comme cela a été dit.



En tout cas, il y a eu de nombreux appels lancés au Parti Communiste du Vénézuela pour qu'il se dissolve et s'intègre au PSUV. C'était pour cela, pour ensuite qu'ils disent que nous devrions nous destituer de notre condition de communistes et de marxistes-léninistes? En vérité, cela démontre la nécessité de l'existence du Parti Communiste du Vénézuela, comme parti de la classe ouvrière, du prolétariat vénézuelien, comme garantie de l'utilisation du marxisme-léninisme dans l'orientation des luttes de classes et pour le socialisme, et marque la nécessité de son renforcement idéologique, politique et organisationnel, pour construire un grand Parti Communiste du Vénézuela, triomphant de tous les obstacles.



Et nous renvoyons au discours du Président Chavez, le 3 janvier 2008, où il reconnaît de manière auto-critique, un an après, la raison d'être du PCV et la nécessité de reconstruire le Pôle Patriotique comme une alliance entre le PSUV et le PCV.

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