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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 07:09

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Caracas, 7 avril, (RHC)--. Le président vénézuélien, Hugo Chavez, a appelé ses compatriotes à rester unis pour tenir tête à la vague d’agressions dont le Venezuela fait l’objet.

Il a souligné qu’il existe des preuves du fait que les tentatives d’assassinat contre lui, les faits de violence survenus à la frontière avec la Colombie, l’installation de bases militaires étasuniennes dans le pays voisin, les enlèvements et les violations de l’espace aérien vénézuélien font partie de tout un plan ourdi contre son gouvernement.

Il a attribué ces faits au désespoir de l’empire yankee pour renverser le régime social que s’est donné le peuple vénézuélien.

Au cours d’une allocution à la télévision depuis le Palais de Miraflores, le président Chavez a également dénoncé des actions d’espionnage qui ont pris pour cible les centrales électriques récemment installées pour pallier la crise énergétique et garantir le fonctionnement du pays.


Les autorités vénézuéliennes arrêtent 8 Colombiens accusés d’espionnage


Caracas, 7 avril, (RHC)--. Tareck Al Aissami, a annoncé l’arrestation de 8 ressortissants colombiens soupçonnés du crime d’espionnage. L’agence de presse bolivarienne signale dans une dépêche que ces Colombiens ont collecté des informations sur le système électrique vénézuélien.

Dans une allocution diffusée ce mardi par la télévision, le président Hugo Chavez a demandé au gouvernement colombien d’éclaircir pourquoi les espions présumés avaient sur eux des identifications de l’armée colombienne.

Il a précisé que les autorités vénézuéliennes ont procédé à l’enquête pertinente après l’arrestation de ces 8 Colombiens qui ont collecté des informations et pris des photos de centrales électriques récemment installées.

« Ils parcouraient le pays en prenant des photos de toutes les installations électriques au Venezuela » a relevé Hugo Chavez qui a précisé qu’un des détenus a déclaré avoir servi pendant plusieurs années à l’armée colombienne.

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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 11:44

 

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Ce texte de José Luis Rocha décrit la vie des ship-out nicaraguayens, ces jeunes femmes et jeunes hommes qui embarquent sur les navires de croisière avec des contrats de neuf mois. Les salaires offerts, beaucoup plus attractifs que ceux qu’ils peuvent espérer recevoir dans leur région d’origine, les poussent au départ. Cet article a été publié par le numéro 333 de la revue Envío (décembre 2009).


 

 

« Les étrangers qui voyagent à bord de navires de croisière et les personnes de la Côte qui embarquent sur ces navires de croisière pour les servir sont comme un livre. Et sur chaque page de chaque livre, il y a beaucoup d’histoires ». En voici quelques unes à lire.

« Mon parcours n’a rien de beau ni d’excellent. Il n’est pas laid non plus. Je suis parti à 17 ans. Je suis parti avec ma sœur et sans savoir que j’allais être embarqué. Ils m’ont entraîné ainsi, en criant : tu embarques ! Bon allons-y. Ce fut la fin de ma vie, la fin de ma jeunesse, parce que, lorsque tu grandis, tu te mets au niveau de personnes adultes, qui ont d’autres préoccupations que les tiennes. Et quand je suis arrivé au bateau, j’ai pensé : bienvenu en enfer… Mon histoire, comme je te le répète, est très longue. Je ne peux pas te la raconter. Je ne peux même pas te la résumer ». Voilà les paroles d’Álvaro Morgan, natif de Bluefields [1], âgé de 23 ans, embarqué en 1997 et débarqué huit mois après.


Poussés vers la mer, embarqués

« Je me suis embarquée en 2003 – me dit Jessica Gordon –. Avant je travaillais ici, comme secrétaire. Dans la capitainerie du port, j’ai travaillé comme promotrice technique et ensuite je me suis embarquée. Je suis partie avant tout pour le salaire. Je trouvais du travail, mais les salaires étaient trop bas. Ici je gagnais seulement quelque deux mille córdobas. Je voulais aussi tenter l’expérience. J’ai fait ma demande d’entretien, je devais remplir des papiers, après ils te convoquent pour un entretien… et je me suis retrouvée embauchée. Voilà maintenant six ans que je travaille à la Royal Caribbean ».

Cheveux blancs, 53 ans, Harvey Bradford se rappelle ses sept ans d’embarqué – de 1980 à 1987 – comme son âge d’or : « Je suis parti à 24 ans sur un navire de croisière de la Commodore Cruise Line. J’ai adoré ce style de vie. Ce fut épatant. La meilleure expérience que puisse avoir un homme dans sa vie, c’est d’être embarqué. Il y avait une nourriture de qualité et l’occasion d’aller d’un endroit à l’autre. J’ai visité Río de Janeiro, Belém, l’Île de Naranjo, Salvador de Bahía, Recife et Fortaleza au Brésil, Philadelphie, Miami, Jackson Village, Free Port, Nassau, Cozumel, Grand Cayman, Haïti, la Jamaïque, la République dominicaine, les Îles Vierges, la Martinique, Trinité, Porto Rico, Cuba, l’Uruguay, Buenos Aires, le Chili et plusieurs ports d’Amérique centrale sur le Pacifique. Chaque semaine je communiquais avec des centaines de personnes ».

Alvaro, Jessica et Harvey font partie d’un genre de migrants-transhumants sur lesquels on a peu écrit, ni au Nicaragua ni ailleurs. Ils sont ou ont été les ship-out boys and girls – les embarqués – à propos desquels beaucoup disent : « Il n’y a pas de famille à Bluefields, Laguna de Perlas, Orinoco et El Bluff qui n’ait au moins un ship-out ». (Quand je l’entends en créole cela donne « chipotte »).

Depuis des décennies les compagnies de bateaux de croisière – et depuis beaucoup plus longtemps les cargos – viennent recruter des Nicaraguayens de la Côte Caraïbe. La facilité avec laquelle ils peuvent transformer leur anglais créole en un anglais standard a été leur grand avantage comparatif. Ils leur établissent un contrat de neuf mois d’affilée et leur accordent ensuite entre deux et trois mois de vacances. Ce sont des gens de mer. Des pirates et colons britanniques, ils ont hérité les noms que nous voyons aujourd’hui briller sur les plaques de leurs maisons : Hodgson, Downs, Bradford, Bacon, Bent, Miller, Myer, Gordon, McField, Green, Jones, Ferguson, Robinson, Williamson, Lawrie, Grandison, Briton, Nelson, Pitts, Cuthbert, Brautigam, Downes, Quinn, Bowden, Halford, Rigby, Brown, Copper, Dixon, Hooker, Taylor, Archbold, Thomson, Kingsman, Hawkins…

Comme le Morgan de Steinbeck dans Cup of gold (« La Coupe d’or »), ils veulent dépasser leur horizon limité, quotidien, rompre avec leurs routines, fuir le lieu où « année après année, on engrange les récoltes et les vaches lèchent leur veau ; année après année on tue le cochon et on fume les jambons. Le printemps arrive, certes, mais il ne se passe rien ». La stagnation de l’économie familiale, la conviction que les titres universitaires sont dévalués et ne signifient rien sur l’étroit marché du travail de la Côte, les poussent vers la mer. Filles et garçons se lancent et naviguent parce qu’ils refusent de devenir ces déchets humains si bien décrits par le sociologue polonais, émigrant lui-même, Zygmunt Bauman.

 


Un excellent gisement de main-d’œuvre


Les compagnies de bateaux de croisière, depuis des décennies, recrutent garçons et filles de la Côte. Elles préfèrent les jeunes, à qui elles offrent du travail comme serveurs de restaurant, femmes de chambre, barmen, femmes de ménage. Elles les engagent pour leur maîtrise de l’anglais et de l’espagnol, pour leur capacité à fournir un effort physique et pour leur « disponibilité » à rester éloignés de leur famille.

Les navires de croisières sont apparus comme une opportunité qui étend les possibilités de travailler en un lieu au-delà des frontières, de la terre ferme et du continent. La terre nullement ferme – assez marécageuse, en réalité – de l’économie nationale n’offre pas de quoi vivre. Les ship-out doivent regarder et nager plus loin. Les habitants devenus invisibles de la côte du Guatemala, les Caracoles et Caracolas honduriens, les Créoles, Miskitos et Garífunas nicaraguayens sont un excellent gisement de main-d’œuvre pour les plus prestigieuses compagnies de navigation.

La Royal Caribbean et la Norvegian Cruise Line sont les plus agressives dans leur recrutement. Leurs itinéraires sont très cosmopolites, et il en va de même pour leurs équipages. La Royal Caribbean voyage de la Méditerranée à l’Alaska. Son navire de croisière Rhapsody of the Seas évolue aux environs d’Hawaï. Le Legend et le Brillance of the seas vont jusqu’en Chine. Le Splendour et le Vision of the Seas naviguent dans les eaux de la Méditerranée : Venise, Istanbul et autres villes légendaires figurent sur leur route. Les garçons et les filles de Bluefields qui travaillent pour la Norvegian Cruise Line ont voyagé à bord du Crown, du Dawn, du Dream, du Majesty, du Spirit et du Pride of America.

Sur le dos, avec les mains et au rythme des pieds des ship-out des Caraïbes et d’autres régions du globe, la Royal Caribbean a édifié une fortune et elle peut maintenant proclamer orgueilleusement le lancement à Miami du navire de croisière le plus grand du monde : l’Oasis of the Seas, un navire de 360 mètres de long, capable d’accueillir 5 400 passagers dans ses 2 700 cabines. Pour le moment, il est destiné aux seules Caraïbes, mais l’orgueilleux président de la compagnie, Adam Goldstein, a annoncé qu’à moyen terme ce navire s’aventurera dans les eaux de la Méditerranée.

 


Le tourisme officiel parie sur les navires de croisière


Toute la fanfaronnade autour de l’Oasis of the Seas et les 1 400 millions de dollars engloutis dans sa construction et ses aménagements ne peuvent cacher le coup que la crise économique mondiale assène sur les finances de la Royal Caribbean. Ses bénéfices ont chuté de 72% dans les neuf premiers mois de 2009. Son chiffre d’affaires a baissé de 10%, descendant à 1 763 millions de dollars, de sorte que son bénéfice net – de 230,4 millions de dollars (1,07 dollars par action) – a été très inférieur au bénéfice de 411,9 millions de dollars (1,92 dollar par action) pour la même période en 2008 À la fin de 2009, la Royal Caribbean espère un gain de 70 à 80% par action. Ces réalités et ces prévisions ont réduit de 5 cents la valeur de chaque action, montant relativement considérable sur des actions cotées à 19,28 dollars.

Faisant abstraction des signes des temps et des coups de roulis à Wall Street, les fonctionnaires de l’Institut nicaraguayen de tourisme (INTUR) continuent à parier sur le lustre et la splendeur des navires de croisière. Mario Salinas, directeur de l’INTUR, a prévu l’accostage au Nicaragua de 21 navires de croisière durant la période 2009-2010, un vrai record dans les ports du Pacifique nicaraguayen. Salinas a estimé que les navires de croisière transporteraient 91 885 touristes et génèreraient 2 324 000 dollars. Chargés de miroirs, de colifichets et de milliers de dollars, les 1 916 touristes – en provenance des États-Unis, du Canada et du Panamá – qui voyageaient sur le Zuiderdam, sont arrivés dans les premiers jours d’octobre et furent reçus sur le quai de Corinthe par le Président de l’Entreprise nationale des ports, Virgilio Silva, par des fonctionnaires de l’INTUR et par Enrique Saravia, maire de Corinthe. Au cours de la cérémonie de bienvenue, entre musique et danses folkloriques, le président-directeur de l’Entreprise nationale des ports remit une plaque de reconnaissance au capitaine du Zuiderdam.

Un impressionnant cortège et un pompeux cérémonial, puisqu’il s’agissait des fonctionnaires d’un gouvernement, celui du Nicaragua, dont le vice-chancelier considère la Hollande comme un pays de poche et dont le Président [2] considère dédaigneusement la coopération des pays européens comme des « miettes ». L’INTUR soutient que de chaque bateau descendent quelque 700 touristes, pour visiter les villes environnantes, et que chacun dépense une moyenne de 60 à 70 dollars en nourriture, « miettes » qui paraissent plus appréciables pour l’actuel gouvernement.

 


Mieux vaut être embarqué que diplômé


Cette histoire a une autre facette, la facette de ceux d’en bas, celle de ceux qui nettoient, servent, astiquent, chargent, portent et apportent. Durant des décennies, le chargé du recrutement pour la Royal Caribbean à Bluefields a été Wade Hawkins. Son nom était prononcé « ouédi »ou même « ouedí » et jamais « oueid ».

Mister Hawkins arriva à recruter jusqu’à 400 jeunes chaque année. À lui seul, il en a sans doute recrutés plus de 8 000. Si à ces derniers nous ajoutons les recrutés à Puerto Cabezas et la masse des travailleurs de la Norvegian Cruise Line, le chiffre explose. Cela signifierait-il – déduction faite des désertions, renvois et retraites - qu’il y a plus de 5 000 habitants de la Côte embarqués ? C’est possible. Il peut même y en avoir davantage. Quelques-uns des ship-out assurent qu’un bateau comptant 1200 employés peut avoir jusqu’à 300 Nicaraguayens originaires de Bluefields, El Bluff, Laguna de Perlas, Orinoco, Corn Island et Puerto Cabezas.

En 2006 le volume des recrutés a chuté : la Royal Caribbean a réduit son quota à 150 nouveaux contrats par an. Deux éléments ont provoqué le déclin. Du côté de l’offre de main-d’œuvre, la disponibilité croissante de Philippins et de Grecs acceptant de se contenter de salaires plus modestes. Du côté de la demande, la Royal Caribbean est devenue plus stricte dans sa sélection de Centroaméricains en raison de leur propension à intenter des procès à la compagnie pour réclamer des millions au titre de présumés accidents du travail.

Le recrutement continue. Il promet des ascensions vertigineuses : de cleaners à pool supervisors. La preuve de cette opportunité de gravir l’échelle est le fait que tous ceux qui ont derrière eux 20 ou 30 ans sur les navires travaillent comme surveillants de piscines. Ce qui intéresse l’entreprise, c’est la maîtrise de l’anglais. Peu lui importe que les recrues aient ou non le baccalauréat ou un cursus universitaire ; elle émet ainsi un signal sur le marché du travail qui éteint l’envie d’étudier.

C’est ainsi que le perçoit Jessica Clarence, de Bluefields, 30 ans, embarquée et débarquée : « Moi je travaille actuellement avec des jeunes. Mon rôle est d’écouter, surtout ceux de race noire. Je leur demande : qu’est-ce que vous voulez étudier ? Ils ont maintenant deux universités à Bluefields. Chaque jour il y a davantage d’options de carrières et ils n’ont pas besoin d’aller sur la côte Pacifique. Mais ils me disent : Je ne cherche pas à être diplômé en vue d’une carrière quelconque, car après mes études secondaires, je m’embarque, parce que là est l’argent. Voilà leur vision : terminer le secondaire et s’embarquer. Pourquoi vais-je étudier ? À quoi me sert d’étudier ? En fin de compte, je termine comment ici ? Conduisant un taxi, ce qui ne me rapporte rien. Et la mentalité des filles, la voilà : j’étudie, je m’habille bien et je cherche un embarqué qui m’entretienne. C’est une mentalité tellement… que souvent tu as envie de les étrangler ! Mais c’est cela la réalité actuelle, tout au moins pour ceux de ma race. Va dans les salles de cours de l’université et compte combien de Noirs il y a dans les sections. La majorité est métisse. Et si tu trouves des Noirs, ce sont des femmes. Les garçons n’aspirent pas à se dépasser, à se former à une profession. Le dépassement qu’ils lorgnent, c’est d’être embarqué.

 


« J’ai perdu tout mon temps sur ce bateau »


Avec un pragmatisme évident, Anel Howard exprime la logique des embarqués : « Là où je suis, j’ai vu des professeurs et même une fille qui avait travaillé au guichet d’une banque ». Le poste qu’il occupe n’est pas une profession. Il travaille en cuisine à laver des ustensiles, mais il gagne le triple de ce qu’il gagnerait à Bluefields. Il se moque bien de l’éducation. « J’ai arrêté les études pour la même raison. Car j’ai deux voisins qui ont passé presque dix ans à étudier à la BICU [Bluefields Indian and Creole University] et ils ont plus d’un métier, mais je gagne plus qu’eux. C’est pourquoi les gens se moquent bien de l’éducation. Ils veulent seulement savoir lire et écrire, comprendre, puis ils quittent le pays pour chercher du travail ».

Le bilan final, cependant, peut être négatif. Ce que l’on obtient ne compense pas ce que l’on abandonne, d’après l’expérience de Victor Bacon : « J’ai passé tant d’années à étudier… pour après partir sur un bateau. J’ai obtenu un diplôme en administration d’entreprises. Et quand j’ai été administrateur diplômé, je n’ai pas eu d’autre choix que d’embarquer : cinq ans de perdus. Toutes mes connaissances ne m’ont servi à rien. Là, j’ai perdu tout mon temps, j’ai perdu ma vie de famille et mes amis, je n’ai pas profité de ma jeunesse. Tu laisses tout derrière toi, et tu perds tout cela ».

Wilbert Gordon, 26 ans, décida d’embarquer après avoir observé les signaux du marché : « Je pense qu’étudier ne sert à rien. La famille investit et après tu te retrouves sans rien. Les gouvernements locaux ne font rien ici et ne peuvent rien faire. Ici, il n’y a rien pour les jeunes. Même s’il y avait des universités publiques favorisant les jeunes, il faudrait qu’à la sortie de l’université tu aies accès à un travail sûr, que l’on donne un bon salaire, une paye digne pour les jeunes. J’ai beau chercher ici, je ne trouve rien. Tant que l’on n’offrira pas aux jeunes des opportunités, ils continueront à s’embarquer.

Le même Wilbert Gordon a constaté, sur le navire à bord duquel il travaillait, les conséquences du manque d’études : « Il y a des jeunes gens qui postulent alors qu’ils n’ont même pas suivi les cours de la première année du secondaire. C’est la seule opportunité qu’ils avaient. On leur a donné leur chance et ils ont embarqué. Mais ils font pitié parfois parce qu’ils ne savent même pas écrire leur nom. Ils l’écrivent mais doivent passer une demi-heure à repasser les lettres. Il ne s’agit pas seulement de gens du Nicaragua, il y en a de Colombie, de San Andrés et d’autres îles des Caraïbes ».

Aucun des interviewés, garçon ou fille, n’a eu de formation préliminaire. Leur baptême du feu a lieu sur le bateau même, où les rares opportunités de formation qui se présentent sont calculées en fonction des seuls intérêts de la compagnie. « Je connais l’expérience d’un ami, raconte Wilbert Gordon. Un chef s’occupait de sa promotion et mon ami a demandé à recevoir une formation plus approfondie. On lui a donné une opportunité à Miami pour qu’il apprenne ce qui a trait au traitement des ordures. C’est-à-dire qu’il n’allait pas là-bas pour étudier ni pour obtenir un diplôme, mais seulement pour apprendre quelque chose au profit de la compagnie. Eux ne te donnent pas l’occasion de progresser ou d’être quelque chose dans la vie, ils te donnent seulement les opportunités qui sont axées sur leur propre profit. Je crois que ce n’est pas une opportunité, parce que s’ils te congédient et que tu postules ailleurs, tu reviens au point de départ ».

Le livre, très savoureux et coloré, de Deborah Robb Taylor, The Times and Life of Bluefields (« Époques et vie de Bluefields »), présenté comme un dialogue intergénérationnel, déplore la migration des natifs de Bluefields, qualifiée de fuite des cerveaux, et présente l’éducation comme un investissement pour promouvoir la migration. Les arguments ne lui manquent pas. Pourtant, il est certain que le bateau est aussi une école de cosmopolitisme…

 


« J’ai connu des gens qui ne s’attendaient pas à me connaître et j’ai beaucoup appris »


« Être sur un bateau c’est comme être dans un collège parce que tu apprends des choses, me dit Ludwig Wilson, jeune homme de Bluefields de 24 ans. J’ai des amis qui parlent d’autres langues et ils me les enseignent. Ils m’apprennent d’autres choses, ce qu’ils font, leurs cultures, leurs traditions. J’apprends d’eux et ils apprennent de moi. »

Voyage après voyage, un regard cosmopolite a enrichi peu à peu la perception du monde des ship-out : Leur ouverture aux étrangers, la conscience que les choses peuvent être et se faire de manières différentes, l’apprentissage d’autres langues, la diversité des paramètres de comparaison et l’orgueil de maîtriser deux langues et d’avoir vu Paris, Venise, Rome, Barcelone, Acapulco, la Russie, l’Australie, Amsterdam, Río de Janeiro, Philadelphie, Les Bermudes, l’Afrique, New-York… Quelques autres bénéfices de cet ordre sont recensés par Wilbert Gordon : « J’ai appris beaucoup de choses : j’ai appris à communiquer avec les gens, avec les jeunes, comment m’exprimer face à eux, le respect, la camaraderie, à pouvoir survivre sans ta maman et sans ta famille, parce que tu vas connaître des gens de 76 pays du monde. Sur ces bateaux, il y a des gens qui parlent différentes langues : il faut t’habituer à vivre ensemble. J’ai eu beaucoup d’amis originaires de l’Inde. Mes amis n’ont jamais été nicaraguayens ni caribéens, mais colombiens, chiliens, asiatiques ».

Quelques-uns gagnent la liberté que suppose le dépassement de la xénophobie, de cette volonté de ségrégation – parfois d’auto-ségrégation –, qui empêche de se lier et d’apprécier ceux qui sont différents. Victor Bacon a vécu cette expérience : « Des gens qui ne me connaissaient pas ou qui ne se seraient jamais attendu à me voir, qui étaient philippins, ont été ceux qui m’ont apporté leur aide. Pour moi, ce sont les gens les meilleurs du monde. Ils ne m’auraient jamais laissé mourir, pourtant je n’étais ni de leur sang ni rien du tout ». Harvey Bradford corrobore cette appréciation, mais il l’étend à tous les Asiatiques : « Asians are the best people to work with » [« Les Asiatiques sont les meilleurs collègues de travail »].

Jessica Downs valorise surtout le monde de relations qui s’est ouvert pour elle : « J’ai établi des liens avec des filles d’autres pays et ça c’est très bien passé. J’ai des amis de la Jamaïque, de Roumanie…Et comme on change ! On échange des idées et jusqu’à la nourriture parce que tout est différent. Je n’ai pas à me plaindre, car la cabine où je vis est pour deux personnes, et finalement je me suis mieux entendue avec des gens d’ailleurs qu’avec mes compatriotes ». L’ouverture à l’étranger a aidé beaucoup de ship-out à se dépouiller de leur chauvinisme et non seulement ils tolèrent et respectent les différences, mais ils les apprécient et les vantent. Voilà déjà des décennies que les ship-out ont initié leur processus de globalisation avant la lettre [en français dans le texte].

 


Les dures contraintes de la ville flottante


Le prix à payer pour cette globalisation se calcule en travail sonnant et trébuchant. « J’ai vécu une autre expérience, se souvient Wilbert Gordon. Ce n’est pas la même chose d’être à terre et là-bas. Là-bas, en mer, tu ne vois pas le soleil. Tu passes 24 heures à travailler dans cette ville flottante ». Une fois embarqués, les ship-out ont à peine le temps de respirer. Ils travaillent plus de 10 heures par jour. À ces horaires ordinaires ils ajoutent des heures supplémentaires afin d’arriver à une paye décente. La dépense d’énergie est continuelle et les droits du travail sont réduits au minimum. Les femmes enceintes et les malades ne reçoivent aucun subside. Les victimes d’accidents reçoivent une indemnisation relativement symbolique ou, en tout cas, non conforme à la législation en vigueur.

Il n’y a aucune garantie de continuité. Les contrats ne vont jamais au-delà des neuf mois. Les compagnies se réservent le droit de renouveler ou non le contrat des ship-out après leurs « vacances », qui sont en réalité un subterfuge pour échapper aux obligations patronales liées à un contrat permanent. La temporalité du ship-out, bien qu’il appartienne à un groupe qui touche du doigt la globalisation et atteint un niveau de gain bien supérieur à la moyenne des Nicaraguayens, ne le libère pas des chaînes que traînent les migrants : tâches en dessous de leur niveau de préparation, violation des droits de base du travail, instabilité de l’emploi, éloignement de la famille – qui parfois devient désintégration familiale – et discrimination avec connotations racistes.


Toujours sur la brèche pour satisfaire les clients


Le témoignage d’un ship-out qui a demandé à être identifié comme « Advisor » (« conseiller ») a révélé bien des pénuries dont on souffre dans la ville flottante. Advisor a gravi rapidement les échelons, passant en seulement six mois de hotel cleaner (homme de ménage) à room service attendant (garçon d’étage) puis à pool supervisor(surveillant de piscine). Advisor a consacré 12 de ses 39 ans à travailler sur les navires de croisière de la Royal Caribbean et a été le témoin de l’assaut du capital contre la main d’œuvre.

La compagnie n’a jamais été très généreuse quant aux salaires. Entre 1997et 2001, la majeure partie des revenus venait des heures supplémentaires. Qui ne faisait pas d’heures supplémentaires se condamnait à une paye en dessous du seuil de survie. Après l’attaque terroriste du 11 septembre, les conditions ont empiré. Les revenus ont commencé à dépendre essentiellement des fluctuants et hasardeux pourboires donnés par les clients. La compagnie prit aussi prétexte des attentats contre les Tours jumelles pour supprimer les 280 dollars habituellement accordés aux travailleurs pour leurs vacances. Mais le fait de dépendre des pourboires est comme jouer à la roulette. « Je sais ce que je dois faire, explique Advisor, pour satisfaire les clients. Mais quelques-uns sont peu sympathiques. Et nous ne pouvons rien leur demander. Nous, nous ne pouvons qu’être aimables, et cela dépend de ta personnalité. Il faut être sympathique, professionnel et humble. Tu ne dois pas attendre que ton client te demande de le faire. C’est toi qui dois charger ses bagages. Si tu fais une erreur, tu t’en vas. Ils m’utilisent pour leurs affaires et je dois répondre à leurs attentes. On reçoit habituellement 3,5 dollars par passager et par jour, mais souvent tu ne reçois rien ».

Après chaque période de vacances, les ship-out doivent payer le billet de retour au bateau : par exemple de Miami à Barcelone. Ils doivent payer billet, hébergement et alimentation dans des villes coûteuses jusqu’au départ du navire. Mais le pire arrive les jours d’embarquement et de débarquement. Ils doivent préparer les chambres en un temps record, un exploit impossible à réaliser sans l’engagement de personnel auxiliaire, qui est finalement payé de la poche des room service attendants. Le jour de l’embarquement, Advisor paie 120 dollars à une personne qu’il charge de mettre de la glace dans les chambres et de les nettoyer. Autrement il n’aurait pas les chambres prêtes pour 13h pile. Tous les 11 jours il dépense 110 dollars pour payer ses collaborateurs. « Comme je suis responsable du transport des valises, explique-t-il, je dois donner 20 dollars à un bagagiste quand je n’ai pas le temps de porter moi-même tous les bagages dans les chambres ».


La deuxième partie sera publiée dans le numéro de mai.

 



 Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 3101.
 Traduction de Sylvette Liens pour Dial.
 Source (espagnol) : Envío, n° 333, décembre 2009.

En cas de reproduction, mentionner au moins l’auteur, la traductrice, la source française ([Dial - http://enligne.dial-infos.org) et l’adresse internet de l’article.

Les opinions exprimées dans les articles et les commentaires sont de la seule responsabilité de leurs auteur-e-s. Elles ne reflètent pas nécessairement celles des rédactions de Dial ou Alterinfos. Tout commentaire injurieux ou insultant sera supprimé sans préavis.

Notes

[1] Bluefields est la capitale de la Région autonome de l’Atlantique Sud, dans le sud-est du pays. Du fait de la présence historique des Anglais dans la région, 85% de ses habitants sont bilingues : ils parlent l’espagnol et l’anglais créole.

[2] Daniel Ortega.

 

http://www.alterinfos.org/spip.php?article4209

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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 09:44

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 PROPOS RECUEILLIS PAR BERNARD PERRIN    

La Bolivie va vivre, ce dimanche 4 avril, son dixième scrutin populaire en... dix ans! Cette intense participation démocratique du peuple, notamment marquée en 2008 par un référendum révocatoire (qui a confirmé Evo Morales dans ses fonctions avec plus de 67% des voix) et en 2009 par l'approbation de la nouvelle Constitution (une première en Bolivie), devrait une fois encore démontrer la suprématie du parti du président, le Mouvement vers le socialisme (MAS). Après la réélection historique d'Evo Morales en décembre dernier, avec plus de 64% des suffrages, l'enjeu sera cette fois-ci de traduire l'hégémonie nationale au niveau des 337 municipalités (élections des maires et de 1800 conseillers municipaux) et des neuf départements (élection des gouverneurs).
S'il ne fait aucun doute que dans l'occident andin, soit les départements de La Paz, Oruro et Potosi, le parti au pouvoir obtiendra une fois de plus une très nette majorité, la région de l'Oriente sera davantage disputée. Le Beni et Santa Cruz devraient demeurer les principaux bastions de la droite conservatrice opposée aux réformes d'Evo Morales, malgré une constante progression du MAS lors des derniers scrutins.
Mais la fameuse media luna (demi-lune), que formaient symboliquement les cinq départements du nord, de l'est et du sud opposés au président Evo Morales lors de son premier mandat, semble avoir perdu son éclat. Les sondages annoncent en effet que plusieurs pièces de ce puzzle imaginaire pourraient passer dans le camp de «l'officialisme», du parti au pouvoir. La réalité électorale est donc en train d'enterrer l'idée de «deux pays distincts» construite par la droite conservatrice et autonomiste .
Au-delà du scrutin du 4 avril, quels sont les défis qui attendent aujourd'hui le MAS, le parti fondé dans les années 1990 par les planteurs de feuilles de coca, qui a construit une hégémonie nationale en englobant en son sein tous les clivages de la société bolivienne? Politologue, notamment auteur avec Pablo Stefanoni de Nous serons des millions, Evo Morales et la gauche au pouvoir en Bolivie, Hervé Do Alto apporte quelques pistes de réflexion.

Quatre mois après la réélection triomphale d'Evo Morales et l'obtention d'une majorité des deux tiers au parlement, pourquoi ces élections départementales et municipales sont-elles importantes pour le président et son parti?

Hervé Do Alto: Il y a clairement un fossé jusqu'à présent entre le champ politique national, où le MAS a construit une hégémonie qui s'exprime à travers la personnalité charismatique d'Evo Morales, et la réalité de l'implantation locale. Le MAS est un parti fondamentalement de souche paysanne. Il est né des mobilisations des planteurs de feuilles de coca dans les années 1990 et s'est étendu à d'autres secteurs ruraux. Il a donc toujours connu une certaine difficulté à s'implanter dans les villes. Comment se convertir en un parti ayant un certain enracinement urbain alors que le discours s'adresse en premier lieu aux paysans? En 2004, le MAS n'avait gagné aucune grande ville, et en 2005, il n'a obtenu la majorité que dans trois des neuf départements. L'enjeu de ces élection est donc de voir s'il est désormais capable de s'étendre aux centres urbains...



Selon les sondages, la droite devrait conserver le département de Santa Cruz. Observe-t-on toujours une fracture entre l'occident andin et l'orient amazonien?

Santa Cruz n'est que l'un des départements de l'est du pays... Lorsqu'on regarde l'ensemble de la media luna, on constate que les sondages donnent une majorité de voix au MAS dans trois des cinq départements, soit Chuquisaca, Pando et Tarija, qui apparaissent comme les maillons faibles de la droite. La situation est différente à Santa Cruz. Dans ce département, le thème de la propriété de la terre tient une importance centrale, plus par exemple qu'à Tarija ou Pando. A Santa Cruz, on trouve aussi une véritable bourgeoisie, une oligarchie dont les intérêts sont directement liés aux transnationales. L'entreprise pétrolière française Total, par exemple, y a son siège. Malgré sa déroute électorale totale en décembre au niveau national, la droite continue d'y posséder une force suffisante pour affronter la croissante hégémonie du MAS.

Source : le courrier

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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 09:43

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La Paz, 5 avril, (RHC)--. Le MAS, le Mouvement vers le Socialisme, parti au pouvoir en Bolivie, est en tête dans 5 des 9 régions du pays. L’opposition l’emporte à Santa Cruz et Béni. Dans deux autres les résultats sont très serrés.

Les sondages réalisés à la sortie des urnes et dont les résultats ont été diffusés par les chaînes de télévision ATB et Unitel, donnaient en effet gagnant le parti du président Evo Morales dans cinq des 9 régions que compte la Bolivie.

Evo Morales a appelé opposants et sympathisants à travailleur en faveur de la société.

Parmi les victoires les plus importantes du MAS, se trouvent celles des Etats de La Paz et de Cochabamba où l’opposition avait tenté de torpiller le gouvernement populaire par l’organisation de référendums sur la politique de l’administration d’Evo Morales.

« L’opposition devrait comprendre que le processus de changement ne peut pas être stoppé » a déclaré le président.

A Chapare, dans le département de Cochabamba, où il a exercé son droit de vote, le président bolivien a d’autre part mis l’accent sur le rôle de l’ALBA, l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique, dans l’intégration solidaire des pays membres et pour la refonte de l’Amérique Latine.

Aristides Royo, ambassadeur de l’OEA, l’Organisation des Etats Américains en Bolivie, sous son chapeau d’observateur des élections et le tribunal électoral ont confirmé que la consultation s’est déroulée dans le calme.

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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 06:53

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Depuis la farce électorale du 29 novembre 2009 destinée à blanchir le coup d’Etat militaire du 28 juin contre le président Manuel Zelaya, la « médiacratie » a bien fait les choses : avec la bénédiction des Etats-unis et de l’Europe, le Honduras aurait retrouvé la démocratie.

Or, voilà que les masques du prétendu « gouvernement de réconciliation nationale » tombent. Comme dans les années 1980, le pouvoir a entrepris une campagne de liquidation sélective des militants et dirigeants du Front national de résistance populaire (FNRP), à travers des escadrons de la mort qui sévissent en toute impunité. Le 23 mars, le professeur Manuel Flores a été abattu dans son établissement, San José de Pedregal, devant ses élèves et collègues. Dirigeant syndical du Collège des professeurs de l’enseignement secondaire, il était également membre du Parti socialiste centraméricain. Le 26 mars, des journalistes du Canal 4 de Juticalpa, Ballardo Mairena et Manuel Juarez, ont été criblés de balles par des hommes armés qui leur avaient tendu une embuscade. Ces deux morts s’ajoutent aux cinq journalistes assassinés en quelques mois par le régime du président Porfirio Lobo.

Le 25 mars, onze dirigeants syndicaux de l’Enseignement supérieur de l’Université nationale autonome du Honduras (UNAH) ont été arrêtés, ligotés et enchaînés comme des malfrats. Dans le département d’Atlantidá, cinq paysans ont été abattus depuis le début de l’année, dont José Antonio Cardoza et José Carias, du Mouvement unifié des paysans d’Aguán (Muca). Le défenseur de la forêt, Francisco Castillo, a également été liquidé.

La haut-commissaire aux droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU), Mme Naty Pillay, a demandé le 15 mars que s’ouvre une enquête sur « les cas de violations du droit à la vie, torture, arrestations arbitraires et viols » au Honduras.

Le coup d’Etat préventif du 28 juin 2009 était bien un avertissement à tous les peuples d’Amérique latine, une tentative de coup d’arrêt, d’intimidation envers l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), et visait à refaire du Honduras le gendarme américain en Amérique centrale.

Renforcée, plurielle, inventive, non-violente, l’opposition hondurienne, rassemblée au sein du FNPR, ne désarme pas. Elle va entreprendre, d’avril à juin, une grande consultation nationale pour recueillir les signatures de 30 % des électeurs en vue d’exiger une Assemblée constituante débouchant sur la refondation du pays, par l’élaboration d’une constitution ayant désormais pour garant le peuple et non l’armée et l’oligarchie.

L’Union européenne se tait ; elle a repris tant ses relations avec Tegucigalpa que les négociations commerciales avec l’ensemble de l’Amérique centrale – dont fait partie le Honduras – pour signer en mai prochain un traité de libre commerce.

Jean Ortiz

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1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 08:22

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Le long métrage FARC-EP : L’insurrection du XXIème siècle tente de répondre à ces questions, en soumettant à la discussion, la propagande baroque et maccarthyste lancée depuis les USA. Pour cela l'équipe de cinéma « Glauber Rocha », constituée par des cameramen de divers pays d'Amérique latine et d'Europe, pénètre dans la jungle, parcourt les cordillères et les montagnes, en montrant de l'intérieur, comme jamais on n’a pu le voir, la vie quotidienne dans les camps des FARC-EP. Le documentaire, qui dure presque deux heures, comprend des interviews des principaux commandants guérilléros du secrétariat les FARC-EP et de nombreux témoignages de combattants de base, des paysans et des jeunes des zones urbaines du Parti Communiste Clandestin de Colombie (PCCC), ainsi que des séquences sur le rôle fondamental des femmes dans la lutte de la guérilla, des indigènes et des peuples originaires, le problème du narcotrafic, le para-militarisme, les prisonniers de guerre, les nouvelles bases militaires usaméricaines et la violation systématique des droits de l’homme appliquée par le terrorisme d'État dans la patrie du leader indépendantiste Simón Bolívar...

Les médias de la puissance impériale ont depuis toujours occulté, mais pire, ils ont déformé les combats des peuples dans toutes les parties du monde. Aujourd'hui en Colombie l'ostracisme et la manipulation médiatique est si grossière qu'elle a obligé une équipe de cinéastes d'aller à la rencontre des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie-Armée du peuple. Ce documentaire édifiant, en treize parties (poids oblige), tourné au fin fond de la jungle et des montagnes de Colombie, montre l'idéal, la vie, le combat des FARC-EP pour une société d'égalité, de solidarité, de liberté et de paix pour le peuple dont ils font partie : la Colombie. Une image bien loin des caricatures de terroristes, que l'empire Yankee et que les successifs gouvernements colombiens, ont imposé et imposent à leurs médias internationaux inféodés.

Pour regarder  les videos sur le blog d'Esteban le tacle cliquez sur ce lien .

Traduction FR et sous-titrage : Esteban


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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 08:53

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« Une fois que vous aurez vu ce documentaire, votre Coke n’aura plus jamais le même goût. »

Ainsi débute le synopsis du récent documentaire L’affaire Coca-Cola réalisé par German Gutierrez et Carmen Garcia, deux montréalais engagés et mettant en scène le directeur de l’organisation Stop Killer-Coke, Ray Rogers .

Si vous pensez que l’époque des Western est terminée, détrompez-vous. Le Far West contemporain se situe en Colombie, où la filiale de Coca-Cola mène une lutte acharnée contre le syndicalisme pour faire régner les lois du marché. L’empire de la boisson gazeuse est soupçonné d’être impliqué dans l’enlèvement, la torture et le meurtre de huit chefs syndicaux. L’opération est simple. Pendant les négociations pour de nouvelles conditions de travail, des militants de partis extrémistes financés par différentes entreprises, y compris Coke, intimident les employés et les organisations syndicales pour interrompre les pourparlers. Coca-Cola est ainsi accusée de s’être servie de groupes paramilitaires pour arriver à ses fins.

 

Ces évènements font partie d’un phénomène plus vaste en Colombie. En effet, il est dangereux de défendre les droits des travailleurs dans ce pays. Depuis 2002, pas moins de 470 syndicalistes ont été assassinés. Ces meurtres mettent en péril l’existence même des syndicats dans ce territoire d’Amérique du Sud. Que je sois bien clair, ce n’est pas le siège social de la compagnie Coke à Atlanta qui commande ces meurtres et ces enlèvements. Mais c’est de la responsabilité de celle-ci de s’assurer que cela ne se produise pas dans les filiales que la compagnie contrôlent. Il suffirait pour Coca-Cola de retirer la licence en Colombie jusqu’à ce que de nouvelles mesures soient prises.

 En attendant, le documentaire L’affaire Coca-Cola suit la saga judiciaire de deux avocats américains qui poursuivent la compagnie pour qu’elle soit responsable de ses actes à l’extérieur de la juridiction américaine. Les deux hommes exaspérés essaient de stopper l’hémorragie qu’une entreprise de leur pays a causée. Cette affaire est pour moi la conséquence d’un capitalisme sauvage. Quand avons-nous, comme société, accepté d’abdiquer contre une fabrique de boissons gazeuses ?

Qu’on se le tienne pour dit. La société Coca-Cola n’a pas que du rouge sur son logo. Elle en a aussi sur les mains.

http://films.onf.ca/l-affaire-coca-cola/

Source : agora vox

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30 mars 2010 2 30 /03 /mars /2010 08:25

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AFP - Deux journalistes ont été tués par balle vendredi au Honduras, ce qui porte à cinq au total le nombre de journalistes assassinés dans ce pays au cours du seul mois de mars, a-t-on appris de source officielle.

Les deux journalistes voyageaient à bord de leur voiture dans le département d'Olancho (est) quand des inconnus ont ouvert le feu dans leur direction à partir d'un autre véhicule, dont les assassins "sont même descendus pour achever leurs victimes", a déclaré à la presse Rigoberto Contreras, chef des pompiers de Juticalpa, une ville située à 200 km à l'est de Tegucigalpa, la capitale.

Bayardo Mairena, qui animait des programmes à la radio et à la télévision locales, a été tué sur le coup, et Manuel Juarez, son assistant, a succombé à ses blessures peu après à l'hôpital, a précisé le chef des pompiers qui a ajouté qu'on ignorait les motifs de ces assassinats.

Ils surviennent après une série de meurtres de journalistes commis ce mois-ci. Le 15 mars, Nahum Palacios Arteaga, 34 ans, a été abattu dans sa voiture à Tocoa (nord). Il travaillait pour une radio et une télévision locales. "On a vraiment voulu le tuer, la voiture présentait 41 impacts" de balles, a expliqué un porte-parole du ministère de la Sécurité.

Le journaliste et un de ses confrères avaient reçu récemment des menaces téléphoniques leur enjoignant de cesser de "défendre les pauvres", selon le Comité pour la liberté d'expression, organisation privée de défense de la presse.

Depuis le coup d'Etat qui a renversé le président Manuel Zelaya le 28 juin 2009, "Nahum Palacios Arteaga avait été victime de mauvais traitements et de vexations de la part de militaires qui lui avaient confisqué ses instruments de travail", a précisé le comité dans un communiqué.

Le 11 mars, le journaliste David Meza, 51 ans, a été tué par balle dans sa voiture à La Ceiba, port de la côte atlantique, à 500 km au nord de Tegucigalpa. Il était correspondant pour une radio et une chaîne de télévision de la capitale.

Le 2 mars, un autre journaliste, Joseph Hernandez, 26 ans, a été tué à Tegucigalpa par des coups de feu qui avaient blessé Karol Cabrera, une éditorialiste qui a attribué cette attaque à des partisans de l'ex-président Zelaya.

Source : France24

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30 mars 2010 2 30 /03 /mars /2010 08:18

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TEGUCIGALPA, 25 mars. — Plusieurs milliers de personnes ont défilé jeudi dans la capitale hondurienne pour protester contre la vague de répression et les politiques néolibérales qui touchent particulièrement les pauvres, selon une information de l’agence Prensa Latina (PL).

Manifestation géante contre la répression au HondurasCet imposant rassemblement a été convoqué par le Front national de résistance populaire (FNRP), une vaste alliance des forces progressistes qui a vu le jour quelques heures après le putsch du 28 juin dernier.

Avec pour point de départ l’Université pédagogique nationale, la manifestation a déferlé dans plusieurs avenues de la capitale avant de déboucher sur un rassemblement devant l’Université nationale autonome (UNAH).

Depuis le 23 février, l’Université est occupée par ses employés qui sont en grève pour exiger la signature d’un nouveau contrat collectif prévoyant des hausses de salaire. Dans son allocution, le coordinateur général du Front Juan Barahona a réclamé la libération des 15 dirigeants syndicaux universitaires arrêtés hier sous l’accusation de sédition et d’usurpation de fonction.

Barahona a exigé du gouvernement l’arrêt des programmes de privatisation de la UNAH, des entreprises d’Etat et autres, destinés à détruire les conquêtes sociales et à brader les ressources naturelles du pays.

Il a également confirmé la solidarité du Front avec les paysans qui luttent pour la terre, notamment ceux de Valle de Aguan, dans le nord du pays, qui sont victimes de tueurs à gages engagés par les propriétaires terriens.

Le dirigeant universitaire Eulogio Chavez a condamné la répression brutale du régime contre ses opposants, dont la victime la plus récente est le professeur José Manuel Flores, assassiné mardi dernier par des hommes cagoulés.

Source : Granma

 

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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 19:07
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La CELAC représente une victoire des peuples d’Amérique latine contre l’hégémonie du capital et du gouvernement US

AUTEUR:  João Pedro STÉDILE

Traduit par  Armando García. Édité par Fausto Giudice


La journée du 23 février [2010] restera dans l'histoire de l'articulation entre les gouvernements et les peuples latino-américains. La tenue réussie d'une conférence continentale, avec la participation des 33 chefs d'États de tous les pays -à l'exclusion du Canada et des USA-, a marqué, par le biais de la fondation de la Communauté des États latino-américains et caribéens (CELAC), la mort politique de l'Organisation des États Américains (OEA) et le commencement d'une nouvelle étape d'intégration politique entre les Latino-américains eux-mêmes.

Un peu d'histoire

L’OEA avait été fondée le  30 avril 1948,, dans le contexte de l'hégémonie politique et militaire des USA sur l'Amérique Latine et dans le climat de Guerre Froide récemment initiée contre les gouvernements socialistes de l'Est et les forces populaires de nos pays. 21 pays de tout le continent, tous subordonnés aux intérêts de l'empire du nord, participèrent à la conférence fondatrice.

L'objectif était clair : avoir un mécanisme juridique qui permette de soumettre les gouvernements d'Amérique Latine et de la Caraïbe aux intérêts du capital US. Et mettre en pratique la théorie de Monroe : « L'Amérique pour les Américains »... du nord !

Et il en fut ainsi. Le gouvernement US transforma l'OEA et les gouvernements subalternes en marionnettes à la solde de ses intérêts. Celui qui dépassait la ligne était puni. Ils utilisèrent l'OEA, tout au long de ces décennies, pour justifier des putschs militaires et des interventions dans presque tous les pays  -1954 au Guatemala, 1965 en République Dominicaine, ainsi que plusieurs dans les années 1970. En 1962, ils expulsèrent Cuba de l'organisation après que la  Révolution se fut proclamée socialiste ! On se souvient que, plus récemment, le représentant de l'OEA fut le premier à s'adresser au putschiste Pedro Carmona en tant que président après le coup d'État du 11 avril 2002 au Venezuela. En 2009, les efforts de l’OEA pour empêcher le maintien du régime putschiste au Honduras furent ridicules. Tout le monde savait que le complexe industriel et militaire des USA était à l'origine du coup d'État.

Dans le domaine économique, l’OEA parraina, dans les années 1960, l'Alliance pour le Progrès comme réponse aux avancées révolutionnaires dans la région. Dans les années 90, elle parraina les initiatives US de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA)[1]. Dans ses objectifs statutaires figure la promotion du « libre-échange » dans la région.

Les années ont passé : l’OEA a été discréditée et mise politiquement en déroute. Elle a même essayé d'ouvrir les portes à Cuba -qui a fièrement refusé de revenir.  Et la défaite imposée dans la rue par les mobilisations populaires contre la ZLEA et le putsch militaire au Venezuela atteignent à présent les salons diplomatiques.

Décision historique

Lors d'une conférence historique tenue uniquement entre les présidents latino-américains, même avec la participation de gouvernements de droite comme ceux du Mexique, de Colombie et du Panamá, et hormis le gouvernement illégitime d'Honduras -mais acceptant le Honduras en tant que peuple-, les présidents ont pris une décision historique : fonder une nouvelle conférence d'États latino-américains, sans la présence du Canada et des USA.

Naissance de la CELAC

La CELAC représente la victoire des peuples d'Amérique Latine sur l'hégémonie du capital et du gouvernement US. Elle équivaut à la récupération du beau rêve de Simon Bolívar qui convoqua en 1826, à Panamá, un congrès latino-américain pour créer une conférence unificatrice des peuples du Sud aux fins d'affronter les empires. Bolívar a enfin vaincu Monroe.

La CELAC est le fruit de beaucoup d'efforts antérieurs, tout au long de l'histoire. La première conférence politique de la CELAC, à caractère constitutif, est déjà décidée. Elle a été fixée de manière significative en juillet 2011, bicentenaire du début de l'indépendance des pays d'Amérique Latine, et se tiendra à Caracas, au Venezuela -la terre de Simón Bolívar.

Parallèlement à cette conférence et à l'articulation institutionnelle des États latino-américains, la construction d'une intégration plus politique et populaire est également en marche : l'ALBA-TCP. La Alianza Bolivariana para los pueblos de nuestra América / Tratado de Comercio de los Pueblos[2] récupère l'esprit de Bolívar, Martí, Mariátegui, Che Guevara, Allende, Marighella, Prestes, Jacob Arbenz, Haydee Santamaría et tant d'autres, pour nous construire une grande patrie latino-américaine.

Une patrie avec un peuple et un territoire unis, intégrés par la complémentarité de ses richesses naturelles, de sa force de travail, de sa culture, dans un effort commun pour la construction de sociétés plus justes, égalitaires et fraternelles -au sein desquelles la priorité sera donnée aux personnes et à la justice sociale, et non au luxe et au profit.

Le chemin vers la construction de l'ALBA et de la CELAC est long, mais nous pouvons déjà, au moins, fêter une petite victoire : Bolívar a mis en déroute la théorie de Monroe - du moins au niveau diplomatique.

 


Source : Brasil de fato Éditorial du n° 366 - Bolívar derrotou Monroe

Article original publié le 4/3/2010

Sur l’auteur

Armando García et Fausto Giudice sont  membres de Tlaxcala, le réseau international de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le réviseur et la source.

URL de cet article sur Tlaxcala :
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=10214&lg=fr
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