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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 07:38
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 BENITO PEREZ    

L'Irak n'est pas le seul pays en guerre à chercher son salut dans les urnes. Une semaine après les Irakiens, les Colombiens sont appelés dimanche à renouveler leur parlement sous la menace des armes. Mais davantage qu'en Mésopotamie, les racines du conflit ont été soigneusement écartées du débat électoral colombien, obnubilé par la question sécuritaire.
Une enquête du Courrier révèle pourtant l'ampleur de la razzia en cours dans ce pays. Plus de 40% de ce territoire grand comme deux fois la France est creusé, exploré ou convoité pour ses minerais1. Sans égards pour la population rurale, l'environnement ni même la Constitution.
Les années qui viennent seront cruciales pour les communautés concernées par l'expansion minière. La plupart des demandes de concession sont encore à l'étude ou attendent une hausse des prix mondiaux pour être revendues aux vrais maîtres d'oeuvre transnationaux. Dans un contexte de guerre, couverture idéale de toutes les exactions, la résistance s'annonce ardue.
Malgré ses débats tronqués, le scrutin de dimanche constitue quand même un événement en soi. Les Colombiens y prendront congé d'une des plus grandes farces «démocratiques» de l'histoire: en quatre ans, plus de quarante députés et sénateurs – 20% des élus fédéraux! – ont dû quitter leur siège pour une cellule de prison, au motif qu'ils avaient lié leur ascension politique aux paramilitaires. La plupart n'ayant obtenu leur siège que grâce au soutien musclé de ces milices liées aux grands propriétaires et aux transnationales et auxquelles la justice colombienne impute plus de trente mille assassinats.
Par ailleurs, ces législatives se tiennent à dix semaines d'une présidentielle disputée sans Alvaro Uribe. Après avoir débarrassé le pays de son bipartisme de façade, le leader populiste laisse le jeu politique plus ouvert que jamais.
Reste que l'émergence d'un pouvoir représentatif n'est pas non plus à l'ordre du jour. Même atténuées, les accointances entre partis, mafias et paramilitaires demeurent bien réelles sur le terrain. Selon la Mission d'observation électorale (MOE), pas moins de quatre-vingts candidats de la coalition présidentielle sont suspectés de liens avec les «paras»! Pis, cette organisation indépendante, qui traque l'influence de la corruption et des acteurs armés sur le scrutin, estime que le vote risque d'être faussé dans un tiers des municipalités... Quand on sait que moins de la moitié des citoyens se rendent aux urnes, on mesure la légitimité limitée du futur parlement colombien.
Note : [1] Ce chiffre ne tient pas compte du secteur pétrolier, le troisième d'Amérique du Sud.

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13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 10:16
Capture.JPGJuan Manuel Santos
benito perez    

COLOMBIE - Alvaro Uribe a adoubé un ticket ambigu chargé de lui succéder: l'ex-ministre de la Défense Juan Manuel Santos et l'ex-syndicaliste Angelino Garzón.
L'après-Uribe a commencé. Deux semaines après que la justice a contraint le président à renoncer à une troisième réélection, son poulain Juan Manuel Santos est déjà sur orbite. Lundi, l'ex-ministre colombien de la Défense était désigné par le Parti social de l'union nationale (La U) d'Alvaro Uribe comme son candidat à l'élection présidentielle du 30 mai. Hier, fidèle à la stratégie du brouillage des cartes de son mentor, M. Santos désignait l'ex-syndicaliste Angelino Garzón comme colistier, candidat à la vice-présidence. Juan Manuel Santos, 58 ans, avait renoncé à son poste ministériel en mai 2009, se réservant la possibilité d'être candidat au cas où son patron ne parviendrait pas à modifier la limite constitutionnelle des mandats. Le chef des armées bénéficiait alors d'une cote de popularité élevée, liée aux coups portés aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Issu d'une dynastie bourgeoise de Bogotá, petit-neveu d'un président de la République et cousin germain de l'actuel vice-président, Juan Manuel Santos fut journaliste au sein du groupe de presse familial propriétaire d'El Tiempo, avant de se lancer en politique sous la bannière libérale. Ministre du Commerce durant la présidence du centriste César Gaviria (1990-1994), il a ensuite lié son destin à Alvaro Uribe, fondant La U autour du président lui aussi en rupture avec son parti. Selon un sondage Ipsos Napoleon Franco publié début mars, le candidat de La U obtiendrait au premier tour 23% des suffrages, ce qui le place en tête, devant le candidat de gauche Gustavo Petro, mais loin des 46% encore attribués par les sondeurs à Alvaro Uribe le mois dernier.
Face à ce hiatus, M. Santos a immédiatement placé sa campagne sous la bannière sécuritaire et invoqué l'aura de son leader. «Avoir le président Uribe pour ministre de la Défense serait un sacré honneur», a-t-il déclaré hier, laissant entrevoir une solution à la russe1... A quatre jours des législatives, M. Santos a aussi voulu mettre une pierre dans le jardin du Pôle démocratique alternatif (PDA), le parti progressiste émergent, en désignant un homme venu de la gauche, Angelino Garzón, comme colistier. Actuel ambassadeur auprès de l'ONU, cet ex-gouverneur du Valle del Cauca est un converti de fraîche date à l'«uribisme». Ancien syndicaliste, Angelino Garzón avait même occupé des fonctions dirigeantes au sein de l'Union patriotique, un mouvement de gauche radical décimé par les paramilitaires à la charnière des années 1980 et 1990. Et bien qu'il ait officié ensuite au sein du cabinet conservateur d'Andres Pastrana, M. Garzón affirmait encore il y a peu voter PDA aux élections...
A l'heure où les Colombiens doivent réélire des assemblées parlementaires dont un cinquième des sortants ont fini en prison pour leurs liens avec les paramilitaires, la carte Garzón montre que M. Santos n'a rien à envier au sens tactique de son mentor. BENITO PEREZ
Note : 1 Où l'ex-président Vladimir Poutine est désormais premier ministre.

Source : Le Courrier

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11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 07:24

honduras-mujer-panoleta-roja-contra-el-golpe

Tegucigalpa, 10 mars, (RHC)--. Le Front National de la Résistance Populaire du Honduras a annoncé la réalisation d’une consultation populaire sur la convocation d’une assemblée constituante pour la refonte du pays.

Dans un communiqué, cette organisation qui s’est créée spontanément tout de suite après le coup d’Etat contre le président Manuel Zelaya, précise que la consultation aura lieu le 28 juin, pour le premier anniversaire du putsch.

Appuyé par les chefs des partis traditionnels, les grandes entreprises et l’église catholique hondurienne, le coup d’Etat a empêché la tenue, le 28 juin 2009, du référendum organisé par le gouvernement du président Zelaya sur la constituante.

Dans son communiqué, le Front de la Résistance Populaire signale que cette consultation « représente la volonté pressante du peuple de construire une démocratie véritable et de transformer le système d’injustice et de répression installé par l’oligarchie »

 

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8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 07:15
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COMAGUER

Le sommet des Etats de l’Amérique Latine et de la Caraïbe qui s’est réuni à Cancun (Mexique) le 22 Février a jeté les bases d’une nouvelle organisation politique régionale excluant les Etats-Unis et le Canada.

Appelée CELAC (Communauté des Etats de l’Amérique latine et de la Caraïbe), elle sera constituée officiellement en 2011 et constitue un tournant très important dans la vie du continent : le refus de voir les Etats-Unis faire plus longtemps la loi dans leur arrière cour.

Un journaliste brésilien a remarquablement résumé cet évènement en disant que la CELAC est LA REVANCHE DE BOLIVAR SUR MONROE

Les Farc-EP, démontrant une nouvelle fois leur capacité d’analyse et d’intervention politique se sont adressées aux 33 Etats et aux 22 Présidents réunis à Cancun et ont tiré profit de la marginalisation d’URIBE qui selon le témoignage public d’EVO MORALES n’a participé qu’aux repas et aux photos officielles. Nous reproduisons le document des FARC tel qu’il a été publié en Colombie par un quotidien et une agence de presse.

Traduction COMAGUER

Dans un communiqué du Secrétariat de l’état-major central des FARC, en date du 22 février, les commandants de la guérilla la plus ancienne et la plus importante d’Amérique latine, ont demandé aux participants au sommet de Cancun « de proposer leurs bons offices pour promouvoir leur reconnaissance en tant que force belligérante » comme une première étape vers une solution politique au conflit armé interne qui ensanglante la Colombie depuis 46 ans.

Dans leur message, les FARC ont réitéré leur proposition pour un échange humanitaire de prisonniers (NDT : dans la suite du texte le terme « échange » fait toujours référence à l’échange de prisonniers) contre des guérilleros emprisonnés. Cela « permettrait, non seulement la libération des prisonniers de guerre des deux côtés, mais aussi de progresser dans l’humanisation du conflit, et certainement d’avancer dans la voie d’accords définitifs, » ont-ils ajouté.

Suit la déclaration complète qui a été rendue publique le mardi Mars 2 sur internet :

Mémorandum pour un échange sur le conflit colombien

Point 1 - Nous avons toujours cru à une solution politique au conflit. Même avant l’attaque de Marquetalia et pendant ces 46 années, nous l’avons exprimé à plusieurs reprises et lutté.

Point 2. Nous ne sommes pas bellicistes, ni ne combattons pour des vengeances personnelles, nous n’avons ni biens matériels ni privilèges à défendre, nous sommes depuis l’origine des révolutionnaires engagés, à la recherche d’une société juste et souveraine ; profondément humanistes, dépourvus de tout intérêt personnel mesquin, qui aimons notre pays par-dessus tout et sommes contraints de faire la guerre à une classe dirigeante à genoux devant l’Empire, qui a systématiquement utilisé la violence et les attentats individuels comme arme politique pour s’accrocher au pouvoir depuis le 25 Septembre 1828, quand elle tenta d’assassiner le Libérateur Simon Bolívar, jusqu’à aujourd’hui, où elle pratique le terrorisme d’État pour maintenir le statu quo.

Point 3. La difficulté qu’a eue la Colombie pour parvenir à la réconciliation par le dialogue et les accords a été le concept de paix oligarchique du régime, qui n’accepte que la soumission absolue de l’insurrection au soi-disant « ordre établi », ou comme alternative « la paix des tombes ».

Point 4. Nous n’avons pas lutté toute notre vie contre un régime d’exclusion, violent, corrompu, injuste et antipatriotique, pour maintenant revenir à lui, sans changements dans sa structure.

Point 5. En Colombie, beaucoup d’hommes bons, compétents, qui souhaitaient un pays meilleur et qui ont combattu par des moyens pacifiques, y compris Jaime Pardo Leal, Bernardo Jaramillo, Manuel Cepeda et d’autres, ont été tué avec préméditation, de façon ignoble et lâche par les services de renseignements de l’État alliés aux paramilitaires et aux gangsters, ennemis du peuple dans un génocide sans précédent qui a liquidé physiquement une dynamique d’ensemble du mouvement politique en pleine croissance : l’Union Patriotique.

Cette stratégie de terrorisme d’État a échoué dans la recherche de solution politique à La Uribe sous les gouvernements de Belisario Betancur et de Virgilio Barco et, à Caracas et au Mexique, pendant le gouvernement de M. César Gaviria.

Point 6. Dans le Caguan, comme l’a reconnu dans son livre et dans ses déclarations publiques le Président Pastrana, le régime ne cherchait qu’à gagner du temps pour reconstituer une force militaire en difficulté avec un calendrier, des directives, des instructions et des fonds de la Maison Blanche, intégrés dans le Plan Colombie et imposés par l’administration de Bill Clinton pour faire avorter une solution politique démocratique au conflit en Colombie et pour commencer leur campagne pour contrecarrer les changements progressistes entamés sur le continent. Le processus de diabolisation Caguan était condamné avant qu’il ne commence, comme l’a confirmé l’ancien président Pastrana car son gouvernement n’a jamais cherché à ouvrir la voie vers la paix, mais à renforcer et à affiner son appareil de domination pour continuer la guerre.

Point 7. Ces précédents n’éliminent pas les possibilités d’une solution politique au conflit colombien. Ils démontrent bien sûr l’intention quasi nulle de l’élite colombienne de mettre un terme à son hégémonie et son intolérance envers les autres courants ou options de l’opposition politique qui remettent en question son système politique et son alignement international sans réserve sur les intérêts impériaux des États-Unis , au détriment de notre souveraineté et à l’encontre des intérêts les plus chers de la nation et la patrie.

Sa conception de l’exercice du pouvoir est marquée et soutenue par la violence, la corruption et la cupidité et ceci rend très difficile une issue sans effusion de sang, qui de toute manière continuera à demeurer la bannière des FARC - EP et certainement de vastes secteurs de la population qui, finalement, sont ceux qui ressentent sur leur humanité les effets de l’hégémonie oligarchique.

Point 8. Les intérêts des différents secteurs sociaux sont contrecarrés en permanence. Dans certaines circonstances et dans des périodes particulières l’oligarchie exerce à fond sa dictature, par l’oppression , la répression et la guerre sale qui se développe disqualification depuis l’État sur eux de différentes manières, sans ripostes de la majorité d’entre eux , à d’autres périodes, les réactions sont importante, mais non suffisantes, dans d’ autres enfin , l’ énorme accumulation de facteurs de mécontentement conduit à une réponse populaire puissante. Nous comprenons que les intérêts des différents secteurs dans une société comme la nôtre, sont constamment en conflit. Mais parler en Colombie de post-conflit n’est que propagande.

Point 9. Cette réflexion est pertinente car les causes profondes de l’insurrection armée dans notre pays sont encore plus fortes et plus pressantes qu’il y a 46 ans, ce qui requiert, si nous voulons bâtir un avenir sûr de gouvernement démocratique, de plus grands efforts plus, de la générosité, des concessions, de la largeur de vues et une d’imagination réaliste pour s’attaquer à la racine des problèmes et non aux effets de ceux-ci.

Point 10. Après 12 ans d’offensive totale contre les FARC - EP par le gouvernement des États-Unis et l’Etat colombien, les assassinats officiels, de véritables crimes contre l’humanité, faussement présentés aujourd’hui sous un jour positif, la terreur croissante des bandes criminelles sous le nouveau masque du narco paramilitarisme, la truculence nauséabonde du président pour se maintenir au pouvoir par la tricherie, la corruption effrénée de gouvernement et des entreprises privées qui en échange de la même corruption soutiennent le gouvernement avec des milliards de dessous de table, l’invasion éhontée de la Colombie par l’armée des gringos et l’injustice sociale croissante avec un chômage élevé, pas de santé pour la majorité, avec d’énormes déplacements internes, avec un salaire minimum ridicule par rapport aux énormes profits des banquiers, des propriétaires fonciers et des compagnies multinationales et après avoir raboté, avec une réforme du code du travail, les plus importantes conquêtes sociales des travailleurs de la campagne et la ville, tout a été fait pour créer un terrain fertile pour la croissance de l’insurrection révolutionnaire.

Deuxième partie :

1. Le Conflit armé en Colombie a de profondes racines historiques, sociales et politiques. Il n’a été ni l’invention d’un démagogue, ni le produit d’esprits sectaires, ni une conséquence de certaines spéculations théoriques, mais le résultat et la réaction à certaines formes de domination imposées par les classes dominantes dès l’origine de l’Etat nation dont l’axe a été la violence terroriste systématique, organisée par l’État, particulièrement au cours des 60 dernières années.

2. Le dépasser par des moyens pacifiques, suppose qu’il y ait une volonté totale préalable pour aborder les questions de pouvoir et de système politique, si la volonté est d’aboutir à des solutions solides et durables.

3. Nous avons affirmé le besoin, pour commencer, de parler pour parvenir à des accords d’échange (de prisonniers), qui ne seraient pas seulement la liberté des prisonniers de guerre des deux côtés, mais des progrès dans l’humanisation du conflit et certainement un pas vers des accords définitifs.

4. Parler et chercher ensemble des solutions aux problèmes majeurs du pays ne doit pas être considéré comme une concession de quiconque, mais comme un scénario réaliste et praticable pour tenter, encore une fois, d’arrêter la guerre entre Colombiens dans la civilité des dialogues.

5. Se réunir pour des entretiens sur les échanges (de prisonniers) et sur f le règlement politique suppose des garanties entières pour le faire sans aucune pression, en tenant pour acquis que ceux qui peuvent le garantir sont exclusivement le gouvernement en place, s’il a la volonté de trouver les chemins du dialogue.

6. Notre volonté historique et permanente de trouver des scénarios de convergence à travers le dialogue et la recherche collective d’accords de coexistence démocratique ne dépend pas de circonstances particulières ou de la corrélation des forces politiques, elle est simplement une partie ferme de notre programme.

7. Au cours des 45 dernières années, nous avons été soumis à toutes sortes d’offensives politiques, propagandistes et militaires, avec la présence ouverte ou souterraine du Pentagone, à toutes sortes d’ultimatums et de menaces des autorités civiles et militaires, à une agression terroriste permanente sur la population civile des zones dans lesquelles nous opérons, etc., qui n’ont pas aucunement ébranlé notre détermination et notre volonté de combattre, par tous les moyens qui nous restent , pour une Colombie souveraine, démocratique et de justice sociale.

8. Nous comprenons les dialogues, la recherche des voies vers la paix, non comme une négociation, parce qu’elle n’en est pas une, mais comme un vaste effort collectif pour parvenir à des accords qui rendent possible de s’attaquer aux causes profondes du conflit colombien.

Troisième partie :

Nous FARC, sommes une riposte à la violence et à l’injustice de l’Etat. Notre insurrection est un acte légitime, un exercice du droit universel donné à tous les peuples du monde à se révolter contre l’oppression. Nous avons appris De nos libérateurs que « lorsque le pouvoir est oppressif, la vertu a le droit d’anéantir » et que « l’homme social peut comploter contre toute loi positive qui tient son cerveau enchainé

Comme le proclame le programme agraire de la guérilla, les FARC "Nous sommes une organisation politique militaire qui recueille les drapeaux bolivariens et les traditions libertaires de notre peuple de lutter pour le pouvoir et de permettre à la Colombie d’exercer pleinement sa souveraineté nationale et de rendre effective la souveraineté populaire. Nous nous battons pour l’établissement d’un régime démocratique qui garantisse la paix et la justice sociale, le respect des droits de l’homme et le développement économique et le bien être pour tous ceux qui vivent en Colombie. "

Une organisation avec de tels buts, qui recherche la réalisation du projet social et politique du père de la République, le Libérateur Simon Bolívar, rayonne dans sa tactique et sa stratégie un caractère politique impossible à réfuter. Seul le gouvernement de Bogota, qui agit comme une colonie de Washington, nie le caractère politique du conflit. Il le Fait dans le cadre de sa stratégie de guerre sans fin pour refuser la solution politique que revendique plus de 70% de la population. Cette stratégie vise notamment à imposer par la force une sécurité pour l’investisseur antipatriotique concept imaginé par les stratèges du Commandement militaire Sud des États-Unis, qui relègue au second plan la dignité de la nation.

Pour le gouvernement d’Uribe, il n’y a pas de conflit sociopolitique en Colombie, mais une guerre de l’Etat contre le terrorisme, et avec ce présupposé, complété par la manipulation très intense de l’information, il croit avoir la justification et la carte blanche pour développer sa terreur d’État contre la population, et refuser la solution politique et le droit à la paix.

Maintenant que la Colombie est un pays officiellement envahi, occupé par les troupes étasuniennes, cette orientation absurde se voit renforcée, ce qui entraîne l’aggravation du conflit.

Uribe n’est mandaté par ses maîtres à Washington ni pour l’échange ni pour la paix.

Le président de la Colombie crée des fantasmes pour justifier son immobilisme dans les échanges de prisonniers : « que l’accord implique une reconnaissance du statut de belligérant de l’adversaire et que la libération de guérilleros entrainerait une très grande démoralisation des troupes » C’est sa façon d’entraver la voie de la compréhension. Cette intransigeance inutile du gouvernement a été la cause profonde du maintien en captivité des prisonniers des deux côtés. Quand Bolivar a signé l’armistice avec Morillo en Novembre 1820, il proposa au général espagnol de profiter de l’état compréhension qui prévalait pour s’entendre sur un traité visant à stabiliser la guerre « en vertu des lois des nations civilisées et des principes libéraux et philanthropiques ». Son initiative fut acceptée, conduisant à l’échange de prisonniers, à la récupération des corps des personnes tuées dans l’action, et au respect des civils non-combattants.

Comme Uribe est loin de ces impératifs éthiques de l’humanité !

Sans aucun doute, Uribe associe le règlement politique à l’échec et la futilité de sa doctrine de sécurité nationale et à la triste fin de sa frénésie guerrière pour écraser, par la force des armes, le mécontentement social grandissant. Il ressemble à un soldat japonais de la Seconde Guerre mondiale seul sur une île, tirant sur des ennemis imaginaires au milieu de sa folie.

Nous réitérons aux participants à cet échange sur le conflit colombien, les observations faites récemment aux présidents de l’UNASUR et de l’ALBA : « ... Avec un Uribe plein de frénésie de guerre et enhardi par les bases américaines, il n’y aura pas de paix en Colombie ni de stabilité dans la région. Si rien ne freine le bellicisme aujourd’hui renforcé, le drame humanitaire de Colombie va augmenter dans des proportions dantesques. Il est temps pour notre Amérique et pour le monde de tourner leur regard sur ce pays violenté par le pouvoir. la Colombie ne peut pas être condamnée éternellement à d’être le pays de « mensonges positifs », de l’assassinat des milliers de civils non combattants par la force Publique, des fosses communes , de la dépossession des terres, du déplacement forcé de millions de paysans, des arrestations massives de citoyens, de la tyrannie et de l’impunité des auteurs de ces crimes protégés par l’Etat. "

Nous demandons aux participants à cet évènement d’offrir leurs bons offices pour promouvoir la reconnaissance du statut de belligérant aux FARC, base de la solution politique du conflit. Ce serait le début de la marche vers la paix en Colombie. Si nous voulons parler de paix, les troupes américaines doivent quitter le pays, et M. Uribe abandonner sa campagne digne de Goebbels de qualification des FARC comme terroristes. De notre côté, nous sommes prêts à affronter le débat sur l’organisation de l’Etat et de l’économie, sur la politique sociale et sur la doctrine qui guidera les nouvelles Forces armées de la nation.

Très sincèrement vôtres

Compatriotes,

Secrétariat de l’état-major des FARC.

Montagnes de Colombie , 22 Février 2010

Original en espagnol Publié sur les sites internet

http://www.eltiempo.com/colombia/po...

http://www.anncol.eu/noticias-del-m...

URL de cet article
http://www.legrandsoir.info/Les-FARC-EP-s-adressent-aux-chefs-d-etat-de-l-Amerique-latine-et-de-la-Caraibe-reunis-a-Cancun.html
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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 14:18
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De Grégoire Souchay dans Escapades Bilivariennes
Je dois vous avouer que je ne suis pas tout à fait au meilleur endroit pour observer la révolution bolivienne.
C'est un peu comme si j'avais choisi l'Alsace-Lorraine pour faire une étude sur l'athéisme en France.
Ou la Vendée pour évoquer la Commune de Paris ...
Bienvenue en Amazonie bolivienne, entre la province du Beni et celle du Pando, dans cette media luna (demi lune), qui avec la région de Santa Cruz forme l'arc oppositionnel du pays.Dans une ville reliée au reste du pays (et du monde) par une route, une seule, ou plutôt un sentier de terre qui traverse la ville en direction de la frontière du Brésil toute proche.
Riberalta, (Rive-haute), à la confluence des fleuves Beni et Madre de Dios.

Dans cette zone, pendant des siècles, l'on a exploité, jusqu'à il y encore 50 ans, le caoutchouc, comme disent les locaux, la goma, que ce soient les boliviens comme les étrangers. L'économie était florissante, le paternalisme économique aussi. Et puis la goma fut gommée, la ressource a été épuisée à force de surexploitation, les entrepreneurs sont partis, la pauvreté est revenue, ou plutôt a juste continué, la richesse des terres ne profitant qu'aux riches. Quand aux habitants originaux, les "indiens", ils étaient mis en esclavage pour mles plus pacifistes ou torturés et massacrés pour plus véloces. Vient depuis lors l'industrie de la cacahuète, la cascarra, florissante, fournissant une manne financière énorme, elle fonctionne toujours aussi « bien » aujourd'hui.
Quelle que soit la période, le modèle est le même : les maitres sont quelques grandes familles, richissimes et qui détiennent tout. D'une part l'économie, la richesse et avec elle la survie physique de la population, mais plus encore le contrôle des propriétaires des moyens de production porte la vie elle-même. Allant jusqu'à décider de qui se marie avec qui. Et bien entendu de pour qui voter lors des élections. "Indien" et "paysan" sont toujours des injures, pour la majorité de la population. Au niveau de la vie quotidienne, tout est à faire : eau potable, électricité, égouts, aménagement du territoire, routes, … Mais peu importe, la population a survécu ainsi pendant 200 ans, elle peut bien continuer encore un quelques décennies.

Au cœur de ce tiers de quart-monde, les produits les plus visibles se nomment Kawasaki et Toyota, les motos, quasi unique moyen de transport et symbole de reconnaissance sociale, à l'exception de quelques 4x4 pour les plus aisés, ou de simples vélos pour les plus pauvres. Le plus souvent ceux-là n'ont que leurs jambes pour se déplacer. Les paysans sont comme de coutume soumis au patronage des propriétaires terriens, à la monoculture de la cacahuète et la dépendance perpétuelle. S'ils tentent de sortir du cadre obligatoire, ils sont vite rappelés à la raison puisqu'il en coûte plus d'être transporté à la ville que de vendre ses quelques plants de manioc (la yucca) au marché. Le "choix" entre la mort miséreuse dans la dignité et la survie sous dépendance perpétuelle est vite réglé, il faut bien bouffer. Et pourtant avec le climat, il serait possible de faire deux à trois récoltes de céréales à l'année. Mais l'exploitation des terres agricoles est consacrée à l'élevage de bétail, sur des kilomètres de terres libérés grâce à la déforestation.

Le plus gros problème est finalement que la population a intégré totalement jusqu'au plus profond de sa conscience ce lien de dépendance qu'elle doit au maitre, si bien qu'elle se retrouve démunie lorsqu'elle se trouve devant la nécessité de s'organiser collectivement. Et qu'un bon tiers des paysans ayant recu des terres de l'Etat ne les cultivent tout simplement pas, préférant encore acheter leur subsistance à la ville et laisser inactif leur petit bout de terrain. Et de se propager un peu plus dans les villes le discours sur la fainéantise et l'incapacité des paysans et des indiens ... 
Les travailleurs sont d'abord ceux de la cacahuète, très nombreux, exploités, sans syndicat sinon patronal et non organisés. Les lois du travail ont beau avoir été votée à la Paz, ils semblent qu'elles ne soient pas encore arrivées ici. Il faut dire qu'elles n'étaient d'aucune utilité, la population ne sachant ni lire ni écrire jusqu'à l'arrivée récente des programmes gouvernementaux qui ont depuis, fait positif, délivré le territoire de l'analphabétisme.
Les rapports humains s'organisent ainsi : dis moi qui t'emploie, je te dirais ce que tu penses. La parole d'autorité reste en premier lieu celle du maitre, du patron, puis celle de l'archevêque, du gouverneur, et enfin l'évêque et le maire. Au delà, il faut se rendre dans les quartiers pauvres où un embryon d'organisation populaire existe avec les présidents de quartier, qui défendent les intérêts du voisinage, mais qui ici n'ont que très peu de marge de manoeuvre.

Au niveau politique ce n'est guère plus glorieux. Le MAS est arrivé depuis peu, à construit quelques routes, mais la province comme la mairie sont toujours d'opposition. Fin 2008 ont eu lieu des émeutes sanglantes avec massacres de population. Les « bons citoyens » en venant à tabasser  les paysans et les indigènes. Pendant ce temps à Santa Cruz, coeur oppositionnel du pays, Les étudiants taguaient des croix gammées sur les murs de leur fac pour clamer leur amour de la démocratie. A Riberalta, les militants révolutionnaire ou tout simplement les personnes engagées dans l'aide aux plus démunis ont dû s'exiler de la région pour un temps devant le danger pour leur vie. C'est seulement depuis la fin de cet enième tentative de coup d'Etat intérieur, appuyé par l'administration américaine via son ambassadeur, depuis expulsé, qu'il n'est plus motif de menace de mort que de se dire publiquement massiste (partisan du MAS). Mais là encore, cela reste le plus souvent quelque chose qu'on ne crie pas sur les toits, sous peine de licenciement, problèmes judiciaires ou menaces diverses à son intégrité ou celle de sa famille. De fait, le Mouvement vers le Socialisme n'a pas encore pu prendre racine, seul 30% de la population à soutenu de son vote le MAS aux dernières élections.

Enfin, pour parfaire le tableau, les médias, télé, radio comme journaux, sont tous exclusivement privés, l'Etat n'ayant pas encore pu implanté dans tout le pays sa chaine de télévision publique. Se détache quelques radios dont le propriétaire n'est autre que l'Eglise catholique, ce qui ouvre un peu le champ des possibilités en comparaison avec les médias privés. Avec ces derniers l'on retrouve les si familiers « cubanisation », « dictature », « atteinte à la liberté d'expression ». Là non plus il n'y a aucun fondement concret, mais à la différence au Venezuela, il n'y a rien en face pour contre attaquer.

Et c'est dans cela que je me trouve, travaillant pour une ONG du terroir, pas vraiment ongisto-colonialiste, et beaucoup plus vraisemblablement révolutionnaire, socialiste, protectrice de l'environnement et populaire. Un îlot de résistance avant-gardisé au milieu du poumon de la planète, où l'expression jungle capitaliste peut librement prendre toute son ampleur.

En somme, le paradis sur terre.
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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 09:07

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Montevideo, 2 mars, (RHC)--. Le président vénézuélien, Hugo Chavez, a déclaré à Caracas que les dénonciations de Washington et d’un juge de l’Audience Nationale de l’Espagne contre son pays font partie d’une campagne de diffamation orchestrée par l’empire yankee.

« C’est comme un orchestre, ils se mettent d’accord : en Espagne, la royale Audience, et puis Washington. Ce n’est pas un fait dû au hasard. Cela a été orchestré et derrière tout cela il y a l’empire yankee » a relevé Hugo Chavez aux journalistes qui couvraient à Montevideo la cérémonie d’investiture du président Mujica.

Selon le juge Eloy Velazco, de l’Audience Nationale espagnole, le gouvernement vénézuélien aurait collaboré avec l’ETA et avec les FARC, mouvement de la guérilla colombienne, dans l’organisation d’attentats contre des personnalités politiques dont le président Alvaro Uribe. Ces accusations sont reprises par un rapport du Département d’Etat.

Le ministère vénézuélien des Affaires étrangères souligne dans un communiqué diffusé à Caracas que le juge Alvarado lance des accusations inacceptables de nature et motivations politiques à l’encontre du gouvernement vénézuélien.

Le communiqué précise que le juge se réfère à Arturo Cubillas, ressortissant espagnol, soi-disant membre de l’ETA qui réside au Venezuela depuis mai 1989, à la suite d’un accord passé par Carlos Andrés Pérez, alors président du Venezuela et son homologue espagnol, Felipe Gonzalez.
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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 08:53

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Le deuxième gouvernement de la coalition de gauche Front large est investi de ces fonctions ce lundi en Uruguay. Il a l’engagement de poursuivre les changements économiques, politiques et sociaux dans ce pays et de contribuer au renforcement des mécanismes d’intégration et de coopération dans notre région.

José Mujica, ex-guérillero du mouvement Tupamaru qui est dès aujourd’hui Président de la Patrie de José Artigas, a relevé que son gouvernement travaillera à la consolidation de ces objectifs.

Son prédécesseur, le médecin Tabaré Vazquez a terminé son mandat avec une cote de popularité historique qui va de 60 à 80% de la population qui l’a ovationné la veille lors de sa dernière apparition en public en tant que Chef de l’État.

Tabaré Vazquez a eu le mérite d’avoir préservé l’Uruguay des effets de la crise globale capitaliste, grâce à une politique d’austérité et à la défense de l’emploi ainsi qu’à la redistribution de la richesse nationale avec des critères d’équité et de justice sociale.

Sous le premier gouvernement du Front Large, de 2005 à 2010, le PIB de l’Uruguay a augmenté de 3% malgré les conditions internationales adverses et la pauvreté s’est réduite d’un tiers ce qui permettra à José Mujica de gouverner dans un pays assez stable.

Le nouveau Président a réaffirmé, peu avant son investiture, son attachement aux idées socialistes et il a relevé qu’il rêve de construire une société moins égoïste, très cultivée e instruite.

Il a souligné que parmi ses priorités figurent l’austérité dans la gestion publique, l’élimination de l’indigence et la poursuite de la lutte contre la pauvreté et pour l’augmentation des connaissances des Uruguayens.

Sur le plan régional, il doit relever un défis d’envergure : consolider la participation de son pays aux mécanismes d’intégration politique et économique tels que le MERCOSUR, le Marché Commun du Sud de l’Amérique et la Communauté des Nations Latino-américaines et Caribéennes, récemment créée.

Ce gouvernement s’installe en Uruguay dans un contexte international marqué par de graves difficultés parmi lesquelles figurent les retombées les plus récentes de la crise globale de l’économie et du changement climatique. Ce dernier s’est fait sentir récemment dans ce pays sud-américains sous forme de pluies diluviennes qui ont causé de graves inondations.

Chaque fois, de plus en plus fréquemment et avec de plus en plus de force, la nature punit les excès de modèles de production et de consommation irresponsables qui ont ignoré pendant des décennies les avertissements au sujet du tort causé à l’environnement.

Actuellement, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer des actions internationales efficaces pour éviter que cette détérioration devienne irréversible et incompatible avec la vie des êtres humains.

Le Vice-président Danilo Astori a mis l’accent sur le fait que pour contribuer à cette lutte, l’Uruguay accordera la priorité, durant la période 2010-2015, au resserrement des liens avec les autres pays du monde.

Il s’agit donc d’un jour de fête pour les habitants de ce pays frère, mais aussi d’un jour de renouveau des espoirs et de l’optimisme de tous les êtres humains qui luttent, dans n’importe quel coin de la planète, pour un monde meilleur où régneront la justice sociale et où l’Homme, sa dignité et son épanouissement seront au centre de tous les efforts.

 

 

 RHC

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2 mars 2010 2 02 /03 /mars /2010 08:55
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Les ex-combattants ont aussi admis la disparition 2 520 personnes pendant 20 ans, a révélé le rapport de l’Unité « Justice et Paix ».

 

Quelques 4 112 ex-membres des Auto-défenses Unies de Colombie (AUC, paramilitaires) ont assuré avoir perpétré 30 470 meurtres entre le milieu des années ‘80 et leur démobilisation à partir de 2003, a indiqué le rapport de l’Unité « Justice et Paix » du Ministère public connu ce mardi.

Les autorités vérifient l’information et jusqu’à présent ils ont validé des dénonciations sur 11 797 homicides, a expliqué à l’AFP une source de l’organisme.

Une loi promue par le gouvernement fixe une peine maximale de huit années de prison pour les paramilitaires qui se sont soumis à la justice, reconnaissent leurs crimes et octroient des réparations aux victimes.

Le Ministère public a reçu des déclarations des ex-combattants qui décrivent plus de 1 000 massacres, 1 400 recrutements de mineurs ; 2 500 disparitions forcées, 2 300 déplacements forcés et 1 600 extorsions, outre plus de 1 000 enlèvements, précise le rapport.

Selon les autorités, un massacre implique le décès d’au moins quatre personnes dans une même attaque.

Jusqu’en décembre dernier, le Ministère public a validé la véracité de 485 massacres, 1 093 recrutements de mineurs, 1 412 disparitions forcées, 747 déplacements massifs, 623 extorsions et 392 kidnappings, indique la source.

La Loi « Justice et Paix » offre des avantages juridiques aux paramilitaires des AUC (ennemis tenaces de la guérilla) qui ont été démobilisés dans un processus promu par le gouvernement du président Alvaro Uribe, entre 2003 et 2006 en échange de leur désarmement et de la confession de leurs crimes.

Quelques 32.000 paramilitaires ont rendu les armes dans ce processus.

Or, des organismes de défense des droits de l’Homme dénoncent qu’un chiffre indéterminé de paramilitaires « démobilisés » agissent en réalité aujourd’hui dans des bandes criminelles au service des trafiquants de drogues..

Source Afp, 22 février 2010.

http://www.eltiempo.com/colombia/ju...

Traduction A. Garcia
Source ; AMERIKENLUTTE
 
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2 mars 2010 2 02 /03 /mars /2010 08:35

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Grégoire Souchay

lundi 1er mars 2010, mis en ligne par Dial

Hugo Chávez, élu le 6 décembre 1998, est président du Venezuela depuis le 2 février 1999. Sa présidence a été synonyme de changements, dans le discours, dans les politiques suivies, mais aussi, et plus largement, dans la société vénézuélienne. Il est difficile de pouvoir compter sur les grands médias, français ou autres, pour nous renseigner sur la nature de ces changements [1]. Pour ce dossier, nous avons donc demandé à deux observateurs privilégiés de la réalité vénézuélienne de nous proposer un bilan des onze ans de gouvernement d’Hugo Chávez. La première, Anne-Florence Louzé, vient de soutenir une thèse de science politique sur « Peuple et pouvoir dans le Venezuela de Hugo Chávez. Une voie d’avenir pour la démocratie ? ». Le second, Grégoire Souchay, est étudiant en journalisme à l’Université Toulouse I. Il vient de passer quatre mois au Venezuela à travailler pour la chaine de télévision publique communautaire Vive Tv [2]. Deux points de vue donc, avec leurs points communs et leurs différences.


C’est en 1998, dans un paysage mondial des alternatives à la « fin de l’Histoire » [3] dominé par le credo de « changer le monde sans prendre le pouvoir » [4], que naît au Venezuela la révolution bolivarienne, du nom de Simon Bolívar (1783-1830), héros de l’indépendance du pays au XIXe siècle. Alors que l’on s’enthousiasme pour les expériences zapatistes (Mexique), les contre-sommets (Seattle) et autres forums sociaux (Porto Alegre), surgit au Venezuela un nouvel élan populaire démocratique comme on n’en avait pas vu depuis le Chili d’Allende, dans les années 70.

Au début, on a regardé intrigué ce pays jusqu’alors inconnu. En 2002, alors que sont mises en place les premières réformes sociales (programme d’alphabétisation, santé), l’opposition vénézuélienne tente un coup d’État, appuyé par les classes privilégiées et par le pouvoir médiatique. Le coup échoue. On laisse alors dans son coin le Chiapas et l’on commence à regarder Caracas avec beaucoup d’intérêt : expropriations, nationalisations, réforme agraire... Le mouvement s’étend même internationalement (Bolivie en 2005, Équateur en 2007). Tout allait bien, jusqu’à ce que l’on commence à douter. D’un côté, les médias inondent le monde de leur (dés)information en parlant de populisme, d’atteinte aux libertés, tandis que de l’autre, les « purs » révolutionnaires parlent d’une « couche de peinture rouge sur un capitalisme d’État rentier » [5], et d’une bureaucratie stalinienne. Dernièrement, on a encore ingéré les grossiers mensonges sur le prétendu contrôle de l’internet et les penchants pour la théorie du complot du « dictateur sanguinaire ».

Quoi que l’on en dise en Europe, tout cela n’a absolument rien à voir avec la réalité concrète, vécue par les Vénézuéliens, seuls véritables acteurs (et surtout actrices) du processus, qui, face à toutes les attaques, de droite comme de gauche, de l’extérieur comme de l’intérieur, continuent leur aventure révolutionnaire. Il suffit de suivre au hasard trois expériences en cours pour être pleinement convaincu que si révolution bolivarienne il y a, c’est aujourd’hui plus que jamais.

Vive la Commune... bolivarienne

La première des victoires révolutionnaires au Venezuela a été de rendre leur dignité à ceux à qui on l’avait volée pendant des décennies : pauvres, travailleurs, paysans, femmes, Indiens... Le meilleur moyen pour cela était de donner au peuple un pouvoir d’action. En a résulté l’Assemblée constituante de 1999 qui a fait émerger un nouveau texte fondateur, proclamant une « démocratie participative et protagonique ». Derrière ces mots ne se cache que l’essence de l’idée démocratique comme nous la connaissons depuis les Lumières : « pouvoir du peuple, pour le peuple, par le peuple ».

Cela s’applique au Venezuela avec les conseils communaux. Cette structure permet d’organiser collectivement la population afin de concrétiser des projets à échelle locale (électricité, gaz, eau, logement...) financés par l’État mais organisés par la communauté. Selon les statistiques du ministère en charge, il en existe aujourd’hui 34 000 répartis sur tout le territoire. L’on peut ainsi voir, au cœur de la capitale, dans les quartiers du 23 de Enero ou de Gramoven, des communautés autogérer la construction d’infrastructures et de logements ; ou dans la bourgade de San Francisco de Yaré, une Assemblée constituante municipale [6]. Mais l’on trouve également ailleurs de la manipulation politicienne, de la corruption à tous les niveaux, de l’inaction et de l’inefficacité.

C’est pourquoi est actuellement débattue une loi organique de réforme des conseils communaux. Parmi les nouveautés : possibilité de révocation des mandatés n’accomplissant pas leur tâche, contrôle renforcé des finances avec formation professionnelle à la gestion budgétaire par des agents spécialisés...

Plus encore, cette nouvelle loi va créer le cadre légal pour une nouvelle entité : les communes socialistes : une fois fortifiées, les communautés cherchent à s’étendre et s’unir avec leurs voisines pour mener des projets de plus grande ampleur, jusqu’alors uniquement sur le plan technique. Cela restait insuffisant au niveau structurel. Aussi, regroupant plusieurs conseils communaux, les communes socialistes auront vocation à non seulement coordonner les projets pour les communautés, mais également à exercer directement le pouvoir politique en association avec la municipalité, avec des règles de fonctionnement de démocratie directe et participative. À la différence des conseils communaux, les communes s’affirment comme socialistes, non comme « organe du Parti », pour bien marquer qu’elles sont la structure politique à la base du pouvoir populaire. Sans en avoir la caution officielle, ce type d’organisation existe déjà, avec par exemple l’usine de sardine La Gaviota, dans la ville de Cumaná, passée de la direction privée au contrôle ouvrier grâce à la mobilisation communale [7] ; ou ces conseils communaux qui aident les paysans à cultiver collectivement leurs terres pour subvenir aux besoins alimentaires dans la région de Cojedes [8].

C’est la rente finale… La question du pétrole

Avec les découvertes récentes de nouveaux gisements, le pays dispose de la première réserve mondiale d’or noir, devant l’Arabie Saoudite. C’est l’unique – ou presque – ressource économique de la révolution bolivarienne. La crise mondiale de 2009 l’a rappelé, le pays a subi une importante récession (- 3%). Conséquence : les budgets sociaux ont continué d’augmenter (et le niveau de vie avec) et le chômage de baisser (et la pauvreté avec). Mais le problème structurel demeure. Les acteurs de ce processus tirant aussi les conséquences de leurs échecs, début janvier, le gouvernement a choisi d’opérer un véritable tournant dans sa politique économique, avec pour point d’appui une mesure de dévaluation de la monnaie. L’objectif est d’en finir avec les taux de change parallèles créant une inflation démesurée mais surtout, de créer une véritable économie productive. Est ainsi créée la Corporation des marchés Socialistes (COMERSO) qui organise la production par le secteur public de biens de consommation courants, nourriture, voitures, vêtements, à des prix accessibles aux classes populaires. Un grand programme de d’investissement est lancé pour financer l’expansion des productions non-pétrolières et pour remplacer les importations par des productions nationales.

En plus d’être productives, les entreprises nouvellement créées seront socialistes au sens où elles permettront la participation directe des travailleurs au processus de décision politique dans l’entreprise avec les conseils ouvriers – structure qui n’existe pas encore légalement même si elle est déjà utilisée. L’exemple pionnier de cette nouvelle économie est l’« arepera socialista » (boulangerie socialiste) du centre de Caracas, qui propose tous les jours un typique repas de base, pour trois fois moins cher que dans la restauration privée, tout en réalisant une marge de bénéfice, permettant de financer le développement du projet [9]. L’usine de production sociale dans l’État de Guárico où la production de farine est vendue directement à la communauté sans intermédiaires, à prix solidaire, en est un autre exemple [10].

Une révolution bio-incompatible ?

Avec la Bolivie et Cuba, le Venezuela est le seul État à avoir dénoncé internationalement avec autant de fermeté la responsabilité des pays riches dans les destructions environnementales, avec cette formule qui fera date : « Si le climat était une banque, ils l’auraient déjà sauvé » [11].

Le Venezuela pollue, car il se développe, comme tout pays en cours de développement. Mais l’ensemble du continent latino-américain n’est responsable que de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre [12], alors que le bloc Amérique du Nord - Europe cumule à lui seul plus de 50% de celles-ci (chiffres du ministère de l’écologie). Tous responsables, mais certains semblent l’être plus que d’autres.

Depuis six mois et pour encore quelques temps, tout le Nord de l’Amérique latine, dont le Venezuela, vit une des plus grandes sécheresses de son histoire. Si 70% de l’énergie vénézuélienne est de source hydraulique (énergie très peu polluante), l’alimentation électrique du pays dépend du coup énormément du niveau des barrages. Face à cette sécheresse exceptionnelle, l’État a été forcé de prendre des mesures drastiques. Au lieu d’augmenter les prix, celui-ci a choisi une voie plus « populiste » (bien que tout aussi impopulaire) : le rationnement de l’eau et de l’électricité. Tout le monde est concerné : riches, pauvres, administrations publiques, mais également le secteur privé avec en tête l’industrie lourde, les supermarchés et les banques.

Cela s’accompagne d’une intense campagne de communication dans tout le pays, appuyée par une partie des médias privés n’ayant pas entièrement cédé à l’envie irrésistible de pousser le pays dans le chaos, pour faire tomber le « singe » [13]. En quelques semaines, la consommation énergétique nationale a diminué de 20% (Telesur, 20 février). Mesure arbitraire qui va à l’encontre des désirs du peuple ? Mais en est-il différemment en Europe, où le thème écologique a en partie émergé sous pression du porte-monnaie vide ? Au final, hormis les secteurs anti-chavistes traditionnels, le plan de rationnement est plutôt bien accepté. Dans les quartiers populaires, l’on a adopté tous les « petits gestes qui font le grand changement » si chers aux écologistes en Europe. Ainsi, la nuit, l’on peut désormais voir les lueurs blanches des millions d’ampoules basse consommation de l’éclairage public récemment installées dans les quartiers pauvres, alors que les jaunes, traditionnelles, continuent de briller dans les quartiers riches. En matière environnementale, il reste une montagne à gravir, notamment celle des déchets, infestant les villes comme les campagnes. Sans oublier la surconsommation, le pays étant en proportion celui avec le plus haut taux au monde de téléphones Blackberry par habitant. Mais défait-on l’œuvre « glorieuse » de deux siècles de capitalisme en une décennie, aussi révolutionnaire soit-elle ?

La pollution mondiale est causée avant tout par les pays riches, mais ce sont les pays pauvres qui sont les premiers touchés par les changements climatiques : sécheresse en Amérique latine, multiplication des cyclones en Amérique centrale et en Asie orientale ou disparition du territoire lui-même comme aux Îles Maldives… Les catastrophes naturelles laissent un nombre autrement plus important de victimes dans les pays du tiers monde que dans le monde développé. De là en conclure que les pauvres payent directement les conséquences de l’irresponsabilité des riches, il n’y a qu’un pas, qu’il est peut être nécessaire de franchir pour comprendre pourquoi la conscience environnementale est indissociable de l’idée de socialisme du XXIe siècle.

Au final, aussi peu visible que ce soit de l’extérieur, ces exemples ne constituent qu’une infime partie de ce qui se joue actuellement au Venezuela. Cette fois, ce n’est plus descriptible, mais l’on peut le sentir dans tout le pays qu’un processus de conscientisation sur le long terme est en train de s’opérer en profondeur. Conscientisation, le mot fait peur… Mais avons-nous bien conscience dans nos pays si démocratiques de ce qui se joue au travers des médias, des puissances économiques et politiques ? Dans tous les cas, plus de 50% de la population vénézuélienne poursuit actuellement une formation éducative, jeunes, adultes, personnes âgées. On lit, on se forme, critique et auto-critique, pour faire avancer les choses. Il reste un très long travail à accomplir. Il a fallu dix ans pour commencer à réformer l’université où l’on enseigne toujours le néolibéralisme et la « découverte » de l’Amérique en 1492.

Trop lent, trop peu ? On ne change pas les consciences comme on signe un décret. Et pendant que nous sommes occupés à critiquer et à insister sur la moindre faille d’un processus imparfait mais unique, nous en oublions presque de faire ce même travail d’analyse chez nous, où, après avoir théorisé mille-et-une fois la révolution parfaite, nous sommes toujours incapables d’enclencher un quelconque projet global de transformation sociale. C’est peut être le signe de tout ce qu’il nous reste à apprendre d’humilité, comme monde occidental riche, « développé », « civilisé », d’un pays du dit « tiers monde », qui est aujourd’hui toujours en révolution... et qui le restera sans doute pour encore un bon bout de temps.


 Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 3099.

En cas de reproduction, mentionner au moins l’auteur, la source française (Dial - http://enligne.dial-infos.org) et l’adresse internet de l’article.

Les opinions exprimées dans les articles et les commentaires sont de la seule responsabilité de leurs auteur-e-s. Elles ne reflètent pas nécessairement celles des rédactions de Dial ou Alterinfos. Tout commentaire injurieux ou insultant sera supprimé sans préavis.

Notes

[1] Voir par exemple, « VENEZUELA - Écran nègre, nuit blanche pour les élites », « FRANCE-VENEZUELA - Libération et le Venezuela : désinformation à vie ?  », « VENEZUELA - Mr. Langellier prend un aller simple pour le pays des soviets », « VENEZUELA - Martine Gozlan, Axel Gyldén, David Pujadas ou... Oliver Stone : qui est le journaliste ? » – note DIAL.

[2] La majeure partie des liens cités dans les notes renvoient au site web de la chaine, en espagnol et en français : La revolución VIVE.

[3] L’expression est de Francis Fukuyama.

[4] C’est le titre d’un livre de John Holloway publié en anglais en 2002.

[5] L’expression est de Marc Saint-Upéry. Lire la réponse de Luis Alegre Zahonero et Santiago Alba Rico : « Révolution ? Quelle révolution ».

[6] Sur le 23 de Enero, voir « les habitants de la communauté de La Piedrita prennent en charge la construction des infrastructures » ; sur Gramoven et San Francisco de Yaré, voir « Si les exceptions ne confirment plus la règle ».

[7] Voir « L’entreprise récupérée socialiste La Gaviota » ou le documentaire réalisé par l’École populaire et latino-américaine de cinéma (sous-titres en français). L’entreprise a finalement été nationalisée fin novembre.

[8] Voir « Don Toribio, exemple de lutte pour la souveraineté alimentaire ».

[9] Voir « Presidente inaugura arepera socialista ».

[10] Voir « Vie quotidienne d’une usine de production sociale dans l’État de Guárico ».

[11] Phrase prononcée par Hugo Chávez dans son discours aux mouvements sociaux lors de la Conférence sur le climat de Copenhague, le 16 décembre 2009, reprenant un slogan écrit sur une des pancartes des manifestants.

[12] On pourrait au passage rappeler que tous les projets d’extraction minière dans la forêt amazonienne sont suspendus depuis 1998.

[13] C’est ainsi que le président est parfois désigné
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2 mars 2010 2 02 /03 /mars /2010 08:23

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lundi 1er mars 2010, mis en ligne par Dial


Hugo Chávez, élu le 6 décembre 1998, est président du Venezuela depuis le 2 février 1999. Sa présidence a été synonyme de changements, dans le discours, dans les politiques suivies, mais aussi, et plus largement, dans la société vénézuélienne. Il est difficile de pouvoir compter sur les grands médias, français ou autres, pour nous renseigner sur la nature de ces changements [1]. Pour ce dossier, nous avons donc demandé à deux observateurs privilégiés de la réalité vénézuélienne de nous proposer un bilan des onze ans de gouvernement d’Hugo Chávez. La première, Anne-Florence Louzé, vient de soutenir une thèse de science politique sur « Peuple et pouvoir dans le Venezuela de Hugo Chávez. Une voie d’avenir pour la démocratie ? ». Le second, Grégoire Souchay, est étudiant en journalisme à l’Université Toulouse I. Il vient de passer quatre mois au Venezuela à travailler pour la chaine de télévision publique communautaire Vive Tv. Deux points de vue donc, avec leurs points communs et leurs différences.

 

 

Anne Florence Louzé

Dictature ou démocratie ?

Si jusqu’au milieu des années 1990, le Venezuela retenait peu l’attention de la communauté scientifique, l’arrivée au pouvoir de Hugo Chávez et les politiques controversées qu’il a mises en œuvre ont progressivement renversé la tendance. Ainsi, depuis plus de dix ans, ce pays suscite l’intérêt à la fois de politologues, de sociologues, de juristes, d’historiens mais aussi de l’opinion publique internationale. En effet, de notables transformations s’y sont produites. La grave crise dans laquelle était plongée la société vénézuélienne dès le milieu des années 1980 s’est traduite depuis 1998 par une évolution profonde de son paysage institutionnel et de ses rapports de forces internes. La Révolution bolivarienne, initiée depuis l’accession d’Hugo Chávez Frías à la présidence de la République le 2 février 1999, constitue un séisme au sein des structures traditionnelles de répartition du pouvoir et des ressources du pays. Dans un des principaux pays exportateurs mondiaux de pétrole, un tel bouleversement, outre ses incidences géopolitiques, ouvre à son líder un champ d’action inespéré. Cette révolution installe les masses paupérisées en sujet politique central du pays, mais la pauvreté perdure ainsi que des mécanismes de pouvoir discrétionnaires et une corruption endémique. Les réformes laissent supposer que l’État, de son propre mouvement ou en conséquence de l’essor des revendications populaires, dans les deux cas grâce à l’accroissement de la production des richesses, peut se faire l’agent du changement social et le promoteur d’un système plus égalitaire.

Chávez est-il un dictateur ou un démocrate ? Pourquoi tant d’opinions tranchées sur son programme et son action ? Et, puisque la crise persiste, Chávez contribue-t-il à l’aggraver ou à l’atténuer ? Pour certains décideurs ou analystes, le Venezuela serait en transition vers un nouveau modèle socialiste, étatiste sur le plan économique, semi-autoritaire et exclusif sur le plan politique. Pour d’autres, il représente un type de démocratie participative ; d’autres encore n’y voient qu’un exemple de plus de populisme militaire radicalisé. Le Venezuela est un pays complexe qui confond souvent l’observateur. Chacun tend à simplifier exagérément la situation, en particulier les médias, qu’ils soutiennent le gouvernement actuel ou qu’ils s’y opposent. Il est trop facile de taxer le gouvernement de Chávez de caudillisme latino-américain du fait du passé militaire du président. Dans la foulée d’une telle affirmation, on pourrait ajouter, compte tenu de son discours et de son amitié avec Fidel Castro, qu’il entraîne son pays sur la voie d’un « castro-communisme » autoritaire. A l’opposé, les observateurs de gauche prennent trop facilement une position inverse et affirment que Chávez représente les misérables et prélude à une victoire décisive des pauvres dans leur lutte perpétuelle contre les riches. J’ai essayé de comprendre cette polarisation en m’intéressant à l’instauration d’une société « démocratique participative » intégrant les classes populaires des barrios aux mécanismes de la délibération politique, notamment au travers des Conseils communaux. Si cette question de la participation est un thème souvent débattu dans la plupart des démocraties, les formes qu’elle prend au Venezuela méritent une attention particulière. Le Venezuela, pays aux multiples ressources et potentialités, proclame sa volonté de démocratie, de socialisme et de révolution, et s’engage dans la « voie de la participation ». Que penser d’un espace politique où « forces révolutionnaires » et État avancent de concert vers l’exercice de la souveraineté populaire ? Nous sommes en présence d’une société articulée autour d’un conflit central : d’une part un « peuple des barrios » en quête d’une autonomie nouvelle dans l’expérience de l’hétéronomie, mais dépendant financièrement et idéologiquement du pouvoir ; d’autre part un pouvoir « populiste » dépendant du peuple pour sa survie politique, mais tendant à le faire disparaitre dans les circuits obscurs de la politique publique. La re-définition permanente des relations pouvoir-peuple est le caractère le plus marquant du système chaviste et elle constitue la variable décisive sous-tendant l’évolution future du régime. Cette configuration spécifique du système « peuple-pouvoir », son ouverture à la tension, l’incorporation symbolique du peuple dans le pouvoir, son accès aux mécanismes de la délibération par le biais des Conseils communaux, l’élaboration d’une nouvelle culture citoyenne et politique, sont les traits saillants de la spécificité vénézuélienne.

L’enjeu de ma recherche [2] était donc d’analyser ce phénomène, qui jusqu’ici, à ma connaissance, n’avait donné lieu qu’à des tentatives d’objectivation partielles. Mon parcours n’a pas été sans difficultés. La première a été d’ordre bibliographique : si le Venezuela est l’objet de beaucoup d’articles et de quelques livres, il manque toujours une littérature académique, surtout en France, sur les évolutions qu’a connues ce pays depuis plus de 10 ans. Peu nombreuses sont les réflexions qui s’attachent à re-situer le chavisme dans son contexte historique, et en dépassant les qualifications normatives classiques utilisées à son égard. La deuxième difficulté, je l’ai vécue sur le terrain : l’évaluation de la situation est malaisée, du fait de propos et de discours souvent partiels et partiaux, et d’informations contradictoires et de parti pris. En outre, il existe peu de statistiques disponibles et qui soient à jour, notamment concernant les Conseils communaux. Le terrain est très mouvant, et sur fond toujours passionné. Les institutions évoluent en permanence, les lois s’ajoutent aux lois et quant à mes interlocuteurs, je les voyais changer régulièrement d’attributions. Dernière difficulté ou limite : mon champ d’investigation n’a pu s’étendre à l’ensemble du territoire. Ce sont les villes, essentiellement Caracas, qui m’ont mobilisée, au détriment sans doute des réalités rurales. Mais Caracas est tout de même l’épicentre bouillonnant du mouvement bolivarien ; elle donne le ton et impulse les réformes.

Quels sont les apports de mon étude ?

L’arrivée en 1998 de Hugo Chávez à la présidence a affecté directement une structure politique jusqu’alors monopolisée par deux partis, le parti AD (Action démocratique) et le parti COPEI (Comité d’organisation électoral indépendant). Sur la scène de cette « démocratie pactée », ces deux acteurs étaient à la fois concurrents et complices. Ce pacte des élites a géré, pendant 30 ans (jusqu’aux années 90), et d’une manière somme toute satisfaisante au regard de la démocratie, des conflits réels mais contrôlés. Mais au début des années 90, le climat se durcit, les fractures apparaissent, des heurts se produisent et provoquent la fin du système, concrétisé par l’élection de Chávez en 1998. La figure de Chávez témoigne d’une victoire sur l’exclusion sociale et ethnique. On assiste à un glissement, à un renversement symbolique, par une personnalité dirigeante en provenance du monde des exclus. Le chavisme a déplacé les frontières de la représentation politique héritée du puntofijismo [3]. Il a réintroduit les exclus et en a fait des sujets actifs et considérés. Chávez, personnage détonnant, tranche complètement avec la classe politique qu’il a supplantée. Plus qu’un homme, il est devenu un symbole. Et son leadership est incontournable. Le discours de Chávez est repris par tous, qu’on l’appelle « mon président » ou qu’on le traite de « fou » (« mi presidente » ou « el loco »). Jamais un président n’avait parlé des émotions comme Chávez. Les émotions, l’amour, sont devenues une préoccupation d’État. Et dans ce climat passionnel, c’est dans les nouvelles formes de participation que le changement s’opère. Sous l’impulsion d’un chef, la participation s’est institutionnalisée. Les demandes populaires se font jour et circulent. À cet égard, j’ai étudié de près les Conseils communaux. Que sont, où vont ces nouvelles formes d’organisation populaire ? Les Conseils communaux ouvrent d’utiles espaces de participation, de concertation et d’émulation. Les communautés s’approprient les espaces publics. Les Conseils se révèlent aptes à poser et à résoudre un certain nombre de problèmes de base des communautés. Mais ils ont une autonomie limitée par rapport à la puissance publique. Cette dépendance n’est pas tant politique, que relevant de contraintes techniques et financières. Et il faut bien voir que parallèlement, il subsiste une tension permanente, entre d’une part une volonté de mettre en place une participation effective, et d’autre part le maintien d’un contrôle centralisé des processus de décision. On doit à l’objectivité de dire que le chavisme n’a pas, à ce jour, modifié fondamentalement les structures économiques. La rupture avec l’économie rentière et les anciennes méthodes reste inaboutie. Ce qu’on a appelé la « posture de l’urgence » et les réponses trop rapides qu’elle induit, caractérisent la façon dont le pays est mené aujourd’hui. L’assistance s’inscrit encore trop souvent dans les modèles de réponse habituels : parer au plus pressé selon des critères de circonstances, plus ou moins intéressés ou partisans ; décisions politiques arbitraires ; fonctionnement institutionnel dépendant de relations personnelles et du positionnement politique. Dépasser la politique partisane semble un défi difficile à relever. Les institutions sont omniprésentes et la bureaucratie énorme.

Quatre grandes conclusions peuvent être tirées de mes recherches.

« La compétence des incompétents »

La démocratie est en principe le gouvernement du peuple par le peuple lui-même. Mais quels chemins d’accès au pouvoir le peuple doit-il contrôler pour se considérer comme se gouvernant lui-même ? Le régime vénézuélien constitue-t-il une heureuse alternative aux dérives et insuffisances de la démocratie représentative, inventée en son temps comme une sorte de procédé permettant de filtrer la souveraineté populaire ? Comment rendre plus effective la démocratie en tant qu’écoute d’un peuple qu’on voudrait souverain ? Voilà ce à quoi nous renvoie l’expérience vénézuélienne. À mes yeux, le chavisme redonne sens à la démocratie, car il met en son centre la question politique fondamentale de « la compétence des incompétents » (Rancière 2005). Jacques Rancière nous rappelle que le pouvoir du démos n’est pas le pouvoir du peuple, ni même de sa majorité, mais plutôt le pouvoir de n’importe qui. N’importe qui a autant le droit de gouverner que d’être lui-même gouverné. La démocratie est le pouvoir de n’importe qui, la contingence de toute domination. Elle désigne, en son origine grecque, un mode de gouvernement, celui du peuple refusant, comme l’indique Castoriadis, le triple règne des représentants, des experts et des administrateurs [4]. Ce n’est pas l’idée que le pouvoir doit travailler au bien du plus grand nombre, mais celle que le plus grand nombre a vocation à s’occuper des affaires communes. L’égalité, présupposition de la politique, n’est pas un but à atteindre : elle concerne d’abord la capacité de chacun à discuter des affaires de la communauté et à les mettre en œuvre (Rancière 2005).

Le chavisme intronise un nouvel acteur politique : le « peuple-pauvre », émanation d’une catégorie d’individus politiquement désaffiliés. Il attribue une « identité » et un rôle historique à un secteur de la population sémantiquement inexistant jusqu’alors. Le potentiel émancipateur du chavisme se situe donc moins dans la clôture hétéronomique du politique, qu’il parvient à créer notamment à travers la figure du peuple, qu’au niveau de l’ouverture qu’il opère, permettant à cette extériorité, à ces imaginaires, de surgir dans l’espace public et d’influencer ainsi la construction des enjeux et des acteurs de la scène politique (Laclau, Castoriadis). La radicalité et l’expression révolutionnaire du mouvement vénézuélien résident, à mon sens, dans ce renversement des représentations sociales et politiques, et du champ organisé des pratiques sociales. Celles-ci prennent une nouvelle forme sous l’impulsion d’une culture différente dont l’épicentre est une société exclue socialement et politiquement, et qui se manifeste sous des formes dynamiques et changeantes, où sont revalorisés les espaces publics en tant que zones de transgression et de contestation politique. La figure du peuple remplit de nombreuses fonctions, qui soulignent son importance dans le système de sens construit par le discours chaviste. L’image du peuple joue un rôle légitimant qui vient cautionner les actions du mouvement bolivarien comme étant authentiquement populaires et permet de désavouer l’ancien régime et l’opposition accusée d’être anti-populaire. La capacité d’action des gouvernants ne dépend alors pas tant du suffrage universel, d’un savoir technique ou du respect des procédures, que de leur rapport à cette source « populaire » de légitimité, qui situe le politique dans une scène particulière, avec des interdictions et des permissions devant se rapporter à cette figure du peuple. Au delà des actions de Chávez, du gouvernement, ou du PSUV [5], présentées comme des actions du peuple lui-même, celui-ci se présente également comme un acteur distinct du gouvernement, qui doit s’y soumettre. L’aspect populiste du chavisme est parvenu à doter les masses d’une nouvelle surface d’inscription au sein d’un langage qui leur permet de devenir des acteurs sociaux effectifs (Laclau 2008). Le peuple concret, c’est à dire la population vénézuélienne, destinataire idéalisée de ce discours, est appelé à se reconnaître dans la représentation glorifiée de son existence, à désirer la réalisation du projet bolivarien et à y participer activement.

La participation chaviste : un « césarisme social »

La question de la participation est souvent évoquée dans la plupart des démocraties actuelles, mais les formes qu’elle prend au Venezuela étaient jusqu’ici peu abordées de manière empirique, sur le terrain. Il faut comprendre les logiques qui la sous-tendent, les défis auxquels elle est confrontée et les réponses qu’elle y a apportées. L’intervention des habitants dans la gestion publique renforce-t-elle l’efficacité de celle-ci et ne risque-t-elle pas de verser dans le populisme ? Dans l’espace académique qui analyse la situation du pays, on trouve à cet égard deux types de postures. Pour certains, la participation directe et la formation de Conseils communaux s’inscrivent dans une dérive autoritaire, servie par la captation d’une légitimation politique à peu de frais. Pour d’autres, les formes que prennent les nouveaux mécanismes d’exercice de la démocratie sont trop complexes pour être ainsi analysées et ses nouveaux organes de gestion politique constituent des modèles originaux requérant une attention et une méthode d’approche renouvelées. Ce qui se passe au Venezuela, au niveau notamment des Conseils communaux proposés comme forme spécifique de démocratie participative, doit être bien cerné. Les réformes sociétales s’enracineront-t-elles durablement ? Et de quelle démocratie s’agira-t-il ? Peut-on tirer une leçon universelle de l’expérience des Conseils communaux ? Dans un contexte mondialisé qui échappe souvent aux citoyens, le processus vénézuélien ne manque pas d’intérêt, en tout cas ne mérite pas de « disqualification a priori », dans la mesure où il est majoritairement et librement consenti à travers de multiples processus électoraux.

Un des paradoxes soulevés par ce mouvement en faveur de la participation est qu’il ne fait pas l’objet d’une demande sociale explicite. Jean-Jacques Rousseau avait bien évalué la difficulté d’orienter un peuple vers la vie publique. On considère souvent que sa position en faveur de la démocratie a achoppé sur la difficulté de transformer un « peuple corrompu » en « peuple de démocrates ». Il y a bien des manières de comprendre ce qu’il entendait par « forcer quelqu’un à être libre », mais toutes aboutissent à suspendre provisoirement l’engagement de rendre le sujet libre, si l’on veut réaliser cet objectif. Il est difficile d’imaginer ce qui pourrait contraindre les êtres humains à la rude tâche de se gouverner eux-mêmes, ou même de contester les pouvoirs qui les dominent. Quelle preuve historique, quel précepte philosophique nous permettent-ils d’affirmer que les êtres humains veulent, comme l’a dit Dostoïevski, « la liberté plutôt que le pain » ? Le chavisme se fourvoie-t-il dans son idée d’un peuple en attente d’une parole libératrice ? En tout état de cause, la participation, pour se développer, ne peut compter sur sa seule dynamique, même spontanée. Pour se déployer, elle doit reposer sur des règles et des procédures claires qui favorisent à la fois la délibération et la prise de décision. L’institutionnalisation de la démocratie participative, si elle doit répondre à une demande venue d’en « bas », peut aussi – et doit sans doute – recevoir une impulsion décisive grâce à l’action « d’en haut ». Bien entendu, l’action étatique ne saurait à elle seule modifier les rapports entre les classes sociales, mais les puissances publiques ont une véritable marge d’action. Au Venezuela, c’est un fait que les citoyens participent plus. C’est un fait aussi qu’ils en sont redevables à l’administration Chávez et à sa communication. L’État vénézuélien se fait l’agent du changement social et le promoteur d’un système plus égalitaire, avec cet atout non négligeable : la révolution bolivarienne n’a pas le handicap du manque de ressources. Les nouvelles institutions confèrent un rôle accru aux acteurs populaires, étroitement associés aux projets de développement portés par l’État. Le principe d’un gouvernement des « sans-titres » repose sur une conviction démocratique : « on apprend en apprenant » (Rancière 1987). On ne naît pas citoyen, on le devient ; et on le devient en étant « tour à tour gouvernant et gouverné », comme disait Aristote. Nous assistons au Venezuela à un élargissement considérable de la sphère publique grâce à la mobilisation et à l’auto-organisation de secteurs jadis exclus. Mais tôt ou tard, ce n’est que dans et par l’institution que le changement peut devenir effectif et s’inscrire dans la durée. Institutionnaliser signifie entre autres modifier les « institutions instituées », sans quoi il n’y a pas de nouvelle praxis. Ceci ne va pas sans contradictions : les institutions, dans la mesure où elles se sont autonomisées par rapport à la société, ont tendance à se figer.

Qu’en est-il au Venezuela de cette institutionnalisation du changement ? J’ai pu constater sur le terrain que la participation des habitants, bien qu’exaltée par le gouvernement, est concurrencée par la figure du líder Chávez. C’est le parti présidentiel qui gouverne de façon verticale [6]. Chávez est enclin à contourner l’État par des initiatives parallèles (« les missions » [7], par exemple). Ce qui, selon Eduardo Lander, est à la fois utile et dommageable, parce que le changement s’identifie alors à une personne plutôt qu’à une transformation de l’État. La personnalisation du pouvoir étant ancrée profondément dans les mœurs au Venezuela, Chávez apparaît ainsi comme un vecteur de transformation par son énergie, son charisme et son audace [8], mais en même temps, il est vu comme un obstacle, un substitut, qui entrave le développement d’une culture réellement démocratique. La situation vénézuélienne reste fortement marquée par la tension entre une volonté affichée de mettre en place les modalités d’une participation effective, et la tendance au contrôle centralisé des processus de décision. Mais, nous rassure Ernesto Laclau, il peut y avoir identification au chef et mobilisation des masses en même temps qu’augmentation de la participation démocratique.

Avant l’arrivée de Chávez prévalait au Venezuela un système clientéliste de gestion de la chose publique. Or, quand les demandes populaires ne peuvent s’inscrire dans les modèles institutionnels normaux, il y a souvent identification avec un élément transcendant qui est la figure du chef. Une question se pose dès lors : la démocratie participative vénézuélienne peut-elle se pérenniser sans l’impulsion présidentielle ? Le changement institutionnel pour incorporer la participation communautaire est lent et complexe. Au bout du compte, au Venezuela, comme le défend Margarita López Maya, c’est dans l’autonomie du mouvement populaire, dans sa capacité de proposer et « de construire au delà de l’État », que réside la clef du changement et de son institutionnalisation. La dimension qualitative de la participation constitue également un aspect essentiel de la légitimité de la démarche, car si ses porte-parole sont plus « représentatifs » du peuple que les élus de la démocratie représentative, c’est qu’ils lui ressemblent et nouent avec lui une communication plus intense. Au delà de son aspect institutionnel, sans participation démocratique effective à la prise de décision, il ne peut pas y avoir de démocratie [9].

Une re-politisation au prix d’une extrême polarisation

Le chavisme fait passer la représentation du politique d’une conception administrative de gestion des différences à une conception antagonique proprement politique réactivant le social. Le discours chaviste, loin d’effacer les différences au sein des populations, vient les raviver en recentrant les imaginaires populaires sur le social, en se posant comme leur « traducteur » dans les termes d’une syntaxe politique. Mais l’opposition manichéenne et la diabolisation de l’adversaire, caractérisant la scène politique vénézuélienne, constituent des obstacles sérieux à l’instauration d’une scène politique agonistique [10].

Il est important de comprendre que c’est l’incapacité à formuler des alternatives politiques plausibles à partir de projets socio-économiques alternatifs qui explique pourquoi les antagonismes se jouent désormais sur le terrain de la morale. Ceci est patent au Venezuela, où il manque un choix réel entre les politiques avancées par le gouvernement et par l’opposition. Comme il ne peut pas exister de politique sans cette distinction « nous/eux », quand le « eux » ne peut pas être considéré comme un adversaire politique, il est construit sous la forme du « mal », comme un ennemi moral. Il y a alors danger de conflit entre des valeurs morales non négociables et des identités essentialistes. Le problème au Venezuela ne réside pas tant dans le conflit ou l’antagonisme en tant que tels, que dans un type de mise en discours : l’adversaire ostracisé et diabolisé devient un mal politique. Entre les divers protagonistes, il n’existe plus de possibilité d’échanges. Le politique se déploie au Venezuela sur le registre de la moralité et les antagonismes se disent dans un vocabulaire moral. J’ai constaté souvent, chez les chavistes comme chez les opposants, un refus d’accorder à l’autre un statut d’adversaire. D’une relation d’exclusion économique, on est passé à une exclusion politique : les dominants d’hier sont les parias d’aujourd’hui. La même logique perdure, comme au temps de la Quatrième République [11] : il y a toujours eu un système excluant, hier selon la classe sociale, aujourd’hui selon l’opinion politique. Comment alors la démocratie, qui se définit de moins en moins comme un mode de gouvernement, et de plus en plus comme une modalité du vivre-ensemble, pourra-t-elle s’épanouir au Venezuela ? Le pouvoir chaviste, en re-politisant les rapports sociaux, en ravive les tensions.

Le modèle économique et social : une rupture inaboutie

Comment définir le modèle de développement vénézuélien ? Ne tend-t-il pas à « un capitalisme bureaucratique d’État » [12], non dégagé des anciennes habitudes ? L’absence d’une vision nationale se situant au delà de temporalités immédiates relevant souvent de l’opportunisme politique, populiste ou même économique, a pour conséquence de ne pas entraîner de rupture indiscutable. Si le consensus national n’est organisé qu’autour de la redistribution de la rente pétrolière, et non sur une pratique et une symbolique de la démocratie, qu’adviendra-t-il en cas de crise, ou de baisse de la production ? Peut-on envisager un enracinement du processus bolivarien susceptible de le faire échapper à « l’entropie bureaucratique et à la myopie rentière » (Saint Upéry 2008 [13]) ? À mes yeux, le chavisme serait bien inspiré de se préoccuper davantage de créer les conditions du bien-être, que de le reproduire en redistribuant la richesse pétrolière. Aujourd’hui encore, l’assistance s’inscrit dans des modèles de réponse bien connus : décisions au plus pressé, selon des principes de circonstance intéressés ou partisans ; mesures politiques souvent arbitraires ; fonctionnement institutionnel dépendant de « relations » interpersonnelles et du positionnement politique ; sans compter une série de regrettables survivances : corruption, facilismo, bureaucratisme, autant de pratiques rappelant l’ancien régime. On note au Venezuela un « écran clientéliste » entre l’État et la population : l’État peut être pilleur et pillé. Entre « culture de l’assistance » [14] et besoin de participation, une confusion demeure. Le chavisme légitime son existence à travers la mise en scène de ses réponses aux demandes populaires. La manière de répondre à cette demande se fait selon un modèle de « ciblage des besoins », plutôt qu’autour des catégories socio-professionnelles (selon le modèle populiste). Cela est visible dans les « missions » [15], qui, plutôt que de chercher à établir un axe de communication entre l’État et la population par l’entremise d’une demande semi-corporatiste (ouvriers, paysans, femmes), suscitent ou devancent la formulation de demandes autour des besoins insatisfaits (santé, éducation, alimentation, insalubrité…). L’inclusion de ces catégories du besoin dans une trame révolutionnaire permet d’engendrer une passion politique. Ce mouvement, associé à l’image du líder, prend un caractère émotionnel à travers l’établissement d’un rapport antagonique à l’ancien régime (Peñafiel 2008). Le discours bolivarien établit un rapport à la pauvreté qui sert de fondement à un antagonisme mobilisateur de la population. Cette mobilisation a l’inconvénient de créer des thèmes de revendication structurés autour d’une conception minimaliste de la consommation, plutôt qu’autour de la production et des relations de travail. Les réformes actuelles au Venezuela répondent à une logique de l’urgence. En effet, si l’instauration du socialisme du XXIème siècle bénéficie d’un climat favorable : manne du pétrole, approbation du peuple, discrédit de l’opposition, ces vents peuvent tourner. C’est pourquoi le Président, révolutionnaire inspiré et de tempérament militaire, ne souhaite pas temporiser. Mais a-t-il raison de vouloir aller vite ? Selon le mot de Chateaubriand : « Le temps arrange ; il met de l’ordre dans le désordre, rejette le fruit vert, détache le fruit mûr, sasse et crible les hommes, les mœurs et les idées. » (Chateaubriand 1834).

Un bilan provisoire et nuancé

Quel bilan tirer de ces dix années ? Le chavisme a déplacé les frontières de la représentation politique héritée du pacte de punto fijo. Il a réintroduit les exclus et en a fait des sujets actifs et considérés. Sous l’impulsion d’un chef, il a institutionnalisé la participation. Mais la repolitisation des masses se paye au prix fort : une polarisation excessive. Et, sur le plan économique, on peut s’interroger sur la rupture opérée avec l’économie rentière. Le système a toujours sa part d’ombre, héritée du passé ou relevant de ses propres contradictions. Face à ces questions dont dépend l’avenir du pays, il revient au politique, non seulement de théoriser la libération des hommes, mais tout autant de leur fournir les moyens de la réaliser.

Véritable laboratoire grandeur nature, le Venezuela n’a pas encore livré le fin mot de sa quête.


 Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 3098.

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Notes

[1] Voir par exemple, « VENEZUELA - Écran nègre, nuit blanche pour les élites », « FRANCE-VENEZUELA - Libération et le Venezuela : désinformation à vie ?  », « VENEZUELA - Mr. Langellier prend un aller simple pour le pays des soviets », « VENEZUELA - Martine Gozlan, Axel Gyldén, David Pujadas ou... Oliver Stone : qui est le journaliste ? » – note DIAL.

[2] Dans le cadre de ma thèse de sociologie, j’ai choisi d’y effectuer plusieurs séjours, 5 séjours étalés sur 4 ans, entre 2006 et 2009. J’ai pu ainsi suivre sur la durée l’évolution du pays, faire le point régulièrement, tout en gardant, une distance nécessaire hors de toute passion. J’ai fondé mon travail sur les écrits des spécialistes, sur l’observation directe et l’observation participante, ainsi que sur des entretiens individuels et collectifs.

[3] Le « Pacte de punto fijo » (point fixe) est un arrangement formel passé en 1958 entre les représentants des trois principaux partis politiques d’alors, l’Action démocratique, le COPEI et l’Union république démocratique et portant sur l’acceptation des résultats des élections présidentielles de décembre 1958 et la préservation des règles du jeu démocratique. En pratique, il a permis l’alternance au pouvoir de l’AD et du COPEI pendant 30 ans – note DIAL.

[4] Le processus politique en cours au Venezuela nous renvoie également à nos propres situations politiques. On observe, en France, et en Europe, un certain discrédit de la démocratie représentative, résultat, d’une part, de l’élévation du niveau d’éducation et du développement des nouveaux médias (Internet) et, d’autre part, d’évolutions négatives comme le suivi de stratégies personnelles des représentants, le tout aggravé par l’impact des sondages dans la mise en œuvre des politiques. De plus, l’adaptation des États à un ordre économique mondial entraine la constitution de nouvelles castes réunissant gouvernants, hommes d’affaires, financiers, experts, qui tendent aujourd’hui à devenir une « super-classe mondiale ». Cette oligarchie internationale considère volontiers les expressions du peuple, y compris dans les formes institutionnelles du vote populaire, comme dangereuses. On voit se distinguer deux types de légitimité : l’une, savante, des gouvernants et des experts, l’autre, populaire, contestée et stigmatisée comme « populiste » quand elle va à l’encontre de la logique dominante.

[5] Partido socialiste uni du Venezuela – note DIAL.

[6] Le chavisme par bien des côtés évoque un « césarisme démocratique ». Celui-ci se définit par une approche de la souveraineté du peuple inscrite dans un triple cadre : une conception de l’expression populaire à travers la procédure privilégiée du plébiscite ; une philosophie de la représentation comme incarnation du peuple en un chef ; un rejet des corps intermédiaires qui font obstacle à un face-à-face entre le peuple et le pouvoir.

[7] Voir plus bas – note DIAL.

[8] On sait que Max Weber distingue trois grands types de domination légitime, celle qui présente un caractère charismatique, celle qui a un caractère traditionnel, celle enfin qui repose sur une dimension rationnelle et qui s’exprime par exemple à travers l’État. Sans détailler ici la sociologie wébérienne des formes de domination, retenons que pour lui la domination charismatique s’explique par les qualités extraordinaires d’un personnage. Weber met l’accent sur le pouvoir « étranger à l’économie » du chef charismatique. Il s’interroge ensuite sur la « routinisation » du charisme, qui s’exprime par exemple au moment où est ouverte la succession du chef ; mais il souligne pourtant que l’évolution du pouvoir charismatique peut conduire aussi bien à la domination traditionnelle qu’à la bureaucratisation. L’histoire ne connaît donc pas de règle absolue.

[9] Bernard Manin rappelle ce qui s’imposait comme une évidence à la plupart des philosophes, de l’antiquité jusqu’au XVIIIème siècle, à savoir : si l’élection est par nature aristocratique, le tirage au sort est démocratique, dans la mesure où la première favorise la naissance d’une élite, tandis que le second donne à tous les citoyens qui le souhaitent une même chance de participer à la gestion des affaires publiques. L’association du tirage au sort à la procédure démocratique n’avait pas échappé à Montesquieu : « le suffrage par le sort est de nature démocratique, le suffrage par choix est de celle de l’aristocratie ».

[10] Chantal Mouffe nous invite à ne pas faire l’impasse sur la dimension de l’antagonisme, qui est constitutive du politique, et sur la place des passions dans la construction des identités politiques. Elle propose un nouveau paradigme, celui du « pluralisme antagoniste ». Ce modèle se présente de la manière suivante : l’existence du politique fait que l’enjeu principal dans les sociétés démocratiques est la domestication de l’hostilité, afin de désamorcer l’antagonisme potentiel qui existe dans les relations humaines. La question politique cruciale est de définir une manière d’établir une distinction « nous/eux » qui soit compatible avec la reconnaissance du pluralisme. Le conflit dans les sociétés démocratiques ne doit pas être éradiqué, dans la mesure où la spécificité de la démocratie moderne est justement la reconnaissance et la légitimation du conflit. Aussi une politique démocratique suppose-t-elle que « les autres » soient vus, non comme des ennemis à abattre, mais comme des adversaires dont les idées peuvent être combattues, même avec acharnement, sans que jamais, cependant, leur droit à les défendre puisse être mis en question. Autrement dit, il importe que le conflit ne prenne pas la forme d’un « antagonisme » (d’une lutte entre ennemis) mais celle d’une « agonistique » (d’une lutte entre adversaires). La catégorie centrale de la politique démocratique devrait être celle de l’« adversaire », c’est-à-dire de l’opposant avec qui l’on partage une allégeance commune aux principes démocratiques de liberté et d’égalité, tout en étant en désaccord sur le sens à leur accorder. Les adversaires s’affrontent, car ils veulent que leur interprétation des principes devienne hégémonique, mais ils ne remettent pas en question le droit légitime de leurs rivaux à se battre pour faire triompher leurs opinions – ceci nous rappelle le propos attribué à Voltaire : « Je ne partage pas vos idées, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez les exprimer ». Il est pourtant particulièrement malaisé de définir où passe la frontière entre différences légitimes et illégitimes, entre « antagonisme » et « agonisme ». Conformément à sa définition de la démocratie comme pratique plus que comme forme, Chantal Mouffe se réfère moins aux déclarations d’intention qu’aux actes, en l’occurrence au « respect des règles du jeu démocratique ».

[11] La « Quatrième République » est un terme forgé par Hugo Chávez alors qu’il était candidat aux élections présidentielles de 1998 pour désigner la période d’alternance politique entre l’AD et le COPEI entre 1958 et 1998, en l’opposant à son projet politique, désigné lui sous l’expression « Cinquième République » – note DIAL.

[12] Celui-ci se caractériserait d’une part par la propriété étatique des moyens de production et l’appropriation « quasi-sociale » par l’État du surplus économique, et de l’autre, par la situation privilégiée d’une élite bureaucratique peu nombreuse et un système de distribution du revenu dans lequel la part redistribuée n’est déterminée ni par le capital (c’est à dire la propriété), ni par le travail (principe de distribution de type socialiste) mais par des relations avec le pouvoir politique. Je reprends ici les éléments de définition de Szentes et Azoulay 1986.

[13] Cela impliquerait une lutte, juridiquement formalisée, contre la corruption, une institutionnalisation cohérente des mécanismes de participation populaire, une profonde réforme de l’administration de l’État (au lieu d’un foisonnement d’appareils paraétatiques d’intervention immédiate), et une application de la stratégie de développement diversifié prônée par le régime. Cela supposerait aussi et peut être surtout, une rupture avec le haut degré de « polarisation factice et de forfanterie idéologique » (Saint-Upéry 2008).

[14] Définie comme un mode de relation global de « l’en haut » avec « l’en bas », de l’État avec le peuple, du líder avec son peuple, l’assistance repose sur des rapports de faveur et de sujétion, où elle est la contrepartie naturelle d’une adhésion non pas seulement à un programme politique mais à un projet de société (Lautier 1999).

[15] Les missions (Robinson, Ribas, Sucre, Barrio Adentro…) créées en 2003, constituent un ensemble de programmes sociaux (alphabétisation, médecine gratuite et de proximité, insertion professionnelle…).

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