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13 février 2010 6 13 /02 /février /2010 09:18

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Caracas, février, (RHC)--. Le président vénézuélien, Hugo Chavez, a confirmé la décision de son gouvernement de développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, ce qu’il a considéré comme un droit souverain des pays.

Il a annoncé la mise en place d’une commission chargée de la question. Le président Chavez a confirmé attendre les attaques du gouvernement étasunien, tout comme il arrive aux autorités iraniennes.

« Quand nous commencerons à développer notre énergie nucléaire, parce que nous allons le faire, on va poser son regard sur nous et on dira que Chavez est en train de construire la bombe atomique » a-t-il relevé.

A ce propos, il a souligné que le Venezuela n’a pas besoin d’armes d’extermination massive.

« Nous détenons déjà « une bombe atomique », le Parti Socialiste et le peuple uni » a signalé Hugo Chavez qui a défendu le droit de l’Iran d’utiliser le nucléaire à des fins pacifiques.

« Le Venezuela comprend clairement la lutte de l’Iran, parce que c’est la même lutte pour la souveraineté. Il faut continuer à repousser la prétention de l’impérialisme yankee d’empêcher le développement économique et énergétique de l’Iran » a souligné le président vénézuélien qui a félicité son homologue iranien, Mahmoud Ahmadinejad, pour le 31e anniversaire de la Révolution islamique.
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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 07:55
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AUTEUR:  Lee SALTER

Traduit par  Fausto Giudice


Des chercheurs de l’Université de l’Ouest de l’Angleterre, ont mis en lumière une tendance systématique de la BBC à biaiser l’information sur le Venezuela. Les professeurs Lee Salter et Dave Weltman ont analysé dix ans de reportages sur le Venezuela depuis la première élection d’Hugo Chávez à la présidence. Ce projet de recherche continue. Les résultats montrent qu’à ce jour les reportages de la BBC ne répondent pas à l’engagement légal en faveur de l’impartialité, de la vérité et de l’exactitude stipulé par sa charte.

Les chercheurs ont étudié 304 reportages de la BBC diffusés entre 1998 et 2008 et ont trouvé que seuls trois de ces articles mentionnaient un aspect positif quelconque de la politique de l’administration Chávez. La BBC a échoué à informer de manière adéquate sur l’une quelconque des initiatives démocratiques, législation sur les droits de l’Homme, programmes d’alimentation, de santé ou de réduction de la pauvreté. La Mission Robinson, le plus grand programme l’alphabétisation dans l’histoire de l’humanité n’a été évoqué qu’accessoirement.

D’après cette recherche, la BBC semble n’avoir jamais accepté la légitimité du président, insinuant constamment que Chávez manque de soutien électoral, allant jusqu’à le comparer à Hitler (‘Venezuela’s Dictatorship’, 31/08/99). Cette déstabilisation  de Chávez doit être vue dans le contexte de ses scores électoraux : sa légitimité est mise en cause bien qu’il ait été élu de nombreuses fois, avec entre 56 et 60% des votes. Par contraste, au Royaume Uni, les partis vainqueurs depuis 1979 ont reçu entre 35.3% et 43.9% des votes ; le Premier ministre actuel a été nommé par son prédécesseur et de nombreux membres hauts placés du cabinet britannique n’ont jamais été élus. On ne sera pas surpris de constater que leur légitimité n’est jamais remise en cause par la BBC.

Une remarque particulière concerne la réponse de la BBC au coup d’État militaire de 2002. BBC News a publié neuf articles sur le coup d’Etat du 12 avril 2002, tous basés sur la version des putschistes, mis en valeur comme « sauveurs de la nation », aux côtés de l’ »opposition ». Bien que BBC News ait rapporté le coup d’Etat, la seule fois où elle a utilisé l’expression "coup d’État" a été pour dire que c’était une allégation de membres du gouvernement et de la fille de Chávez.

L’explication officielle de la BBC était que Chávez ‘était tombé’, ‘s’en allait’, ou ‘avait démissionné’ après sa ‘mauvaise gestion’ des ‘grèves’ (qui, comme Hardy [2007] nous le rappelle, étaient en réalité des lock-outs patronaux) et des ‘manifestations’ où ses partisans auraient tiré et tué des manifestants. Rapportant ce dernier « fait », Adam Easton, le correspondant de la BBC à Caracas écrivait : "Des prises de vue montrent des partisans armés de Chávez tirant sans discrimination sur les manifestants" (‘Venezuela’s New Dawn’). Les séquences en question avaient été diffusées par la chaîne de télévision d’un oligarque qui avait soutenu le coup d’État. Il a été prouvé plus tard qu’on avait affaire à une manipulation.

Vu qu’Hugo Chávez avait remporté deux élections et un référendum constitutionnel avant le coup d’État, il est surprenant que la BBC ait privilégié la version des putschistes. Les intentions "démocratiques" de ces derniers n’ont pas été mises en question un seul instant... Dans « Médias vénézueliens : "C’est la fin !" » la BBC laisse le rédacteur en chef du quotidien El Universal déclarer sans personne pour le contredire : « Nous voilà revenus en démocratie ! ».

Fait peut-être le plus significatif, dans ‘Venezuela’s political disarray’,  le chef du desk Amériques de la BBC a choisi comme sous-titre "Restauration de la démocratie". L’article "Oil prices fall as Chávez quits" (Les prix de pétrole en chute alors que Chávez s’en va) nous explique que Chávez quitte son poste à la suite d’un ‘soulèvement populaire’.

Enfin, tous les micros-trottoirs des neuf articles consacrés au coup d’État avaient été réalisés avec des partisans de "l’opposition", et les seules voix en faveur de Chávez étaient celles de membres du gouvernement, de sa fille ou de Cuba. Il est donc raisonnable de déduire des reportages de la BBC, que de manière générale, les Vénézuéliens ne soutenaient pas Chávez, puisque le coup d’État a été présenté de manière inexacte comme ‘populaire’, alors que le contre-coup d’État ne l’était pas.

Les chercheurs ont émis l’hypothèse que l’une des bases de l’inexactitude des reportages sur le Venezuela était l’adhésion de la BBC aux perspectives idéologiques l’élite vénézuélienne. Contre le poids de la recherche historique sur l’histoire du Venezuela, la BBC fonde ses rapports sur la "thèse de l’exceptionnalisme" - l’idée que le Venezuela était l’exception dans les pays d’Amérique latine, du fait que sa démocratie était assez solide pour résister à la dictature.

Cependant, la recherche historique suggère que cette idée est fausse. Comme l’expliquent les professeurs Ellner et Salas, ceux qui se réfèrent à cet exceptionnalisme du Venezuela ont échoué... à établir un lien entre l’exclusion politique et le phénomène de clientélisme qui va avec d’un côté, et la violation des droits de l’homme, la manipulation électorale et la corruption de l’autre. Ils ont pris la légitimité de mécanismes institutionnels qui garantissaient la stabilité pour acquise. Les même carences -  fraude électorale, corruption, répression – mentionnées par les chercheurs comme facteurs ayant contribué à la crise des années 90, étaient déjà présentes dans  les décennies précédentes.

Sûrement que La BBC n’arrive certainement pas à l’admettre et son ignorance de l’extrême pauvreté affectant  tant de Vénézuéliens la rend imperméable à une compréhension adéquate de la politique vénézuélienne. Comme  la BBC ne peut pas "voir" ces facteurs, elle n’est pas en mesure de comprendre que la Révolution Bolivarienne est une réponse à des décennies de pauvreté et d’oppression.

Au lieu de cela, la BBC personnalise le mouvement bolivarien, réduit à un Hugo Chavez sortant de nulle part et s’imposant au Venezuela, comme s’il n’y avait pas eu de mouvement, et comme s’il n’y avait pas eu d’élections.

Par exemple, la victoire référendaire de 2004 est décrite comme ‘un retournement extraordinaire, qui défie toute explication facile’ (‘Analysis : Venezuela at the Crossroads’, 17/8/04). Évidemment, cette victoire ne pouvait sembler "extraordinaire" qu’ aux personnes ignorant les réalités sous-jacentes à la politique vénézuélienne.

C’est donc en conséquence Chávez en personne qui devient la cause du conflit politique. Dans le monde selon la BBC il est impossible que les classes, la pauvreté, le non-respect des droits humains ou la corruption puissent être la cause d’un conflit politique - la BBC ne peut comprendre l’impact d’un taux de pauvreté de 70% en 1995, ou le fait qu’un an avant la première victoire électorale de Chávez, 67% des Vénézuéliens gagnaient moins de 2$ par jour.

Au contraire, les Vénézuéliens sont montrés comme des moutons abrutis conduits  par un joueur de flûte, ne faisant que répondre à ses appels d’agit-prop. Dans le monde selon la BBC, les "divisions" sociales et politiques n’existent qu’à cause de Chavez.

Pour la BBC, les seuls représentants légitimes des Vénézuéliens sont les oligarques non-élus derrière "l’opposition". C’est cette "opposition" qui est le Venezuela. « Les leaders de l’opposition au Venezuela », selon la BBC, appellent « la communauté internationale à intervenir pour protéger les règles démocratiques».

Quand la démocratie fut "restaurée" par un coup d’État militaire et l’imposition d’un dictateur, la BBC rapportait que « le Venezuela s’est tourné non pas vers un politicien existant, mais vers le chef de l’association patronale ». Quand une majorité de Vénézuéliens élit Chávez ce n’est pas un acte du "Venezuela", mais quand un coup d’État militaire concocté avec la CIA impose une oligarchie corrompue, cela reflète la volonté de tout le Venezuela, pas seulement d’une classe élitaire, mais du Venezuela lui-même.

Un point est à souligner par rapport à l’inexactitude et la déformation de la BBC : ses journalistes font partie d’une classe sociale résidant dans les beaux quartiers de Caracas. De ce point de vue, ils ne voient simplement pas la réalité de la situation. Cela confirmerait ce que Charles Hardy (de la BBC) avait dit : nous tendons à recevoir « la perspective d’un correspondant international... qui travaille dans un immeuble de bureau d’un journal d’opposition et vit dans un appartement d’ un quartier aisé ».

Quoi qu’il en soit, la grande question est : peut-on faire confiance à la BBC pour ce qui est d’informer sur l’Amérique Latine ? Certainement pas, Vu ses derniers comptes-rendus de la récente victoire d’Evo Morales en Bolivie, cela semble peu probable. Le public de la BBC reste cruellement mal informé.

Le programme de recherche continue et les chercheurs arrivent à Caracas fin décembre pour la prochaine étape du projet. Pour plus d’information, contacter l’auteur.



Pour lire d'autres articles de cette Première guerre mondiale des mots, cliquez ici 

La Première guerre mondiale des mots est une initiative de Palestine Think Tank et Tlaxcala.

Les auteurs souhaitant y participer peuvent envoyer leurs contributions à 
contact@palestinethinktank.com et à tlaxcala@tlaxcala.es.

 

 


Source : Venezuelanalysis.com- A Decade of Propaganda? The BBC’s Reporting of Venezuela 

Article original publié le 14/12/2010

Sur l’auteur

Fausto Giudice est membre de Tlaxcala, le réseau international de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur et la source.

URL de cet article sur Tlaxcala :
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=9993&lg=fr

 

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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 07:32
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Luis Britto Garcia
Quand les insurgés ont mis en fuite les occupants étrangers le 7 aout 1819 à Boyaca, cela marqua la date culminante de la Colombie. Le 3 Novembre 1903, quand les troupes des Etats-Unis ont envahi le Panama, et le 30 Octobre 2009, quand Uribe a signé la convention en vertu de laquelle les Etats-Unis envahissent le reste de la Colombie, cela dénote ses pires abimes. Sondons leur profondeur.

UN ENVAHISSEUR NARCOTRAFIQUANT LUTTE CONTRE LE NARCOTAFIC

Le paragraphe 1 de l’article III de cette convention, qui prétend que l’installation de bases se fait « conformément aux accords bilatéraux et multilatéraux auxquels la Colombie et les Etats-Unis sont sujets, en particulier ceux qui sont en rapport à la lutte contre le narcotrafic et le terrorisme et sujets à l’ordre juridique de chacune des deux parties » est ridicule. C’est pour cela que des troupes des Etats-Unis occupent la Colombie, mais pas même un soldat colombien n’occupe les Etats-Unis, la plus grande puissance terroriste, trafiquante et consommatrice de drogues de la planète.

L’ENVAHISSEUR EN TERMINE AVEC L’ÉGALITÉ SOUVERAINE, L’INTEGRITÉ TERRITORIALE ET LA NON-INTERVENTION

Le paragraphe 4 de l’article III de cette convention, qui dispose qu’il devra s’accomplir « de façon à ce que soient respectés les principes d’égalité de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-intervention dans les affaires internes des autres Etats » est insolent. Tout ces principes sont violés quand un Etat en occupe un autre, déclarant ses troupes immunisés face aux lois du pays envahi, créant dans ce pays un réseau de communications autonomes, assujettissant le territoire de ce pays à un contrôle militaire, et menant à bien tout type d’opérations belliqueuses dans ce pays et contre les Etats limitrophes.

DES ENVAHISSEURS DOTÉS DE L’IMMUNITÉ DIPLOMATIQUE

Le paragraphe 1 de l’article VIII précise que « la Colombie donnera au personnel des Etats-Unis et aux personnes en charge, les privilèges, exemptions et immunités qui sont données au personnel administratif et technique d’une mission diplomatique, comme indiqué dans la Convention de Vienne. » Mais, la Convention de Vienne se réfère spécifiquement au personnel administratif et technique de missions diplomatiques, et c’est une violation que de prétendre donner ces privilèges, exemptions et immunités à du personnel qui n’exerce pas de fonctions diplomatiques, mais militaires, et qui, selon l’article XV de la convention, porte des uniformes militaires et des armes.

DES ENVAHISSEURS SUSPECTÉS D’ACTIVITÉ CRIMINELLE

Au cas où il y avait encore des doutes, le paragraphe 3 de l’article VIII précise que « la Colombie garantie que ses autorités vérifieront, dans les plus brefs délais, le statut d’immunité du personnel des Etats-Unis et de leurs personnes à charge qui seraient suspectés d’activité criminelle en Colombie, et qu’elles les rendront aux autorités appropriées, diplomatiques ou militaires, des Etats-Unis, le plus rapidement possible ». Cette norme confirme que l’on cherche à garantir l’impunité pour les militaires étasuniens « suspectés d’une activité criminelle en Colombie ». Ce privilège viole l’égalité face à la Loi présente dans l’article 13 de la Constitution de ce pays, ainsi que la souveraineté de juridiction de ses tribunaux en les empêchant de pouvoir décider d’ « une activité criminelle en Colombie » et elle est à l’origine des délits commis par les envahisseurs. Mais il ne confère pas d’impunité similaire pour les militaires colombiens qui commettraient des délits aux Etats-Unis.

L'ENVAHISSEUR EMPLOIE LES ENVAHIS COMME GESTIONNAIRES

Selon l’article XIII, la Colombie assume le coût des services publiques requis par les envahisseurs, et selon l’article XIV « les Etats-Unis, le personnel des Etats-Unis, les sous-traitants des Etats-Unis et les employés des sous-traitants des Etats-Unis qui réalisent des activités dans le cadre du présent accord, recevront toute la collaboration nécessaire des autorités colombiennes pour les démarches, sans retard, et les processus administratifs ». Nous avons donc l’Etat de notre République Sœur qui est converti en gestionnaire des démarches administratives des forces d’occupation. De plus, dans l’article XX, il donne le droit aux Etats-Unis de créer un nouveau système de communication par radio et télévision « sans démarche ni concession de licence et sans aucun coût. »

L’ENVAHISSEUR S’APPROPRIE L’APPAREIL DE COMMUNICATION

Selon l’article XX, les Etats Unis peuvent créer leur propre système de communication en Colombie « sans démarche ni concession de licence et sans aucun coût. » Ainsi, « ils pourront mettre en place des stations satellitaires réceptrices pour la diffusion de radio et de télévision ». Donc, la Colombie cède son droit sur le spectre radioélectrique et les télécommunications, sur son territoire, et autorise les envahisseurs à créer un système de communication parallèle.

L’ENVAHISSEUR NE PAYE PAS D’IMPOTS

Selon le paragraphe 1 de l’article X, « la Colombie exonère les Etats Unis, et les sous-traitants des Etats-Unis, sauf les citoyens colombiens et les étrangers ayant une résidence permanente en Colombie, de tout les droits de douane, taxes, impôts et autres contributions qu’ils devraient payer en Colombie, pour l’importation, acquisition et utilisation de biens en Colombie, et sur les fonds qui sont utilisés en Colombie pour les activités effectuées en conformité avec le présent Accord. » Cette clause annihile la souveraineté tributaire de la Colombie, qui consiste en le droit inaliénable d’établir et de recevoir des impôts pour les activités économiques réalisées sur son propre territoire. Il faut signaler, honteusement, que l’infâme Traité contre la Double Imposition entre les Etats-Unis et le Venezuela dispose d‘ une clause similaire, d’abdication du pouvoir du Venezuela de recevoir des impôts des entreprises et citoyens étasuniens qui réalisent une activité économique dans notre pays. Sommes-nous donc un pays occupé ? Ou les Etats-Unis nous imposent-ils leur volonté sans avoir besoin de nous envahir ?


L’ENVAHISSEUR N’EST PAS SOUMIS AUX TRIBUNAUX


Selon l’article XXIV, s’il y a des désaccords sur l’application de la convention « les controverses ne seront soumises à aucune cour ou tribunal national ou international, ni à aucun organisme similaire, ni à des tierces parties, pour leur résolution, sauf en cas d’accord mutuel entre les parties. » A travers cet article, la Colombie renonce à son droit souverain de résoudre avec ses propres tribunaux les controverses sur les contrats d’intérêt public. Rappelons qu’une sentence du Tribunal Suprême du Venezuela annule la souveraineté juridictionnelle de notre pays en soutenant que les controverses sur nos contrats d’intérêt public peuvent être décidés par des tribunaux ou des organismes d’arbitrage étrangers, comme cela se passe dans le cas de EXXON. Sommes-nous donc un pays occupé ?

Ou certaines autorités nous considèrent comme un pays occupé ? Décidons-le.


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Cette article a été traduit avec l'autorisation de Luis Britto Garcia.
L'article original se trouve ici
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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 07:11
120643_kaos2.jpgVanessa
 
 BENITO PEREZ    

Les militants anti-putsch continuent de tomber. Plusieurs réseaux de solidarité avec le Honduras annoncent l'assassinat de Vanessa Yaneth Zepeda Alonso, militante du Front national de résistance populaire. Pilier du Syndicat des travailleurs de la sécurité sociale, la jeune militante de 29 ans s'était fortement engagée pour le retour du président Manuel Zelaya renversé le 28 juin 2009 par l'armée. Le crime a été perpétré le 3 février, une semaine après l'investiture de Porfirio Lobo, le nouveau chef de l'Etat contesté par le Front mais reconnu par un nombre croissant de pays. Ce meurtre est survenu au lendemain de l'enlèvement de deux caméramans également très engagés dans le mouvement anti-putsch. Anciens collaborateurs du gouvernement de Manuel Zelaya, les deux jeunes reporters ont été interrogés et torturés durant trois heures, avant d'être libérés.
L'une des deux victimes, Manuel de Jesús Murillo, avait déjà subi les foudres des putschistes, puisqu'il collabore à Globo TV, l'un des rares médias critiques avec le nouveau pouvoir, qui avait été interdit durant l'automne 2009.
La semaine dernière, l'Espagne et les Etats-Unis se sont dits prêts à normaliser pleinement leurs relations avec le gouvernement de M. Lobo et, par conséquent, à lever les dernières mesures de rétorsions prises à l'égard de Tegucigalpa après le coup d'Etat. BPZ

Le courrier.ch

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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 08:00

Le concept du "Vivre Bien", dans un entretien avec le journal La Razón David Choquehuanca, Ministre des Affaires Étrangères de Bolivie et expert en cosmovision andine, explique les principaux détails de cette approche qui place la vie et la nature comme des axes centraux.

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Le président Evo Morales pendant son investiture à Tiwanaku le 21 janvier.
Durant la cérémonie il a parlé de l’importance d’appliquer le concept du Vivre Bien en Bolivie.


Le Vivre Bien, le modèle que le gouvernement d’Evo Morales cherche à mettre en application, on peut le résumer comme le fait de vivre en harmonie avec la nature, quelque chose qui reprendrait les principes ancestraux des cultures de la région. Celles-ci considéraient que l’être humain passe au second plan après l’environnement.

David Choquehuanca est l’un des studieux aymaras partisans de ce modèle et un expert en cosmovision andine, il s’est entretenu avec La Razón pendant une heure et demie et a expliqué les détails de ces principes, reconnus par l’article 8 de la Constitution Politique de l’État (CPE).

“Nous voulons recommencer à Vivre Bien, ce qui veut dire que maintenant nous commençons à estimer notre histoire, notre musique, nos vêtements, notre culture, notre langue, nos ressources naturelles, et après les avoir mis en valeur nous avons décidé que nous allons récupérer tout ce qui est nôtre, de recommencer à être ce que nous avons été”.

L’article 8 de la Constitution établit que : “L’État assume et promeut comme étant les principes éthico-moraux de la société plurielle les concepts : ama qhilla, ama llulla, ama suwa (ne sois pas lâche, ne sois pas menteur, ne sois voleur), auxquels s’ajoutent qamaña (vivre bien), ñandereko (une vie harmonieuse), teko kavi (une bonne vie), ivi maraei (une terre sans malheur) et qhapaj ñan (un chemin ou une vie noble).

Le Chancelier a marqué une distance avec le socialisme et encore plus avec le capitalisme. Le premier cherche à satisfaire les nécessités de l’homme et pour le capitalisme le plus important est l’argent et la plus-value.

Selon D. Choquehuanca Vivre Bien est un processus qui a débuté récemment et qui se répandra peu à peu en se densifiant.

“Pour ceux qui appartiennent à la culture de la vie le plus important n’est pas l’argent ni l’or, ni l’homme, parce qu’il vient en dernier. Le plus important ce sont les rivières, l’air, les montagnes, les étoiles, les fourmis, les papillons (...) l’homme vient en dernier lieu, pour nous, le plus important c’est la vie”.

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David Choquehuanca, Ministre des Affaires Étrangères et expert en cosmovision andine.


Dans les cultures

Aymara : Anciennement les habitants des communautés aymara en Bolivie aspirait à être qamiris (les personnes qui vivent bien).

Quechuas : De la même manière les personnes de cette culture désiraient être qhapaj (les gens qui vivent bien). Un bien-être qui n’est pas économique.

Guaranis : Le guarani aspire à toujours être une personne qui se déplace en harmonie avec la nature c’est-à-dire qui espère un jour être iyambae.



Le Vivre Bien donne priorité à la nature avant l’humain
Ce sont les caractéristiques qui seront mises en application peu à peu dans le nouvel État Plurinational.


Accorder la priorité à la vie

Vivre Bien c’est chercher l’expérience personnelle en communauté, où tous les membres se préoccupent de tous. Le plus important n’est pas l’humain (comme le pose le socialisme) l’argent (comme le postule le capitalisme), mais la vie. On vise à chercher une vie plus simple. Le chemin de l’harmonie avec la nature et la vie, avec l’objectif de sauver la planète et qui donne priorité à l’humanité tout entière et non à certaines communautés.


Parvenir à des accords en consensus

Vivre Bien c’est chercher le consensus entre tous, bien que les personnes aient des différences, au moment de dialoguer on passe par un point neutre dans lequel toutes ces différences coïncident et il n’y a pas de provocation de conflit. “Nous ne sommes pas contre la démocratie, mais ce que nous ferons c’est l’approfondir, parce qu’en elle existe aussi le mot soumission et soumettre son prochain n’est pas Vivre Bien”, s’est expliqué le chancelier David Choquehuanca.


Respecter les différences

Vivre Bien c’est respecter l’autre, savoir écouter tout ce que dit celui qui désire parler, sans discrimination ou un quelconque type de soumission. La tolérance n’est pas l’axiome mais c’est plutôt le respect qui l’est, puisque chaque culture ou région a une manière différente de penser, pour Vivre Bien et en harmonie il est nécessaire de respecter ces différences. Cette doctrine inclut tous les êtres qui habitent la planète, comme les animaux et les plantes [1].


Vivre en complémentarité

Vivre Bien c’est accorder la priorité à la complémentarité, parce que tous les êtres qui vivent sur la planète se complètent les uns avec les autres. Dans les communautés, l’enfant se complète avec le grand-père, l’homme avec la femme, etc. Un exemple posé par le Chancelier spécifie que l’homme ne doit pas tuer les plantes, parce qu’elles complètent son existence et l’aident dans sa survie.


Équilibre avec la nature

Vivre Bien c’est mener une vie d’équilibre avec tous les êtres au sein d’une communauté. Selon le Chancelier David Choquehuanca la démocratie est considérée comme exclusive tout comme la justice, parce qu’elle ne prend les personnes en considération que par rapport à une communauté et non par rapport à ce qui est plus important : la vie et l’harmonie de l’homme avec la nature. C’est pourquoi Vivre Bien c’est aspirer à avoir une société équitable et sans exclusion.


Défendre l’identité

Vivre Bien c’est évaluer et récupérer l’identité. Dans le nouveau modèle, l’identité des peuples est beaucoup plus importante que la dignité. L’identité implique de profiter pleinement d’une vie basée sur des valeurs qui ont résisté plus de 500 ans (depuis la conquête espagnole) et qui ont été léguées par les familles et les communautés qui ont vécu en harmonie avec la nature et le cosmos.



L’un des principaux objectifs du concept Vivre Bien est de redonner l’unité à tous les peuples
Mr Choquehuanca explique également que savoir manger, boire, danser, communiquer et travailler sont aussi quelques-uns des aspects fondamentaux du concept Vivre Bien.


Accepter les différences

Vivre Bien c’est respecter les ressemblances et les différences entre les êtres qui vivent sur la même planète. Cela va au-delà du concept de la diversité. ”Il n’y a pas d’unité dans la diversité, mais une ressemblance et une différence, parce que quand on parle de diversité on parle seulement des personnes”, dit le Chancelier. Cette approche se traduit dans le fait que les êtres semblables ou différents ne doivent jamais se faire mal.


Accorder la priorité à des droits cosmiques

Vivre Bien c’est donner une priorité aux droits cosmiques plutôt qu’aux Droits de l’Homme. Quand le gouvernement parle de changement climatique, il se réfère aussi aux droits cosmiques, assure le Ministre des Affaires Étrangères. “C’est pourquoi le Président (Evo Morales) dit qu’il va être plus important de parler des Droits de la Terre-Mère que de parler des droits de l’homme”.


Savoir manger

Vivre Bien c’est savoir se nourrir, savoir combiner la nourriture adaptée aux saisons (des aliments selon l’époque de l’année). Mr Choquehuanca, explique que cette consigne doit s’inscrire sur la base de la pratique des ancêtres qui se nourrissaient d’un produit déterminé pendant toute une saison. Il indique également que bien se nourrir garantit la santé.


Savoir boire

Vivre Bien c’est savoir boire de l’alcool avec modération. Dans les communautés indigènes chaque fête a une signification et l’alcool est présent dans la célébration, mais on le consomme sans exagérer ou blesser quelqu’un. “Nous devons savoir boire, dans nos communautés nous avions de vraies fêtes qui étaient relatives aux époques de l’année. Ce n’est pas aller dans un bar, nous empoisonner avec la bière et tuer nos neurones”.


Savoir danser

Vivre Bien c’est savoir danser (danzar), pas simplement savoir danser (bailar) [2]. La danse(danza) est en relation avec d’autres faits concrets comme les semailles ou les récoltes. Les communautés continuent d’honorer la Pachamama par la danse et la musique, principalement durant les périodes agricoles, mais dans les villes les danses originaires sont considérées comme des expressions folkloriques. Dans la nouvelle doctrine la vraie signification du fait de danser sera renouvelée.


Savoir travailler

Vivre Bien c’est considérer le travail comme une fête. “Le travail pour nous c’est le bonheur”, dit le Chancelier David Choquehuanca. Il souligne qu’à la différence du capitalisme où on se fait payer pour travailler, dans le nouveau modèle de l’État Plurinational, on reprend la pensée ancestrale qui considère le travail comme une fête. C’est une forme d’épanouissement, c’est pourquoi dans les cultures indigènes on travaille depuis l’enfance.


Reprendre Abya Yala [3]

Vivre Bien c’est promouvoir le fait que les peuples s’unissent en une grande famille. Pour le Chancelier, cela implique que toutes les régions du pays se reconstituent en ce qui était considéré comme une grande communauté. “Cela doit s’étendre à tous les pays, c’est pourquoi nous voyons comme positifs les signes que donnent les présidents travaillant sur le fait d’unir tous les peuples et de reconstruire l’Abya Yala que nous avons été”.


Réintégrer l’agriculture

Vivre Bien c’est réintégrer l’agriculture pour les communautés. Une partie de la doctrine du nouvel État Plurinational est de récupérer les formes d’expérience en communauté, comme le travail de la terre, en cultivant des produits pour couvrir les besoins essentiels de subsistance. Sur ce point la restitution des terres aux communautés sera faite, de manière à ce que les économies locales soient régénérées.


Savoir communiquer

Vivre Bien c’est savoir communiquer. Dans le nouvel État Plurinational on cherche à reprendre la communication qui existait au sein des communautés ancestrales. Le dialogue est le résultat de cette bonne communication que le Chancelier mentionne : “Nous avons à communiquer comme cela se faisait avant nos parents, ce qui permettait de résoudre les problèmes sans que des conflits ne se présentent, nous ne devons pas perdre cela”.



Vivre Bien ce n’est pas “vivre mieux” comme dans l’idée du capitalisme
Parmi les préceptes qu’établit le nouveau modèle de l’État Plurinational, figurent la régulation sociale, la réciprocité et le respect pour les femmes et pour les personnes âgées.


Régulation sociale

Vivre Bien c’est réaliser un contrôle obligatoire entre les habitants d’une communauté. “Ce contrôle est différent de la proposition pour la Participation Populaire [4], qui a été rejetée (par quelques communautés) parce qu’elle réduit la véritable participation des personnes”, dit le Chancelier Choquehuanca. Dans les temps ancestraux, “tous se chargeaient de contrôler les fonctions que prenaient les principales autorités”.


Travailler en réciprocité

Vivre Bien c’est reprendre la réciprocité du travail dans les communautés. Chez les peuples indigènes cette pratique s’appelle ayni, qui n’est pas plus que rendre en travail l’aide prêtée par une famille dans une activité agricole, comme les semailles ou la récolte. “C’est l’un des principes ou codes qui nous garantiront l’équilibre face aux grandes sécheresses”, explique le Ministre des Affaires Étrangères.


Ne pas voler et ne pas mentir

Vivre Bien c’est se baser sur l’ama sua et l’ama qhilla (ne pas voler et ne pas mentir, en quechua). C’est l’un des préceptes inclus dans la nouvelle Constitution Politique de l’État et que le Président a promis respecter. De la même manière, pour le Chancelier c’est fondamental qu’au sein des communautés on respecte ces principes pour obtenir le bien-être et la confiance des habitants. “Tous sont des codes qui doivent être suivis pour que nous réussissions à bien vivre dans le futur”.


Protéger les semences

Vivre Bien c’est protéger et garder les semences pour que dans le futur l’usage de produits transgéniques soit évité. Le livre “Vivre Bien, comme réponse à la crise globale”, de la Chancellerie de Bolivie, spécifie que l’une des caractéristiques de ce nouveau modèle est de préserver la richesse agricole ancestrale avec la création de banques de semences qui évitent l’utilisation de transgéniques pour augmenter la productivité, parce que ce mélange avec les produits chimiques abîme et détruit les semences millénaires.


Respecter la femme

Vivre Bien c’est respecter la femme, parce qu’elle représente la Pachamama, qui est la Terre-Mère qui donne la vie et prend soin de tous ses fruits. Pour ces raisons, dans les communautés, la femme est estimée et elle est présente dans toutes les activités orientées vers la vie, l’allaitement, l’éducation et la revitalisation de la culture. Les habitants des communautés indigènes estiment la femme comme base de l’organisation sociale, parce qu’elles transmettent à leurs enfants les connaissances de leur culture.


Vivre Bien et pas mieux

Vivre Bien c’est différent du vivre mieux qui lui est lié au capitalisme. Pour la nouvelle doctrine de l’État Plurinational, vivre mieux se traduit par de l’égoïsme, du désintéressement pour les autres, de l’individualisme et la fait de penser seulement au gain. On considère que la doctrine capitaliste pousse à l’exploitation des personnes pour le captage des richesses par un petit nombre, tandis que Vivre Bien demande une vie simple qui maintient une production équilibrée.


Récupérer des ressources

Vivre Bien c’est récupérer la richesse naturelle du pays et permettre que tous bénéficient de celle-ci d’une manière équilibrée et équitable. La finalité de la doctrine du Vivre Bien est aussi celle de nationaliser et de récupérer les entreprises stratégiques du pays dans le cadre de l’équilibre et de la cohabitation entre l’homme et la nature, en opposition avec une exploitation irraisonnée des ressources naturelles. “Avant tout il faut que prime la nature”, ajoute le Chancelier.


Exercer la souveraineté

Vivre Bien c’est construire, depuis les communautés, l’exercice de la souveraineté dans le pays. Cela signifie, selon le livre “Vivre Bien, comme réponse à la crise globale” que l’on passera à une souveraineté au moyen du consensus commun qui définit et construit l’unité et la responsabilité en faveur du bien commun, sans qu’il ne manque personne. Dans ce cadre les communautés et les nations se reconstruiront pour édifier une société souveraine qui sera administrée en harmonie avec l’individu, la nature et le cosmos.


Profiter de l’eau

Vivre Bien c’est distribuer rationnellement l’eau et d’en profiter d’une manière correcte. Le Ministre des Affaires Étrangères indique que l’eau est le lait des êtres qui habitent la planète. “Nous avons beaucoup de choses, des ressources naturelles, de l’eau. Et par exemple la France n’a pas la quantité d’eau et la quantité de terre qui existe dans notre pays, mais nous voyons qu’il n’y a là-bas aucun Mouvement Sans Terre [5], ainsi nous devons estimer ce que nous avons et le préserver le plus possible, ça c’est Vivre Bien”.


Écouter les plus vieux

Vivre Bien c’est lire les rides des grands-parents pour pouvoir reprendre le chemin. Le Chancelier souligne que l’une des sources principales d’apprentissage dans les communautés sont les personnes âgées, elles conservent les histoires et les coutumes qui se perdaient avec le temps. “Nos grands-parents sont des bibliothèques mobiles, nous devons toujours apprendre d’eux”, mentionne-t-il. Par conséquent dans les communautés indigènes du pays, les personnes âgées sont consultées et respectées.


Source : La Razón "25 postulados para entender el “Vivir Bien”"
Traduction : Primitivi

Notes

[1] NDT : Elle n’est pas centrée sur l’humain mais bien sur la planète dans son ensemble

[2] Ici l’auteur de l’article met en opposition deux manières de dire danser en espagnol : danzar et bailar, où danzar intègre une idée de cérémonie/célébration/symbolique qui n’est pas inclus dans le verbe bailar.

[3] Abya Yala est le nom choisi en 1992 par les nations indigènes d’Amérique pour désigner l’Amérique au lieu de le nommer d’après Amerigo Vespucci. Voir sur wikipédia

[4] Voir "Décentralisation en Bolivie : 10 ans de Participation Populaire dans les municipalités rurales"

[5] MST : le mouvement des travailleurs ruraux sans terre, mouvement politico-social brésilien qui cherche à obtenir la réforme agraire. Le Ministre signifie ainsi que l’Amérique Latine dans son ensemble est encore aux mains des latifundistes, lire "Les veines ouvertes de l’Amérique Latine" d’E. Galeano pour mieux com
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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 07:40
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À l’évidence, le changement climatique est un problème global, qui appelle des régulations internationales, négociées dans un cadre multilatéral. Mais il ne saurait s’y limiter : en ne tenant pas compte de sa dimension locale, la communauté internationale, et certaines ONG environnementales, tendent à masquer des injustices d’autant plus marquées que les réponses proposées font toutes appel au marché. Les peuples et tribus indigènes d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale sont parmi les premiers à en subir les conséquences et leurs luttes sont violemment réprimées, comme en Amazonie brésilienne, dont les peuples s’opposent à des exploitants forestiers soutenus par l’inaction du gouvernement local comme fédéral. La lutte des habitants du Gleba Nova Olinda en est un exemple.

Après une décennie de plaintes ignorées, de négociations infructueuses avec le gouvernement et d’innombrables menaces contre leurs meneurs par les bûcherons et leurs hommes de main, les habitants de la région d’Arapiuns en Amazonie brésilienne ont lancé une protestation publique contre l’exploitation forestière illégale sur leurs terres. Plus de 500 personnes issues de 40 communautés sont venues dans leurs rabetas (pirogues avec des moteurs hors-bord) pour bloquer le fleuve Arapiuns et empêcher l’activité forestière dans le Gleba Nova Olinda. Les manifestants ont alors saisi deux barges de bois.

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Leur mobilisation a duré plus d’un mois ; les représentants des gouvernements fédéral et de l’Etat les ayant tour à tour ignorés ou leur ayant répondu de manière évasive. Finalement, les manifestants excédés ont décidé d’envoyer un signal fort. Le 12 novembre, suite à une deuxième réunion avec les représentants des gouvernements fédéral et de l’Etat qui n’a de nouveau offert aucune solution à leurs problèmes, ils ont mis le feu aux barges. Le Gleba Nova Olinda recouvre 172.900 hectares entre le Maró et la rivière Aruá, à la source du fleuve Arapiuns dans la municipalité de Santarém. Ses ressources naturelles sont indispensables à la survie de la population de l’Arapiuns. La mobilisation réunit 14 communautés de toute la région dans le « Mouvement pour la Défense de la Vie et de la Culture de l’Arapiuns ». Les communautés autochtones et paysannes du Gleba Nova Olinda ont adressé une pétition au gouvernement pour que soient légalement reconnus leurs droits territoriaux depuis la création de la Réserve Extractive [1] du Tapajos-Arapiuns il y a 13 ans. Au cours de la dernière décennie, les programmes d’échange de terres domaniales et les incitations au développement ont attiré les bûcherons et les potentiels cultivateurs de soja dans le Gleba Nova Olinda. Cet afflux a provoqué des conflits relatifs au foncier et aux droits aux ressources avec les habitants de la région qui ont rapidement tourné à la violence. La violence et les menaces sont un moyen commun de résolution des conflits dans l’État du Pará, où les ressources précieuses telles que le bois engendrent des conflits aux enjeux élevés et où l’application de la loi par l’État est minime.

Les compagnies forestières ont divisé les communautés dans la région, multipliant les conflits au-delà de la traditionnelle confrontation entre bûcherons, spéculateurs fonciers et communautés. Les entreprises ont coopté certaines communautés, achetant leur soutien à bon prix, en offrant des infrastructures que le gouvernement n’a jamais fournies, telles que des générateurs et des bâtiments communautaires, ou des emplois qui transforment les habitants de la région en agents de la déforestation. La plupart des habitants, cependant, continuent de protester contre la présence des bûcherons.

Les communautés du Gleba Nova Olinda, le syndicat des travailleurs ruraux et la Commission foncière pastorale ont travaillé pendant trois mois pour élaborer un plan d’occupation des sols qui garantisse les droits des habitants. Ce plan est le résultat d’années de discussions entre les communautés du Gleba Nova Olinda, et plus largement de la région d’Arapiuns. Malgré tous leurs efforts, le gouvernement de l’État a choisi d’ignorer leur proposition et de retenir celle présentée par les compagnies forestières et les coopératives qui réclament illégalement des terres et des ressources dans la zone [2].
Le gouvernement de l’État du Pará a effectivement décidé de ne pas expulser les bûcherons et les spéculateurs fonciers opérant dans les territoires traditionnels et autochtones. Au contraire, la proposition a permis la mise en place de onze « plans de gestion durable » et réduit la taille du Projet de peuplement dans le cadre de la réforme agraire –et agro-extractive- de Vista Alegre (Vista Alegre Agro-extractive Agrarian Reform Settlement Project) de 25 000 à 5.000 hectares.

Pendant ce temps, le processus juridique qui vise à reconnaître et à délimiter les territoires autochtones par la Fondation nationale des Indiens (FUNAI) est au point mort depuis des années [3]. La réticence de la FUNAI à délimiter la zone a permis aux bûcherons de la région et au gouvernement de l’Etat de continuer à ignorer les droits des autochtones Borari-Arapiun en construisant des routes forestières, en avalisant des plans de gestion et en refusant d’appliquer les réglementations en matière d’exploitation forestière et de régime foncier à l’intérieur du territoire indigène.

Transformer les terres et les ressources en marchandises

Dans l’Etat du Pará, l’offre abondante de ressources naturelles a conduit à une corruption institutionnalisée. En combinant manipulations juridiques et violations de la loi en toute impunité, le gouvernement encourage et favorise souvent les crimes environnementaux dans la région. Comme le dit Leal Aluzio, universitaire amazonien : « En fin de compte, ce sont les autorités qui ont le pouvoir de faire obstacle ou de permettre l’illégalité, ce sont elles qui sont investies du pouvoir institutionnel. Et donc l’illégalité, lorsqu’elle est « libérée », s’exprime sous diverses formes de transgression allant du « clairement illégal » au « soi-disant légal » ; elles sont « protégées » par la loi. [4] »

Les récents changements concernant l’usage des terres et la répartition territoriale de l’Amazonie brésilienne suivent en gros deux directions. Il y a eu une forte poussée pour que les droits ethniques et culturels à la terre soient reconnus aux peuples indigènes et autochtones, suite à d’importants mouvements de base et à la signature de conventions internationales. Les populations autochtones, les quilombolas (descendants des communautés d’esclaves fugitifs), les populations « traditionnelles », les paysans sans terre et la nature se sont vu gratifier de polygones [5] sur les cartographies « écologiques et économiques » du plan régional amazonien créé à l’initiative de la Banque mondiale pour mettre en place « un développement durable et participatif [6] » sur le territoire.

Le nouveau modèle inspiré par la Banque est conçu pour faciliter un tout autre objectif de redistribution territoriale et de développement économique. Il vise plutôt le développement de grandes infrastructures et l’ouverture de nouvelles zones pour l’exploitation forestière et l’extraction minière, l’agriculture industrielle et l’élevage. Les plans de Zonage Economique et Ecologique (ZEES en portugais) sont destinés à intégrer les préoccupations environnementales et sociales dans le schéma de développement économique de l’Amazonie. Ils sont devenus un outil pour « verdir » le développement économique du Brésil. Le dernier schéma de développement économique du Brésil, le Programme de Croissance Accélérée (PAC-Programa de Aceleração ne Crescimento) alloue 95 milliards de dollars sur quatre ans pour la construction d’autoroutes, de voies navigables et de barrages en Amazonie.

Le plan de zonage économique et écologique pour l’Ouest du Pará (ZEE-Oeste do Pará) a été pensé pour répondre aux préoccupations environnementales entourant le projet du PAC d’ouverture de la route Santarém-Cuiabá (BR 163). La route Santarém-Cuiaba est la seule qui traverse l’Amazonie du sud au nord et potentiellement, elle est la façon la plus rapide d’acheminer directement les récoltes de soja du sud du Brésil jusqu’au fleuve Amazone pour partir ensuite vers l’exportation. Le plan de zonage écologique et économique divise la région en plusieurs zones avec des affectations fort différentes.

En 2009, le gouvernements de l’État comme le gouvernement fédéral ont rapidement adopté une série de lois et de politiques qui facilitent le changement d’affectations des terres décrites dans le ZEE. Ces lois organisent le territoire d’une nouvelle manière et modifient les fonctions de l’Etat pour faciliter le développement économique régional, en créant notamment de nouveaux types de désignation des terres qui assouplissent la réglementation et facilitent l’obtention de concessions pour l’exploitation forestière, l’agriculture et l’extraction minière. Certaines lois créent aussi des titres fonciers pour de nouvelles terres ou des concessions à usage collectif. D’autres lois ciblent le code forestier du Brésil. Le ZEE réduit efficacement la quantité de terres que les propriétaires fonciers doivent maintenir comme forêt au titre de la conservation, de 80% à 50% de leur propriété dans de nombreux cas [7]. Une mesure est actuellement débattue pour permettre aux éleveurs d’acheter des zones de réserve en dehors (et loin) de leurs propriétés afin de déboiser davantage leurs propres terres, y compris dans des zones qui sont protégées (cf. ce lien).

Les terres autochtones et les aires de conservation sont prétendument protégées du développement, tandis que toutes les autres zones sont consacrées à la « consolidation » ou à l’ « expansion » des activités productives pour les marchés internes et externes, tels que de l’élevage, l’agriculture industrielle et l’exploitation forestière (Voir la loi Nº 7.243, déjà citée). Une fois ces aires délimitées, diverses lois et politiques contraignent leur fonctionnement conformément à leur désignation de ZEE. Le Gleba Nova Olinda est désigné comme zone d’expansion, ce qui donne priorité au développement sur la conservation et permet aux développeurs d’obtenir des licences pour les activités productives mentionnées ci-dessus.

L’ambigüité du régime de propriété foncière est considérée comme un obstacle au développement dans l’État du Pará. Très peu de gens possèdent des droits de propriété certifiés, sous la forme de titres officiels, et une grande partie de l’État est terra devoluta, non affectée mais souvent occupée, les terres étant aux mains du gouvernement fédéral. Dans le Pará, environ 30 millions d’hectares sont ainsi occupés par des personnes qui ont pris possession des terres illégalement [8]. Les programmes d’attribution de titres fonciers, les projets de peuplement dans le cadre de la réforme agraire et les zones de conservation ont pour but de proposer des solutions à ce problème.

Les lois telles que « Terra legal », adoptée en 2009, va légaliser toutes les revendications territoriales jusqu’à 1.500 hectares sur les terres fédérales d’Amazonie brésilienne. L’Etat du Pará a adopté une loi similaire relative aux terres de l’Etat. Ces lois rationalisent le transfert des terres publiques vers la propriété privée.

Les mouvements sociaux, ainsi que des hommes politiques de gauche et certains scientifiques, ont critiqué cette loi car elle permet potentiellement de légaliser des terres obtenues illégalement. Ces lois ont également été critiquées car elles favorisent la marchandisation à grande échelle des terres et sont détournées pour le plus grand bénéfice des grands propriétaires terriens et des voleurs de terre, connus sous le nom grileiros [9]. Le président Luiz Inácio da Silva a accompagné à Harvard le professeur Mangabeira Unger, nommé à l’occasion secrétaire particulier pour les sujets stratégiques, afin qu’il y mène les tractations politiques nécessaires à l’adoption de cette loi -convaincre les législateurs, passer des accords, et faire bénéficier ce projet du prestige de Harvard. Unger a démissionné et est retourné aux États-Unis deux jours après que la loi soit votée.

Les territoires autochtones et les aires de conservation sont souvent traités comme si elles étaient « en dehors du marché » ; néanmoins les conflits sur l’utilisation des terres dans ces régions montrent que pour peu qu’elles contiennent des ressources viables, il est peu probable qu’elles soient sauvées de l’exploitation. Les longs délais qui existent pour que ces zones soient légalement protégées créent de grandes fenêtres d’opportunité pour extraire rapidement les ressources avant que ne s’active le régime de protection. Cette situation est une pratique courante [10]. La taille des projets de peuplement dans le cadre de la réforme agraire et des nouvelles zones de conservation se réduit de plus en plus par rapport à celle figurant à l’origine dans la pétition, et ce pour satisfaire les besoins de l’exploitation forestière et les intérêts miniers.

Le cas de la Réserve Extractive Renascer

La réserve extractive Renascer a été créée comme zone de conservation dans le ZEE le 5 juin 2009, après une décennie de luttes. Les communautés de la région ont commencé à faire pression pour la création d’une réserve lorsque de grandes sociétés d’exploitation forestière telles que Madenorte se sont installées dans la région à la fin des années 1990 et ont occupé le territoire et établi leurs frontières avec menaces et violence. Les organismes fédéraux de régulation ont ignoré les innombrables demandes pour débarrasser la région des bûcherons. En 2006, les habitants de Santa Maria do Uruará ont pendant trois mois mis en place toute une série d’actions : fermeture de la route vers le port, séquestration des barges de bois, et finalement incendie d’une barge transportant 1.000 mètres carrés de bois.
Ce n’est qu’après l’incendie des barges que le gouvernement a enfin donné sa réponse. En décembre 2006, le gouvernement fédéral a lancé l’ « Opération Renascer » contre l’abattage illégal, qui a permis d’arrêter neuf personnes et de stopper l’exploitation forestière illégale dans la région pendant un certain temps. Trois ans plus tard, la réserve n’a cependant toujours pas été établie et les mêmes bûcherons sont revenus dans la région. Les compagnies forestières, leur personnel et leurs infrastrcutures sont également toujours les mêmes. Elles ne font que changer de nom, tout en maintenant leurs pratiques. Par exemple, l’entreprise Madenorte opère maintenant sous le nom de Jaurú, en utilisant la même usine et les mêmes installations portuaires à l’intérieur de la réserve.
Suite à des négociations entre l’Etat, le gouvernement fédéral, le WWF et des membres du syndicat des travailleurs ruraux et du syndicat des pêcheurs, la Réserve Extractive Renascer a été créée en juin ; sa superficie représente la moitié de celle initialement proposée. La portion de la réserve qui contient les ressources minérales potentielles, la grande majorité de la forêt primaire et les sources des trois rivières de la région a été exclue, selon les hauts fonctionnaires de l’Institut Chico Mendes pour la conservation de la biodiversité (ICMBio), qui a en charge la gestion des unités de conservation au Brésil, souvent dans l’intérêt des bûcherons et des mineurs. Avec la création officielle de la réserve, la vitesse à laquelle le bois a été débité et est sorti illégalement du territoire a augmenté de façon exponentielle. Les résidents du secteur signalent que jusqu’à cinq barges contenant entre 1.000 et 2.000 mètres cubes de bois chacune quittaient la zone chaque jour.
En réponse aux dénonciations répétées des membres de la communauté, l’Institut Chico Mendes et le SEMA, le secrétariat d’État à l’environnement chargé de l’application des règlements en matière d’exploitation forestière sur les terrains fédéraux et ceux de l’Etat dans l’État de Pará, assurent qu’ils ne peuvent rien faire sans passer par de longs processus bureaucratiques. Ils disent qu’ils ont besoin d’informations plus spécifiques, telles que des données GPS et des photos, moyens dont ne disposent pas les communautés et qui sont dangereux pour elles d’obtenir. L’action et l’inaction du gouvernement expédient des terres et des ressources, en théorie protégées, directement vers le marché.
Le 27 novembre, les habitants de Renascer et de Santa Maria Uruará, qui se trouvent à la limite de la réserve, ont décidé qu’ils ne pouvaient plus attendre que le gouvernement agisse. Ils ont installé un campement à la limite de la réserve où les rivières Tamataí et Uruará se rejoignent. Ils ont informé les bûcherons et les autorités municipales, étatiques et fédérales qu’ils ne permettraient plus à aucune barge chargée de bois de passer. Une barge qui descendait la rivière s’en est immédiatement retournée à son port de départ et aucune péniche n’a passé le blocus depuis plus d’un mois. Après plusieurs semaines pendant lesquelles les communautés ont campé au bord de la rivière, l’Institut Chico Mendes a publié une ordonnance de fermeture du port. Un juge municipal a également ordonné que le port soit fermé jusqu’à ce que les lois contre l’exploitation forestière illégale au cœur de la réserve soient appliquées. Toutefois, l’exploitation forestière dans la réserve ne s’est pas arrêtée, et les gouvernements municipal, étatique et fédéral ont continué à prétendre que le manque de ressources rendait l’exécution de la décision du juge prohibitive. Les membres de la communauté continuent à subir au quotidien des menaces venant des avions et des bateaux qui passent sur le territoire, ainsi que des menaces verbales. Plus de 200 personnes ont campé à l’embouchure de la Tamataí, empêchant toute sortie des barges et exigeant l’intervention du gouvernement.
Suite à une tentative avortée de soudoyer les membres de la collectivité pour permettre la reprise des activités forestières illégales, le 3 janvier dernier, les exploitants ont embauché des hommes armés pour apporter leur bois sur le marché. Quand ils sont arrivés au campement et que les membres de la communauté ont bloqué le fleuve avec leurs canots, les hommes armés ont ouvert le feu. Deux membres de la communauté ont été tués. Les barges de bois ont pu passer et être acheminées au marché.

Interventions

Les actes de désobéissance civile menés par les mouvements sociaux pour attirer l’attention sur les violations de leurs droits sont criminalisés dans la presse, délégitimés par des ONG internationales qui prétendent les avoir soutenus et font, de plus en plus, l’objet de poursuites judiciaires [11]]. Les dirigeants des mouvements à la fois de l’Arapiuns et de Renascer ont été interpellés par la police et menacés d’emprisonnement, tandis que les bûcherons continuent à agir en toute impunité. Ces actes, semblent cependant être les seules alternatives qui entraînent une réponse de la part du gouvernement et contraignent ceux qui ont commis des crimes à reculer. Les gouvernements du G20, la presse, la plupart des grandes ONG internationales environnementalistes et de nombreux scientifiques ont salué les actions de conservation en vue du développement, régies par des mécanismes de marché, comme le meilleur moyen de sauver l’Amazonie. Mais ces politiques se révèlent rapidement insuffisantes, conflictuelles et contre-productives, comme en témoigne ce qui se passe dans les cas de la Gleba Nova et de Renascer. Les coûts sociaux et environnementaux de la mascarade écologique de ce type de développement intrinsèquement destructif sont énormes. Les problèmes épineux des débats post-Kyoto, l’actuelle crise économique mondiale et les multiples crises du paradigme néolibéral créent un contexte d’accélération de l’exploitation au moment même où les dirigeants du monde s’engagent à contrecœur pour la conservation.

Si les pays et les organisations du Nord veulent vraiment arrêter la destruction des forêts et la disparition des peuples des régions tropicales, ils doivent reconnaître, valoriser et mettre en œuvre la myriade d’approches alternatives au marché, pour promouvoir la conservation. Les peuples des forêts sont ceux qui peuvent garantir, par leurs connaissances et leurs pratiques diverses, la survie de ces forêts.

Les bureaucrates du G20 feraient bien d’apprendre de ces peuples. Commencer par reconnaître que nos modes de consommation et de gouvernance internationale sont directement responsables d’une grande partie de la destruction de la planète permettrait d’élaborer un paradigme plus réfléchi.

La communauté internationale peut servir plus efficacement la conservation de l’Amazonie en accordant une attention particulière aux questions soulevées dans les débats locaux, plutôt que d’appliquer partout le discours généralisé de la « gouvernance » et de proposer des solutions fondées sur le marché aux problèmes liés aux modes de consommation mondiale. Il serait plus raisonnable de faire pression sur le gouvernement local et le gouvernement fédéral, afin qu’ils reconnaissent et respectent les droits des peuples à administrer leurs propres territoires et ressources en pratique, non pas seulement dans les discours.

Ce texte n’est pas un appel romantique au localisme, il soulève une importante question de souveraineté politique. Le peuple du Gleba Nova Olinda et de la réserve extractive Renascer ne devrait-il pas disposer du droit de déterminer son identité, de tracer les frontières de ses territoires et de décider comment les ressources et les terres doivent y être gérées ?

Article initialement paru sur Counterpunch
Traduit par Morgane Iserte, dans le cadre du projet M-e-dium

Publié par Mouvements, le 10 février 2010. http://www.mouvements.info/La-bataille-de-l-Amazonie.html
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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 07:39
De retour du Brésil, Christophe Ventura de Mémoires des luttes, expose les difficultés du Parti des travailleurs et de Lula à empêcher le retour de la droite. la complexité du paysage politique brésilien et la politique de centre gauche de l'actuel président explique le risque de désaffection des milieux populaires
Ici, à Morvan Dias, la route qui relie l’aéroport de São Paulo au centre de la mégalopole de près de 20 millions d’habitants, le Brésil, c’est d’abord un imposant bidonville. Une   favela  qui s’étale sur une immense étendue de terre rouge transformée en boue glissante par les terribles pluies qui s’abattent depuis près de deux mois.
Des fils pirates faits main enlacent des pylônes électriques situés entre les premières habitations de la favela et la route, afin d’amener le précieux courant détourné vers les baraques de parpaings rouges aux toits de tôle ondulée. Ils se mêlent aux déchets en tout genre - appareils électroménagers, poupées et jouets d’enfants démembrés, bouteilles, fauteuils et mousses - qui, agglutinés autour de ces poteaux, forment une sorte  de muret frontière entre la zone habitée et la voie empruntée par les voyageurs qui se rendent dans la capitale économique et financière du Brésil. 

L’Etat de São Paulo concentre, en effet, environ 45 % de la production industrielle du pays et en constitue le principal centre financier.
Le Brésil est un « pays de contrastes », comme on dit pudiquement. C’est, en réalité, un pays-continent profondément inégalitaire. Aujourd’hui, bien qu’ayant augmenté de près de 10 % depuis 2003 (de 6 % en prenant en compte l’inflation) sous les gouvernements présidés par Luiz Inácio Lula da Silva, le salaire minimum est seulement de 510 reais  (environ 200 euros). Il ne permet à personne de vivre décemment.

Selon le coefficient de Gini, qui mesure la répartition des richesses dans un pays, le Brésil est l’un des plus mal placés, aux côtés du Guatemala, de la Colombie, du Chili, de l’Equateur, d’Haïti, du Honduras ou de la Zambie. Une infime minorité de la population concentre l’essentiel des richesses de cet Etat très riche en hydrocarbures, en terres, en biodiversité, etc.
Le Brésil gagne en influence au plan géopolitique
Le bilan social et démocratique des deux mandats du président Lula est pourtant marqué par des avancées et des progrès indéniables. Comme l’affirme la déclaration de l’assemblée des mouvements sociaux brésiliens, réunie à l’occasion du Forum social mondial thématique qui vient de se terminer à Salvador de Bahia le 31 janvier (après que se soit tenu un autre événement du Forum social mondial à Porto Alegre du 25 au 29 janvier),  « au Brésil, beaucoup d’avancées ont été obtenues pendant les 7 années de gouvernement Lula. L’Etat a été renforcé et a permis davantage de développement. Il y a eu une certaine redistribution des richesses et des progrès sociaux, notamment avec la revalorisation du salaire minimum et les politiques sociales comme la Bolsa familia (dispositif d’aide de l’Etat aux familles pauvres). L’intégration solidaire du continent a été stimulée ».
 
Cette dernière remarque fait référence au poids géopolitique déterminant du Brésil en Amérique latine avec la création de l’Union des nations sud-américaines (Unasur) et du Conseil de défense sud-américain en 2008, et avec diverses autres formes de résistance à l’hégémonie des Etats-Unis : accueil du président hondurien destitué, Manuel Zelaya, dans son ambassade à Tegucigalpa ; appui politique aux gouvernements du Venezuela, de la Bolivie  et de l’Equateur, etc. On pourrait également ajouter que Brasilia prend ses distances avec Washington sur la scène internationale, notamment sur le dossier iranien.
Les riches ont bien profité de la gouvernance LulaMais, toujours selon les termes de la déclaration des mouvements sociaux signée par les principales forces syndicales (Centrale unique des travailleurs – CUT -, Centrale des travailleurs du Brésil – CTB -, Union générale des travailleurs – UGT -), ainsi que par le  Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) et l’Union brésilienne des femmes, « beaucoup reste à faire. Les réformes structurelles capables d’enraciner les conquêtes démocratiques n’ont pas été effectuées et les profondes inégalités sociales qui perdurent depuis cinq siècles dans ce pays sont loin d’être résorbées ».
 Dans un pays sorti de la dictature militaire en 1985, les politiques des gouvernements Lula ont également permis de démocratiser la vie publique, notamment en donnant un rôle accru aux syndicats et aux mouvements sociaux (développement des consultations, création de ministères, secrétariats et institutions sociales intégrant syndicats et autres organisations sociales). A cela s’ajoute le fait que l’ancien ouvrier métallurgiste de Sao Bernardo, devenu président de son pays, est un personnage politique hors normes dont la vie a été portée à l’écran dans le film Lula, O Filho do Brasil   (« Lula, l'enfant du Brésil ») sorti en salles au début du mois de janvier. Sa cote de popularité (plus de 80 %) est sans précédent pour un président sortant.

Pour autant, l’avenir n’est pas assuré pour son parti, le Parti des travailleurs (PT), déjà en campagne pour les élections locales, législatives et présidentielle d’octobre prochain. Les gouvernements de Lula, en effet, n’ont pas remis en cause les structures économiques profondément inégalitaires du pays. Les entrepreneurs et les milieux financiers ont fait l’objet de toute la sollicitude du pouvoir : consolidation de l’alliance entre l’Etat et le lobby agroalimentaire qui a permis l’appropriation des terres par des entreprises multinationales (Monsanto, Syngenta, Cargill, Nestlé, BASF, Bayer, etc.) ; mise en place d’un modèle économique intégré au libre-échange mondial privilégiant l’agro-business et l’exportation au détriment de la sécurité alimentaire et de l’agriculture familiale ; financiarisation de l’économie qui a  considérablement renforcé la pénétration du capital étranger et l’augmentation de la dette interne , etc. On estime que seulement 0,5 % du PIB est allé aux mesures de redistribution de la richesse, alors que le service de la dette interne (qui, principalement, va dans les poches de 20 à 30 000 familles) représente 6 ou 7 % du PIB…

Tout le monde a gagné sous les gouvernements Lula, mais surtout les riches…
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La «tecnica» adoubée par Lula n'est pas sûre de gagner
La candidate à la présidence soutenue par le PT et Lula, Dilma Rousseff, actuelle chef de la maison civile (équivalent de premier ministre), n’est pas dans une position facile. En octobre prochain, elle devra disputer, au second tour de l’élection présidentielle, un match serré avec le candidat du centre-droit,  José Serra, gouverneur de l’Etat de São Paulo (Parti social démocrate brésilien – PSDB -) que Lula avait battu en 2002.
A en croire les derniers sondages, celle que Lula appelle sa « tecnica » (son appui technique), n’est pas encore assurée de la victoire. Les deux candidats sont très proches dans l’éventualité d’un second tour (40 % / 40 % avec 20 % d’indécis) et José Serra est clairement en tête des intentions de vote au premier tour (entre 5 et 12 points selon les cas de figure).
Car, en effet, deux autres candidats de poids sont actuellement en lice pour le premier tour. Ciro Gomes, député du Parti socialiste brésilien (PSB), est crédité de près de 12 % des intentions de vote. Dans le cas où il ne se présenterait pas, une bonne partie de ses voix se déporteraient vers le candidat du PSDB au premier tour, accentuant ainsi l’avance de ce dernier à 12 points. Quant à Marina Silva, ancienne ministre (démissionnaire) de l’environnement et candidate du Partido Verde (Parti Vert), elle pourrait obtenir entre 7 et 10 % des voix.

Si Ciro Gomes maintient sa candidature, ce qu’il affirme actuellement, il se désistera au second tour pour Dilma Roussef. En revanche, Marina Silva appellera à  voter pour José Serra ! Sa candidature est  soutenue par plusieurs entreprises du développement durable - comme Natura - dont le co-président, Guilherme Leal, sera son co-listier. Il faut dire que les lignes de démarcation entre les deux favoris sont assez floues en termes de politiques économique et financière.
Ainsi, pour le très libéral hebdomadaire The Economist, José Serra « est comme Dilma, mais différent ». En quoi ? Si cette dernière est qualifiée d’ « administratrice capable », selon les critères libéraux de la revue britannique, elle est toutefois « encore moins charismatique que son rival ». Quant à José Serra, s’il est un «développementaliste» comme on dit au Brésil des socio-démocrates qui croient encore  aux vertus du gouvernement actif (…), il semble plus enclin à engager les réformes fondamentales nécessaires à l’amélioration des services publics et au décollage de l’économie ».

Au fond, l’une des questions que pose la situation politique brésilienne est la suivante : un gouvernement de centre-gauche menant des politiques libérales en matière économique et financière peut-il conserver, d’un mandat à l’autre, la confiance de l’électorat populaire ? Ce dernier accepte-t-il automatiquement l’«alternance unique » , c'est-à-dire une situation où les forces politiques majoritaires, à droite et à gauche, mènent des politiques similaires ou très proches ? La récente victoire du milliardaire Sebastian Piñera (que beaucoup surnomment le Berlusconi chilien) dans un pays où Michelle Bachelet termine son mandat présidentiel avec un niveau de popularité jamais atteint par quiconque, a de quoi faire réfléchir….

Retrouvez les articles de mémoire des luttes
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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 07:45

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Caracas, 8 février, (RHC)--. Le président vénézuélien, Hugo Chavez, a appelé les autorités du pouvoir populaire à créer des milices pour défendre la Révolution bolivarienne.

Il a signalé que le peuple doit se préparer pour repousser toute attaque ennemie.

« Nous n’allons attaquer personne mais nous devons nous préparer pour défendre… le territoire de cette Révolution » a relevé Hugo Chavez ce dimanche au cours de l’émission de son programme « Allô, Président »

Il a souligné qu’il s’agit de former des soldats pour la guerre de tout le peuple.

Hugo Chavez a d’autre part appelé ses sympathisants à s’unir en vue des élections législatives du 26 septembre.

« Perdre l’Assemblée Nationale ouvrirait les portes à la possibilité d’un coup d’Etat genre Honduras » a-t-il relevé.

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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 07:24
Nouvelle année, Nouveau peuple
C’est parti! Le coup de feu retentit et démarrent tous ceux qui croient que la nouvelle année est un nouveau calendrier et non pas une reformulation de la vie.

Le monde entre dans la dernière moitié de siècle de réserves d’hydrocarbures et les empires se ruent vers l’énergie fossile comme des rapaces.

La planète entre dans son dernier siècle de biodiversité et les transnationales s’élancent pour l’anéantir.

Le globe entre dans ses dernières décades d’eau potable et les monopoles chargent pour s’en accaparer

Le capitalisme dégringole vers sa tombe et sort les griffes pour emporter avec lui toute l’humanité

L’empire se fait de plus en plus agressif alors qu’il faiblit et sème le monde de bases de la mort avec l’espoir de survivre en nous tuant tous.

Tout pays possédant des hydrocarbures, de la biodiversité ou de l’eau potable aura un conflit asymétrique dans son futur.

Le Venezuela commence la décennie assiégé par neuf bases de la première puissance impérialiste du monde et avec des blindés et des porte-avions de la IVème flotte rodant dans ses eaux.

Nous fermons la première décennie sans avoir terminé l’inventaire intégral de notre territoire, de ses ressources et de ses zones en danger écologique, alors que chaque centimètre de celui-ci est surveillé et fouillé par les pouvoirs étrangers à travers de satellites artificiels, radars de grande portée, écoutes électroniques et avions espions.

Notre pays inaugure la décennie de la menace sans avoir établi une présence efficace et continue de l’Etat dans de grandes parties du territoire, spécialement aux frontières soumises à des flux migratoires non contrôlés, pacifiques ou armés.

Le Venezuela entre dans la décennie de la confrontation cruciale sans avoir établi l’autonomie alimentaire, ni le degré de production industrielle endogène de biens essentiels pour la consommation du peuple, nécessaire pour se défendre.

Le Venezuela et l’Amérique Latine entrent dans une décennie décisive alors que les questions ethniques sont sous la tutelle des ONGs des Etats-Unis, qui imposent la doctrine selon laquelle chaque partialité culturelle doit avoir son propre gouvernement, ainsi qu’un territoire propre avec des droits exclusifs sur les ressources et le sous-sol et un droit à expulser les autorités de l’Etat National.

Le Venezuela se réveille avec un pays voisin dont l’oligarchie élève une armée de 500 000 hommes et laisse des bases étasuniennes occuper son territoire.

La patrie de Bolivar se réveille de bon matin avec une occupation de milliers de paramilitaires qui installent des barrages et Font payer des vaccins, supplantent la pègre vernaculaire dans le narcotrafic, la traite de personnes, les tueurs à gage, le prêt à taux d’usure et le jeu illicite, et acquièrent stratégiquement des entreprises de transport et de communications.

A l’intérieur de ses frontières le Venezuela accueille 4 300 000 ressortissants du pays qui le menace ; beaucoup de fugitifs de l’oligarchie; d’autres inconditionnellement fidèles à celle-ci.

Alors que tous les pouvoirs financiers affilent leurs couteaux pour égorger le Venezuela avec des actions en justice téméraires et des embargos de biens et de réserves internationales, des juges vénézuéliens soutiennent que la souveraineté du Venezuela n’existe pas et qu’elle peut être condamnée et exécutée avec des lois étrangères par des juges ou arbitres étrangers.

Dans une période de crise mondiale, quand chaque pays dépend de ses revenus et de ses réserves, le Venezuela exempte criminellement, à travers les Traités contre la Double Imposition, les transnationales de payer 18 750 millions de dollars annuels d’impôts sur les bénéfices qu’elles font dans le pays.

Alors que le fascisme de l’Empire et de ses pays limitrophes affine sa stratégie d’agression et de génocide, notre principale organisation politique n’a pas finit de définir clairement ses orientations idéologiques et de les imposer à ses militants.

Le Venezuela entre dans l’ombre de la menace de mort, et pendant ce temps il est informé, diverti et éduqué par un appareil de communication en grande partie ennemi du Venezuela, exempté de l’accomplissement des lois par les autorités chargées de les faire appliquer.

Le Venezuela entre dans la pénombre et il n’y a, pour l’illuminer, aucun institut compétent académiquement et scientifiquement afin d’analyser ses problèmes cruciaux, formuler ses objectifs, designer ses stratégies et les transformer en plans.

Nous allons vers les ténèbres sans avoir créer les institutions de haut niveau pour l’analyse et l’évaluation des forces, des faiblesses et des conjonctures de nos opposants et le développement de politiques pour les affronter.

Nous nous enfonçons dans le cône d’ombre de l’éclipse annoncée sans avoir adopté les mesures légales, administratives et judiciaires pour conjurer tous ces vides, toutes ces faiblesses.

Nous n’avons toujours pas capté ce qui est clair pour l’adversaire: l’Amérique Latine dépend du Venezuela, et le monde dépend de l’Amérique Latine.

Nous inaugurons la nouvelle décennie avec l’idée que le conflit est imminent, mais avec peu de certitudes sur ses conséquences les plus probables, comme l’annihilation de la superstructure Etatale dans les premiers jours d’affrontement.

Les Etats-Unis auraient pu balayer la petite armée de Cuba mille fois; s’ils n’ont pas essayé de nouveau c’est parce qu’ils auraient du affronter un peuple compact comme une muraille.

L’Empire tenta en vain de détruire l’armée Vietcong: il n’y arriva pas car cette armée était tout le peuple, et ce peuple était toute une armée

Toute pensée sur le futur du Venezuela, de l’Amérique Latine, du monde, est purement rhétorique s’il ne s’articule pas sur l’idée d’une fusion indestructible de l’appareil du parti, de l’Etat et militaire avec les bases sociales.

L’interrogation est de savoir si nous pourrons articuler cette fusion à temps pour dissuader le conflit, ou si nous devrons le faire par la voie de la force une fois que nous aurons reçu le coup destructeur simultané de la narcoligarchie et de l’empire

Luis Britto Garcia, écrivain Vénézuela
http://luisbrittogarcia-fr.blogspot.com/
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Traduit par R.V. avec l'autorisation de l'auteur.
Me contacter pour toute amélioration de la traduction
article original en espagnol ici
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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 07:43
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par Vinicius  MANSUR, Brasil de Fato-, 21/1/2010. Traduit par Pedro da Nَbrega, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
La vaste légitimité donnée par les Boliviens au gouvernement du MAS-IPSP lors de l' élection présidentielle du 6 décembre 2009 a constitué une confirmation formelle de la suprématie du mouvement dirigé par Evo Morales dans le pays, marquant la fin de la dure polarisation imposée par la droite durant ces quatre dernières années. Se pose dès lors la question de la capacité de ce processus politique à consolider son projet pour le pays. Face à une tâche de telle ampleur, quel est le travail de formation politique qui se développe ?

La liste des défis pour ceux qui luttent pour la décolonisation de l’Etat, une révolution démocratique et culturelle avec aussi l’obligation de mettre en place une nouvelle Constitution – qui définit l’Etat comme plurinational et prévoit la coexistence des économies publique, privée et communautaire –, n’est pas mince. Les réflexions du Directeur-général de la Gestion Publique du Ministère de l’Economie et des Finances, membre du groupe d’intellectuels Comuna, Raul Prada peuvent aider à donner un aperçu de sa dimension : “Nous avons hérité de la colonie un ةtat, qui s’est certes modernisé, mais qui reste encore le grand colonisateur. Cependant, la Constitution nous demande de fonder une deuxième République. Comment dès lors assumer cette transition afin qu’elle soit transformatrice et non restauratrice ? Qu’entendons-nous par nations ? Comment sortirons-nous du multiculturalisme libéral ? Nous défendons un modèle social communautaire, mais comment y parvenir dans le contexte de l’économie mondiale capitaliste et avec un programme de gouvernement axé sur le développement, une restauration nostalgique des projets d’industrialisation des années 50 ?”
Pour Prada, le défi historique de l’actuel processus bolivien réside dans sa capacité à mêler le changement d’élite politique au changement de modèle d’ةtat, mais aussi à s’affranchir du pragmatisme politique dans lequel, tout au long de l’histoire, les gouvernements révolutionnaires de gauche se sont retrouvés enfermlés, ce qui a amoindri leurs visées transformatrices. C’est pourquoi il caractérise la situation actuelle comme préoccupante, dans la mesure où elle combine une “excessive centralité accordée au Pouvoir Executif” avec des carences en matière d“analyse des expériences, de compréhension théorique du processus pour le conduire et le diriger”.
elecc-2009-reyqui-vozbol.pngHétérogénéité
L’analyste politique Hugo Moldiz considère que le cabinet de Morales regroupe une bonne part “de ce qu’il y a de meilleur dans ce pays”, mais il attribue ce manque de clarté politique évoqué par Prada à l’hétérogénéité de sa composition. “Cela va de démocrates radicaux jusqu’à des dirigeants de sensibilité marxiste, en passant par toute une gamme de conceptions indigénistes, qu’il est raisonnablement possible de séparer en deux courants : l’un qui s’identifie avec la cosmovision andino-amazonienne et l’autre plus communautaire. Les éléments unificateurs sur lesquels tous se retrouvent sont l’anti-impérialisme et le nationalisme populaire-indigène. Mais il y a divers degrés d’anti-impérialisme. De ceux qui estiment que lutter contre l’impérialisme c’est lutter contre le capitalisme à ceux qui ne souhaitent qu’une plus grande autonomie face à l’ingérence des USA.”
Selon Moldiz, un des aspects positifs du scénario créé par l' élection du 6 décembre réside précisément dans la possibilité de voir ces contradictions dépasser les cercles gouvernants et alimenter un riche débat à l’intérieur des mouvements sociaux et dans l’ensemble de la société sur l’avenir de ce processus. “Néanmoins seule la formation politique peut contribuer à résoudre cette question et cela n’a pas constitué une préoccupation centrale jusqu’à maintenant”, précise-t-il.
La formation politique
Rafael Puente, responsable depuis trois ans de l’école de formation politique du parti MAS-IPSP reconnaît les faiblesses en matière de formation. Selon lui, au sein des bases d’appui de ce processus – qui se caractérise par une forte capacité de mobilisation populaire –, “se trouvent assez de détermination politique, de sentiment, d’instinct politique, enfin de tout ce dont on a besoin pour savoir ce que l’on ne veut pas. Mais il manque de la conscience politique pour définir ce que l’on veut effectivement c’est-à-dire pour déterminer une stratégie de pouvoir”.
Pour Puente, ce déficit dans la formation politique est l’illustration des séquelles culturelles issues de l'histoire de l’ةtat patrimonial bolivien, où prédominait l’idée que “si l’on entrait dans l’appareil d’ةtat, ce n’était pas pour le changer, mais pour y prélever sa part d’héritage”. Cependant, ce militant du MAS-IPSP pointe aussi les responsabilités des dirigeants du parti qui, une fois élus, “n’éprouvent plus la nécessité de se former” et ne s’approchent plus des écoles que “pour y prononcer des discours d’inauguration”.
Moldiz attribue, lui, les difficultés dans l’institutionnalisation de la formation au sein du MAS dans une bonne mesure au fait qu'il est né de la “forme mouvement”, où la préparation politique a moins de tradition si elle est comparée à la “forme parti”.
D’après Puente, si le sentiment que la formation doit constituer une priorité grandit, il n’existe pas de politique claire en sa faveur, ni même de budget spécifique. L’école du MAS est itinérante et ne dispose pas d’infrastructures physiques propres. Elle peut compter sur une liste de 90 professeurs, tous volontaires, dont 30 sont déjà intervenus. En deux ans et demi, neuf sessions de deux jours pleins se sont réalisées, avec des effectifs d’environ 35 jeunes à chaque fois. Tous ces cours se sont déroulés dans les zones urbaines de La Paz, Santa Cruz, Cochabamba, Sucre et Tarija. “Ils étudient des thèmes qui portent sur la réalité nationale, l’économie, l’histoire du pays, la nouvelle Constitution, le système des partis, selon une présentation qui n’est pas vraiment systématisée”, précise Puente. Ce mois-ci, les classes entament une deuxième phase dans ce cursus.
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Un cours de l'école itinérante du MAS
Quelle éducation ?
La formation de dirigeants – “une invention des gringos qui nous aura causé bien du tort” – et de gestionnaires publics ne doit pas constituer la priorité d’une politique de formation, estime le Directeur de l’école du MAS. Le profil des militants qui doivent être formés correspond selon Puente à “des personnes dotées d’esprit critique, solidaires et au fait de leur réalité et c’est parmi ceux-là que se dégageront des dirigeants reconnus comme tels par les masses”.
Moldiz et Prada sont plus exigeants et défendent une école qui définit clairement “où commence et où finit la formation de véritables cadres”, dans le style “bolchevik”. “Il faut savoir s’inspirer des plus riches expériences de la gauche historique, pas forcément de tout son parcours, mais de l’ambition de disposer de processus de formation de militants qui intègrent des parcours systématiques d’études”, précise Prada. Moldiz cite un autre exemple dans ce sens : “Si des camarades émergent et sont identifiés comme des cadres potentiels de l’administration publique, et qui, plus qu’être des bureaucrates, sont perçus comme des cadres politiques, la décision la plus responsable par rapport à l’avenir consiste peut-être à mettre ces cadres en disponibilité pendant quelques mois, un an, afin qu’ils puissent se consacrer à des cours de formation politique intensive pour reprendre ensuite leurs postes”.
Outre des cadres disposant d’un haut niveau de préparation, cet analyste politique souligne qu'un deuxième axe doit exister dans la politique de formation, avec des initiatives de masse, notamment des instituts de formation et des séminaires, permettant une plus grande démocratisation des diverses influences présentes dans la base d’appui du gouvernement : le marxisme et ses divers courants, l’indigénisme communautaire et andin, etc.
Une nouvelle intellectualité
Au-delà de l’hégémonie électorale conquise, Moldiz considère “qu’une nouvelle suprématie politique ne pourra se construire que par le biais de changements profonds dans l’éducation formelle, informelle et par de nouveaux outils idéologiques”. “Nous pourrons ainsi réécrire notre histoire, mais nous avons besoin pour cela d’une nouvelle intellectualité. Le niveau académique et intellectuel doit passer d’une attitude romantique à une posture beaucoup plus active. ةcrire certes sur le processus, mais en se fondant autant sur ses zones d’ombre que de lumière, c’est-à-dire avec un esprit critique. Si nous disposons déjà d’une intellectualité émergente, indigène, paysanne, populaire et aussi des classes moyennes, elle souffre d’une faible visibilité. Même les médias publics continuent à interviewer toujours les habituels interlocuteurs”, dénonce-t-il.
Prada estime quant à lui que la création d’avant-gardes intellectuelles, issues des propositions des mouvements sociaux et qui y soient liées, doit se situer au cœur de la dimension historique du processus bolivien car il est indispensable de remplir le vide laissé par les avant-gardes de gauche qui sont entrées en crise suite à la chute du Mur de Berlin.
Basta !
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