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29 juillet 2009 3 29 /07 /juillet /2009 15:44

La démocratie participative en Amérique Latine plonge ses racines dans la soif de dignité et d’égalité qui poussa des esclaves à rejoindre les armées émancipatrices de Bolivar, de Sucre, de Morazan. Ce n’est donc pas une mode postmoderne mais le retour de la modernité, ou si on préfère, de l’Histoire. Comment reprendre aujourd’hui les rêves de liberté, d’une seconde indépendance avortée lorsque l’empire espagnol fut relayé par des oligarchies locales alliées d’un autre Empire ? Ce besoin d’égalité politique des "pardos, morenos, negros..." dont Simon Rodriguez, le philosophe-professeur de Simon Bolivar, revendiquait déjà l’inclusion scolaire, devient une demande de participation et de droits économiques et sociaux.

Pourquoi un peuple hier désuni comme celui du Honduras s’est-il mis en mouvement après le notre, le bolivien, l’équatorien ? L’indigène hondurien que manipula au 19ème siècle un clergé terrien pour le lancer, comme chair à canon, contre le projet d’unité centramericaine incarnée par le libéral Morazan, est aujourd’hui entré en résistance au coup d’Etat, loin des pools journalistiques. Ce sont des gens pauvres qui dorment dans la rue, qui ont à peine de quoi se nourrir, qui se mobilisent pour recevoir "leur" président Zelaya, et revendiquer une nouvelle constitution. Le problème pour l’Empire est que même en assassinant Chavez, Correa, Morales ou Zelaya, le génie refuserait de rentrer dans sa bouteille. Quelle force dans ces mains nues ! Ce n’est pas par la médiation de la gauche, mais par ces mouvements à la fois sociaux et nationalistes qu’avance cette démocratie participative en Amérique Latine. Qu’on peut baptiser, comme l’a fait un jour Chavez, "démocratie révolutionnaire". Pourquoi ? Parce que les deux termes sont conséquence mutuelle. Les visages bruns qui ont envahi la rue, les mains brunes des électeurs, veulent remettre l’Etat sur ses pieds. Celui-ci à son tour réalise le besoin républicain d’une élévation du sens critique, de l’éducation et de la culture comme outils d’émancipation. Le remake tardif de la National Security (bases militaires US en Colombie, coup d’Etat au Honduras) renforce ce mouvement qu’elle prétend détruire. L’Opération Condor a presque anéanti une génération révolutionnaire. Il lui faudrait aujourd’hui liquider les peuples eux-mêmes.

Que sont deux siècles au regard de cette ascension collective initiée par Bolivar, et les résistances indigènes ou afroamericaines ? Un battement d’aile. Au Venezuela en 2009, la démocratie participative atteint son niveau idéal, celui de la commune, dépassant le localisme participatif des conseils communaux, débattant, élaborant des solutions en commun, à une échelle plus efficace. Alors que la plupart des gouvernements ont tablé sur l’austérité comme réponse à la crise mondiale du capitalisme, le gouvernement bolivarien au contraire multiplie les budgets sociaux pour concrétiser des projets conçus par les habitants. De nombreux problèmes nouveaux se posent : comment réaliser de nouvelles relations de pouvoir, en sachant que l’homme est mauvais par nature ? Qu’il aime le pouvoir, l’argent et qu’au Venezuela comme ailleurs reste largement dominante la culture capitaliste ? Une révolution qui ne se fixe pas comme stratégie la création de son imaginaire se condamne à perdre la bataille des idées et à se faire balayer par l’idéologie dominante.

Il y a dix ans la gauche altermondialiste vantait l’expérience du budget participatif de Porto Alegre (Bresil). Aujourd’hui au Venezuela ce sont des dizaines de milliers de Porto Alegre, ou la participation citoyenne déborde le simple examen du budget. C’est alors qu’en France, on "se méfie", on parle "d’autoritarisme". Alors que la démocratie a plus avancé ici que partout ailleurs. Alors que la population participe de plus en plus, la méfiance domine.

Il y a deux raisons à ce découplage, à cet abîme croissant. La première, c’est qu’une révolution sera fêtée et mise en images tant qu’elle restera locale, donc relativement inoffensive, et prolongera sans frais la liberté ontologique des pistes cyclables à Paris (voir la mode que fut le zapatisme). Que la révolution se réalise à l’échelle d’un pays, qu’elle transforme en profondeur les structures sociales, économiques, voici qu’aussitôt l’inconscient se réveille. "Attention danger". L’Occident sent, il n’a pas tout à fait tort d’ailleurs, que sa domination est menacée. La raison la plus progressiste cède doucement à l’instinct de conservation sous le couvert d’une critique "de gauche" qui permet de s’éloigner d’abord, puis de se retourner contre ces processus au nom de la liberté. L’autre raison tient, mais c’est la même chose au fond, au lavage de cerveau médiatique, qui s’appuie sur cette peur de l’autre. Les médias, acteurs de la globalisation, doivent à tout prix faire de ces révolutions des totalitarismes. Même et surtout a gauche la désinformation quotidienne de France-Inter, Libé, TF1, etc.. qui tètent au même pis (Reuters, AFP, AP..) a fini par sédimenter jusqu’au point de non-retour des catégories obligées ("pour ou contre Chavez", "dérive autoritaire ou pas", "base contre bureaucratie", "Chavez-Iran", etc...) entraînant une "critique pavlovienne" pétrie de bonnes intentions mais finalement non pertinente pour 90 % des vénézuéliens et des latinoamericains. Alors que la plupart des européens sont tombés dans le piége de la personnalisation médiatique sur Chavez, ce fou, ce clown, cet ex-putschiste, cet antisémite, cette menace militaire, ce populiste, ce fils de Castro, cet ami de Ahmadinejad, ce pouvoir éternel, etc..., les citoyens votent pour son programme socialiste (quinze suffrages validés par les observateurs internationaux) et les sondages privés confirment que sa popularité croît en fonction des avancées démocratiques et sociales. Comment une critique pertinente pourrait-elle s’opérer sérieusement à quinze mille kilomètres des millions d’acteurs populaires, qui n’écrivent pas sur Internet mais pensent différemment ? Que dirait-on d’un vénézuélien jugeant la société française à distance et par procuration médiatique ?

Ceci nous amène à parler de la relation entre démocratie participative et médias. Il est politiquement significatif que la gauche en Europe reste incapable de formuler un projet aussi essentiel pour la démocratie que la démocratisation de

la communication, alors que plusieurs pays d’Amérique Latine - Venezuela, Equateur, Bolivie, Brésil, Uruguay, etc... légifèrent déjà en ce sens. Pourquoi la gauche européenne reste-t-elle muette face au problème du "latifundio" médiatique ? Au Venezuela, grâce à la révolution, ont déjà pu naître légalement 500 médias associatifs, gérés par les habitants, libres de leur parole. Le reste du continent emboîte le pas et avance peu à peu dans la démocratisation d’un spectre radioélectrique vendu hier par les gouvernements néolibéraux à des entreprises privées qu’on appelle "médias". On a dans le même temps assisté à la disparition des fréquences associatives en France, où les Bouygues entrent en force, grâce au numérique, dans le "local". Toute avancée démocratique en Amérique Latine est logiquement transmise par ces mêmes médias comme une atteinte à la liberté d’expression. Comment les grandes entreprises accepteraient-elles de partager les ondes avec le service public ou le tiers-secteur audiovisuel ? En France la population croit que Chavez a fermé RCTV, chaîne privée et pro-putschiste, alors que son public continue à la regarder sur le câble et par satellite. Il s’agissait en fait de la fin légale de ses vingt ans de concession publique et de la libération de sa fréquence en faveur d’une nouvelle chaîne de service public.

Une démocratie participative (et soit dit en passant l’existence d’une gauche digne de ce nom) a-t-elle un avenir en dehors de la démocratisation générale et radicale du droit de communiquer ? Comment expliquer qu’aucun parti ne le propose ? Comment parler de démocratie ou de république la ou (comme en France) le spectre radioélectrique reste monopolisé par de grands groupes économiques ? Comme l’eau, l’air ou la terre, les ondes hertziennes de la radio et de la télévision sont un patrimoine public et la constitution d’une démocratie participative en rupture avec la société de marché signifie évidemment l’octroi direct aux citoyen(ne)s des moyens concrets d’exercer une communication libre, critique, souveraine, la seule qui selon le mot de Sartre permettra "au peuple de communiquer avec le peuple". On pourra pendant mille ans, jour après jour, critiquer l’image grimaçante que les médias donnent des mouvements sociaux, des conflits du travail, des révolutions ou rebellions du Sud. Mais comment desserrer l’étau tant que les ondes resteront la propriété privée d’une élite transnationale ? Le déclin de la gauche en Europe et le refus de comprendre l’Amérique Latine sont donc les deux faces du même mouvement historique.

Thierry Deronne

Caracas, 29 juillet 2009

Vicepresidencia de Formación Integral
Televisión Publica VIVE , Biblioteca Nacional, Piso 4
Avenida Panteón , Caracas , República Bolivariana de Venezuela
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29 juillet 2009 3 29 /07 /juillet /2009 00:11


Tegucigalpa, 28 juillet, (RHC)--. Rafael Alegria, leader paysan hondurien, a dénoncé la disparition de 184 sympathisants du Président Manuel Zelaya.

« Le gouvernement décrète tous les jours le couvre-feu et c'est le prétexte qu'il avance pour arrêter les défenseurs de la démocratie. Ils arrêtent arbitrairement les gens mais qui plus est, nous comptabilisons déjà 184 personnes disparues » a-t-il déclaré au quotidien brésilien O Globo.

L'agence Prensa Latina signale d'autre part que les forces armées ont arrêté Berta Caceres et Salvador Zuñiga, tous deux dirigeants indiens au moment où ils tentaient de gagner la frontière du Nicaragua où se trouve Manuel Zelaya.

Malgré la répression, les sympathisants du Président déchu le 28 juin, contournent les barrages routiers et continuent d'arriver à la frontière pour lui exprimer leur appui.

On estime à 5 000 les personnes attrapées dans les barrages routiers tendus par l'armée qui empêche la distribution d'aide humanitaire parmi les opposants du régime de facto.

Par ailleurs, les enseignants honduriens poursuivaient ce lundi leur grève nationale.

Eulogio Chavez, leader de la fédération des syndicats des enseignants, a souligné que ses collègues avaient décidé de rester en grève jusqu'à l'échec des putschistes.


Sources: RHC, AIN, GRANMA, TRABAJADORES, JUVENTUD REBELDE, PL, REUTER, EFE, IPS, ANSA, AFP, XINHUA, TASS, DPA, AP.
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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 20:19
par Jules Dufour


Source de la photo : http://actualidad.orange.es/actualidad04/img/efe/2327499w.jpg

«Le coup d'État désigne un renversement du pouvoir par une personne investie d'une autorité, de façon illégale et souvent brutale. On le distingue d'une révolution en ce que celle-ci est populaire. Le putsch, souvent traité comme synonyme du coup d'État, désigne plus précisément une tentative de prise de pouvoir par la force» .


Selon les termes de ces définitions, l'enlèvement ou éviction forcée du président du Honduras perpétré le 28 juin dernier est sans aucun doute un coup d'État et il s'avère une fois de plus la manifestation de l'intervention des forces impérialistes qui ne peuvent tolérer qu'un gouvernement national soit au service d'un peuple. Il n'est pas différent des nombreux coups d'État qui ont marqué la vie politique latino-américaine au cours du XXième siècle en renversant des gouvernements progressistes et en entraînant une série de conflits armés de plus ou moins longue durée. Il importe de porter à notre mémoire l'ampleur qui a caractérisé quelques-uns d'entre eux pour en saisir la portée et les conséquences qu'ils ont exercées sur le devenir de la gouvernance des pays affectés.


Ce coup d'État ne doit pas nous faire oublier les autres conflits armés qui perdurent en Amérique latine et ceux que l'on est en train de fomenter afin de conserver le contrôle de l'accès aux ressources stratégiques et aux marchés de cette région du monde (figure 1).



Figure 1. L'Amérique latine


 



I. Les coups d'État


Selon Modesto Emilio Guerrero reprenant les propos de Cursio Malaparte, l'auteur de la Tecnica del Golpe de Estado, le coup d'État «n'est pas autre chose qu'une ressource de pouvoir quand on craint de perdre le pouvoir». Le coup d'État, selon cet auteur, est le moyen utilisé par les classes dominantes quand elles ne peuvent plus compter sur le concours que leur fournit la domination constitutionnelle et démocratique .


Au Honduras, le président Zelaya, en ayant amené son pays à adhérer à la Alianza Bolivariana de las Américas (ALBA), était devenu, aux yeux de l'oligarchie possédante de ce pays, une menace à leurs intérêts et partant aux intérêts des États-Unis et un élément déterminant, en Amérique isthmique, dans le processus de libération des peuples de cette zone stratégique dans laquelle on envisage depuis 2001 l'application du Plan Puebla-Panamá (figure 2).  Ce plan ou projet dit de «développement durable et intégral» a pour objectif l'intégration complète de l'économie centro-américaine à la grande plateforme de l'ALENA par le biais de son annexion à l'économie de neuf états du Mexique méridional .


Ce plan se solderait par une dépendance et un asservissement plus forts de toute la région aux visées impérialistes de Washington et de ses alliés les plus fidèles tels que ceux de la junte qui a évincé le président Zelaya. Ce projet s'inscrit dans la foulée des efforts deployés en vue de créer la Zone de Libre Échange des Amériques (Z.L.É.A.) si chère à l'ex-Administration de G.W. Bush. Après la ALÉ (Canada-États-Unis) en 1989 et l'ALENA (Mexique, Canada et États-Unis) en 1994 le plan Puebla-Panamá constitue une pièce non négligeable de cette entreprise d"intégration économique panaméricaine (http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=6553 ).


  

Figure 2. Le plan Puebla-Panamá


 

Source: http://www.revistainterforum.com/espanol/imageneses/063002PlanPueblaPanama.jpg


Au 20ième siècle, l'Amérique latine a connu plus de 327 coups d'État qui, dans plusieurs cas, ont mis en place des dictatures militaires répressives et sanglantes. En effet, entre 1902 et 2002 ce processus a affecté la vie politique et sociale dans plus de 25 pays en causant la mort de centaines de milliers de personnes (Leitenberg, M., 2006). Les pays qui ont connu le plus grand nombre de coups d'État sont la Bolivie avec 56, le Guatemala avec 36 à partir de 1944, le Pérou avec 31, le Panamá avec 24, l'Équateur avec 23, Cuba avec 17, Haiti avec 16, la République dominicaine avec 16, le Brésil avec 10, le Chili avec 9 et l'Argentine avec 8.


Le renversement du gouvernement de Salvador Allende au Chili en septembre 1973 et la répression qui a suivi est l'un des plus tragiques qu'ont connu les peuples latinoaméricains. Lors du coup lui-même 5 000 personnes furent tuées et le régime de Pinochet  exécuta ou fit disparaître plus de 20 000 personnes en 1974 (Leitenberg, M., 2006).



II. Les conflits armés


Selon les données compilées par M. Leitenberg, au XXième siècle, l'Amérique latine a connu une vingtaine de conflits armés majeurs dans quatorze pays (le Mexique et Haiti non compris) qui ont provoqué la mort de près de 1 million de personnes (Leitenberg, M., 2006).


En Colombie, le régime en place, apparenté à une dictature militaire, poursuit depuis 1964 une guerre sans merci contre le peuple, une guerre qualifiée de génocide qui aurait causé la mort de plus de 200 000 personnes dont 40 000 depuis 1990. On dénombre aussi, depuis 1979, l'assassinat de 475 000 personnes par les forces armées nationales, les différentes factions paramilitaires et les forces armées de la guérilla. Cette guerre «totale» a entraîné le déplacement de plus de trois millions de personnes à l'intérieur du pays, ce chiffre est sous-estimé étant donné la crainte qu'ont les déplacés d'inscrire leurs noms dans les registres officiels.


Les aveux faits récemment par les paramilitaires démobilisés devant le parquet colombien, l'unité «Justice et paix» sont tout simplement horrifiants: « À ce jour, les combattants démobilisés ont avoué 27 382 crimes, dont 22 130 homicides, 1 867 disparitions forcées, 719 enlèvements...» Selon le procureur Luis Gonzalez, les chiffres cités seraient «la pointe de l'iceberg», car le parquet a recensé jusqu'à maintenant 250 000 crimes (massacres, assassinats, viols, enlèvements, tortures) susceptibles d'être attribués aux milices d'extrême droite .


Entre 1966 et 1995, la guerre de guérilla qui a sévi au Guatemala a entraîné la mort de 227 500 personnes. Entre 1966 et 1989 les affrontements entre le gouvernement et l'Unité Révolutionnaire Nationale Guatémaltèque (URNG) ont causé la mort de 200 000 civils et de 17 500 militaires et les massacres perpétrés contre les peuples autochtones ont exterminé, entre 1990 et 1995, plus de 10 000 personnes (Leitenberg, M., 2006). 


Jusqu'à maintenant, le coup d'État au Honduras n'a pas encore dégénéré en conflit armé ou guerre civile, mais l'appel à l'insurrection populaire fait par le président Zelaya pourrait provoquer un durcissement des positions de la junte au pouvoir de facto et le déclenchement d'une vague de répression dont les conséquences sont difficiles à prédire même si les nombreux appuis dont jouit le président déchu permettent de penser que l'ordre constitutionnel devrait être rétabli avec sa réintégration dans ses fonctions.



III. L'ALBA et la poursuite de la révolution bolivarienne


Ce coup d'État doit être aussi analysé dans le contexte de la poursuite de la révolution bolivarienne ou du processus de libération des peuples latinoaméricains de l'emprise de l'impérialisme étatsunien. Ce processus qui a été initié au début du siècle s'est développé peu à peu avec l'adhésion de plusieurs pays à la Alianza Bolivariana para las Américas (ALBA) une alliance politico-commerciale créée le 14 décembre 2004 par le Venezuela et Cuba et à laquelle s'est ajoutée la Bolivie en 2006 (Lescot, P., 2006). Selon Thelma Mejia, «l'ALBA a été lancée lors du Sommet des Peuples qui s'est tenu parallèlement à la réunion officielle des chefs d'État lors du quatrième Sommet des Amériques à Mar del Plata en Argentine en 2005. Elle se présente comme une alternative au modèle néo-libéral de libre marché et se veut l'expression de la coopération, de la solidarité et de la complémentarité engagées dans la lutte contre la pauvreté, l'inégalité entre les personnes et l'inégalité des termes de l'échange, d'après le texte fondateur» (Mejia, T., 2008). Par la suite, d'autres pays ont joint l'ALBA tels que le Nicaragua, le Honduras, la République dominicaine, Antigua-et-Barbuda, l'Équateur et Saint-Vincent-et-les Grenadines avec une population totale dépassant les 77 millions d'habitants en 2009 (figure 3).  



Figure 3. Les pays membres de l'ALBA


 

 Source:  http://fr.wikipedia.org/ 



Le Honduras membre de l'ALBA. Une situation intolérable pour les oligarchies possédantes


Le Honduras avec une population de 7,3 millions d'habitants et un territoire de 112,492 Km2 s'est joint à l'ALBA en août 2006 (figure 4).



Figure 4. Le Honduras


Situación de Honduras


 Source: http://es.wikipedia.org/wiki/Honduras


Lors de la cérémonie d'adhésion le président Chavez a souligné «le courage du président Zelaya car « en dépit de la diabolisation de l'ALBA, il n'a pas hésité à se joindre à ce projet d'intégration de l'Amérique latine basé sur la réflexion et l'esprit de nos héros avant tout. Aujourd'hui, nous ne signons pas seulement un pacte de solidarité entre frères, mais aussi un projet d'intégration pour l'Amérique latine qui se démarque comme une alternative à l'hégémonie impériale et vise à intégrer progressivement les gouvernements qui proposent une solution pour sortir de l'oppression impérialiste», a déclaré Chávez». Et le président Zelaya d'ajouter: « L'adhésion du Honduras à l'ALBA est «un acte de liberté, parce que nous sommes libres et nous sommes un peuple souverain», a déclaré M. Zelaya. «Il s'agit d'un acte héroïque d'indépendance et nous n'avons pas besoin de permission pour signer un tel engagement. Aujourd'hui, nous faisons un pas de plus vers un gouvernement de centre-gauche, et si quelqu'un n'aime pas cela, qu'il supprime tout simplement le mot 'centre' pour s'en tenir au second terme».


Le président Zelaya a ensuite ajouté: «Parmi les avantages de l'adhésion à l'ALBA, il existe des projets visant à améliorer la santé, la nutrition, l'éducation et la culture donc « merci, Monsieur le président Chávez, pour nous ouvrir ces chemins vers la liberté pour les Latino-Américains, parce que nous ne sommes pas nés ni pour être des esclaves, ni pour avoir des maîtres», a déclaré le président Zelaya. « Quand je me suis entretenu avec [le président américain] George W. Bush, nul ne m'a appelé un anti-impérialiste et le monde des affaires m'a même applaudi. Maintenant que je suis en réunion avec les peuples pauvres du monde, ils me critiquent. J'espère qu'ils rétracteront leurs déclarations durant les prochaines heures. Qui a dit qu'ils avaient un droit absolu à la privatisation? Je les invite à participer au dialogue et à signer un véritable pacte national avec une vision pour le pays », a déclaré M. Zelaya .


Selon l'analyse proposée par Ana Maria Duarte, «quand il entame son mandat, en janvier 2006, le Parti libéral Hondurien (PLH), majoritaire au Parlement, vote la loi de participation citoyenne. Zelaya s'en empare pour lancer la consultation avortée par le coup d'Etat. Il élimine d'emblée les frais de scolarité, crée un fonds de soutien aux PME et un programme pour améliorer la production alimentaire en zone rurale. Il reçoit un soutien populaire mais, les grèves se succédant, il augmente le salaire minimum de 60 %. Plusieurs crises majeures s'imposent : crise énergétique, avec la faillite de l'entreprise nationale d'électricité (Enee), crise de la dette et du système de santé. Malgré les demandes incessantes du Fonds monétaire international (FMI), qui souhaite plus de privatisations et de rigueur budgétaire, il obtient une condamnation partielle de la dette. Pour tenter de résoudre la crise énergétique, il se rapproche d'Hugo Chavez, avec l'approbation de Bush et de l'oligarchie. Le Parti nationaliste Hondurien (PNH) soulève toutefois le risque de contagion politique. Zelaya devient alors la cible d'une violente campagne de la presse conservatrice. L'adhésion à l'Alternative bolivarienne (Alba), en 2008, est ratifiée par le congrès, mais le PNH s'abstient».


Le virage à gauche du président Zelaya, aux yeux des oligarchies possédantes, pouvait toujours être géré dans le sens de leurs intérêts, mais cette adhésion à l'ALBA pouvait à moyen terme les menacer au plus haut point et il était devenu impératif, lorsqu'il a manifesté l'intention d'assumer un autre mandat, de l'écarter du pouvoir. Ces éléments sont au coeur de la crise actuelle et il est probable que l'on assistera à un scénario semblable quand d'autres pays s'engageront dans la même voie, car la révolution bolivarienne est irrésistible et prendra un essor considérable avec la crise financière globale, puisqu'elle est une alternative viable pour assurer l'avenir des peuples d'Amérique latine. Ce coup d'État ne peut que les convaincre davantage qu'il en va de leurs intérêts de se joindre à l'ALBA et de réunir ainsi les forces vives des peuples qui ont été opprimés pendant des siècles sous la férule des colonialistes anciens et modernes.



Conclusion


Le coup d'État du Honduras est une épreuve sans conteste pour les membres de l'ALBA. Ceux-ci doivent agir avec circonspection afin de profiter de ce moment privilégié pour renforcer leur union et entamer un rapprochement avec plusieurs autres pays de l'hémisphère et les convaincre de se joindre à l'Alliance. Ils doivent continuer de supporter le projet de rétablissement de l'ordre constitutionnel au Honduras et travailler de concert avec les  institutions internationales et régionales afin de conserver leur appui. Ils se doivent aussi de promouvoir la résistance passive en encourageant un isolement progressif de la junte au pouvoir de facto afin de l'amener à comprendre qu'il est dans l'intérêt de la nation et de la paix en Amérique centrale de restituer au président élu les pouvoirs qui lui sont dévolus. C'est un appel qui doit être répété sur toutes les tribunes à l'échelle mondiale. 




 Références



Alianza Bolivariana para las Américas: http://es.wikipedia.org/wiki/Alianza_Bolivariana_para_las_Am%C3%A9ricas


DELCAS, Marie. 2009. Le choc des aveux des paramilitaires colombiens. LeMonde.fr. Le 17 juillet 2009.

En ligne: http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/07/17/le-choc-des-aveux-des-paramilitaires-colombiens_1219899_3222.html


DUARTE, Ana Maria. 2009, Honduras : Coup d'État préventif contre Zelaya. Un Nouveau Parti anticapitaliste maintenant (NPA). Le 14 juillet 2009. En ligne: http://www.npa2009.org/content/honduras-coup-d%E2%80%99etat-pr%C3%A9ventif-contre-zelaya


DUFOUR, Jules. 2007. Partenariat pour la sécurité et la prospérité ou Conquête des Amériques par Washington ? Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 21 janvier 2008. En ligne: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=6553


DUFOUR, Jules. 2008. La libération des otages colombiens, Hugo Chavez et l'Amérique latine. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 21 janvier 2008. En ligne: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=7860


DUFOUR, Jules. 2008. Le retour de la Quatrième Flotte et l'avenir de l'Amérique latine. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 4 juillet 2008. En ligne: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=9503


DUFOUR, Jules. 2009. Colombie et Gaza. Génocides et impunités. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 29 janvier 2009. En ligne :

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=12080


EFE. 2006. Cumbre en La Habana. Chavez, Castro y Evo Morales afianzan su alianza como «defensores de Latinoamérica». Elmundo.es. En ligne: http://www.elmundo.es/elmundo/2006/04/30/internacional/1146379272.html


File:ALBA-Mitgliedsstaaten2.png: http://commons.wikimedia.org/wiki/File:ALBA-Mitgliedsstaaten2.png


Golpe de Estado: http://es.wikipedia.org/wiki/Golpe_de_Estado


GUERRERO, Modesto Emilio. 2006. Memoria del golpe de Estado en América latina durante el siglo XX. Voltairenet.org. Le 30 mars 2006. En ligne: http://www.voltairenet.org/article137304.html


LESCOT, Patrick. 2006. Une «sainte trinité» entre Cuba, le Venezuela et la Bolivie. L'Alliance vise à dénoncer l'«impérialisme» américain. AFP. Journal le Devoir, le 1er mai 2006, p. B3.


LEITENBERG, M. 2006. Deaths in Wars and Conflicts in the 20th Century. Cornell University, Peace Studies Program. Occasional Paper #29. 3nd ed. August 2006. 83 pages.


MALAPARTE, Curzio. 1986. Tecnica Do Golpe De Estado. En ligne: http://www.livres-chapitre.com/-N0SD1S/-MALAPARTE-CURZIO/-TECNICA-DO-GOLPE-DE-ESTADO.html#


MEJIA, Thelma. 2006. Économie Honduras. L'adhésion à l'ALBA, l'affrontement idéologique et le scandale des pétrosubsides. Le 24 août 2008. Inter Press Service (IPS). En ligne: http://ipsnouvelles.be/news.php?idnews=9888


MORIN, Claude. 2009. Le coup d'État au Honduras. Les raisons d'un échec. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le  13 juillet 2009. En ligne :

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=14349


Plan Puebla-Panamá: http://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Puebla-Panam%C3%A1


PROJECT PLOUGHSHARES. 2009. Armed Conflicts Report.

Colombia (1964 - first combat deaths). Update: January 2008 En ligne: http://www.ploughshares.ca/libraries/ACRText/ACR-Colombia.html


PROJECT PLOUGHSHARES. 2009. Armed Conflicts Report. Haiti (2004 - first combat deaths). Update: January 2008.

En ligne: http://www.ploughshares.ca/libraries/ACRText/ACR-Haiti.htm


ROSS, John. 2009. Le Chiapas, un État assiégé par les transnationales. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 4 mai 2009. Nacla. En ligne: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=13485


Unité révolutionnaire nationale guatémaltèque: http://fr.wikipedia.org/wiki/Unit%C3%A9_r%C3%A9volutionnaire_nationale_guat%C3%A9malt%C3%A8que  



  
Jules Dufour, Ph.D., est président de l'Association canadienne pour les Nations Unies (ACNU) /Section Saguenay-Lac-Saint-Jean, professeur émérite à l'Université du Québec à Chicoutimi,   membre du cercle universel des Ambassadeurs de la Paix, membre chevalier de l'Ordre national du Québec.


Jules Dufour est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.  Articles de Jules Dufour publiés par Mondialisation.ca
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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 20:18

- Le département d'État avait connaissance du coup a priori.


- Le département d'État et le Congrès des États-Unis ont financé et conseillé les acteurs et les organisations au Honduras qui ont participé au coup.

- Le Pentagone a formé, éduqué, commandé, financé et armé les militaires honduriens qui ont exécuté le coup d'État et qui continuent de réprimer le peuple par la force.

- La présence de l'armée américaine au Honduras, qui occupe la base militaire de Soto Cano (Palmerola), a autorisé le coup d'État par sa complicité tacite et son refus de retirer son appui aux militaires honduriens impliqués dans le coup.

- L'ambassadeur des États-Unis à Tegucigalpa, Hugo Llorens, a coordonné l'expulsion du président Manuel Zelaya, de concert avec le secrétaire d'État adjoint Thomas Shannon et John Negroponte, qui est présentement conseiller à la secrétaire d'État Hillary Clinton.

- Depuis le premier jour du coup d'État, Washington parle de « deux partis » et du besoin de « dialoguer » pour rétablir l'ordre constitutionnel, ce qui donne de la légitimité aux chefs du coup en les considérant comme des joueurs égaux au lieu de criminels qui ont violé les droits humains et les principes démocratiques.

- Le département d'État a refusé de considérer légalement les événements au Honduras comme un « coup d'État », il n'a pas suspendu ou gelé l'aide économique et le commerce avec le Honduras et n'a pris aucune mesure pratique pour exercer des pressions sur le régime de facto.

- Washington a manipulé l'Organisation des États américains (OÉA) pour gagner du temps, permettant ainsi au régime du coup d'État de se consolider et d'affaiblir la possibilité d'un retour immédiat au pouvoir du président Zelaya, suivant en cela une stratégie toujours en vigueur qui vise à légitimer le régime de facto et à épuiser la résistance du peuple hondurien.

- La secrétaire d'État Clinton et ses porte-parole ont cessé de parler du retour au pouvoir du président Zelaya après avoir désigné le président costaricain Oscar Arias comme « médiateur » entre le régime du coup et le gouvernement constitutionnel ; et maintenant le département d'État décrit Roberto Micheletti, le dictateur qui s'est emparé du pouvoir durant le coup, comme étant le président intérimaire (« interim caretaker president »).

- La stratégie de « négociation » avec le régime du coup d'État a été imposée par l'administration Obama comme façon de discréditer le président Zelaya (comme s'il avait provoqué le coup) et de légitimer les chefs du coup d'État

- Des congressistes américains (démocrates et républicains) ont organisé une visite de représentants du régime du coup à Washington, l'accueillant avec les honneurs dans une autre arène de la capitale étasunienne.

- En dépit du fait qu'à l'origine c'est le sénateur républicain John McCain qui a coordonné la visite des représentants du régime du coup à Washington, par l'entremise d'une firme de lobbying liée à son bureau, le groupe Cormac, le régime illégal est maintenant représenté par Lanny Davis, le lobbyiste de renom et avocat de Clinton, qui se sert de son poids et de son influence à Washington pour faire accepter le régime du coup d'État par les congressistes sans considération partisane.

- Otto Reich et un Vénézuélien nommé Robert Carmona-Borjas, qui a joué le rôle de procureur du dictateur Pedro Carmona durant le coup d'État d'avril 2002 au Venezuela, ont aidé à préparer le terrain pour le coup d'État contre le président Zelaya au Honduras.

- L'équipe rassemblée par Washington pour planifier et aider à préparer le coup au Honduras comprend également un groupe d'ambassadeurs américains récemment assignés à l'Amérique centrale, des experts qui ont fait leurs armes dans les efforts de déstabilisation contre la révolution cubaine, et Adolfo Franco, ex-administrateur du programme de « transition vers la démocratie » de l'agence USAID contre Cuba.

Personne ne doute que les empreintes de Washington sont partout dans le coup d'État contre le président Manuel Zelaya qui a commencé le 28 juin dernier. Beaucoup d'analystes, activistes, journalistes et même présidents l'ont relevé. Mais la majorité ont en commun le désir de blanchir l'administration Obama de toute responsabilité dans le coup d'État et de blâmer plutôt les vestiges de l'administration Bush-Cheney et les faucons de la guerre qui continuent de longer les couloirs de la Maison Blanche. Il peut être démontré que si d'une part il est certain que les suspects habituels, qui planifient et exécutent habituellement les coups d'État et les activités déstabilisatrices en Amérique latine, sont dans le coup, il y a aussi amplement de preuves confirmant que la nouvelle administration à Washington a joué un rôle direct dans le coup d'État au Honduras.

Le département d'État

La nouvelle forme de diplomatie des États-Unis, connue sous l'appellation « smart power » (« pouvoir intelligent »), a joué un important rôle avant, durant et après le coup d'État au Honduras. Lors d'un point de presse le 1er juillet, les porte-parole du département d'État ont admis qu'ils avaient une connaissance a priori du coup d'État lorsqu'ils ont dit que des diplomates américains avaient rencontré les groupes et les acteurs qui ont planifié le coup pour les encourager à opter pour une autre « solution » à leur mécontentement envers le président Zelaya. Le département d'État a également confirmé que deux hauts représentants du département, dont le secrétaire adjoint aux Affaires de l'hémisphère occidental Thomas Shannon et le secrétaire d'État adjoint Craig Kelley, étaient au Honduras une semaine avant le coup et qu'ils ont rencontré des groupes civils et militaires qui ont plus tard participé au renversement illégal du président démocratiquement élu. Ils affirment que leur mission était de « déconseiller » le coup (« urge against »), mais que, de toute évidence, la pression verbale n'a pas suffi à dissuader les acteurs du coup, surtout quand on sait que les actions manifestées par Washington ont contredit cette pression verbale.

Le jour du coup, la secrétaire d'État Hillary Clinton a publié une déclaration sur la situation au Honduras. Si les gouvernements partout dans le monde ont vite déclaré qu'il s'agissait d'un coup d'État, Mme Clinton ne considérait pas ces événements comme un « coup d'État » et n'a pas demandé le retour au pouvoir du président Zelaya. Ce qui est remarquable, c'est que dès le début les déclarations de Mme Clinton ont fait référence à « tous les partis concernés », prêtant ainsi de la légitimité aux chefs du coup d'État et rejetant en quelque sorte, publiquement, le blâme sur le président Mel Zelaya, qui aurait provoqué la situation : « Le geste contre le président hondurien Mel Zelaya viole les préceptes de la Charte démocratique interaméricaine et doit par conséquent être condamné par tous. Nous faisons appel à tous les partis au Honduras à respecter l'ordre constitutionnel et la primauté du droit, à réaffirmer leur vocation démocratique et à s'engager à résoudre les conflits politiques pacifiquement et par le dialogue. Le Honduras doit épouser les principes de la démocratie que nous avons réaffirmés au sommet de l'OÉA dont il a été l'hôte il y a moins d'un mois. »

Et depuis, bien qu'il ait parlé à plusieurs reprises d'un « coup », le département d'État a refusé de préciser que ce qui s'était produit était en effet un coup d'État. S'il le faisait, il serait obligé de suspendre l'aide économique, diplomatique et militaire au Honduras, ce qu'il n'est semble-t-il pas prêt à faire, puisque cela affecterait de façon considérable les intérêts américains dans ce pays et dans Amérique centrale en général. Le 1er juillet, des porte-parole du département d'État ont expliqué leur hésitation concernant la désignation des événements : « En ce qui concerne le coup comme tel, je crois qu'il serait préférable de dire que c'était un effort coordonné entre militaires et quelques acteurs politiques civils. L'armée est évidemment l'entité qui a exécuté le retrait forcé du président et qui a agi comme défenseur de l'ordre public durant ce processus. Mais pour que le coup devienne plus qu'un insurrection ou une rébellion, il doit y avoir un effort de transfert de pouvoir. Et à cet égard, le congrès, la décision du congrès d'assermenter son président, Micheletti, comme président du Honduras indique que le congrès et des membres clés du congrès ont joué un important rôle dans ce coup. »

Cette ambiguïté, qui consiste à qualifier les événements du Honduras de violation de l'ordre constitutionnel mais sans aller jusqu'à les désigner comme un coup d'État et sans appeler au rétablissement du président Zelaya dans ses fonctions, a été réitérée après la rencontre entre la secrétaire d'État Clinton et le président Zelaya le 7 juillet. Mme Clinton a fait la déclaration suivante : « Je viens de conclure une rencontre fructueuse avec le président Zelaya. Nous avons parlé des événements des neuf derniers jours et de ce qui va se produire. Je lui ai répété que les États-Unis sont en faveur du rétablissement de l'ordre constitutionnel au Honduras. Nous continuons de soutenir les efforts régionaux par l'entremise de l'OÉA pour un règlement pacifique qui correspond aux dispositions de la Charte démocratique interaméricaine. Nous faisons appel à tous les partis à renoncer aux actes de violence et à rechercher une solution pacifique, constitutionnelle et durable aux graves divisions au Honduras par le dialogue. À cette fin, nous collaborons avec plusieurs de nos partenaires dans l'hémisphère pour créer une négociation, un dialogue qui puisse mener à une résolution pacifique. »

Il était clair, après cette rencontre, que Washington ne considérerait plus le retour de Zelaya à la présidence comme une solution nécessaire et qu'il ferait plutôt pression en faveur d'une « négociation » avec le régime du coup, ce qui à la fin favorise les intérêts américains. Selon des sources présentes aux réunions de l'OÉA qui ont eu lieu après le coup d'État, la présence d'une délégation américaine de haut rang a accru les pressions sur les autres États en faveur d'une solution « négociée » qui ne comprend pas nécessairement le retour au pouvoir du président Zelaya.

Cette méthode qui consiste à contourner l'enjeu principal, à manipuler la situation pour obtenir un résultat précis et à donner l'impression qu'on défend une certaine position alors que les actions démontrent le contraire, fait partie de la nouvelle doctrine Obama, le « smart power », qui se propose d'atteindre les objectifs impérialistes sans démoniser le gouvernement. Le « smart power » est « la capacité de combiner le "pouvoir dur" et "le pouvoir mou" ("hard power with soft power") pour donner une stratégie victorieuse. Stratégiquement, le "smart power" utilise la diplomatie, la persuasion, le renforcement de la capacité, le pouvoir militaire et l'influence économique et politique en les concertant de manière efficace à une légitimité économique et politique. » Il s'agit essentiellement d'associer la force militaire à toute forme de diplomatie, en mettant l'accent sur la « promotion de la démocratie » comme tactique principale pour influer sur la destinée des sociétés, par opposition à l'invasion militaire. [Note : Le « smart power » met l'accent sur l'utilisation d'agences comme USAID et le National Endowment for Democracy (NED) pour faire le « sale travail » de pénétrer et d'infiltrer silencieusement les organisations de la société civile pour faire la promotion des politiques des États-Unis. Cela explique pourquoi Obama a demandé 320 millions $ de plus pour un fonds de « promotion de la démocratie » dans le budget 2010 uniquement pour l'Amérique latine. Il s'agit d'une somme considérablement plus élevée que celle demandée et utilisée pour la « promotion de la démocratie » en Amérique latine durant les huit années combinées de l'administration Bush.]

L'ambassadeur

Le journaliste Jean-Guy Allard a révélé les origines de l'ambassadeur actuel des États-Unis au Honduras, Hugo Llorens. Selon lui, Llorens, qui est né à Cuba et qui est arrivé aux États-Unis dans le cadre de l'Opération Peter Pan, est « un spécialiste du terrorisme ». « La Maison Blanche de George W. Bush va nommer le rusé Llorens en 2002 comme ni plus ni moins que directeur des Affaires andines au Conseil national de sécurité à Washington, ce qui fait de lui le principal conseiller du président sur le Venezuela. Il se trouve que le coup d'État en 2002 contre le président Hugo Chavez s'est déroulé alors que Llorens était sous l'autorité du sous-secrétaire d'État aux Affaires de l'hémisphère, Otto Reich, et du très controversé Elliot Abrams. » En juillet 2008, Llorens a été nommé ambassadeur au Honduras.

Le 4 juin 2009, quelques semaines à peine avant le coup d'État contre le président Zelaya, l'ambassadeur Llorens a déclaré à la presse hondurienne : « On ne peut pas enfreindre la constitution pour créer une autre constitution, parce que si l'on ne respecte pas la constitution, nous vivons tous sous la loi de la jungle. » Ces déclarations ont été faites en référence au sondage d'opinion national sur la possibilité de convoquer une assemblée constitutionnelle en 2010, plébiscite qui devait avoir lieu le 28 juin s'il n'y avait pas eu un coup d'État contre le président Zelaya. Les commentaires de Llorens démontrent non seulement son opposition au sondage, mais aussi son ingérence dans les affaires intérieures du Honduras.

Mais Llorens n'était pas seul dans la région. Après sa nomination au poste d'ambassadeur des États-Unis au Honduras (position qui lui a été assignée à cause de l'urgence de neutraliser la présence grandissante de gouvernements de gauche dans la région et de freiner la croissance potentielle de l'ALBA), plusieurs autres ambassadeurs américains ont été nommés dans des pays voisins, tous des experts dans les techniques de déstabilisation contre la révolution cubaine et de la guerre psychologique.

Le diplomate Robert Blau est d'abord arrivé à l'ambassade des États-Unis au Salvador le 2 juillet 2008, comme second en chef. En janvier 2009, il est devenu chargé d'affaires à l'ambassade. Avant son arrivée au Salvador, Blau était directeur adjoint du département d'État aux affaires cubaines à Washington, après avoir passé deux années à l'emploi de la Section des intérêts américains à La Havane comme conseiller politique. Il a eu tellement de succès auprès des dissidents cubains qu'il s'est vu décerner le prix d'excellence James Clement du département d'État. Llorens et Blau sont de vieux amis, ayant travaillé ensemble au sein de l'équipe d'Otto Reich au département d'État.

Peu après, le 5 août 2008, Stephen McFarland a été nommé ambassadeur des États-Unis au Guatemala. McFarland, un diplômé du National War College aux États-Unis, comme Hugo Llorens et Robert Blau, et ancien membre du Combat Team Number 2 de la marine américaine en Irak, était le deuxième responsable à l'ambassade des États- Unis au Venezuela durant le mandat de William Brownfield. Brownfield est connu pour avoir obtenu une augmentation considérable du financement et de l'appui stratégique du département d'État pour l'opposition au Venezuela. Après le Venezuela, McFarland a été envoyé à l'ambassade américaine au Paraguay pour superviser la construction de la grande base militaire des États-Unis dans ce pays qui est voisin de la Bolivie. Il a également été directeur des Affaires cubaines au département d'État et dans son curriculum vitae il affirme être un expert en matière de « transitions démocratiques, droits humains et sécurité ».

L'ambassadeur Robert Callahan est également arrivé à Managua, au Nicaragua, au début d'août 2008. Il a été attaché à des ambassades américaines à La Paz, en Bolivie, et à San José, au Costa Rica, et il a été professeur émérite au National War College. En 2004, il a été envoyé en Irak comme attaché de presse de l'ambassade américaine à Bagdad. À son retour, il a établi le bureau de presse et de propagande au niveau Directorate of National Intelligence (DNI) à Washington, qui est aujourd'hui le bureau qui a le plus de pouvoir dans la communauté du renseignement aux États-Unis.

Ensemble, ces ambassadeurs, experts en coûts d'État, déstabilisation et propagande, ont préparé le terrain pour le coup d'État contre le président Zelaya au Honduras.

Le financement des chefs du coup d'État

Un mois seulement avant le coup d'État contre le président Zelaya, une coalition de différentes organisations, associations d'affaires, partis politiques, haut-placés de l'Église catholique et médias privés a été formée en opposition aux politiques de Zelaya. La coalition a été nommée l'« Union civile démocratique du Honduras ». Son seul objectif était d'écarter le président Zelaya du pouvoir pour faire obstacle à la possibilité future d'une convention constitutionnelle de réforme de la Constitution, qui permettrait à la population d'avoir une voix et un rôle dans son processus politique.

L'« Union civile démocratique du Honduras » est composée d'organisations incluant le Conseil national contre la corruption, l'archevêque de Tegucigalpa, le Conseil hondurien de l'entreprise privée (COHEP), le Conseil de l'université Deans, la Fédération des travailleurs du Honduras (CTH), le Forum national de convergence, la Fédération nationale du commerce et de l'industrie du Honduras (FEDECAMARA), l'Association of Communication Media (AMC), le Groupe paix et démocratie et le groupe étudiant Génération pour le changement.

La majorité de ces organisations ont bénéficié annuellement de plus de 50 million de dollars déboursés par l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et la Fondation nationale pour la démocratie (NED) pour la promotion de la démocratie au Honduras. En fait, le rapport du USAID concernant son financement et son travail avec COHEP décrit comment la discrétion entretenue par USAID dans ce projet a permis d'assurer la crédibilité de COHEP en tant qu'organisation hondurienne et non comme un bras de USAID. En fait, cela signifie que COHEP est un bras de USAID.

Les porte-parole de l'Union civile démocratique du Honduras représentant, selon eux, la « société civile », ont déclaré à la presse hondurienne le 23 juin - cinq jours avant le coup d'État contre le président Zelaya - qu'ils « avaient confiance que les forces armées se conformeront à leur responsabilité de défendre la Constitution, le droit, la paix et la démocratie. » Lorsque le coup a eu lieu le 28 juin, ils ont été les premiers à déclarer immédiatement qu'un coup n'avait pas eu lieu, mais plutôt que « la démocratie avait été sauvée » des mains du Président Zelaya, dont le crime a été de tenter de donner une voix et une visibilité à la population. Représentant la haute bourgeoisie, l'Union civile démocratique du Honduras a qualifié les supporteurs de Zelaya de « hordes ».

L'International Republican Institute (IRI), une entité qui reçoit des subventions de la NED, a reçu plus de 1,2 million de dollars en 2009 pour travailler avec des groupes politiques au Honduras. Le travail de l'IRI a été consacré à appuyer les « think tanks » et les « groupes de pression » à influencer les partis politiques et à « soutenir les initiatives visant à mettre en oeuvre des positions politiques durant les campagnes en 2009. » C'est un exemple clair de l'intervention dans la politique interne du Honduras et la preuve que la NED et l'IRI ont financé les groupes impliqués dans le coup.

Le lobby de Washington

Le sénateur républicain John McCain, ex-candidat à présidence des États-Unis, a aidé à coordonner la visite d'une délégation du régime putschiste à Washington la semaine dernière. McCain est bien connu pour son opposition aux gouvernements du Venezuela, de Bolivie et des autres pays de la région considérés comme « anti-impérialistes ». McCain maintient aussi des liens très étroits avec la communauté exilée cubaine à Miami. McCain est aussi le président du conseil d'administration de l'IRI qui a financé les participants au coup d'État au Honduras. McCain a offert les services d'une firme de lobby de Washington, liée à lui de très près, le Groupe Cormac, qui a organisé une conférence de presse pour la délégation du régime putschiste au Club de la presse nationale le 7 juin. McCain a également contribué à l'organisation de plusieurs réunions du Congrès avec les représentants traditionnels cubano-américains ainsi que des personnes connues comme « ennemis de Chávez », comme Connie Mack, Ileana Ros-Lehtinen et Mel Martinez

Mais au-delà de la connexion républicaine au coup d'État au Honduras, il y a un lien encore plus accablant à l'actuelle administration démocrate à Washington. L'avocat Lanny Davis avait été embauché par le Conseil des entreprises de l'Amérique latine (CEAL) pour faire pression en faveur du régime putschiste et convaincre les pouvoirs à Washington d'accepter et de reconnaître de facto le gouvernement au Honduras.

Lanny Davis a été conseiller spécial pour l'ex-président Bill Clinton à partir de 1996-1998 et il est un ami intime et conseiller de la secrétaire d'État Hillary Clinton. Davis est l'organisateur d'une offensive diplomatique et de relations publiques éclair en faveur du régime putschiste, y compris la stratégie de placement de publicités dans des médias américains qui cherchent à légitimer de facto le gouvernement hondurien ; il organise aussi des réunions et des auditions avec les membres du Congrès, le Département d'État et la Maison Blanche.

Le CEAL représente la communauté d'affaires conservatrice d'Amérique latine, incluant ceux qui ont encouragé et participé à de précédentes tentatives de renverser des gouvernements démocratiques par des coups d'État et / ou d'autres formes de sabotage. Par exemple, le représentant du CELA au Venezuela est Marcel Granier, président de RCTV, la station de télévision qui a participé activement en 2002 au coup d'État contre le président Chávez et qui a toujours violé la loi vénézuélienne dans le but de promouvoir son programme politique.

Dans le cadre de cette offensive, Lanny Davis a organisé la tenue d'une audience spéciale devant la Commission des relations extérieures de la Chambre, en présence des membres haut placés du Congrès, supervisée par Elliot Engel (un membre du Congrès de New York). À l'audience, les témoignages ont été faits par les représentants du régime putschiste du Honduras et d'autres qui ont soutenu le coup d'État - directement et indirectement - dont Michael Shifter du Dialogue interaméricain, Guillermo Pérez-Cadalso, ex-ministre des Affaires étrangères du Honduras et juge de la Cour suprême, et le fameux Otto Reich, un Cubano-Américain bien connu pour son rôle dans la majorité des activités de déstabilisation des gouvernements progressistes et de gauche en Amérique latine tout au long des années 80. Reich, qui a été nommé conseiller spécial sur l'Amérique latine pour le président George W. Bush, a également joué un rôle clé dans le coup d'État de 2002 contre le président Chávez. Depuis la tenue de cette audience, le Congrès américain tente actuellement d'adopter une résolution qui reconnaît le régime putschiste au Honduras en tant que gouvernement légitime.

Une autre conséquence des activités de lobby de Lanny Davis a été la réunion organisée par le Conseil des Amériques au bureau de Washington le 9 juin. Jim Swigert, directeur des programmes en Amérique latine et aux Caraïbes pour l'Institut démocratique national (NDI), l'entité qui reçoit son financement de la NED et USAID, Cris Arcos, ancien ambassadeur des États-Unis au Honduras, et Adolfo Franco, ex-administrateur de l'USAID pour l'Amérique latine et les Caraïbes et directeur du programme de « transition à la démocratie » pour Cuba ont participé à cet événement. Ces trois personnages travaillent comme conseillers auprès de l'administration Obama sur la crise au Honduras. Franco, qui était auparavant conseiller sur la politique étrangère pour John McCain au cours de sa campagne présidentielle de 2008, a été accusé de corruption pour sa mauvaise gestion des fonds du USAID destinés au programme « Démocratie » à Cuba. Franco a détourné une grande quantité de ces fonds, totalisant plus de 40 millions de dollars, à des groupes tels que le Comité pour une Cuba libre et l'Institut d'études cubaines à Miami, sans suivre un processus transparent de distribution des fonds.

Negroponte et Reich, une fois de plus

Plusieurs analystes et spécialistes de l'Amérique latine ont spéculé sur le rôle joué par l'ancien ambassadeur au Honduras John Negroponte qui a dirigé les forces paramilitaires et les escadrons de la mort connus sous le nom de « contras » contre des mouvements de gauche en Amérique centrale pendant les années 1980. Negroponte a occupé plusieurs postes de haut niveau sous l'administration Bush, dont ceux d'ambassadeur des États-Unis en Irak, ambassadeur des États-Unis aux Nations Unies, Directeur du renseignement national, et finalement secrétaire d'État adjoint, second seulement derrière Condoleeza Rice. Après avoir quitté le département d'État en janvier 2009, Negroponte a joint le secteur privé comme le font souvent les anciens hauts personnages du gouvernement. On lui a offert un emploi de vice-président du cabinet de conseil le plus influent et le plus puissant de Washington, le McLarty Associates. Negroponte a accepté l'offre. Le McLarty Associates a été fondé par Thomas « Mack » McLarty, l'ancien chef de cabinet du président Bill Clinton et l'envoyé spécial de Clinton en Amérique latine. Depuis la fin de l'administration Clinton, McLarty a dirigé le cabinet de conseil le plus puissant à Washington qui s'appelait jusqu'à l'année dernière le Kissinger-McLarty Associates à cause de la fusion entre Thomas McLarty et Henry Kissinger. Ce partenariat a été un exemple évident des unions bi-partisanes qui déterminent les politiques les plus importantes à Washington.

Dans son nouveau rôle, John Negroponte travaille présentement comme conseiller de la secrétaire d'État Hillary Clinton. Rappelons-nous que l'actuel ambassadeur américain au Honduras, Hugo Llorens a travaillé de très près sous Negroponte pendant la plus grande partie de sa carrière. Il est donc vraisemblable que John Negroponte, l'expert dans l'écrasement des mouvements de gauche en Amérique centrale, ait joué un rôle dans le récent coup contre le président Zelaya au Honduras.

Otto Reich a également investi ses énergies ces dernières années dans une campagne contre le président Zelaya. Le président hondurien a même menacé de poursuivre Reich pour diffamation en avril 2009 après que Reich ait accusé le président Zelaya d'avoir volé 100 millions $ à Hondutel, la compagnie de télécommunications possédée par l'État. Il n'y a jamais eu de preuves pour soutenir cette accusation et la vérité a été vite révélée sur les motifs de l'intérêt de Reich dans Hondutel. Le Cubano-Américain, à travers son cabinet de conseil et de lobbying Otto Reich Associates, représentait une compagnie multinationale qui cherchait à privatiser Hondutel, ce à quoi Zelaya s'opposait. Maintenant que la président Zelaya n'est plus dans son chemin, Reich est en mesure d'aller de l'avant avec cette offre de plusieurs millions de dollars.

Reich a aussi été le co-fondateur d'une organisation à Washington appelée la Fondation Arcadia, avec un vénézuélien du nom de Robert Carmona-Borjas, un avocat spécialisé dans le droit militaire lié, selon son propre curriculum vitae, au coup d'État d'avril 2002 au Venezuela. Robert Carmona-Borjas était au palais présidentiel de Caracas, au Venezuela, en compagnie du dictateur Pedro Carmona pendant les jours du coup d'État les 11 et 12 avril 2002, et il s'est enfui avec Carmona quand le palais a été repris par la garde présidentielle et l'ordre constitutionnel rétabli. Il a fui plus tard aux États-Unis après que des accusations aient été portées contre lui pour sa participation au coup d'État, et il est devenu professeur d'université à l'université George Washington à Washington DC (c'est beau de voir l'accueil chaleureux que les États-Unis réservent aux dirigeants de coups et aux violateurs de la démocratie). Reich et Carmona-Borjas mènent depuis l'an dernier une campagne contre le président Zelaya, l'accusant de corruption et d'entrave aux droits de propriété privée. À travers leur Fondation Arcadia, ils ont produit une série de vidéos, que plusieurs médias ont montré, qui essaient de dépeindre Zelaya comme un président corrompu qui viole les droits fondamentaux du peuple du Honduras.

Carmona-Borjas a fréquemment voyagé au Honduras ces derniers mois et a même tenu des meetings publics qui ont ouvertement discuté du coup contre Zelaya. Lors d'une de ces rencontres, le Défenseur public du Honduras, Ramon Custodia, qui a participé au coup d'état, a déclaré à la presse en présence de Carmona-Borjas que « les coups sont possibles et peuvent se produire dans un environnement politique. » Après le coup, soit le 3 juillet, Robert Carmona-Borjas a participé à un rassemblement en appui au régime issu du coup et il y a reçu les honneurs et les applaudissements des responsables du coup qui se sont référé à lui comme à un « acteur important » ayant « aidé à rendre possible » le renversement du président Zelaya et l'installation du dictateur Roberto Micheletti comme président imposé.

Le pouvoir militaire

Les États-Unis maintiennent une vaste présence militaire au Honduras à la base de Soto Cano (Palmerola), située à environ 50 milles de la capitale Tegucigalpa, qui a été très active depuis 1981 lorsque l'administration Reagan l'a occupée et utilisée pour ses opérations en Amérique centrale.

Pendant les années 1980, Soto Cano a été utilisée par le colonel Oliver North comme base d'opérations des « contras », les forces paramilitaires entraînées, armées et financées par la CIA et chargées de mener la guerre contre les mouvements de gauche en Amérique centrale et surtout le gouvernement voisin sandiniste du Nicaragua. À partir de Soto Cano, les « contras » ont mené des attaques terroristes, de la guerre psychologique (supervisée par le Bureau de Diplomatie publique d'Otto Reich), des attaques d'escouades de la mort et des missions spéciales secrètes dans lesquelles des dizaines de milliers de paysans et de civils ont été assassinés, et des milliers de personnes ont été enlevées, torturées, blessées alors que toute une région a été soumise à un régime de terreur.

John Negroponte, l'ambassadeur américain au Honduras de l'époque, de concert avec Oliver North et Otto Reich, ont dirigé et supervisé ces opérations. Ils ont plus tard été impliqués dans le scandale Iran-Contra lorsque le Congrès américain a coupé les fonds des groupes paramilitaires et des escouades de la mort utilisés par l'administration Reagan pour neutraliser les mouvements de gauche de la région et l'équipe Negroponte-North-Reich a alors vendu des armes à l'Iran pour continuer de financer ses opérations secrètes.

La base de Soto Cano est le siège de la Force opérationnelle mixte « Bravo composée d'effectifs de l'armée de terre, de l'armée de l'air, de forces de sécurité communes et du premier bataillon du 228ème régiment de l'aviation américaine, ce qui représente environ 600 personnes au total et 18 avions de combat, dont des hélicoptères UH60 Black Hawk et CH47 Shinock. Soto Cano est également le siège de l'Académie aérienne hondurienne, Plus de 650 citoyens américains et honduriens vivent en permanence à l'intérieur de la base.

La constitution du Honduras ne permet pas légalement la présence militaire étrangère dans le pays. Un accord « par poignée de main » semi-permanent entre Washington et le Honduras autorise cette présence stratégique et importante de centaines - parfois de milliers - de membres du personnel militaire américain sur la base. Cet accord a été conclu en 1954 en échange de l'aide américaine de millions de dollars aux forces armées du Honduras qui comprend des programmes d'entraînement, des armes et de l'équipement militaire de même que des exercices conjoints et des opérations en sol hondurien. La base a été utilisée la première fois par l'armée américaine et la CIA comme base de lancement du coup d'État contre Jacobo Arbens au Guatemala en 1954.

Washington autorise chaque année des centaines de millions d e dollars en aide militaire et économique au Honduras, le troisième pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental après Haïti et le Nicaragua. Cet « échange » qui assure la présence militaire américaine dans ce pays d'Amérique centrale peut être abrogé par le gouvernement du Honduras à n'importe quel moment sans avis préalable.

Le 31 mai 2008, le président Manuel Zelaya a annoncé que Soto Cano (Palmerola) allait être convertie en un aéroport civil international. La construction de son terminal devait être financée par des fonds provenant de l'Alliance bolivarienne des Amériques (l'ALBA - dont sont membres la Bolivie, Cuba, l'Équateur, la Dominique, le Honduras, le Nicaragua, St-Vincent, Antigua-et-Barbuda et le Venezuela). Cela constituait évidemment une menace très sérieuse pour la présence militaire américaine au Honduras.

Les deux généraux qui ont joué un rôle clé dans le coup contre le président Zelaya sont tous deux diplômés de l'École des Amériques, célèbre pour son entraînement de dictateurs, tortionnaires et d'oppresseurs en Amérique latine, et ils maintiennent des liens très étroits avec les forces militaires américaines basées au Honduras. Le commandant des Forces armées du Honduras, le général Luis Javier Prince Suazo, a étudié à cette sinistre École des Amériques en 1996. Le chef d'État-major hondurien, le général Romeo Vasquez, qui a été congédié par le président Zelaya le 24 juin 2009 pour avoir désobéi à ses ordres et est réapparu comme l'acteur principal du coup militaire quelques jours plus tard est lui aussi un diplômé de l'École des Amériques. Ces deux militaires de haut rang entretiennent aussi des liens étroits avec le Pentagone et le Southern Command.

L'ambassadeur américain au Honduras Charles Ford, en poste jusqu'à son remplacement par Hugo Llorens en septembre 2008, a par la suite été transféré du Honduras au Southern Command en Floride pour donner « des conseils stratégiques » au Pentagone sur l'Amérique latine, un poste qu'il occupe encore aujourd'hui.

Les militaires du Honduras sont financés, entraînés, instruits et commandés par les militaires des États-Unis. Ils ont été endoctrinés depuis le début de la Guerre froide par une mentalité qui est contre la gauche, le socialisme et pour l'empire. Les généraux et les officiers de haut rang impliqués dans le coup d'État au Honduras ont dit publiquement qu'ils avaient « l'obligation » de chasser le président Zelaya du pouvoir parce qu'il était une « menace » avec son idéologie « gauchiste » et son alignement sur les pays socialistes de la région comme le Venezuela et Cuba. Comme le disait un colonel hondurien : »Nous avons combattu les mouvements subversifs au pays et nous avons été le seul pays à ne pas avoir vécu de guerre fratricide comme les autres en ont connue. Cela serait difficile pour nous, compte tenu de notre entraînement, d'être en relations avec un gouvernement gauchiste. C'est impossible. Personnellement j'aurais pris ma retraite parce que ma façon de penser, mes principes ne m'auraient pas permis de participer à cela. »

Tous les faits ci-haut mentionnés - en plus des autres qui viendront certainement s'y ajouter - prouvent de façon indéniable le rôle de Washington dans le coup d'État contre le président Zelaya au Honduras.



Lire l'article en anglais : http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=14390, publié le 15 juillet 2009.

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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 20:06

A chaque guerre, coup d'Etat ou agression menée par l'Occident, les grands médias appliquent ces cinq « règles de la propagande de guerre ». Employez vous-même cette grille de lecture lors des prochains conflits, vous serez frappé de les retrouver à chaque fois : 1. Cacher l'Histoire. 2. Cacher les intérêts économiques. 3. Diaboliser l'adversaire. 4. Blanchir nos gouvernements et leurs protégés. 5. Monopoliser l'info, exclure le vrai débat.

Application au cas du Honduras, Juillet 2009...

1. Cacher l'Histoire. Le Honduras est l'exemple parfait de la « république bananière » aux mains des USA. Dépendance et pillage colonial ont provoqué un énorme fossé riches-pauvres. 77% de pauvres selon l'ONU. L'armée hondurienne a été formée et encadrée - jusque dans les pires crimes - par le Pentagone. L'ambassadeur US John Negroponte (1981-1985) était surnommé « le vice-roi du Honduras ».

2. Cacher les intérêts économiques. Aujourd'hui, les multinationales US (banane Chiquita, café, pétrole, pharmacie...) veulent empêcher ce pays de conquérir son indépendance économique et politique. L'Amérique du Sud s'unit et vire à gauche, et Washington veut empêcher l'Amérique centrale de suivre la même voie.

3. Diaboliser l'adversaire. Les médias ont accusé le président Zelaya de vouloir se faire réélire pour préparer une dictature. Silence sur ses projets sociaux : augmentation du salaire minimum, lutte contre l'hyperexploitation dans les usines-bagnes des firmes US, diminution du prix des médicaments, aide aux paysans opprimés. Silence sur son refus de couvrir les actes terroristes made in CIA. Silence sur l'impressionnante résistance populaire.

4. Blanchir nos gouvernements et leurs protégés. On cache le financement du putsch par la CIA. On a présenté Obama comme neutre alors qu'il refusait de rencontrer et de soutenir le président Zelaya. S'il avait appliqué la loi et supprimé l'aide US au Honduras, le coup d'Etat aurait été vite arrêté. Le Monde et la plupart des médias ont blanchi la dictature militaire en parlant de « conflit entre pouvoirs ». Les images de répression sanglante ne sont pas montrées au public. Bref, un contraste frappant entre la diabolisation de l'Iran et la discrétion sur le coup d'Etat hondurien « made in CIA ».

5. Monopoliser l'info, exclure le vrai débat. La parole est réservée aux sources et experts « acceptables » pour le système. Toute analyse critique sur l'info est censurée. Ainsi, nos médias empêchent un vrai débat sur le rôle des multinationales, des USA et de l'UE dans le sous-développement de l'Amérique latine. Au Honduras, les manifestants crient « TeleSur ! TeleSur ! » pour saluer la seule télé qui les informe correctement.

http://www.michelcollon.info/index.php?view=article&catid=1&id=2181&option=com_content&Itemid=2

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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 12:40
1910-1920 - MEXIQUE. Avec pour objectif initial de renverser la dictature de Porfirio Díaz, la révolution mexicaine se mue rapidement en une révolte générale. En 1913, Francisco Madero est chassé du pouvoir par celui qu'il a lui-même nommé à la tête de l'armée, le général Victoriano Huerta. Ce dernier ne reste au pouvoir que quelques mois, incapable de s'imposer ni aux groupes réclamant la réforme agraire conduits par Venustiano Carranza, Pancho Villa et Emiliano Zapata, ni aux Américains. 

 

1936 - NICARAGUA. Grâce à la protection de Washington, Tacho Somoza, assassin de Cesar Augusto Sandino, prend le pouvoir et devient président en 1936. Il établit une dictature fortement anticommuniste que ses fils perpétueront jusqu'en 1979.

 

1945 - BRESIL. En 1937, la dictature de Getulio Vargas instaure "l'Etat Nouveau". Chassé par un coup d'Etat militaire en 1945, il est ensuite élu en 1951 président de la République.

 

1943 - ARGENTINE. Après une tentative ratée de coup d'Etat en juin 1943, l'armée prend le pouvoir à l'automne. C'est "le coup d'Etat des colonels". En 1946, Juan Domingo Peron, colonel de la junte, est élu président de la République. 

 

1945 - SALVADOR. Le général Salvador Castañeda accède au pouvoir par un coup d'Etat. Il dirige le pays jusqu'en 1948 quand des officiers se rebellent et mettent en place "un conseil révolutionnaire civil et militaire".

 

1954 - GUATEMALA.Le gouvernement élu de Jacobo Arbenz est renversé par un putsch soutenu par les Etats-Unis. Début de 40 années d'exactions des escadrons de la mort, faisant plus de 200 000 victimes.

 

1954 - PARAGUAY. Le général Alfredo Stroessner prend le pouvoir et instaure une longue dictature où se mêlent népotisme, corruption, prébendes et violences, et qui perdure jusqu'en 1989.

 

COSTA RICA. Plusieurs tentatives de renversement du régime et même d'assassinat du président José Figueres dans les années 1950 puis dans les années 1970.

 

Années 60

Une dizaine de coups d'Etat contre des gouvernements pour la plupart démocratiquement élus bouleversent le paysage politique de l'Amérique latine des années 1960.

 

1960 - SALVADOR.En octobre 1960, une junte moderniste motivée par l'expérience cubaine, formée de militaires et de civils, renverse le pouvoir détenu par le Parti révolutionnaire de l'Unité démocratique, au pouvoir depuis la révolution de 1948, afin de transformer le pays. Mais très vite, leurs projets de réformes économiques et agraires inquiètent les élites et la junte est renversée en janvier 1961 par celle du lieutenant-colonel Julio Rivera.

 

1962 - ARGENTINE. En 1962 puis en 1966, les gouvernements argentins sont destitués par des coups d'Etat.

 

1963 - EQUATEUR. En juillet 1963, l'armée renverse Carlos Julio Arosemena, le président en poste depuis 1961. Les militaires l'accusent notamment d'être favorable au communisme. La junte militaire est renversée à son tour sans violence, en mars 1966.

 

1964 - BOLIVIE. Le coup d'Etat du colonel Barrientos en 1964 marque le début d'une succession de régimes militaires et de coups d'Etat. La dictature est "officellement" instaurée à partir de 1974.

 

1964 - BRESIL.Le coup d'Etat militaire qui renverse le président élu Joao Goulart instaure une dictature violemment anti-communiste, qui sévit pendant plus de 15 ans.

 

1968 - PANAMA. En 1968, un coup d'état militaire mène le Général Omar Torrijos Herrera au pouvoir. Il y reste jusqu'à sa mort en 1981.

 

1968 - PEROU. En octobre 1968, des militaires, dirigés par le commandant Juan Velasco Alvarado, renversent le président élu Fernando Belaunde Terry et instaurent un régime aux accents nationalistes.

 

Années 70

Une série de coups d'Etat militaires porte au somment de l'Etat des gouvernements déterminés à éradiquer par tous les moyens les forces de gauche.

 

1973 - CHILI. En 1973, un coup d'Etat dirigé par le général Augusto Pinochet et soutenue par les Etats-Unis renverse le gouvernement de Salvador Allende. On dénombre 3 000 morts (bilan officiel) au cours des premiers mois, des milliers de disparu, et des dizaines de milliers de personnes torturées. 

 

1973 - URUGUAY. En 1973, le régime du président Bordaberry est renversé par une junte militaire qui entreprend le contrôle systématique de la population. En une décennie, 80 000 Uruguayens passeront par les geôles de la junte.

 

1976 - ARGENTINE. Après le retour, la réélection puis la mort de Juan Peron, une junte militaire s'empare du pouvoir en 1976. Sept années de dictature feront 10000 morts et disparus.

 

 

 Années 1980

et le début des années 1990 sont plus calmes et marquent une période de

"transition démocratique" en Amérique latine.

 

1992 - VENEZUELA. En février puis en novembre le Mouvement révolutionnaire bolivarien de Hugo Chavez provoque deux tentatives de coup d'état, qui échouent.

 

1996 - PARAGUAY.Lino Oviedo échoue dans sa tentative de coup d'Etat. En mai 2000, nouvelle tentative de coup d'Etat : un groupe de militaires se soulève contre le gouvernement du président Luis Gonzalez Macchi. L'état d'urgence est décrété pour 60 jours dans tout le pays

 

2000 - EQUATEUR. En janvier 2000, un soulèvement indien aboutit à la destitution du président Jamil Mahuadau profit d'une junte militaire. Le triumvirat porté au pouvoir est composé du chef d'état-major des forces armées et de deux civils dont le leader du mouvement indien Antonio Vargas. Sous la pression internationale, la junte cède le pouvoir au vice-président Gustavo Noboa. A lire : Le coup d'Etat avorté sur le site du Monde Diplomatique.

 

2002 - VENEZUELA. En avril 2002, un coup d'Etat avorté contraint Hugo Chavez à démissionner. Les violentes manifestations dans les rues de Caracas font plus de 20 morts. Dès le lendemain, Chavez retourne au pouvoir.

 

2009 - HONDURAS. Coup d'Etat au Honduras contre le président Manuel Zelaya.

 

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24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 15:02


Thierry Deronne

Cliquer sur l'image
jeudi 23 juillet 2009

, mis en ligne par Thierry Deronne


Depuis dix ans les grands médias font ce qu'ils veulent de la réalité vénézuélienne. Remake sans imagination de la désinformation opérée au sujet du « Nicaragua-menace-totalitaire » des années 80.

L'affaire semble entendue.

Même et surtout à gauche un lavage de cerveau sans guère d'alternatives a fini par installer des catégories (« pour ou contre Chávez », « dérive autoritaire ou pas », « base contre bureaucratie », « Chávez-Iran », etc...) et une « critique » obligée, pavée de bonnes intentions mais finalement éloignée du réel. Une critique pertinente ne saurait se faire sérieusement à quinze mille kilomètres des acteurs populaires, anonymes mais essentiels de la révolution bolivarienne.

Qu'ils n'aient pas le temps ou l'envie d'écrire sur internet, ne signifie pas qu'ils n'existent pas, qu'ils ne pensent, qu'ils ne vivent pas d'autres contradictions, différentes de celles qu'on projette sur eux. Ils sont des millions. Il est temps de les écouter, de les voir. L'écran de Vive TV vous permet de les rencontrer en direct.

Vous pouvez vous affranchir de la dictature médiatique des grands groupes économiques opposés à la révolution bolivarienne, et palper presque comme si vous étiez sur place une révolution dans ses nombreuses avancées et contradictions, avec les témoignages libres des mouvements sociaux.

Il suffit de cliquer sur http://www.vive.gob.ve/senalVivoExp.php et attendre de 30 sec. à 1 minute.

Voici quelques programmes en prise directe avec les luttes populaires :

- 1. Lundi et mercredi à 7 h. 30 du matin, ou le mardi à 18 h., heure d'Europe : « Informativo laboral » sur les luttes des travailleurs (diffusé a 20 heures au Venezuela, avec rediff. dans la nuit).

- 2. Du lundi au vendredi, à 19 h. heure d'Europe, « El noticiero del cambio », reportage sur les organisations populaires et mouvements sociaux dans tout le pays (diffusé à midi au Venezuela, avec rediffs).

- 3. Le mercredi à 18 h., heure d'Europe, « Sin linderos » sur la réforme agraire ou les luttes paysannes (diffusé à 11 h. 30 au Venezuela, avec rediffs).

- 4. Le lundi à 10 h. 30 ou samedi à 8 h. du matin, heures d'Europe, notamment : « Noticiero indígena », le reportage fait par les communautés indiennes. Etc., etc..

Il y a en réalité toutes sortes de programmes, dessins animés différents du cartoon dominant, cours de philo et de cinéma, débats citoyens en direct, docs politiques et sociaux, musiciens, artisans, etc. et pas mal de directs comme en ce moment sur la mobilisation populaire des vénézuéliens en solidarité avec le peuple hondurien.

JPEG - 3.8 Mo
Venezuela, Fundo Zamorano Aracal, Estado Yaracuy, mai 2009 - Tournage de ViVe TV

La grille complète de nos programmes est détaillée heure par heure sous ce lien : http://www.vive.gob.ve/programacion... en sachant qu'actuellement il faut additionner 6 heures trente pour obtenir l'heure européenne.

Thierry Deronne
Vicepresidencia de Formación Integral
Televisión Publica VIVE, Biblioteca Nacional, Piso 4
Avenida Panteón, Caracas, República Bolivariana de Venezuela
Cel 00584164198614
http://www.vive-fr.org/blog/
http://www.vive.gob.ve (castellano)
http://www.vive-be.org/ (francais)

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24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 10:43



Le renforcement de l'ALBA, l'Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique, en tant qu'espace géopolitique indépendant de l'influence des Etats-Unis formé de pays ayant des gouvernements nationalistes, souverains et à vocation solidaire, est incontestable dans la région.

Il ne faut pas être grand clerc pour soupçonner l'existence d'un plan global des secteurs au pouvoir aux Etats-Unis ayant pour but d'empêcher que cette nouvelle forme d'insurrection se renforce et continue de se répandre en Amérique Latine. Notre Point de vue vous en fournit des preuves.

La première réponse a été l'organisation et l'encouragement du putsch militaire contre le gouvernement légitime du Honduras considéré comme le maillon le plus faible de l'ALBA et donc le pays idéal pour porter le premier coup.

Le putsch au Honduras envoie un signal aux pays voisins, en particulier au Salvador qui a échappé à la tutelle de Washington après l'accession au pouvoir d'un gouvernement populaire à l'issue d'élections démocratiques. Un tel changement inquiète beaucoup à Washington de même que le cours des événements au Nicaragua où le sandinisme fleurit de nouveau.

La deuxième réponse des secteurs au pouvoir à Washington à la nouvelle réalité latino-américaine a été donné presque simultanément au putsch au Honduras et c'est l'annonce de l'envoie de forces militaires étasuniennes dans au moins quatre bases situés dans des points stratégiques du territoire colombien.

Il s'agit des bases militaires de Malambo, dans le Nord ; de Palanquero, d'Apiay, et de Tolemaida, dans le Centre, et de Larandia, dans le Sud de la Colombie. Les forces armées étasuniennes pourront utiliser ces bases sans avoir à payer un seul centime.

Dans les années 80, les Etats-Unis avaient transformé le Honduras en un porte-avions qui était la plaque tournante d'agressions quotidiennes contre les forces révolutionnaires du Nicaragua et les guérilleros salvadoriens et guatémaltèques.

L'objectif des Etats-Unis consiste maintenant à faire de même avec la Colombie pour menacer ainsi l'Equateur, la Bolivie et le Venezuela, comme l'a dénoncé le Président vénézuélien Hugo Chavez.

Le chois du pays n'est pas le fruit du hasard. Le gouvernement d'Alvaro Uribe a fait toujours preuve d'une grande complaisance vis-à-vis des intérêts étasuniens et, surtout, il ne faut pas partir de zéro. Les Etats-Unis y avaient déjà une forte présence militaire sous couvert du Plan Colombie.

Rappelons que le Plan Colombie est un projet commencé en 1999 après une réunion entre les Présidents de la Colombie et des Etats-Unis de l'époque : Andres Pastrana et Bill Clinton. Le but présumé de ce plan ? Lutter contre la production et le trafic de drogues, encourager les négociations de paix et promouvoir le développement économique et social.

Le projet actuel ne ressemble en rien au projet initial. Le Plan Colombie, rédigé à Washington et pas à Bogotá, en anglais et pas en espagnol, privilégiait les composantes militaires pour lutter contre le trafic de drogue et le terrorisme. Ne nous trompons pas, lutter contre le terrorisme a une signification bien précise dans ce cas-ci. Cela veut dire lutter contre les organisations de la guérilla colombienne.

Plusieurs années se sont écoulées depuis le début de l'application du Plan Colombie, plus de 6 milliards de dollars ont été dépensés et les résultats sont douteux. La Colombie continue à produire 80% de la pâte de coca du continent et la guérilla maintient des positions dans de vastes zones du territoire colombien. D'autre part, les violations des droits de l'homme et le déplacement forcé de civils ont atteint des proportions jamais vues.

Le seul résultat visible est la présence de centaines de soldats et de « sous-traitants civils » étasuniens, tous équipés d'armes et de technologies sophistiquées et disposés maintenant à souhaiter la bienvenue à leurs pairs pour renforcer l'occupation de la Colombie dont les autorités manquent
-semble-t-il- du sens le plus élémentaire de souveraineté et dignité.

Il s'agit donc d'un danger bien réel pour plusieurs pays membres de l'ALBA, l'Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique. C'est un danger auquel s'ajoutent d'autres projets étasuniens de domination continentale comme cela est le cas du Plan Mérida, version policière et militaire du Plan Puebla de Panama sur lesquels nous vous promettons de revenir très prochainement dans nos commentaires.

 

Sources: RHC, AIN, GRANMA, TRABAJADORES, JUVENTUD REBELDE, PL, REUTER, EFE, IPS, ANSA, AFP, XINHUA, TASS, DPA, AP.
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24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 09:50

granma.cu
• LES mouvements populaires du Honduras ont réalisé, mercredi, des marches à Tegucigalpa, la capitale, et dans des régions de l'intérieur du pays contre le coup d'Etat militaire, à la veille de la grève générale convoquée pour exiger le rétablissement de l'ordre constitutionnel.

Des milliers de manifestants ont défilé dans les banlieues du nord de la capitale, avant de se rassembler dans le Parc Central, dans l'enceinte historique, en réponse à l'appel lancé par le Front national contre le coup d'Etat.

Une manifestation semblable a eu lieu dans la ville de La Lima, dans le département de Cortés, dans le nord du pays, tandis que les opposants au putsch procédaient à des barrages de routes dans les environs de San Pedro Sula, la deuxième ville du pays, située à quelque 250 kilomètres au nord de Tegucigalpa.

Des organisations du Front des étudiants contre le coup d'Etat ont également effectué une marche de protestation dans la capitale contre le gouvernement de facto et pour la défense des conquêtes en matière d'éducation, que la clique de Micheletti a dit vouloir annuler.

Des organisations féminines se sont rassemblées devant l'ambassade des Etats-Unis pour exiger de ce pays qu'il ne reconnaisse pas le régime de facto, cesse de soutenir l'extrême droite et prenne des mesures efficaces contre les putschistes.

«Cette lutte va au-delà du rétablissement de Manuel Zelaya dans ses fonctions. Nous luttons pour l'aboutissement de nos revendications historiques», a déclaré l'une des manifestantes interrogée par l'agence Telesur.

Le dirigeant paysan Rafael Alegria a expliqué à l'agence Prensa Latina que les protestations populaires continueront jusqu'à ce que l'Etat de droit soit rétabli et jusqu'au retour du président constitutionnel Manuel Zelaya.

Alegria a annoncé que jeudi et vendredi, les travailleurs et le peuple en général paralyseront les institutions publiques et le réseau routier, et multiplieront les manifestations de soutien à la grève générale de 48 heures.

Entre-temps, le régime de facto a interpellé 121 citoyens nicaraguayens, vénézuéliens, colombiens et iraniens pour enquêter sur leurs activités dans ce pays, a révélé un porte-parole du Secrétariat à la sécurité, dont fait état l'agence ANSA.
REJET DU VENEZUELA

Le gouvernement vénézuélien a annoncé qu'il ignorait le contenu et le droit des autorités illégitimes du Honduras quant à leur intention d'expulser son personnel diplomatico-administratif, technique et des services.

Un communiqué du ministère des Affaires étrangères du Venezuela qualifie d'absurde l'annonce, rendue publique hier, quant à l'expulsion de tout son personnel diplomatique dans les 72 heures.

A cet égard, des dirigeants populaires du Honduras ont manifesté leur solidarité au Venezuela.
URIBE RECOIT LE CHEF DE LA DIPLOMATIE PUTSCHISTE

Depuis Bogota, l'agence DPA signale que le ministre hondurien des Affaires étrangères du régime de facto, Carlos Lopez, a été reçu par le président colombien Alvaro Uribe.

Lopez conduisait une délégation hondurienne composée de huit personnes qui s'est réunie à Bogota avec Uribe, au terme d'une cérémonie présidée par Uribe pour fixer les sessions du Congrès.

Pendant ce temps, Oscar Arias, le président du Costa Rica, donnait une conférence de presse pour proposer un nouveau document de médiation, qui ne ferait que retarder le retour de Zelaya à son poste légitime. (SE)
 

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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 21:39

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