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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 14:16


Salim Lamrani


            Reporters sans frontières (RSF) persiste et signe. Le 23 juin 2009, moins d'un mois après avoir rendu public son soutien à la chaîne de télévision putschiste Globovisión en répandant de nombreuses contrevérités sur la réalité vénézuélienne, l'association française tente de nouveau de tromper l'opinion publique à ce sujet1.


            RSF « redoute à brève échéance l'annulation de la fréquence hertzienne de Globovisión », en référence à la procédure engagée contre la chaîne le 16 juin 2009 et entérinée par le Tribunal suprême de Justice le 18 juin. L'organisation affirme que « le président Hugo Chávez a récemment averti que Globovisión quitterait les ondes faute de modifier sa ligne éditoriale [...]. L'annulation de sa fréquence hertzienne marquerait le point d'orgue d'un véritable harcèlement procédurier, juridiquement contestable, contre la chaîne en raison de son contenu2 ».

 

            Puis RSF conclut : « Que la chaîne ne soit pas exempte de reproches n'enlève rien à la gravité du procédé. Il n'est pas digne d'une démocratie comme le Venezuela que le bon plaisir du chef de l'État décide seul de l'avenir d'un média. Débarrassé de Globovisión, Hugo Chávez disposera d'un espace télévisuel hertzien qui lui sera entièrement dévoué mais se prive d'un filtre médiatique, ce qui pourrait conduire à une radicalisation de l'opposition. Cette configuration est un revers pour le pluralisme et le débat3 »


            Tout d'abord, RSF essaye de faire croire que seule la « ligne éditoriale » extrêmement critique à l'égard du gouvernement démocratique d'Hugo Chávez serait la cause « d'un véritable harcèlement procédurier, juridiquement contestable, contre la chaîne ». Ensuite, elle affirme que la procédure engagée contre la chaîne est du fait du président Chávez4.


            Le mensonge est une nouvelle fois double. En effet, au Venezuela, seules la Commission nationale des télécommunications (Conatel) et la Justice ont le pouvoir de révoquer la fréquence hertzienne de Globovisión, uniquement en cas de violation grave de la Loi organique des télécommunications de 2000. Ce n'est en aucun cas une prérogative du pouvoir exécutif, contrairement à ce qu'affirme RSF5.


            Que s'est-il passé pour que la Conatel invoque l'article 171 de la loi organique des télécommunications, qui stipule que « quiconque aura utilisé les services de télécommunications, pour lesquels il a reçu une habilitation, dans le but de commettre des délits » sera sanctionné d'une révocation de la concession hertzienne, à l'encontre de Globovisión ? S'agit-il simplement du fait de « sa ligne éditoriale » comme l'affirme RSF6 ?


            La réalité est autre. Le 13 octobre 2008, le journaliste Rafael Poleo, directeur du quotidien El Nuevo País et de la revue Zeta, a lancé un appel à l'assassinat d'Hugo Chávez en direct sur Globovisión durant l'émission « Aló Ciudadano », en affirmant que ce dernier « finira comme Mussolini ». Voici la transcription exacte de son intervention :


Rafael Poleo : « ... L'histoire se répète. Si l'on regarde la trajectoire de Benito Mussolini et celle de Chávez, ce sont les mêmes. C'est pour ça que je vous dis, avec inquiétude, qu'Hugo va finir comme Mussolini, pendu la tête en bas.

Leopoldo Castillo : Vous ne pouvez pas dire cela, Poleo, ça pourrait être considéré comme une apologie du délit, ça peut être interprété, ça pourrait être une incitation.

Rafael Poleo : ...Moi, je le dis de manière préventive, fais attention Hugo, ne finis pas comme ton homologue Benito Mussolini, pendu la tête en bas, parce que toi tu ressembles à Mussolini et à Mussolini lors de l'étape initial du fascisme. Chávez c'est ça, parce que c'est une insulte au socialisme et au communisme de dire que Chávez est socialiste ou communiste, ce qu'il y a c'est que c'est plus simple et les gens ont déjà oublié au cours de l'Histoire ce qu'est le fascisme... Mais Chávez c'est un fasciste vieillot, Chávez c'est un fasciste7. »


            « Reporters sans frontières désapprouve sur le fond les déclarations de Rafael Poleo, mais estime qu'ils relèvent de la responsabilité de celui-ci et non de Globovisión ». L'organisation parisienne, loin de condamner de telles déclarations, se contente donc de les « désapprouver », illustrant ainsi clairement son caractère partisan en tentant de dédouaner la chaîne de sa responsabilité. Contrairement à ce qu'affirme RSF, la chaîne est responsable du contenu de ses programmes8.


            Dans quel pays du monde une telle instigation au crime serait-elle acceptée ? Que se passerait-il en France si la chaîne TF1 diffusait un message semblable à l'encontre du président Nicolas Sarkozy ? La justice interviendrait-elle ? RSF défendrait-elle de tels agissements ?


            Globovisión n'en est pas à sa première tentative de déstabilisation. Depuis 1998 et l'élection d'Hugo Chávez, elle a fait du dénigrement de la politique gouvernementale sa principale activité. Pis encore, en avril 2002, la chaîne avait activement participé au coup d'Etat contre Hugo Chávez en soutenant le putschiste Pedro Carmona Estanga. En décembre 2002, elle avait soutenu également le sabotage pétrolier orchestré par l'opposition qui avait coûté la bagatelle de 10 milliards de dollars à l'économie vénézuélienne. En mai 2007, Globovisión s'était déjà rendue coupable d'incitation à l'assassinat du président Chávez. En avril 2009, la chaîne a lancé un appel aux contribuables afin de ne pas s'acquitter de leurs impôts9.


Les exemples pourraient se multiplier. Voici quelques messages transmis par Globovisión incitant les téléspectateurs à l'insurrection : « Nous devons sortir pour défendre notre pays, notre démocratie et notre liberté. C'est seulement ainsi que nous pourrons arrêter le régime dans son désir de nous réduire en esclavage », « Je veux lancer un appel ici à la classe ouvrière : ouvrez les yeux, je sais que vous êtes en train de les ouvrir, parce qu'il y a des protestations partout, mais ouvrez les yeux pour que cette protestation soit plus forte », « Ouvrez les yeux, ce gouvernement n'est pas démocratique », « Si on nous dit que ce gouvernement est autoritaire, est dictatorial, ou qu'il nous mène à l'échec, ce que l'on suggère aux gens c'est : on va renverser ce gouvernement ». « Nous sommes les adultes et nous devons virer ce dictateur pour nous enfants et nos petits-enfants10 ».


Ensuite, Globovisión a multiplié les campagnes de dénigrement et les insultes en tout genre à l'encontre du gouvernement. Le 28 février 2004, la chaîne a diffusé une vidéo d'un discours d'Hugo Chávez mais a coupé le son pour le remplacer par des cris de singe et d'autres d'animaux sauvages, dans une claire référence raciste à la couleur de peau du président. Voici un autre florilège de déclarations typiques de la chaîne : « Les maires chavistes n'ont besoin que d'une pomme pour être des cochons », « N'importe quel âne bâté en sait plus sur le pétrole que Chávez », « Tu as ruiné le pays », « Les imbéciles ont voté pour Chávez », « Les chavistes ne pensent pas, ils braient », « PDVSA [l'entreprise pétrolière] est en faillite, les entreprises de base sont ruinées et le pays est militarisé. Que faire ? Se battre et plus encore », "Qu'attend-t-on pour agir ? Ca suffit », "La souveraineté agroalimentaire du pays est atteinte, parce que la production interne a diminué, il n'y pas de sécurité juridique ». Quel pays au monde accepterait de tels propos11 ?


RSF a clairement fait un choix contre la démocratie vénézuélienne en prenant position en faveur d'une chaîne de télévision putschiste et en manipulant la réalité dans le but d'induire l'opinion publique en erreur. Mais cela n'est guère surprenant de la part d'une entité qui avait soutenu le coup d'Etat contre Chávez en avril 2002 et qui est financée par le National Endowment for Democracy, une officine écran de la CIA12.


Notes


1 Salim Lamrani, « Les mensonges de Reporters sans frontières sur le Venezuela », Voltaire, 19 juin 2009. http://www.voltairenet.org/article160688.html (site consulté le 27 juin 2009).


2 Reporters sans frontières, « L'existence hertzienne de Globovisión est comptée : 'Un remède pire que le mal' », 23 juin 2009. http://www.rsf.org/L-existence-hertzienne-de.html (site consulté le 24 juin 2009).


3 Ibid.


4 Ibid.


5 Ibid.


6 Ley Orgánica de Telecomunicaciones, 4 juin 2001. http://www.analitica.com/BITBLIO/congreso_venezuela/ley_telecomunicaciones.asp (site consulté le 28 juin 2009).


7 Youtube, « Chávez y Mussolini », 13 octobre 2008. http://www.youtube.com/watch?v=Sgkeo0Dl3lk&feature=related (site consulté le 28 juin 2009).


8 Reporters sans frontières, « L'existence hertzienne de Globovisión est comptée : 'Un remède pire que le mal' », op. cit.


9 Salim Lamrani, « Les mensonges de Reporters sans frontières sur le Venezuela », op. cit. ; Youtube, « Empleada de Globovisión hizo llamados implícitos a no pagar impuestos », 3 avril 2009. http://www.youtube.com/watch?v=CjN2sQ3QKK4&feature=related (site consulté le 27 juin 2009).


10 Agencia Bolivariana de Noticias, « Aló Ciudadano y el lenguaje xenófobo, intolerante e instigador », 19 juin 2009.


11 Ibid.


12 Salim Lamrani, Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais (Paris : Editions Estrella, 2009).



Salim Lamrani est enseignant chargé de cours à l'Université Paris-Descartes et l'Université Paris-Est Marne-la-Vallée et journaliste français, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Il a publié, entre autres, Double Morale. Cuba, l'Union européenne et les droits de l'homme (Paris : Editions Estrella, 2008). Son nouvel ouvrage s'intitule Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais (Paris : Editions Estrella, 2009) et comporte un prologue de Nelson Mandela.

Contact : lamranisalim@yahoo.fr ; salim.lamrani@parisdescartes.fr

 
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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 10:01
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4 juillet 2009 6 04 /07 /juillet /2009 03:25


Jorge Arreaza, YTV,

Traduction.... imparfaite, mais je ne pouvais pas ne pas tenter de le traduire, il est trop vrai ce texte !

Marie

article en espagnol : http://www.radiomundial.com.ve/yvke/noticia.php?27828

Vendredi, 3 de Jul de de 2009. 3:24 heure du soir

 

Les événements au Honduras font foi de la crainte profonde des oligarchies devant l'imminence du développement de véritables démocraties en Amérique latine. Nous nous référons à la notion de démocratie, qui coïncide même avec celle de l'ex président des Etats-Unis Abraham Lincoln : gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple.

Système qui est non viable dans le cadre du capitaliste , avec son économie de liberté de monopoles, avec sa concentration de pouvoir, avec sa confisquation des moyens de production, avec le kidnapping de la prise de décisions, avec sa démocratie bourgeoise : masque par lequel on consolide le pouvoir des oligarchies au moyen de la supposée garantie de libertés publiques et processus électoraux qui servent seulement à perpétuer les dominateurs, toujours. Ils ont formaté des sociétés aliénées, livrées à la consommation, sans idéologie, résignées à l'exploitation, à la désespérance.

Société d'esclaves et de survivants qui commencent à se réveiller et à comprendre que son articulation, sa conscience de classe, son organisation, sont les seuls chemins vers la libération, vers l'espoir, vers la confirmation que l'être humain fait partie de la mère terre, et non une peste qui menace de disparaître, elle.

Le socialisme réel euro- soviétique du XXème siècle a été incapable de produire une démocratie vraie. Ils ont pris le pouvoir aux possédants, mais ils ont été incapables de produire des mécanismes de transfert de ce pouvoir.

En dernier, ils ont développé une espèce de capitalisme étatique qui a renforcé une caste bureaucratique et a laissé, une fois de plus, le peuple éloigné le gouvernement et du pouvoir.

La dernière décennie du XXème siècle, celle de la fin de l'histoire et des idéologies, a paradoxalement été utile pour que les peuples reprennent les luttes, révisent les erreurs du passé et ils décident de profiter de ce qui représente probablement la dernière occasion que l'histoire nous offre, offerte à l'humanité.

Les relations humaines, les relations de production, doivent radicalement être transformées, socialisées, redéfinies, afin de donner viabilité et harmonie à tout être humain de cette planète.

L'égalité, le bien commun, la liberté, la justice, doivent être causes et conséquences de la transformation indispensable. Cea resurgit de l'humanité ,se développe dans tous les espaces, dans tous les peuples, dans le nord, l'est, l'ouest, mais pardessus tout dans le Sud.

L'épicentre de cette révolution définitive se trouve dans la Notre Amérique, dans l'Abya Yala. C'est  nos terres et  nos sociétés qui se réveillent partout : produit d'autres luttes ancestrales.

Dans ce grand processus de réorientation, l'avant-garde se trouve indiscutablement dans les peuples et les gouvernements des pays de l'Alliance Bolivarienne pour les Peuples de la Notre Amérique (ALBA), dans l'esprit duquel, la théorie et praxis, on synthétise toutes les luttes de libération, tous les rêves de justice et tous les chemins vers l'égalité.

L'objectif de ce moment historique est de donner le pouvoir aux peuples, pour que collectivement il décide, il planifie, se gouverne,  construise et développe intégralement l'humanité.

Le système de gouvernement qui offrira la plus grande somme de bonheur possible à son peuple, n'est autre que le peuple lui-même. L'inconnue mystérieuse de l'homme en liberté, peut seulement être dégagée une fois que cet homme, cette femme, ce collectif, tient le pouvoir entre ses mains et l'utilise dans la recherche du bien commun.

Ces processus, en construction en Amérique latine, rien qu'à être énoncés mettent déjà en danger le pouvoir des concentrateurs, des exploitants, des accapareurs de vie, joie et liberté.

En les développant, non seulement ils les mettront en danger, mais ils commenceront à démonter ces cadres de pouvoir élaborés à partir de l'injustice, de la désarticulation sociale et de la misère de nombreux.

En les développant et  les concrétisant, ils feront disparaître partout et pour toujours, ces secteurs bourgeois, anti-humains, qui ont produit la plus terrible inégalité et la plus grande somme de tristesse et de souffrance imaginable.

Au Honduras de Zelaya, à peine on était entré dans la phase de la déclaration des objectifs sociaux et politiques d'un peuple qui a été soumis à des dictatures fascistes et gouvernements bourgeois néo-libéraux, générateurs de misère, frustration et regrets généraux.

C'est au moment où Le Président Zelaya adhére à l'Alliance Bolivarienne, commence à gouverner pour les dépossédés, commence à donner une attention aux exclus, tente de consulter son peuple pour pouvoir répondre aux revendications sociales indispensables, que l'oligarchie capitaliste installée tyranniquement dans chacun des pouvoirs constitués centraux (sauf dans l'Exécutif), a réagi de la manière la plus orthodoxe et despotique possible : le Coup d'État militaire  médiatique - patronal. Ressemblance de ce qui s'est produit au Vénézuéla de du 2002, bien que dans notre pays le processus constitutif est avancé, avec sa Constitution, avec ses lois, commençaient déjà à être développés les actions pour atteindre les objectifs, tandis qu'au Honduras, insistons, dès que les principes furent simplement énoncés.

L'oligarchie hondurienne, avec le support impérialiste , a agi en accord avec sa nature égoïste et antidémocratique, en essayant d'éviter que le premier de milliers de pas construise le pouvoir populaire et avance vers la justice sociale.

Ainsi quand Washington a lancé des attaques préventives contre les supposés " terroristes " en Afghanistan ou en Iraq ; ainsi quand les sionistes attaquent " préventivement " le peuple palestinien sans défense ; l'oligarchie hondurienne, devant ce qui est simplement la possibilité qu'on active le processus constitutif populaire originaire, a de même décidé d'attaquer " préventivement ", pour éviter le réveil inexorable du peuple de Morazán.

C'est-à-dire, la bourgeoisie Hondurienne, grâce à la corrélation de forces favorable dans les pouvoirs constitués, a décidé d'avorter de la gestation d'une Patrie nouvelle. Se dévoile ainsi le sentiment de cette élite vers son peuple : peur, terreur, frayeur, panique. Ils savent bien qu'avec l'activation du processus constitutif, ce peuple noble saura ouvrir les portes et les chemins pour jouer son destin et produire une société digne, se libérer de la domination et de l'exploitation, où la seule chose  qui se concentre est l'amour, la liberté. Ils craignent le fantôme revendicateur du pouvoir populaire, ils craignent la force des hommes et des femmes se socialisant, ils craignent la perte de leurs privilèges et de leur capacité à exploiter et à s'enrichir. Oligarques vous tremblez !

La corrélation de forces positive dans le pouvoir constitutif hondurien et l'appui plein du système international, promu par les pays de l'ALBA, se conjugue pour retourner le coup fasciste capitaliste et produire à nouveau les conditions pour que le peuple hondurien suive son chemin vers la libération. L'alerte populaire doit être permanente. Zelaya n'est pas Zelaya, c'est l'expression véritable et collective du peuple du Honduras, des exclus, des relégués, des invisibles. Sa restauration, sera la restauration de la dignité, de la vérité, de l'espoir, de la liberté, de la démocratie participative, directe, réelle.

Un fantôme parcourt le monde : le fantôme du pouvoir populaire. Toutes les forces des oligarchies et l'impérialisme ont été unies en sainte croisade pour traquer ce fantôme : qu' ils fassent ce qu'ils font, No pasaran !

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3 juillet 2009 5 03 /07 /juillet /2009 23:36


La Havane, 3 juillet (AIN-RHC) -

Rigoberta Menchú, combattante pour les droits des indiens guatémaltèques et Prix Nobel de la Paix s'est rendue au Honduras en conduisant une délégation de plusieurs organisations des droits humains du Guatemala.

À son arrivée à Tegucigalpa, la leader de la cause des indiens, a fait des déclarations à la chaîne régionale de télévision TELESUR. Elle a condamné énergiquement le coup d'état de dimanche dernier au Honduras.

Dans ses déclarations, Rigoberta a annoncé qu'elle se réunira avec des leaders et des membres des mouvements sociaux et des organisations représentant les divers secteurs de la société hondurienne.

 

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3 juillet 2009 5 03 /07 /juillet /2009 23:24


Caracas, 3 juin, (RHC)- Eva Golinger, avocate et chercheuse étasunienne a dénoncé le rôle qu'a joué la base militaire étasunienne de Soto Cano que les Etats-Unis maintiennent en territoire hondurien, dans le renversement du Président Manuel Zelaya.

Dans des déclarations faites à notre envoyé spécial à Caracas, Isidro Fardales elle a indiqué :

"Cette base militaire joue un rôle fondamental dans ce putsch pour diverses raisons. C'est une base militaire que les Etats-Unis occupent d'une façon très active ».

Eva Golinger a précisé que la base de Soto Cano est une très grande base militaire que les Etats-Unis occupent depuis les années 70 d'une façon très active. Elle a ajouté que les Etats-Unis ont conclu avec le Honduras un accord tacite un accord pour le maintien de leur présence militaire mais qu'il n'existe aucun accord officiel ou légal pour le maintien de cette présence militaire.

Eva Golinger a relevé qu'il s'agit d'un accord conclu en échange d'une grande aide financière, d'entraînement et d'encadrement des effectifs des forces armées honduriennes depuis les années 50 quand les Etats-Unis ont commencé à utiliser le Honduras comme plaque tournante d'agressions contre d'autres pays de la région comme cela a été le cas du coup d'Etat contre le Président guatémaltèque Jacobo Arbenz, au Guatemala, en 1954.

Elle a rappelé que le Président hondurien Manuel Zelaya, a commencé des négociations il y a quelques années avec le Président Georges Bush pour transformer la base de Soto Cano en un aéroport international.

L'année dernière, le Président Zelaya a annoncé qu'il commencerait la construction de l'aéroport international à l'intention d'avions de lignes internationaux. Il avait alors précisé que le financement à cette fin proviendrait de l'ALBA, l'Alliance Bolivarienne pour les Peuples de notre Amérique.

Eva Golinger a ajouté:

"Les États-Unis ont dit qu'étant donné que le pouvoir a été transféré à des civils ; ils ne vont pas considérer qu'il y a eu un putsch militaire et donc ils ne suspendront pas la coopération économique et militaire. Il faut mettre l'accent sur le fait qu'ils n'ont pas suspendu la coopération militaire, mais la réalisation de manœuvres militaires conjointes ».


 

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3 juillet 2009 5 03 /07 /juillet /2009 23:15


Pour la sixième tournée consécutive, les forces sociales, syndicales, paysannes et intellectuelles du Honduras opposent une forte résistance au putsch politique et militaire contre le Président constitutionnel Manuel Zelaya et exigent sa restitution immédiate et inconditionnelle.

Malgré la campagne médiatique et répressive intense déclenchée par les usurpateurs afin de calmer les esprits, les rues de Tegucigalpa, de San Pedro Sula et d'autres villes de ce pays centraméricain sont le théâtre de manifestations.

Jeudi, l'armée et la police ont arrêté plus de 300 personnes dont au moins150 leaders sociaux au cours d'une journée qualifiée d'impressionnante par ceux qui, malgré la censure draconienne imposée, continue à envoyer des informations depuis le Honduras.

Il est incontestable que le mécontentement contre les usurpateurs grandit au fur et à mesure que la communication d'une personne à l'autre comble le vide laissé par les médias traditionnels, dont certains ont été réduits au silence et d'autres s'efforcent de tenter de justifier le putsch ou passent sous silence tout simplement le cours des événements dans le pays.

Rappelons que les principales chaînes de télévision, les journaux à grand tirage circulant dans tout le pays ainsi que les stations de radio appartiennent à l'oligarchie, un des auteurs fondamentaux du putsch.
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Rafael Ferrari, un membre très connu du Parti Libéral est le propriétaire des chaînes de télévision 3, 5 et 7 ; d'une importante station de radio et de plusieurs autres moins importantes. Carlos Flores, également du Parti Libéral est le propriétaire du quotidien "La Tribuna" qui a une grande influence dans le Centre du Honduras et les quotidiens « El Heraldo » et « La Prensa », appartiennent à Jorge Cañahuati, du Parti National.

Cañahuati est fâché contre le Président Zelaya car on l'a laissé en marge de plusieurs contrats officiels et il a toujours été un détracteur féroce de initiatives de l'Exécutif.
Ces médias sont les porte-parole d'un groupe de chef d'entreprise qui préconisent une grande intolérance à l'égard de toute tentative de changement pouvant affecter leurs intérêts et ils sont alliés à une classe politique traditionaliste habituée à jouir de privilèges à l'ombre des institutions de l'État.

Micheletti est l'un d'entre eux. Il proclame, à cors et à cris que derrière les réformes de la Constitution que préconise le Président Zelaya se cache le dessein obscur de se faire réélire. Micheletti prétend que c'est là la seule raison pour laquelle le putsch militaire a été organisé.

Cependant, l'usurpateur n'a pas hésité à se faire réélire député à maintes reprises ces 20 dernières années.

En réalité ce que ces politiciens craignent c'est le remplacement de la conception archaïque de la démocratie représentative dans laquelle seuls ceux qui forment l'appareil de l'État peuvent fixer le cap de la marche du pays. Ils paniquent à l'idée qu'elle puisse être remplacée par une conception plus avancée, celle de la démocratie participative où c'est le peuple qui décide.

Vendredi est une journée cruciale pour le peuple hondurien car c'est la veille du retour annoncé du Président Zelaya à sa patrie. Le Président légitime de la Patrie de Morazan se trouve d'ores et déjà au Salvador où il achève les préparatifs de son retour dans lequel il sera accompagné de sa ministre des Affaires étrangères Patricia Rodas et de plusieurs Présidents, parlementaires et responsables d'organisations internationales.

Cette journée historique doit être l'épilogue d'une farce montée de toutes pièces par les ennemis du progrès, de la justice et du bien-être des peuples.

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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 20:40
Pablo Néruda et Salvador Allende

Deux semaines après son entrée victorieuse à La Havane, Fidel Castro arriva à Caracas pour une courte visite. Il venait remercier publiquement le gouvernement et le peuple du Venezuela pour l'aide qu'ils lui avaient apportée. Celle-ci avait consisté en armes pour les soldats. et, bien entendu, ce n'était pas Betancourt (élu depuis peu président) qui les avait fournies, mais son prédécesseur, l'amiral Wolfgang Larrazabal. Larrazabal était l'ami de la gauche vénézuélienne, communistes compris, et il avait approuvé l'acte de solidarité avec Cuba demandé par ces derniers.

Wolfgang Larrazabal et Fidel Castro dans le Grand Amphithéâtre

(Aula Magna) de la Université Centrale de Venezuela


J'ai vu peu d'accueils politiques plus fervents que celui que les Vénézuéliens réservèrent au jeune vainqueur de la révolution cubaine. Fidel parla quatre heures durant sur la grande place de El Silencio, coeur de Caracas. J'étais l'une de ces deux cent mille personnes qui écoutaient debout et sans broncher ce long discours. Pour moi, comme pour beaucoup, les discours de Fidel ont été une révélation. En l'entendant parler devant cette foule, je compris qu'une époque nouvelle avait commencé pour l'Amérique latine. La nouveauté de son langage me plut. Les meilleurs dirigeants ouvriers et politiques utilisent d'ordinaire des formules dont le contenu peut être valable mais dont les mots sont usés et affaiblis à force d'être répétés. Ces formules, Fidel les ignorait. Ses phrases étaient naturelles et didactiques. Et lui-même semblait tirer au fur et à mesure la leçon de ce qu'il disait.

Le président Betancourt n'était pas là. L'idée d'affronter la ville de Caracas, où il n'a jamais été populaire, l'effrayait. Chaque fois que Fidel Castro le nommait dans son discours, on entendait aussitôt des sifflets et des huées que les mains de l'orateur tentaient, d'interrompre. Je crois que ce jour-là une inimitié définitive se créa entre Betancourt et le révolutionnaire cubain. Fidel n'était alors ni marxiste ni cummuniste et ses paroles le prouvaient. J'ai dans l'idée que ce discours, la personnalité fougueuse et brillante de Fidel, l'enthousiasme populaire qu'il suscitait, la passion avec laquelle le peuple de Caracas l'écoutait, chagrinèrent Betancourt, politicien à l'ancienne, adepte de la rhétorique, des comités et des conciliabules. Depuis, Betancourt a poursuivi de sa hargne tout ce qui, de près ou de loin, est lié à Fidel Castro ou à la révolution cubaine.

Le lendemain du meeting, comme je me trouvais sur le terrain du pique-nique dominical, un groupe de motocyclistes vint m'apporter une invitation de l'ambassade de Cuba. On m'avait cherché toute la journée. La réception était pour le soir même. Mathilde et moi partîmes directement pour l'ambassade. Les invités étaient si nombreux qu'ils débordaient hors des salons et des jardins. La foule se pressait autour de la résidence et il était difficile de se frayer un passage dans les rues avoisinantes.

Nous traversâmes des salons pleins d'invités, une tranchée de bras qui levaient des coupes de cocktail. Quelqu'un nous conduisit à travers des couloirs et des escaliers jusqu'à un autre étage. Dans un endroit retiré, Celia, l'amie et la secrétaire privée de Fidel, nous attendait. Mathilde resta avec elle, tandis qu'on m'introduisait dans la pièce voisine. C'était une chambre de service, peut-être celle du jardinier ou du chauffeur. Il n'y avait là qu'un lit, d'où quelqu'un s'était levé précipitamment, laissant des draps en désordre et un oreiller sur le sol ; dans un coin, un guéridon, rien d'autre. Je pensai qu'on me ferait passer dans un autre salon plus convenable, pour y rencontrer le Commandant. II n'en fut rien. Soudain la porte s'ouvrit et Fidel remplit de sa stature tout son espace.

Il me dépassait d'une tête. Il se dirigea vers moi d'un pas rapide :

- Holà, Pablo! me dit-il, et il m'étreignit avec force.

Sa voix fluette, presque enfantine, me surprit. Quelque chose, dans son physique, concordait avec le ton de sa voix. Fidel ne donnait pas l'impression d'un homme de grande taille, mais plutôt d'un grand enfant dont les jambes auraient poussé d'un coup sans qu'il perde son visage juvénile et sa barbe d'adolescent.

Soudain, il coupa court à notre embrassade et resta comme galvanisé. Il fit demi-tour et se dirigea, décidé, vers un coin de la pièce. Sans que je m'en aperçoive, un journaliste photographe était entré et, de ce coin, braquait sur nous son objectif. Fidel, d'un bond, l'avait rejoint; l'ayant attrapé à la gorge, il le secouait. L'appareil tomba sur le sol. Je m'approchai de Fidel et lui agrippai le bras, effrayé par la vision du petit photographe qui se débattait sans résultat. Finalement, d'une poussée, Fidel l'expédia vers la porte et l'obligea à disparaître. Puis il se retourna vers moi en souriant, ramassa l'appareil et le jeta sur le lit.

Pablo Neruda et Fidel Castro dans le Grand Amphithéâtre

(Aula Magna) de la Université Centrale de Venezuela


Nous ne parlâmes plus de l'incident mais des possibilités de créer une agence de presse pour toute l'Amérique. Il me semble que de cette conversation naquit Prensa Latina. Après quoi, chacun par notre porte, nous retournâmes à la réception.

Une heure plus tard, en rentrant de l'ambassade en compagnie de Mathilde, je revis la tête terrorisée du photographe et la rapidité instinctive avec laquelle le chef guérillero avait deviné l'arrivée silencieuse de l'intrus dans son dos.

Telle fut ma première rencontre avec Fidel Castro. Pourquoi repoussa-t-il si violemment la photographie? Son geste cachait-il un petit mystère politique? Jusqu'à maintenant je n'ai pas réussi à comprendre pour quelle raison notre entrevue devait rester aussi secrète.


J'avoue que j'ai vécu, p 474. Editions Gallimard, 1975, Traduction de Claude Couffont


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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 20:13


jeudi 2 juillet 2009, mis en ligne par Dial

Dial publie une série de textes à l'occasion du centenaire de la naissance de Dom Hélder Câmara [1]. Le texte ci-dessous, dont la première partie a été publiée dans le numéro de juin, a été rédigé en 2002 par l'historien Kenneth P. Serbin, maître de conférences de l'Université de San Diego (Californie). D'abord publié en anglais dans un livre collectif (2002), il a été traduit et publié en portugais (Brésil) en février 2009 dans la revue brésilienne Espaço Academico.


En 1963 et 1964, la politique brésilienne devient extrêmement polarisée entre la droite et la gauche. Dom Hélder s'oriente encore davantage vers la gauche, en rupture complète avec l'élite du pays. Il déclare que les riches sont responsables de l'échec de l'Alliance pour le progrès, un programme lancé par John F. Kennedy, président des États-Unis, en réponse à la révolution cubaine, et visant à endiguer l'expansion du communisme en Amérique latine par l'assistance financière et la réforme sociale. À la demande pressante de Dom Hélder, la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) publie l'une des déclarations les plus radicales de l'histoire de l'Église brésilienne. Dans ce document, l'Église plaide en faveur de l'expropriation des terres pour les transférer aux pauvres. Dom Hélder s'implique encore davantage dans les efforts du président Goulart pour mettre en œuvre une redistribution des terres et d'autres réformes élémentaires et subit des attaques pour s'être montré favorable aux programmes d'alphabétisation pour les pauvres. Son refus d'appuyer la conspiration militaire qui se trame contre le président Goulart contribue à faire déchanter nombre de ses anciens amis au sein de l'élite. Pendant ce temps, au concile Vatican II, Dom Hélder suscite la colère des évêques conservateurs et traditionnalistes avec ses positions progressistes. Au début de l'année 1964, la jalousie des ecclésiastiques à l'égard du succès de Dom Hélder et les soupçons éveillés par ses activités politiques aboutissent au transfert de Dom Hélder à l'obscur archevêché de São Luís do Maranhão. Toutefois, le décès soudain d'un autre évêque oblige l'Église à renvoyer Dom Hélder à Olinda et Recife. Des mouvements politiques et culturels radicaux s'épanouissaient à Recife depuis plusieurs années, faisant de la ville l'une des villes phares du Tiers-Monde et attirant l'attention des fonctionnaires gouvernementaux états-uniens, inquiets à l'idée d'un soulèvement révolutionnaire en Amérique latine. Le 31 mars 1964, l'armée renverse le président Goulart, sonnant le début de vingt-et-une années de loi martiale répressive. Peu après, les évêques brésiliens votent pour remplacer la faction de Dom Hélder au sein de la CNBB par une direction plus conservatrice.

Au début, Dom Hélder adopte une approche attentiste envers les militaires, espérant garder des voies de dialogue ouvertes en vue d'une possible collaboration en faveur du progrès du Brésil. Contrairement à de nombreux partisans de la gauche, Dom Hélder n'a pas de préjugés à l'égard des militaires. Il est un pasteur pour tous. Le général Humberto de Alencar Castello Branco, premier président militaire, apprécie l'évêque originaire, comme lui, du Ceará et, même après 1964, est allé écouter certains de ses sermons. Même s'il accepte le dialogue avec le marxisme et défend les droits des prisonniers politiques détenus par le régime, Dom Hélder continue à s'opposer au communisme - mais jamais à la manière agressive, intolérante, de la droite. Il veut devancer le communisme avec une révolution sociale non violente, catholique et humaniste, dans laquelle le gouvernement favoriserait le bien-être de tous les citoyens, opérerait une transformation radicale de la société et préserverait l'indépendance du Brésil par rapport aux puissances étrangères que sont les États-Unis et l'Union soviétique. Dans le même temps, Dom Hélder est bien conscient que l'Église elle-même n'est pas capable de créer ni de diriger un régime socialiste. Le socialisme ne peut se développer que grâce aux efforts des hommes politiques et de la société civile et doit conserver son indépendance par rapport aux superpuissances. L'Église ne doit pas échanger le néo-christianisme pour un christianisme socialiste.

Cependant, la peur et la haine suscitées par la Guerre froide empêchent la droite comme la gauche d'envisager la position politique intermédiaire pacifique proposée par Dom Hélder. Le conflit grandissant entre le progressisme catholique et la politique de sécurité nationale du régime militaire envenime fortement les relations entre l'Église et l'État. Les officiers militaires et les conservateurs traitent maintenant Dom Hélder de « communiste » et le surnomment « l'évêque rouge ». Dans le Nord-est, en particulier autour de Recife, l'armée déclenche la pire répression de la période suivant immédiatement le coup d'État. Dom Hélder aide les persécutés tout en continuant à s'élever contre l'injustice. Le président Castello Branco et d'autres modérés essaient d'apaiser les tensions avec l'Église mais de nombreux militaires adeptes de la ligne dure n'aiment pas le clergé activiste et multiplient les attaques contre l'Église des pauvres et Dom Hélder. Les conservateurs accusent fréquemment ce dernier d'encourager la violence dans ses critiques de l'inégalité. Les actions de Che Guevara, du prêtre révolutionnaire colombien Camilo Torres, et d'autres, rendent la violence de plus en plus attirante comme solution à l'impasse politique et de développement du Tiers-Monde. Dom Hélder, quant à lui, reconnaît la violence présente en Amérique latine, mais insiste toujours plus sur une solution non violente. À gauche, certains critiquent son attitude « pacifiste » envers le régime militaire. Naïvement, peut-être, Dom Hélder élabore en 1967 un programme pour former un troisième parti politique, le Partido do Desenvolvimento Integral (Parti du développement total), pour offrir une autre possibilité que les deux partis officiels autorisés à fonctionner par le régime militaire depuis l'abolition de tous les partis traditionnels en 1965. En 1968, il lance officiellement un mouvement appelé « Action, justice et paix », s'inspirant en partie du modèle de Gandhi et de Martin Luther King. Néanmoins, ce mouvement s'effondre à cause de l'approfondissement de la polarisation politique et du renforcement de la censure militaire.

Au milieu de l'année 1968, l'Église d'Amérique latine fait sa déclaration la plus claire, la plus mûre, à propos du type de société qu'elle envisage pour la région. Les évêques représentant la région se réunissent à Medellín, en Colombie, pour étudier comment les conclusions de Vatican II peuvent être appliquées au niveau local. Dom Hélder pousse les autres délégués à élaborer une proposition en faveur d'une transformation sociale radicale mais pacifique dans la région. Ils dénoncent la « violence institutionnalisée » inhérente à l'inégalité sociale et aux structures sociales oppressives. Ils encouragent également la création de Comunidades Eclesiais de Base (Communautés ecclésiales de base). Au sein de ces petits groupes se rassemblent des catholiques humbles pour réfléchir à l'importance de la foi dans leur vie de tous les jours et dans leurs luttes politiques. Cette méthode est devenue connue dans toute l'Amérique latine sous le nom de « conscientização », ou conscientisation. La Conférence de Medellín marque la naissance de la théologie de la libération, qui est devenue le fondement idéologique de l'Église des pauvres. La déclaration de Medellín pousse de nombreux prêtres, religieux et volontaires laïcs de toute l'Amérique latine à devenir activistes en faveur des pauvres et à s'opposer à l'autoritarisme. Le régime militaire brésilien soupçonne le document d'être le fruit d'une manipulation des communistes révolutionnaires. Mais les généraux ne parviennent pas à comprendre que l'Église a organisé la réunion de Medellín dans le cadre de sa propre stratégie pour contenir le communisme et encourager la réforme sociale au lieu de la révolution violente. Conformément aux convictions de Dom Hélder lui-même, la déclaration met l'accent sur le principe de non-violence.

En décembre 1968, les généraux brésiliens décrètent la dictature absolue en suspendant les libertés civiles et la liberté de la presse, en fermant le Congrès national et en donnant libre cours aux forces de sécurité, non seulement contre le mouvement de guérilla antigouvernementale en plein essor, mais également contre les opposants pacifiques au régime. Une fois de plus, Dom Hélder essaie de donner aux militaires une chance de prouver leurs bonnes intentions. Mais la torture est devenue une routine dans les centres d'interrogation militaires. Dom Hélder fait lui-même l'objet d'une surveillance intensive menée par les militaires et les services de renseignements de la police. Sa maison est mitraillée et, en mai 1969, un escadron de la mort de droite assassine brutalement l'un de ses jeunes prêtres. En novembre 1969, les forces de sécurité assassinent Carlos Marighella, un révolutionnaire violent considéré comme l'ennemi public numéro 1 par le régime. Simultanément, elles emprisonnent et torturent des frères dominicains et d'autres prêtres accusés de collaborer avec Marighella, qui voulait renverser le régime et instaurer un gouvernement socialiste. Parmi les détenus figure le père Marcelo Carvalheira, l'un des assistants de Dom Hélder, aujourd'hui vice-président de la CNBB. La communauté des services de renseignements essaie, sans succès, d'utiliser cet incident pour lier Dom Hélder à la violence.

En mai 1970, Dom Hélder attaque le gouvernement en dénonçant au monde entier l'existence de la torture lors d'un discours public à Paris. Sa décision de s'exprimer ouvertement est sans doute la plus controversée de sa vie. Depuis 1964, Dom Hélder œuvrait pour la libération des prisonniers politiques et leur rendait visite en prison. À Recife, il avait dénoncé publiquement la torture exercée par la police politique. Mais il n'avait à aucun moment fait de commentaires sur la torture à l'étranger, où il était célèbre. Dans son discours, Dom Hélder évoque en particulier le cas de Tito de Alencar Lima, l'un des dominicains emprisonnés. Frère Tito a été torturé brutalement par les forces de sécurité et, incapable de guérir psychologiquement, s'est suicidé par la suite.

Le discours de Paris est impensable pour les dirigeants militaires du pays. Fiers d'un « miracle économique » qui fait du Brésil l'un des pays ayant la plus rapide croissance au monde, ils rejettent les critiques les traitant de « mauvais Brésiliens » et adoptent le slogan de propagande « Le Brésil : aime-le ou quitte-le ». Les généraux s'embourbent dans un conflit avec l'Église à propos de l'image du Brésil à l'étranger et de la redéfinition du patriotisme au moment où le pays devient une puissance industrielle. Ils considèrent de plus en plus la défense des droits humains comme une forme de subversion.

La dénonciation de la torture par Dom Hélder constitue l'une des ses plus importantes contributions à la paix et à la justice sociale. Elle contribue à consolider la nouvelle position de l'Église en faveur des droits humains et élève ce sujet au rang de question de politique et de diplomatie internationale. Mais elle suscite également la fureur des généraux et brise sa carrière ecclésiastique. Le discours de Paris déclenche un déluge de critiques au Brésil. La presse et les intellectuels conservateurs lancent une campagne de diffamation intensive contre Dom Hélder. Les dictateurs interdisent ensuite toute mention de l'archevêque dans les médias. Ils passent même par des voies diplomatiques pour l'empêcher de recevoir le Prix Nobel de la paix. C'est comme si Dom Hélder n'existait plus. Les bureaucrates du Vatican, l'autorité centrale du gouvernement de l'Église à Rome, essaient également de limiter les mouvements de Dom Hélder. À ce moment, il était devenu une personnalité beaucoup trop controversée pour devenir cardinal, un poste élevé qu'il méritait sans aucun doute mais auquel le régime militaire s'opposait. Dom Hélder décide stratégiquement de se retirer de la politique intérieure au Brésil et se concentre sur les discours à l'étranger, où il continue d'attirer l'attention en défendant les causes de la paix et de la justice. Lors d'une réunion de dirigeants de l'Église à São Paulo, il passe le flambeau de défenseur des droits humains à l'archevêque Paulo Evaristo Arns, qui devient, dans les années 1970, le plus véhément critique au Brésil des violations des droits humains perpétrées par le régime. Ce n'est qu'en 1977, après que le régime a commencé à assouplir la censure, qu'un journal brésilien publie de nouveau une interview de Dom Hélder.

Malgré les craintes d'assassinat, Dom Hélder garde son calme pendant la période difficile des années 1970 en restant un homme de simplicité, de paix et de profonde spiritualité. Sa quête de paix repose sur l'exercice quotidien de valeurs fondamentales qui ne sont pas toujours faciles à mettre en pratique pour les êtres humains : la gentillesse, la patience, le respect, l'humilité, l'humour, la volonté d'apprendre auprès des jeunes et des pauvres et, si nécessaire, le silence. Dom Hélder symbolise l'aspect chrétien, non violent, de la gauche brésilienne à l'époque où, dans les années 1960 et au début des années 1970, de nombreux étudiants et activistes perdent patience et se tournent vers la lutte armée pour combattre le régime militaire et transformer la société. La gauche révolutionnaire athée admire néanmoins Dom Hélder pour le courage dont il fait preuve en critiquant le régime militaire.

Une grande partie des innovations anticipées dans le travail de Dom Hélder auparavant portent leurs fruits dans les années 1970. Il s'agit de la période de gloire de l'Église des pauvres. La CNBB et de nombreux évêques individuels défendent ouvertement les droits humains et plaident en faveur de l'égalité socioéconomique. Inspirées par le mouvement Action catholique et renforcées par la déclaration de Medellín, les Communautés ecclésiales de base se multiplient et les théologiens de la libération brésiliens produisent des écrits en abondance. Outre la Commission pastorale de la terre, l'Église établit le Conseil missionnaire indien chargé de protéger les autochtones du Brésil contre l'exploitation. L'Église apporte un soutien essentiel au développement d'un mouvement de travailleurs indépendant des syndicats contrôlés par le gouvernement mis en place dans les années 1930, puis privés de tous leurs principaux dirigeants après le coup d'État de 1964. À la suite de ces initiatives, entre autres, l'Église devient l'une des principales forces du large front d'opposition qui se renforce à la fin des années 1970 et contribue à accélérer le retour au régime civil. La foi et l'éthique de Dom Hélder contribuent à d'autres importants développements, notamment la lutte pour l'égalité des femmes, l'évolution vers la diversité et la pluralité religieuses et l'essor des organisations non gouvernementales de plaidoyer, auxquels participent en nombre les activistes catholiques.

En sa qualité d'archevêque d'Olinda et Recife, Dom Hélder préside à d'importantes expériences en matière de démocratie ecclésiale. Il conserve son style de gouvernance fondé sur la délégation de responsabilités, s'appuyant fortement sur un conseil de laïcs et de prêtres pour gérer le diocèse. En compagnie d'autres activistes, ils établissent un réseau de communautés de base connu sous le nom d'Encontro de Irmãos (Rencontre de frères). Dom Hélder crée également une Commission justice et paix chargée d'examiner les questions de droits humains.

Dans le domaine de la formation au séminaire, Dom Hélder supervise la mise en œuvre de l'une des expériences les plus radicales de l'Église post-Vatican II. En compagnie d'autres évêques, il établit le Seminário Regional do Nordeste II (SERENE II, ou Séminaire régional du secteur Nord-est II de la CNBB). Au lieu de vivre dans un grand séminaire traditionnel coupé du monde, les étudiants du SERENE II sont divisés en petites résidences dans les quartiers pauvres et les bidonvilles de la région métropolitaine. Certains font un travail pastoral dans la vaste région de culture de la canne à sucre, où les puissants propriétaires terriens règnent encore comme les esclavagistes de l'ère coloniale brésilienne. D'autres prennent part à un programme appelé « la théologie de la houe », entraînant les prêtres à travailler parmi les pauvres de l'arrière-pays. Les étudiants du SERENE II et d'autres séminaristes du Nord-est suivent leurs cours théoriques à l'Instituto Teológico do Recife (ITER, ou Institut théologique de Recife). L'ITER constitue un personnel exceptionnellement œcuménique qui éveille les soupçons parmi les catholiques plus traditionnels. L'institut compte parmi ses membres des prêtres qui ont quitté le saint ministère pour se marier, des activistes radicaux de l'Église et des femmes professeurs, comme Janis Jordan, religieuse états-unienne ayant vécu dans une favela, et Ivone Gebara, sœur brésilienne controversée et écrivaine féministe libérationniste, punie par l'Église dans les années 1990 pour ses opinions. L'ITER a peu de ressources et exerce ses activités dans un bâtiment décrépi, mais son corps enseignant fait preuve d'une remarquable productivité intellectuelle. L'ITER élargit son programme pour inclure des classes spéciales à l'intention des activistes laïcs et des catholiques pauvres qui souhaitent étudier la théologie et l'appliquer dans leur communauté. Ainsi, dans le cadre de son archidiocèse, Dom Hélder et le personnel de l'ITER mettent fin au monopole sur la théologie détenu par les hommes ordonnés prêtres et réduit petit à petit le cléricalisme strict qui gouvernait l'Église depuis des siècles.

En 1985, les militaires quittent le pouvoir et Dom Hélder prend sa retraite en tant qu'archevêque. L'Église brésilienne ressent alors moins le besoin de jouer son rôle dénonciateur de « porte-parole des sans voix », défendant les pauvres et les victimes des abus des droits humains. L'Église se retire pour adopter une position plus conservatrice. Cette évolution se produit en partie sous la pression du Pape Jean-Paul II, anticommuniste ardent, craignant l'influence de la gauche dans l'Église d'Amérique latine. Jean-Paul II, qui devient pape en 1978, fait tout son possible pour que le bloc de l'Ouest gagne la Guerre froide et rejette les approches radicales visant à mettre fin aux problèmes sociaux en Amérique latine. La chute du Mur de Berlin en 1989, en particulier, fait taire les arguments de ceux qui, au sein de l'Église de pauvres, étaient favorables au socialisme. Parmi les autres facteurs ayant contribué à cette évolution figure l'essor de nouveaux partis politiques, de syndicats et d'une pléthore d'organisations non gouvernementales et de groupes populaires dans un système démocratique désormais libéré de la répression violente et de la censure appliquées auparavant par les militaires. Ces mouvements ont bien entendu largement grandi sous l'aile protectrice de l'Église, mais ils prennent la relève à cette époque comme porte-parole de la population. Le climat politique a changé et l'Église des pauvres commence à s'essouffler.

Malgré son respect pour Dom Hélder, Jean-Paul II s'efforce de faire marche arrière sur la plupart des innovations que son collègue brésilien a introduites lors de Vatican II et dans les années 1970. L'attaque la plus directe du Vatican contre l'Église des pauvres se produit précisément dans l'archidiocèse d'Olinda et Recife, où le remplaçant conservateur de Dom Hélder, Dom José Cardoso Sobrinho, démantèle une bonne partie de ses programmes et punit ou suspend nombre de prêtres progressistes. En un geste qui ne peut au mieux être qualifié que d'insensible compte tenu de la récente période de dictature, Dom José fait à plusieurs reprises appel à la police pour faire appliquer ses politiques ecclésiastiques contre des groupes de catholiques qui s'y opposaient. En outre, en 1989, le Vatican ordonne la fermeture du SERENE II et de l'ITER. C'est l'un des moments les plus douloureux pour Dom Hélder et l'histoire de l'Église des pauvres dans toute l'Amérique latine. Tout au long de ces incidents, Dom Hélder garde une fois de plus son calme et, contrairement à l'époque de son conflit avec le régime militaire, s'exprime peu à ce sujet.

Conclusion

Dom Hélder a été l'une des grandes figures religieuses d'Amérique latine et un leader jouissant d'une immense popularité. Il a su gagner le cœur du peuple par son charisme et sa piété. Comme la plupart des évêques, Dom Hélder a également été un homme politique qui a établi des liens avec les riches et les puissants de son pays. Mais il avait le rare don d'attirer tous les groupes, y compris les étudiants, les révolutionnaires et la presse. Jusqu'en 1964, même les conservateurs appréciaient Dom Hélder. Il a fini par renoncer à la tentation séduisante du pouvoir et de l'honneur ecclésiastique. S'il avait joué le jeu, Dom Hélder aurait pu devenir cardinal et, s'il s'était plié aux volontés des militaires, peut-être même archevêque de Rio de Janeiro ou de São Paulo. Mais il a fait fi de ces possibilités pour prendre le parti des pauvres.

Plus que tout autre évêque, Dom Hélder a été responsable de la modernisation et de la transformation politique de l'Église brésilienne. Les valeurs catholiques ont changé. Elles ne se sont pas laissées distancer par la croissance rapide du Brésil et se sont adaptées aux préoccupations morales et sociales suscitées par le progrès économique. Même après la réaction conservatrice des années 1980 et 1990, l'Église est restée sensible aux questions sociales, ne craignant pas de critiquer le gouvernement lorsque celui-ci ne se souciait pas le moins du monde de l'intérêt national ou du sort des pauvres.

Au cœur d'un siècle secoué par les conflits internationaux et divisé par la polarisation idéologique, Dom Hélder a suivi une transition, passant d'adepte de la violence à artisan de la paix. Sa lutte pour le développement économique, le progrès social, les droits humains et le renforcement de l'égalité entre les nations a largement défini l'Église des pauvres et a eu un impact sur les catholiques du monde entier. Dom Hélder était le symbole même de l'humilité et de la fraternité humaines. Pourtant, il a aidé le Brésil et les autres pays du Tiers-Monde à s'affirmer au sein de la grande communauté humaine en donnant la parole aux pauvres.

Sources

En portugais, le meilleur ouvrage est celui de Nelson Piletti et Walter Praxedes, Dom Hélder Câmara : entre o poder e a profecia (São Paulo, Editora Ática, 1997). C'est l'une des rares sources s'appuyant sur les documents personnels de Dom Hélder, qui sont toujours conservés par des particuliers. Une bonne série d'essais est regroupée dans Zildo Rocha (dir.), Helder, o Dom : uma vida que marcou os rumos da Igreja no Brasil, (troisième édition, Petrópolis, Vozes, 2000). D'autres données proviennent des ouvrages suivants : Rose Marie Muraro, Memórias de uma mulher impossívelOs caminhos de Dom Helder : perseguições e censura (1964-1980) (Recife, Editora Guararapes, 1983) ; Sebastião Antonio Ferrarini, A imprensa e o arcebispo vermelho (1964-1984) (São Paulo, Edições Paulinas, 1992) ; Frei Betto, Batismo de sangue : a luta clandestina contra a ditadura militar. Dossiês Carlos Marighella e Frei Tito, (11e édition, première édition révisée, São Paulo, Casa Amarela, 2000) ; José Cayuela, Hélder Cámara. Brasil : ¿Un Vietnam católico ? (Barcelona, Editorial Pomaire, 1969) ; Gustavo do Passo Castro, As comunidades do Dom : um estudo de CEB's no Recife (Recife, Fundação Joaquim Nabuco, Editora Massangana, 1987). Le témoignage de Dom Hélder sur les Intégralistes figure dans Dom Hélder Câmara, « Minha passagem pela Ação Integralista Brasileira », CNBB, Instituto Nacional de Pastoral, document 02143. Les fichiers de l'ancienne police politique de Rio, conservés à l'Arquivo Público do Estado do Rio de Janeiro, contiennent un dossier très complet sur l'évêque. Deux hommes d'Église ont fourni des entretiens cruciaux : Raimundo Caramuru de Barros (Brasília, 7 février 1990, par l'auteur) et Dom Waldyr Calheiros (Volta Redonda, 28 décembre 1998, par l'auteur et Célia Costa). (Rio de Janeiro, Editora Rosa dos Tempos, 1999) ; Marcos Cirano,

Le meilleur ouvrage en anglais est Hélder Câmara, The Conversions of a Bishop : An Interview with José de Broucker, traduit du français par Hilary Davies (New York, Collins, 1979) [2]. Pour une bonne synthèse antérieure, voir Patrick J. Leonard, « Dom Helder Camara : A Study in Polarity » (thèse de doctorat, St. Louis University, 1974), qui comprend une excellente bibliographie. Voir également Margaret Todaro, « Pastors, Prophets and Politicians : A Study of the Brazilian Catholic Church, 1916-1945 » (thèse de doctorat, Columbia University, 1971) et Kenneth P. Serbin, « Church State Reciprocity in Contemporary Brazil : The Convening of the International Eucharistic Congress of 1955 in Rio de Janeiro », Hispanic American Historical Review, vol. 76, n° 4, novembre 1996, pp. 721-751. À propos de Recife, voir Robin Nagle, Claiming the Virgin : The Broken Promise of Liberation Theology in Brazil (New York, Routledge, 1997). Une bonne étude sur Jean-Paul II figure dans Carl Bernstein et Marco Politi, His Holiness : John Paul II and the Hidden History of Our Time (New York, Doubleday, 1996).

De bons aperçus de l'Église brésilienne sont présentés dans les ouvrages suivants : Thomas C. Bruneau, The Political Transformation of the Brazilian Catholic Church (Cambridge, Cambridge University Press, 1974) ; Scott Mainwaring, The Catholic Church and Politics in Brazil, 1916-1985 (Stanford, Stanford University Press, 1986) et Jeffrey Klaiber, S.J., The Church, Dictatorships, and Democracy in Latin America (Maryknoll, New York, Orbis Books, 1998). Pour des interprétations critiques récentes du progressisme catholique, voir Anthony Gill, Rendering Unto Caesar : The Catholic Church and the State in Latin America (Chicago, University of Chicago Press, 1998) ; Manuel A. Vásquez, The Brazilian Popular Church and the Crisis of Modernity (Cambridge, Cambridge University Press, 1998) ; John Burdick, Looking for God in Brazil (Berkeley et Los Angeles, University of California Press, 1993) ; Cecília Mariz, Coping with Poverty in Brazil (Philadelphie, Temple University Press, 1994) ; et Kenneth P. Serbin, Secret Dialogues : Church-State Relations, Torture, and Social Justice in Authoritarian Brazil (Pittsburgh, University of Pittsburgh Press, 2000).

L'auteur tient à remercier Peter Beattie, John Burdick, Rafael Ioris et Zildo Rocha pour leurs commentaires très utiles sur les versions précédentes de ce texte.

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1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 14:40


Séquestré par l'armée en pleine nuit, puis emmené de force au Costa Rica, le président du Honduras, M. Manuel Zelaya, a été renversé le 28 juin. Ce golpe a eu pour point de départ sa décision d'organiser ce même jour, appuyé par quatre cent mille signatures, une consultation populaire sans caractère contraignant posant la question suivante : « Etes-vous d'accord pour que, lors des élections générales de novembre 2009, soit installée une quatrième urne pour décider de la convocation d'une Assemblée nationale constituante destinée à élaborer une nouvelle Constitution politique ? »

D'après M. Zelaya - qui fait le même constat et adopte la même démarche que MM. Hugo Chávez (Venezuela), Rafael Correa (Equateur) et Evo Morales (Bolivie), au début de leurs mandats respectifs - l'actuelle Constitution ne permet pas de réaliser les transformations sociales permettant d'éradiquer les inégalités et la misère (70 % de la population vivent sous le seuil de pauvreté ou dans l'extrême pauvreté) dans un pays, le Honduras, dont plus de 40 % du revenu national proviennent de l'envoi des remesas (argent) des émigrés.

Rejetée par l'opposition, une fraction du Parti libéral (dont est issu M. Zelaya), le patronat, les forces armées, certains secteurs de la hiérarchie catholique et évangélique, et les médias, cette consultation a été jugée illégale par la Cour suprême, le Congrès et le Tribunal électoral qui n'entendent pas voir remplacer, fût-ce partiellement, une « démocratie formelle de représentation » par une « démocratie de participation citoyenne ». A contrario, l'article 2 de la Constitution hondurienne précise : « La souveraineté appartient au Peuple dont émanent tous les pouvoirs de l'Etat exercés par représentation. La Souveraineté du Peuple pourra également s'exercer de manière directe, à travers le plébiscite et le référendum (...). »

Le 24 juin, le président avait destitué le général Roméo Vásquez, chef d'état-major des armées. Désobéissant aux ordres du commandant en chef - dans toutes les démocraties, le chef de l'Etat -, celui-ci avait refusé de participer à l'organisation de la consultation. Il avait également accepté la démission de son ministre de la Défense, M. Edmundo Orellana. La réplique n'a pas tardé.

Les forces armées du Honduras, pays qui, dans les années 1970-1980, à la différence des nations voisines (Guatemala, Nicaragua, Salvador), n'a pas connu de conflit armé interne, n'en ont pas moins été totalement impliquées dans la conflagration régionale. Elles ont collaboré à la mise en place de la base arrière américaine qui, par contrasAu Nicaragua, les quatre temps du sandinisme » dans Le Monde diplomatique de juillet, en kiosques). Des escadrons de la mort composés de militaires (en particulier le tristement fameux Bataillon 3-16) et de policiers ont fait disparaître cent quatre-vingt-quatre personnes et assassiné des dizaines de militants de gauche, syndicalistes et dirigeants paysans. Après les accords de paix des années 1990, les sandinistes ont conservé un certain contrôle sur l'armée nicaraguayenne ; au Salvador et au Guatemala, la révélation de l'ampleur des crimes de l'armée par des Commissions de la vérité a permis d'épurer, en partie au moins, les casernes. Rien de tel ne s'est produit au Honduras. Et les Etats-Unis y maintiennent leur base militaire la plus importante d'Amérique centrale, Palmerola. (contre-révolutionnaires) interposés, a permis l'agression du Nicaragua sandiniste (lire l'article d'Hernando Calvo Ospina, « 

De nombreux médias et observateurs expliquent, voire, à mots couverts, justifient le golpe par l'attitude de M. Zelaya. La révision de la Constitution lui aurait permis, au forceps, de briguer un deuxième mandat - actuellement non permis - lors du scrutin présidentiel de novembre prochain. Analyse erronée. En bonne logique, le scrutin sur la constitution d'une Assemblée constituante se déroulant le même jour que l'élection présidentielle, M. Zelaya n'aurait pu participer à celle-ci. En revanche, au terme d'un processus menant à une nouvelle Constitution, et pour peu que celle-ci soit approuvée, il aurait sans doute brigué un second mandat sous l'égide d'un nouveau texte fondamental le permettant. Il y avait donc loin de la coupe aux lèvres.

L'opposition féroce à M. Zelaya a, par conséquent, d'autres raisons.

Elu en novembre 2005, avec une faible majorité, sous la bannière du Parti libéral (conservateur), l'un des deux partis traditionnels de l'oligarchie hondurienne, il a, contrairement aux présidents précédents, mis un terme à l'alliance inconditionnelle du Honduras avec les Etats-Unis. Héritant d'une nation en déshérence et déçu par l'indifférence de Washington face à ses appels à l'aide répétés, il a resserré les relations politiques et commerciales avec Cuba, le Venezuela, la Bolivie, bien peu en cour auprès de l'administration de M. George W. Bush. Après avoir affilié le Honduras à l'accord Petrocaribe (une initiative du président Chávez qui permet aux pays de la région d'amortir les prix du pétrole), il a rejoint l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA) et le clan des « radicaux » en août 2008.

Techniques déjà rodées, les similitudes avec la tentative de coup d'Etat organisée au Venezuela, en avril 2002, contre le président Chávez, sautent aux yeux. Comme à Caracas, une fausse « lettre de démission » du chef de l'Etat a été lue devant le Congrès et amplement diffusée par les médias. Alors qu'était réduit au silence le Canal 8 - la télévision publique -, les chaînes privées ont diffusé des dessins animés, des feuilletons, des clips, la... messe, mais aucune information pendant les événements. Les fréquences de plusieurs médias audiovisuels locaux (Radio Globo, Radio Progreso) et internationaux (TeleSur, Cubavisión Internacional et CNN en espagnol) ont été suspendus (1). Un temps brutalisée et détenue, l'équipe de TeleSur a été expulsée du pays.

Menacés, malmenés, les ambassadeurs de Cuba, du Nicaragua et du Venezuela (ainsi que la ministre des affaires étrangères Patricia Rodas) ont été un temps retenus par des militaires cagoulés. A Caracas, le 12 avril 2002, c'est l'ambassade de Cuba qui avait été assiégée.

Toutefois, tant le golpe au Venezuela en 2002 que la tentative de déstabilisation de M. Evo Morales, en Bolivie, en septembre 2008, avaient été soigneusement camouflés grâce à la participation d'une opposition rebaptisée « société civile ». Rien de tel au Honduras. La sortie des « gorilles » de leurs casernes - quand bien même les parlementaires auraient désigné leur président, M. Roberto Micheletti, nouveau chef de l'Etat - rappelle par trop les heures les plus sombres de l'Amérique latine.

Réuni en urgence, le Conseil permanent de l'Organisation des Etats américains (OEA) a « condamné énergiquement le coup d'Etat », tout comme l'Union européenne et l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies (ONU). Pris individuellement, tous les pays du continent américain ont condamné le « coup d'Etat ». Un seul, jusqu'à présent, n'a pas utilisé cette expression. Les Etats-Unis. Certes, M. Barack Obama a exprimé sa « préoccupation » et a ajouté : « Zelaya est l'unique président que je reconnais et je veux que cela soit bien clair. » Mais le département d'Etat prône... « le dialogue ». Entourant M. Zelaya, dès le 29 juin, à Managua, les présidents de l'ALBA lui ont, eux, manifesté un total soutien. Sans parler de « dialogue », mais de retour à l'Etat de droit.

Au Honduras, sur le mouvement social, la répression s'abat.

Maurice Lemoine, valisa du monde diplomatique

(1) Alors qu'elle multiplie les déclarations alarmistes sur la liberté d'expression Venezuela, de la Bolivie et de l'Equateur, la Société interaméricaine de presse ne s'est pas encore manifestée.

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1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 14:14

  • Intervention du général d'armée Raul Castro Ruz, président du Conseil d'Etat et du Conseil des ministres, à la séance extraordinaire du Sommet du Groupe de Rio tenue à Managua, le 29 juin 2009

Messieurs les Présidents et Ministres,

Je serai bref, car nombreux sont les chefs d'Etat et les hauts représentants de nos gouvernements qui doivent prendre ici la parole.

Ce qui nous réunit est un événement d'une extrême gravité pour l'Amérique latine et les Caraïbes. Nous connaissons tous les abus et les mauvais traitements auxquels ont été soumis le président et la ministre des Affaires étrangères du Honduras, ainsi que les ambassadeurs du Nicaragua, du Venezuela et de Cuba. Le droit du peuple hondurien à l'expression de ses choix politiques a été foulé aux pieds.

Notre premier message s'adresse au peuple hondurien, auquel nous exprimons notre solidarité et nos encouragements.

Cuba condamne énergiquement le coup d'Etat brutal perpétré contre le gouvernement constitutionnel du Honduras et son président légitime. Elle rejette la violation criminelle de la souveraineté populaire de cette nation.

L'agression contre la vie constitutionnelle d'un pays membre doit être rejetée unanimement et dans les termes les plus énergiques par le Groupe de Rio.

Comme l'a très bien dit le président Chavez hier soir, le moment est à l'action conséquente. Il ne s'agit pas de perdre du temps à démasquer ceux qui condamnent tout en applaudissant sous la table, comme cela n'est arrivé que trop souvent dans notre histoire commune.

Au Honduras il n'y a et ne peut y avoir qu'un président. José Manuel Zelaya doit être restitué immédiatement et sans conditions dans l'exercice de ses responsabilités. (Applaudissements)

Nous estimons qu'il ne saurait y avoir la moindre négociation avec les putschistes, ni conditions ni exigences d'aucune sorte faites au gouvernement légitime du président Zelaya.

Ce qui est en jeu dans ce conflit, ce sont les aspirations du peuple à un avenir meilleur, contre les intérêts de secteurs oligarchiques qui s'obstinent à perpétuer un ordre injuste et insoutenable. Le conflit dépasse donc largement les frontières du Honduras. Il est la manifestation du danger de retour à un passé encore récent: celui des dictatures militaires qui, avec le soutien du gouvernement des Etats-Unis, ont semé la terreur pendant des dizaines d'années parmi les peuples latino-américains, et tout particulièrement ceux d'Amérique centrale et des Caraïbes, pratiquement sans exception.

Rappelons des tentatives plus récentes: la Bolivie d'Evo Morales menacée par le séparatisme. Les gouvernements amis ont accouru à sa défense, se sont acquittés de leur rôle, ont déjoué cette forme d'agression contre un pays souverain et un président qui, pour la première fois, représente les peuples sur les épaules desquels l'exploitation a pesé le plus lourd dans ce continent. (Applaudissements)

Auparavant, il y a eu le double putsch contre Chavez: d'abord le coup d'Etat typique, que le peuple a combattu pour rendre le président Chavez à ses fonctions, puis le coup pétrolier qui a coûté des milliards de dollars au Venezuela.

Et maintenant, Zelaya au Honduras. Est-ce un hasard si les trois pays font partie de l'ALBA naissante qui inquiète pas mal de monde, quoi qu'on en dise ?

Ce sont trois exemples qui démontrent que les oligarchies et les forces extérieures qui les accompagnent disposent encore de beaucoup d'instruments pour freiner la marche de l'Histoire.

Je me demande ce qu'ils feront contre Correa en Equateur. Je crains bien qu'il soit le prochain candidat, et que la prochaine réunion du Groupe de Rio félicitera Correa pour le succès avec lequel il aura défendu son pays et son processus révolutionnaire. (Applaudissements)

Je n'ai parlé que de quelques pays, mais je pourrais en nommer bien d'autres qui font partie de l'ALBA. Voilà pourquoi le coup d'Etat contre le président Zelaya est un affront fait à tous les peuples et à tous les gouvernements d'Amérique latine et des Caraïbes et ne peut demeurer impuni. Ses auteurs devront assumer la responsabilité des crimes et des abus qui ont été commis dans cette nation sœur.

Sont aussi responsables, car complices, les médias qui se prêtent aux manœuvres putschistes en mentant au peuple. Bien heureusement, nous avons été mis au courant par le travail vital de Telesur. (Applaudissements)

Ne sont pas moins responsables les groupes oligarchiques qui tentent de légitimer un acte criminel de cette envergure, de même que les secteurs réactionnaires de cet hémisphère qui soutiennent ceux qui ont transgressé l'ordre constitutionnel.

Le gouvernement des Etats-Unis se doit d'agir conformément à ses déclarations et de les assumer avec le plus grand sérieux. Je crois dans la sincérité du président Obama et de sa secrétaire d'Etat, mais il leur appartient maintenant de la démonter dans les faits, pas dans le discours.

Privé de tout soutien populaire, confronté à la condamnation absolue des gouvernements d'Amérique latine et des Caraïbes, pas un seul putschiste ne peut résister, et comme l'a dit Fidel dans ses Réflexions d'hier, ceux du Honduras ne peuvent même pas respirer sans le soutien des Etats-Unis ou de certaines des forces faisant partie du gouvernement des Etats-Unis.

Au peuple hondurien, aux paysans, aux ouvriers, aux professions libérales, aux enseignants, aux travailleurs de la santé, aux travailleurs du secteur des entreprises et à tous les enfants de la patrie de Morazan, je réitère le message de solidarité et d'encouragement du peuple cubain, et notre engagement: nous les accompagnerons dans cette bataille pour la justice et la dignité.

Merci beaucoup.

Le Honduras a un seul président : Manuel Zelaya


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