
«Tirer des expériences et prévoir, dans toute la mesure du possible»
• C’est le conseil que Raul a donné lors de la réunion du Conseil provincial de défense de Santiago de Cuba, 24 heures après le séisme
Jorge Martin Blandino
"Quelle a été l’intensité des tremblements de terre de 1932 et de 1947?" « Celui-ci résulte-t-il l’effet de la fosse de Battle ou du mouvement de la plaque ? » « Pourquoi le séisme de Haïti n’a-t-il pas produit de tsunami ? » « Quels sont les séismes les plus redoutables : ceux dont le déplacement est vertical ou horizontal ? » « Quelles ont été les causes et les caractéristiques du séisme du Chili ? »
Les questions et les interventions de Raul –plus de soixante-dix— ont abordé le phénomène sous tous les angles, depuis la théorie scientifique jusqu’aux détails les plus pratiques, lors de la réunion du Conseil de défense qu’il a présidée à Santiago de Cuba, dès le lendemain du séisme qui a secoué cette ville. L’objectif était d’en analyser les causes et les effets et de définir les mesures préventives à adopter en cas de séisme de grande intensité. Celui qui avait eu lieu la veille et dont l’épicentre se trouvait dans les eaux du sud de l’Oriente cubain avait une intensité de 5,5 sur l’échelle de Richter.
Raul a eu pour principal interlocuteur le Dr ès sciences Bladimir Moreno Toiran, directeur du centre national de recherches sismologiques, dont les réponses ont été claires et précises.
Pour sa part, le président du Conseil d’Etat et du Conseil des ministres a précisé dès le début qu’il était venu apprendre. Il a aussi évoqué quelques souvenirs sur les tremblements de terre qu’il a vécus dans son enfance, à Biran, mais aussi dans la prison de Boniato, après l’attaque de la caserne Moncada, puis dans la Sierra Maestra, pendant la guerre de guérilla.
Le Dr Moreno a expliqué à Raul et aux autres dirigeants qui ont participé à la rencontre que le mouvement tellurique de Haïti crée des tensions aux alentours, libère de l’énergie en un point et en accumule ailleurs, ce qui a pour effet de modifier le régime sismique de l’Oriente de Cuba.
Ayant écouté le rapport sur les dégâts provoqués par le séisme du 20 mars dernier, le deuxième secrétaire du Parti a conclu : « Tirer des expériences de tout, étudier les effets un par un et agir en conséquence ». Il a aussi demandé que la population soit informée des dégâts, mais de manière raisonnable et sensée, sans exagération ni sensationnalisme.
Il a confié au ministère de la Science, de la Technologie et de l’Environnement la mission d’expliquer à la population ces phénomènes, dans les médias et, éventuellement, par une intervention du Dr Moreno. Il convient de s’atteler à cette tâche immédiatement, a-t-il précisé.
Il a rappelé que des mesures avaient été prises à Baracoa au lendemain du séisme de Haïti pour éviter les effets d’un éventuel tsunami. On disposait alors de bien peu de temps et il a été décidé d’envoyer des hélicoptères des Forces armées prévenir la population par haut-parleur. Les hélicoptères se trouvaient sur place puisqu’ils sont affectés au combat contre le trafic de drogues dans les eaux voisines de l’île. La réaction des autorités comme de la population a été rapide et, en moins d’une demi-heure, tout le monde s’était mis à l’abri dans les hauteurs proches de la ville.
Raul a expliqué brièvement tout ce qui se fait pour faire face à des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et diverses, conjoncturelles ou permanentes : cyclones, sécheresses, élévation du niveau de la mer. Ces faits montrent l’importance des études qui sont menées, des mesures prises et à prendre et du travail de la Défense civile dans son ensemble.
Pour des raisons évidentes, le tremblement de terre est le désastre le plus difficile à combattre, a fait remarquer Raul : « L’expérience internationale démontre que la marge d’initiative des autorités locales face à un séisme est quasiment nulle ». Chez nous, ce ne sera pas le cas, parce qu’on sait partout qui assumera le pouvoir en cas de désastre imprévisible.
Nous avons tous beaucoup appris tout au long de cette réunion à laquelle participaient également le général de corps d’armée Ramon Espinosa Martin, membre du Bureau politique et vice-ministre des Forces armées révolutionnaires, le général de division Ramon Pardo Guerra, chef de l’état-major général de la Défense civile, et les membres du Conseil provincial de défense civile de Santiago de Cuba ainsi que son président, Lazaro Exposito Canto.
Les séismes pouvant provoquer des dégâts considérables (d’intensité 7 ou plus sur l’échelle de Richter) sont relativement rares à Cuba.
Mais, comme l’a bien fait remarquer Raul, un cyclone accorde une marge de temps suffisante pour se préparer, le tsunami, beaucoup moins, et le séisme, pas du tout, ce qui veut dire que, dans ce dernier cas, ce qui n’a pas été fait avant ne pourra pas l’être après. Il est donc fondamental que toutes les mesures préventives soient prises et que chacun sache exactement ce qu’il a à faire.
« Il faut tout prévoir. Nous n’avons pas été confrontés à de grands désastres de ce type, nous n’avons pas accumulé l’expérience qui est celle d’autres pays, et il faut donc tirer le maximum de leçons de phénomènes plus modestes, comme celui qui vient d’avoir lieu à Santiago de Cuba », a conclu Raul.