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7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 07:33

Les gouvernements de Cuba, mais aussi du Nigeria et de la Syrie, protestent contre leur inscription sur la liste noire américaines des voyageurs à risque.

 

Aéroport de Santa Clara à Cuba (AFP)812567.jpg

Cuba a convoqué mardi 5 janvier le plus haut diplomate américain dans l'île afin de protester contre la décision de Washington d'imposer des contrôles de sécurité supplémentaires aux aéroports pour ses ressortissants qui souhaitent se rendre aux Etats-Unis.
Cuba a officiellement protesté auprès du diplomate américain Jonathan Farrar, a indiqué Josefina Vidal Ferreiro, une haute responsable du ministère cubain des Affaires étrangères.
Le gouvernement cubain "rejette catégoriquement cet acte hostile", a déclaré Josefina Vidal Ferreiro. Elle a précisé que le plus haut diplomate cubain en place à Washington avait protesté de la même manière auprès du département d'Etat.

"Un fléau qui n'a ni religion, ni nationalité"

La Syrie a elle-aussi dénoncé les mesures prises par Washington dans une interview donnée mardi par son ministre de l'Information Mohsen Bilal à l'agence officielle argentine.
"On ne règle pas cela avec des guerres, des scanners et des listes noires", a dit Mohsen Bilal à l'agence Télam. "Ces mesures ne sont pas un véritable remède à ce fléau qui nous menace, qui n'a ni religion, ni nationalité et qui est condamné partout", a-t-il dit.
La Syrie figure sur une liste de 14 pays à risque aux côtés du Nigeria, du Pakistan, du Yémen, de l'Afgfhanistan, de la Libye ou de la Somalie.
Le ministre syrien propose à la place une conférence internationale. "Nous étions tous à Copenhague pour nous pencher sur le problème du climat", a-t-il dit, ajoutant : "Il faudrait un nouveau Copenhague pour cerner ce problème".

"Deux poids deux mesures"

De son côté, le Nigeria a demandé à être retiré de la liste des pays présentant un risque terroriste après la tentative d'attentat commise par l'un de ses ressortissants. Le ministre des affaires étrangères Ojo Maduekwe a dit avoir rencontré l'ambassadeur américain Robin Sanders pour demander à ne plus figurer parmi les 14 pays ciblés.
"J'ai indiqué clairement au gouvernement américain, par le biais de l'ambassadrice des Etats-Unis, que cela était inacceptable pour le Nigeria", a déclaré à la presse Ojo Maduekwe peu après sa rencontre avec Robin Sanders, qu'il avait "invitée" pour un entretien.
Ojo Maduekwe a dénoncé une politique américaine de "deux poids deux mesures", citant le cas de Richard Reid, le Britannique accusé d'avoir voulu faire exploser un vol Paris-Miami en décembre 2001, qui n'avait pas valu à la Grande-Bretagne de figurer sur une telle liste.

Liste de 14 pays jugés "sensibles"

Les Etats-Unis ont exigé lundi des contrôles de sécurité supplémentaires aux aéroports pour les passagers venant de 14 pays jugés sensibles, parmi lesquels Cuba et le Nigeria. Cette décision a été prise après l'attentat manqué du 25 décembre contre un vol Amsterdam-Detroit.
L'auteur était le Nigérian de 23 ans, Umar Abdulmutallab, qui se revendique affilé à Al-Qaïda.

Lire aussi : 


(Nouvelobs.com)
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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 00:19
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La Havane, 5 janvier, (RHC)--. Après trois ans de croissance négative, la population cubaine a vu augmenter discrètement son nombre en 2009. En effet, la population a connu une croissance de plus de 3000 habitants par rapport à 2008.

Fin décembre, le Centre d’Etudes sur la Population et le Développement estimait à quelque 11 239 000 le nombre de Cubains.

Juan Carlos Alfonso, directeur de cet institut, a qualifié de positif ce fait parce qu’il interrompt un cycle entamé en 2006, caractérisé par un taux annuel de croissance négative de la population.

Dans des déclarations au journal Granma, il a précisé qu’au point de vue démographique, ce chiffre ne représente pas un changement significatif.

Il a d’autre part indiqué que la tranche d’âge dépassant les 60 ans, dépasse actuellement 17% des Cubains.

Le directeur du Centre d’études sur la Population et le Développement a précisé qu’en 2009, Cuba avait enregistré 130 027 naissances, le taux le plus élevé depuis 2004, tandis que le taux global de fécondité estimée qui représente la quantité moyenne d’enfants par femme à la fin de sa vie reproductive, est monté à 1,63%. Cet indicateur avait été de 1,59% en 2008.

 

 

 

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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 00:05

cuba-ninos-revolucion.jpgMortalité infantile dans le monde

La Havane, 4 janvier, (RHC)--. Cuba a enregistré une mortalité infantile de 4,8 pour mille en 2009.

Granma qui publie la bonne nouvelle ce lundi met l’accent sur la menace que fait planer le virus H1N1 de l’influenza A sur les enfants et les femmes enceintes.

L’article souligne que les efforts déployés par les autorités sanitaires cubaines ont cependant permis d’avoisiner le taux de mortalité infantile de 2008, le plus faible de notre histoire : 4,7pour mille.

Granma met en exergue la volonté politique du gouvernement qui accorde la priorité à la santé, à l’éducation et à la protection sociale.

L’article rappelle qu’au mois d’octobre, la directrice générale de l’OMS, Mme le Dr Margaret Chan a qualifié sa visite à Cuba de très importante parce qu’elle allait permettre d’apprendre des efforts que déploie le système cubain de la santé notamment en ce qui concerne l’attention primaire, le caractère universel et gratuit.

Granma indique que dans le cadre de la lutte contre l’influenza A, les autorités sanitaires cubaines ont mis en place au mois de septembre un programme pour le dépistage précoce du virus chez les femmes enceintes et les enfants, moyennant les visites quotidiennes à ce groupe à risque par les médecins de la famille.

Au moindre symptôme de grippe, les femmes enceintes sont hospitalisées et elles font l’objet du traitement avec les antiviraux. Ces mesures sont également adoptées avec les mineurs présentant des maladies chroniques comme l’asthme, le diabète ou tout handicap moteur. Les enfants sans risques biologiques associés sont hospitalisés à domicile.
L’article indique qu’en quatre mois d’application du programme pour le dépistage de l’influenza A, 13 380 femmes enceintes et 841 autres venant d’accoucher ont fait l’objet du traitement antiviral en milieu hospitalier. Environ 75 000 enfants ont également été soignés.

« Ces actions sans précédents ont contribué à préserver bon nombre de vies humaines et sont l’expression des principes qui régissent notre société socialiste parce que pour notre gouvernement révolutionnaire la santé est le premier des droits humains » conclut l’article.

 

 

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5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 16:52

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De 1959 à 2001 >quarante ans, des terroristes connus vont s'unir et se succéder, jour après jour,  pour terroriser, torturer, assassiner des citoyennes et des citoyens cubains, détruire les infrastructures de l'île, frapper l'économie cubaine, sous le regard et la main complices de la CIA, la maison blanche et tous les pays d'Europe et du monde:
Lire la suite de l'article sur LE TACLE

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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 20:51
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Une page d’histoire méconnue ou passée sous silence
(1ère partie)

Par Michel Porcheron/Pour Granma International


Près de 72 ans après le déclenchement de la Guerre d’Espagne, une immersion même élémentaire dans la monumentale bibliographie qui s’en suivit et jusqu’à aujourd’hui, permet une actualisation nécessaire, mais fait apparaître en même temps des visions partielles, quand il ne s’agit pas d’omissions ou d’ « oublis » historiques.

Ainsi pourquoi la participation de plus de 1000 Cubains dans les rangs républicains, quand elle n’est pas méconnue, continue d’être ignorée ou passée sous silence ? Les sources n’ont pas manqué, des témoignages directs ou indirects ont été conservés et publiés, le contingent cubain a été largement le plus nombreux dans le continent américain, seulement dépassé par les quelque 2400 volontaires des Etats Unis et son pourcentage par rapport à la population du pays a été le plus élevé parmi les 50 nations d’où partirent environ 35.000 volontaires (1) antifascistes, la plupart des communistes. D’autre part, les séjours forcés après 1939 de combattants cubains, parmi des milliers d’autres, dans les camps d’internement du sud de la France (Gurs, Argelès, Bram, etc…) ne souffrent aucune discussion.

En Espagne, la longue nuit franquiste de 1939 à 1975, date de la mort de son instigateur, gela toutes les velléités d’investigation, à l’exception de celles qui en vantaient les mérites. A Cuba, les présidences successives à partir de 1940 puis la dictature de Fulgencio Batista avaient mieux à faire que de laisser la parole aux antifascistes cubains dont certains, comme Juan Marinello ou Raul Roa purent publier leurs écrits.


Dès la fin de la guerre, en 1939, les multiples visions partisanes, staliniennes, anarchistes, socialistes, trotskystes, etc…ont eu, hors d’Espagne, leurs heures de gloire, comme les études militaires. Hors de ces domaines, les travaux visant à une synthèse générale sont venus d’historiens anglo-saxons, comme Hugh Thomas, Gabriel Jackson, Paul Preston et le dernier en date Antony Beevor (2006) qui ont fait autorité.

A Cuba, l’historien qui s’est spécialisé sur la question de la participation cubaine et des Brigades Internationales est Alberto Bello, ancien journaliste au quotidien national Juventud Rebelde dès sa création en 1965. Il est l’auteur de deux ouvrages généraux de référence sur cette participation cubaine. Un seul livre avant lui traitait de ce sujet : « Cuba y la defensa de la Republica española (1936-1939) », ouvrage collectif sous la direction de Ramon Nicolau, publié en 1981 par la Editora Politica (Instituto de Historia del Comité central del PCC). Jusqu’ici Alberto Bello – qui a l’âge de la Guerre d’Espagne- est le seul auteur cubain à avoir publié dans l’édition, ses recherches sur le contingent cubain durant la Guerre Civile Espagnole. Il vient de terminer un nouveau manuscrit qui non seulement actualise ses travaux, mais développe une autre page peu connue, celle des intellectuels cubains ayant soutenu les Républicains espagnols (2). Un nouveau chapitre est consacré aux autres contingents du continent américain, du Canada à l’Argentine, en passant par les Etats Unis (3).


Alberto Bello, rencontre au Vedado

Quand notre homme apparait au fond du couloir de son appartement - il vient de quitter son bureau, sa machine à écrire et son ordinateur- il marche avec des béquilles, légèrement courbé, mais son allure est ferme et vive. Il se déplace avec difficulté, mais Alberto Bello va virevolter au moment de se raconter. Il parle avec passion mais sans grandiloquence de ces Cubains de la fin des années 30 qui « partagent » son quotidien. Ce qui l’intéresse c’est le travail de chaque jour, du lendemain, pour ne rien laisser de côté. Il burine son travail, comme la vie, la lucha, ont buriné son visage. « Si un jour je n’écris pas, si je passe une journée sans lire, sans mettre de l’ordre dans mes recherches, c’est une journée perdue ».

Pourquoi avoir choisi ce thème des 1000 volontaires cubains, partis de La Havane ou de New York, ou déjà en Espagne le jour du putsch ? « Je me suis toujours demandé pourquoi les Cubains, qui avaient du affronter le colonialisme venu d’Espagne, décidèrent un jour d’aller rejoindre des Espagnols, certes des Républicains, laissant familles, travail, maison, etc…Journaliste, j’ai eu l’occasion de connaitre pas mal de combattants cubains et espagnols, réfugiés à Cuba, ainsi que beaucoup de ceux qui, à Cuba, avaient organisé et expédié en Espagne leur aide matérielle. Les associations étaient nombreuses. Puis j’ai fréquenté les journalistes de « España Republicana » (San José y Prado) et bien connu le directeur, Carnero, qui combattit en Espagne. A Santa Clara, par exemple, j’ai connu des gens comme Lutgarda Bustamente, Susana García, qui furent des militantes du Parti Socialiste Populaire, engagées dans l’aide cubaine aux Républicains, ainsi que d’anciens volontaires cubains ».

Et à la Havane ? « J’ai eu l’occasion de connaitre Ramón Nicolau, chef de la Commission de Recrutement de Combattants, Mario Morales Mesa, président de l’Association des Vétérans et le vice-président Victor Pina Cardoso. J’allais chez eux, eux venaient chez moi. J’ai connu le poète-écrivain Felix Pita Rodriguez, j’ai eu comme amis des gens comme Pia Mastelari, Maria Luisa Laffita, son époux Pedro Vizcaino Urquiaga, Federico Chao Rodriguez et beaucoup d’autres, qui m’ont apporté beaucoup. D’autre part, j’ai eu aussi de bonnes relations d’amitié avec certains autres volontaires cubains et membres actifs du Club Julio Antonio Mella, dont le siège était à New York, comme Mario Acosta Lamar, Juan Magraner Iglesias, la militante Sarah Acosta, Frank Ibañez, parmi d’autres. Nous nous réunissions, ils passaient des heures à me raconter, moi je passais des heures à écouter ».

 

Les volontaires cubains en Espagne : noms, prénoms, la liste est connue depuis 25 ans

Il a utilisé une partie de ses recherches pour publier en 1990 (avec Juan Pérez Díaz) « Cuba en España » (Ciencias sociales, 275 pages), avec une introduction de Mario Morales Mesa, alors lieutenant colonel. De l’ouvrage de Ramon Nicolau, Alberto Bello a repris un document important, la liste (« non exhaustive ») de Volontaires cubains tués durant les combats, de ceux décédés après la guerre et celle des survivants (1980). Avec noms et prénoms. Ils sont effectivement près de 1000. Mais paradoxalement, ces deux livres essentiels sur le sujet des Voluntarios cubanos n’ont pas fait depuis l’objet d’actualisation. Le témoin, dans l’édition, n’a été repris par personne. Et aucun autre livre de documentation générale sur ce thème, faisant un point moderne sur la question, n’a été publié non plus. Du moins jusqu’ici (mars 2008). Pourtant le moment paraitrait venu, dans ces époques de commémorations.

Son deuxième livre publié (2003) « El Martir de Majadahonda » (Ciencias Sociales, 233 p) revient sur le contexte politique cubain et international des années 30 pour exposer l’engagement du journaliste et intellectuel Pablo de la Torriente Brau, tué au combat en décembre 1936.

Alberto Bello parle très volontiers des Brigadistes cubains, mais laissez le poursuivre et une heure plus tard on en est aux volontaires canadiens, après avoir fait le tour de l’Amérique latine. Une heure de plus et on a à peine évoqué les (bons) yankees, ceux de la Brigade Abraham Lincoln. A ce titre il avait été invité en 1997 à participer à Lausanne (Suisse) à un colloque international « Les Brigades Internationales, entre solidarité révolutionnaire et politique du Komintern". Près de 40 conférenciers du monde entier y étaient invités.

A l’étranger, que l’histoire de la présence de Cubains dans le conflit espagnol reste inconnue constitue donc une énigme qu’Alberto Bello commente, preuves à l’appui. Dans son dernier livre « La Guerre d’Espagne », Antony Beevor (2006, 680 pages) présenté comme le « Hugh Thomas » du début de ce XXI e siècle, fait l’impasse sur le sujet. Page 608, dans la note 4, se référant aux « 32.000 et 35.000 de 53 pays, qui servirent dans les rangs des Brigades Internationales », l’historien anglais se contente de reproduire « les chiffres les plus exacts, quoique encore incertains, par pays », publiés par les Français Rémi Skoutelsky et Michel Lefebvre en 2003 (Les Brigades Internationales, Images retrouvées). On y apprend qu’il y eut 408 Suisses et 134 Portugais, pour s’en féliciter. Mais rien sur les Cubains, à l’exception de la mention de Wifredo Lam. A moins qu’ils figurent dans la dernière rubrique anonyme, comme dans un ossuaire : « autres : 1122 ». Certes, les décomptes restent incomplets, sont sujets à caution, tant la composition des B. I a été mouvante. Par ailleurs, indique Alberto Bello, tous les Cubains n’ont pas été membres des B.I, on les retrouve aussi en effet d’abord dans les Milices, puis dans des formations militaires espagnoles. Et dans la liste publiée en 1981 ne figurent pas, de toute évidence, les noms de combattants cubains qui par la suite ont quitté le pays, en désaccord avec la Révolution ou qui avant 1959 avaient abandonné leur camp pour rejoindre les rangs des Batistiens, comme Orlando Masferrer.

Dans les 22 pages de Bibliographie de A.Beevor, ne figure ni source cubaine ni renvoi à un ouvrage consacré à des volontaires cubains.

Alberto Bello n’a jamais manqué d’argument pour affirmer que les pages écrites par les Cubains entre 36 et 39 sont indélébiles. Le silence d’Antony Beevor, si besoin était, confirme le bien fondé de ses travaux actuels et à venir.

Antony Beevor a-t-il lu Alejo Carpentier (1904-1980) et son « roman » La Danse sacrale (La Consagracion de la primavera, 1978) qui donne assez de pistes pour une exploration approfondie à partir des mentions faites sur Pablo de la Torriente Brau ? Dans un recueil de ses entretiens, l’écrivain cubano-français avance lui-même le chiffre d’ « un millier de Cubains » ayant combattu avec les Républicains. Le romancier (4) aurait-il été jugé peu crédible ? Si Antony Beevor et ses éditeurs envisageaient une nouvelle édition, pourquoi ne pas se reporter alors aux « conversations d’Ignacio Ramonet avec Fidel Castro » (dont le père était contre la République espagnole) ? Le président cubain dit à la page 304 : « Pendant la guerre civile espagnole ils ont été des centaines de Cubains à partir en Espagne et beaucoup ont donné leur vie pour la République attaquée par le fascisme et la réaction ».

Par ailleurs nul chercheur ne peut ignorer quelques uns des liens solides ayant existé entre la lutte des Républicains et la tradition révolutionnaire cubaine, souligne Bello. N’est-ce pas un officier espagnol de l’armée de l’air républicaine, Alberto Bayo Giroud, qui dirigea la préparation à la guérilla du groupe de Fidel Castro alors au Mexique (1955-1956) où Bayo s’était exilé, après la victoire de Franco. Bayo était né dans la province de Camaguey, en 1892, avant l’indépendance cubaine. Bayo s’installa à Cuba après 1959 et mourut à La Havane en 1967, à l’âge de 75 ans. En 1960 il avait notamment publié « Mi aporte a la revolución cubana » (Imprenta del Ejercito Rebelde). Beaucoup d’autres républicains espagnols qui avaient participé à la guerre civile se sont retrouvés à Cuba (5) notamment des militaires, comme le général Lister pour aider à « organiser les milices cubaines et d’autres unités de nos forces armées » (Fidel Castro, p.465 de son livre avec Ignacio Ramonet).

Aberto Bello a mis son expérience de journaliste au service de sa plume d’historien qu’il ne « voudra jamais vendre au détriment de l’histoire véridique ». Sa plume, soit sa manière d’écrire, d’appréhender « ses » pages d’histoire de son pays. Et son talent de «raconteur », à l’écrit comme à l’oral, tout en allumant et fumant Popular sur Popular.

Dans son manuscrit complété, auraient leur place les chroniques cubaines du journaliste Lino Novas Calvo (Galicia, 1903-Etats Unis, 1983), les faits d’armes de l’écrivain et combattant Carlos Montenegro (1900-1981) et un corpus« a couvert à merveille toute la guerre civile espagnole et donne sur elle mille nouvelles et informations intéressantes ». ouvert de la collection de Mediodia, hebdomadaire cubain édité à partir de 1934 par le Pcc (dont le directeur fut José A. Portuondo, avec pour rédacteurs Nicolas Guillen, Juan Marinello, Carlos Rafael Rodriguez et Angel I. Augier). C’est dans Mediodia que furent publiés notamment deux textes sur Pablo de la Torriente Brau, de Montenegro (5 mars 1937) et de Novas Calvo (El Entierro, 25 février 1937). Un éditeur espagnol qui a réussi à réunir une collection complète de ce Mediodia cubain a estimé que cette publication

Alberto Bello a du grain à moudre. Un agenda rempli. Ca tombe bien, il n’aime pas les pages qui restent blanches. Avec ses 1000 Cubains, il a au moins 1000 histoires à reprendre, préciser, compléter. 1000 aventures héroïques, au même titre que des milliers d’autres qui ont fait de la Guerre d’Espagne un évènement d’une dimension exceptionnelle et mythique. Malgré la retirada, la défaite, les derniers rescapés n’hésitent pas, 72 ans après, à redire leur fierté d’avoir combattu dans le bon camp. Tout en pleurant leurs camarades morts au combat, dont ils sont encore plus fiers. Une centaine de Cubains sont morts à quelque 8000 km de leur pays dans ce premier acte de la Deuxième guerre mondiale.

(1)- Les Brigades Internationales (créées le 18 septembre 1936) furent composées dans leur grande majorité d’ouvriers (80 % des 9.000 Français), selon Rémi Skoutelsky (historien français à la Sorbonne, spécialiste des B. I, pages 441-453, in Le Siècle des communismes, 2000, Les Editions de l’Atelier, 542 pages). Il ajoute que « le caractère ouvert du recrutement n’empêche pas qu’on y trouve avant tout des militants » communistes.

Un quart environ des volontaires étrangers des Brigades Internationales a été tué lors des combats.

Des études manquent en ce qui concerne la participation du coté républicain des volontaires étrangers non – européens. A fortiori, si on pense à un ou divers ouvrages relativement exhaustifs et surtout accessibles à un large public.

(2) - Plus que la première guerre mondiale, la guerre d‘Espagne a fait que de nombreux intellectuels, journalistes, artistes, écrivains, photographes, universitaires, ont franchi les Pyrénées pour rendre compte de ce que fut la vie quotidienne de ceux qui luttaient contre les nationalistes de Francisco Franco, très vite appelés les fascistes espagnols. D’où une forte production de reportages, textes, films, écrits politiques, poèmes ou de livres romanesques, dans un grand nombre de langues, en fonction du pays de provenance de ces « envoyés spéciaux ». Parmi ces derniers, des noms comme ceux de Simone Weil, André Malraux, Ilia Ehrenbourg, Mikhaïl Koltsow, John Dos Passos, Upton Sinclair, Hemingway, Arthur Koestler, George Orwell, Alejo Carpentier, etc…ont occupé à juste titre le devant de la scène et ce jusqu’à aujourd’hui. Avec Carpentier, Juan Marinello, Nicolas Guillen, Felix Pita Rodriguez et Leonardo Frnandez Sanchez composèrent la délégation cubaine lors du Congrès des Intellectuels antifascistes de Valence et Madrid en juillet 1937.

(3) - Entre autres exemples, il n’existe en français aucun ouvrage portant sur ces quelques milliers de volontaires, également « levés avant l’heure », qui partis de New York, de La Havane, de Mexico ou d’ailleurs, ont un jour débarqué en France avant de gagner un des fronts de la guerre en Espagne. En Espagne, les seuls livres longtemps disponibles sur le thème des volontaires cubains furent …les livres- d’occasion- des auteurs cubains cités.

Bien sûr, Hollywood a produit deux ou trois longs métrages hollywoodiens, mais depuis 1936 jamais les autorités des Etats-Unis n’ont reconnu le rôle et le sacrifice des volontaires américains, venus en territoire espagnol pour lutter contre le fascisme. A l’inverse, à leur retour, bon nombre de Brigadistes ont été pourchassés par le FBI et par les « enquêteurs » du sénateur McCarthy. D’autres ont été emprisonnés, comme Steve Nelson, condamné à 20 ans de détention. Il est vrai que la Brigade Abraham-Lincoln, composée de nombreux communistes, fut considérée, dès sa création comme une « organisation terroriste ». On lit sur un site français spécialisé : « Marins de San Francisco, étudiants et professeurs du Wisconsin ou de l'Illinois, mineurs de Pennsylvanie, ouvriers, poètes, artistes-peintres de New York et du New Jersey, ils venaient des quatre coins des Etats-Unis. Modèle d'intégration antifasciste, 30% des brigadistes américains étaient d'origine juive et 90 volontaires d'origine noire, dont un commandant ». Un documentaire télévisé « El laberinto español » a été diffusé en Espagne, donnant notamment la parole dans une partie intitulée « Almas sin fronteras », aux 12 Américains survivants (été 2006) de la Brigade Abraham- Lincoln, composée dès 1936 de 2400 volontaires (la moitié sont morts durant les combats). Les réalisateurs Miguel Ángel Nieto et Anthony L. Geist ont eu en particulier accès aux archives filmées et sonores de l’Association de Brigadistes de New York, ainsi qu’à plus de 200 heures de matériel inédit, oublié dans un dépôt de l’Université de New York. En 2001, la Bibliothèque de cette université avait acquis l'ensemble des fonds de la Brigade Abraham-Lincoln.

(4)- L’écrivain cubain Alejo Carpentier (1904-1980), largement traduit en français, a consacré quelques unes de ses Chroniques de 1937 à « L’Espagne sous les bombes ». Dans un de ses entretiens de 1979, Alejo Carpentier avance le chiffre « d’environ un millier de cubains » qui, dans leur majorité, rejoignent la Brigade Abraham-Lincoln. « Le peintre Wifredo Lam fut un des premiers à s’engager », dit-il par ailleurs. « Ce Bataillon constitue un exemple très intéressant, parce que s’y trouvent des Latino-américains. Il y avait aussi un formidable contingent de Mexicains, et puis il y en avait d’autres pays, quatorze par ici, vingt par là, comme une trentaine de Brésiliens, plus de 20 Vénézuéliens, etc… ». On peut penser que ces derniers chiffres manquent de rigueur d’historicité. Très probablement, l’écrivain se réfère à des témoignages oraux partiels.

Dans sa « Danse sacrale » (1980) la guerre en Espagne est la toile de fond de la première partie de ce roman. Le romancier, qui fut nommé en 1966 ministre conseiller des affaires culturelles à l’ambassade cubaine à Paris, avait regretté dans un entretien publié dans le quotidien cubain Granma (18 décembre 1974) l’absence de roman centré sur le thème de la participation latino-américaine. Alejo Carpentier a raison, mais sa Consagración de la primavera n’épuise pas le sujet.

(5)- On ne saurait ne pas citer le travail considérable accompli sur Pablo de la Torriente Pablo par le Centro Cultural qui porte son nom à La Havane et que dirige Victor Casaus. Par ailleurs, de jeunes chercheurs comme Jorge Domingo Cuadriello ont mené à bien des travaux plutôt consacrés à la question des réfugiés espagnols à Cuba, pour l’instant publiés en Espagne.
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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 20:15
 

_editor_travel-havana-cuba-4.jpgSylvain Desmeules, collaboration spéciale


Le Soleil

 

LA HAVANE: UTOPIE EN CONCTRUCTION - REABILITACIÓN HABANA VIEJA CUBA

Les Canadiens, et particulièrement les Québécois, aiment bien Cuba. Sur les 2,3 millions de touristes en 2008, on compte plus de 820 000 Canadiens, dont 450 000 Québécois. Qu'est-ce qui nous attire? Les plages, évidemment, et encore les plages, à moins de quatre heures d'avion. Et si on s'intéressait à autre chose que les plages? À son histoire, à ses villages patrimoniaux, par exemple. Pour chaque plage cubaine, il existe au moins une ville capable de meubler une journée de découvertes patrimoniales. Voilà donc un aperçu de quelques villes qui valent le détour, des villes patrimoniales désignées par l'UNESCO qui font dorénavant la fierté du pays.


San Pedro de la Roca et la patronne de Cuba

> Un peu à l'extérieur du périmètre urbain de Santiago, une visite au château de San Pedro de la Roca (photo) et à la basilique où l'on vénère la Vierge de la Caridad d'El Cobre (patronne de Cuba) est un attrait qui permet en même temps de goûter la riche faune de ce pays.


Remedios, cité de traditions

> Remedios, huitième ville fondée par les Espagnols en sol cubain en 1512, est une cité de traditions. La place centrale déborde de cette joie de vivre villageoise. Le El Louvre, à lui seul, évoque les traditions. Cette cafétéria construite en 1866 a été le théâtre des débats de plusieurs grands personnages du pays. Elle contient une section spéciale pour les femmes. La photo montre la place centrale de la ville, l'église Buen Viaje, en arrière-plan, avec à droite le musée municipal Fran-cisco Javier Balmeceda.

Toutes deux dans la région centrale nord, dans la province de Villa Clara, à 50 kilomètres de distance, Santa Clara (250 000 per-sonnes) et Remedios (47 000 per-sonnes), ont du charme. La pre-mière abrite le mémorial d'Er-nesto Che Gue-vera, où reposent d'ailleurs les restes de cette icône du mouvement révolutionnaire de l'année 1959. Véritable lieu de pèlerinage, le site surplombe la ville de Santa Clara.


Santiago de cuba, mélange des cultures

> Santiago de Cuba (1,4 million d'habitants), est la figure du mixage ethnique et culturel en raison des multiples colonisateurs, tour à tour espagnols, haïtiens, français et anglais, sans oublier les autochtones appelés Boyos. La musique festive, qui fait partie du tissu culturel de Santiago de Cuba, en est une bonne illustration. On oublie qu'elle fut aussi la première capitale du pays, de 1515 jusqu'en 1610.

Luxuriante région, avec ses arbres fruitiers et son climat tropical, Santiago de Cuba est située à l'extrémité est de l'île, à 84 kilomètres de Guantanamo. Dans cette ville construite en 1511 à travers les vallons, les traditionnels vélos et taxis-vélos ont fait place aux motos et aux voitures. La place Carlos Manuel de Cespedez, occupée notamment par la Catedral Metropolitana et le centre historique, est un bon commencement, mais le meilleur conseil pour découvrir cette ville est de s'y perdre.


Cienfuegos à la française

> Difficile pour cette ville fondée en 1819 par Fernandina de Jagua de renier ses influences architecturales françaises. L'arc de triomphe qui domine la place José Martinfut (photo), érigé en 1902, le montre bien. Les édifices n'hésitent pas non plus à arborer le style Art déco et néoclassique, un caractère éclectique qui lui vaut le surnom de «perle du sud». Cienfuegos est située sur la région centrale sud de Cuba, dans le creux d'une baie du même nom donnant sur la mer des Caraïbes. Y vivent près de 400 000 Cubains.

La place José Marti représente une vitrine de choix sur cette ville dont le modernisme con-traste avec bien d'autres con-trées cubaines. Le théâtre Tomas Perry, baptisé en hom-mage à un riche vénézuélien à l'origine de sa construction en 1887, peut contenir près de 1000 personnes.

Un verre au El Palatino, plus vieux bâtiment de l'endroit, est un bon moyen d'apprécier la ville. De ce point, vous apercevrez d'un côté la cathédrale Nuestra Senora de la Pursima Concepcin, construite en 1819 et décrétée monument national, puis de l'autre le Pallacio Ferrer, érigé en 1918 et aujourd'hui la maison de la culture, parfait exemple de cette dualité architecturale.


La clé pour charmer les touristes européens

Les villes de Trinidad, Santic Spiritus, Bayamo et l'incontournable La Habana, mieux connue sous le nom de La Havane, font aussi partie des villes patrimoniales désignées par l'UNESCO. Elles recouvrent l'île entière et sont habitées par une majorité des 11,4 millions de Cubains. Cuba mise sur le tourisme pour enrichir l'île. Les 2,7 milliards $ de recettes liées au tourisme en 2008 sont insuffisants.

Mais pour attirer de nouvelles clientèles, en provenance de l'Europe notamment, il faut offrir autre chose. Voilà pourquoi elle fait largement la promotion de ses 10 villes patrimoniales. Cuba a aussi commencé la mise en oeuvre d'un vaste plan de réfection des centres historiques de ces villes, dont la plupart ont été fondées par Diego Velasquez entre 1511 et 1515. Le plan a été réalisé à 80 %.

Pour un Québécois incapable de tourner le dos aux chaudes plages cubaines, peut-être vaut-il mieux jumeler des visites patrimoniales à l'intérieur d'un traditionnel séjour.  Un peu comme ceux qui choisissent Varadero avec en prime un voyage vers La Havane ou encore, plus près, ceux qui optent pour un après-midi à Matanzas.

D'ailleurs, la capitale fait aussi l'objet de travaux de restauration de ses points d'intérêts patrimoniaux. Le réseau routier s'améliore. Un plan de réparation et de récupération des établissements hôteliers est également orchestré, si bien qu'aux 307 hôtels et 46 453 chambres de l'île, dont 40 % à Varedero, s'ajouteront de l'hébergement de qualité, promet le gouvernement cubain.

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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 02:02

Cuba se trouve devant un double défi : riposter à la crise du capitalisme et réussir à développer son projet de socialisme du 21ème siècle. L’économiste cubain, Osvaldo Martinez et président du Centre de recherche de l’économie mondiale livre son analyse. Entretien Sébastien Madau

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Cuba est frappé de plein fouet par la crise économique du capitalisme.
Les cubains attendent beaucoup du socialisme du 21ème siècle pour répondre à ces défis.

- Pourquoi Cuba, qui vit dans une économie socialiste, subit-il la crise mondiale ?
Le monde est globalisé. La crise est partie des Etats-Unis et s’est très vite étendue. Le chômage a explosé. A Cuba, nous en subissons les conséquences depuis environ un an. On ne sait pas jusqu’à quand cela va durer. Nous n’avons aucune responsabilité mais nous devons la subir. Nous espérions une croissance de 6% pour 2009, elle devrait être finalement de 1% voire 0,7%.

- Quels sont les secteurs les plus touchés ?
Le nickel est notre principale source d’exportation. Mais les prix ont fortement diminué du fait de la baisse de la demande mondiale. Alors que nous l’avions vendu 50.000 dollars la tonne, le prix a baissé jusqu’à 10.000 dollars en 2009.
Le secteur du tourisme génère aussi moins de recettes. Le nombre de touristes reçus chaque année est semblable, plus de 2 millions, mais les gens dépensent moins sur place.

Il y a deux éléments à prendre aussi en considération : les cyclones et le blocus. Nous subissons encore les effets des cyclones de l’été 2008. Le secteur alimentaire a été touché. 20% du PIB a été détruit.

Quant au blocus américain, il crée des dégâts depuis 50 ans. On les estime à 96 milliards de dollars, voire 236 milliards en prenant en compte la dévaluation du dollar depuis 50 ans. Cela représente 15 ans de PIB cubain.

- De quelles manières le blocus influe-t-il sur l’économie de l’île ?
Le surcoût de nos importations ! Nous sommes obligés d’acheter en Europe ou en Asie alors que nous pourrions acheter aux Etats-Unis. Le caractère extraterritorial du blocus est un frein. Toute entreprise possédant des capitaux américains ne peut commercer avec Cuba sous peine de forte amende par les Etats-Unis. Il nous est également difficile d’utiliser le dollar sur le marché international, ce qui entraîne des surcoûts énormes sur le marché des changes.

Ces conditions nous ont obligés à développer des relations commerciales avec des pays situés à des milliers de kilomètres. Le blocus est une guerre économique destinée à provoquer le désespoir et la rébellion contre la révolution.

« Nous ne serions pas assez naïfs pour devenir dépendants du marché américain »

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Aujourd’hui, le tourisme est la première source de recette de l’économie cubaine. Deux millions de touristes s’y rendent chaque année.

- Cuba serait-il tout de suite économiquement opérationnel si le blocus cessait ?
Cuba ne s’est jamais adapté au blocus. Il a résisté au blocus. La fin du blocus créerait des conditions favorables. Les surcoûts que j’ai cités disparaîtraient. Au niveau du tourisme, nous estimons à 2 millions de personnes qui chaque année viendraient des Etats-Unis. Mais attention, nous ne serions pas assez naïfs pour devenir dépendants du marché américain. Nous avons su créer d’autres ressources importantes.

- Lesquelles ?
Le capital humain avec tous les diplômés universitaires. Nous allons bientôt arriver à un taux d’un diplômé universitaire pour dix habitants. Aujourd’hui, ce capital humain se manifeste, ce qui nous oblige à trouver des solutions, même si nous ne pouvons pas trouver toutes les solutions à tout.

A l’époque du camp socialiste, nos ennemis disaient que Cuba était un satellite de l’URSS. Depuis 18 ans, nos bons résultats en termes de santé, d’éducation, de sport, de culture… montrent que nous n’étions ni un satellite, ni une économie subventionnée.

- Le danger n’est-il pas de provoquer des frustrations entre un niveau de qualification très élevé et l’aspiration à une situation matérielle plus confortable ?
Les jeunes aspirent à un niveau de vie qui corresponde au diplôme obtenu. C’est normal. Sauf que le socialisme n’a jamais été la disparition des problèmes, mais le fait d’avoir plutôt d’autres types de problèmes, moindres. A Cuba, il n’y a ni chômage, ni faim. La propagande présente un monde idyllique dans les sociétés capitalistes. Mais souvent quand nos compatriotes y vont, ils souffrent, ils déchantent. Cela fait partie de la bataille d’idées que nous devons mener.

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Le pays importe 80% de ses aliments. L’État a décidé de distribuer des terres en friche pour redévelopper l’agriculture nationale.

- Les prix des denrées alimentaires demeurent une préoccupation chez les Cubains. Comment peut-on y remédier ?
La production d’aliments est un aspect insatisfaisant de notre société. Nous en importons trop (80%) alors qu’une partie peut être produite à Cuba. C’est dans ce sens que va la réforme de l’Etat qui a distribué des terres à des milliers de paysans pour qu’ils les cultivent. Tout n’est pas gagné pour autant. Il y a aujourd’hui seulement 15% de la population qui vit de l’agriculture, souvent des personnes âgées. Nous connaissons une contradiction vertueuse : les fils de paysans sont allés étudier en ville, ont bénéficié du système d’éducation, se sont diplômés. Mais maintenant, ils préfèrent rester à la ville plutôt que de retourner à la campagne.

- Aujourd’hui, la double monnaie (1) est-elle encore nécessaire ? Va-t-on vers une unification ?
La double monnaie a été une nécessité après la chute de l’Urss, pas un choix. Nous savions que ce n’était pas la meilleure solution mais c’était la seule dans les années 90. Le peso cubain avait perdu énormément de valeur (1 dollar pour 150 peso dans les années 90 ; 1 pour 24 aujourd’hui). Notre pays n’avait pas d’autres manières de se défendre. C’est pour cela que nous avons légalisé le dollar quelques années, pour pouvoir avoir des devises qui nous permettaient d’aller sur le marché mondial.

Mais notre objectif est de faire disparaître la double monnaie, d’arriver à l’unification pour que les salaires et les prix soient en peso cubain. On ne sait pas quand cela aura lieu. Je pense qu’il faut d’abord atteindre la croissance que nous avions dans les années 2004-2006.

Nous savons que c’est un gros sujet de mécontentement et d’inégalité, entre ceux qui ont accès à la monnaie convertible et ceux qui n’ont que des pesos cubains. Mais c’était le coût de notre survie. Il faut se rappeler qu’entre 1989 et 1993 notre PIB a chuté de 35%. Toutes ces questions devront être discutées lors du prochain congrès du Parti communiste de Cuba.

- Cette unification monétaire permettra-t-elle une hausse des salaires, qui restent assez bas ?
L’unification monétaire n’aboutira pas à une augmentation générale des salaires. Les salaires augmenteront si la production augmente. L’unification va éliminer les inégalités face à l’accès à certains produits, mais les disparités salariales ne vont pas disparaître. Nous avons fait des erreurs avec l’égalitarisme. Nous n’avons pas peur de ceux qui gagnent beaucoup d’argent, à partir du moment où c’est le fruit d’un travail légal.

- Quelle place pour la propriété privée dans le Cuba de demain ?
Il y a des secteurs où la propriété privée existe et fonctionne, comme l’agriculture avec environ 12% des terres. Des gens travaillent aussi à leur compte : les taxis, la restauration, les chambres d’hôte. Le débat est ouvert, sans préjugés. Je ne pense pas que l’étatisation totale soit la solution. Je crois que l’Etat doit conduire les secteurs fondamentaux. Mais dans des secteurs comme le petit commerce, l’artisanat… je ne vois pas ce qui pourrait empêcher l’emploi privé.

C’est une autre question qui devra être débattue au niveau de notre société toute entière.

Propos recueillis par SÉBASTIEN MADAU

(1) Dans les années 90, l’Etat a créé une monnaie convertible (CUC) qui vaut un dollar. Cette réforme lui a permis de se rendre sur le marché mondial. A Cuba, des Cubains sont payés en CUC et ont accès à des produits importés vendus en CUC.


Le blocus au jour le jour

Le 28 octobre dernier, l’Assemblée générale de l’ONU a une nouvelle fois condamné le blocus qui frappe Cuba depuis près d’un demi-siècle. Un dispositif lancé par l’administration Eisenhower quelques mois à peine après le triomphe de la Révolution et qui handicape de nombreux secteurs de la société socialiste.

Eloy Leon Gomez est directeur du Département des affaires et relations internationales au Ministère de l’Industrie de base. « Le blocus continue à se faire sentir, malgré les changements aux Etats-Unis ». La réponse à notre première question est claire. « Energie, construction, industrie pharmaceutique, nickel, chimie… dans tous les domaines nous avons des cas à vous citer pour lesquels nous avons perdu de l’argent à cause du blocus ».

Le principal : « ne pas avoir le droit d’acheter sur les marchés de notre choix ». Ce qui augmente les frais de livraison et d’achat à des entreprises qui n’hésitent pas augmenter les prix. « Économiquement, c’est incompréhensible ». Les Etats-Unis sont en effet prêts à sacrifier la croissance de certaines de leurs entreprises pour ne pas commercer avec Cuba.

Parfois, les transactions se font quand même, via un pays tiers. « Un intermédiaire… » précise Eloy Leon Gomez sans dévoiler les pays qui collaborent. Discrétion oblige.


L’île s’est lancée dans une révolution énergétique
pour diminuer la consommation d’énergies fossiles.

« Tout serait beaucoup plus simple…»
Pour autant, « nous ne restons pas les bras croisés. Nous cherchons des alternatives à chaque fois » assure-t-il. « Bien sûr, sans le blocus et la crise économique, nos programmes se réaliseraient plus rapidement. Mais ils se font quand même ». La révolution énergétique dans laquelle s’est lancée l’île depuis plusieurs années est la priorité des priorités pour diminuer la consommation de combustible.

Parfois, Eloy Leon Gomez s’amuse à imaginer Cuba sans le blocus. « Tout serait beaucoup plus simple. On pourrait choisir nous-mêmes nos marchés ».

Pour l’heure, c’est l’Alba, une alternative progressiste fondée avec le Venezuela, qui permet à Cuba de répondre à une grande partie de ses défis. « C’est une aide fondamentale, un marché basé sur l’intégration des peuples avec un esprit de complémentarité et non pas de commerce. C’est clair, ça pondère les effets du blocus ».

Même si certains dysfonctionnements sont dus au blocus, c’est l’Etat cubain qui doit, sur place, gérer le mécontentement de la population. « Nous menons une politique de communication sur ces thèmes » précise le directeur, « les gens comprennent et nous faisons le maximum de notre côté pour diminuer ces désagréments ».

SÉBASTIEN MADAU

***************
Source: la Marseillaise- " À Cuba le débat est ouvert sans préjugés "
Article original publié le 29 décembre 2009 dans le quotidien la Marseillaise sud-est, P.42-43

Posté par LE TACLE à 15:16 - 1-LES GRANDS DOSSIERS DU QUOTIDIEN "LA MARSEILLAISE" sud-est -
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1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 19:22
Unis, nous continuerons à partager la bataille
Message de la jeunesse cubaine à l’occasion du 51 anniversaire du triomphe de la Révolution     

Compatriotes,

Il ne reste que quelques heures avant de célébrer ensemble, avec la joie de vivre ensemble dans cette patrie grande et libre, le 51ème anniversaire du triomphe de la Révolution, symbole de justice, d’égalité et de respect, face aux sinistres propos de l’empire et de ses complices, qui,  avec tellement d’égoïsme et d’irrationalité, conduisent à la destruction accélérée de la planète et de la vie.

Nous affirmons  notre solidarité avec les hommes et les femmes de tout âge qui dans les rue de Copenhague, ont livré une bataille exemplaire pour le futur, spécialement avec les jeunes, qui malgré une répression féroce ont défendu l’espérance de millions d’êtres humains.

Le capitalisme est le chemin de la destruction, et deux exemples démontrent comment il a détruit, violé toutes les règles juridiques et morales, clés essentielles de l’humanité : le coup d’Etat au Honduras et l’injuste emprisonnement de nos cinq compatriotes. Seul un système social juste et vrai, de profondes valeurs éthiques comme le socialisme est capable de sauver la vie et d’apporter à l’être humain  des conditions d’existence dignes.  

Défendre les bannières du socialisme à Cuba est un engagement envers l’humanité que les jeunes cubains d’aujourd’hui, avec cette  manière d’être et de penser qui nous est propre, le langage des temps nouveaux et les coutumes de notre époque, ont  la responsabilité historique de réaffirmer, conscients que  devant nous, tout sera plus difficile parce que l’ennemi ne se lassera pas dans son acharnement à détruire la Révolution, en employant n’importe quel moyen : le criminel blocus qui dure depuis cinquante ans, et la sale guerre idéologique, aujourd’hui avec des méthodes de plus en plus subtiles, utilisant tout type de moyen pour mentir, tromper, et semer des incertitudes.

Nous sommes immergés dans notre IX Congrès, garantissant l’UJC comme organisation de la jeunesse du parti communiste de Cuba, forgée dans la conception marxiste-léniniste, les idées et la pratique de la pensée de Marti, de Mella et l’exemple impérissable de Fidel et Raoul.

Unis, nous continuerons à partager la bataille, les risques, les sacrifices, les objectifs, les idées, les concepts et les stratégies, que l’on obtient par les débats et les analyses, liés à l'apport productif et l'élévation de la conscience économique. Nous contribuerons à perfectionner notre socialisme et nous en profiterons, en étudiant, en travaillant, en construisant cette oeuvre d'amour infini qui est capable, malgré des limitations et les obstacles,  de protéger l’être humain, de compter sur lui et d’obtenir la victoire. Nous livrerons la lutte commune contre les annexionistes,   les vendeurs de Patrie  et les corrompus; toujours tendus vers  un horizon unique : celui de l'espérance.

Jusqu’à la victoire toujours !

Meilleurs vœux de bonheur à tous nos compatriotes !

Vive Fidel et Raoul !

La Patrie socialiste ou la mort !

Nous vaincrons

Bureau national de l’union des jeunes communistes

http://www.juventudrebelde.cu/cuba/2009-12-30/unidos-continuaremos-compartiendo-la-batalla/

traduction RML cubalinda

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1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 12:23
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Beijing, 31 décembre, (RHC)- Carlos Alzugaray, Spécialiste universitaire cubain, a qualifié d’ambigüe la politique du Président Barack Obama envers Cuba. Il a ajouté que, bien que des changements superficiels aient été introduits, l’essence du conflit reste inchangée car les États-Unis ne prennent pas en considération le noyau du conflit et continuent à ignorer les revendications essentielles de notre pays.

« Les attentes éveillées par Obama sont beaucoup plus nombreuses que les pas concrets qu’il a faits et, dans le cas de Cuba, l’appareil de propagande a voulu le présenter comme un grand changement, mais pour l’essentiel, la politique reste la même » a ajouté ce professeur de l’Université de La Havane.

Dans le cadre de son agenda de travail, Carlos Alzugaray a donné une conférence à l’Ambassade de Cuba à Beijing sur la politique extérieure de notre pays y compris sur les relations avec Washington, devant des responsables du ministère chinois des Affaires étrangères et des journalistes de plusieurs médias.

Dans des déclarations à l’agence Prensa Latina, Carlos Alzugaray a a relevé que bien que l’on constate qu’il s’agit d’un discours nouveau, on se rend compte aussi du fait que les résultats sont ambigus. Il se référait au maintien du blocus, de la base navale de Guantanamo située sur une portion du territoire cubain contre la volonté du gouvernement et du peuple cubains et à l’emprisonnement des 5 antiterroristes cubains malgré la clameur internationale en faveur de leur libération.
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31 décembre 2009 4 31 /12 /décembre /2009 08:54

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Mireya Castañeda granma

• UN an représente peu de chose dans la vie. Mais quand on observe ce qui s’est passé durant cette brève période, ne serait-ce que dans le domaine culturel, on s’aperçoit qu’elle a laissé une empreinte profonde dans la mémoire de beaucoup.

C’est précisément ce mot «beaucoup» qui, à Cuba, fait la différence. Durant toute l’année dernière, c’est le public, le spectateur, le lecteur, le cinéphile, le mélomane, le passionné de danse, qui ont été les véritables acteurs de toutes les manifestations artistiques qui se sont produites. Les foires, festivals, concerts, prix, disques, artistes invités, prennent tout leur sens quand on sait l’engouement qu’ils ont suscité parmi la population de l’île, avec des millions de passionnés de culture.

N’oublions pas, non plus, que cette année 2009 a aussi été marquée par le 50e anniversaire de deux institutions, la Casa de las Américas et l’Institut cubain de l’art et de l’industrie cinématographique (ICAIC).

LE CINEMA

Avec l’attribution, le 24 mars, à Alfredo Guevara de l’Ordre José Marti, la plus haute distinction de l’Etat cubain, hommage était rendu à toute l’histoire du cinéma révolutionnaire cubain en défense de l’œuvre révolutionnaire, la transformation de la vie spirituelle de notre peuple et la préservation de la mémoire historique.

Le général d’armée Raul Castro, président du Conseil d’Etat et du Conseil des ministres, a remis la décoration à Guevara, un des fondateurs de l’ICAIC.

Rien n’est plus révélateur que cette enquête réalisée, en 2009, sur les 100 meilleurs films de cinéastes ibéro-américains, où Tomas Gutiérrez Alea, dit Titon (1928-1996), arrive en tête pour son film Mémoires du sous-développement (1968), à l’occasion précisément du 40e anniversaire de sa sortie.

Le 50e anniversaire de l’ICAIC ne pouvait pas mieux tomber car cette année 2009 a été particulièrement prolifique, avec des longs métrages d’une extrême diversité du point de vue thématique, avec des genres et des styles différents, et des réalisateurs appartenant à différentes générations. Citons La anunciacion, du cinéaste et prix national de cinéma, Enrique Pineda Barnet; El cuerno de la abundancia (La Corne d’abondance), de Juan Carlos Tabio, et deux premiers films, Los dios rotos (Les dieux brisés), d’Ernesto Daranas, et Ciudad en rojo, de Rebeca Chavez.

Lors du 31e Festival international du nouveau cinéma latino-américain, ont obtenu des prix Corail El premio flaco/Iraida Malberti, Huan Carlos Cremata Malberti, et Lisanka/Daniel Diaz Torres.

Le Festival de cinéma est un événement à part. Pendant dix journées intenses, on peut voir les meilleurs films de la région, ceux de la compétition, mais aussi des films en provenance d’autres pays. Lors de la récente édition, la Section officielle comportait à elle seule 110 films, et la Section «hors compétition», plus de 170. 

El secreto de sus ojos, le film le plus récent de l’Argentin Juan José Campanella, joué par des acteurs célèbres tels que Ricardo Darin (Corail du meilleur acteur), Guillermo Francella et Soledad Villamil, a été choisi pour ouvrir le festival, avant de remporter finalement le prix spécial du jury.

Nous avons déjà publié tous les prix, mais rappelons l’essentiel: La teta asustada de la Péruvienne Claudia Llosa, a remporté le prix Corail de fiction et Catalina Saavedra le Corail de la meilleure actrice pour La Nana (Chili).

Cuba a dû se consoler avec la majorité des onze prix décernés par des institutions et des organismes cubains liés au monde de la culture, des journalistes spécialisés et des critiques: quatre d’entre eux sont revenus à Juan Carlos Cremata pour El premio flaco.

Il faut souligner la présence au Festival de trois Nord-américains, le cinéaste Curtis Hanson (L.A. Confidencial); Robert Kraft, président de la compagnie Fox Music Inc. qui a donné une conférence magistrale sur la relation musique/cinéma, et le guitariste et compositeur Gary Lucas qui a joué en direct, en première mondiale, la bande sonore du film Dracula (version latino).

L’année 2009 a vu aussi débarquer à La Havane quatre détenteurs d’Oscars, James Caan, Robert Duvall, Bill Murray et Benicio del Toro, l’acteur portoricain qui a reçu le prix international Tomas Gutiérrez Alea, décerné pour la première fois par l’Union des écrivains et artistes de Cuba (UNEAC).

Deux autres stars d’Hollywood, Danny Glover et Harry Belafonte, ont voyagé dans l’île à l’occasion de l’inauguration de la Casa del Cine del Caribe.

LA MUSIQUE

La musique a été présente tout au long de l’année. L’événement culte a sans doute été le Concert Paix sans frontières à La Havane. L’idée du Colombien Juanes avait, pour le moins, suscité la polémique. Et cependant… des stars internationales de la balade, du rock, de la fusion, de la pop, du mérengué et de la salsa ont chanté sur la Place de la Révolution devant 1 150 000 Cubains.

Leurs noms? La charismatique diva portoricaine Olga Tañon; l’Espagnol Miguel Bosé; Carlos Varela; Juanes lui-même; Silvio Rodriguez, les Espagnols Luis Eduardo Aute et Victor Manuel; le Portoricain Danny Rivera; le groupe hip-hop Orishas; Cucu Diamantes et le groupe Yerba Buena; l’Italien Jovanotti; X Alfonso; l’Equatorien Juan Fernando Velazco; Amaury Pérez et Los Van Van.

Le concert s’est terminé en apothéose avec Los Van Van, qui, en compagnie de tous les chanteurs, ont repris en chœur la célèbre chanson Chan Chan, de l’inoubliable Compay Segundo.

Deux productions discographiques de haute tenue artistique, Gracias et Juntos para siempre, d’Omara Portuondo et de Bebo et Chucho Valdés, respectivement, ont remporté tous les deux des Grammy Awards qui sont décernés aux Etats-Unis, et cela malgré tous les obstacles, aussi bien politiques et commerciaux, qui durant des dizaines d’années faisaient passer la qualité musicale au second plan.

Le Grammy Latino du meilleur album tropical contemporain a été décerné à Omara pour Gracias, et le second, dans la catégorie du Meilleur album latino, a été attribué à Chucho Valdés et son père, Bebo, pour le disque Juntos para siempre.

Avec Gracias, Omara avait déjà remporté le grand prix de CUBADISCO, avec Juan Formell et Los Van Van pour Aqui el que baila gana, un album qui débute par Chapeando et qui continue avec certains des plus grands succès de la formation, El baile del buey cansa’o, Anda ven y muevete, El negro esta cocinando, Marilu, etc., des chansons qui ont fait danser des générations de Cubains.

Une autre manifestation musicale de 2009 a été la 25e édition du Festival international de Jazz Plaza, qui, selon son président, Chucho Valdés, a démontré au monde entier que Cuba continue d’être la reine du jazz latino. 

Quant aux musiciens étrangers qui se sont produits ici, citons en premier lieu le groupe nord-américain Kool and The Gang; le célèbre groupe mexicain de rock Café Tacuba et le chanteur et compositeur français d’origine espagnole, Manu Chao.

Il faut aussi évoquer des disparitions qui ont ému beaucoup de monde; celle de Michael Jackson, dont l’album Thriller s’est vendu à plus de 41 millions d’exemplaires, et celle de Mercedes Sosa, voix légendaire de la chanson latino-américaine, aux chansons inoubliables telles que Gracias a la vida ou Cuando tenga la tierra.

LA LITTERATURE

On a d’abord fêté, cette année 2009, le 120e anniversaire de L’Age d’Or, une revue mensuelle de 32 pages dont l’unique rédacteur était José Marti, le héros de l’indépendance cubaine.

Un autre anniversaire qu’on ne peut passer sous silence: il y a 80 ans le Vénézuélien Romulo Gallegos écrivait Doña Barbara, le roman le plus célèbre de son pays.

Passons maintenant à la Casa de las Américas, fondée, en avril 1959, par Haydée Santamaria, héroïne de l’attaque contre la caserne Moncada en 1953, de la lutte clandestine urbaine et guérillera dans la Sierra Maestra, qui, par ce geste, visait une plus grande intégration de l’Amérique latine.

Cela fait 50 ans que la Casa fait le lien entre Cuba et les pays latino-américains et caribéens; qu’elle diffuse le meilleur de la culture de notre Amérique et qu’elle favorise le rapprochement entre ses créateurs.

Dès l’année de sa fondation est créé le célèbre concours littéraire qui allait devenir bientôt le prix littéraire Casa de las Américas, aujourd’hui indissolublement lié à l’histoire de la littérature latino-américaine et caribéenne.

Voici quelques écrivains dont les noms sont inséparables de l’histoire de la Casa: Alejo Carpentier, Ezequiel Martinez Estrada, Manuel Galich, Harold Gramatges, George Lamming, Juan José Arreola, Julio Cortazar et Mario Benedetti, dont la mort, cette année, a plongé dans le deuil le monde des lettres latino-américaines.

Une autre disparition, celle de Cintio Vitier, a été vivement ressentie: il laisse une œuvre poétique impérissable; il était aussi un excellent essayiste et un grand spécialiste de l’œuvre de José Marti.

Jetons un œil maintenant de l’autre côté, celui du lecteur. Cette année s’est déroulée la 18e édition de la Foire internationale du livre de Cuba, avec le Chili comme invité d’honneur. Elle a été inaugurée par la présidente chilienne, Michelle Bachelet, et le président cubain, Raul Castro, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée à la Forteresse de San Carlos de la Cabaña.

Le lecteur cubain, connu pour son amour des livres, n’avait que l’embarras du choix: 6 millions de livres et 1 000 nouveaux titres.

La Foire du livre est devenue la manifestation culturelle la plus importante de l’île. Une véritable fête pour la famille, avec plus de 4 millions de visiteurs dans les 16 villes qui l’accueillent.

LE BALLET

Il n’est pas exagéré d’affirmer, pour qui connaît un peu la vie culturelle à Cuba, que le ballet n’est pas ici un art réservé à l’élite. On s’en est rapidement rendu compte lorsque le Royal Ballet de Londres s’est produit à La Havane, cette année. Aussitôt, c’est le branle-bas de combat en ville, comme cela s’est produit lors du Festival international de ballet.

En guise d’entrée en matière, le Royal Ballet a offert Chrome, d’après une chorégraphie de Wayne McGregor, et Un mois à la campagne, sur une chorégraphie du grand Frederick Ashton. Un hommage a été rendu, à cette occasion, à la «prima ballerina assoluta» Alicia Alonso, avec la pièce Thème et variations, que George Balanchine avait créée pour elle et pour Igor Youskevitch, en 1947. En clôture du spectacle, le Royal ballet présenta une spectaculaire Manon, sur une chorégraphie de Kenneth MacMillan, désormais un classique du 20e siècle, avec la danseuse espagnole Tamara Rojo et le danseur cubain Carlos Acosta.

La compagnie Sasha Waltz and Gusts, considérée comme la meilleure ambassadrice de la danse contemporaine de l’Allemagne, s’est également produite à La Havane à l’occasion du 50e anniversaire de la création de la Compagnie de danse contemporaine de Cuba.

Il est bon de rappeler que le 19 février 1960, la Compagnie de danse contemporaine de Cuba présentait ses premiers spectacles: Mulato et Mambi, deux titres particulièrement évocateurs, sur des chorégraphies de Ramiro Guerra, ainsi que Etude des eaux, de la Nord-américaine Lorna Burdsall

Le danseur et professeur Miguel Iglesias dirige la Compagnie de danse contemporaine depuis 21 ans. Il a travaillé en collaboration avec d’autres créateurs, comme le Hollandais Jan Likens, auteur de Folia et Compas, l’Algérien Samir Akika, qui a monté Nayara, mira pero no toques, le Catalan Rafael Bonachela, qui a chorégraphié Demon-Crazy, et plus récemment avec le Suédois Mats Ek, qui a monté le ballet Casi-casa.

Par ailleurs, nous avons eu à déplorer, en 2009, la mort de la prestigieuse chorégraphe allemande Pina Bausch, fondatrice de la compagnie Tanztheater de Wuppertal, une perte immense pour la danse internationale.

LES ARTS PLASTIQUES

Cette année, nous avons accueilli la 10e Biennale de La Havane, un événement prestigieux de renommée internationale, organisé par le Centre Wifredo Lam.

A cette occasion, La Havane s’est transformée en une immense galerie d’art, avec plus de 100 espaces consacrés à cet événement. Plus de 300 artistes provenant de 54 pays ont participé à la Biennale, sans compter les artistes cubains.

La Casa de las Américas a, pour sa part, dédié l’année 2009 à l’ «art cinétique», soulignant ainsi les nouvelles tendances en art contemporain.

Une première exposition, intitulée De l’abstraction… à l’art cinétique, a été organisée avec la participation d’artistes originaires d’Argentine, du Brésil, de Colombie, d’Equateur, d’Espagne, de Hongrie, du Mexique, de Roumanie, de Cuba et du Venezuela. D’autres expositions ont eu lieu, et elles dureront jusqu’en janvier 2010, comme celles de la Chilienne Matilde Pérez, des Argentins Leon Ferrari et Rogelio Polesello, du Vénézuélien Carlos Cruz-Diez, de Luis Tomasello (Argentine-France), et du grand maître Julio Le Parc, qu’on peut encore visiter.

La Havane ne pouvait oublier l’art du futur. Aussi le Centre culturel Pablo de la Torriente Brau a-t-il organisé la 10e édition du Salon et du Concours de l’art digital.

LE THEATRE

Les arts de la scène ont aussi connu leur moment de gloire, avec le 13e Festival international du Théâtre de La Havane, auquel ont participé plus de 60 compagnies nationales et internationales

71 spectacles ont été offerts, sur une trentaine de scène qui ont accueilli plus de 75 000 spectateurs. Dans bien des cas, il a fallu refuser du monde.

L’année 2009 a donc été fertile en événements de toutes sortes, spectacles, concerts, concours divers, foires et festivals, qui se sont tous distingués par leur grande qualité. •

LES PRIX DECERNES EN 2009

• Un très grand nombre de prix ont été remis cette année dans différentes disciplines, qui attestent de la vigueur et de la diversité de la vie culturelle à Cuba.

Lorna Burdsall (Etats-Unis, 1928): danseuse et chorégraphe, elle avait déjà remporté le prix national de la Danse 2008. En 2009, elle a reçu le prix de l’Enseignement artistique, «pour son travail rigoureux dans la formation professionnelle de plusieurs générations et pour sa grande humanité».

Ramiro Guerra: Déjà lauréat du prix de la Danse et de celui de l’Enseignement artistique, il a reçu celui de la Recherche culturelle pour ses nombreux écrits sur la danse moderne et les particularités de la pratique du ballet à Cuba.

Ambrosio Fornet: Cet écrivain, auteur de A un paso del diluvio, En tres y dos, La coartada perfecta et de l’essai El libro en Cuba; siglos XVIII y XIX, a reçu le prix de Littérature pour «son apport remarquable à la culture nationale dans les domaines de l’essai, de la critique, de l’édition, des études littéraires et du livre en général, ainsi que pour sa contribution intellectuelle».

Nelson Dominguez: Cet artiste a reçu le prix des Arts plastiques. Peintre, sculpteur, graveur, il est un des artistes les plus représentatifs de la peinture cubaine contemporaine. Son œuvre, teintée d’allégories et de symboles, parle de l’engagement socioculturel de l’artiste, des rapports entre l’homme et l’univers dans lequel il vit. Créer est, pour lui, «une nécessité première».

Carlos Pérez Peña: Le jury a accordé le prix du Théâtre à «cet homme de la scène qui est devenu une référence incontournable en la matière… C’est une personne qui nous apprend à vivre et à bien faire les choses».

Leo Brouwer: Compositeur, guitariste et chef d’orchestre, il a obtenu le Prix Cinéma 2009 pour sa contribution importante au langage cinématographique. L’œuvre de ce grand musicien est étroitement liée aux films qui ont marqué notre cinématographie, comme Mémoires du sous-développement et La dernière scène, de Tomas Gutiérrez Alea, de même que Lucia et Cecilia, de Humberto Solas, entre autres.

Teresita Fernandez: Elle a reçu le Prix national de Musique pour «la richesse du répertoire musical de cette chanteuse, pour son enseignement et son dévouement envers la chanson porteuse des valeurs humaines les plus nobles». Mi gatico Vinagrito, Tin tin la lluvia, Lo feo, Amiguitos vamos todos a cantar, sont quelques-unes des chansons qui font désormais partie du patrimoine musical cubain et latino-américain.

Isidro Rolando: Régisseur de la Compagnie de danse contemporaine de Cuba, également danseur, chanteur et chorégraphe, il a remporté le prix de la Danse. Rolando s’est illustré dans des ballets classiques comme Sulkary ou Panorama, et il a assumé la chorégraphie du non moins classique Rapt des mulâtres, entre autres.
 

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