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10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 13:45

La société idéale des "dissidents" cubains...

Le récent suicide d’un des contre-révolutionnaires cubains qui avaient choisi d’aller vivre en Espagne reflète la situation de désespérance dans laquelle ils se trouvent, en voyant se dissiper l’illusion que le gouvernement ibérique allait les alimenter indéfiniment, comme les USA le faisaient pendant qu’ils menaient leurs actions mercenaires à l’intérieur de Cuba.
 
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Albert Santiago Du Bouchez à son arrivée
en Espagne dotée de la société de ses rêves...
Albert Santiago Du Bouchet Hernández est la nouvelle victime. On ne connaît pas encore les raisons exactes qui l’ont poussé au suicide à La Palma, aux Iles Canaries, ville dans laquelle il vivait après sa libération d’une prison cubaine, où il purgeait une peine à cause de ses activités subversives et déstabilisatrices contre l’île, financées et dirigées par Washington.


Du Bouchet est un échantillon de l’avenir incertain choisi par ce petit groupe de cubains confronté au mal-vivre en Espagne, après s’être servi du soi-disant combat pour la « défense des droits humains » à Cuba, comme tremplin pour émigrer vers des sociétés capitalistes.

En Espagne, ces « patriotes » cubains s’étaient imaginés être reçus comme des « héros » et trouvaient qu’il était légitime qu’on subvienne à leurs besoins de logement, argent et nourriture, aux frais de la princesse.

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Les contre-révolutionnaires cubains
en Espagne...18 mois après.
La réalité fut toute autre. Aujourd’hui, ils vont de porte en porte, en criant au scandale, en insultant, en maudissant et en accusant Cuba de leurs malheurs. Le temps de l’argent facile, durant lequel l’USAID leur envoyait un chèque tous les mois pour qu’ils assurent la propagande d’un discrédit imaginaire de leur propre Patrie, est terminé.

Et comme ce n’était pas suffisant, suite aux coupes budgétaires décidées par le gouvernement espagnol, le Ministère des Affaires Étrangères et de Coopération annonce la fin du programme d’accueil (1) [convenu entre les deux parties NdT] et donc, la fin des aides perçues par les contre-révolutionnaires cubains et les membres de leur famille accueillis sur le territoire espagnol.

À Cuba, ces gens ont appris qu’ils pouvaient se faire de l’argent facile, en vendant l’âme au diable –en clair- à l’ennemi numéro 1 de leur propre peuple. Les USA les ont maintenus et les ont financés en sachant sciemment qu’aucun d’eux n’avait de convictions politiques dans ce qu’il faisait.

Aujourd’hui, comme dirait mon vieil ami Jean, « ils se sont mis dans la merde » et je pense qu’ils commencent à comprendre la leçon de la société capitaliste qui apprend que « celui qui ne travaille pas…finit par crever de faim ».
(…)
1) Versement mensuel de 700 euros pour le logement, 180 euros pour chaque membre de la famille, un abonnement gratuit pour les transports et une couverture médicale gratuite pour la famille, pendant 12 mois renouvelable 6 mois.
Miguel Fernández Martínez
Trad. Jilata 

Article publié le 5 avril 2010 sur Cuba la isla infinita

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10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 13:44

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Par Tania Hernández  RHC

Par: Oliver Zamora Oria

En Europe, la crise n’est pas seulement économique : c’est également une crise des systèmes politiques et de la souveraineté nationale des Etats ; la démocratie illusoire dans laquelle ont vécu les Européens depuis des décennies est en train de se fissurer.

L’Espagne est un exemple classique de cette barbarie; le gouvernement de Mariano Rajoy a répondu à la grève générale contre la réforme du code du travail et les mesures impopulaires avec un nouveau budget de l’Etat, un nouveau tour de vis et une nouvelle gifle pour des millions d’Espagnols qui ont perdu patience.

Ces nouvelles coupes budgétaires sont les plus dramatiques depuis la fin du franquisme et elles dévoilent les véritables intérêts qui se cachent derrière le gouvernement de droite de Rajoy ; ce n’est pas par hasard que ces mesures satisfont les autorités européennes, en particulier celle de l’Allemagne et les voleurs qui s’adonnent à la fraude fiscale. De quoi s’agit-il ? De nouvelles coupes dans les dépenses sociales pour un montant de 27 milliards 300 millions d’euros : le Ministère du Développement, chargé des travaux publics, sera durement frappé par cette mesure. Selon le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), qui a gouverné avant le Parti « Populaire », ces coupes budgétaires provoqueront la faillite de 2500 entreprises de travaux publics et laisseront 200 000 employés sur le carreau.

Mais ce n’est pas tout. Les ministères verront leur dotation baisser de presque 17%, ce qui aura des conséquences sur l’éducation, le logement, l’intégration des immigrés et la coopération internationale. Les prix du gaz et de l’électricité augmenteront, mais la mesure la plus immorale est une sorte d’ « amnistie fiscale » pour les personnes qui se sont livrées à la fraude fiscale : alors que les travailleurs ont la corde au cou, les voleurs en col blanc, des chefs d’entreprises pour la plupart, ont l’occasion de se laver les mains.

Cándido Méndez, secrétaire de l’Union Générale des Travailleurs (UGT), estime que l’Espagne a besoin d’une grande réforme fiscale. Il a souligné que l’économie parallèle prive le ministère du Logement de plus de 60 milliards d’euros, c'est-à-dire l’équivalent du montant des coupes budgétaires exigées par l’Union Européenne pour ramener la dette publique à 3% du Produit Intérieur Brut. Rajoy a l’intention de majorer de 10% les impôts des fraudeurs qui déclareraient leurs revenus. Mais comment s’assurer que ces voleurs vont cesser de tricher sachant que le gouvernement de Rajoy a toujours été incapable de retrouver leur piste ?

La question qui se pose est la suivante : est-ce que l’Espagne va pouvoir encaisser ce choc. Jetons un coup d’œil sur les chiffres. Selon le recensement 2011 de la population active, le nombre de personnes privées d’emploi s’élève à 5 273 600, soit 22,85% de la population active. Selon les prévisions du gouvernement, le chômage pourrait atteindre 24% cette année, soit 6 millions.

Même si sa situation économique n’a strictement aucun rapport avec celle de ses compatriotes, Mariano Rajoy sera aussi victime de ses propres réformes ; il n’a pas bénéficié de l’habituelle lune de miel des 100 premiers jours de gouvernement, les Espagnols lui ont déjà accolés l’étiquette de menteur et ses sympathisants se tournent vers d’autres organisations politiques. Avec un homme comme Rajoy à la tête du pays, quelqu’un qui fait de la politique depuis des décennies et qui a toujours été incapable de gagner des élections grâce à ses propositions, l’Espagne risque de vivre l’une des pages les plus noires de son histoire.

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 07:57

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C’est Cuba qui est visé... mais les révoltes éclatent en Espagne!

 

Le mouvement inédit qui réunit depuis dimanche des milliers de personnes en Espagne pour dire « non » à l'austérité, cherche à s'étendre avec la convocation de rassemblements à travers le monde.

Buenos Aires, Bruxelles, Paris, Mexico, Berlin, Bogota, Vienne : des concentrations sont prévues de jeudi à dimanche, sur des places emblématiques ou devant les ambassades d'Espagne, a indiqué le mouvement "Democracia real, Ya!" (Une vraie démocratie, maintenant!) sur son site internet (en espagnol). D'autres rassemblements sont aussi prévus à Birmingham, Bristol, Edimbourg en Grande-Bretagne et Padoue ou Turin en Italie. A Paris, qui accueille de nombreux étudiants espagnols, le rassemblement est prévu à 18 heures devant l'ambassade d'Espagne.

"Vous prenez l'argent, nous prenons la rue", "Si vous ne nous laissez pas rêver, nous ne vous laisserons pas dormir", proclamaient des banderoles dépliées à la Puerta del Sol, lieu de rassemblement emblématique au coeur de Madrid. Depuis de début de la semaine, aux cris de "nous avons le droit de nous indigner" des milliers de manifestants, répondant à des appels lancés sur les réseaux sociaux, envahissent les rues des villes d'Espagne dans l'espoir de faire entendre leur voix avant les élections locales de dimanche. Des centaines, parfois des milliers de jeunes, se relaient jour et nuit sur l'emblématique place Puerta del Sol à Madrid, où un véritable bivouac a été organisé. "Nous avons l'intention de rester ici jusqu'aux élections" de dimanche, a expliqué Juan Rubio, un porte-parole de ce mouvement hétéroclite, rassemblant beaucoup de jeunes, mais aussi des citoyens de toutes origines, chômeurs, fonctionnaires ou retraités, qui réclament "une vraie démocratie, maintenant". "C'est un mouvement en construction, nous sommes encore en train de rassembler nos idées, d'organiser des assemblées pour un changement social", a-t-il ajouté. 

Mais dans un pays peu habitué aux manifestations de masse, tous expriment lassitude et frustration face aux retombées de la crise et au chômage, qui a continué à grimper au premier trimestre avec un taux record de 21,19%. En février, 44,6% des moins de 25 ans étaient sans emploi.

Source


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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 13:39

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En Octobre 2010, des millions de Français ont envahi les rues pour protester contre la casse des retraites.

 

Mais aussi :

 

- LA GRECE a commencé en mai avec la casse des emplois publics jusqu'en septembre  avec celle des retraites.

 

- L'ESPAGNE a rempli les rues pour protester contre les dispositions imposées par le FMI à son gouvernement.

 

- L'ANGLETERRE  proteste contre l'âge de départ à la retraite fixé à 66 ans, 67 pour une retraite à taux plein! Puis, contre l'élévation des droits d'inscription scolaire...

 

- L'ALLEMAGNE proteste contre les augmentations d'impôts, l'augmentation de l'âge de départ à la retraite à 63 ans.

 

- L'ITALIE s'insurge contre la casse de l'université. Les Etudiants ont pris d'assaut le Sénat de Rome.

 

- LA ROUMANIE, pays le plus pauvre d'Europe, pourrait voir son gouvernement chuter devant les protestations engendrées par les "mesures" imposées à celui-ci par le FMI

 

- LE PORTUGAL remplit les rues contre les augmentations d'impôts, les baisses des salaires, et la privatisation de la Sécurité Sociale

 

- LA REPUBLIQUE TCHEQUE a mobilisé le 21 Septembre 40 000 employés de la Fonction Publique contre les réductions imposées par le gouvernement.

 

- LA  POLOGNE envahit les rues de Varsovie pour protester contre le gel des salaire dans les emplois publics.

 

- LE PARLEMENT EUROPEEN, à Bruxelles, a été aussi le siège de manifestations, aussi brutalement réprimées que toutes les autres.

 

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Madrid

 Alma

Sources :

 

http://www.cubadebate.cu/noticias/2010/09/29/se-incendia-europa/

 

http://www.cubadebate.cu/noticias/2010/11/25/europa-esta-que-arde-protestas-en-irlanda-grecia-inglaterra-italia-portugal/print/

 

Photos :

 

 http://www.cubadebate.cu/fotorreportajes/2010/10/03/en-imagenes-la-huelga-que-sacudio-a-europa

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 11:36

c.160.110.16777215.0-stories.amarilis.2010.noviembre.alarc.jpgLe président du Parlement cubain Ricardo Alarcon a reçu une délégation du Groupe confédéral de la Gauche Unitaire Européenne-Gauche Verte Nordique (GUE-NGL), un groupe politique ayant des sièges au Parlement européen.

Alarcon a accueilli le député européen du Parti Communiste espagnol Willy Meyer qui est à la tête du groupe composé de 17 députés Espagnols, portugais, grecs, chypriotes, lettones et Allemands.

Alarcon a remercié le groupe, dont la plupart sont des parlementaires jeunes, pour leur solidarité et leur amitié avec Cuba.

Meyer a remercié le dirigeant cubain pour l'accueil et ratifia leur décision de continuer de travailler à l'amélioration des liens entre Cuba et l'Union européenne (UE)

Il a dit qu'ils font partie du seul groupe parlementaire européen qui a voté en 1996 contre la position prise par l'Union Européenne sur Cuba où ce dernière avait adhéré les celles des États-Unis en posant des changements au systèmes social et politique cubains à l'amélioration des relations avec Cuba, ce que l’île a rejeté pour le considérer comme une ingérence dans ses affaires intérieures.

Le député a souligné qu’ils ne renonceront pas à leurs efforts pour parvenir à une compréhension bien nécessaire entre l'UE et Cuba. Il a également exprimé son refus aux 50 longues années du blocus économique, financier et commercial imposé par les États-Unis à Cuba.

Il a également déclaré à la presse que la position commune s’avère obsolète, du fait que l’UE ne l'applique qu’à Cuba et sans raison.

La délégation est arrivée à Cuba dimanche dernier et réalise une série de visites dont celle à l'Ecole latino-américaine de médecine (ELAM).

Par Redacción AHORA / redaccion@ahora.cu / Mardi, 02 Novembre 2010 16:06

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 22:18

 

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Mme Eurochambre, une autre position commune
 contre Cuba, S.V.P... (Caricature de Tomy)

Salim Lamrani

Le 25 octobre 2010, l’Union européenne a décidé de maintenir la Position commune sur Cuba, imposée en 1996 par l’ancien Premier ministre espagnol José María Aznar, qui limite fortement les relations politiques et diplomatiques entre Bruxelles et La Havane. En échange de la suspension du Titre III – qui affectait les entreprises européennes – de la loi Helms-Burton adoptée la même année, législation au caractère extraterritorial qui accroit les sanctions économiques contre l’île des Caraïbes, Bruxelles avait accepté de s’aligner sur la politique étrangère étasunienne vis-à-vis de Cuba(1).

Trinidad Jiménez, ministre espagnole des Affaires étrangères, avait plaidé en faveur d’un changement : « Il est temps de forger un nouveau dialogue, une nouvelle relation entre l’UE et Cuba(2) ». Mais la proposition de l’Espagne de mettre un terme à la Position commune, qu’elle juge discriminatoire, inefficace et illégitime, n’a pas été acceptée par l’ensemble des nations, l’unanimité étant nécessaire pour son abrogation. L’Espagne, l’Italie, la France et l’Irlande, entre autres, étaient favorables à son élimination alors que d’autres tels que la Suède, la Grande Bretagne, l’Allemagne, la Pologne, la Hongrie et la République tchèque prônaient son maintien(3). L’Europe des 27 s’est contentée de demander à sa haute représentante pour les Affaires étrangères et de sécurité commune, Catherine Ashton, d’étudier les possibilités de négocier un accord bilatéral avec les autorités cubaines(4).

En effet, la Position commune, qui se justifie officiellement en raison de la situation des droits de l’homme à Cuba, est discriminatoire dans la mesure où le seul pays du continent américain, du Canada à l’Argentine, à être stigmatisé de la sorte par l’Union européenne est Cuba, alors que selon les rapports d’Amnistie Internationale, l’île des Caraïbes est loin d’être le plus mauvais élève de l’hémisphère en termes de violation des droits fondamentaux. Elle est inefficace car elle n’a eu aucune influence sur les décisions prises par les autorités de La Havane et a conduit à un gel des relations bilatérales. Elle est enfin illégitime puisque de nombreux pays de l’Europe des 27 – en particulier ceux qui se sont opposés à la normalisation tels que la Pologne, la République tchèque, la Hongrie et le Royaume-Uni – présentent, selon Amnistie Internationale, une situation des droits de l’homme plus désastreuse que celle de Cuba(5).

Bruno Rodríguez, ministre cubain des Affaires étrangères, a souligné lors de la réunion annuelle de l’Assemblée générale des Nations unies que son gouvernement ne reconnaissait à l’Union européenne « aucune autorité morale ni politique pour critiquer [Cuba] au sujet des droits de l’homme », rappelant que le Vieux Continent était la scène de déportations de minorités, de répression des manifestations, de législations anti-immigrés et en proie à une croissante exclusion sociale. Il a également averti qu’aucune normalisation des relations n’était possible tant que la Position commune resterait en vigeur(6).

La rhétorique des droits de l’homme de l’Union européenne souffre d’un manque de crédibilité, en raison du caractère sélectif de la politique de Bruxelles. En effet, elle s’apparente à un prétexte dans la mesure où des pays responsables de violations massives des droits de l’homme – assassinats d’opposants, de militants sociaux et de syndicalistes, actes de torture et de barbarie, découverte de fosses communes – tels que la Colombie ou le Honduras sont loin d’être des priorités pour l’Europe.

En effet, depuis le coup d’Etat au Honduras et l’instauration de la dictature militaire le 27 juin 2009 dirigée dans un premier temps par Roberto Micheletti et ensuite par Porfirio Lobo depuis le 28 janvier 2010, près de cinq cents assassinats, autant de cas de disparition et d’innombrables actes de torture et de violence, commis par les forces de l’ordre, ont été rapportés(7).

En décembre 2009, à La Macarena en Colombie, le plus grand charnier de l’histoire de l’Amérique latine a été découvert. Pas moins de 2 000 corps étaient enterrés dans une fosse commune et selon les témoignages recueillis par des eurodéputés britanniques présents sur place, il s’agirait de syndicalistes et leaders paysans assassinés par les paramilitaires et les forces spéciales de l’armée colombienne. Le juriste Jairo Ramírez, secrétaire du Comité permanent pour la défense des droits de l’homme en Colombie, a décrit la scène effroyable : « Ce que nous avons vu donnait froid dans le dos. Une infinité de corps, et à la surface des centaines de plaques de bois de couleurs blanche avec l’inscription NN et des dates qui vont de 2005 à aujourd’hui. Le commandant de l’armée nous a dit qu’il s’agissait de guérilleros morts au combat, mais les gens de la région nous parle d’une multitude de leaders sociaux, paysans et défenseurs communautaires qui ont disparu sans laisser de trace  ». Malgré les multiples témoignages et la présence de parlementaires européens, malgré le départ d’une délégation parlementaire espagnole sur place pour effectuer une enquête, l’Union européenne n’a pas jugé utile d’imposer une Position commune à la Colombie(8).

Le véritable objectif de l’UE vis-à-vis de La Havane a clairement été défini par Javier Solana, le prédécesseur de Catherine Ashton, lors d’une réunion avec les ministres des Affaires étrangères européens. Cuba « doit effectuer certaines réformes économiques beaucoup plus claires et plus rapides ». Bruxelles conditionne ainsi la levée de la Position commune, non pas à une éventuelle amélioration des droits de l’homme – préoccupation accessoire – mais à un changement de la structure économique du pays, à savoir une libéralisation du marché interne(9).

L’Europe des 27 a de nouveau perdu une occasion de normaliser ses relations avec La Havane et de démontrer que sa politique étrangère n’était pas tributaire de celle de la Maison-Blanche. En abrogeant la Position commune et en adoptant une posture rationnelle, constructive et indépendante, comme le prône l’Espagne, l’UE aurait effectué un pas dans la bonne direction. Mais Bruxelles n’a, semble-t-il, pas encore saisi l’idiosyncrasie cubaine. En effet, le gouvernement de l’île est ouvert à tout – sauf à la négociation de la souveraineté et de l’identité nationales – dès lors que les relations se basent sur le dialogue, le respect et la réciprocité – comme l’a démontré l’accord avec l’Eglise catholique et l’Espagne qui a débouché sur la libération de tous les prisonniers dits « politiques ». En revanche il se montre résolument inflexible – il n’y a qu’à voir l’état des relations entre Washington et La Havane depuis un demi-siècle – dès lors que le langage de la force, de la menace ou de la contrainte prend le pas sur la diplomatie conventionnelle.

Notes

 

  • 1 Juan O. Tamayo, « Unión Europea mantiene Posición Común », El Nuevo Herald, 25 octobre 2010.
  •  2 Agence France Presse, « L’Europe envisage d’assouplir sa position vis-à-vis de Cuba », 25 octobre 2010.
  •  3 EFE, « Afirman que la UE mantendrá posición común », 25 octobre 2010 ; Agence France Presse, « UE prevé mantener Posición Común con Cuba pero estudia un gesto de apertura », 20 octobre 2010 ; Agence France Presse, « Cuba : la position de l’EU plus souple ? », 22 octobre 2010.
  •  4 EFE, « España dice que ‘ha quedado superada’ la ‘posición común’ de la UE sobre Cuba », 25 octobre 2010.
  •  5 Salim Lamrani, Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme. Paris, Editions Estrella, 2008.
  •  6 Cubadebate, « Unión Europea no tiene autoridad moral para criticar a Cuba, afirma Canciller », 26 octobre 2010.
  •  7 Maurice Lemoine, « Selon que vous serez Cubain ou Colombien… », Le Monde Diplomatique, 26 février 2010.
  •  8 Antonio Albiñana, « Aparece en Colombia una fosa común con 2.000 cadáveres », Público.es, 26 janvier 2010.
  •  9 Agence France Presse, « Solana pide a la isla reformas más contundentes », 25 octobre 2010.
  • Source : Agoravox
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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 09:44

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Les associations de résidents cubains en Europe ont analysé la situation actuelle des relations entre l'Union Européenne et Cuba. Nous avons constaté que notre pays demeure le seul d'Amérique Latine et des Caraïbes avec lequel l'UE n'a pas signé d’accord ni ne dispose d’un cadre institutionnel pour ses relations.

 

L'UE maintient toujours en vigueur la "Position Commune", une mesure injuste et discriminatoire adoptée en 1996 sur proposition de José Maria Aznar, alors président du gouvernement espagnol. Il est notoire que les termes de ce document ont été élaborés à partir d'un brouillon écrit en Anglais par le Département d'État Américain.

 

La "Position Commune" constitue une politique unilatérale de l'UE envers un pays souverain et indépendant qu’est Cuba, sur lequel on tente d’exercer une pression pour aboutir à un soi-disant "changement de régime". Les autorités et le peuple Cubain n’acceptent pas cette pression ou toute autre forme d'ingérence.

 

Depuis octobre 2008 et après que l'UE ait rectifié et éliminé les injustes sanctions imposées à Cuba durant l'année 2003, des avancées ont été réalisées dans le dialogue politique entre l'UE et Cuba sur les bases d’un respect réciproque et non discriminatoire. Suite à cela, la coopération entre la Commission Européenne et Cuba a été reprise en se fondant sur des principes d'égalité et de non-ingérence dans les affaires internes des deux parties.

 

Le prestige et l'autorité du Cuba au niveau international grandissent et se sont consolidés par les liens excellents de l'Ile avec des nations de l'Amérique Latine et des Caraïbes, de l'Asie et du Pacifique, de l'Afrique et du Moyen-Orient.

 

Nous considérons que l'Union Européenne doit régulariser pleinement ses relations avec Cuba et les entretenir comme il le fait avec le reste des pays du monde. Pour cela il est indispensable d'éliminer de manière inconditionnelle et immédiate la "Position Commune", et d'adopter les dispositions nécessaires pour négocier et signer un nouveau cadre de relations bilatérales mutuellement acceptables.

 

Le maintien de la Position Commune est une mesure hostile contre la République de Cuba et ses citoyens.

 

En même temps, nous demandons à l'UE d’intensifier ses actions diplomatiques auprès du Gouvernement des Etats-Unis d’Amérique pour qu’il cesse sa politique criminelle de blocus économique, commercial et financier contre Cuba. Nous réclamons aussi que l’UE s'adresse au Président Barack Obama, pour lui demander de faire usage de son droit présidentiel afin de libérer les cinq Cubains antiterroristes qui accomplissent des peines lourdes et injustes dans des prisons américaines depuis l'année 1998.

 

Nous, résidents cubains en Europe, demandons aux Ministres des Affaires Etrangères de l'Union Européenne que vont se réunir au Grand Duché du Luxembourg le 25 octobre, qu’ils prennent les décisions correspondantes pour régulariser pleinement les relations avec Cuba. C'est l’appel de plus de onze millions de cubains qui vivent dans l'Ile, et de l'immense majorité de nous, Cubains résidant à l'étranger.

 

Contre le Blocus vis-à-vis de Cuba, contre la Position Commune !

 

Les Cubains Résidents en Europe.

La Coordination des Cubains Résidents en France

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5 octobre 2010 2 05 /10 /octobre /2010 18:38

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Quand les dirigeants européens s’intéressent à l’Amérique latine, c’est en termes de commerce et d’investissements. Au niveau des Etats, il s’agit de décrocher de grands contrats pour leurs industriels, notamment ceux de l’armement, des transports et des travaux publics. Au niveau de l’Union européenne (UE), la grande affaire du moment est de savoir si un accord de libre-échange pourra être signé avec le Mercosur [1].

Pour les négociateurs de l’UE, peu importe la couleur politique des gouvernements latino-américains dès lors qu’ils ouvrent leurs marchés aux transnationales européennes. Des marchés qui représentent environ 60 milliards d’euros par an… Une exception à cette règle toutefois : ces diplomates insistent pour qu’un chapitre d’un éventuel accord traite de la garantie des investissements. C’est le Venezuela qui est directement visé en raison des nationalisations décidées par le gouvernement de Hugo Chavez, et qui ont pourtant toutes fait l’objet d’indemnisations généreuses. La souveraineté des Etats sur leurs ressources naturelles et la maîtrise de leurs secteurs économiques stratégiques sont des notions totalement étrangères aux représentants de la Commission de Bruxelles, porte parole des lobbies industriels et financiers européens, qui négocient au nom des Vingt-Sept.

Jusque-là, rien qui puisse surprendre. Aussi bien au sein de l’UE que dans ses relations extérieures, la Commission reste dans sa logique ultra-libérale, et un accord de libre-échange avec une zone de 250 millions d’habitants constituerait pour elle un succès majeur. De même, au plan politique, nul ne s’étonnera que toute la droite européenne et la quasi totalité des grands médias manifestent une hostilité permanente à l’égard des gouvernements (Bolivie, Equateur, et surtout Venezuela) qui ont engagé des processus de profonde transformation sociale et qui, avec Cuba, sont les éléments moteurs de l’Alliance bolivarienne des peuples d’Amérique (Alba) [2].

Ce qui, en revanche, est plus difficilement compréhensible, c’est l’attitude d’une grande partie des forces se réclamant de la gauche, tout particulièrement de la social-démocratie. Au mieux, elles ne veulent pas voir ce qui se passe en Amérique du Sud [3], elles regardent ailleurs. Au pire, elles se contentent de reprendre à leur compte les campagnes de désinformation et de dénigrement dont, dans la presse écrite, El Pais en Espagne et Le Monde et Libération en France sont les principaux relais européens.

L’Amérique latine est aujourd’hui la seule région du monde où, certes de manière parfois désordonnée, des gouvernements mettent en œuvre des mesures réellement progressistes, créent les conditions de la participation populaire, rompent avec les dogmes néolibéraux, mettent le projet politique au poste de commandement et instaurent, avec l’Alba, des formes de relations internationales fondées sur la solidarité et non pas la concurrence. En bonne logique, ces expériences mériteraient d’être étudiées et soutenues par tous les mouvements de gauche en Europe. Ce n’est nullement le cas. Sans doute parce qu’elles constituent un vivant reproche pour tous ceux qui ont renoncé à changer la société autrement qu’en paroles. 

Notes

[1] Le Mercosur comprend l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. L’entrée du Venezuela est encore subordonnée à un vote favorable du Parlement paraguayen.

[2] L’Alba regroupe 8 Etats : Antigua-et-Barbuda, la Bolivie, Cuba, l’Equateur, La Dominique, le Nicaragua, Saint-Vincent-et-les Grenadines et le Venezuela. La Guyana est membre observateur.

[3] Seul le Brésil de Lula fait l’objet d’appréciations positives parce qu’il est jugé « modéré » et « raisonnable ». Aussi les médias européens tentent-ils de l’opposer aux « radicaux » de l’Alba.

Source : Mémoire de luttes

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1 juin 2010 2 01 /06 /juin /2010 17:51

uedroit.jpgL'Union européenne a ratifié un traité de libre échange avec la Colombie le 18 mai. En même temps, quatre Colombiens membres du REDHER (Réseau de fraternité et de solidarité avec la Colombie) étaient venus, sous l'initative de J.L. Mélenchon du Groupe Unitaire Européen (GUE), témoigner au Parlement européen de la répression qui sévit dans leur pays, des nettoyages ethniques et des catastrophes écologiques causées par l’exploitation des ressources. Ces témoignages devaient servir d’arguments pour que l'Europe rejette cette alliance qui récompense un régime bafouant les droits de l'homme. Investig'Action était le seul média à couvrir l’événement.


« L'action de l'Union européenne sur la scène internationale repose sur les principes qui ont présidé à sa création. Elle vise à promouvoir dans le reste du monde: la démocratie, l'État de droit, l'universalité et l'indivisibilité des droits de l'homme, le respect de la dignité humaine. L'Union s'efforce de développer des relations et de construire des partenariats avec les pays qui partagent ces principes. »


Il s'agit de l'article III – 292 de la constitution européenne. On pourrait donc en déduire que la Colombie, en train de signer un accord de libre-échange avec l’UE, est un pays qui respecte les droits de l’homme.

Zoraida HERNANDEZ, avocate et présidente de l’association SEMBRAR, dont le but est d’offrir des services juridiques aux communautés indigènes et paysannes.

La Colombie traverse un conflit social armé depuis plusieurs décennies où sont reconnus deux acteurs : les guérillas et l'Etat. Dans le cadre de cette guerre, l'Etat a initié une série de violations des droits de l'homme systématiques et généralisées, surtout au dépend des communautés et de la société civile. Pour donner des chiffres :
5 millions de déplacés
80 000 homicides ou exécutions extra-judiciaires attribuables à des groupes paramilitaires formés par l'Etat.
15 000 personnes torturées
50 000 personnes disparues dont la responsabilité directe est attribuée à l'Etat.
7500 personnes incarcérées

C'est pour cela que nous disons qu'il n'existe ni liberté, ni démocratie, bien que ce soit écrit dans notre Constitution. La démocratie, ce n'est pas seulement aller voter pour un candidat, mais c’est avoir une liberté d'expression et d'association, le pouvoir de décider sur le développement et le futur des communautés. Cela implique une participation réelle dans la vie politique, un respect envers l'opposition politique et envers les défenseurs des droits de l'homme.


Ceci est justifié, nous dit-on, par la présence d'une guérilla qui se bat contre l'Etat et par l'existence du trafic de cocaïne...

Z.H. :
Cela a été l'excuse : on aurait formé des groupes paramilitaires pour combattre les guérilleros. Ce projet paramilitaire a été négocié de manière directe par l'Etat et appuyé par les USA dans une supposée lutte contre l'insurrection, mais L'Histoire nous a montré que ces soi-disant insurgés sont en fait des victimes de la répression, ce sont des membres de la société civile, des syndicalistes, des étudiants organisés, l'opposition politique, les défenseurs des droits de l'homme et les communautés qui s'opposent à un certain modèle de développement économique.

Qui bénéficie de la guerre dans notre pays ? Qui est donc le responsable de ce type de violations ? L'objectif réel de ce projet paramilitaire était de pouvoir développer des méga-projets économiques dans notre pays. La Colombie est un pays riche en ressources naturelles (pétrole, or, bois précieux...) et presque tout le territoire est sollicité par des entreprises transnationales qui souhaitent extraire ces ressources. La guérilla a été une excuse pour déplacer les populations, pour l'extermination et le génocide.

Le trafic de drogue est aussi une excuse. Il existe bien-sûr, mais uniquement pour garantir un pouvoir qui s'est maintenu jusqu'à maintenant. Nous avons dénoncé l’existence d’une mafia au pouvoir au sein de ces gouvernements qui se succèdent.


Que demandez-vous à l'Union européenne ?

Z.H. :
Nous sommes ici dans ce parlement européen et nous avons honte de notre parlement. Suite aux dénonciations des victimes et grâce à notre travail, il y a des enquêtes sur 113 de nos parlementaires. Il y a des enquêtes sur les financements réalisés par ces parlementaires aux groupes paramilitaires.
C'est une honte et malgré cela l'Union européenne va signer un traité de libre échange avec la Colombie. Nous sommes ici pour demander à l'Europe pourquoi elle apporte son soutien à un tel régime. Quel est le soutien aux défenseurs des droits de l'homme dans le monde ? Quel est le soutien aux initiatives de la paix, si on récompense un gouvernement qui viole les droits de l'homme de manière évidente ?
Au lieu de récompenser ce gouvernement, nous voulons que l’UE annule ce traité de libre échange et, qu’à l'inverse, soit récompensées les initiatives et les propositions de paix qui se construisent en Colombie.

La ratification de ce traité signifierait une légitimation de cette guerre dont nous sommes fatigués. Ce serait un double discours sur les droits de l'homme dans le monde. Ce serait approfondir un modèle de développement destructeur, contraire à la vision du futur que souhaitent construire les peuples indigènes ou de descendance africaine et les paysans colombiens qui proposent un modèle différent. Ce serait contribuer à la continuation cette répression féroce. Ce serait renforcer l'impunité qui existe en Colombie.

Ce traité de libre échange ne doit pas être signé parce que cela approfondirait le conflit armé. Sinon ce serait tourner le dos aux défenseurs de droits de l'homme et aux communautés qui sont en train de construire un pays différent.

Nous voulons vivre dignes, respectés, avec nos visions propres du développement.

Nous alertons aujourd'hui la communauté internationale que le paramilitarisme continue à exister, qu'il n y a aucun processus de démobilisation, mais au contraire : un processus de légalisation des paramilitaires et d'amnistie par le gouvernement d’Alvaro Uribe. Il n'y aura pas de réconciliation, ni de pardon tant que la vérité ne sera pas connue et la justice faite.


Quelles formes prennent ces violations des droits de l'homme ?


Adelso GALLO - Leader paysan et président de la mutuelle agricole Coagrosarare :  L'Etat colombien a mis en œuvre des méthodes systématiques pour réprimer. Cette répression est exercée par le gouvernement et l'oligarchie transnationale, sur les organisations de défense juridique, mais pas seulement : tous ceux qui sont dans l'opposition politique, au sens large, pas au niveau électoral, mais au niveau social.

Les paramilitaires utilisent tous les moyens pour générer la terreur. Par exemple, ils essaient de nous intimider, de nous terroriser avec des lettres anonymes, des appels téléphoniques, en effrayant nos enfants qui se rendent à l'école située à de nombreux kilomètres. Toute une série de harcèlements. Ils vont jusqu'à utiliser des tronçonneuses pour intimider des gens qui doivent aller témoigner. 

Mais il y a encore plus grave : les captures massives. Ils opèrent dans ce qu'ils appellent les zones de réhabilitation et de consolidation qui sont en fait les régions qui sont connues pour leurs avancées en matière d'organisation sociale. Les captures massives ont réussies, non seulement à déstabiliser le tissu social, mais aussi humain. Ces opérations servent à en finir avec le tissu social et implanter leur modèle de sécurité « démocratique ». En plein 21ème siècle, la Colombie est un pays où on peut encore trouver des camps de concentration de type nazi. Et je peux le dire très précisément car j'ai vécu cela en 2002, où j'ai été déporté avec 3500 personnes, en un seul jour. Nous avons été embarqués, puis concentrés sur une place où nous fumes attachés comme des animaux pour ne pas sortir de là. Ensuite, ils ont sélectionnés ceux dont ils devraient se débarrasser. Ils ne peuvent pas nous emmener en justice lors de captures massives car c'est illégal. Ils libèrent alors les leaders sociaux parce qu'il n'y a aucune charge contre eux. Mais ensuite, les militaires changent simplement de brassard et deviennent paramilitaires, pour terminer le massacre. Ils découpent les corps, puis les brulent dans des fours crématoires ou les jettent aux caïmans pour qu'on ne puisse pas trouver les corps. Une activité macabre inimaginable ! Nous avons des preuves. Puis ils retournent le brassard à nouveau et redeviennent militaires de l'armée officielle. Ça date de 2002,  mais maintenant, en 2010, cette pratique continue de la même manière. On continue à emmener des villages entiers dans des camps de concentration. Il y a de nombreux cas dénoncés et vérifiés.

Il y a aussi les exécutions extrajudiciaires pour montrer au monde, qu'en Colombie, on tue des terroristes. Mais en fait ce sont des paysans, des pauvres des quartiers, des marginaux ou des handicapés mentaux que l'on a trompés. On leur a proposé un travail à l'autre bout du pays. Ils ont été transportés là puis exécutés. Ensuite, on les a habillés d'uniformes et on a placé des armes avec eux, pour montrer à la presse internationale les résultats de la guerre contre le terrorisme. Ils font croire qu'ils tuent des guérilleros au combat. Plus de 1800 cas sont prouvés, mais malheureusement, nous devrions en atteindre plus de 3000 avec ceux qui sont encore sous enquête. Tous ces cas ont été dénoncés, c'est pour cela que nous sommes persécutés.

Ils utilisent aussi le système judiciaire pour nous persécuter. Avec notamment les lois anti-terroristes. Ils peuvent m'accuser que dans ma ferme un acte terroriste a été planifié et me prendre ma ferme. Ou ils peuvent dire que des guérilleros sont passés près de ma ferme et que je ne les ai pas dénoncés : je deviens un collabo et je perds mon terrain.
Ils prennent aussi les terres aux paysans au moyen de décrets. Même si cette pratique devient moins courante car elle est connue du grand public et la Cour constitutionnelle en a honte. Ce qu'ils font ne peut plus être dissimulé. On peut prendre un terrain à un paysan si ce bout de terrain est considéré d'intérêt national pour les minéraux. Mais ce n'est même pas une compagnie nationale qui va l'exploiter, c’est une multinationale !

Et c'est seulement pour montrer quelques unes des méthodes de terreur face aux mouvements sociaux.


Quelle est le rôle des entreprises étrangères ?


A.G. : Pour comprendre ce qu'il se passe au niveau de la violation des droits de l'homme, il faut savoir qu'il y a un objectif : l'appropriation du territoire pour l'exploitation des ressources naturelles par les multinationales présentes dans le pays. Par exemple : les 3 plus grandes compagnies pétrolières au monde : Exxon (USA), BP (Britannique), Repsol (Espagne) se retrouvent à l'est du pays dans la région d'Arauca, frontalière avec le Venezuela. Toutes trois sont auteurs de massacres. BP est tristement célèbre pour l'élimination physique de tout un village. Il y a des preuves et des militaires au service de BP sont actuellement dans un processus judiciaire. Les exemples sont très nombreux. On élimine physiquement et on s'accapare les territoires. Les compagnies pétrolières possèdent actuellement un quart de la région d'Arauca, une région écologiquement riche qu'elles sont aussi en train de mettre à mal. Dans les zones forestières, ils détruisent des niches écologiques dans le poumon du monde qu'est l'Amazonie.

Si on prend l'exemple de la compagnie bananière Chiquita. Ils ont dû accepter le fait que des tueurs à gages et des paramilitaires ont reçu des fonds directs de l'entreprise pour nettoyer ces territoires en éliminant les paysans qui s'y trouvaient. Ceux qui réclamaient leurs terres, ils les tuaient avec des armes en provenance des Etats-Unis. Ils ont dû déclarer combien de millions de dollars ils avaient dépensé pour ces armes.

Mais que dire encore de Coca Cola ? Il y a une campagne internationale qui les a obligé de déclarer jusqu'où ils étaient compromis avec le gouvernement colombien dans l'assassinat de syndicalistes.

Que peut-on dire encore de l’Anglogold Ashanti qui est compromise dans un massacre dans la zone d'exploitation de l'or ? Et ils demandent encore 3,2 millions d'hectares, 11,5 % du territoire national, pour continuer l'exploitation. Si on donne ces 11,5 % à cette multinationale qui a déjà fait déplacer 75% des paysans vers les zones urbaines, combien de paysans vont devoir quitter la Colombie ? Parce que ces multinationales, toutes réunies peuvent avoir toute la Colombie.

Là aussi, il ne s'agit que de quelques exemples, mais il y en a beaucoup.


Isabel Cristina Pardo - Directrice de la FCSPP (Fondation Comité de Solidarité avec les Prisonniers Politiques) :
Nous pouvons parler de 5 millions de déplacés, 7500 détenus politiques dont la grande majorité sont des leaders sociaux, des étudiants, des paysans, des travailleurs, des femmes et seulement 500 sont des guérilléros.
Les conditions dans lesquelles ils vivent en prison ne sont pas humaines. Ils sont soumis à des tortures physiques et psychologiques. Physique, comme avec la méthode de l'étouffement par immersion ; ils sont frappés et subissent des fractures des membres, des côtes. Les officiers de l'Etat disent qu'ils ne violent pas les droits de l'homme, mais qu'ils sont en légitime défense face à ce qu'ils nomment des terroristes. Mais cela ne s'arrête pas là. Leurs familles subissent également cette torture car elles sont déplacées dans des zones éloignées de leur région d'origine. Les prisonniers se retrouvent sans la possibilité de voir leurs proches. Il s'agit bien de torture psychologique à ce niveau.


J.G.
réfugié en Europe (émotion forte dans la voix) :  J'ai été victime d'enlèvement, de torture et condamné à mort par des paramilitaires sous commandement direct de l'armée. J'ai pu m'enfuir, très blessé. Ils m'ont poursuivi. Et pas seulement moi, mais toute ma famille. Ils ont réussi à désintégrer toute la famille. Un de mes frères est en prison. Et tous les autres ont été déplacés. Des cas comme celui-ci, il y en a beaucoup. Et peu témoigneront parce qu'ils ont été poursuivis jusqu'à être assassinés.
Mais ils ne se contentent pas de nous faire disparaître physiquement. Administrativement, je n'existe plus. Ils sortent les actes de naissance des registres, toutes les données personnelles, les brûlent, puis vont prendre leurs cibles à leur domicile, les tuent, les découpent en morceau et les jettent dans la rivière. Terminé. Ils appliquent cette méthode depuis longtemps. Et les familles se retrouvent sans défense car sans registre civil, il ne peut pas y avoir de plainte. Rien.
On ne peut pas dire que les responsables sont seulement les paramilitaires car en fait ils sont l'Etat même. Ceux qui commettent les massacres sont membre de l'Etat. Nous avons le cas de ce village où ils sont entrés, ont torturé les paysans, pillé les maisons et le jour suivant l'armée est arrivé, mais c'étaient les mêmes visages avec des bracelets de l'armée colombienne pour redonner quelques objets volés aux paysans. Ils ont dit qu'ils étaient désolés de ce qui était arrivé et qu'ils pouvaient recevoir les plaintes s'il y en avait... pour ensuite les assassiner. Ceux qui ont osé parler, ont dû abandonner la région immédiatement.


A.G. : Il y a d'autres mécanismes, plus sournois, que l'Etat met en pratique pour mettre la population civile dans le conflit armé et pour que n'importe quel paysan ou lutteur sociale devienne une cible.

Par exemple : le programme « Soldadito por un dia » (petit soldat d'un jour). Les enfants des quartiers pauvres ou des zones rurales contrôlées par l'armée sont emmenés une journée dans les casernes. Ils mettent un uniforme, apprennent à se servir d'un fusil. Ils leurs apprennent que quand ils seront grands, ils devront tuer l'ennemi. Ils réalisent un bombardement idéologique pour préparer les cerveaux à se mettre au service de la guerre. Les enfants de Colombie ne veulent pas faire le service militaire et se servir d'armes avec lesquelles leur famille a peut-être été tuée. Mais nous sommes obligés. Si on refuse, nous sommes exclus de la société.

Autre programme : le « million d'amis ». Ils recrutent des étudiants et des chauffeurs de taxi qui pour 30 euros par mois deviennent des informateurs.

Mais il y a pire que ces « programmes sociaux » où ils cherchent à embrigader les gens sans leur permettre de réfléchir.  Des paysans ou habitants des zones naturelles doivent signer des actes où est écrit : « Forces militaires, brigade X ou Y, de l'armée nationale de Colombie ». Les gens se retrouvent dans la liste du réseau des collaborateurs de l'Etat. Il y a eu des plaintes dans mon village et personnellement je l'ai vu dans un terminal d'autobus, la police faisait signer les gens sans savoir ce qu'il y avait écrit : « Liste des assistants de la police ». Et ces listes peuvent se retrouver dans la guérilla pour leur donner des cibles militaires. Alors cela donne au gouvernement des excuses pour encore plus de répression.

Z.H. : La législation a été changée. Avant on ne pouvait pas aller en prison pour un délit de rébellion. Si on allait en prison, c'était pour ce qu'on aurait pu faire comme rebelle : porter une arme, commettre un homicide... Mais depuis 2001, le délit de rébellion a été transformé en crime terroriste avec des peines de neuf à dix-huit ans à quoi s'ajoutent toutes les autres peines ! L'accusation de terrorisme s'applique à de nombreux cas de protestation sociale. Il s'agit d'une criminalisation de la lutte sociale. Des étudiants qui vont aller manifester peuvent être accusés de terrorisme et ils vont être harcelés par de multiples enquêtes. Pendant que les paramilitaires condamnés pour des massacres ne vont pas plus de huit ans en prison, certains leaders sociaux y resteront quinze ou dix-huit ans pour rébellion.

Les médias colombiens dénoncent-ils ces abus ?

Z.H. :
En Colombie la réalité est totalement cachée et les premiers complices sont les médias de communication. Nous voudrions que les médias étrangers puissent connaître la réalité et que leurs sources ne soient pas uniquement les médias officiels de Colombie. Il faut réinventer de nouvelles formes d'accéder à l'information. Allez à la source directe de l'information, là où les populations souffrent de la guerre en Colombie !


Ces médias, colombiens ou européens, nous disent pourtant que le gouvernement a fait des avancées en matière de droits de l’homme…

Z.H. : Le gouvernement colombien veut montrer que l'opposition est respectée et que les défenseurs des droits de l'homme peuvent travailler sans problèmes. Mais ils présentent ceci avec cette argumentation : « il y a eu moins d'assassinat de défenseurs des droits de l'homme et de syndicalistes. »

C'est une honte ! Nous ce que nous voulons est qu'il n'y ait plus d'assassinats, d'arrestations, de poursuites et au contraire garantir la protection et son travail.

Un exemple pour montrer que l'on nous empêche de travailler : tout l'ensemble d'actions illégales et arbitraires orchestrées depuis la présidence en créant des bureaux d'intelligence comme le Département Administratif de Sécurité qui peuvent absolument tout contrôler, de manière illégale. 1808 lignes sont sur écoute dont celles des défenseurs des droits de l'homme, de la Cour suprême de justice, de la Cour constitutionnelle, des représentants des communautés et même des internationaux comme des fonctionnaires des Nations Unies, des diplomates et des eurodéputés, en fait, toutes les personnes vues comme une menace pour le pouvoir.

De nombreux avocats sont détenus. J'ai pleuré nombre de mes camarades qui ont été assassinés, j'ai été témoin de départ de gens devant quitter le pays. C’est une honte de voir une responsabilité aussi directe du gouvernement colombien dans ces persécutions.

Ma maison a été photographiée, surveillée, mes communications ont été interceptées et pas pour des raisons d'intelligence d'Etat, mais pour pouvoir se charger de nous. Car tous les défenseurs des droits de l'homme qui ont été listé par le DAS n'existent plus. Des ordres ont été donnés, ils ont été assassinés.

Nous travaillons dans des conditions d'isolement et d'hostilité permanente. Et non seulement de la part des paramilitaires, mais aussi des hauts fonctionnaires. Bien sûr, notre travail dérange car nous essayons de dire la vérité au monde. Alors on essaie de nous mettre des bâtons dans les roues en insinuant que nous travaillons pour les guérilleros.

Le 9 avril 2010, nous avons été victime d'un coup monté judiciaire. On a voulu nous impliquer dans un cas d'homicide. Depuis plusieurs semaines, je reçois des appels anonymes. Ils veulent me déstabiliser.

Mais la lutte contre nous se fait aussi de manière publique et ouverte. Il y a quinze jours, le prêtre Javier Girardo, une figure emblématique de notre lutte pour les droits de l'homme, a subi des menaces. En plein centre de Bogota, sur les murs de la ville, on pouvait lire des menaces de mort à son encontre.

Il y a 15 jours, le groupe paramilitaire Los Rastrojos, dans le sud de la Colombie, a donné une liste de 60 organisations devenant cibles militaires, dont une fait partie du programme des Nations Unies de défense des droits de l'homme (PNUD)

Malgré toutes les recommandations qui ont été faites, le gouvernement ne cesse pas cette répression et stigmatisation de nos mouvements. Au contraire...

C'est une honte que la communauté internationale en ce moment récompense cette situation avec l'Union européenne signant ce traité de libre échange.

1.Un « Forum social et Humanitaire » aura lieu du 26 au 28 juillet à Arauca – Colombie, dans le  cadre de la campagne contre la présence de multinationales pétrolières dans la région. La souveraineté, dignité, le respect des droits de l’homme.
2.« Le Forum des femmes des Amériques pour la souveraineté des peuples et contre la présence des bases militaires nord américaines » se déroulera du 16 au 24 août à Barrancabermeja – Colombie

Source: michelcollon.info

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 16:10

 

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Le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez (D) et le Premier ministre espagnol Jose Lis Zapatero, le 18 lmai 2010 à Madrid

 

MADRID — Le chef de la diplomatie cubaine, Bruno Rodriguez, souhaite que l'Union européenne (UE) abandonne sa "position commune" sur Cuba, et que les relations se basent désormais sur un rapport d'égal à égal, a-t-il déclaré dans un entretien publié mercredi.

"J'aimerais beaucoup que la +position commune+ de l'UE sur Cuba soit abandonnée pendant la présidence espagnole" de l'UE qui s'achève fin juin, a M. Rodriguez à l'édition en ligne du journal El Mundo (www.elmundo.es).

Après, "nous voulons avancer dans le cadre de relations bilatérales décidées mutuellement avec l'UE sur des bases réciproques non discriminatoires" et sans "ingérence dans les sujets internes", a-t-il ajouté.

La "position commune" lie depuis 1996 le dialogue politique de l'UE avec La Havane au respect des droits et des libertés dans l'île.

L'Espagne souhaite la remplacer par un accord de coopération, en estimant qu'elle n'a pas donné de résultats.

Mais plusieurs pays européens s'y opposent et ont été renforcés dans leur posture par le décès en février du prisonnier politique en grève de la faim Orlando Zapata, et la grève de la faim entamée à son tour par le dissident Guillermo Fariñas.

Ces épisodes ont provoqué une série de critiques contre le régime cubain et pénalisé le timide rapprochement engagé par l'UE sous l'impulsion de l'Espagne.

"La campagne contre Cuba surgit à un moment où commençait à se dégager au sein de l'UE une majorité en faveur de l'élimination de la +position commune+, sous l'impulsion de la présidence espagnole (de l'UE)", a estimé M. Rodriguez.

"Cela ressemble non seulement à une campagne pour discréditer Cuba, mais aussi la présidence de l'UE", a-t-il affirmé.

"Nous n'acceptons pas de parler" d'une relance des relations UE-Cuba "dans des conditions de manipulation politique, et nous ne reprendrons pas le dialogue politique tant que ces conditions ne changeront pas", a poursuivi le ministre, qui a participé mardi au 6e sommet UE-Amérique latine et Caraïbes.

Le président cubain Raul Castro n'a pas participé à ce sommet.

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