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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 16:09

 

AVANT-PROPOS

Du 12 au 15 octobre 2010, j’ai soutenu à La Havane des entretiens prolongés et détaillés avec Fidel Castro au sujet des périls d’une guerre nucléaire, de la crise économique mondiale, du caractère du Nouvel Ordre mondial et d’autres points.

La première partie de ces Entretiens publiée par mondialisation.ca et CubaDebate est axée sur les périls d’une guerre nucléaire. Le monde se trouve à un tournant dangereux. Nous avons atteint un point critique décisif dans notre histoire.

Les entretiens avec Fidel Castro offrent une interprétation de la nature de la guerre moderne : si les États-Unis et leurs alliés décidaient de lancer une opération militaire contre la République islamique d’Iran, ils ne pourraient pas remporter une guerre conventionnelle et il se pourrait dès lors que celle-ci se convertisse en une guerre nucléaire.

On a occulté à l’opinion publique les détails des préparatifs militaires contre l’Iran.

 Comment faire face au présupposé diabolique et absurde de l’administration étasunienne : le recours aux armes nucléaires tactiques contre l’Iran rendra le monde plus sûr ?

Le leader de la Révolution cubaine formule un concept de base : la « bataille d’idées ». Seule une grande bataille de ce genre pourrait modifier le cours de l’histoire mondial, afin d’empêcher l’impensable : une guerre nucléaire qui menace de détruire la vie sur la planète.

Les médias transnationaux participent à ce camouflage en minimisant ou en passant sous silence les conséquences dévastatrices d’une guerre nucléaire. En de telles circonstances, il faudra donc écouter le message de Fidel au monde ; tous les peuples de la planète devront comprendre la gravité de la situation et agir énergiquement à tous les niveaux de la société pour inverser le cours des événements.

La « Bataille d’idées » fait partie d’un processus révolutionnaire. Face à ce torrent de désinformation, Fidel Castro est décidé à répandre la parole d’un bout à l’autre du monde, à informer l’opinion publique mondiale, à « rendre l’impossible possible », à empêcher une équipée militaire qui menace, au vrai sens du mot, l’avenir de l’humanité.

Quand une guerre parrainée par les USA se convertit en un « instrument de paix », et que les institutions mondiales et les plus hautes autorités mondiales, dont l’ONU, l’approuvent et l’acceptent, on atteint un point de non-retour : la société humaine court irréversiblement à sa perte.

La « Bataille d’idées » prônée par Fidel doit se traduire en un mouvement mondial. Les peuples doivent se mobiliser contre ces visées bellicistes diaboliques.

Les peuples pourront éviter cette guerre s’ils mettent la pression sur leurs gouvernements et sur leurs représentants élus, s’ils s’organisent localement dans les villes, les villages et les communes, s’ils répandent la parole, s’ils informent leurs concitoyens des conséquences d’une guerre thermonucléaire et s’ils engagent des débats et des délibérations avec les forces armées.

Il faut un mouvement massif des peuples qui conteste énergiquement la légitimé de la guerre, un mouvement mondial des peuples qui la pénalise.

Dans son message du 15 octobre, Fidel Castro a averti le monde des périls d’une guerre nucléaire : « Les dirigeants politiques et militaires des USA nous disent que la guerre provoque des dommages collatéraux, ce qui leur permet de justifier la mort d’innocents. Dans une guerre nucléaire, le dommage collatéral serait tout simplement  l’existence même de l’humanité. Ayons le courage de dire tout haut que toutes les armes, qu’elles soient nucléaires ou classiques, que tout ce qui sert à faire la guerre doit disparaître ! »

La « Bataille d’idées » consiste à faire front aux criminels de guerre qui occupent de hautes responsabilités afin de briser le consensus – piloté par les USA – en faveur d’une guerre mondiale, de modifier la mentalité de centaines de millions de personnes, d’abolir les armes nucléaires. Bref, la « Bataille d’idées » consiste dans son essence à restaurer la vérité et à jeter les fondations d’un monde de paix.

Michel Chossudovsky,

Centre de recherche sur la mondialisation (CRG)
www.mondialisation.ca,

Montréal le 11 novembre 2010, Jour du souvenir


« Si les USA font le choix de la guerre classique en Iran, ils la perdront. Et l’alternative de la guerre nucléaire n’en est une pour personne. Par ailleurs, la guerre nucléaire se convertirait inévitablement en une guerre nucléaire mondiale. »


« Je crois que personne au monde ne désire l’extinction de l’espèce humaine. Voilà pourquoi je suis d’avis qu’il faut faire disparaître non seulement les armes nucléaires, mais aussi les armes classiques. Il faut offrir des garanties de paix à tous les peuples sans distinction. »


« Dans une guerre nucléaire, le dommage collatéral serait tout simplement  l’existence même de l’humanité. Ayons le courage de dire tout haut que toutes les armes, qu’elles soient nucléaires ou classiques, que tout ce qui sert à faire la guerre doit disparaître ! »


« Exigeons que le monde ne soit pas conduit à un désastre nucléaire, exigeons la préservation de la vie. »

Fidel Castro Ruz, octobre 2010 
A lire :ENTRETIENS complets sur Mondialisation.ca

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13 novembre 2010 6 13 /11 /novembre /2010 20:24

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Réflexions du compañero Fidel

 

UN ÉNORME PANIER DE CRABES

 

Voilà ce qu’a été la réunion du G-20 qui a commencé hier à Séoul, capitale de Corée du Sud.

 

Qu’est-ce que le G-20 ? se demanderont bien des lecteurs saturés d’acronymes. Une invention de plus du puissant Empire et de ses alliés les plus riches qui avaient déjà créé le G-7, à savoir les USA, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie et le Canada. Quand ils décidèrent d’admettre la Russie, le club fut rebaptisée le G-8. Plus tard, ils y firent entrer cinq pays émergents importants : la Chine, l’Inde, le Brésil, le Mexique et l’Afrique du Sud. S’adjoignirent ensuite plusieurs pays de l’OCDE (un autre sigle qui renvoie à l’Organisation de coopération et de développement économiques) : l’Australie, la République de Corée et la Turquie. Puis l’Arabie saoudite, l’Argentine et l’Indonésie, soit un total de dix-neuf. Le vingtième membre est rien moins que l’Union européenne. L’Espagne, elle, arbore depuis 2010 le singulier statut d’« invitée permanente ».

 

Une autre réunion internationale de haut niveau se déroule presque simultanément au Japon : celle de l’APEC, autrement dit le Forum de coopération économique Asie-Pacifique, qui concerne des pays tous baignés par les eaux de l’océan Pacifique et ayant d’importants échanges commerciaux. Si le lecteur a la patience d’ajouter, donc, au groupe antérieur la  Malaisie, Brunei, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, Singapour, la Thaïlande, Hong-Kong, Taipei, la Papouasie-Nouvelle Guinée, le Chili, le Pérou et le Vietnam, il disposera de la totalité du puzzle. S’il lui faut une carte, un ordinateur portable la lui fournira sans mal.

 

Ces réunions internationales abordent les aspects clefs de l’économie et des finances du monde. Quant au Fonds monétaire international et à la Banque mondial, dont les pouvoirs en matière financière sont décisifs, ils possèdent déjà un patron : les États-Unis.

 

Il est important de rappeler qu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’industrie et l’agriculture des USA étaient intactes ; que celles de l’Europe de l’Ouest étaient totalement détruites, exception faite de la Suisse et de la Suède ; que l’URSS était matériellement rasée et qu’elle avait perdu plus de vingt-cinq millions de citoyens ; que le Japon, vaincu, était ruiné et occupé. Environ 80 p. 100 des réserves d’or mondiales avaient émigré aux États-Unis.

 

C’est du 1er au 22 juillet 1944, dans un hôtel isolé, quoique vaste et confortable, de Bretton Woods, une petite localité de l’État du New Hampshire, au nord-est des USA, que l’Organisation des Nations Unies, récemment créée, tint une Conférence monétaire et financière.

 

Et là, les États-Unis obtinrent le privilège exceptionnel de voir leur papier-monnaie devenir devise internationale, convertible en or au taux fixe de 35 dollars l’once Troy. Étant donné que l’immense majorité des pays avaient déposé leurs réserves de devises dans les banques étasuniennes, ce qui équivalait à faire des prêts considérables au pays le plus riche du monde, on avait donc fixé une limite à l’impression de papier-monnaie de sa part, ce qui signifiait au moins que la valeur des réserves des autres pays déposées dans ces banques était garantie.

 

C’est à partir de ce privilège énorme – limité néanmoins par le fait que l’émission de dollars devait s’ajuster à leur convertibilité en or – que le puissant pays accrut son contrôle sur les richesses de la planète.

 

Mais les équipées militaires et les guerres des États-Unis, en alliance avec les anciennes puissances coloniales, en particulier le Royaume-Uni, la France, l’Espagne, la Belgique, la Hollande et la toute nouvelle Allemagne de l’Ouest, mirent en crise le système monétaire installé à Bretton Woods.

 

C’est durant la guerre génocidaire que les USA lancèrent contre le Vietnam – où ils faillirent recourir à des armes nucléaires – que le président étasunien prit sans aucun scrupule la décision unilatérale d’annuler la convertibilité du dollar en or. Dès lors, les USA firent fonctionner la planche à billets sans aucune limite. Et ils abusèrent à ce point de leur privilège que l’once Troy est  passée de 35 dollars à plus de 1 400 dollars aujourd’hui, soit au moins quarante fois la valeur qu’elle eut pendant vingt-sept ans, jusqu’en  1971 où Richard Nixon adopta cette décision funeste.

 

Ce que la crise économique qui frappe aujourd’hui la société étasunienne a de pire, c’est que les mesures anticrises qui avaient fonctionné à d’autres moments de l’histoire du système capitaliste impérialiste des USA ne sont pas parvenues à relancer la marche normale de l’économie. Alors que l’État accumule une dette qui avoisine les 14 billions de dollars, soit la valeur du PIB du pays, le déficit fiscal persiste ;  les énormes dépenses engagées pour sauver les banques et la réduction des taux d’intérêt à quasiment 0% parviennent juste à maintenir le taux de chômage au-dessous de 10 p. 100, sans réduire la quantité de familles dont les logements font l’objet de liquidations. Le budget que les USA consacrent à la défense, déjà gigantesque, ne cesse de croître pour dépasser d’ores et déjà ceux de tous les autres pays du monde réunis et, ce qui es encore plus grave, le budget alloué à la guerre.

 

Le président, élu voilà à peine deux ans au nom de l’un des partis traditionnels, a essuyé la pire défaite dont on se souvienne en ce dernier quart de siècle. Une défaite qui s’explique par la frustration des électeurs et par le racisme. William K. Black, économiste et écrivain étasunien, a signé une phrase mémorable : « La meilleure façon de voler une banque, c’est d’en être le propriétaire. » Les secteurs les plus réactionnaires des USA fourbissent leurs armes, adoptant une idée qui est en quelque sorte l’antithèse de celle des bolcheviques en octobre 1917 : « Tout le pouvoir à l’extrême droite des États-Unis. »

 

Il semblerait que l’administration étasunienne, devant l’échec de ses mesures anticrises traditionnelles, ait recouru à une autre décision désespérée : la Réserve fédérale vient d’annoncer en effet l’achet de 600 milliards de dollars avant la réunion du G-20.

 

Mercredi 10 novembre, l’une des plus importantes agences de presse des USA, faisait savoir :

 

« Le président Barack Obama est arrivé en Corée du Sud pour participer aux réunions des vingt puissances économiques du monde les plus importantes. Les tensions en matière de politiques monétaires et d’intérêts commerciaux sont apparues dès avant le sommet du Groupe des Vingt. L’ambiance s’est surchauffée quand on a su que les USA allaient injecter 600 milliards de dollars en effectif dans leur faible économie. Cette manœuvre a rendu furieux des dirigeants dans le reste du monde. Obama a défendu toutefois la mesure prise par la Réserve fédérale. »

 

Cette même agence faisait savoir le 11 novembre :

 

« Un puissant sentiment de pessimisme a régné, ce jeudi, à l’ouverture d’un sommet économique des principaux pays riches et en développement dans la mesure où les dirigeants mondiaux sont profondément divisés au sujet de leurs politiques monétaires et commerciales.

 

« Fondé en 1999 et ayant tenu son premier Sommet voilà deux ans, le Groupe des Vingt (G-20, qui rassemble des pays développés comme les USA et l’Allemagne et des géants émergents comme la Chine et le Brésil) est devenu la clef de voûte des efforts que consentent les gouvernements pour réactiver l’économie mondiale et éviter un autre krach financier mondial…

 

« Un échec du Sommet de Séoul aurait de graves conséquences. Le risque est que les pays s’efforcent de maintenir leurs devises artificiellement basses pour procurer à leurs exportations un avantage compétitif sur les marchés mondiaux, ce qui conduirait à une guerre économique destructrice.

 

« Par ailleurs, les pays se verraient tentés de taxer leurs importations, ce qui serait une répétition des politiques qui avaient aggravé la Grande Dépression des années 30.

 

« Certains pays, comme les USA, croient que la priorité maximale est de faire pression sur la Chinepour qu’elle réévalue sa monnaie face à d’autres devises, afin que Washington puisse réduire les énormes déficits commerciaux qu’elle enregistre face au géant asiatique, puisque, en ce cas, les exportations chinoises coûteraient plus cher et les importations étasuniennes moins cher.

 

« D’autres pays sont furieux devant le projet de la Réserve fédérale d’injecter 600 milliards de dollars frais dans l’économie affaiblie des USA. Ils y voient une mesure égoïste visant à saturer les marchés de dollars, ce qui diminuerait la valeur de cette monnaie et donnerait aux exportateurs étasuniens un avantage injuste en matière de prix.

 

« Les pays du G-20… ne trouvent guère de terrain d’entente sur le thème le plus gênant : que peut-on faire dans une économie mondiale qui dépend des énormes déficits commerciaux des USA envers la Chine, l’Allemagne et le Japon.

 

« Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, a mis en garde jeudi que le monde courrait à la banqueroute  si les pays riches réduisaient leur consommation et tentaient d’atteindre la prospérité uniquement à partir de leurs exportations : "Si les pays les plus riches ne consomment pas et que tous veuillent favoriser leur économie à partir des exportations, le monde fera faillite parce que plus personne n’achètera. Tout le monde veut vendre…"

 

« Le Sommet s’est ouvert sous le signe du pessimisme pour Obama et le président sud-coréen, Li Myung-bak, car leurs ministres ne sont pas parvenus à un accord sur un traité de libre-échange bloqué depuis fort longtemps et dont on espérait qu’il serait réglé cette semaine.

 

« Les présidents des pays du G-20 se sont réunis jeudi soir au Musée national de Corée, à Séoul, pour un dîner qui a marqué l’ouverture officielle du Sommet.

 

« Dans les rues avoisinantes, des milliers de manifestants protestaient contre le G-20 et le gouvernement sud-coréen. »

 

Le Sommet s’est clos aujourd’hui, jeudi 12, sur une déclaration en vingt points et trente-deux paragraphes.

 

Le monde, on le sait, n’est pas constitué des vingt pays du G-20 ou de trente-deux pays si l’on ajoute ceux de l’APEC. Quand on prend la quantité de pays (187) qui ont voté à l’ONU la Résolution demandant la levée du blocus des USA contre Cuba, plus les deux qui ont voté contre et les trois qui se sont abstenus, on obtient un total de 192 pays. Pour 160 pays, donc, il n’existe pas la moindre tribune où ils pourraient dénoncer le pillage impérial de leurs ressources et parler de leurs besoins économiques urgents. À Séoul, l’Organisation des Nations Unies est littéralement absente. Cette noble institution ne dira-t-elle pas un mot ?

 

Ces jours-ci, des agences de presse européennes ont donné des nouvelles vraiment dramatiques d’Haïti où, en janvier dernier, un séisme a tué en quelques minutes environ 250 000 personnes :

 

« Les autorités haïtiennes ont signalé que l’épidémie de choléra s’étendait avec rapidité dans Gonaïves, au nord de l’île, dont le maire, Pierreleus Saint-Justin, dit avoir enterré personnellement trente et une personnes mardi, dans l’attente de donner une sépulture à quinze autres cadavres : "D’autres pourraient même mourir en ce moment, tandis que nous parlons", a-t-il déclaré. Depuis le 5 novembre, on a enterré soixante-dix corps rien que dans la ville de Gonaïves, mais "des gens meurent dans les zones rurales" proches de la ville.

 

« …La situation "devient catastrophique" à Gonaïves… Les inondations causées par le cyclone Thomas peuvent l’empirer.

 

« Les autorités sanitaires haïtiennes ont, ce mercredi,  élevé à 643 le bilan de victimes de la maladie dans tout le pays, jusqu’au 8 novembre. On compte 9 971 malades durant cette même période. Les radios informent que les chiffres qui seront connus vendredi pourraient élever le bilan à plus de 700 victimes.

 

« …le gouvernement affirme que la maladie a une grave incidence sur la population de Port-au-Prince et qu’elle menace la banlieue de la capitale, où plus d’un million de personnes continuent de vivre sous la tente depuis le séisme du 12 janvier.

 

Les dépêches d’aujourd’hui parlent de 796 morts et de 12 303 malades.

 

Plus de trois millions d’habitants sont menacés, dont beaucoup vivent sous la tente et dans les ruines laissées par le séisme, sans eau potable.

 

La principale agence de presse étasunienne informait hier :

 

« La première partie du Fonds étasunien de relèvement d’Haïti est en route, plus de sept mois après la promesse faite de contribuer à la reconstruction du pays à la suite du séisme dévastateur de janvier.

 

« …120 millions de dollars seront transférés dans les prochains jours, soit le dixième du total promis, au Fonds de relèvement d’Haïti géré par la Banque mondiale, a affirmé P. J. Crowley, porte-parole du département d’État.

 

« Selon un adjoint de ce même département, l’argent alloué au Fonds sera assigné à l’enlèvement des décombres, au logement, à des crédits, à l’appui au plan de réforme éducationnelle de la Banqueinteraméricaine de développement et au budget du gouvernement haïtien. »

 

De l’épidémie de choléra, une maladie qui a déjà touché durant des années de nombreux pays sud-américains et qui peut se propager dans les Caraïbes et dans d’autres parties de notre continent, pas un mot !

 

 

Fidel Castro Ruz

le 12 novembre 2010

20 h 49

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 00:29

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La Havane, 10 novembre, (AIN-RHC) – Le leader historique de la Révolution Cubaine, Fidel Castro a rendu visite mardi après-midi au Président vénézuélien Hugo Chavez avec lequel il a eu une rencontre qui a duré quatre heures.

Au cours de l’entretien, ils ont évoqué le début des échanges qui ont conduit à la signature de l’Accord Intégral de Coopération Cuba-Venezuela qui a permis, durant 10 ans, de consolider les relations politiques, économiques et sociales entre nos deux peuples.

Fidel Castro a félicité Hugo Chavez pour les propos chaleureux et émouvants qu’il a tenus au meeting qui a eu lieu au Palais des Congrès de La Havane. C’est au cours de ce meeting que le Président Raul Castro a annoncé la tenue du 6e Congrès du Parti Communiste de Cuba en avril 2011 pour saluer le 50e anniversaire de la proclamation du caractère socialiste de la Révolution Cubaine et de la Victoire de la Baie des Cochons.

Hugo Chavez s’est dit très satisfait de rencontrer de nouveau Fidel Castro. Il lui a raconté le travail réalisé par les ministres de nos deux pays qui ont permis de donner un puissant élan lundi à l’Accord Intégral de Coopération bilatérale pour la période 2010-2020. Il a également exprimé sa satisfaction pour le meeting émouvant qui a salué le 10e anniversaire de la signature de ces accords.

Fidel Castro et Hugo Chavez ont également échangé des vues sur la situation internationale complexe. Ils ont également relevé que les relations entre Cuba et le Venezuela sont un exemple de relations fraternelles entre deux peuples révolutionnaires qui luttent pour un avenir meilleur pour toute l’Humanité.

Source : RHC

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 18:54

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 À la fin de l’intervention de Bruno, le 26 octobre vers midi, les explications de vote ont commencé, comme c’est la règle, avant que le projet de résolution ne soit soumis au suffrage.

Le premier à prendre la parole a été Ronald D. Godard,  conseiller principal pour les affaires du continent au département d’État et chef de la délégation étasunienne. Ses affirmations insolites, fidèle reflet de la politique foncièrement cynique de son pays, m’exonèrent d’avoir à prouver que les dénonciations du ministre cubain des Relations extérieures sont rigoureusement justes.

« Les USA… se sont fermement engagés à appuyer le souhait du peuple cubain de déterminer librement l’avenir de son pays.

« …les USA…  ont le droit souverain de décider de leurs relations économiques avec un autre pays. Celles qu’ils ont avec Cuba est une question bilatérale… elles visent à favoriser un climat de plus grande ouverture à Cuba et un plus grand respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

« Ne le perdons pas de vue dans ce débat bourré d’arguments rhétoriques du passé et ciblé sur des différences tactiques, dans ce débat qui ne sert à rien pour aider le peuple cubain.

« Ma délégation regrette que la délégation cubaine continue, d’année en année, de qualifier d’une manière inappropriée et incorrecte d’acte de génocide les restrictions commerciales imposées à Cuba… Les USA n’imposent aucune restriction à l’aide humanitaire à Cuba…

« En 2009, les USA… ont autorisé… une aide humanitaire privée de 237 millions de dollars sous forme de dons en aliments et en autres produits essentiels, de dons humanitaires non agricoles et de dons médicaux.

« En avril 2009, les président Obama a affirmé : "Les États-Unis cherchent un nouveau départ avec Cuba", mais  "il reste encore un long trajet à faire pour dépasser des décennies de méfiance". Nous avons lancé des conversations pour rétablir le service postal direct entre nos deux pays et nous avons accru les échanges artistiques et culturels.

« Le président Obama a dit publiquement que la libération de prisonniers politiques et les réformes économiques étaient positives pour le peuple cubain. Les USA espèrent que le gouvernement cubain tiendra au plus tôt ses promesses et qu’il fera preuve d’une plus grande ouverture pour démontrer sa volonté d’avoir des relations constructives avec son peuple. [...] Les USA estiment qu’une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays ne pourra vraiment commencer que lorsque le peuple cubain jouira des libertés politiques et économiques qui sont reconnues à l’échelle internationale et que cette organisation a tant défendues dans d’autres pays du monde.

« Ma délégation votera contre cette résolution. Les USA estiment qu’il est temps que cette organisation centre ses énergies sur le soutien à la lutte que mène le peuple cubain afin de décider de son propre avenir et qu’elle dépasse les gestes rhétoriques que signifie cette Résolution.

« Je vous remercie, monsieur le Président. »

La chef de la délégation du Nicaragua, dont le peuple a souffert dans sa chair la guerre sordide de Ronald Reagan qui lui a coûté tant de sang, a ensuite expliqué son vote. Son intervention a été massue.

Le scrutin a eu lieu : la Résolution  a été voté par 187 pays contre 2 (les USA et Israël, son allié inséparable en génocide), avec trois abstentions (les îles Marshall, la Micronésie et Palau). Autrement dit, les 192 membres des Nations Unies ont participé au scrutin.

Celui-ci conclu, la représentation belge a, au nom de l’Union européenne, cette autre alliée des USA, a ouvert l’intervention des délégations désireuses d’expliquer leur vote.

Puis, seize pays, dont certains jouent un rôle marquant dans l’arène politique internationale, ont expliqué pourquoi ils avaient voté la Résolution : l’Uruguay, la Bolivie, l’Angola, Myanmar, le Suriname, le Belarus, Saint-Kitts-et-Nevis, le Laos, la Tanzanie, La Libye, la Syrie, le Soudan, le Vietnam, le Nigeria, Saint-Vincent-et-Grenadines et la République populaire et démocratique de Corée, dans cet ordre.

Je me permets de rappeler que de nombreux pays se sont abstenus de prendre la parole à la demande même de notre délégation afin que les débats ne s’étendent pas trop, ce qui aurait nui, compte tenu de l’heure, à leur divulgation et que la séance ne se convertisse pas en un marathon du fait d’un trop grand nombre d’orateurs. Il n’empêche que trente-sept délégations ont défendu d’une manière claire et précise le juste projet que l’Assemblée générale des Nations Unies venait d’approuver pour la dix-neuvième fois, ce débat ayant été le plus long et le plus énergique à ce jour sur ce point délicat et important.

C’est à 16 h 17 que le ministre cubain des Relations extérieures a utilisé son droit de réponse au nom de Cuba. Voilà l’essentiel de ses propos, bien que presque tous aient été essentiels :

« Monsieur le Président,

« Je remercie beaucoup les treize orateurs et les délégations présentes à cette séance improvisée de l’après-midi.

« Au sujet des affirmations des USA et de l’Union européenne :

« Voilà donc la dix-neuvième fois que la délégation étasunienne nous ressasse la même rengaine.

« Le blocus et un acte de guerre économique et un acte de génocide.

« Serait-ce que le département d’État ne fait pas bien son travail, qu’il n’a pas étudié la question ?

« L’an dernier, j’ai lu ici-même les articles correspondants des Conventions de Genève…

« Et aujourd’hui, j’ai lu le fameux mémorandum de M. Mallory.

« Ce sont pas là des "arguments idéologiques" du passé. Le blocus est un vieux vestige de la Guerre froide. Le point en débat, ce n’est pas la rhétorique, mais l’agression commise contre Cuba.

« Les USA n’ont pas l’intention d’aider ni d’appuyer le peuple cubain. Le blocus cause des privations et des souffrances, et s’il ne provoque pas de morts, c’est parce que la Révolution cubaine l’empêche. Comment pourrait-on justifier que des enfants cubains soient punis de la manière que j’ai expliquée ici ? Si les USA voulaient vraiment aider ou appuyer le peuple cubain, il leur suffirait tout bonnement de lever sur-le-champ le blocus.

« Pourquoi interdit-on aux Étasuniens de venir à Cuba et de se faire eux-mêmes leur propre opinion ? Pourquoi restreint-on les contacts dits "de peuple à peuple" ?

« Les prétextes avancés pour justifier le blocus ont évolué au fil du temps. Ça a d’abord été notre prétendue appartenance à l’axe sino-soviétique, puis l’exportation de la Révolution en Amérique latine, puis la présence de troupes cubaines en Afrique pour aider à liquider l’apartheid, préserver l’indépendance de l’Angola et assurer celle de la Namibie.

« Ensuite, la manipulation du thème des droits humains. Or, le blocus est justement une violation brutale des droits humains des Cubains.

« Nous sommes disposés à discuter de violations des droits humains. Et nous pouvons commencer par celles du camp de concentration de Guantánamo où l’on torture et où l’habeas corpusn’existe pas, car c’est le règne des "commissions militaires", en marge de tout droit. La délégation étasunienne pourrait-elle nous expliquer ce qu’il s’est passé dans les camps d’Abu Ghraib, de Bagram et de Nama ? A-t-on jugé les responsables ? A-t-on jugé ceux qui, au sein des gouvernements européens, ont autorisé les prisons secrètes dans ce continent et les vols de la CIA emportant des personnes séquestrées ? Le représentant de l’Union européenne pourrait-il nous expliquer ça un peu mieux ?

« Ou bien alors peut-être pourrions-nous parler de Wikileaks… Pourquoi ne nous racontez-vous pas quelque chose au sujet des atrocités et des crimes qui apparaissent dans 75 000 documents sur  l’Afghanistan et dans 400 000 sur l’Iraq ?

« Les changements à Cuba, c’est du ressort des Cubains. Nous changerons tout ce qu’il faut changer pour le bien des Cubains, mais nous ne demanderons jamais son opinion à l’administration étasunienne. Nous avons choisi librement notre destinée. C’est bien pour ça que nous avons fait une Révolution. Ce seront des changements souverains, pas des "gestes". Nous savons d’ailleurs pertinemment que le seul changement valable pour les USA serait que nous instaurions un gouvernement à leur solde. Mais ça n’arrivera pas !

« Vous voulez une coopération entre nos universités ? Eh bien, levez les restrictions aux échanges savant, universitaires, scientifiques et culturels et permettez la signature d’accords entre elles.

« Vous voulez une coopération en matière de trafic de drogues, de terrorisme, de traite d’être humains, de catastrophes naturelles, de courrier postal ? Eh bien, répondez au moins aux propositions que nous vous avons soumises sans aucune condition voilà plus d’un an.

« Un haut fonctionnaire de l’US/AID a confirmé hier au journaliste Tracey Eaton que son organisme avait fait parvenir, durant la dernière période, 15,6 millions de dollars à "des individus sur le terrain à Cuba". C’est ainsi que vous appelez vos mercenaires…

« Les transmissions illégales de radio et de télévision se poursuivent.

« Les cinq Cubains antiterroristes sont toujours injustement en prison.  Gerardo Hernández Nordelo a été soumis sans motif, voilà peu, à un emprisonnement cellulaire et privé d’une aide médicale.

« Des terroristes internationaux avérés comme Orlando Bosch et Posada Carriles déambulent en toute liberté dans les rues de Miami où ils font même des activités politiques.

« Le blocus, abusivement extraterritorial, porte préjudice à tous les pays ici présents. Il est loin d’être un fait bilatéral.

« Monsieur le Président,

« Je n’ai pas grand-chose à ajouter à l’adresse de l’Union européenne.

« Nous ne lui reconnaissons absolument aucune autorité morale ni politique pour faire des critiques en matière de droits humains.

« Elle ferait mieux de s’occuper de sa politique brutale contre les immigrants, de ses déportations de minorités, de sa violente répression contre des manifestants et de l’exclusion sociale croissante de ses chômeurs et de ses secteurs à moindre revenu.

« Le Parlement européen n’a pas le moindre scrupule d’accorder des prix infâmes aux agents à la solde de l’administration étasunienne à Cuba.

« L’Union européenne se fait des illusions si elle croit pouvoir normaliser ses relations avec Cuba sans supprimer la Position commune !

« Je vous remercie. »

Nous attendions tous la réponse des États-Unis à celle de Bruno. Le mieux qu’aient pu faire l’ambassadeur et sa délégation – qui ne nous pas fait du moins le coup du mépris en abandonnant la salle – ça a été de résister de pied ferme à cette volée d’arguments irréfutables. La réplique de Cuba les a paralysés : j’ai eu la sensation qu’ils s’évanouissaient progressivement avant de disparaître de la scène.

Malgré ces cinquante ans de blocus, la superpuissance n’a pas pu et ne pourra pas vaincre la Révolution cubaine. Je ne me suis pas amusé à compter les voix pour et contre la Résolution. J’ai constaté en revanche la chaleur et la conviction de ceux qui sont intervenus contre cette mesure injuste et arbitraire. C’est une erreur de croire qu’elle pourra se maintenir indéfiniment. On a assisté à un soulèvement. Les peuples en ont assez des agressions, des pillages, des abus et des duperies.

Les délégations n’avaient jamais protesté avec autant de vigueur contre la façon dont les USA se moquent avec mépris de la communauté internationale qui condamne à juste titre un acte de génocide réitéré d’année en année. Les peuples sont conscients que le plus grave, c’est le pillage systématique des ressources naturelles imposé à la plupart d’entre eux, la pénurie progressive d’aliments, la destruction de l’environnement, la quantité croissante de guerres contre d’autres peuples à partir de bases militaires installés dans plus de soixante-quinze pays et le danger accru d’une guerre qui serait suicidaire pour tous les peuples du monde.

L’ONU ne peut exister sans les peuples qui exigent la levée du blocus. Cette institution, née alors que l’immense majorité d’entre nous n’étaient même pas indépendants, à quoi sert-elle sans nous ? À quoi donc parler de nos droits si nous ne pouvons même pas demander la levée du blocus appliqué à un petit pays ? On nous a, d’une façon ou d’une autre, subordonnés aux intérêts des USA et de l’OTAN, une organisation belliciste qui dépense tous les ans plus d’un billion de dollars en guerres et en armements, une somme qui suffirait largement à apporter l’essentiel à tous les peuples du monde.

De nombreux pays du Tiers-monde sont contraints de chercher des solutions, indépendamment de ce qui arrive aux autres, ce qui revient à marcher sur un tapis roulant se déplaçant de plus en plus vite en sens inverse.

Il nous faut une ONU vraiment démocratique, et non un fief impérial où l’immense majorité des peuples du monde compte pour du beurre. L’ONU, fondée avant la fin de la Seconde Guerre mondial, est au bout du rouleau. Ne nous laissons pas imposer le rôle ridicule consistant à nous réunir une fois de plus dans douze mois pour qu’on se moque de nous. Faisons sentir notre poids et sauvons la vie de notre espèce avant qu’il ne soit trop tard.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 1er novembre 2010

17 h 53

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 08:36

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L’Assemblée générale des Nations Unies, censément la plus haute autorité politique de la planète, a été convoquée, le mardi 26 octobre, pour analyser une résolution si réitérée qu’elle en est devenue familière : « Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les États-Unis d’Amérique », la résolution la plus débattue, la plus votée dans l’histoire de cette Organisation, mais  jamais encore mise en œuvre à ce jour.

Si une telle accusation était portée contre Cuba ou tout autre pays latino-américains et caribéen et que celui-ci fasse aussi résolument la sourde oreille, on tirerait sur lui, on le sait, à boulets rouges.  Le droit international qualifie d’ « acte de génocide » la politique détestable attribuée si clairement aux « États-Unis d’Amérique » et dont la communauté mondiale demande la cessation.

Voilà maintenant la dix-neuvième fois, soit depuis 1992, que l’Assemblée générale réclame la cessation de cette politique abusive et criminelle. L’intéressant, c’est que, plus cette Résolution a été votée, et plus le nombre de pays qui l’ont appuyée a augmenté et plus la quantité de ceux qui s’abstenaient diminuait et plus le minuscule groupe de ceux qui votaient contre  a fondu : cette fois-ci, seuls deux pays ont voté contre et seulement trois se sont abstenus, soit de petits États qui sont en fait des dépendances coloniales des États-Unis.

Il faut savoir que de grands changements se sont opérés dans le monde depuis la fondation de l’ONU, autrement dit quand roulaient encore les derniers échos de la Seconde Guerre mondiale qui avaient causé cinquante millions de morts et des destructions énormes. De nombreux pays aujourd’hui membres des Nations Unies étaient encore des colonies des puissances européennes qui s’étaient emparées par la force des territoires de la plus grande partie du monde et, sur certains continents, de leur totalité, les agresseurs ayant soumis à la tutelle coloniale, par leur seule supériorité en armements,  des centaines de millions de personnes, provenant en bien des cas  de civilisations bien plus anciennes et aux cultures supérieures

Cuba n’a pas été une exception.

Elle fut, sur notre continent, la dernière colonie espagnole, en raison de ses richesses en produits agricoles rares mais fort demandés, nés des mains laborieuses de paysans libres et de centaines de milliers d’esclaves d’origine africaine. Alors que les autres colonies s’étaient déjà libérées dans les premières décennies du XIXe siècle, l’Espagne préservait sa possession cubaine d’une main de fer et par les méthodes les plus despotiques.

C’est dans la seconde moitié de ce siècle-là qu’un profond sentiment national et patriotique commença  à fleurir sur notre île que l’Espagne rêvait de convertir en fer de lance pour reconquérir ses anciennes colonies en Amérique du Sud. Le peuple cubain se lança dès lors dans sa bataille pour l’indépendance, presque soixante-dix ans après les autres nations sœurs d’Amérique latine, sans d’autres armes que la machette servant à couper la canne à sucre et les chevaux du cru fougueux et rapides. Les patriotes cubains se convertirent en peu de temps en de redoutables soldats.

Trente ans après, notre courageux peuple était sur le point d’atteindre ses objectifs historiques à la suite d’une lutte héroïque contre une puissance européenne en pleine décadence, mais entêtée. L’armée espagnole, malgré la quantité énorme de soldats dont elle disposait, était incapable de maintenir plus longtemps la possession de l’île où elle ne contrôlait que les principales zones urbaines et se trouvait au bord de l’effondrement.

C’est alors que l’Empire naissant, qui n’avait jamais caché son intention de s’emparer de Cuba, intervint dans cette guerre après avoir déclaré cyniquement : « Le peuple de l’île de Cuba est de droit libre et indépendant, et il doit l’être ».

À la fin de la guerre, notre pays ne put participer aux négociations de paix. Le gouvernement espagnol consomma sa trahison en livrant Cuba aux troupes et au gouvernement d’intervention.

Les États-Unis firent dès lors main base sur les ressources naturelles, les meilleures terres, le commerce, les banques, les services et les principales industries du pays, nous transformant en leur néo-colonie.

Voilà ce que nous avons dû supporter pendant plus de soixante ans. Mais nous sommes redevenus indépendants et nous ne cesserons jamais de lutter pour le rester. Ces antécédents permettront aux lecteurs d’autres pays de mieux comprendre l’intervention devant l’’Assemblée générale de l’ONU, le 26 octobre dernier, de notre ministre des Relations extérieures, Bruno Rodríguez.

Les débats ont débuté à dix heures du matin.

Cinq pays ont pris d’abord la parole au nom du Groupe des 77, du Mouvement des pays non alignés, de l’Union africaine, de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et du MERCOSUR pour appuyer la Résolution.

Sont ensuite intervenus quatorze pays, dont deux comptant plus d’un milliard d’habitants chacun : la Chine et l’Inde, qui font à eux deux presque 2,5 milliards d’habitants ; d’autres comptant plus de cent millions, comme la Fédération de Russie, l’Indonésie et le Mexique ; neuf autres dont certains jouent un rôle reconnu dans la vie internationale : le Venezuela, la République islamique d’Iran, l’Afrique du Sud, les îles Salomon, la Zambie, la Gambie, le Ghana et la Barbade.

Soit dix-neuf interventions avant celle de Bruno Rodríguez. Dont le discours fut lapidaire et dont je citerai des paragraphes entiers.

Après avoir fait référence aux graves dangers de guerre qui nous menace, il a ajouté :

« Pour survivre, il est absolument indispensable que l’Humanité prenne toujours plus conscience, ce qui ne pourra se faire que par la diffusion d’une information véridique sur ces thèmes que la plupart des hommes politiques occultent ou ignorent, que la presse passe sous silence et qui sont si horribles pour les gens qu’ils préfèrent ne pas y croire.

[…]

« La politique des États-Unis contre Cuba ne repose, surtout en de pareilles circonstances, sur aucune fondation morale ou légale, n’est pas crédible et ne bénéficie d’aucun appui. Ainsi le démontrent les plus de 180 voix qui pendant les dernières années dans cette Assemblée Générale des Nations Unies ont réclamé la fin du blocus économique, commercial et financier. […]

« L’Amérique latine et les Caraïbes rejettent énergiquement et à l’unanimité cette politique. Le Sommet de l’unité tenu à Cancún en février 2010 l’a exprimé résolument. Les dirigeants de la région l’ont fait savoir directement au président des États-Unis. On peut dire que le rejet formel du blocus et de la Loi Helms-Burtonidentifie, comme peu d’autres thèmes, un patrimoine politique de la région.

« Des positions tout aussi péremptoires ont été ratifiées par le Mouvement des pays non alignés, par les Sommets ibéro-américains, par les Sommets de l’Amérique latine et des Caraïbes avec l’Union Européenne, par l’Union africaine, par les Sommets du Groupe ACP et pratiquement par n’importe quel groupement de nations attaché au droit  international et au respect des buts et principes de la Charte des Nations Unies.

« Le consensus contre le blocus et en faveur d’un changement de politique envers Cuba est vaste et croissant dans la société étasunienne […] 71 p. 100 des Étatsuniens préconisent la normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis…

[…]

« Les sanctions contre Cuba demeurent intactes et sont appliquées avec une extrême rigueur.

« En 2010, le blocus économique s’est durci et ses retombées quotidiennes sont toujours évidentes sur tous les aspects de la vie à Cuba. Il a des conséquences particulièrement sérieuses dans des domaines aussi sensibles pour la population que la santé et l’alimentation. »

Notre ministre signale une série de mesures cruelles qui frappent surtout des enfants souffrant de graves problèmes de santé et que l’administration étasunienne ne saurait démentir. Et de poursuivre :

« Les amendes infligées cette dernière année par le département du Trésor et par le département de la Justice à des personnes juridiques de leur pays ou d’Europe dépassent 800 millions de dollars. […] La confiscation d’un transfert s’élevant à plus de 107 000 euros appartenant à la compagnie Cubana de Aviación réalisé à travers Banco Popular Español depuis Madrid vers Moscou n’est rien moins que du vol. »

Notre ministre des Relations extérieures signale ensuite quelque chose de bien plus important quant aux retombées du crime éhonté que l’on perpètre contre Cuba : à savoir que l’on tend à mentionner la valeur passée en dollars d’un bien meuble ou immeuble, d’un prêt, d’une dette ou de toute autre chose mesurable en argent, sans jamais tenir compte du simple fait que cette monnaie n’a cessé constamment de se dévaluer ces quatre dernières décennies. Je n’en veux pour exemple (publicité gratuite de ma part…) que celui d’un soda archiconnu, Coca-Cola, qui, voilà quarante ans, coûtait cinq cents, en vaut maintenant de cent cinquante à deux cents dans n’importe quel pays. Bruno affirme :

« Les préjudices économiques directs causés au peuple cubain par l’application du blocus durant ces cinquante années dépasse 751 milliards de dollars, à la valeur actuelle de cette monnaie. »

Bref, il ne commet pas l’erreur de chiffrer les pertes que le blocus entraîne année après année comme si la valeur du dollar restait intangible. Or, à cause de l’escroquerie mondiale commise par Nixon quand il a annulé unilatéralement la couverture de cette monnaie en or (à hauteur, alors, de 36 dollars l’once Troy) et qu’il a commencé à imprimer du papier-monnaie sans aucune limite, le pouvoir d’achat de cette monnaie s’est réduit extraordinairement. Notre ministère des Relations extérieures a demandé à un groupe d’experts du ministère de l’Économie de faire cette évaluation dans la valeur actuelle de cette monnaie, ce qui donne le chiffre de préjudices qu’on vient de lire.

Il poursuit :

« …Le 2 septembre dernier, le président Obama lui-même a ratifié les sanctions contre Cuba, arguant de l’ "intérêt national" des États-Unis. Or, l’on sait pertinemment que la Maison-Blanche continue de prêter plus d’attention aux "intérêts spéciaux", bien financés, d’une minuscule minorité qui a fait de la politique contre Cuba une affaire très lucrative.

[…]

« Tout récemment, le 19 octobre, d’après plusieurs agences de presse, le président Obama a qualifié d’insuffisants les processus en cours à Cuba et conditionné tout nouveau pas de sa part à la mise en place des changements qu’il souhaiterait voir dans notre pays. Il se trompe en présumant qu’il a le droit de les juger et de s’y immiscer. Il est regrettable qu’il soit si mal informé et conseillé.

« Les transformations que nous entreprenons aujourd’hui répondent aux aspirations des Cubains et aux décisions souveraines de notre peuple. […] Elles ne se proposent pas de faire plaisir au gouvernement étasunien ou de satisfaire à ses intérêts, qui, de toute façon, ont toujours été contraires à ceux du peuple cubain.

« Pour la superpuissance, tout ce qui ne conduira pas à l’établissement d’un régime subordonné à ses intérêts sera toujours insuffisant. Mais cela n’arrivera jamais, car beaucoup de générations ont consacré et consacrent le meilleur de leur vie à la défense de la souveraineté et l’indépendance de Cuba.

[…]

« Au contraire, l’administration étasunienne a continué d’inscrire Cuba sur les listes dénuées de toute validité, dont celle des États censément promoteurs du terrorisme international, que le département d’État élabore arbitrairement en se permettant de juger le comportement d’autres nations. D’une part, ce pays n’a pas la moindre autorité morale pour dresser des listes pareilles – où il devrait commencer par s’inscrire lui-même, et tout en haut ! – de l’autre, il n’existe pas une seule raison pour inclure Cuba dans aucune d’elles.

« L’administration étasunienne continue de maintenir injustement en prison, depuis plus de douze ans, les cinq Cubains combattants antiterroristes dont la cause a suscité la plus importante solidarité de la communauté internationale. Cuba, qui a été victime du terrorisme d’État et qui l’est toujours, exige qu’elle mette fin à ce deux poids deux mesures et à l’impunité dont jouissent aux USA les auteurs d’actes terroristes organisés sous la protection de sa politique anticubaine. »

Sur ce, Bruno Rodríguez a rappelé à la délégation étasunienne présente dans la salle le fameux mémorandum rédigé par Lester Mallory, alors sous-secrétaire d’État adjoint, et rendu public des dizaines d’années plus tard, qui montre jusqu’à quel cynisme répugnant peut s’élever la politique des USA :

« "La majorité des Cubains soutiennent Castro […] Il n’existe pas d’opposition politique réelle. […] Le seul moyen prévisible de saper le soutien interne est de provoquer le désenchantement et le découragement par l’insatisfaction et les difficultés économiques… Il faut recourir promptement à toutes mesures concevables pour miner l’économie cubaine… Une modalité qui pourrait avoir le plus gros impact est de refuser des financements et des livraisons à Cuba, ce qui réduirait les salaires réels et les revenus monétaires, et provoquerait donc la faim, le désespoir de la population et le renversement du gouvernement."

 « Bien que la traque économique dont elle est victime reste le principal obstacle à son développement et à l’élévation du niveau de vie du peuple, Cuba a atteint des résultats incontestables dans l’élimination de la pauvreté et la faim ; dans les indicateurs de santé et éducation de référence mondiale… […] Voilà quelques semaines, Cuba a pu faire état ici-même d’un niveau élevé et exceptionnel de réalisation en ce qui concerne les Objectifs du Millénaire pour le développement, et ces résultats restent encore du domaine de l’utopie pour une grande partie de la population de la planète.

« Cuba ne renoncera jamais à dénoncer le blocus ni ne cessera de réclamer le droit légitime de son peuple à vivre et à travailler à son développement socio-économique dans des conditions d’égalité, en coopérant avec le reste de nations, sans être soumise à un siège économique ou à des pressions extérieures.

« Cuba remercie la communauté internationale pour sa solidarité décidée avec notre peuple, dans la certitude qu’un jour justice sera faite et que cette résolution ne sera plus nécessaire.

« Je vous remercie.

C’est sur ces mots qu’il a conclu sa première intervention.

À suivre demain.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 31 octobre 2010

17 h 13

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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 18:18

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Quels sauvages ! Me suis-je exclamé après avoir lu jusqu’à la dernière ligne les révélations que le fameux journaliste Seymour Hersh a publiées dans Democracy Now et qui sont présentées comme l’une des vingt-cinq nouvelles les plus censurées aux États-Unis.

Le texte, intitulé : « Les crimes de guerre du général étasunien Stanley McChrystal », a été inclus dans le Project Censored, élaboré par une université de Californie qui comprend les paragraphes essentiels de ces révélations.

« Le général Stanley McChrystal, qu’Obama a nommé responsable de la guerre en Afghanistan en mai 2009, avait été auparavant le chef de l’État-major interarmes des opérations spéciales (JSOC), qui dépendait de Dick Cheney [le vice-président de George W. Bush]. Le gros de la carrière militaire de trente-trois ans du général McChrystal reste classés [autrement dit secrète], dont ses services de 2003 à 2008 comme chef du JSOC, une unité d’élite si clandestine que le Pentagone en a nié l’existence pendant des années. Le JSOC est une unité spéciale d’ "opérations noires" [assassinats] de la Navy Seals (Forces spéciales de la marine de guerre) et de Delta Force [des soldats secrets de l’armée chargés d’opérations spéciales, qui s’appelle formellement "Détachement-delta opérationnel des forces spéciales" (SFOD-D), tandis que le Pentagone l’appelle Groupe d’applications de combats (CAG)].

"Seymour Hersh, Prix Pulitzer de journalisme, a révélé que l’administration Bush avait mis en place un ceinturon exécutif d’assassinats qui dépendait directement du vice-président Dick Cheney et au sujet duquel le Congrès ne s’est jamais soucié d’enquêter. Des équipes du JSOC se rendaient dans différents pays, sans même en parler à l’ambassadeur ou au chef de la station CIA, porteurs d’une liste de gens qu’ils recherchaient, qu’ils retrouvaient et qu’ils tuaient, pour repartir ensuite. Il existait une liste de cibles dressée par le bureau du vice-président Cheney. [...] Des personnes furent assassinées dans des dizaines de pays du Moyen-Orient et d’Amérique latine, a affirmé Hersh, qui a ajouté : "Un décret exécutif signé dans les années 70 par le président Ford interdit de telles actions. Ceci ne viole pas seulement ce décret, mais c’est illégal, c’est immoral, c’est contre-productif."

« Le JSOC a aussi été impliqué dans des crimes de guerre, dont la torture de prisonniers dans des sites de détention secrets, " fantômes" (ghost). Le camp Nama, en Iraq, confié au JSOC conduit par McChrystal, fut l’une des installations "fantômes", dont le Comité international de la Croix-Rouge ignorait l’existence et qui a été accusée des pires actes de torture. »

Le général était établi officiellement à Fort Braga, en Caroline du Nord, mais « il fréquentait assidument le camp Nama et d’autres base des forces spéciales en Iraq et en Afghanistan où opérèrent les forces sous son commandement ».

Le document aborde ensuite un point tout à fait intéressant, quand ces actions entraient en conflit avec des fonctionnaires qui, dans l’exercice de leurs fonctions, étaient contraints de faire des choses qui violaient ouvertement la loi et entraînaient de graves délits.

« Un interrogateur du Camp Nama a raconté qu’on enfermait les prisonniers dans des conteneurs pendant vingt-quatre heures sous des chaleurs extrêmes, puis qu’on les exposait à de très grands froids en les aspergeant périodiquement d’eau glacée, qu’on les bombardait de lumières brillantes et de musique bruyante, qu’on les privait de sommeil et qu’on les tabassait sauvagement.

Le document aborde ensuite les flagrantes violations des principes du droit international et des conventions souscrits par les USA. Les lecteurs cubains se rappelleront comment j’ai raconté durant deux Réflexions nos rapports avec la Croix-Rouge internationale à laquelle nous avions remis un grand nombre de prisonniers de l’armée ennemie tombés entre nos mains durant la défense de la sierra Maestra et la contre-offensive stratégique menée ensuite contre l’armée cubaine, entraînée et équipée par les USA. Nous n’avons jamais maltraité un seul prisonnier et nous avons soigné immédiatement tous les blessés. Cette institution basée en Suisse pourrait en attester.

« Le Comité international de la Croix-Rouge est l’organe chargé, en droit international, de superviser le respect des conventions de Genève et il a donc le droit d’examiner toutes les installations où sont enfermés les prisonniers de n’importe quel pays en guerre ou sous occupation militaire.

« Expliquant pourquoi aucun autre média n’a suivi cette histoire, Hersh a affirmé : "Mes collègues de la presse accréditée ne la suivent pas souvent, non parce qu’ils ne veulent pas, mais qu’ils ne savent pas où se tourner. Si j’écris quelque chose sur l’État-major interarmes des opérations spéciales, qui est apparemment une unité classifiée, comment vont-ils m’en parler ? L’administration me dira que tout ce que j’écris est incorrect ou qu’elle ne peut pas faire de commentaires. Vous vous retrouvez vite au chômage avec des histoires pareilles. Je pense que les rapports avec le JSOC sont en train de changer sous Obama. Il y a plus de contrôle maintenant."

« …la décision de l’administration Obama de nommer le général McChrystal nouveau responsable de la guerre en Afghanistan et le maintien de la juridiction militaire pour les prisonniers qu’ont faits les USA dans leur guerre contre le terrorisme dans la prison de la baie de Guantánamo, sont, hélas, des exemples de la façon dont l’administration Obama suit les traces de Bush.

« Rock Creek Free Press a fait savoir en juin 2010 que Seymour Hersh, intervenant à la Conférence sur le journalisme d’investigation à Genève, avait critiqué le président Obama en avril 2010 et dénoncé que les forces étasuniennes réalisaient des "exécutions sur le champ de bataille" : "Ceux que nous capturons en Afghanistan sont exécutés sur le champ de bataille", a-t-il dit. »

À ce point, le récit recoupe une réalité extrêmement actuelle : le fait que le successeur continue de suivre la même politique que le délirant W. Bush, qui inventa une guerre pour s’emparer des ressources gazières et pétrolières les plus importantes du monde dans une région habitée par plus de 2,5 milliards de personnes, à la suite d’actes commis contre le peuple étasunien par une organisation d’hommes que la CIA recruta et arma pour lutter en Afghanistan contre les soldats soviétiques et qui continue de jouir de l’appui des alliés les plus proches des USA.

La zone complexe et imprévisible dont on se dispute les ressources s’étend du Moyen-Orient aux lointaines limites de la région chinoise du Xinjiang, en passant par l’Iraq, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes réunis, l’Iran et les anciennes républiques soviétiques du Turkménistan, de l’Ouzbékistan, du Kazakhstan, du Kirghizstan et du Tadjikistan, capable de fournir le gaz et le pétrole à l’économie en pleine croissante de la République populaire de Chine et à l’Europe industrialisée. La population civile de l’Afghanistan et d’une partie du Pakistan, un pays peuplé de 170 millions d’habitants et possesseur d’armes atomiques, est victime des attaques des drones yankees.

Parmi les vingt-cinq nouvelles les plus censurées par les grands médias et choisies, comme elle le fait depuis trente-quatre ans, par la Sonoma State University (Californie) pour la période 2009-2010, l’une concerne : « Les crimes de guerre du général Stanley McChrystal » ; deux autres ont trait à notre île : « Les médias ignorent l’aide médicale de Cuba en Haïti » et « Les prisonniers de Guantánamo sont toujours victimes de brutalités », et la quatrième s’intitule : « Obama réduit les dépenses sociales et augmentent les dépenses militaires ».

Notre ministre des Relations extérieures, Bruno Rodríguez, avait été le responsable politique de la mission médicale cubaine dépêchée au Pakistan dont le rude Nord-Est avait été ravagé par un terrible séisme et dont de vastes zones peuplées par la même ethnie aux mêmes culture et traditions, furent divisées arbitrairement par le colonialisme anglais en des pays qui tombèrent ensuite sous la coupe des USA.

Dans son intervention d’hier, 26 octobre, devant l’ONU, il a prouvé qu’il était excellemment informé de la situation internationale dans notre monde complexe.

Sa brillante plaidoirie et la Résolution votée hier par l’ONU demandent, par leur importance, des Réflexions que je me propose d’écrire.

 

Fidel Castro Ruz

Le 27 octobre 2010

21 h 16

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 10:53

photo de la rencontre à La Habana entre Fidel Castro y Michel Chossudovsky, director del Centro de Investigaciones sobre Globalización y editor principal del sitio web Global Research. Durante este intercambio, fue grabado en video un Mensaje de Fidel contra la Guerra Nuclear. Foto: Estudios Revolución

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Le recours aux armes atomiques en cas de nouvelle guerre impliquerait la fin de l’humanité. C’est ce qu’avait prévu le scientifique Albert Einstein qui mesura leur capacité destructive : les températures de millions de degré qu’elles génèrent volatilisent tout dans un vaste rayon d’action. Le génial chercheur fut l’un des promoteurs de cette arme parce qu’il redoutait que le régime nazi génocide n’en dispose le premier.

N’importe quel gouvernement au monde a l’obligation de respecter le droit à la vie de n’importe quelle nation et de l’ensemble des peuples de la planète.

Il existe aujourd’hui un risque de guerre imminent au cours de laquelle ce genre d’arme serait utilisé, et je n’ai pas le moindre doute qu’une attaque des USA et d’Israël contre la République islamique d’Iran se convertirait inévitablement en un conflit atomique mondial.

Les peuples ont le devoir d’exiger des dirigeants politiques qu’ils respectent leur droit à la vie. Quand la vie de sa propre espèce, de son peuple et de ses êtres les plus chers court un tel risque, nul ne peut se payer le luxe d’être indifférent ni de perdre une minute pour exiger le respect de ce droit. Demain, il sera trop tard.

Albert Einstein avait dit : « Je ne sais pas quelles armes on utilisera dans la troisième guerre mondiale, mais je sais que, dans la quatrième, on utilisera des bâtons et des pierres. » On comprend bien ce qu’il a voulu dire et il avait raison, sauf qu’il n’y aura plus personne pour manier des bâtons et des pierres.

Les dirigeants politiques et militaires des USA nous disent que la guerre provoque des dommages collatéraux, ce qui leur permet de justifier la mort d’innocents.

Dans une guerre atomique, le dommage collatéral serait tout simplement  l’existence même de l’humanité.

Ayons le courage de dire tout haut que toutes les armes, qu’elles soient atomiques ou classiques, que tout ce qui sert à faire la guerre doit disparaître !

Fidel Castro Ruz
Le 15 octobre 2010

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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 09:32

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La Havane, 11 octobre, (RHC).- Le leader de la Révolution cubaine, Fidel Castro recommande la lecture du livre “Les guerres d’Obama”,écrit par Bob Woodward, journaliste du quotidien The Washington Post.

Dans la première partie d’un article intitulé “L’Empire de l’intérieur” paru dans sa colonne Réflexions du site www.Cubadebate.cu , Fidel Castro souligne qu’il ne serait pas possible de comprendre l’actuelle politique des Etats-Unis si l’on ignore le contenu de ce texte de 420 pages.

Le leader de la Révolution cubaine considère comme un devoir, transmettre aux lecteurs les idées exprimées dans ce livre, ce qu’il fera dans plusieurs articles, car beaucoup de temps s’écoulera avant que plus de 500 millions de personnes dans le monde, y compris les immigrants latino-américains aux Etats-Unis puissent lire ce livre en espagnol- déclare Fidel Castro.

Il rappelle que les articles écrits il y a 38 ans par ce même auteur, en collaboration avec Carl Berstein, ont été à la base du scandale Watergate qui a coûté à Richard Nixon sa carrière politique.

Le premier chapitre du livre de Bob Woodward, raconte entre autres sujets, des détails des réunions que Barak Obama a eues après son élection comme Président, avec le directeur national des renseignements, Mike Mac Connel, afin de connaître en détail, les opérations secrètes d’intelligence du vaste système d’espionnage des Etats-Unis.

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9 octobre 2010 6 09 /10 /octobre /2010 17:03

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Encuentro de Fidel con los jóvenes cubanos. Foto: Roberto Chile

Hier, jeudi, le professeur émérite de l’Université d’Ottawa, Michel Chossudovsky, a participé à la Table ronde de la Télévision cubaine, en compagnie d’Osvaldo Martínez, directeur du Centre de recherche sur l’économie mondiale.

Bien entendu, j’ai suivi ses interventions avec beaucoup d’intérêt. Il s’est exprimé en espagnol et a fait preuve d’une maîtrise totale des thèmes qu’il a abordés. Il est scrupuleux quant à la signification des mots, mais a utilisé des expressions en anglais pour exprimer exactement une idée sans termes équivalents en espagnol.

Selon lui, les États-Unis vivent une crise systémique dont ils peuvent sortir et prétendent la régler en recourant précisément aux mesures qui l’ont provoquée. Toutes les catégories sociales s’y sont appauvries, mais bien plus les travailleurs et les couches moyennes que la classe riche. L’administration étasunienne exige des mesures d’austérité à l’échelle internationale et applique des « médicaments » et des « recettes » qui ont provoqué la crise face à la nécessité de financer les dépenses militaires et de sauver les banques.

Depuis 2003, ils préparent la guerre contre l’Iran et menacent aussi la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Syrie, le Liban et d’autres pays de cette vaste région.

Chossudovsky a critiqué énergiquement l’introduction des mini-niuk parmi les armes nucléaires tactiques et la doctrine intensément diffusée qui a précédé leur introduction, selon laquelle elles étaient sans effet sur la population civile (safe for the surround civilian population, comme il l’a expliqué). Il a signalé avec ironie que ces mini-niuk comprenaient des bombes dont la puissance représentait entre le tiers et le sextuple de celle qui a détruit Hiroshima.

Je poursuis le résumé de son intervention devant les étudiants et professeur de la faculté d’économie de l’Université de La Havane :

« Je tiens à signaler quelque chose de très important… cette guerre ne crée pas d’emplois. […] en revanche, la deuxième guerre mondiale en a créé sous le régime nazi en Allemagne. […] C’est juste une remarque factuelle. […] Il s’est passé la même chose aux USA quand ils sont intervenus dans cette même guerre en 1941, ce qui a été une issue a la grande dépression sous la présidence de Roosevelt.  Mais cette troisième guerre n’est pas du même genre, c’est une guerre de technologie de pointe, ce n’est pas une guerre où l’on assemble du matériel militaire. La guerre du Vietnam a créé des emplois, et celle de Corée aussi. Cette nouvelle guerre se caractérise par un système d’armements qui est très sophistiqué et qui utilise une main-d’œuvre extrêmement scientifique, des ingénieurs et autres…

« …n’importe quel étudiant de première année sait que les mesures d’austérité implantées aux échelles nationale et mondiale, comme l’ont proposé les réunions du G-20, ainsi que sous les auspices de l’ International Settlements, qui représente les banques centrales et où il existe une sorte de consensus selon lequel, pour régler la crise, il faut en implanter,  ne sont pas une solution à la crise, mais une cause de la crise, car, en même temps que vous réduisez les budgets, les dépenses, les crédits aux petites et moyennes entreprises, vous augmentez le chômage, vous baissez les salaires, ce qui est le cas dans la plupart des pays européens.

L’Espagne et le Portugal connaissent des taux de chômage officiels de plus de 20 p. 100. Et la seule solution proposée, non seulement à l’échelle nationale, mais dans tous les pays du monde, selon ce consensus néolibéral, c’est d’implanter des mesures d’austérité…

« …mais la stagnation de l’économie civile a été due d’abord au transfert de richesses, non seulement ces dernières années, mais dès le début des années 80 quand a commencé l’époque dite des politiques néolibérales […] aux USA, ces mesures ont été appliquées par Bill Clinton à la fin de son second mandat […] une loi de modernisation des services financiers, mais ils ont créé un système financier qui ne se réglemente pas lui-même, qui réalise des actes à moitié illégaux. C’est en quelque sorte une criminalisation de l’appareil financier. Le mot n’est pas de moi, mais de nombreux observateurs, dont ceux du Wall Street Journal, parce qu’il y a eu des fraudes financières ces dernières années, et les fraudeurs n’ont pas été touchés.

« …cette crise économique est, de mon point de vue, la plus grave de l’Histoire, elle est sans précédents, même pas celle des années 30 qui était très localisée, car ce n’était pas une crise mondiale en soi, l’économie était dynamique dans différents pays et régions du monde.

« la guerre financière est très liée à la guerre militaire, il y a même des liens entre la Banque mondiale et le Pentagone […] d’anciens secrétaires étasuniens à la Défense deviennent présidents de la Banque mondiale […] le nouvel ordre mondial fonctionne à travers des mécanismes de manipulation financière […] changements de régimes, déstabilisation de gouvernements, opérations militaires de toute sorte […] le capitalisme a des institutions aussi bien civiles que militaires qui opèrent de concert. C’est très important. Derrière elles, il y a des intellectuels, des usines à penser de Washington, des clubs secrets des élites […] Ce processus de guerre qui menace l’humanité est important à tous les niveaux de la société.

« …la guerre est déjà classée comme un acte criminel, selon l’accord de Nuremberg […] c’est l’acte criminel suprême. La guerre est un crime contre la paix. […] Cette crise économique a conduit à une concentration de la richesse en quelques années et à une centralisation du pouvoir économique sans précédents dans l’Histoire […] cette crise n’est pas spontanée, comme veut le faire accroire l’économie néolibérale, elle est le résultat de manipulations, de planifications, sans oublier sa composante militaire. »

C’est sur ces mots que Chossudovsky a conclu son intervention. Puis il s’est dit disposé à répondre aux questions : « …Je vais laisser la question de la résistance et la façon d’inverser ce processus au débat avec vous », a-t-il dit.

Les étudiants ont posés des questions intelligentes et sérieuses. J’en reprends les idées essentielles.

« Modérateur. Je crois interpréter vos sentiments en remerciant le professeur Michael Chossudovsky pour son excellente conférence, qui nous a permis de mieux prendre conscience des tenants et des aboutissants des dangers qui menacent réellement l’humanité… Je vous invite à poser les questions que vous jugez pertinentes.

« Un étudiant. J’aimerais savoir comment vous appréciez l’optimisme avec lequel les médias ont présenté la crise actuelle en Amérique latine et comment vous pensez qu’on peut y faire face dans la région.

« Michel Chossudovsky. On identifie les Caraïbes comme une région très riche en pétrole et en gaz, car ce n’est pas seulement le Venezuela et la Colombie. Il est vrai que les sociétés pétrolières possèdent des informations qui ne sont pas publiques, mais celles qui le sont indiquent que la région est extrêmement riche.

« La situation en Haïti est aussi liée à un projet de conquête de ressources […] la situation humanitaire existante… permet au capital d’avoir accès aux ressources minérales et aux éventuelles ressources pétrolières de cette région… je ne dis pas que ce soit la seule explication à la militarisation de la région, car il y a aussi le trafic de drogues.

«…il existe des objectifs géographiques, géopolitiques, la recherche de ressources… mais le narcotrafic est aussi une source de gains très importante pour le capital-

« …les deux axes du commerce mondial de drogues sont l’Afghanistan et le Pakistan, d’une part, avec le commerce de l’héroïne, et l’autre est la Colombie, le Pérou, la Bolivie. La drogue passe par Haïti et d’autres pays caribéens pour entrer sur le marché étasunien. [ …] L’Afghanistan est un pays terriblement riche, il génère tous les ans environ 200 milliards de dollars en exportation d’héroïne (ce sont du moins mes estimations). Depuis l’entrée des forces étasuniennes dans ce pays, la production d’héroïne a augmenté de trente fois. C’est juste une parenthèse.

« La militarisation de cette région et les actions réalisées en Équateur, une puissance pétrolière, le Venezuela, une puissance pétrolière, le Mexique aussi. Tous ces pays ont une fonction stratégique dans le cadre géopolitique-économique des USA.

« Etudiant. Je suis élève de la faculté d’économie. Est-ce que la mondialisation, telle qu’elle nous a été vendue par les pays développés, est-elle viable ou existe des alternatives, comme les mécanismes d’intégration ?

“Michel Chossudovsky.- Telle qu’elle est définie par les centres de pouvoir, elle  n’est assurément pas viable. Elle l’est peut-être pour un secteur, une minorité sociale qui s’enrichit, mais elle conduit surtout à l’appauvrissement, comme tous les chiffres le prouvent. Elle fait partie d’une évolution qui a touché ces trente dernières années les pays en développement, et vous pouvez le constater dans les pays voisins, au Brésil, au Mexique, au Pérou, à cause de ce modèle destructeur. […] De nombreux pays ont présenté un modèle de développement différent, comme la Yougoslavie. 

« …la Yougoslavie avait un système socialiste, une économie de marché, une économie mixte, un niveau de vie élevé, des services sociaux, des services d’éducation. Et qu’a-t-on fait ? Dès le début des années 80, on l’a complètement détruite, on l’a fragmentée  en une demi-douzaine de pays. Pourquoi ? Parce que la Yougoslavie avait un modèle, offrait une alternative qu’il ne convenait pas de montrer.

« …nous pouvons voir les expériences en Amérique latine. Le Chili a formulé une alternative, et il a été victime d’un putsch et d’une déstabilisation réalisée par les services de renseignement étasuniens, avec des sabotages, des embargos. J’ai vécu ce putsch.

« Il y a de nombreux exemples. La Tanzanie, en Afrique, l’Algérie. Bien des pays ont essayé. L’Indonésie dans les années 60, avec un processus très important […] En 1965, à la suite d’un putsch appuyé par la CIA, plus de 500 00 personnes ont été assassinées d’une manière programmée, et un régime militaire s’est installé qui a cédé aux intérêts des USA.

« …il faut mettre au point un autre modèle économique face au capitalisme mondial. Nous pouvons le faire, mais les autres modèles, dont le modèle cubain, font l’objet de sabotages, d’embargos, de mesures de déstabilisation, d’assassinats. Voilà la vérité.

« …l’Iran n’est pas un pays socialiste, mais c’est un pays qui jouit d’une certaine autonomie, avec un État qui ne veut pas être manipulé. Mais ils n’acceptent même pas le capitalisme qui est le sien. Le monde actuel est ainsi. Des pays capitalistes sont ennemis des États-Unis ; la Chine est en quelque sorte capitaliste, la  Russie aussi, mais leur forme de capitalisme ne plaît pas aux USA, qui veulent par les armes déstabiliser ou détruire toute tentative contre leur hégémonie économique, géopolitique, et celle de leurs alliés.

« Un professeur. Excellente  conférence. Avant, j’avais peur de la guerre, maintenant, j’en suis terrifié. Des Étasuniens ne savent pas que la guerre du Vietnam a eu lieu. Que peut-on faire pour conscientiser le peuple étasunien, afin d’éviter une situation qui, si elle se présente, aura des retombées économiques, politiques et sociales absolument imprévisibles ?

“Michel Chossudovsky. C’est notre préoccupation centrale. Plus de la moitié des lecteurs de notre siteGlobal Research sont étasuniens,  et la majorité des auteurs aussi. Il faut briser les mensonges des médias, il faut batailler contre les sources de mensonges. Car si le peuple étasunien apprenait la vérité, le pouvoir et la légitimité de ses dirigeants s’effondreraient du jour au lendemain. Les médias aux USA,  aussi bien la télévision et la presse qu’Internet, transmettent une vision extrêmement biaisée.

« …sous l’effet de ces discours inquisitoriaux, les Etasuniens acceptent la fausseté, le mensonge, et une fois que le mensonge devient la vérité, il n’y a plus de réflexion et le débat devient inutile. Cela fait partie d’une propagande de guerre destinée à tous les niveaux de la société. Il faut empêcher que le vrai visage de cette guerre soit connu. Les morts civils en Iraq depuis 2003 se montent à deux millions, selon nos estimations, à partir de sources très fiables, comme la Johns Hopkins School of Public Health ; au Congo, on en compte quatre millions ; le quart de la population coréenne est mort sous les bombardements pendant la guerre dans ce pays. Or, ces chiffres ne sont pas connus du public… il existe une censure. Pire qu’une censure : une manipulation de l’information… il faut se battre contre les médias, c’est fondamental, il faut créer des réseaux contre la guerre dans toutes les municipalités aux USA, au Canada, dans le monde entier. Il faut engager des débats, divulguer la connaissance, parce que nous avons une population intelligente mais sous la pression persistante d’une autorité qui leur dit une vérité qui est en fait un mensonge.

« Une étudiante. Est-il possible ou viable de produire un changement en faveur des technologies non polluantes et capables de freiner la crise écologique actuelle ?

« Michel Chossudovsky. C’est une question fondamentale aussi dans nos sociétés, mais les réalités environnementales sont dénaturées et cèdent devant les intérêts économiques, qui sont les principaux destructeurs de l’environnement.

« …le désastre de British Petroleum dans le golfe du Mexique. Washington, autrement dit l’État étasunien, a été complice en cachant ce qui s’est vraiment passé. La faune, la vie marine de tout la côte des USA et au-delà sont menacées, mais on cache cette vérité.

Il est d’ailleurs significatif, pour connecter cette catastrophe environnementale  à la guerre, que British Petroleum soit impliquée au Moyen-Orient et dans le projet militaire,  et qu’elle soit aussi responsable de la pire crise écologique dans l’histoire du continent.

« Une professeure. Vous avez analysé très brièvement l’économie des USA… qui continue de définir la dynamique de l’économie mondiale… Continuera-t-elle de l’être, ou des pays comme la Chine, et les pays dits émergents, peuvent-ils finir par jouer ce rôle ?

« Michel Chossudovsky.  Le leadership économique des USA ne repose plus sur leurs capacités productives… Presque toute leur économie industrielle s’est fermée ces trente dernières années, il n’y a pas d’assemblage, la production est réduite, il existe une économie de services, il y a toute cette question du contrôle de la propriété intellectuelle, c’est une économie de rentier, une économie où la majorité des produits de consommation provient de Chine.

« …l’économie des USA est plus grande que celle de la Chine, mais elle ne produit pas. Le PIB, comme vous le savez, est une mesure de la valeur ajoutée. En fait, une grande partie du PIB étasunien se doit aux importations de provenance chinoise.

« Le mécanisme est très simple : tu vas importer une douzaine de chemises de bonne qualité pour 36 dollars – je donne des prix plus ou moins réels. Ce sont des prix des années 90, maintenant, ils ont diminué. […] Une bonne chemise coûte trois dollars à l’usine; elle arrive aux USA et on la vend 30, 40, 50 dollars. Et quel est donc l’augmentation du PIB étasunien ? 30 moins  3, soit 27 dollars qui viennent s’ajouter au PIB sans qu’il y ait eu la moindre production. […] Vous avez donc une croissance sans production, parce que la caractéristique d’une État à économie impériale est que la production se fasse dans les colonies ou semi-colonies.

« …la fiction de cette première économie mondiale repose sur le pouvoir militaire, c’est là le principal […] Les forces productives aux USA sont extrêmement faibles, et on peut le voir dans les banqueroutes d’entreprises, dans le chômage, etc.

« Un étudiant. …nous n’avons pas l’habitude de voir quelqu’un de votre origine critiquer si fortement le système capitaliste… Selon une analyse marxiste, la crise est systémique, et non conjoncturelle. Croyez-vous que l’opinion publique mondiale, grâce à cette conscience qu’on pourrait inculquer au peuple étasunien, serait vraiment capable d’empêcher un conflit nucléaire, compte tenu des fortes pressions qu’exercent les petits cercles de pouvoir dont on parlé ces derniers temps ?

« Michel Chossudovsky. C’est une crise systémique, mais on ne peut la classifier selon les normes du Capital. La méthodologie marxiste sert à le comprendre, parce que ça repose sur des conflits de classe, mais l’architecture actuelle est terriblement différente de celle qui existait au milieu du XIXe siècle […] comme économiste, nous ne pouvons pas le présenter comme un modèle formel, nous devons voir le caractère institutionnel, les liens entre activités financières, d’une part, les opérations secrètes.

« …la CIA est un organisme à Wall Street, un des principaux ; […] elle est en société mixte avec un grand nombre d’organismes financiers [...] comme elle  a la capacité de prévoir les événements, elle peut opérer sur le marché spéculatif…

« …il est extrêmement important de caractériser cette crise systémique, mais nous devons analyser le fonctionnement du capitalisme, son cadre institutionnel, ses organes secrets, les opérations secrètes, aussi bien sur le marchés financiers que ans le domaine géopolitique, la fonction des militaires, les décisions prises dans les usines à penser de Washington, les organes de l’État et identifier aussi quels sont les acteurs.

« La seconde question se branche sur les questions précédentes, à savoir la nécessité de modifier l’opinion publique. Ma réponse, c’est qu’il faut démolir le consensus qui sous-tend ce système qui est un mensonge. […] il y a  différentes lignes de conduite dans les pays capitalistes, des militants qui disent d’ordinaire : Nous allons adresser une pétition : "s’il vous plaît, président Obama, pourriez-vous cesser la guerre en Afghanistan". Ils l’envoient sur Internet : svp. Signez, nous allons rédiger une lettre à M. Obama, etc. ça ne sert à rien. C’est accepter le consensus, c’est accepter le président, qui fait partie de ce consensus. Or, il faut rompre cette inquisition.

« …on parle de l’Inquisition espagnole, une chose absolument folle sur le plan historique, mais il est encore plus insensé de dire : nous combattons Bin Laden et vous devez nous appuyer et si vous ne nous appuyez pas, vous êtes un terroriste !

« Voilà deux semaines, le FBI a perquisitionné et arrêté des militants antibellicistes et les a accusés de travailleur pour Bin Laden. Les journaux en ont parlé. Oui, il faut changer l’opinion publique, c’est une dialectique, il faut inverser et démonter le discours qui soutient et légitime la guerre et le projet économique. Et démonter le mensonge qui dit, par exemple : la crise est finie.

« Tu ouvres le Wall Street Journal et tu lis : la crise vat finir en janvier 2011. Personne ne le conteste, et les économistes non plus. Accepter est devenu un rituel. On  n’accepte pas faute de connaissance, mais parce que tout le monde l’accepte. Il faut donc briser ce rituel d’acceptation du consensus qui provient du pouvoir politique mais aussi des marchés financiers.

« Une étudiante. Le développement durable est pour moi totalement incompatible avec la guerre, car il n’y a rien de plus destructeur de toute l’humanité que toutes celles qui ont eu lieu. Non la prochaine guerre, mais toutes les dernières que les USA ont déclenchées. […] On insiste sur le développement humain, on nous dit qu’il faut élever le caractère protagoniste des localités, des territoires. Que pensez-vous de ce discours ? Est-il objectif pour nos pays ?

« Michel Chossudovsky. Je partage l’objectif réel du développement durable, mais il faut voir un peu le jeu de mots qu’il y a derrière. Il a été repris par nombre d’organisations écologistes, comme Greenpeace, WWF […] je ne les critique pas, mais quand vous participez aux différents sommets qui se sont tenus dans le domaine de l’environnement, le Forum social mondial, les sommets populaires, comme ceux du G-7, du G-20, vous constatez qu’on n’y aborde jamais les effets de la guerre sur l’environnement. Les ONG occidentales y présentent des communications sur la pollution urbaine, le réchauffement global, mais jamais sur la guerre, ni sur l’impact de la guerre sur l’environnement, ce qui est fondamental.

« J’ai participé à ces sommets jusqu’en 1999, et dès le jour où j’ai parle de la guerre en Yougoslavie, je n’ai plus été invité. Il se peut qu’on parle de la guerre dans un atelier, mais la guerre ne fait pas partie du débat sur "Un autre monde est possible". Je ne critique pas ces mouvements sociaux, cet altermondialisme,  je crois qu’il y a là de gens très bons, mais il y a une dynamique et aussi à la direction de ces organisations quelque chose qui ne correspond pas.[…] Nous ne pouvons pas avoir un mouvement contre la mondialisation qui n’aborde que certains aspects, sans tenir compte du cadre géopolitique […] Les USA et leurs alliés… en guerre durant une bonne partie d’une époque, que nous appelons l’après-guerre, autrement dit ce dernier demi-siècle, qui s’est caractérisé par des opérations militaires, des guerres, des interventions, et pourtant ce point-là n’a jamais fait l’objet de débats et d’échanges dans les différents forums mondiaux où l’on a présenté le développement durable comme une ligne de conduite. »

C’est sur ces mots qu’il a conclu son intervention à l’Université de La Havane, laquelle a été chaleureusement applaudie par les étudiants de la faculté d’économie, ses professeurs et les autres personnes qui remplissaient le théâtre Manuel Sanguily.

Dès avant ma rencontre avec le professeur Chossudovsky, une grande coïncidence s’était produite spontanément, en rapport non seulement avec les risques d’un conflit qui deviendrait inévitablement une guerre nucléaire mondiale, mais aussi avec la nécessité de mobiliser l’opinion publique mondiale face à ce danger dramatique.

Il y a les armes atomiques, mais aussi les armes cybernétiques. Un autre fruit de la technologie qui, transférée au domaine militaire, menace de se convertir en un autre grave problème pour le monde.

Les forces armées étasuniennes possèdent environ 15 000 réseaux de communication et sept millions d’ordinateurs, comme l’a dit la journaliste Rosa Miriam Elizalde sur le site web CubaDebate. Selon elle, « Keith Alexander, un général de corps d’armée, qui a comparé les attaques cybernétiques aux armes de destruction massive, a assuré que les USA avaient prévu d’appliquer offensivement ce nouveau concept de guerre sans tenir compte de l’opinion de leurs alliés dans le monde, et qu’ils pourraient même attaquer des réseaux alliés sans préavis s’ils estiment qu’une attaque était partie ou pouvait partir de l’un d’eux. »

Je m’excuse de la longueur des deux parties de ces Réflexions, mais je ne pouvais faire autrement sans en sacrifier la teneur.

Je n’ai pas oublié que c’est aujourd’hui le quarante-troisième anniversaire de la mort du Che et, voilà deux jours, le trente-quatrième du brutal assassinat yankee des compatriotes cubains et d’autres passagers de notre avion civil à La Barbade.

Gloire éternelle à leur mémoire !

 

Fidel Castro Ruz

Le 8 octobre 2010

20 h 35

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8 octobre 2010 5 08 /10 /octobre /2010 12:58

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Fidel en el acto de los CDR. Foto: Estudios Revolución

Au meeting pour le cinquantième anniversaire des Comités de défense de la Révolution, j’ai affirmé : « La Révolution cubaine, dans notre petite île ignorée, venait de voir le jour, mais comme elle l’a fait à seulement cent cinquante kilomètres du puissant Empire, elle est devenue quelque chose qui mettait à l’épreuve l’orgueil de la superpuissance dominant notre continent et une grande partie du monde. » J’ai promis de revenir sur ce que j’avais dit deux jours plus tôt à l’ONU.  J’avais averti que notre lutte serait « prolongée et dure ». Je dois ajourner cette tâche pour le moment. Un autre thème, en effet, est plus important.

Il fallait informer amplement notre peuple qui, comme beaucoup le savent dans le monde, se caractérise par les niveaux de connaissances élevés qu’il a atteints en cinq décennies après avoir vécu dans un pays semi-colonisé et monoproducteur comptant une quantité considérable d’analphabètes et de semi-analphabètes, une scolarité général faible et des connaissances scientifiques réduites, de ce que l’énergie nucléaire peut signifier pour le sort de l’espèce humaine.

J’ai affirmé le 28 septembre : « Il serait peut-être bon, me semble-t-il, qu’on connaisse en gros ce qu’est l’arme atomique. J’ai vu des images concernant la masse critique, ce que signifie son emploi comme arme : autrement dit, prendre l’énergie qui meut l’univers pour faire la guerre. » À partir de 3000º, pratiquement tous les métaux et matériaux » fondent. « Qu’en sera-t-il à 10 000º ? […] Or, l’explosion atomique produite par la masse critique peut provoquer une chaleur de millions de degrés… »

Je tiens à ajouter à ces Réflexion, afin que le lecteur ait une idée du pouvoir destructeur de cette énergie, ce qu’Harry S. Truman écrivit le 25 juillet 1945, dans son journal, au sujet d’un essai réalisé dans l’État du Nouveau Mexique : « Un expérimentation faite dans le désert du Nouveau Mexique a été surprenante, pour ne pas dire plus. 5,9 kilos d’explosif ont totalement désintégré un pylône d’acier de 15,24 m, ouvert un cratère de 1,82 m de profondeur et de 365 m de diamètre, ont renversé un tour d’acier à 800 m de distance et jeté à terre des hommes qui se trouvaient à neuf kilomètres de distance. L’explosion a été vue à plus de  320 km et écoutée à plus de 64 km. »

À l’étape que vit le monde, alors qu’environ deux cents pays ont été reconnus comme des États indépendants ayant le droit d’être membres de l’Organisation des Nations Unies – une ridicule fiction juridique – la seule possibilité d’instiller de l’espoir consiste  à faire savoir aux masses, d’une manière sereine et raisonnée, que tout les habitants de la planète courent bel et bien un risque énorme.

Dans le cadre limité de nos relations, nous avons eu la possibilité d’accueillir en moins de trois semaines deux personnalités éminentes. La première, Alan Robock, est chercheur et professeur émérite à l’Université Rutgers, dans le New Jersey. Ce scientifique étasunien, travaillant de concert avec un groupe de brillants collègues, a prouvé et porté à son niveau actuel la théorie de l’ « hiver nucléaire » : il suffirait, nous a-t-il expliqué, de l’explosion de seulement 100 des 25 000 armes atomiques existant aujourd’hui pour causer la tragédie.

La théorie de l’ « hiver nucléaire » l’a prouvé : « “Si ces armes n’existaient pas, on ne pourrait pas les employer. Et il n’existe absolument aucun argument rationnel pour le moment qui puissent justifier leur emploi. Si on ne peut les employer, alors il faut les détruire, ce qui nous protégerait des accidents, des erreurs de calcul et de toute attitude démentielle. »

« …n’importe quel pays qui envisagerait de s’engager sur la voie nucléaire devrait reconnaître qu’il met en danger, non seulement sa population, mais aussi le reste du monde.

« …le recours aux armes nucléaires en cas d’une attaque totale contre une ennemi serait suicidaire, à cause du froid et de l’obscurité anormaux que provoquerait la fumée des incendies causés par la bombe. »

En réalité, la preuve est faite que plus un pays possède de bombes atomiques et moins il est en sûreté. »

Robock a cité la phrase d’Einstein : « Le pouvoir libéré de l’atome a tout changé, hormis notre façon de penser, et c’est pourquoi nous avançons sans cap vers une catastrophe sans précédent. »

J’ai répondu à ce noble scientifique : « « Ça ne sert à rien de les connaître nous-mêmes, il faut que le monde les connaisse. »

Le 2 octobre, nous avons reçu une autre personnalité dotée d’autorité et de prestige, l’économiste Michel Chossudovsky, directeur du Centre de recherche sur la mondialisation, et rédacteur en chef de site web Global Research, toujours plus connu et influent, professeur émérite à l’Université d’Ottawa, et consultant de nombreuses institutions internationales, telles que le Programme des Nations Unies pour le développement, la Banque africaine de développement, le Fonds des Nations Unies pour la population, et ayant de nombreux autres mérites qu’il serait trop d’énumérer.

L’une des premières activités de cet économiste et écrivain canadien a été de prononcer une conférence au théâtre Manuel Sanguily de l’Université de La Havane devant des étudiants, des professeurs et de chercheurs en sciences économiques. Il l’a faite et il a répondu aux questions en excellent espagnol. Il s’agit là d’un effort méritoire, dont je reprends ci-dessous les idées essentielles, surtout celles qui ont à voir avec les risques d’une guerre  avec recours aux armes atomiques.

« …l’économie néolibérale présente dans les universités d’Amérique du Nord des réalités qui sont absolument factices : les économistes ont beaucoup de mal… à analyser la réalité économique… la notion d’acteur économique n’existe pas.

« …la manipulation financière, les opérations secrètes des groupes de pouvoir, la duperie que génère ce système économique… c’est quelque chose qui échappe aux individus…

« Je voudrais me centrer bien plus, aujourd’hui, sur l’équipée militaire en cours. C’est une alliance des USA, de l’OTAN et d’Israël, c’est un projet militaire, mais c’est aussi un projet économique, parce que c’est un projet de conquête économique.

« …ces opérations militaires répondent… à des objectifs de nature économique… l’objectif économique le plus essentiel, ce sont les ressources de pétrole et de gaz naturel… de l’Est de la Méditerranée jusqu’aux frontières chinoises, et de la Mer caspienne au sud de l’Arabie saoudite […] Le Moyen-Orient et l’Asie centrale contiennent plus ou moins, selon les données, 60 p. 100 des réserves mondiales de pétrole et de gaz naturel. 

« Si nous comparons ça aux réserves des USA, c’est trente fois plus. Les USA possèdent moins de 2 p. 100 des réserves mondiales… et ils mènent une guerre… pour contrôler ces ressources au nom de leurs sociétés pétrolières… la configuration du pouvoir économique, derrière cette guerre, ce sont des sociétés pétrolières comme British Petroleum, Chevron, Exxon […] les grandes sociétés pétrolières anglo-étasuniennes qui sont là et qui ont des intérêts dans ces régions.

« British Petroleum […] jadis Anglo Persian Oil Company qui était déjà un projet de conquête de l’Iran aussi bien que de l’Iraq après la seconde guerre mondiale…

« Si vous prenez l’ensemble des pays musulmans,  auxquels vous ajoutez le Nigeria, la Libye, l’Algérie, la Malaisie, l’Indonésie, Brunei, vous arrivez à presque 70 p. 100 des réserves mondiales de pétrole […] Les USA mènent une guerre de religions contre les habitants de ces pays qui ont du pétrole… une sainte croisade contre le monde musulman ; mais l’objectif religieux est le prétexte, la justification pour mener cette guerre. […] Les discours d’Obama, d’Hillary Clinton… veulent nous faire croire que les USA, avec tout leur pouvoir militaire et des dépenses militaires de presque un billion de dollars par an, font la guerre à Bin Laden et à Al Qaeda.

« …la contradiction du discours vient toujours de sources officielles […] la CIA a publié récemment un document selon lequel il ne reste plus qu’une cinquantaine de membres d’Al Qaeda en Afghanistan. […] cette guerre ne se fait pas contre les terroristes musulmans, mais son prétexte est de combattre en faveur de la démocratie et d’extirper le mal.

« Les documents militaires disent des choses intéressantes : "Si tu sais ce que tu veux, allons les chercher, parce qu’ils sont mauvais." Il existe toute une rhétorique… c’est un discours que personne ne va contester, parce que l’autorité, le président Obama affirme : "Nous devons chercher Bin Laden, nous ne savons pas où il est ; s’il le faut… nous le dénicherons avec notre arme atomique ". »

« Après le 11 septembre, les USA ont formulé la doctrine de la guerre préventive et de la guerre atomique préventive […] compte tenu des objectifs de la lutte contre le terrorisme, il était juste d’utiliser notre arme nucléaire contre eux, et les médias, qui dénaturent tout, ont même présenté Bin Laden comme une puissance nucléaire […] ce sont là les pouvoirs nucléaires non étatiques… qui font alliance avec l’Iran qui est selon eux une puissance nucléaire, bien qu’il n’existe aucune preuve qu’il possède l’arme atomique.

« …les USA et leurs alliés menacent l’Iran de l’arme atomique, et la justification, ce sont les armes nucléaires inexistantes en Iran, et le prétexte est que ce pays est une menace à la sécurité mondiale.

« Voilà donc le discours, qui est appuyé, hélas, par un certain nombre de gouvernements… tous les gouvernements de l’OTAN et Israël sont partisans d’une guerre nucléaire préventive contre l’Iran […] censément l’Iran appuie Bin Laden et il faut lui imposer la "démocratie" à coups d’armes nucléaires.

« …nous sommes vraiment dans une conjoncture où l’avenir de l’humanité est en jeu, parce que si l’Iran est attaqué à l’arme atomique – comme on l’a déjà annoncé, et comme l’indiquent les préparatifs de guerre depuis 2004 –cette guerre au Moyen-Orient, en Asie centrale, qui est bornée pour l’instant à trois théâtres – l’Afghanistan, l’Iraq et la Palestine – connaîtra une escalade militaire avec préparation du scénario pour une troisième guerre mondiale.

« La deuxième guerre mondiale avait été un ensemble de guerres régionales… en Europe… dans le Pacifique… en Afrique… plusieurs théâtres… aujourd’hui il existe une intégration par systèmes de communication et par centralisation du commandement militaire à un endroit, l’US Strategic Command, au Nebraska. […]  avec la militarisation de l’espace par le système de satellites, avec les systèmes de missiles dits intelligents, il y a régionalisation des opérations militaires… planification militaire des USA, mais en coordination. US Central Command […] Asie centrale et Moyen-Orient. […]  SOUTHCOM basé à Miami. […] Africa Command […]  qui et basé en Europe, pas en Afrique […] il y a toute une série de commandements régionaux, mais la dynamique de la guerre mondiale est bien différente de celle des guerres antérieures […] une coordination en temps réel, paisible, un commandement unique ; le système de défense antiaérienne de tous les pays de l’OTAN, des USA et maintenant d’Israël est intégré […] nous sommes dans un monde terriblement différent, avec des armes terriblement perfectionnées ; en plus de l’arme atomique, nous avons l’arme électromagnétique , avec la coordination de toutes ces opérations. […] l’OTAN a maintenant un commandement militaire lui aussi intégré, ce qui en fait une Alliance terriblement cohérente, qui peut lancer des opérations partout dans le monde. Ils ont une capacité d’armes de destruction massive, qui est terriblement perfectionnée.

« Tout ceci représente des contrats pour à peine quelques entreprises productrices d’armes – aux USA, on appelle ça Defense Contract – les entreprises qui ont des accords avec le département de la Défense. […] les dépenses militaires des USA sont 75 p. 100 des revenus provenant des impôts sur les familles, pas tout le revenu de l’État fédéral, mais les revenus que les individus et les familles paient tous les ans […] environ 1,1 billion de dollars, et les dépenses militaires sont de l’ordre de 750 milliards de dollars […] en gros 75 p. 100. […] Ce sont des chiffres officiels, mais les dépenses militaires sont bien plus importantes en réalité.

« …les dépenses militaires des USA représentent aujourd’hui un peu plus de la moitié des celles de tous les autres pays. […] leur économie est aussi terriblement biaisée en faveur d’une économie de guerre, avec toutes les conséquences : effondrement des services sociaux, des soins médicaux.

« L’appauvrissement que l’on constate aux USA, aussi bien à cause de la crise économique que de l’économie militaire, est terriblement grave, et il ne découle pas d’une pénurie de ressources, mais d’un transfert des richesse en peu de mains, de la stagnation qu’implique la compression du niveau de vie et aussi du fait que l’État assigne presque tous ses revenus au soutien de l’économie de guerre d’une part et au sauvetage des banques, de l’autre.

« …dans le conflit entre l’URSS et les USA, il y avait une espèce d’entente… Autrement dit, ils n’allaient pas utiliser l’arme atomique parce qu’ils savaient que c’était une arme qui annihilerait la société entière.

« On a d’abord présenté cette doctrine de la guerre nucléaire préventive, en reclassant l’arme atomique comme une arme classique… dans la Guerre froide, il existait le téléphone rouge, il fallait appeler Moscou… il y avait donc reconnaissance que c’était quelque chose de dangereux.

« …en  2002, la situation a été la suivante : il y a eu une campagne de propagande dans les forces armées pour faire croire que l’arme nucléaire tactique était sans danger pour la population civile […] safe for the surround civilian population, autour de l’endroit de l’explosion. Ils ont appelé cette bombe nucléaire mini-niuk – qui veut dire petite bombe atomique. […] dans l’idéologie, dans la falsification scientifique on a présenté cette nouvelle génération de bombes atomiques comme quelque chose de très différents de la bombe stratégique. […] J’ai ici un paquet de cigarettes qui dit : "Fumer peut vous faire du mal". C’est ce qu’a fait le Pentagone : il a changé l’étiquette de la bombe atomique  avec l’aval de scientifiques vendus, cooptés. "Cette bombe nucléaire est sans danger pour la population civile, c’est une bombe humanitaire." Je n’exagère pas, vous pouvez consulter les documents pertinents. […] C’est de la propagande interne, dans les forces armées mêmes : safe for the surround civilian population […] C’est comme si vous utilisiez une caméra de vidéo, il y a un manuel pour cette bombe.

« Autre point : d’abord, ce n’est pas le commandant en chef, autrement dit le président des USA, qui décide de l’utilisation de la bombe nucléaire. Celle-ci, que le Sénat a reclassée en 2002 comme petite bombe, qui équivaut à six fois celle d’Hiroshima,  fait maintenant partie de l’ensemble des armes classiques…  il existe aussi dans la terminologie militaire la boîte à outils, the tool box. […] C’est la boîte à outils, et je suis le commandant général à trois étoiles […] le  type dit : "Voilà donc la mini-niuk, il lit le manuel […] Et là il est écrit qu’on peut utiliser cette bombe nucléaire.

« Je n’exagère pas. Une fois que la propagande est dans les manuels militaires, cela devient une ligne de conduite, et le problème est le suivant : ce discours inquisitorial est si perfectionné, si avancé, qu’il pourrait conduire à des décisions qui sont terribles pour l’avenir de l’humanité, et il faut donc que nous soyons tous ensemble contre ce projet militaire, ce projet de guerre.

« J’ai parlé de 750 milliards de dollars en dépenses militaires, et de 1,5 billion de dollars pour sauver les banques, tout ça en 2008-2009 […] si vous additionnez ces deux chiffres, vous avez un total qui dépasse toutes les recettes de l’État, qui sont pour une année de l’ordre de 2,3 billions, dont une grande partie sert à financer la guerre et à financer les fraudes, produit de la crise économique […] si nous voyons le programme mis en place sous Bush… il était de 750 milliards, et un autre plan similaire a été lancé par Obama au début de son mandat, en gros un billion de dollars… le total de ces opérations de sauvetage par différents moyens est estimé de 6 à 8 billions de dollars, soit de trois à quatre fois les recettes annuelles de l’État fédéral des USA.

« …l’État va s’endetter, et ce sont les banques qui le supervisent. […] les bénéficiaires du sauvetage sont en même temps les créanciers de l’État, et on appelle cette boucle financer son endettement […] les banques disent : "Bon, vous nous devez de l’argent,  parce que nous devons financer la dette qui découle du déficit fiscal, à cause tant des dépenses militaires que des opérations de sauvetage".

«La structure fiscale des USA est dans une situation terriblement grave, ce qui conduit à une conjoncture de privatisation de fait de l’État, parce qu’il n’y a pas d’argent pour financer la sante, l’éducation, les travaux publics et tout le reste. On assiste donc peu à peu à une privatisation de l’État et une privatisation de la guerre. C’est d’ailleurs déjà en route : une bonne partie de cette guerre est faite par des sociétés privées, des mercenaires, liées au complexe militaire ou industriel. »

A suivre demain.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 7 octobre 2010

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