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29 septembre 2009 2 29 /09 /septembre /2009 20:32


La déclaration finale du sommet du G-20 à Pittsburgh, adoptée vendredi le 25 septembre, semble tout à fait irréelle. Passons en revue ses points principaux :

Nous nous réunissons en ce moment crucial de transition entre la crise et la reprise pour tourner la page d'une ère d'irresponsabilité et adopter un ensemble de politiques, régulations et réformes pour répondre aux besoins de l'économie mondiale du XXIe siècle.

Nous nous engageons aujourd'hui à poursuivre notre intervention énergique jusqu'à ce qu'une reprise durable soit assurée.

(…) nous nous engageons à adopter les politiques nécessaires pour jeter les fondements d’une croissance forte, durable et équilibrée pour le XXIe siècle.

Nous voulons une croissance sans cycles extrêmes et des marchés qui encouragent la responsabilité.

Nous devons travailler ensemble pour engendrer une croissance globale stable, équilibrée et durable. Nous avons besoin d'une relance durable qui crée de bons emplois dont nos peuples ont besoin.

Nous avons besoin d'une croissance plus durable et équilibrée dans tous les pays et réduire les déséquilibres de développement.

Nous nous engageons à éviter les cycles extrêmes de hausse et de chute des prix.

(…) nous ferons également des progrès décisifs sur les réformes structurelles qui favorisent la demande privée et renforcent le potentiel de croissance à long terme.

Nous ne permettrons pas un retour au comportement téméraire et au manque de responsabilité des banques qui ont amené à la crise.

Nous nous engageons à travailler ensemble pour mettre un terme aux pratiques qui entraînent une prise de risques excessive.

Nous avons désigné le G-20 comme étant le forum prioritaire de notre coopération économique internationale.

Nous avons pris l’engagement (au Fonds monétaire international) de transférer au moins 5% des quotes-parts au profit des marchés émergents dynamiques et des pays en développement.

Un développement économique durable s’avère essentiel pour réduire la pauvreté.

Le G-20 est formé des sept pays les plus riches et industrialisés : États-Unis, Canada, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie et Japon, plus la Russie ; des 11 principaux pays émergents : Chine, Inde, Corée du Sud, Indonésie, Afrique du Sud, Brésil, Argentine, Australie, Arabie saoudite, Turquie, Mexique et de l’Union européenne. Cuba entretient d’excellentes relations économiques et politiques avec certains d’entre eux. L’Espagne et les Pays‑Bas ont participé en qualité d’invités aux trois derniers sommets.

Un développement capitaliste sans crises, telle est l’illusion que les États-Unis et leurs alliés tentent de vendre aux pays à économie émergente participant au G-20.

La quasi-totalité des pays du tiers-monde qui ne sont pas des alliés des États-Unis voient comment ce pays émet des billets qui circulent à travers le monde en tant que devises convertibles sans étalon de change or, achète des actions et entreprises, ressources naturelles, biens meubles et immeubles et titres de dette publique, protège ses produits, dépouille les peuples de leurs meilleurs cerveaux et accorde un caractère extraterritorial à ses lois. Cela vient s’ajouter au pouvoir écrasant de ses armes et au monopole des principaux médias.

Les sociétés de consommation sont incompatibles avec l’économie des ressources naturelles et énergétiques qu’exigent le développement et la préservation de notre espèce.

Grâce à la Révolution et dans un laps de temps relativement court, la Chine cessa d’être un pays semi-colonial et semi-féodal. Au cours des vingt dernières années, ce pays enregistra une croissance de plus de 10% devenant ainsi la cheville ouvrière de l’économie mondiale. Jamais auparavant un État multinational aussi grand n’avait atteint une telle croissance. Aujourd’hui, il détient la plus grande réserve de devises convertibles et constitue le principal créancier des États-Unis. Une différence abyssale sépare la Chine des deux pays capitalistes les plus développés du monde, à savoir les États-Unis et le Japon, dont les dettes se montent à 20 billions de dollars.

Les États-Unis ne peuvent plus prétendre être un modèle de développement économique.

Tenant compte du fait qu’au cours des dernières années la température de la planète a augmenté de 0,8 degrés centigrades, la principale agence de presse états-unienne a annoncé, le jour de la clôture du sommet de Pittsburgh, que la température augmenterait d’environ trois degrés centigrades d’ici à la fin du siècle, même si chaque pays respecte son engagement de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, selon un rapport des Nations Unies.

Ayant passé en revue les plans d’émissions de 192 pays, un groupe de scientifiques a calculé ce qui pourrait se passer avec le réchauffement global. Les prévisions tiennent compte de l’éventuelle réduction de 80% des polluants de la part des États‑Unis et de l’Europe d’ici à l’an 2050. Le dioxyde de carbone, qui provient notamment de l’utilisation de carburants fossiles comme le charbon et le pétrole, représente la cause principale du réchauffement global qui attrape l’énergie solaire dans l’atmosphère. Et de réitérer que la température mondiale a déjà enregistré une augmentation de 0,8 degrés centigrades.  

Une bonne partie de cette augmentation est imputable aux pays en développement qui n’ont pas pris les mesures nécessaires pour réduire leurs émissions de gaz, ont signalé les scientifiques lors d’une conférence de presse tenue jeudi.

Des changements très sérieux auront lieu dans notre planète, a remarqué Achim Steiner, directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement.

Pour sa part, Robert Corell, un spécialiste émérite en matière de climat aux États-Unis, a souligné :

 « … même si les pays en développement réduisent leurs émissions de 80% et réduisent de moitié celles-ci en 2050, le monde enregistrera une augmentation de 1,7 degré centigrade. »

 « … cela équivaudra à une élévation de 2,7 degrés centigrades de la température mondiale d’ici à la fin du siècle, a dit Corell. Les chefs d’État européens et le président états-unien Barack Obama ont fixé cet objectif pour limiter le réchauffement à deux degrés.

Ils n’ont pas cependant expliqué comment vont‑ils atteindre cet objectif, ni précisé le montant du PIB à investir dans les pays pauvres pour compenser les dommages causés par les volumes de gaz polluant lancés à l’atmosphère par les pays les plus industrialisés. L’opinion publique mondiale doit se doter d’une solide culture concernant le changement climatique. Même s’il n’existerait pas la moindre erreur de calcul, l’humanité marchera inévitablement vers l’abîme.

Alors qu’Obama se réunissait à Pittsburgh avec ses invités du G-20 pour parler des délices de Capoue, le sommet des chefs d’État d’UNASUR et de l’OUA était inauguré sur l’île de Margarita, au Venezuela. Plus de 60 présidents, Premiers ministres et hauts représentants de pays sud-américains et africains, s’y donnaient rendez-vous. Y étaient également présents, en provenance de Pittsburgh, Lula, Cristina Fernández et le président de l’Afrique du Sud, Jacob Zuma, pour participer à un sommet plus chaleureux et fraternel, dans le cadre duquel les problèmes du tiers-monde ont été franchement débattus. Hugo Rafael Chávez, président de la République bolivarienne du Venezuela, a brillé et vibré à ce sommet. J’ai eu l’agréable possibilité d’écouter la voix d’amis connus et prouvés.

Cuba reconnaît le soutien et la solidarité émanant de ce sommet, où rien n’est tombé dans l’oubli.

Quoi qu’il advienne, les peuples seront de plus en plus conscients de leurs droits et de leurs devoirs !

Une bataille formidable sera livrée à Copenhague !

 

Fidel Castro Ruz

Le 27 septembre 2009

18 h 14
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26 septembre 2009 6 26 /09 /septembre /2009 18:22

LA HAVANE, 25 septembre- RIA Novosti.


Le déploiement d'une force internationale au Honduras, qui traverse une grave crise politique sèmera le chaos en Amérique latine, a déclaré le chef de la révolution cubaine Fidel Castro dans un article publié vendredi par les médias cubains.

"Une intervention étrangère au Honduras est susceptible de provoquer un conflit en Amérique centrale et de semer le chaos politique dans toute l'Amérique latine", indique M.Castro.

Selon le leader cubain, le déploiement d'un contingent international au Honduras pourrait succéder à un éventuel assaut des putschistes contre l'ambassade brésilienne à Tegucigalpa qui abrite actuellement le président déchu Manuel Zelaya. Un tel déploiement signifierait, toujours selon M.Castro, la présence de troupes américaines sous la bannière de l'ONU.

Le président Zelaya, renversé en juin par les militaires, est rentré clandestinement à Tegucigalpa et a trouvé un refuge dans les locaux de l'ambassade brésilienne.

Le Brésil a déclaré qu'il était urgent de convoquer une réunion du Conseil de sécurité pour examiner la crise au Honduras et s'est dit "préoccupé pour la sécurité du président Zelaya".
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25 septembre 2009 5 25 /09 /septembre /2009 18:31


Réflexions du compañero Fidel

J’ai écrit le 16 juillet dernier que le coup d’Etat au Honduras « avait été concocté et organisé par des personnages sans scrupules de l’extrême droite, des fonctionnaires ayant toute la confiance de George W. Bush à qui ils devaient leur promotion. »

J’ai mentionné les noms d’Hugo Llorens, de Robert Blau, de Stephen McFarland et de Robert Callahan, ambassadeurs yankees au Honduras, en El Salvador, au Guatemala et au Nicaragua, qui avaient été nommés par Bush en juillet et août 2008, et j’avais signalé que ces quatre-là suivaient la ligne de John Negroponte et d’Otto Reich, dont on connaît le passé ténébreux.

J’ai signalé que la base yankee de Soto Cano avait servi de point d’appui principal au coup d’Etat et que « l’idée d’une initiative de paix à partir du Costa Rica avait été transmise au président de ce pays par le département d’État, alors qu’Obama se trouvait à Moscou où il déclarait dans une université russe que le seul président du Honduras était Manuel Zelaya ». J’ai ajouté que « la réunion du Costa Rica permettait de contester l’autorité de l’ONU, de l’OEA et d’autres institutions qui avaient accordé leur soutien au peuple hondurien, et que la seule chose correcte était de demander à l’administration étasunienne de cesser son intervention au Honduras et d’en retirer l’équipe spéciale conjointe ». 

En guise de réponse au coup d’État dans ce pays centraméricain, l’administration étasunienne a signé avec le gouvernement colombien un accord portant création dans ce pays frère de sept bases militaires comme celle de Soto Cano qui menacent le Venezuela, le Brésil et tous les autres peuples sud-américains.

À un moment critique, alors que les chefs d’État discutent à un Sommet des Nations Unies la tragédie des changements climatiques et de la crise économique internationale, les putschistes honduriens menacent de violer l’immunité de l’ambassade brésilienne où se trouve le président Manuel Zelaya, sa famille et un groupe de ses partisans qui ont été contraints de s’y réfugier.

C´est un constat que le gouvernement brésilien n’a absolument rien eu à voir avec la situation qui s’y est créée.

Il est donc inadmissible, voire inconcevable, que l’ambassade brésilienne soit attaquée par le gouvernement fasciste, à moins qu’il ne prétende se suicider en provoquant une intervention directe de forces étrangères, comme cela s’est passé en Haïti, ce qui signifierait l’entrée de troupes yankees sous la bannière des Nations Unies. Le Honduras n’est pas un pays lointain et isolé des Caraïbes. Une intervention de forces étrangère au Honduras déclencherait un conflit en Amérique centrale et sèmerait le chaos politique dans toute l’Amérique latine.

La lutte héroïque et incessante du peuple hondurien depuis maintenant presque quatre-vingt-dix jours a mis en crise le gouvernement fasciste d’obédience yankee qui réprime des hommes et des femmes désarmés.

Nous avons vu naître une nouvelle conscience dans le peuple hondurien. Toute une légion de militants sociaux a blanchi sous le harnois de cette bataille. Zelaya a tenu sa promesse de rentrer. Il a le droit d’être rétabli au gouvernement et de présider les élections. De nouveaux et admirables cadres sont en train d’émerger des mouvements sociaux combatifs, et ils sont devenus capables de guider ce peuple sur les voies difficiles que doivent frayer les peuples de Notre Amérique. Une révolution y est en gestation.

L’Assemblée des Nations Unies peut être historique, à la mesure de ses réussites ou de ses erreurs.

Les dirigeants mondiaux y ont abordé des points très intéressants et complexes. Ils ont reflété l’ampleur des tâches qui attendent l’humanité et face auxquelles le temps encore disponible est compté.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 24 septiembre 2009

13 h 23
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24 septembre 2009 4 24 /09 /septembre /2009 07:50

Réflexions de Fidel

OBAMA LE SERIEUX


Le président vénézuélien Hugo Chávez a été tout à fait original quand il a parlé de « l’énigme des deux  Obama ».

Aujourd’hui, c’est Obama le sérieux qui a parlé. J’ai reconnu récemment deux aspects positifs de sa conduite : sa tentative d’apporter la santé à quarante-sept millions d’Étasuniens qui en sont privés et son inquiétude pour les changements climatiques.

Ce que j’ai affirmé hier sur la menace imminente qui pèse sur l’espèce humaine pourrait sembler pessimiste, mais n’est guère éloigné de la réalité. Reste à connaître maintenant les vues de nombreux chefs d’État sur la question ignorée et oubliée des changements climatiques.

Obama a été le premier à donner son avis comme président du pays siège de la Réunion de haut niveau des Nations Unis sur cette question.

Qu’a-t-il dit ? Je transcris l’essentiel de ses prises de position :

« Le fait que beaucoup de vous soient présents ici aujourd’hui constitue une reconnaissance que la menace émanant des changements climatiques est sérieuse, urgente et croissante.

« La réponse de notre génération à ce défi environnemental sera jugée par l’Histoire.

« Aucune nation, qu’elle soit grande ou petite, qu’elle soit fortunée ou pauvre, ne peut échapper aux effets des changements climatiques.

« L’élévation du niveau de la mer menace chaque littoral. Des tempêtes et des inondations toujours plus puissantes menacent chaque continent.

« La sécurité et la stabilité de chaque nation et de tous les peuples… sont menacées.

« Et nous avons mis le climat au sommet de notre ordre du jour diplomatique dans le cadre de nos relations avec des pays aussi variés que la Chine et le Brésil, l’Inde et le Mexique, du continent africain au continent européen.

« Pris ensemble, ces pas représentent une reconnaissance historique au nom du peuple étasunien et de son gouvernement. Nous saisissons la gravité de la menace climatique. Nous sommes décidés à agir.

« …nous ne venons pas ici pour célébrer des progrès aujourd’hui. […] Nous sommes venus ici parce qu’il y a encore beaucoup plus à faire.

« C’est un travail qui ne sera pas facile.

« …nous ne devons pas nous bercer d’illusions : la partie la plus difficile de notre voyage nous attend.

« Nous cherchons ce changement radical mais nécessaire en pleine récession mondiale, alors que la priorité la plus immédiate de chaque nation est de relancer son économie. Ainsi, nous nous heurtons tous à des doutes et à des difficultés dans nos propres capitales tout en cherchant à atteindre une solution durable aux défis climatiques.

« Mais je suis venu dire ici que les difficultés ne sont pas une excuse au contentement de soi. Que le malaise n’est pas une excuse à l’inaction.

« Chacun de nous doit faire ce qu’il peut quand il peut pour que nos économies croissent sans mettre en danger notre planète… Nous devons saisir l’occasion pour faire de Copenhague un pas en avant significatif dans la bataille mondiale contre les changements climatiques.

« Nous ne devons pas non plus permettre que les vieilles divisions qui ont caractérisé le débat sur le climat pendant tant d’années bloquent nos progrès. Oui, les nations développées qui ont causé beaucoup des dommages infligés à notre climat au siècle dernier ont encore une responsabilité à exercer.

« Nous ne pourrons relever ce défi à moins que tous les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre n’agissent ensemble.

« Nous devons redoubler d’effort pour mettre d’autres nations en développement – en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables – sur la voie de la croissance durable. Ces nations n’ont pas les mêmes ressources pour combattre les changements climatiques

« Leur avenir n’est plus désormais un choix entre croissance économique et planète plus propre, parce que leur survie dépend de l’une et l’autre.

« Et voilà pourquoi nous sommes responsables de fournir l’aide financière et technique requise à ces nations…

« Nous cherchons un arrangement qui permettra à toutes les nations de croître et d’atteindre des niveaux de vie sans mettre en danger la planète.

« Nous savons que l’avenir de notre planète dépend d’un engagement global…

« Mais le trajet est long et le trajet est dur. Et nous n’avons plus trop de temps pour le faire. »

Le problème, toutefois, c’est que tout ce qu’affirme Obama entre en contradiction avec ce que les États-Unis font depuis cent cinquante ans, en particulier depuis qu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ils imposèrent au monde l’accord de Bretton Woods et se convertirent en patron de l’économie mondiale.

Leurs centaines de bases militaires installées dans des dizaines de pays de tous les continents, leurs porte-avions et leurs flottes navales, leurs milliers d’armes nucléaires, leurs guerres de conquête, leur complexe militaro-industriel et leur commerce d’armes, sont incompatibles avec la survie de notre espèce. Les sociétés de consommation  sont tout aussi incompatibles avec l’idée de croissance économique et de planète propre. Le gaspillage illimité de ressources naturelles non renouvelables, surtout le pétrole et le gaz accumulés durant des centaines de millions d’années et qui seront épuisés en deux siècles à peine au rythme de consommation actuel, a été la cause fondamentale des changements climatiques. Même si les pays industrialisés réduisaient leurs émissions de gaz polluants, ce qui serait louable, il n’en reste pas moins que 5,2 milliards d’habitants de la planète Terre, soit les trois quarts de la population mondiale,  vivent dans les pays qui, dans une plus ou moins grande mesure, ont encore à se développer et qui devront donc utiliser d’énormes quantités de charbon, de pétrole, de gaz naturel et d’autres ressources non renouvelables, ce qui, selon les modèles de consommations créés par la société capitaliste, est incompatible avec l’objectif de sauver l’espèce humaine.

Il ne serait pas juste d’accuser Obama le sérieux – selon l’énigme susmentionnée – de ce qu’il s’est passé à ce jour, mais il est encore moins juste que l’autre Obama  nous fasse croire que l’Humanité pourra être préservée si l’on suit les normes en vigueur aujourd’hui dans l’économie mondiale.

Le président des États-Unis a admis que les nations développées avaient causé l’essentiel des dommages et qu’ils devaient en assumer la responsabilité. C’est là sans doute une prise de position courageuse.

Il serait juste aussi de reconnaître qu’aucun autre président des États-Unis n’aurait eu le courage de dire ce qu’il a dit.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 22 septiembre 2009

18 h 14
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23 septembre 2009 3 23 /09 /septembre /2009 08:49


J’aurais aimé parler aujourd’hui de ce concert extraordinaire, Paix sans frontières, qui s’est déroulé sur la place de la Révolution voilà vingt-quatre heures, mais la réalité, cette entêtée, m’oblige à écrire au sujet d’un péril qui menace non seulement la paix, mais la survie de notre espèce.

La prochaine Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies dont la tâche est de veiller sur la paix, la sécurité et les droits de presque deux cents États qui y représentent plus de 6,5 milliards d’habitants de notre planète, s’ouvrira mercredi prochain en présence de chefs d’État. Compte tenu de l’importance exceptionnelle de ce point, elle tiendra le mardi 23 septembre une Table ronde internationale de haut niveau sur les changements climatiques, en guise de préparation à la Conférence de Copenhague (Danemark), prévue du 7 au 18 décembre courants.

J’avais affirmé – en tant que chef de l’État cubain – à la Conférence mondiale sur l’environnement et le développement que l’ONU avait organisée à Rio de Janeiro : « Une espèce est en péril d’extinction : l’homme. » Quand j’avais avancé et justifié cette assertion, les chefs d’État alors présents – dont le président des États-Unis, un Bush moins sinistre que son fils George W. – qui y avaient applaudi croyaient disposer d’encore plusieurs siècles avant de se colleter avec ce problème. Moi-même, je ne pensais pas à une date aussi proche que soixante ou quatre-vingts ans.

Or, il s’agit d’un péril vraiment imminent, et ses effets sont déjà visibles. Je me bornerai à quelques détails, que notre ministre des Relations extérieures abordera plus amplement à New York dans son intervention au nom de Cuba.

Selon l’Institut d’études spatiales de la NASA, la température moyenne s’est élevée de 0,8ºC depuis 1980. Les deux dernières décennies du XXe siècle ont été les plus chaudes depuis des centaines d’années. La température en Alaska, dans l’Ouest du Canada et dans l’Est de la Russie s’est élevée à un rythme deux fois plus rapide que celui de la moyenne mondiale. Les glaces de l’Arctique sont en train de disparaître rapidement et la région risque de connaître son premier été totalement libre de glace dès 2040. Les effets en sont visible sur les masses de glace de plus de deux kilomètres de haut qui fondent au Groenland, sur les glaciers sud-américains, depuis l’Équateur jusqu’au cap Horn, sources d’eau fondamentales, et sur la gigantesque banquise qui couvre la grande zone antarctique.

Les concentrations de dioxyde de carbone ont atteint l’équivalent de 380 parties par million, ce qui dépasse le niveau naturel des cent cinquante mille dernières années. Le réchauffement touche déjà les systèmes naturels du monde entier. S’il se poursuivait, ce serait catastrophique pour tous les peuples.

Les scientifiques ont découvert que les premières formes de vie élémentaire sont apparues sur notre planète Terre voilà non moins de trois millions d’années. Elles ne cessèrent depuis d’évoluer continuellement vers des formes supérieures et complexes sous l’effet de lois biologique inexorables. Notre espèce à nous, l’Homo sapiens, compte à peine cent cinquante mille ans, un laps de temps insignifiant depuis l’apparition de la vie. Bien que les Grecs, des centaines d’années avant notre ère, aient possédé déjà des connaissances astronomiques, c’est à peine depuis un peu plus de cinq cents ans, au sortir de la longue nuit médiévale, que l’Homme a fini  par découvrir que la Terre était ronde, et non plate. Un audacieux navigateur aux origines génoises et aux solides connaissances se proposa de naviguer vers l’Est en quête des Indes sans passer par le sud de l’Afrique. C’est alors que l’Europe commença à coloniser ce continent-ci et le reste de la planète.

L’espèce humaine put mesurer avec assez de précision que la Terre tournait sur elle-même en vingt-quatre heures et autour de l’énorme masse incandescente du Soleil en environ trois cent soixante-cinq jours. Ces circonstances-là et d’autres aussi singulières étaient en rapport avec la vie de toutes les espèces alors existantes.

Dès l’Antiquité, les philosophes et les penseurs les plus avancés ont cherché la justice sociale. Il n’empêche que l’esclavage physique n’a disparu légalement que voilà à peine cent vingt-neuf ans, quand il fut aboli dans la colonie espagnole de Cuba.

La théorie de l’évolution, exposée par Darwin dans son ouvrage L’Origine des espèces, a été, de mon point de vue, l’une des deux découvertes scientifiques les plus importantes. Bien que certains y aient vu un déni des croyances religieuses, aucun scientifique ne la refuse  plus de nos jours, et beaucoup d’entre eux, qui professent sincèrement des convictions religieuses, voient dans l’évolution l’expression de la volonté divine.

L’autre contribution décisive a été la théorie générale de la relativité exposée en 1915 par Albert Einstein, source de nombreuses recherches après la mort de son auteur en avril 1955. Peu de personnes ont influé autant que lui sur les destinées du monde. Einstein persuada Roosevelt d’engager des recherches pour produire la bombe atomique parce qu’il redoutait que les nazis ne prennent les devants dans sa mise au point. Quand Truman fit larguer des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, deux villes japonaises non militaires, ceci le bouleversa tant qu’il se transforma en un pacifiste convaincu. Les États-Unis possèdent aujourd’hui des milliers d’armes atomiques plus puissantes que celles-là, capables  d’exterminer plusieurs fois la population du monde, et ils sont aussi les plus gros fabricants et exportateurs d’armes de toutes sortes.

Le rythme accéléré des recherches scientifiques dans tous les domaines de la production matérielle et des services, sous la pression de l’ordre économique imposé au monde après la Deuxième Guerre mondiale, a conduit l’humanité à une situation intenable.

Notre devoir est d’exiger la vérité. La population de tous les pays a le droit de savoir quels sont les facteurs qui provoquent les changements climatiques et quelles sont les possibilités actuelles de la science d’inverser cette tendance, si tant est qu’elle soit encore vraiment en mesure de le faire.

Le peuple cubain, en particulier sa magnifique jeunesse, a prouvé hier que, même au milieu d’un blocus économique brutal, il était possible de vaincre des obstacles inimaginables.

 

Fidel Castro Ruz

Le 21 septembre 2009

17 h 44

 

 

 

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16 septembre 2009 3 16 /09 /septembre /2009 23:59
Santiagais,
Compatriotes de tout le pays,

Je m'efforce de me rappeler cette nuit-là du 1er janvier 1959 ; j'en vis et perçois les impressions et les détails comme si c'était aujourd'hui même. Il me semble irréel que le destin m'ait offert le rare privilège de parler de nouveau à la population de Santiago de Cuba du même endroit, quarante ans après.

Chine Nouvelle/Sipa

Ce jour-là, un peu avant le petit matin, en apprenant que le tyran et les principaux chefs de son régime ignominieux avaient fui devant l'avancée irrésistible de nos forces, j'avais ressenti pendant quelques secondes une sensation de vide étrange. Comment avions-nous pu remporter cette victoire incroyable en à peine un peu plus de vingt-quatre mois à partir du moment où nous étions parvenus, après avoir essuyé le très dur revers qui avait pratiquement annihilé notre détachement, à réunir sept fusils, le 18 décembre 1956, et à reprendre la lutte contre des forces militaires qui comptaient quatre-vingt mille hommes sous les armes, des milliers de cadres ayant reçu une formation militaire dans des écoles, ayant un moral élevé, jouissant de privilèges attrayants, bénéficiant d'un mythe d'invincibilité jamais remis en cause, des conseils infaillibles et des livraisons sûres des États-Unis? Ce sont des idées justes qu'un peuple vaillant avait faites siennes qui avaient opéré ce miracle militaire et politique.

[...] L'année qui vient de s'écouler nous a permis de commémorer les faits que je n'ai évoqués ce soir qu'en partie.

Honneur et gloire éternels, respect infini et affection pour ceux qui sont tombés à l'époque pour assurer l'indépendance définitive de la patrie; pour tous ceux qui ont écrit cette épopée dans les montagnes, les campagnes et les villes, guérilleros ou militants clandestins; pour ceux qui, après la victoire de la Révolution, sont morts dans d'autres missions glorieuses ou ont consacré loyalement leur jeunesse et leurs énergies à la cause de la justice, de la souveraineté et de la rédemption de leur peuple ; pour ceux qui sont déjà décédés et pour ceux qui vivent encore, car, si on pouvait parler en ce 1er janvier-là d'une victoire remportée en cinq ans, cinq mois et cinq jours après le 26 juillet 1953, il faut parler à cet anniversaire-ci, en prenant le même point de référence, d'une lutte héroïque et admirable de quarante-cinq ans, cinq mois et cinq jours.

Aujourd'hui encore, la Révolution commence à peine pour les générations les plus nouvelles. Un jour comme celui-ci n'aurait pas de sens si on ne parlait pour elles.

Qui sont donc présents ici? Ce ne sont pas, dans leur immense majorité, les hommes, les femmes et les jeunes de ce jour-là. Le peuple auquel je m'adresse n'est pas le peuple de ce 1er janvier-là. Ce ne sont pas les mêmes hommes ni les mêmes femmes. C'est un autre peuple différent, et, pourtant, le même peuple éternel.

Chine Nouvelle/Sipa

Celui qui vous parle de cette tribune n'est pas non plus exactement le même homme que ce jour-là. C'est seulement quelqu'un de bien moins jeune, mais qui s'appelle pareil, qui s'habille pareil, qui pense pareil, qui rêve pareil.

Des 11 142 700 habitants qui constituent la population actuelle du pays, 7 190 400 n'étaient pas encore nés, 1 359 698 avaient moins de dix ans ; l'immense majorité de ceux qui avaient alors cinquante ans et en auraient maintenant au minimum quatre-vingt-dix - bien que ceux qui dépassent cet âge soient toujours plus nombreux - sont décédés.

Au moins 30% de ces compatriotes-là ne savaient pas lire ni écrire; peut-être 60% n'avaient même pas le certificat d'études. Il n'existait que quelques dizaines d'écoles techniques, de lycées, pas tous à la portée du peuple, et d'écoles normales, trois universités publiques et une privée.

Des professeurs et des instituteurs, 22 000. Dans de telles conditions, combien d'adultes pouvaient-ils avoir un niveau scolaire au-delà du primaire? Guère plus de 5%, soit en gros 250 000 personnes.

Je me souviens de certains chiffres.

Nous comptons aujourd'hui plus de 250 000 enseignants actifs, de bien meilleur niveau ; 64 000 médecins ; 600 000 diplômés universitaires. Il n'existe pas d'analphabète, et il est rarissime que quelqu'un n'ait pas conclu les études primaires. L'enseignement est obligatoire jusqu'à la fin du premier cycle du second degré ; tous ceux qui l'atteignent sans exception peuvent poursuivre gratuitement le deuxième cycle. Il est inutile de recourir à des données absolument précises et exactes. Il est des faits que personne n'ose nier: nous sommes aujourd'hui, et nous en sommes fiers, le pays possédant le meilleur taux d'éducateurs, de médecins et de professeurs d'éducation physique et de sport par habitant au monde, ainsi que le taux de mortalité infantile et maternelle le plus bas de tous les pays du Tiers Monde.

Je ne me propose pourtant pas de parler de ces avancées sociales et de bien d'autres. Il est des choses bien plus importantes que cela. Ce qui est absolument vrai, c'est qu'il n'existe aucune commune mesure entre le peuple d'hier et celui d'aujourd'hui.

[...]

Notre peuple héroïque d'hier et d'aujourd'hui, notre peuple a, avec la participation de trois générations déjà, résisté à quarante ans d'agressions, de blocus, de guerre économique, politique et idéologique de la part de la puissance impérialiste la plus forte et la plus riche qui ait jamais existé dans les annales de l'histoire. Et elle a écrit sa page la plus extraordinaire de gloire et de fermeté patriotiques et révolutionnaires en ces années-ci de période spéciale, alors que nous sommes restés absolument seuls en plein Occident, à cent cinquante kilomètres des États-Unis, et que nous avons décidé d'aller de l'avant.

Notre peuple n'est pas meilleur que d'autres; son immense grandeur découle d'une singularité: avoir été soumis à cette épreuve et avoir été capable d'y résister. Il ne s'agit pas d'un grand peuple en soi, mais d'un peuple agrandi par lui-même, et sa capacité à le faire naît de la grandeur des idées et de la justesse des causes qu'il défend. Il n'en existe pas d'autres égales, et il n'en a jamais existé. Il ne s'agit pas aujourd'hui de défendre égoïstement une cause nationale, car une cause exclusivement nationale en notre monde actuel ne peut être grande en soi. Notre monde, du fait même de son développement et de son évolution historique, se mondialise à toute allure, d'une façon inéluctable et irréversible. Sans laisser de côté pour autant les identités nationales et culturelles, voire les intérêts légitimes des peuples de chaque pays, aucune cause n'est plus importante que les causes mondiales, autrement dit que la cause de l'humanité elle-même.

Ce n'est pas non plus notre faute ou notre mérite que la lutte engagée le 1er janvier doive se convertir inexorablement, pour le peuple d'aujourd'hui et de demain, en une lutte qu'il faudra livrer aux côtés de tous les autres peuples dans l'intérêt de l'humanité toute entière. Aucun peuple, aussi grand et aussi riche qu'il soit - à plus forte raison un pays petit ou moyen - ne peut à lui seul et par lui-même résoudre ses problèmes. Seul quelqu'un aux vues bornées, atteint de myopie ou de cécité politique, ou totalement insensible au sort de l'humanité, pourrait nier cette réalité.

Mais les solutions que requiert l'humanité ne viendront pas non plus de la bonne volonté de ceux qui veulent devenir aujourd'hui les maîtres du monde et qui l'exploitent, même s'ils ne peuvent rêver ou concevoir autre chose que la pérennité de ce qui constitue un ciel pour eux, mais un enfer pour le reste de l'humanité, un enfer réel et sans échappatoire. L'ordre économique qui prévaut aujourd'hui sur notre planète s'effondrera inexorablement. Jusqu'à un écolier qui saurait assez bien additionner, soustraire, multiplier et diviser pour réussir son examen d'arithmétique pourrait le comprendre.

Beaucoup ont une réaction d'infantilisme: taxer de sceptiques ceux qui parlent de ces thèmes-ci. Certains rêvent même d'établir des colonies sur la Lune ou sur Mars. Je ne les critique pas de rêver. S'ils y parviennent, ce serait peut-être le refuge idéal pour certains si on ne met pas un frein à l'agression brutale dont la planète que nous habitons est de plus en plus victime.

Le système actuel est insoutenable, parce qu'il repose sur des lois aveugles, chaotiques, qui ruinent et détruisent la société et la nature.

Les théoriciens de la mondialisation néolibérale, ses meilleurs universitaires, les tenants les plus farouches du système, se montrent maintenant incertains, hésitants, contradictoires. Ils ne peuvent répondre à des milliers de points d'interrogation. C'est une hypocrisie d'affirmer que la liberté de l'homme et la liberté de marché absolue sont des concepts inséparables, comme si les lois de celui-ci, qui ont engendré les systèmes sociaux les plus égoïstes, les plus inégaux et les plus impitoyables que l'humanité ait jamais connus, étaient compatibles avec la liberté de l'être humain que ce système convertit en simple marchandise.

Il serait bien plus exact de dire que sans égalité ni fraternité, ces thèmes sacro-saints de la révolution bourgeoise, on ne pourra jamais parler de liberté, et que l'égalité et la fraternité sont absolument incompatibles avec les lois du marché.

Les dizaines de millions d'enfants contraints de travailler dans le monde, de se prostituer, de fournir des organes, de vendre des drogues pour survivre; les centaines de millions de personnes sans emploi; la pauvreté critique; le trafic de drogues, d'immigrants, d'organes humains; le colonialisme, hier, et ses séquelles dramatiques d'aujourd'hui, le sousdéveloppement, et tout ce que notre monde compte de calamités sociales, ont pris leur source dans des systèmes qui se fondaient sur des lois de ce genre. On ne saurait oublier que la lutte pour des marchés a provoqué en ce siècle-ci deux épouvantables boucheries, deux guerres mondiales.

On ne saurait ignorer non plus, me rétorquera-t-on, que les principes du marché font partie intégrante du devenir historique de l'humanité. Soit, mais tout homme rationnel a le droit de refuser la prétendue pérennité de ces principes de nature sociale comme base du développement ultérieur de l'espèce humaine. Les défenseurs les plus fanatiques du marché, de vrais croyants, ont fini par le convertir en une nouvelle religion. Et surgit ainsi la théologie du marché. Ses tenants, plutôt que des scientifiques, sont des théologiens: il s'agit pour eux d'une question de foi. Par respect pour les vraies religions pratiquées honnêtement par des milliards de personnes dans le monde et pour les vrais théologiens, je dirai tout simplement que la théologie du marché est sectaire, fondamentaliste et antioecuménique.

Mais l'ordre mondial actuel est insoutenable pour bien d'autres raisons. Un biotechnicien dirait que sa carte génétique contient de nombreux gènes qui le conduisent à sa propre destruction. On voit apparaître de nouveaux phénomènes, des phénomènes insoupçonnés qui échappent à tout contrôle de gouvernements et d'institutions financières internationales. Il ne s'agit plus seulement de la création artificielle de richesses fabuleuses n'ayant pas le moindre rapport avec l'économie réelle. Tel est le cas des centaines de nouveaux multimillionnaires qui ont surgi ces dernières années à mesure que se sont multipliés les cours des actions boursières nord-américaines, à l'instar d'une baudruche gigantesque qui s'enfle à des extrêmes absurdes et qui risque d'éclater un jour ou l'autre, ce qui serait grave. Cela s'était déjà passé en 1929, provoquant une profonde dépression qui avait duré une décennie.

En août dernier, la simple crise financière de la Russie, qui ne représente pourtant que 2% du Produit intérieur brut du monde, a fait descendre le Dow Jones, l'index-amiral de la bourse de New York, de 512 points en un jour. La panique s'est répandue, menaçant de provoquer un Sud-Est asiatique en Amérique latine et, donc, un grand risque pour l'économie nord-américaine. Et l'on a eu du mal à freiner la catastrophe à ce jour.

La moitié des Nord-Américains ont placé leur épargne et leurs pensions dans ces actions boursières ; ils n'étaient que 5% au moment de la crise de 1929, et les suicides ont pourtant été nombreux.

Dans notre monde globalisé, ce qui se passe quelque part se répercute aussitôt dans le reste de la planète. Et le monde vient d'avoir très peur. Les pays les plus riches du monde, convoqués par les États-Unis, ont joint leurs ressources pour circonscrire ou atténuer l'incendie. On veut toutefois maintenir la Russie au bord de l'abîme et on exige du Brésil des conditions injustement dures. Le Fonds monétaire international ne s'écarte pas d'un iota de ses principes fondamentalistes, tandis que la Banque mondiale s'insurge et dénonce.

Tout le monde parle d'une crise financière internationale. Les seuls à ne pas être au courant, ce sont les citoyens nord-américains, qui ont dépensé plus que jamais et dont les épargnes sont à plat. Peu importe, puisque leurs transnationales investissent l'argent des autres. Peu importe aussi le déficit commercial croissant du pays, qui atteint d'ores et déjà 240 milliards de dollars. Ce sont là des privilèges de l'empire qui bat la monnaie de réserve du monde. Et, en cas de crise, c'est dans ses bons du trésor que se réfugient en masse les spéculateurs. Et comme le marché interne est de taille et qu'on dépense plus, l'économie reste en bonne forme, apparemment, bien que les profits des sociétés se soient réduits. Mégafusions, euphorie, et les cours des actions de repartir à la hausse, et tout le monde de rejouer de nouveau à la roulette russe. Tout sera éternellement bien. Les théoriciens du système ont découvert la pierre philosophale. Toutes les issues sont bouchées pour empêcher l'entrée de revenants qui les empêcheraient de dormir. La quadrature du cercle n'est plus un impossible. Il n'y aura jamais de crise.

Mais la baudruche qui enfle serait-elle par hasard la seule menace et le seul jeu spéculatif? Il est un autre phénomène qui prend de jour en jour des dimensions fabuleuses et incontrôlables: les opérations spéculatives contre les monnaies. Qui se montent au bas mot à un billion de dollars par jour. Voire à un billion et demi, selon certains. Voilà à peine quatorze ans, elles ne se chiffraient qu'à 150 milliards par an. Peut-être y a-t-il confusion dans les chiffres. On a de la peine à les exprimer, à plus forte raison à les traduire de l'anglais à l'espagnol. Ce qu'on appelle billón en espagnol, autrement dit un million de millions, se dit trillion en américain, tandis que le billion américain veut dire un milliard. On vient d'introduire le millardo, qui veut dire un milliard, en espagnol et en anglais. Ces difficultés de langage disent bien à quel point il est malaisé de suivre et de comprendre les chiffres qui reflètent la spéculation fabuleuse en marche dans l'ordre économique mondial. Et ceci, l'immense majorité des peuples du monde risque constamment de le payer de leur ruine. Au premier instant d'inattention, les spéculateurs montent à l'assaut de n'importe quelle monnaie et liquident en quelques jours les réserves en devises accumulées pendant, allez savoir, des dizaines d'années. L'ordre mondial a jeté les conditions propices à cela. Absolument personne n'est à l'abri ni ne peut l'être. Les loups, groupés en meutes et soutenus par des logiciels, savent où attaquer, quand attaquer et pourquoi attaquer.

Un prix Nobel d'Économie a proposé voilà quatorze ans [il s'agit de James Tobin. NdlE.], alors que ces spéculations étaient deux mille fois inférieures, de lever un impôt de 1% sur chaque opération spéculative de ce genre. Ce pourcentage suffirait aujourd'hui à développer tous les pays du Tiers Monde. Ce serait là une forme de réguler et de freiner une spéculation aussi nocive. Oui, mais réguler! Vous vous heurtez à la plus pure doctrine fondamentaliste. Il est des mots que vous ne pouvez prononcer dans le temple des fanatiques de l'ordre mondial qu'ils imposent. Ainsi: régulation, société publique, programme de développement économique, toute forme de planification, même la plus minime, participation ou influence de l'État en matière économique... tout ceci trouble le rêve idyllique et paradisiaque du libre marché et de l'entreprise privée. Il faut tout déréglementer, même le marché de la force de travail. Il faut réduire au minimum indispensable l'aide au chômage pour ne pas maintenir des «fainéants» et des «parasites». Il faut restructurer et privatiser le système de pensions. L'État ne doit s'occuper que de la police et de l'armée pour garantir l'ordre, réprimer les protestations et faire la guerre. Il n'est pas même admissible qu'il participe en quoi que ce soit aux politiques monétaires de la banque centrale, qui doit être absolument indépendante. Louis XIV souffrirait beaucoup de nos jours, assurément, avec son «L'État, c'est moi», parce qu'il lui faudrait ajouter: «Oui, mais je ne suis absolument rien»!

En sus de cette spéculation étonnante avec les monnaies, on voit croître de façon incroyable et accélérée ce qu'on appelle les fonds de couverture et le marché des dérivés, une autre expression relativement nouvelle. Je ne tenterai pas de vous l'expliquer. C'est compliqué. Cela prend du temps. Je me bornerai à vous dire qu'il s'agit d'un système qui vient s'ajouter aux jeux spéculatifs, un autre casino énorme où l'on mise sur tout et de tout, en se basant sur des calculs de risques sophistiqués réalisés à l'aide d'ordinateurs, de programmateurs de haut niveau et de sommités économiques, et les gens qui misent exploitent l'insécurité, emploient l'argent que les épargnants placent dans les banques, ne se heurtent à pratiquement aucune restriction, obtiennent des profits énormes et peuvent provoquer des catastrophes.

Que l'ordre économique actuel soit insoutenable, nous en avons la preuve dans la vulnérabilité et la fragilité mêmes du système, qui a converti la planète en un casino gigantesque, des millions de citoyens et, parfois, des sociétés entières en parieurs, dénaturant la fonction de l'argent et des investissements, car ce que ces gens-là cherchent à tout prix, ce n'est pas à augmenter la production ou les richesses du monde, mais tout simplement à gagner de l'argent par de l'argent. Cette déformation conduira inévitablement l'économie mondiale au désastre.

Un fait, survenu aux États-Unis, vient de susciter le scandale et une préoccupation profonde. L'un de ces fonds de couverture dont j'ai parlé et dont j'ai tenté d'expliquer l'essence, justement le plus fameux des États-Unis, dont le nom [traduit en espagnol] signifie Gestion de capitaux à long terme*, et qui compte parmi son personnel deux prix Nobel d'économie et plusieurs des meilleurs programmateurs du monde, et qui fait des bénéfices annuels supérieurs à 30 %, a failli capoter, et les conséquences de cette banqueroute auraient été, semble-t-il, incalculables.

Se basant sur le prestige déjà acquis, faisant aveuglément confiance à l'infaillibilité de ses fameux programmateurs et de ses prix Nobel d'économie, ce fonds, qui ne disposait que de 4,5 milliards de dollars, a mobilisé les fonds des soixante-quinze banques différentes pour un total de 120 milliards afin de pouvoir spéculer, obtenant ainsi plus de vingt-cinq dollars de prêt par dollar de son propre fonds. Cette procédure contrevenait à tous les paramètres et à toutes les pratiques financières supposées. Or, les calculs et les programmes s'étaient trompés. Les pertes ont été considérables ; la banqueroute, un mot dramatique dans ces milieux-là, était inévitable. Ce n'était plus qu'une question de jours. La réserve fédérale des États-Unis a alors volé au secours du fonds de couverture, ce qui est contraire à tout ce que prêchent les États-Unis et à ce que soutient la philosophie néolibérale, compte tenu de la conduite irresponsable d'une institution de ce genre. Selon les principes établis, le fonds en question devait aller à la ruine, la loi du marché devait lui donner une leçon en imposant les corrections pertinentes. Ce fut le scandale. Le Sénat a fait comparaître Greenspan , le directeur de la Réserve fédérale, qui a dû déposer. Ce haut fonctionnaire, formé dans le sérail de Wall Street, est considéré comme l'un des responsables les plus experts et les plus éminents de l'économie nord-américaine, on lui attribue le mérite principal dans les succès économiques de l'administration Clinton, et il est en train de recevoir l'hommage spécial des milieux financiers et de la presse comme l'homme qui a freiné la crise boursière aux États-Unis en baissant trois fois d'affilée le taux d'intérêt. On le considère comme le personnage le plus important du pays, après le président. Eh bien, ce fameux directeur, ce directeur reconnu a déclaré au Sénat que, s'il n'avait pas sauvé le fonds, il se serait produit une catastrophe économique qui aurait touché les États-Unis et le monde entier.

Quelle est donc la solidité d'un ordre économique au sein duquel l'action, qualifiée d'aventuriste et d'irresponsable, d'une institution spéculative qui ne possédait que 4,5 milliards de dollars peut conduire les États-Unis et le monde à un désastre économique?

Quand on constate cette fragilité et cette déficience immunologique du système, on peut diagnostiquer un mal très semblable au sida.

Je n'utiliserai pas d'autres arguments pour l'instant. L'économie mondiale connaît bien d'autres problèmes. L'ordre en place se débat au milieu de l'inflation, de la récession, de la déflation, des crises de surproduction éventuelles, des baisses soutenues des cours des produits de base. Un pays aussi immensément riche que l'Arabie Saoudite enregistre d'ores et déjà des déficits budgétaires et commerciaux, bien qu'elle exporte huit millions de barils de pétrole par jour. Les pronostics de croissance optimistes s'envolent en fumée. Personne n'a la moindre idée de la façon dont on réglera les problèmes des pays du Tiers Monde. Sur quels biens d'équipement, sur quelles technologies, sur quels réseaux de distribution, sur quels crédits à l'exportation peut-on compter pour chercher des marchés, concurrencer et exporter ? Où sont les consommateurs de ces produits? Comment cherchera-t-on des ressources pour la santé en Afrique, où vingt-deux millions de personnes atteintes du sida exigeraient, aux prix actuels, deux cents milliards de dollars par an rien que pour contrôler cette maladie? Combien mourront avant que n'apparaisse un vaccin protecteur ou un médicament qui permette d'éradiquer le virus?

Le monde a besoin d'un peu de direction pour faire face à ces réalités-là. Nous sommes déjà six milliards sur cette planète. Et nous serons, presque à coup sûr, neuf milliards et demi dans cinquante ans. Garantir des aliments, la santé, l'éducation, un emploi, des chaussures, des vêtements, un toit, de l'eau potable, l'électricité et des transports à une quantité aussi extraordinaire de personnes qui vivront précisément dans les pays les plus pauvres, sera un défi colossal. Il faudra définir d'abord des modèles de consommation. On ne saurait continuer d'imposer les goûts et les modes de vie des sociétés industrielles, fondées sur le gaspillage, car ce serait, non seulement suicidaire, mais tout bonnement impossible.

Il faut programmer le développement du monde. On ne saurait laisser cette tâche au libre arbitre des transnationales et aux lois aveugles et chaotiques du marché. L'Organisation des Nations unies constitue un bon point de départ, car elle réunit une grande quantité d'informations et d'expériences, mais il faut tout simplement se battre pour la démocratiser, pour mettre fin à la dictature du Conseil de Sécurité et à la dictature au sein même de celui-ci, ne serait-ce qu'en y admettant de nouveaux membres permanents qui, outre une représentation adéquate du Tiers Monde, disposeraient de toutes les prérogatives dont jouissent les membres permanents actuels, et en modifiant les règles relatives à la prise de décision. Il faut de plus élargir les fonctions et renforcer l'autorité de l'Assemblée générale.

Plût au ciel que ce ne soit pas par des crises économiques catastrophiques qu'apparaissent des solutions! Les plus touchés seraient des milliards de personnes du Tiers Monde. Une connaissance élémentaire des réalités technologiques et du pouvoir destructeur des armes modernes nous contraint de penser qu'il est de notre devoir d'empêcher que les conflits d'intérêt qui éclateront inévitablement ne conduisent à des guerres sanglantes.

L'existence d'une seule superpuissance, une mondialisation économique asphyxiante rendraient difficile, voire impossible, la survie d'une révolution comme la nôtre, si jamais elle avait triomphé aujourd'hui et non quand elle pouvait compter sur un point d'appui dans un monde alors bipolaire. Heureusement, notre pays a eu le temps de se doter d'une capacité de résistance extraordinaire et de répandre en même temps dans l'arène internationale la forte influence de son exemple et de son héroïsme, ce qui lui permet de livrer de toutes les tribunes une grande bataille d'idées.

Les peuples se battront, les masses joueront un rôle important et décisif dans ces batailles qui ne seront, en fin de compte, que leur réponse à la pauvreté et aux souffrances qu'on leur a imposées, et l'on verra surgir des milliers de formes de pression et d'action politiques créatrices et ingénieuses. De nombreux gouvernements seront déstabilisés par des crises économiques et par la carence d'issues au sein du système économique international en place.

Nous vivons une étape où les événements vont plus vite que la conscience des réalités dont nous souffrons. Il faut semer des idées, démasquer les leurres, les sophismes et les hypocrisies, en utilisant des méthodes et des moyens à même de contrecarrer la désinformation et les mensonges institutionnels. L'expérience de quarante ans de calomnies déversées sur Cuba comme des pluies torrentielles nous a appris à faire confiance dans l'instinct et dans l'intelligence des peuples.

Les pays européens ont donné au monde un bon exemple de ce que peuvent l'exercice de la raison et l'emploi de l'intelligence. Après avoir guerroyé entre eux pendant des siècles, ils ont fini par comprendre que, bien que pays industriels et riches, ils ne pouvaient survivre isolément. Soros*, un fameux personnage du monde financier, et son groupe ont, à la suite d'un assaut spéculatif, fait trembler la Grande-Bretagne, autrefois maîtresse d'un grand empire, reine incontestée des finances et détentrice de la monnaie de réserve - un rôle que jouent maintenant le dollar et les États-Unis.

Le franc, la peseta, la lire ont aussi souffert des assauts de la spéculation. Le dollar et l'euro se surveillent mutuellement. Un adversaire plein de perspectives vient de surgir face à la monnaie nord-américaine et à ses privilèges. Les États-Unis misent anxieusement sur ses difficultés et son échec. Suivons de près les événements.

Certains, en proie à l'angoisse, à l'incertitude et au doute, cherchent des solutions de substitution éclectiques. Or, face à une mondialisation néolibérale, déshumanisée, moralement et socialement indéfendable, écologiquement et économiquement intenable, le monde n'a pas d'autre choix qu'une distribution juste des richesses que les êtres humains créent de leurs mains laborieuses et de leur intelligence féconde. Faisons cesser la tyrannie d'un ordre qui impose des principes aveugles, anarchiques et chaotiques, conduisant l'espèce humaine à l'abîme. Sauvons la nature. Préservons les identités nationales. Protégeons les cultures de chaque pays. Faisons régner l'égalité, la fraternité et, partant, la vraie liberté. Les clivages insondables entre riches et pauvres au sein de chaque nation et entre les pays ne peuvent continuer de se creuser ; ils doivent au contraire diminuer progressivement pour disparaître un jour. Que ce soit le mérite, la capacité, l'esprit créateur et la contribution réelle au bien-être de l'humanité, et non le vol, la spéculation ou l'exploitation des plus faibles, qui fixent les bornes de ces clivages. Que l'on pratique vraiment l'humanisme, dans les faits, et non dans des slogans hypocrites.

Chers compatriotes,

Le peuple qui livre la lutte héroïque de la période spéciale pour sauver la patrie, la Révolution et les conquêtes du socialisme avance irrésistiblement vers ses objectifs, de même que les combattants de Camilo et de Che progressaient de la Sierra Maestra vers l'Escambray. Comme l'a dit Mella, toute époque future doit être meilleure. Constatons-le dans les objectifs que nous nous sommes fixé pour 1999. Consolidons, approfondissons, travaillons, luttons, combattons avec l'esprit dont ont fait preuve nos combattants héroïques à l'Uvero, au cours des journées glorieuses de la grande offensive ennemie, au cours des batailles et dans les faits que j'ai rappelés ce soir. Nous nous sommes remis du revers d'Alegría de Pío, nous sommes passés par Cinco Palmas, nous avons réuni des forces, nous sommes dorénavant capables de vaincre, tout comme trois cents en ont vaincu dix mille. Nous sommes bien plus forts, nous sommes sûrs désormais de la victoire.

Je peux assurer à tous les compatriotes, surtout aux jeunes, que les quarante prochaines années seront décisives pour le monde. Des tâches incommensurablement plus complexes et plus difficiles les attendent. De nouveaux objectifs glorieux leur font face, l'immense honneur d'être des révolutionnaires cubains l'exige d'eux. Nous lutterons pour notre peuple et pour l'humanité. Et notre voix peut porter et portera très loin.

La bataille d'aujourd'hui est dure et difficile. La guerre idéologique, tout comme les conflits militaires, cause des pertes. Les époques dures et les conditions difficiles, tout le monde n'a pas la trempe nécessaire pour y résister.

Je vous rappelais ce soir qu'en pleine guerre, seul un jeune révolutionnaire entré à l'école sur dix supportait les bombardements et les privations. Mais celui-là valait pour dix, pour cent, pour mille. Conscientiser toujours plus profond, tremper le caractère, éduquer à la dure école de la vie contemporaine, semer des idées solides, employer des arguments irréfutables, prêcher d'exemple et faire confiance en l'honneur de l'homme, voilà ce qui peut faire que neuf sur dix restent à leur poste de combat, aux côtés du drapeau, au côté de la Révolution, au côté de la patrie.

Le socialisme ou la mort!

La patrie ou la mort!

Nous vaincrons!
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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 21:57

(Roberto Pérez Betancourt)

Lorsqu´a été connue la nouvelle de l´imminente arrivée de Fidel
Castro à New York, le 19 septembre 1960, des centaines de journalistes
se sont lancé pour avoir la primatie de l´information mais aucun
d´entre eux n´avait prévu que le leader de la Révolution Cubaine
déciderait de camper dans les jardins des édifices de l´Organisation des
Nations Unies.
Ceux qui ont assisté à cet événement se rappellent encore les
détails du « flash » qui a circulé sur les télétypes du monde
entier et qui a même obligé les éditeurs de la grande presse à modifier
leur première page.
Arrivé avec son sac à dos, Fidel conduisait la délégation
cubaine qui devait assister à la quinzième session de l´Assemblée
générale de l´ONU. Le secrétaire général de cette organisation, Dag
Hammarskjold, a été stupéfait lorsqu´on lui a apporté dans son
bureau climatisé la nouvelle de  la décision que venait de prendre le
guérilléro de la Sierra Maestra.
Que se passait-il ? La délégation antillaise avait pourtant
réservé ses chambres à l´hôtel Shelbourne, mais la maison Blanche
avait agi dans l´ombre. Les gérants de l´hôtel avaient exigé des avances
de paiements complètement inusuelles  puis avait finalement décidé de
refuser ces hôtes hors du commun en alléguant « qu´ils leur faisaient
une mauvaise publicité ». Ils ont même ajouté qu´ils attendraient
une
décision du Département d´Etat pour rendre pas les fonds déjà
versés.
Ils pensaient peut-être que ce traitement grossier pourrait
intimider les barbudos.   Ils  ne se rendaient pas compte qu´il était
impossible de faire reculer ceux qui avaient été capables, auparavant,
de vaincre une sanglante tyrannie obéissant aux seuls intérêts du
puissant voisin du nord.
C´est alors que  l´hôtel Théresa, situé dans le quartier noir de
Harlem, fit connaitre à la délégation cubaine sa proposition de les
accueillir dans leur modeste établissement.
L´affront que venaient de subir les représentants cubains n´était pas
passé inaperçu. Les médias les plus objectifs rappelèrent qu´à
partir du moment où avait été décidée l´installation des édifices de
l´ONU dans la ville de New York, les autorités nord-américaines avaient
l´obligation d´accueillir toutes les délégations et de leur garantir le
traitement exigé par les normes habituelles.
Le fait que la proposition de l´hôtel Theresa soit acceptée donna
l´occasion d´un nouveau « flash ». La nouvelle était incroyable.
Là-bas, dans le ghetto noir ? C´était complètement impossible,
argumentaient les fonctionnaires de la Maison Blanche au bord de la
crise de nerfs. De nouvelles propositions arrivèrent à l´instant, «  qui
correspondraient mieux à la qualité des diplomates ».
Mais la décision était déjà prise. « Nous resterons au Théresa »,
expliqua Fidel, pour être aux côtés des noirs, des latinos, des
discriminés, des gens les plus humbles, des déshérités.
La police montée de New York s´est vue obligée à dissoudre la
multitude qui s´était spontanément regroupée pour accompagner la
délégation cubaine, pour lui manifester sa sympathie et pour effacer
ainsi l´outrage qui lui avait été fait.
C´était seulement le début d´une période de confrontation ouverte,
en germe depuis le premier janvier 1959, et déclenchée par les puissants
groupes de pouvoir de l´extrême droite nord-américaine qui se
refusaient à accepter qu´un petit pays soit capable de secouer le joug
néocolonial et de lever la voix pour s´opposer aux ordres de Washington.
Cette voix saurait pourtant se faire entendre le 26 septembre et le
texte du discours que prononcerait ce jour-là Fidel feraient de nouveau
fonctionner les télétypes du monde entier.
Cette fois encore, la presse ne pourrait pas passer l´information sous
silence. Pour une fois, ce serait la voix des pauvres de ce monde que
s´exprimerait à la tribune de l´ONU, grâce à l´intervention d´un
guérilléro descendu des montagnes de son ile antillaise pour aller
défier le monstre depuis ses propres entrailles.

Título en español
El día que Fidel acampó en los jardines de la ONU
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12 septembre 2009 6 12 /09 /septembre /2009 08:47
              Je ne tenais pas à critiquer durement une société consacrée à la production d’équipements médicaux qui fait des profits non en fabriquant des armes pour tuer, mais en combattant les maladies, la souffrance et la mort. Aussi ai-je toujours traité respectueusement  les compagnies de ce genre et j’aimais échanger avec elles au sujet de leurs avancées scientifiques.   Je ne peux m’empêcher toutefois de penser avec amertume à des pays qui ne disposent pas de ces équipements et avec encore plus de tristesse au fait qu’un peuple du Tiers-monde soit bloqué dans ses efforts par la mesure stupide qu’un pays riche et puissant impose au fabriquant : interdire les livraisons de pièces détachées.               Entre le Venezuela et Cuba, les spécialistes cubains en cardiologie disposent de vingt-huit échocardiographes Philips sans lesquels aucun diagnostic précis et absolument sûr n’est possible. Pour chaque appareil ne fonctionnant pas, cinq cents patients par mois cessent de recevoir ce service vital.               Dans notre patrie, les cardiopathies constituent la première cause de décès ; au Venezuela, c’est à peu près pareil. Les défibrillateurs sont l’instrument par excellence pour intervenir d’urgence, réanimer quelqu’un souffrant d’un arrêt du cœur et le sauver de la mort. Des 3 553 défibrillateurs achetés à Philips, 2 000 étaient de ce genre et ils étaient utilisés dans les polycliniques cubaines et dans les centres de diagnostic d’Au Cœur du quartier au Venezuela.               Les douze équipements Philips différents achetés au prix de 72 762 694 dollars étaient tous indispensables pour offrir des services de haute qualité à Cuba et dans les programmes Au Cœur du quartier 1 et 2 au Venezuela, où nos médecins et spécialistes prêtent service. Ils ont été achetés et payés par notre pays, selon l’accord préalable.               Les équipements Siemens, sauf certains envoyés en Bolivie, prêtaient service à Cuba et dans les deux programmes vénézuéliens. Leur coût : 85 430 000 dollars. En plus de ces deux sociétés, d’autres d’Europe et du Japon ont livré d’importants équipements additionnels pour les vingt-sept centre de diagnostic de pointe d’Au Cœur du quartier 2.               Philips ne conteste pas les données que j’ai offertes. C’est fin 2006 qu’elle a cessé totalement de livrer des pièces détachées, soit depuis maintenant presque trois ans.               Elle reconnaît que les exigences de l’administration étasunienne ont paralysé les livraisons, jusqu’à ce qu’elle ait accepté de payer récemment une amende de cent mille euros, une somme dérisoire comparée aux soixante-douze millions que valaient les équipements achetés. Cela n’impliquait, que je sache, aucune violation des normes imposées au monde par l’Empire : il s’agit d’appareils de médecine destinés à sauver des vies, pas d’armes de guerre.               C’est en janvier 2007 que l’administration Bush a nommé secrétaire d’Etat adjoint John Negroponte, le bourreau du peuple nicaraguayen dans la sale guerre déclenchée contre les sandinistes en 1982 depuis la base yankee de Palmerola au Honduras. Son état de services dans les guerres d’agression contre le Vietnam et l’Iraq est bien ténébreux. Il a été aussi directeur de la puissante Agence nationale de renseignements. Il accompagnait le président étasunien en juillet 2007 à la conférence de la Maison-Blanche où l’on parla tant d’éducation et de santé. Tous deux savaient que nos spécialistes utilisaient des équipements Philips à Cuba et au Venezuela. Ils ont exercé des pressions sur la société hollandaise et sont arrivés à leurs fins : empêcher les livraisons de pièces détachées.               Les programmes sociaux du Venezuela sont le fruit de la Révolution bolivarienne. Je n’ai pas besoin de vanter les relations historiques étroites entre nos deux peuples et les liens de fraternité qui nous unissent.               J’ai déjà expliqué la décision du président Hugo Chávez qui a donné naissance à nos programmes de coopération. C’est aussi de là qu’est née, début 2007, l’idée d’ajouter aux deux autres déjà existants le programme Au Cœur du quartier 3 : dans ce cas, le Venezuela devait acheter les équipements et les médecins vénézuéliens les faire fonctionner.               C’est parce qu’il connaissait notre longue expérience de négociations avec les fabricants d’équipements médicaux et les excellents prix que nous obtenions grâce aux gros volumes d’achat que Chávez a demandé à notre pays d’acheter les équipements, les instruments et les accessoires médicaux pour des centaines de millions de dollars. Il s’agissait par ces investissements de permettre à un grand nombre de centres hospitaliers de prêter les services déjà offerts au peuple vénézuélien par Au Cœur du quartier 1 et 2. Ce qui s’ajoutait au programme de formation à Cuba de milliers de jeunes Vénézuéliens pour en faire des médecins capables de prêter service partout, dans leur pays et ailleurs. Les diplômés de l’École latino-américaine de médecine sont la preuve encourageante de leur esprit de sacrifice. Par ailleurs, Cuba contribuait à former au Venezuela même plus de vingt mille élèves de médecine.               Notre personnel est donc entré de nouveau en contact avec les meilleures sociétés d’équipements, de dispositifs et de mobilier médicaux, exception faite, en bonne logique, des sociétés étasuniennes auxquelles il est strictement prohibé de vendre quoi que ce soit à Cuba.               Bien que les équipements médicaux étasuniens soient de bonne qualité, ils sont bien souvent abusivement chers. Il existe sur le marché international des sociétés spécialisées dont les équipements sont jugés les meilleurs au monde. Il est parfaitement possible de se passer des équipements étasuniens si l’on veut éviter les risques d’un blocus criminel à l’instar de celui qui est appliqué à Cuba depuis cinquante ans. Dans les hôpitaux du Japon, un pays dont la population atteint les moyennes de vie les plus élevées, l’immense majorité des équipements sont de fabrication nationale ; le reste est importé d’Europe ou des USA.               Dans les pays les plus industrialisés de la vieille Europe, où les indicateurs de santé sont plus élevés qu’aux États-Unis, à peine 30 p. 100 des équipements proviennent du Japon ou des USA, car ils préfèrent les leurs. Au  Japon comme en Europe, les normes de qualité sont bien plus exigeantes qu’aux USA.               Je suis satisfait de constater que la ligne suivie par la société cubaine spécialisée dans l’achat d’équipements médicaux s’est ajustée rigoureusement aux principes vérifiés dans les achats antérieurs.               Plus de cinquante sociétés connues y sont intervenues. Je ne signalerai que celles qui ont rivalisé en qualité et en prix. Le plus gros volume d’achat a correspondu à la société allemande Siemens : 73 910 000 dollars ; puis venaient Drager : 37 277 000 dollars ; Toshiba : 36 123 000 dollars ; Nihon Kohden : 30 516 000 dollars. Les sociétés Olympus, Karl Storz, Aloka, Carl Zeiss, Pressure et d’autres bien connues par nos spécialistes ont aussi signé des contrats, toutes reflétant l’avancée révolutionnaire de la technologie médicale ces vingt dernières années.               La société néerlandaise Philips, qui avait été envisagée et incluse dans les principales compte tenu de ses normes de qualité et de ses prix, devait vendre des équipements pour 63 065 000 dollars, mais ceci a coïncidé avec le moment où elle a arrêté de livrer des pièces détachées pour ses équipements installés à Cuba et au Venezuela, si bien qu’il a fallu bien entendu interrompre l’élaboration du contrat correspondant.               Bien que tous les équipements, instruments et dispositifs contractés pour le Venezuela ne soient pas arrivés, le total se chiffre pour l’instant à 271 millions de dollars. Ceci implique un effort spécial de la part des Cubains et des Vénézuéliens pour développer à fond l’important programme Au Cœur du quartier 3, qui complète et articule l’un des plans sociaux les plus importants et les plus humains de la Révolution bolivarienne. Nos deux pays sont conscients de cette obligation.               Nous nous sommes proposé de consentir les efforts requis pour porter Au Cœur du quartier 1 et 2 à des niveaux sans précédent, en y incorporant plus de deux mille cinq cents étudiants des dernières années de médecine en formation à Cuba, lesquels y travailleront auprès des spécialistes de médecine générale intégrale qui leur donneront en même temps des cours.               Le traitement optimal des patients a toujours été la raison d’être des centres de consultation, des centres de diagnostic et des autres services auxquels participe Cuba. La réponse des coopérants de la santé cubains à mes Réflexions antérieures a été excellente : ils affirment à juste titre que l’impérialisme ne gagnera pas la bataille contre Au Cœur du quartier.               Question production et commerce d’armes destinées à la guerre et à la destruction, aucun pays ne rivalise aujourd’hui avec les USA qui monopolisent, fruits du complexe militaro-industriel, les deux tiers du commerce mondial d’armements. Cette puissance impériale, non contente de consommer le quart de l’énergie fossile tout en ne représentant même pas 5 p. 100 de la population mondiale,  pollue l’atmosphère, détruit l’environnement, menace le monde de ses armes d’extermination et s’avère le plus gros producteur et vendeur d’armes. Mais elle est pourtant incapable de garantir la santé de quasiment le quart de sa population !               Nous ne fermerons les portes à aucune société qui souhaite produire et vendre des technologies médicales. Nous accepterons avec joie toute rectification. L’humanité a de très gros problèmes à régler. Qu’aucun désastre, donc, ne détruise notre espèce et que nous soyons beaucoup à avoir la conscience en paix pour avoir fait le maximum afin de l’éviter !     

     Fidel Castro Ruz   Le 10 septembre 2009   15 h 11
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9 septembre 2009 3 09 /09 /septembre /2009 09:50


La Havane, 8 septembre, (RHC)--. TELESUR annonce depuis ce lundi la première d’une nouvelle interview que Fidel Castro a accordé au cinéaste étasunien, Oliver Stone.

Le site Internet www.cubadebate.cu promet à ses lecteurs une version de l’interview dont l’exclusivité a été accordée à la chaîne de télévision régionale.

C’est ainsi la troisième interview du leader historique de la Révolution cubaine qu’obtient le cinéaste étasunien qui se trouve en ce moment à Venise où il vient de marquer l’événement par la présentation en président d’Hugo Chavez de son documentaire « Au sud de la frontière » qui a pour sujet la figure du Président vénézuélien.

Oliver Stone n’a jamais caché son admiration pour le Commandant en Chef. « Fidel est un des hommes les plus savants que je connais ; c’est un survivant et un Quichotte » a-t-il déclaré sans hésiter, en 2004, au journal espagnol El Pais.

« J’ai fait la connaissance de Fidel Castro en 1986 lors de la préparation de son film « Salvador » Puis, les producteurs du Commandant m’ont offert l’occasion de m’approcher de lui. En deux week-ends, il nous a accordé 40 heures de son temps et c’était une occasion que je ne pouvais nullement rater…

J’admire sa Révolution, sa foi en soi et son honnêteté. C’est un des rares présidents au monde qui n’a pas un sous sur des comptes en banques à l’étranger et à part cela, il a porté son peuple à un niveau d’éducation plus élevé que celui de n’importe quel autre pays de la zone »

Il a pourtant admis qu’il avait appris beaucoup plus sur l’homme que sur le pays. « J’ai trouvé à Cuba une situation d’aperture et de liberté que je n’ai trouvée dans aucun autre pays de la zone, ni dans les Caraïbes ni en Amérique Centrale.

J’ai été avec bon nombre de leaders mondiaux à Panama, au Salvador, au Nicaragua et je n’ai jamais vu l’affection spontanée dans la rue que j’ai vue à Cuba envers Fidel » a alors déclaré Oliver Stone, au journal El Pais.

Sources: RHC, AIN, GRANMA, TRABAJADORES, JUVENTUD REBELDE, PL, REUTER, EFE, IPS, ANSA, AFP, XINHUA, TASS, DPA, AP.
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8 septembre 2009 2 08 /09 /septembre /2009 08:08


Les États-Unis sont les plus gros propriétaires de brevets au monde. Ayant volé des cerveaux dans tous les pays, développés ou en développement, ils font des recherches dans de nombreux domaines depuis les armes d’extermination massive jusqu’aux médicaments et aux appareils de médecine. Aussi, le blocus économique et technologique qu’ils nous imposent n’est-il pas qu’un simple prétexte pour accuser l’Empire de nos difficultés.

La santé publique constitue l’un des domaines dans lesquels notre pays a plus avancé, bien que les États-Unis nous aient privés dans les premières années de quasiment la moitié des plus de cinq mille médecins diplômés de la seule université du pays, dont beaucoup étaient d’ailleurs au chômage.

C’est sur ce terrain que la Révolution cubaine a écrit l’une des plus belles pages de coopération internationale, qui a débuté voilà presque un demi-siècle quand elle dépêcha un groupe de médecins en Algérie, à peine indépendante.

Que nul ne suppose que la tâche a été facile. Les États-Unis ont fait l’impossible pour l’empêcher en la sabotant. Ils ont appliqué contre Cuba toutes les variantes possibles de leur criminel blocus économique auquel l’administration Clinton a fini par octroyer, aux termes de la loi Helms-Burton, un caractère extraterritorial.

Quand le camp socialiste s’est effondré, puis, quelques mois après, son bastion principal, l’Union soviétique, s’est désintégrée, Cuba a décidé de continuer de se battre. Notre peuple avait alors acquis beaucoup de conscience et de culture politiques.

En 1992, Hugo Chávez conduisit un soulèvement militaire contre le gouvernement oligarque et bourgeois issu du pacte de Punto Fijo qui, depuis plus de trente ans, saignait à blanc la patrie de Bolívar. Ce qui lui valut, comme ça m’a valu à moi, la prison. Il visita Cuba en 1994 et quelques années après, soutenu à fond par le peuple, il accéda à la présidence et engagea la Révolution bolivarienne.

À l’instar du peuple cubain, le peuple vénézuélien fut très tôt en butte à l’hostilité des États-Unis qui préparèrent le coup d’État fasciste de 2002, liquidé par le peuple et les militaires révolutionnaires. Quelques mois plus tard, ce fut le putsch pétrolier, le moment le plus difficile au cours duquel brillèrent de nouveau le leader, le peuple et les militaires vénézuéliens. Chávez et le Venezuela nous offrirent toute leur solidarité en pleine Période spéciale, et nous, la nôtre.

Notre pays comptait alors non moins de soixante mille médecins spécialisés, plus de cent cinquante mille enseignants expérimentés et un peuple qui avait écrit de brillantes pages internationalistes. C’est après le putsch pétrolier que nos coopérants commencèrent à participer en masse aux programmes d’éducation et de santé de la Révolution bolivarienne, l’un des programmes sociaux les plus profonds et les plus rapides qu’ait jamais réalisé aucun pays du Tiers-monde.

Si je rappelle ces antécédents, c’est parce qu’ils sont indispensables pour jauger la perfidie de l’impérialisme et comprendre le point que j’aborde aujourd’hui : la valse-hésitation puis la trahison envers Cuba et le Venezuela d’une transnationale européenne bien connue et relativement prestigieuse : la société hollandaise Philips, dont l’une des branches est spécialisée dans la fabrication d’équipements de médecine.

J’ai écrit sur ce point, voilà deux ans, le 14 juillet 2007, des Réflexions, mais sans la mentionner nommément, parce que j’avais encore l’espoir d’une rectification de sa part.

Nous coopérions alors avec le peuple vénézuélien à la création d’un des meilleurs systèmes de santé auquel des dizaines de milliers de médecins spécialisés et d’autres spécialistes de la santé cubains prêtaient service. Le président Hugo Chávez, satisfait du travail des premiers coopérants au programme Au Cœur du quartier (Barrio adentro) qui vise à apporter les services de santé aux zones urbaines et agricoles les plus pauvres du pays, nous demanda, en visite à Cuba, de mettre au point un programme qui pourrait bénéficier à tous les secteurs de la population vénézuélienne des classes pauvre, moyenne et riche. C’est ainsi que surgirent les Centres de diagnostic de pointe, chargés de compléter les fonctions des six cents Centres de diagnostic intégral qui, en tant que polycliniques à services élargis, appuieraient par leur laboratoires et leurs équipements les salons de consultation d’Au Cœur du quartier ; nombre de ces centres de physiothérapie prendraient en charge une mission très humaine : traiter toutes sortes de handicap physique ou moteur.

C’est à la demande du président Chávez que nous avons acquis les équipements dont avaient besoin vingt-sept Centres de diagnostic de pointe, disséminés dans les vingt-quatre Etats vénézuéliens, dont trois, à forte population, en comptent deux.

Nous avons pour norme de toujours passer des contrats d’équipements médicaux avec les sociétés les plus prestigieuses et de pointe au monde. Nous faisons même en sorte qu’au moins deux sociétés parmi les plus spécialisées participent aux livraisons des équipements les plus complexes.

C’est ainsi que nous nous sommes procurés les équipements d’imagerie les plus de pointe et les plus coûteux, par exemple de tomographie informatisée multicoupes, de résonance magnétique nucléaire, d’échographie diagnostique, et d’autres semblables auprès de la société allemande Siemens et de la société hollandaise Philips. Ni l’une ni l’autre ne produit bien entendu tous les appareils, mais certains, en tout cas, des plus complexes et des plus sophistiqués. Toutes deux devaient rivaliser en qualité et en prix. Nous avons acquis des moyens diagnostiques de ces deux sociétés pour le Venezuela, mais aussi pour Cuba où nous avions mis en place un plan de services médicaux similaires, dans un secteur qui avait reçu très peu de ressources durant les années de la Période spéciale.

Nous avons acquis des équipements de ces deux sociétés dans plus de dix spécialités pour les services cubains et vénézuéliens. Je ne parlerai pas de Siemens, l’allemande, qui a tenu ses engagements. Je me bornerai à Philips, qui nous a fourni des équipements dans douze spécialités pour lesquelles elle a partagé avec son homologue allemande les plus importants et les plus coûteux : quinze tomographes 40 coupes ; vingt-huit d’IRM de 0,23 tesla ; huit tables d’urologie télécommandées ; trente-sept d’échographie diagnostique en 3D ; deux angiographies de neurologie ; deux angiographies de cardiologie ; deux polygraphes ; une caméra gamma double tête ; trois caméras gamma simple tête; deux cent cinquante appareils de rayons X mobiles ; mille deux écrans d’appareils non invasifs et deux mille écrans de défibrillateurs.

Ces 3 553 appareils valaient au total 72 762 694 dollars.

J’ai participé personnellement aux négociations avec ces deux sociétés.

Les prix, discutés pour chaque appareil, bénéficiaient d’importantes remises, car il s’agissait de quantités élevées – en cumulant Cuba et le Venezuela – payées comptant. Il aurait été impossible autrement d’en disposer avec l’urgence requise, surtout au Venezuela où les besoins des secteurs les plus pauvres d’une population totale de plus de vingt-sept millions d’habitants n’avaient cessé de s’accumuler.

Les appareils les plus complexes étaient destinés aux centres de diagnostic de pointe ; les moins complexes et les plus nombreux aux centres de diagnostic d’Au Cœur du quartier, qui en utilisaient toutefois d’autres. La quasi-totalité fut acquise début 2006.

Je suis tombé gravement malade à la fin juillet de cette année-là. Philips a livré des pièces jusqu'à la fin de l’année. En 2007, elle a cessé de le faire et n’a plus rien livré.

En mars 2007, une représentation cubaine s’est rendue au Brésil, où se trouve le bureau central de Philips pour l’Amérique latine qui avait négocié avec nous et dont le personnel nous a alors expliqué ses difficultés : l’administration Bush avait exigé une information détaillée des équipements livrés à Cuba au motif que certains contenaient des logiciels, voire des composants sous brevet yankee. Philips avait fourni l’information demandée au sujet de ses ventes à Cuba et au Venezuela. Jamais le moindre problème n’avait surgi à ce jour avec cette société.

Le président de Philips au Brésil affirma textuellement à la représentation cubaine : « L’administration étasunienne fait preuve d’une intransigeance absolue en ce qui concerne les réglementations relatives aux équipements et aux demandes d’autorisation de Cuba. Je sais que le problème porte préjudice au plan de Castro. Notre société est touchée et menacée. Tous nos services ont très peur. » Et il répéta : « Ont très peur. »

Il ajouta finalement que sa société souhaitait coopérer et qu’elle chercherait des formules.

À la mi-juillet 2007, à une prétendue conférence de la Maison-Blanche sur les Amériques, Bush, sa secrétaire d’État et d’autres membres de l’administration, « jasèrent comme des pies », selon l’expression d’AP, sur l’éducation et la santé. Ça semblait irréel : ils promettaient de prodiguer de la santé à travers toute l’Amérique latine…

Ils insistèrent sur le Comfort, un vieux porte-avions converti, selon Bush, en « le plus grand bateau-hôpital au monde », qui visiterait pendant dix jours chaque pays du sous-continent au sud des USA. Tel était son programme de santé ! Il se garda bien de dire qu’il était en train de saboter au Venezuela le programme de santé le plus sérieux que se soit jamais proposé aucun pays du Tiers-monde.

Malgré la coïncidence de dates, je n’ai pas voulu aborder alors directement nos ennuis avec Philips. Elle avait promis en mars de régler le problème et j’avais encore l’espoir qu’elle rectifierait.

Je me suis contenté d’écrire dans mes Réflexions : « Le hic, c’est que les États-Unis ne peuvent pas faire ce que fait Cuba. Ils exercent en revanche des pressions brutales sur des sociétés qui fabriquent d’excellents équipements médicaux vendus à notre pays pour les empêcher de nous livrer tel ou tel logiciel ou telle ou telle pièce de rechange enregistrée chez eux. Je pourrais citer des exemples concrets et les noms des sociétés. C’est répugnant… »

Malgré sa promesse solennelle à Cuba, Philips n’a plus livré la moindre pièce durant tout le reste de 2007, pendant les douze mois de 2008 et presque la moitié de 2009.

En juin 2009, après avoir payé une amende de cent mille euros à l’administration Barack Obama, qui ne se démarque guère en la matière de son illustre prédécesseur, Philips a daigné informer qu’elle fournirait promptement les pièces nécessaires aux équipements installés à Cuba.

Personne en revanche n’a indemnisé les Cubains, ni les patients vénézuéliens de nos médecins d’Au Cœur du quartier ni de ceux qui se rendent aux centres de diagnostic de pointe, pour les dommages humains qui leur ont été infligés.

Bien entendu, depuis nos derniers achats de début 2006, Cuba n’a plus acquis aucun appareil Philips.

Par ailleurs, nous avons coopéré avec le Venezuela à l’achat – pour des centaines de millions de dollars – d’équipements médicaux destinés à son réseau de santé national : il s’agit de toute une gamme d’appareils de pointe vendus par d’autres sociétés européennes prestigieuses et par des japonaises. Je voulais croire que Philips ferait un effort pour tenir ses engagements.

Le Venezuela possède ainsi dans son réseau hospitalier public des équipements résolument modernes, tandis que les plus riches cliniques privées doivent se contenter de certains. Tout le reste dépendra maintenant de l’efficacité que ce pays peut imprimer à ces services. Le président vénézuélien est vivement attaché à cet objectif. J’estime toutefois qu’il ferait bien de réduire l’habitude de son pays de se fournir en équipements médicaux étasuniens, non pour leur qualité, qui est bonne – bien que les normes soient moins exigeantes qu’en Europe – mais à cause des visées politiques de son gouvernement, capable de bloquer les livraisons de pièces, comme il l’a fait pour Cuba.

Bien entendu, nous avons envoyé aux centres de diagnostic vénézuéliens, aux centres de diagnostic de pointe et aux services assurés par nos médecins des équipements de marques reconnues dans le monde comme les meilleures, telles que Siemens, Carl Zeiss, Drager, SMS, Schwind, Topcon, Nihon Kohden, Olympus et d’autres européennes et japonaises, dont certaines fondées voilà plus de cent ans.

Maintenant que la patrie de Bolívar, que Martí nous a demandé de servir, est plus menacée que jamais par l’impérialisme, nous devons redoubler d’effort en organisation, en travail et en efficacité, non seulement en santé, mais aussi dans tous les domaines de notre coopération.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 6 septembre 2009

19 h 17
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