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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 22:20

 

Une interprétation dédicacée à Fidel pour ses 85 ans et aux cinq de Miami, une exclusivité  cubadebate

Feliz Cumpleaños Comandante!!! Muchas Felicidades!!!

Viva Cuba Libre!

Viva el Pueblo Cubano!
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4 juillet 2011 1 04 /07 /juillet /2011 19:15

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Les questions devenues prioritaires auxquelles j’ai dû me consacrer m’ont empêché momentanément de rédiger des Réflexions avec la même fréquence qu’en 2010,  mais la proclamation du leader révolutionnaire Hugo Chávez Frías, jeudi dernier, me contraint à écrire ces lignes.

 

Le président vénézuélien est l’un de ceux qui ont le plus fait pour la santé et l’éducation de son peuple. Comme ce sont là deux domaines où la Révolution cubaine a accumulé le plus d’expérience, c’est avec plaisir que nous collaborons au maximum avec ce pays frère.

 

Non que ce pays ait manqué de médecins, tant s’en faut : il en possédait en abondance, et parmi eux on compte des professionnels de qualité, comme dans d’autres pays d’Amérique latine. Mais il s’agit d’une question sociale. Les meilleurs médecins et les équipements les plus de pointe peuvent être parfaitement, comme dans tous les pays capitalistes, au service de la médecine privée. Parfois, ce n’est même pas ça, parce que dans le capitalisme sous-développé, comme celui qui existait au Venezuela, la classe riche possédait les ressources suffisantes pour se rendre dans les meilleures cliniques des États-Unis ou d’Europe, ce qui, nul ne pourra le nier, était habituel et le reste.

 

Pis encore, les États-Unis et l’Europe s’attachent à séduire les meilleurs spécialistes de n’importe quel pays exploité du Tiers-monde pour qu’ils abandonnent leur patrie et émigrent vers les sociétés de consommation.  La formation de médecins pour ce monde-là dans les pays développés  coûte des sommes fabuleuses que des millions de familles pauvres latino-américaines et caribéennes ne pourraient jamais payer. Ça se passait à Cuba jusqu’à ce que la Révolution ait accepté de relever le défi de former des médecins  capables non seulement de servir leur pays, mais aussi d’autres peuples d’Amérique latine, des Caraïbes et du reste du monde.

 

Nous n’avons jamais arraché des intelligences à d’autres peuples. Au contraire, nous avons formé gratuitement des dizaines de milliers de médecins et d’autres professionnels de haut niveau pour les rendre ensuite à leurs pays.

 

Le Venezuela et Cuba, grâce à leurs profondes révolutions inspirées de Bolivar et de Martí, ont développé extraordinairement la santé et l’éducation. Tous les citoyens y ont le même droit réel de recevoir gratuitement une éducation générale et professionnelle, ce que les États-Unis n’ont pas pu ni ne pourront garantir aux leurs. En fait, le gouvernement de ce pays investit chaque année un billion de dollars dans son appareil militaire et ses équipées guerrières ; ce pays est le plus gros exportateur d’armes et d’instruments de mort et le plus gros marché de drogues au monde, raison pour laquelle des dizaines de milliers de Latino-Américains perdent la vie chaque année.

 

C’est là quelque chose de si réel et de si notoire qu’un président, militaire de métier, s’est plaint amèrement, voilà plus de cinquante ans, du pouvoir décisif que le complexe militaro-industriel avait accumulé dans son pays.

 

Je n’aurais eu aucune raison d’écrire tout ceci, n’était  la campagne odieuse et répugnante déclenchée par les médias de l’oligarchie vénézuélienne au service de l’Empire, qui tirent prétexte des problèmes de santé que connaît le président bolivarien auquel nous unit une amitié étroite et indestructible née dès sa première visite dans notre patrie, le 13 décembre 1994.

 

Certains se sont étonnés que sa visite à Cuba ait coïncidé avec les soins médicaux dont il a eu besoin. Le président vénézuélien est venu dans notre pays dans le cadre d’un déplacement qui l’a conduit d’abord au Brésil et en Équateur : il n’avait pas la moindre intention de se faire soigner ici.

 

Des spécialistes cubains, on le sait, prêtent service depuis des années au président vénézuélien qui, fidèle à ses principes bolivariens, n’a jamais vu en eux des étrangers indésirables, mais des fils de la grande Patrie latino-américaine pour laquelle le Libertador a lutté jusqu’à son dernier souffle.

 

La première équipe de médecins cubains à s’être rendue au Venezuela l’a fait à l’occasion de la tragédie survenue dans l’État de Vargas, qui a coûté des milliers de vie à ce noble peuple. Cette solidarité-là n’était pas une nouveauté, elle constitue une tradition qui remonte aux premières années de la Révolution, depuis que, voilà presque un demi-siècle, des médecins cubains ont été envoyés en Algérie, au lendemain de son indépendance. Cette tradition s’est consolidée à mesure que la Révolution cubaine, au milieu d’un blocus cruel, formait des médecins internationalistes. Des pays comme le Pérou, le Nicaragua sous Somoza et d’autres du continent et du Tiers-monde, victimes de tragédies – séismes ou autres catastrophes – ont bénéficié de la solidarité de Cuba. Notre nation est devenue ainsi celle où le  taux de médecins et de personnels spécialisés en santé, dotés de beaucoup d’expérience pratique et de capacité professionnelle, est le plus élevé au monde.

 

Le président Chávez a traité notre personnel de santé avec beaucoup d’égards. C’est ainsi que des liens de confiance et d’amitié se sont noués et développés entre les médecins cubains, toujours très sensibles au respect du leader vénézuélien, et celui-ci, qui a été capable de créer des milliers de centres de santé et de les doter des équipements nécessaires pour qu’ils puissent prêter des services gratuits à tous les Vénézuéliens. Aucun gouvernement au monde n’a fait autant pour la santé de son peuple en si peu de temps.

 

De nombreux personnels cubains de la santé ont prêté service au Venezuela, dont beaucoup ont aussi fait fonction de professeurs dans différentes matières pour former plus de vingt mille jeunes vénézuéliens en voie de conclure leurs études et dont beaucoup les ont commencées  dans notre pays. Les médecins internationalistes du 51e Bataillon, diplômés de l’École latino-américaine de sciences médicales, se sont gagné un prestige solide dans des missions complexes et difficiles. C’est sur ces bases-là que mes relations avec le président Hugo Chávez se sont développées dans ce domaine.

 

Je tiens à ajouter que le président et leader de la Révolution bolivarienne n’a pas pris un seul jour de repos depuis plus de douze ans, à partir du 2 février 1999, et que sur ce plan il occupe une place unique dans l’histoire de ce continent. Il a consacré toutes ses énergies à la Révolution.

 

On pourrait affirmer qu’à chaque heure supplémentaire que Chávez consacre à son travail, un président étasunien en prend deux de repos.

 

Il était difficile, voire impossible, que sa santé ne s’en ressente pas, ce qui est arrivé ces derniers mois.

 

Habitué aux rigueurs de la vie militaire, il supportait stoïquement les douleurs et les gênes qui survenaient de plus en plus fréquemment. Compte tenu des relations d’amitié nouées entre nous et des échanges constants entre Cuba et le Venezuela,  je n’ai pas eu de mal, si l’on ajoute ma propre expérience personnelle en matière de santé depuis le 30 juillet 2006, à me rendre compte qu’il avait besoin d’un bilan de santé rigoureux.  C’est trop de générosité de sa part que de m’attribuer quelque mérite à cet égard.

 

J’admets bien entendu que la tâche que je me suis imposé n’était pas facile. Je n’avais pas de mal à me rendre compte que sa santé se détériorait. Sept mois s’étaient écoulés depuis sa dernière visite à Cuba. Les médecins qui le soignaient m’avaient prié de faire cette démarche. Le président Chávez était décidé dès le premier moment à informer le peuple de son état de santé avec une clarté absolue.  Aussi, alors qu’il était sur le point de regagner son pays, lui avait-il fait connaître, à travers son ministre des Affaires étrangères, son état de santé à ce moment-là et avait-il promis de le tenir au courant en détail.

 

Compte tenu des circonstances, chaque soin était accompagné d’analyses cellulaires et de laboratoire rigoureuses.

 

L’un de ces examens, plusieurs jours après la première intervention, a donné des résultats qui ont exigé une opération chirurgicale plus radicale et un traitement spécial du patient.

 

Le président, notablement remis, a parlé clairement de son état de santé dans son digne message du 30 juin.

 

J’avoue qu’il ne m’a pas été facile d’informer mon ami de cette nouvelle situation. J’ai pu constater avec quelle dignité il a appris la nouvelle qui, pour quelqu’un qui avait tant d’idées en tête et d’activités en perspective – dont les festivités pour le bicentenaire de l’indépendance du Venezuela  et la concrétisation de l’accord scellant l’unité de l’Amérique latine et des Caraïbes – signifie, bien plus que les souffrances physiques qu’impliquait une chirurgie radicale, une épreuve qui, comme il l’a dit, est seulement comparable aux moments les plus durs qu’il a dû surmonter dans sa vie de combattant que rien n’abat.

 

L’équipe de personnes qui s’occupe de lui et qu’il a qualifiée de sublime a livré la magnifique bataille dont j’ai été témoin.

 

J’affirme sans hésiter que les résultats sont impressionnants et que le patient a livré une bataille décisive qui le conduira – et le Venezuela avec lui – à une grande victoire.

 

Il faut faire en sorte que son message soit communiqué intégralement dans toutes les langues, mais surtout qu’il soit traduit et sous-titré en anglais, une langue que l’on peut comprendre dans cette tour de Babel en quoi l’impérialisme a converti le monde.

 

Les ennemis d’Hugo Chávez – ceux du dedans et ceux du dehors – sont maintenant à la merci de ses paroles et de ses initiatives. Il leur réserve sans aucun doute des surprises. Offrons-lui notre appui et notre confiance les plus résolus. Les mensonges de l’Empire et la trahison des bradeurs de patrie feront fiasco.  Il y a aujourd’hui  des millions de Vénézuéliens combatifs et conscients que l’oligarchie et l’Empire ne pourront plus jamais soumettre.

 

Fidel Castro Ruz
Le 3 juillet 2011
16 h 12

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19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 14:16

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Ce texte a été écrit en 2006 par Celia Hart à la suite d'un article de Forbes selon lequel Fidel Castro serait parmi les dix dirigeants les plus riches du monde, il nous a semblé important de le reprendre, le traduire  car il est toujours d'actualité  et ô combien unniversel !

 

Article Cubadebate

Traduction : Alma

Angleterre et de hollande2C

Non pas le Septième! Fidel est l'homme le plus riche du monde !

 

Valeur, valeur d'échange, prix, ont été les éléments-clefs par lesquels l'humanité s'est divisée en classes. Les espèces, la soie et les bijoux sont devenus ces éléments auxquels avaient accès ceux qui ne les produisaient pas... et aussi, depuis des temps immémoriaux il y en avait qui n'avaient jamais accès à rien... Ceux qui n'avaient ni vaches ni poivrons: Les pauvres qui, paradoxalement, étaient ceux qui cultivaient, ou fouillaient les roches pour chercher des pierres précieuses...

 

Ce fut un acte intelligent de l'humanité, au milieu de tant de confusion que de chercher un élément de valeur qui pourrait harmoniser tous les marchés. Ce devait être quelque chose de durable et de très précieux. Définitivement, on a cherché l'or pour échanger les productions. "L'OR est connu et apprécié depuis des temps lointains, non seulement à cause de sa beauté et de sa résistance à l'altération, mais aussi parce qu'il est plus facile de le travailler que d'autres métaux et que son extraction est moins coûteuse. En raison de sa relative rareté on a commencé à l'utiliser comme étalon dans les transactions monétaires internationales. "C'est ce que disent les encyclopédies. Comme il est rare et utile, l'or est l'étalon de la richesse... Etrange, non?

 

Celui qui est le plus riche est celui qui a le plus d'or, bien qu'aujourd'hui, en cette époque du plastique et du jetable, il y a comme conséquence que le marché des changes est fait de quelques bouts de papier avec les photos de personnages illustres des différents pays. Pauvres héros qui sont ainsi traités! En tant que monnaie d'échange, Georges Washington a moins de valeur que James Madison, et José Marti moins que Camilo Cienfuegos... A Cuba nous avons conféré la valeur de "trois" au Che... Ainsi va la société.

 

Tandis que nos aïeux échangeaient pour manger des poivrons contre des poissons, nous, nous échangeons sans grâce nos héros en bouts de papier dans les bureaux de change..

 

On suppose que ces bouts de papier sont étalonnés sur l'or gardé de manière inutile par les banques sous forme de lingots. Imaginez l'utilité de ce métal de change, situé sur le tablau périodique [de Mendeleïev] au nombre de 79 électrons. C'est l'un des meilleurs conducteurs qui existent, ses propriétés de façonnage ne peuvent pas être améliorées, il est inaltérable, ce qui le rend nécessaire pour de nombreux implants destinés au corps humain... De plus, sa beauté resplendissante est utile pour montrer comment il a été travaillé, au cou de toutes les filles du monde! Toutes! Aie accès à l'or de la Terre (et par dessus tout à celui qui dort dans les banques) pour que toutes les jeunes filles à partir de 15 ans aient un petit morceau de ce métal.

 

Les pierres précieuses, oeuvres de la nature, sont gardées aussi. De même que les peintures célèbres, qui sont cachées pour que personne ne les vole. Un beau jour, nous enfermerons dans des banques les partitions de Bach, la Pieta de Michel Ange et les poèmes de Neruda. Je continue à penser que le miroir d'Alice n'a pas fini son tour, et que nous n'avons pas fini de chuter.

 

 

Donc être riche, c'est posséder des choses rares bien gardées, des choses uniques, qu'en général personne ne possède. Mais la nature conçoit la richesse autrement. Et, s'il y a quelque chose dont nous devons avoir honte, c'est de ne pas entendre ce message.

 

Il y a un peu plus d'un million d'années arriva au summum de l'univers une créature exemplaire. Elle avait une vision binoculaire et une position verticale qui lui permettaient de voir de loin ses prédateurs et ses proies; un langage articulé pour communiquer parfaitement avec ses semblables, des membres prodigieux qui, à la différence des premiers singes, lui permettaient de faire une pince avec le pouce, d'apprendre à tenir un outil avec sécurité ou effeuiller une fleur, et un cerveau énorme, qui recélait des choses telles que le musée d'histoire naturelle et celle de l'évolution de cet organe lui-même. L'homme n'avait besoin ni des dimensions énormes du dinosaure, ni du venin du serpent, ni de la férocité des bêtes pour survivre. Il possédait à l'intérieur de lui-même la clef ultime de l'évolution. Il semblerait donc qu'une fois son objectif atteint, après avoir créé les galaxies, malmené les atomes, transformé les énergies et créé la vie, la nature a dessiné sa propre perfection en cette petite espèce d'à peu près deux mètres de hauteur. L'homme parvint en très peu de temps à chanter mieux que les oiseaux, à décrire avec des symboles mathématiques la lumière des étoiles et à aimer mieux que les anges.

 

Maintenant, c'est ce petit individu qui, à partir de ce qui se passe dans son cerveau, aura à s'aider lui-même pour évoluer. En même temps que lui, le monde évoluera, sans doute. Ce n'est pas en vain qu'on a dit une fois que l'homme est fait à l'image de Dieu.

 

 

L'évolution passera nécessairement par le fait de savoir utiliser l'arme grâce à laquelle nous sommes arrivés à regarder le passé depuis l'aube du Big Bang et avec laquelle nous sommes capables de détruire le futur en laissant un inutile néant de souvenirs.

 

Le cerveau, ressort de notre sauvetage, est à l'intérieur de nous-mêmes. La capacité à nous unir pour un enjeu important constitue une grande invention de la nature et notre unique manière de survivre. Les performances de notre cerveau impliquent la nécessité d'établir des liens fondés sur la raison entre humains. Dès lors, les sociétés brutales où l'homme prétend dominer l'homme portent atteinte à notre capacité d'adaptation naturelle. Le socialisme est pour cela une requête de l'évolution, de notre cerveau, et, par conséquent, de l'univers. Etrangement, aujourd'hui, le socialisme est entre nos mains.

 

Le système injuste des exploités et des exploiteurs est absolument anti-naturel, et, dans le meilleur des cas, il doit être considéré comme un jeu de l'enfance de l'humanité... C'est la préhistoire humaine.

 

S'il en est ainsi, les synapses des neurones, les idées émises par l'être humain qui dépassent les confins du monde sont en vérité notre trésor le plus précieux.

 

De même que les métaux et les prodiges de la nature, ces merveilles peuvent être bien ou mal utilisées. Pire: en général, elles sont mal utilisées et cette douce aventure de la création s'acharne à donner de la valeur à ces petits bouts de papiers.

 

Si nous nous référons à la définition originelle, la rareté (comme celle de l'or) est un signe de richesse. La volonté humaine de grandir et d'être heureux est un acte rare dans l'univers. Et non seulement d'être heureux, mais de rendre heureuse la vie sur terre; rendre utiles les métaux précieux, montrer les peintures et les livres... et placer comme symbole d'amour une petite chaîne en or au cou de chaque jeune fille qui fête ses quinze ans. Ces jeunes filles qui n'auront pas à mourir pour naître à l'égoïsme et à la dévalorisation de l'homme que nous avons contractés dans l'organisation humaine la plus atroce.

 

 

Si vous êtes d'accord avec moi... alors la revue Forbes n'est pas bien à jour de ses documents: Fidel n'est pas le septième homme parmi les plus riches du monde... c'est le premier!

 

En Fidel se conjuguent mieux qu'en l'or ou quelqu'autre métal la rareté et l'utilité. Mieux qu'en un autre être humain actuellement vivant se conjuguent l'exceptionnalité et la banalité. Fidel n'a pas 900 millions de petits bouts de papier, il a 5 000 millions... pas de photos de Georges Washington, Fidel a 5 000 millions de cellules nerveuses connectées entre elles pour aider cet univers à être meilleur. Nous pouvons déduire, avec l'aide de comptables, ce qu'il a investi pour respirer ou pour faire battre son coeur, pour manger son frugal repas , ou pour choisir chez le marchand la toujours identique tenue verte, avec laquelle il nous accompagne depuis qu'un beau jour ses neurones l'ont conduit à donner tout ce qu'il a pour la Révolution.

 

C'est sûr qu'il n'y aura pas beaucoup de neurones pour accomplir ce devoir. C'est pour cela que Forbes - qui, s'il est plein de maudits petits bouts de papiers, qu'il les utilise pour dire aux jeunes filles de 15 ans qu'elle devraient montrer leur petite médaille d'or - a mal fait ses comptes.

 

Vivant, il est vivant, et il n'y pas sur la face de la terre un homme plus "riche" que Fidel.

 

Parce que non seulement il a des synapses et des neurones exceptionnels, mais aussi parce que ceux ci sont orientés vers le futur de l'humanité et font qu'il a de l'autorité bien au delà de nos modestes rivages. Beaucoup, beaucoup plus loin qu'au delà des océans..

Il a 80 ans mais a la candeur d'un jeune de 15 ans. Seulement parce-qu'il est resté un révolutionnaire.

 

C'est pour cela que Forbes devrait se mettre à étudier l'économie. Ce n'est pas de la littérature à bon marché: nous, les Cubains, nous jouissons de quelqu'aspect de cette richesse, et, si celle-ci n'est pas totale parce que nous avons quelquefois besoin de trouver quelque-chose à manger ou un vêtement pour nous habiller, c'est précisément parce-que le capitalisme nous harcèle, nous bloque... et nous fait mordre jour après jour dans la pomme du conte de Blanche-Neige.

 

Forbes n'a pas calculé la valeur du fait qu'un enfant sache lire, ou celui du fait qu'en Himalaya une mère embrasse son bébé qui serait mort sans les secours d'un médecin Cubain. Il est clair que le mérite en revient au médecin et pas à Fidel. Mais il a sans doute servi d'intermédiaire, ce médecin a reçu queque-chose de la lumière de ce billionaire qui dépense ses millions à se battre pour que l’homme apprenne à être heureux. Et le médecin? Il a peut-être été plus ragaillardi que la mère dont il est parvenu à sauver le bébé, parce-que sauver une vie doit être une expérience religieuse. Dans l'esprit et le coeur des jeunes Cubains, considérant qu'ils peuvent profiter de la vie et de la santé, se forment les émeraudes les plus rares. Il n'y a pas seulement Fidel! Nous, les Cubains qui avons le culot de savoir où nous nous situons, nous sommes les gens les plus riches du monde.

 

Avoir eu José Marti, Ernesto Guevara, et maintenant Fidel Castro au principe de nos âmes nous situe à un endroit suprême... que ne peut pas atteindre la plume de Forbes.

 

 

Beaucoup d'entre nous en en sont arrivés à être fâchés que la plénitude de la nature qui est un miracle de Fidel soit expliquée dans une petite revue de réputation douteuse qui en vérité montrerait qu'elle vaut un bout de papier de un dollar.

 

Moi-même, en particulier, je suis très meurtrie. Parce que c'est comme de vouloir démonter à des incrédules que la terre tourne.

 

Et pour autant je ne suis pas toujours d'accord avec mon commandant! Bien que, à dire vrai, la plupart du temps, je découvre que je me suis trompée. Alors j'ai accepté avec sérénité qu'il tente de démontrer qu'il n'a pas d'argent dans une banque. Et en outre, qu'il ait dit que dans ce cas, il aurait abandonné la direction de la Révolution Cubaine dans ses dernières années. Dernières années au cours desquelles mes enfants pourront voir comment un pays se gouverne, comment il se bat avec dignité contre l'ennemi, comment sont vaincues la peur, la misère, l'incertitude. Non! Fidel n'a rien à démontrer, et à Forbes encore bien moins!... Cette petite feuille en couleurs parlant de ces hauteurs, pendant que meurent les enfants du monde par incurie, pendant que notre habitat est envahi de déchets en plastique, pendant que nous ne parvenons pas à avoir les marques de pilules pour faire l'amour... Ils parlent de reines et de princesses du passé, celles qui ont été décapitées il y a deux siècles par le peuple, et ils parlent de yachts et d'avions de luxe, pendant que des continents entiers meurent de la faim et du SIDA.

 

 

Fidel va en essayant de rendre habitable le monde. Ces petites revues et ces informations appartiennent à la préhistoire. Que Forbes démente ou qu'il ne se fiche pas de moi. Il ne mérite de ma part aucun respect, comme ne le mérite pas non plus le gouvernement actuel des Etats-Unis, largement commanditaire de la petite revue, qui, grâce aux interventions du Commandant, pourra vendre beaucoup de numéros aux naïfs... ce qui est la seule chose qui l'intéresse.

 

L'administration des Etats-Unis n'est que la pointe de l'iceberg. Cette société des petits papiers, condamnée il y a un peu plus d'un siècle et demie par d'irrévérencieux Allemands, ne vaut pas qu'un seul de nos neurones ne soit pas uni aux autres pour la réduire en miettes une bonne fois.

 

Fidel avait raison de dire que celui qui ne sait pas être internationaliste ne sait pas être révolutionnaire. Certes, ce n'est pas une nouveauté, mais il arrive parfois qu'en raison d'un patriotisme prétentieux nous voulions cantonner le bonheur de l'homme à l'intérieur de nos frontières.

 

Demandez à Forbes et à l'Impérialisme s'ils ont des frontières!

 

Voilà le bonheur qui grandit petit à petit, et à un rythme continu. Et là sont les autres nouveaux "riches" de l'histoire de mon continent.

 

Hugo Chavez s'est mis à répandre dans le monde le mot "socialisme". C'est sa fortune - et non pas les puits de pétrole - que d'avoir réussi à alphabétiser son peuple en un rien de temps avec l'aide de mes compatriotes.

 

La richesse d'Evo Morales et de la magnifique Bolivie n'est pas d'être propriétaire d'hydrocarbures. Le compañero Evo a rendu sa dignité à son peuple (...) et il ne croit en aucun gouvernement. (...)

 

Il s'enflamme le continent qui a commencé à prendre feu dans une petite île des Caraïbes, promue par l'homme le plus riche du monde.

 

Et nous n'allons pas nous arrêter.... et les bougies qui peuvent être allumées un 13 Aout pour un anniversaire de 80 ans seront les bougies de la révolte et de l'irrévérence pour tout le continent américain. Et pas seulement! Les Américains du Nord immigrants, de la même façon que cela s'est passé au XIX° siècle avec les Européens, allumeront ces bougies! Et la belle Europe que sa jeunesse commence à faire bouger ..

 

Et toute la terre deviendra millionnaire, puisque grâce aux sonnailles de millions de neurones pariant sur le socialisme nous l'aurons

conduite à la majorité de son âge.

 

Lors de la visite des compañeros Hugo Chávez et Evo Morales à La Havane pour signer les magnifiques accords de la Alternativa Bolivariana para las Americas (ALBA) et le Traité Commercial des Peuples, un journaliste a demandé à Fidel comment quel effet ça lui faisait, en présence d'autres processus révolutionnaires. de cesser d'être l'"étoile".. Fidel a répondu, envahi par un irrépressible sourire: "Je me sens l'homme le plus heureux du monde".

 

Attention! Lorsque l'homme le plus riche est  le plus heureux... quelque-chose d’éblouissant, insolite et bienvenu est en train d'arriver à l'espèce bénie qui l'a mérité... les véritables hommes et femmes les plus riches de l'histoire.

 

Source: http://www.cubadebate.cu/opinion/2006/05/26/no-el-septimo-fidel-es-el-hombre-mas-rico-del-mundo/

 

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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 00:35

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El General Dwight Eisenhower habla a las tropas antes del desembarco de Normandía

Plus d’une année avant le 16 avril 1961, le président Dwight  Eisenhower avait décidé, après des analyses et des consultations rigoureuses, de détruire la Révolution cubaine.

L’instrument clef de ce plan ténébreux était le blocus économique de Cuba, ce que la littérature politique de l’Empire taxe du terme anodin et presque pieux d’ « embargo ».


Le secrétaire d’État adjoint, Lester Mallory, avait défini dans un mémorandum secret les objectifs concrets de ce plan sinistre : « La majorité des Cubains appuie Castro. […] Il n’existe aucune opposition politique réelle. […] Le seul moyen prévisible de lui faire perdre son assise interne est par le désenchantement et la désaffection basés sur l’insatisfaction et les difficultés économiques. […] …il faut mettre en pratique au plus vite tous les moyens possibles pour affaiblir la vie économique de Cuba […] en refusant à Cuba de l’argent et des livraisons afin de réduire les salaires nominaux et réels, de provoquer la faim, le désespoir et le renversement du gouvernement[1]. »


Le train de mesures à prendre s’appelait : “Programme d’action secrète contre le régime Castro[2] ».


N’importe quel observateur, qu’il soit d’accord ou non avec des méthodes si répugnantes parce que dénuées de l’éthique la plus élémentaire, admettra que l’idée était d’amener un peuple à la reddition. C’était bel et bien la confrontation entre la nation la plus puissante et la plus riche et un petit pays différent d’elle par ses origines, sa culture et son histoire.

Eisenhower n’était pas un criminel-né. Il paraissait – et peut-être l’était-il vraiment – quelqu’un  bien éduqué et décent selon les normes de la société où il vivait. Il était né dans une modeste famille d’agriculteurs à Denison (Texas) en 1890. Ayant reçu une éducation religieuse et menant une vie disciplinée, il entra à l’École militaire de West Point en 1911 et en ressortit en 1915. Il ne participa pas à la Première Guerre mondiale au cours de laquelle il n’eut que des fonctions administratives.


Il prit le commandement de troupes pour la première fois en 1941, alors que les États-Unis n’étaient pas encore entrés dans la Deuxième Guerre mondiale. Général à cinq étoiles, il n’avait aucune expérience au combat quand George Marshall lui confia le commandement des troupes qui débarquaient dans le Nord de l’Afrique.


Roosevelt, en tant que président du pays possédant le plus de richesses et de moyens militaires, se chargea de nommer le chef militaire des forces alliées qui débarqueraient en Europe en juin 1944, quatorze mois avant la fin de la guerre : ce fut le général Eisenhower, car Marshall, son plus haut gradé, était le chef de l’état-major de l’armée.


 

Ce n’était pas un militaire brillant ; il commit de lourdes erreurs dans le Nord de l’Afrique et durant le débarquement de Normandie, deux endroits où il avait de sérieux rivaux parmi ses alliés, tel Montgomery, et ses adversaires, tel Rommel, mais c’était un professionnel sérieux et méthodique.


Je referme cette parenthèse obligée au sujet de Dwight D. Eisenhower, général à cinq étoiles et président des États-Unis de janvier 1953 à janvier 1961, et je pose la question suivante : comment quelqu’un de sérieux, qui osa dénoncer le rôle néfaste du complexe militaro-industriel, a-t-il pu adopter une attitude aussi criminelle et aussi hypocrite que celle qui conduisit le gouvernement étasunien à attaquer l’indépendance et la justice que notre peuple avait recherchées pendant presque un siècle ?


C’est le système capitaliste, la volonté des riches, dans le pays et hors du pays, de faire primer leurs privilèges au détriment des droits les plus élémentaires des peuples. La grande puissance se souciait comme d’une guigne de la faim, de l’ignorance, du chômage, du manque de terres, d’éducation, de santé, des droits les plus élémentaires des pauvres de notre nation


Tentant brutalement de soumettre notre peuple, le gouvernement étasunien était capable d’entraîner ses soldats à une lutte qu’il n’aurait pas pu gagner.


Dans les questions historiques, les impondérables sont nombreux et le hasard joue fréquemment. Je pars de l’information que je possède et de l’expérience que j’ai vécue durant ces journées d’où découla la phrase : « Playa Girón, première défaite de l’impérialisme en Amérique ». J’ai tiré de nombreuses conclusions de cette expérience-là. Peut-être intéressent-elles d’autres personnes…


Notre pays ne disposait pas d’une armée nationale. À la fin de ce que les historiens appellent la Troisième Guerre d’indépendance cubaine[3], l’armée coloniale espagnole vaincue et épuisée avait énormément de mal à protéger les grandes villes, tandis que la métropole ruinée était incapable de conserver – à des milliers de kilomètres de distance – une force quasiment égale à celle que les États-Unis maintinrent au Vietnam à la fin de la guerre génocidaire qu’ils menèrent contre cette ancienne colonie française.


C’est alors que les États-Unis décidèrent d’intervenir dans notre pays. Leur Congrès berna la population, le peuple cubain et le reste du monde en émettant une Résolution conjointe qui reconnaissait : « Le peuple de l’île de Cuba est libre et indépendant, et il doit l’être de droit[4]. » Une fois vaincue cette Espagne toujours coloniale et vindicative, les États-Unis signèrent à Paris un traité avec elle[5], et désarmèrent l’Armée de libération en recourant à la corruption et à la tromperie[6]. Puis ils imposèrent à notre pays l’Amendement Platt[7], qui impliquait la remise de ports à sa marine, et ils lui octroyèrent censément l’indépendance[8], bien que l’amendement annexé à la Constitution cubaine octroyât au gouvernement étasunien le droit d’intervenir dans notre pays.


Notre vaillant peuple se battit seul, sans avoir rien à envier à aucun autre de ce continent, pour son indépendance face à la nation qui, comme l’avait dit Simón Bolívar, était appelé à cribler les peuples d’Amérique de misère au nom de la liberté.


À Cuba, l’armée était entraînée, armée et conseillée par les États-Unis. Je n’irai pas jusqu’à dire que notre génération possède plus de mérites que celles qui nous précédèrent et dont les dirigeants et les combattants firent preuve d’un héroïsme insurpassable. Il n’empêche que notre génération a eu le privilège – plus par hasard que par mérites – de prouver la vérité de l’idée de Martí : « Un principe juste du fond d’une caverne peut plus qu’une armée[9]. »


C’est parce que nous avions des idées justes que nous  n’avons pas hésité, après avoir passé d’amères épreuves – dont la dispersion de notre détachement de quatre-vingt-deux hommes, attaqué par surprise, faute d’expérience et pour d’autres facteurs défavorables, avant d’avoir pu gagner les contreforts des montagnes – à poursuivre la lutte alors que nous n’avions plus de sept fusils[10]. Or, en vingt-cinq mois à peine, notre peuple héroïque vainquit cette armée-là, qui possédait l’armement, l’expérience au combat, les communications, les centres d’instruction et les conseils, tous facteurs grâce auxquels les États-Unis maintinrent pendant plus d’un demi-siècle leur domination totale sur notre pays et sur Notre Amérique.


Forts de nos méthodes de lutte correctes, des principes de politique que nous avons suivis sans une seule exception durant toute la guerre – respecter la population, soigner les blessés de l’adversaire et préserver la vie des prisonniers – nous avons infligé une défaite écrasante à l’appareil militaire créé par les Yankees, nous emparant des cent mille armes et équipements de guerre qu’il possédait et qu’il avait employés contre notre peuple.


Mais il nous fallut aussi vaincre sur le terrain idéologique l’immense arsenal dont disposaient les USA et leur monopole quasi-total des médias grâce auxquels ils inondaient notre pays de mensonges mielleux.


Les travailleurs au chômage, les paysans sans terre, les ouvriers exploités, les citoyens analphabètes, les malades sans hôpitaux, les enfants sans cahiers ni écoles, les innombrables citoyens blessés dans leur dignité et leurs droits, constituaient ensemble une quantité infiniment supérieure à la minorité riche, privilégiée et alliée de l’Empire.

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Entrada de Fidel a La Habana el 8 de enero de 1959

Entrée de Fidel à La Havane le 8 janvier 1959.

L’éducation, la science, la culture et l’art, le sport, les professions impliquant le développement humain ne recevaient aucun appui dans notre pays, consacré à la monoculture de la canne à sucre et à d’autres activités économiques subordonnées aux banques et aux sociétés transnationales yankees par lesquelles le puissant voisin du Nord impose sa « démocratie » et ses « droits humains ».


Je tiens à dire qu’un spectacle comme celui que La Colmenita a présenté voilà quelques jours au théâtre Karl Marx – une création du fils de l’une des personnes assassinées par les terroristes du gouvernement étasunien dans le sabotage de l’avion parti de la Barbade le 6 octobre 1976 – est sans rival au monde[11]. Par ailleurs, le spectacle culturel impressionnant présenté par les Pionniers aussi bien que leur Congrès clos ce jour-là seraient impossibles sans l’éducation que la Révolution a prodiguée aux enfants, aux adolescents et aux jeunes de notre patrie.


Quand, le 16 avril 1961, la Révolution s’est dite ouvertement socialiste, deux ans et trois mois s’étaient écoulés depuis la victoire du 1er janvier 1959. Notre petite Armée rebelle, victorieuse dans sa lutte de libération, n’avait longtemps possédé que les armes qu’elle avait confisquées à la tyrannie et dont l’immense majorité provenait des États-Unis. Il était donc indispensable d’armer le peuple.


Pour ne pas offrir aux États-Unis un prétexte qui leur servirait à nous attaquer –  comme cela s’était passé au Guatemala – nous nous efforcions d’acheter, en payant rubis sur l’ongle, des fusils et d’autres armes à des pays européens qui les exportaient traditionnellement à bien d’autres.


Nous achetâmes plusieurs dizaines de milliers de fusils semi-automatiques FAL calibre 7,62 avec leurs chargeurs de vingt balles et leurs munitions correspondantes, dont des grenades antipersonnel et antichar, qui étaient transportés sur des cargos, comme le fait habituellement n’importe quel pays.


Or, qu’est-il advenu à ces achats d’armes « non communistes » et, nous semblait-il, d’une excellente qualité ?


La première cargaison de dizaines de milliers de FAL arriva à Cuba sans encombre.

Tout était parfaitement légal et n’offrait aucun prétexte à des campagnes contre Cuba.

Mais tout ceci dura peu. Quand le second cargo accosta un quai important du port de la capitale, des dockers et des combattants de l’Armée rebelle entreprirent de le décharger. Les conteneurs n’existaient pas encore. Je me trouvais au quatrième ou au cinquième étage de l’Institut de la réforme agraire, siège aujourd’hui du ministère des Forces armées révolutionnaires, à proximité de la place de la Révolution. C’est là que j’avais mon bureau quand je ne me déplaçais pas en ville ou dans le pays. Le vieux palais du gouvernement avait été converti en musée, et le nouveau n’était pas encore terminé. C’était le 4 mars 1960. Une forte explosion fit trembler le bâtiment. Je regardai instinctivement en direction du port où je savais qu’on déchargeait le cargo français La Coubre : une grande colonne de fumée s’en élevait, pas trop loin à vol d’oiseau. Je compris aussitôt ce qu’il s’était passé.


Pensant aux victimes, je descendis à toute vitesse, montai en voiture avec ma petite escorte et roulai vers le port dans des rues étroites et encombrées. J’étais presque arrivé quand j’entendis une seconde explosion au même endroit. On n’a pas de mal à imager mon inquiétude à l’idée des dommages causés aux ouvriers et aux soldats qui devaient aider les victimes de la première explosion. J’eus beaucoup de mal à faire approcher la voiture du quai où je pus constater le comportement héroïque de ces hommes dans une situation si dramatique.


Une centaine de personnes moururent. Les nombreux blessés exigeaient des soins urgents.

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Sabotage du cargo La Coubre 


Le lendemain, les morts furent transportés, par la large 23e rue, de l’Université au cimetière où, un an, un mois et onze jours après, nous donnerions une sépulture révolutionnaire aux victimes des bombardements des avions yankees peints aux couleurs cubaines.


C’est ce 5 mars 1960 que je me suis exclamé pour la première fois, d’une manière absolument spontanée, à l’enterrement des ouvriers et combattants lâchement assassinés : La Patrie ou la Mort ! Ce n’était pas une phrase : c’était une conviction profonde.


Même s’il y avait à faire de nombreuses investigations, je n’avais pas le moindre doute que ce massacre avait été intentionnel : le cargo avait été saboté dès son appareillage du port européen et le sabotage était l’œuvre d’experts.


Je consacrai toute l’attention requise aux investigations en cours. Il fallait savoir si ces grenades qui avaient explosé dans leurs caisses pouvaient le faire par accident – une chute ou quelque chose de semblable. C’est pour écarter cette possibilité –les spécialistes l’avaient déjà fait après avoir étudié le mécanisme de sécurité des grenades – que je demandai qu’on larguât depuis une altitude de mille mètres des caisses de grenade et assistai à la preuve : aucune grenade n’éclata. L’analyse de tous les déplacements du cargo mit en évidence que seuls des experts avaient pu réaliser ce sabotage dans le cadre du plan approuvé par l’administration étasunienne.


Ayant reçu une leçon de ce que nous pouvions attendre de l’impérialisme, nous n’hésitâmes pas à nous adresser aux Soviétiques avec lesquels nous n’avions pas de contradictions de principes.


Ils nous allouèrent les crédits correspondants pour acheter des armes. Dès le jour où l’URSS et d’autres pays socialistes comme la République socialiste de Tchécoslovaquie, la République populaire de Chine et la République populaire et démocratique de Corée entreprirent de nous livrer des armes et des munitions, plus de mille cargos ont voyagé à Cuba sans qu’une seule explosion se soit produite.


Nos propres navires ont transporté pendant des dizaines d’années une grande partie de l’armement employé par les forces internationalistes cubaines, et aucun n’a fait explosion.

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Fidel, aux côtés du président Osvaldo Dorticós, du Che et d’autres dirigeants de la Révolution, aux funérailles des victimes de La Coubre. 


Le discours que je prononçai le 16 avril 1961 aux funérailles desvictimes du bombardement réalisé par traîtrise, la veille au petit matin, s’adressait aux compagnons de l’Armée rebelle, aux Milices nationales révolutionnaires et au peuple cubain tout entier. J’en reproduis des paragraphes et des idées sans lesquels il serait impossible de saisir l’importance de cette bataille et l’ardeur avec laquelle elle s’est livrée :

« C’est la seconde fois que nous nous réunissons à ce carrefour. La première, ça a été lors de l’explosion du La Coubre qui a coûté la vie à presque une centaine d’ouvriers et de soldats.

« Dès le début du Gouvernement révolutionnaire, les ennemis de la Révolution se sont efforcés tout d’abord d’empêcher notre peuple de s’armer.

« …devant l’échec des premières mesures diplomatiques, ils ont recouru au sabotage […] pour empêcher ces armes de nous parvenir…

« Ce coup de griffe brutal a coûté la vie de nombreux ouvriers et soldats […] nous étions en droit de penser que les coupables du sabotage étaient ceux qui voulaient que nous ne recevions pas d’armes…

« …chacun de nous, notre peuple, a été profondément convaincu que les mains qui avaient préparé ce méfait barbare et criminel étaient celles des agents secrets du gouvernement étasunien.

« …beaucoup de gens dans ce pays, voire à l’étranger, avaient du mal à croire que le gouvernement étasunien serait capable d’en arriver là, que les dirigeants d’un pays seraient capables de recourir à des procédés pareils. […] nous n’avions pas encore acquis la dure expérience que nous avons acquise durant ces deux années et demie,  nous ne connaissions pas bien encore nos ennemis ; […] nous ne savions pas encore ce qu’était l’Agence centrale de renseignement du gouvernement étasunien, nous n’avions pas encore eu l’occasion de constater, jour après jour, ses activités criminelles contre notre peuple et contre notre Révolution.

« …notre pays était victime d’une série d’incursions d’avions pirates qui, un jour, lançaient des tracts, un autre jour incendiaient nos plantations de canne à sucre, un troisième jour larguaient une bombe sur une de nos sucreries.

« …l’éclatement de la bombe qu’il transportait a fait exploser l’avion pirate et ses pilotes […] à cette occasion-là, le gouvernement étasunien n’a pu continuer de nier que ces avions partaient bel et bien de ses côtes : […] devant la documentation récupérée intacte… il n’a pas pu nier la réalité […] il a décidé de présenter ses excuses et de nous donner des explications…

« Mais les vols n’ont pas cessé. […] une de ces incursions a causé un grand nombre de victimes. Toutefois, aucun de ces faits ne revêtait le caractère d’une attaque militaire…

« Aucune opération n’avait revêtu à ce jour toutes ces caractéristiques nettement militaires.

« …voilà quelques semaines, un bateau pirate a pénétré dans le port de Santiago de Cuba, a mitraillé la raffinerie, et ses tirs ont aussi causé des victimes parmi les soldats et les marins détachés à l’entrée de la baie.

« …une opération de ce genre, avec des bateaux de cette nature, ne pouvait se faire qu’à partir de bateaux fournis par les Étasuniens et approvisionnés par les Étasuniens à un endroit donné des Caraïbes.

« …ce continent-ci, certes, savait ce qu’étaient les débarquements de troupes étrangères. Le Mexique le savait, le Nicaragua, Haïti, Saint-Domingue, tous ces peuples avaient eu l’occasion de savoir ce qu’étaient les interventions de l’infanterie de marine étasunienne. […]

« …ce qu’aucun peuple de ce continent n’avait eu l’occasion d’expérimenter, c’est cette action systématique des services secrets du gouvernement étasunien […] ce qu’aucun peuple de ce continent n’avait eu l’occasion d’expérimenter, c’est cette lutte contre l’Agence centrale de renseignement… acharnée à tout prix, répondant aux instructions de son gouvernement… à détruire systématiquement le fruit du travail d’un peuple, à détruire systématiquement les ressources économiques, les établissements commerciaux, les usines, et, ce qui est pire, des vies précieuses d’ouvriers, de paysans et d’honnêtes travailleurs de ce pays.

 « Mais, de toute façon, aucun des faits antérieurs n’avait été, comme hier, une agression typiquement militaire. Il ne s’est plus agi du vol d’un avion-pirate, il ne s’est plus agi de l’incursion d’un bateau-pirate, il s’est agi rien moins que d’une attaque simultanée, dans trois villes différentes, à la même heure, au petit matin, d’une opération dans toutes les règles de l’art militaire.

« Trois attaques simultanées au petit matin, à la même heure, à La Havane, à San Antonio de los Baños et à Santiago de Cuba… réalisées par des bombardiers B-26, qui ont lancé de bombes à grand pouvoir de destruction, qui ont lancé des roquettes et qui ont mitraillé trois points différents du territoire national. Il s’est agi d’une opération ayant toutes les caractéristiques militaires et répondant à toutes les règles militaires.

« Ç’a  été aussi une attaque surprise, une attaque similaire à celles par lesquelles les gouvernements vandales du nazisme et du fascisme avaient l’habitude d’attaquer les nations. […] Les attaques armées contre les peuples européens par les hordes hitlériennes ont toujours été de ce genre : sans préavis, sans déclaration de guerre, par traîtrise, par surprise. Et ils ont envahi par surprise la Pologne, la Belgique, la Norvège, la France, la Hollande, le Danemark, la Yougoslavie et d’autres pays européens.

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Fidel, durant son discours du 16 avril 1961.


Je rappelai ce que les militaristes japonais avaient fait contre la base étasunienne de Pearl Harbor, en décembre 1941 :


« Je ne prétends pas par là faire des comparaisons, parce que, quand les Japonais luttaient contre les Étasuniens, c’était un combat entre deux pays impérialistes, c’était un combat entre deux pays capitalistes, c’était un combat entre deux gouvernements exploiteurs, c’était un combat entre deux gouvernements colonialistes, c’était un combat entre deux gouvernements qui s’efforçaient de dominer les marchés, les matières premières et l’économie d’une partie considérable du monde.


 « Ce en quoi nous nous différencions des États-Unis, c’est qu’ils sont un pays qui exploite d’autres peuples, un pays qui s’est emparé d’une bonne partie des ressources naturelles du monde et qui fait travailler au bénéfice de sa caste de millionnaire des dizaines et des dizaines de millions de travailleurs dans le monde entier.


 « Grâce à notre Révolution, nous éliminons non seulement l’exploitation d’une nation par une autre, mais aussi l’exploitation des hommes par d’autres !


 « Les États-Unis constituent aujourd’hui, sur le plan politique, un système d’exploitation des nations par une nation, et un système d’exploitation de l’homme par d’autres hommes.


« Voilà pourquoi le combat entre le Japon et les États-Unis est une bagarre entre des systèmes similaires, tandis que la lutte entre les États-Unis et Cuba est une lutte entre des principes différents, une lutte entre ceux qui manquent de tout principe humain et ceux qui, comme nous, ont pris la défense des principes humains.


 « Pourtant, combien ces faits servent à comprendre, combien ces faits servent à nous apprendre les réalités du monde, combien ces faits servent à éduquer notre peuple ! Elles sont chères, ces leçons, certes ; elles sont douloureuses, ces leçons ; elles sont sanglantes, ces leçons, mais comme ils apprennent ainsi, les peuples ! Comme il apprend, notre peuple ! Comme il s’éduque, notre peuple, et comme il grandit !


« […] voilà pourquoi nous sommes en cet instant un des peuples qui ont le plus appris, et en moins de temps, dans l’histoire du monde.


« Qu’il était difficile de savoir ce qu’il se passait dans le monde quand les seules nouvelles qui arrivaient dans notre pays étaient étasuniennes ! Combien de mensonges ne nous ont-ils pas inculqués, de combien de mensonges n’avons-nous pas été victimes ? Si quelqu’un avait encore des doutes, si quelqu’un de bonne foi dans notre pays – et je ne parle pas de la misérable vermine, je parle des hommes et des femmes capables de penser honnêtement, même s’ils ne pensent pas comme nous – si donc quelqu’un avait encore des doutes, si quelqu’un croyait encore qu’il restait un zeste de dignité dans la politique yankee, si quelqu’un croyait qu’il restait un zeste de morale dans la politique yankee, si quelqu’un croyait qu’il restait un atome de dignité ou d’honnêteté ou de justice  dans la politique yankee […] si quelqu’un dans ce pays-ci, qui a eu le privilège de voir tout un peuple se convertir en un peuple de héros, en un peuple d’hommes digne et courageux ; si quelqu’un dans ce pays-ci, dont l’accumulation de mérites, d’héroïsme et de sacrifice croît de jour en jour, avait encore le moindre doute ; si ceux qui ne pensent pas comme nous croient arborer ou défendre un drapeau honnête, croient arborer ou défendre un drapeau juste, et, parce qu’ils le croient, sont des proyankees et des défenseurs du gouvernement étasunien, s’il existait encore  quelqu’un de bonne foi parmi ceux-là, eh bien, que ces faits… servent à leur ôter le moindre doute.


« Hier, tout le monde le sait, des bombardiers divisés en trois groupes sont entrés, à six heures exactes du matin, dans le territoire national en provenance de l’étranger et ils ont attaqué trois points. À chacun de ces trois points, les hommes se sont défendus héroïquement ; à chacun de ces trois points, le précieux sang des défenseurs a coulé ; à chacun de ces trois points, des milliers, ou sinon des centaines et des centaines de gens ont été témoins des faits. C’était aussi un fait qu’on attendait ; c’était quelque chose qu’on attendait tous les jours ; c’était le couronnement logique des incendies des plantations de canne à sucre, des centaines de violations de notre espace aérien, des incursions pirates, des attaques pirates à nos raffineries par un bateau au petit matin, c’était la conséquence de ce que tout le monde savait, c’était la conséquence des plans d’agression que les États-Unis ourdissent avec la complicité de gouvernements laquais d’Amérique centrale, c’était la conséquence des bases aériennes qui y existent, comme tout notre peuple le sait et comme tout le monde le sait, parce que même les journaux et les agences de presse étasuniens en ont parlé, tout comme ils ont parlé des armées mercenaires qu’ils s’organisent, des terrains d’aviation qu’ils ont préparés, des avions que leur ont fournis le gouvernement étasunien, des instructeurs yankees, des bases aériennes établies au Guatemala.


 « Croyez-vous donc que le monde ne pouvait pas ne pas  apprendre l’attaque de Cuba, croyez-vous donc que le monde ne pouvait pas  ne pas apprendre ce qu’il s’est passé, croyez-vous donc qu’il est possible de faire taire dans le monde l’écho des bombes et des roquettes que les criminels ont lancés contre notre patrie ? Pensez-vous que quelqu’un dans le monde pouvait avoir cette idée-là ? Pensez-vous que quelqu’un a pu vouloir tromper le monde entier, occulter la vérité au monde entier, duper le monde entier ? Eh bien, oui ! Hier, non seulement on a attaqué notre terre criminellement, par traîtrise, avec préméditation, même si tout le monde le savait, avec des avions yankees, et avec des bombes yankees, et avec des armes yankees, et avec des mercenaires payés par l’Agence centrale de renseignement yankee ; non seulement on a détruit des biens nationaux ; non seulement on a détruit des vies de jeunes dont beaucoup n’avaient même pas encore vingt ans, non seulement on a fait ça, mais en plus, en plus, le gouvernement étasunien a tenté, hier, de duper le monde… de la manière la plus cynique et la plus impudente qu’on puisse concevoir !


 « …voilà ce qu’ils ont dit au monde, et ce qu’ils ont peut-être fait croire à des dizaines et des dizaines de millions d’êtres humains, voilà ce qu’ont publié hier des milliers et des milliers de journaux, voilà ce qu’ont annoncé hier des milliers et des milliers de stations de radio et de télévision au sujet de ce qu’il s’est passé à Cuba, et qu’une partie considérable du monde a appris à travers les agences yankees.


« [… ] "Miami, le 15 avril. UPI. Des pilotes cubains qui ont déserté les forces de l’air de Fidel Castro ont atterri aujourd’hui en Floride à bord de bombardiers de la Seconde guerre mondiale, après avoir bombardé des installations militaires cubaines pour se venger de la trahison d’un lâche parmi eux. L’un des bombardiers B-26 des forces de l’air cubaines a atterri sur l’aéroport international de Miami, criblé de balles de DCA et de mitrailleuses, avec un seul moteur en état de marche.  Un autre est descendu sur la station aérienne de la marine à Key West ; un troisième bombardier a atterri dans un autre pays étranger. […] Selon des versions non confirmées, un autre avion, un autre aéronef, s’est écrasé en mer près de l’île de la Tortue. La marine étasunienne enquête de toute façon sur ce cas. Les pilotes qui ont demandé à conserver l’anonymat sont descendus de leurs avions en uniforme de manœuvre et ont aussitôt demandé l’asile aux États-Unis."


« "Edward Ahrens, directeur des services d’immigration de Miami, a affirmé que ces requêtes étaient en cours d’examen. L’aviateur moustachu qui est descendu à Miami a affirmé aux fonctionnaires de l’immigration que lui-même et trois autres pilotes des forces de l’air cubaines avaient prévu depuis des mois de fuir la Cuba de Castro. Il a ajouté que, compte tenu de la trahison de Galo, lui et les deux autres ont décidé de donner une leçon en bombardant et en mitraillant les installations des bases aériennes pendant leur vol vers la liberté. Il a dit avoir opéré sur sa propre base, San Antonio de los Baños, tandis que les autres pilotes en attaquaient d’autres. Ce pilote s’est dit prêt à converser avec les journalistes, mais il a baissé la tête et a mis des lunettes de soleil quand les photographes ont voulu le prendre en photo."


« "Il a expliqué – écoutez bien ce mensonge, cette absurdité ! – que lui-même et les autres pilotes avaient laissé de la famille à Cuba et qu’ils redoutaient des représailles de Castro contre elles."


« Autrement dit, ils affirment être des pilotes de nos forces de l’air, avoir volé les avions, avoir déserté, mais ils refusent de donner leurs noms.

« Dépêches de l’AP :


« "Miami, 15 avril. AP. Trois pilotes cubains de bombardiers, redoutant de voir révéler leurs plans pour fuir le gouvernement Fidel Castro, ont fui aujourd’hui aux États-Unis après avoir mitraillé et bombardé les aéroports de Santiago et de La Havane."

« "Un des deux bombardiers bimoteurs, de l’époque de la Deuxième Guerre mondiale, a atterri sur l’aéroport international de Miami, un lieutenant aux manettes. Il a expliqué comment lui-même et trois autres des douze pilotes d’avions B-26, les seuls restants des forces de l’air cubaine, avaient projeté pendant des moins de fuir Cuba."

« "L’autre avion, avec deux hommes à bord, a atterri dans la station aéronavale de Key West. Les noms des pilotes n’ont pas été divulgués. Les autorités de l’immigration ont placé les Cubains sous bonne garde et confisqué les appareils." »

 « […] Voyez un peu à quel degré de cynisme ils en arrivent [...] voyez un peu le culot des fonctionnaires et des dirigeants de l’impérialisme ! […] ils en arrivent à peaufiner jusque dans ses détails une légende farfelue, une vraie histoire à dormir debout ! Voyez un peu l’histoire qu’il donne à la publicité, avec tous les détails possibles, pour que le  truc soit complet… Une histoire absolument inventée ! Écoutez donc :


« "Je suis l’un des douze pilotes d’avion B-26 à être restés dans les forces de l’air de Castro après la désertion de Díaz Lanz, l’ancien chef, et les purges qui ont suivi. Trois de mes compagnons pilotes et moi, on avait projeté pendant des mois la façon de pouvoir échapper de la Cuba de Castro. J’ai appris avant-hier qu’un des trois, le lieutenant Alvaro Galo [ils ont même pris le nom d’un des aviateurs des FAR, quel cynisme, quel toupet !], qui est pilote de B-26, numéro FAR-915 [précisément ce pilote est à Santiago], avait conversé avec un agent de Ramiro Valdés, le chef du G-2. J’ai alerté les deux autres, et on a décidé alors, comme Alvaro Galo, qui s’était toujours conduit en lâche, nous avait probablement trahis, d’agir sans retard. Hier matin, on m’a assigné à une patrouille de routine depuis ma base de San Antonio de los Baños, au-dessus de Pinar del Río et autour de l’île des Pins. J’ai averti mes amis à Campo Libertad, et ils ont été d’accord qu’on agisse. L’un d’eux devait voler jusqu’à Santiago ; l’autre a présenté comme excuse qu’il souhaitait réviser son altimètre. Ils allaient décoller à six heures de Campo Libertad où il n’y avait aucun B­-26, seulement des avions en panne. À six heures cinq, j’étais en l’air. À cause de la trahison d’Alvaro Galo, on avait décidé de lui donner une leçon. J’ai donc volé à San Antonio où son avion était stationné et j’ai fait deux passages pour le mitrailler, et mitrailler trois autres stationnés tout près. En me retirant, j’ai été touché par des tirs d’armes courtes et j’ai fait une manœuvre d’esquive. Mes camarades étaient déjà partis attaquer des terrains d’aviation qu’on avait décidé d’attaquer. Ensuite, comme j’étais à court d’essence, j’ai dû aller à Miami, car je ne pouvais pas arriver jusqu’à la destination qu’on avait décidée. Il se peut qu’ils soient allés mitrailler d’autres terrains avant de se retirer, comme la plage de Baracoa où Fidel garde son hélicoptère."


« Voilà ce qu’on a raconté au monde. L’UPI et l’AP n’ont pas seulement raconté que c’étaient "des avions cubains qui avaient bombardé", elles ont aussi divulgué cette histoire dans le monde. Que pensez-vous que des dizaines de millions de personnes ont lu et écouté hier à ce sujet, publié dans des milliers et des milliers de journaux différents, de stations de radio et de télévision ? Que pensez-vous des tas de gens ont écouté en Europe, dans de nombreux endroits d’Amérique latine, dans de nombreuses parties du monde ?


« Elles n’ont pas affirmé tout ça, mais en plus elles en ont fait une histoire complète, avec des détails, des noms, de la façon dont ils ont tout tramé. Même à Hollywood, mon bon monsieur, on n’en fait pas tant !


 « "Mexico, 15 avril, AP. Le bombardement de bases cubaines par des pilotes cubains déserteurs a été accueilli ici avec satisfaction par la plupart des journaux qui ont fait leur l’idée des groupes de Cubains exilés que c’était le début d’un mouvement de libération contre le communisme. Le gouvernement a gardé le silence, tandis que des groupes d’étudiants de gauche et communistes ont soutenu la déclaration de l’ambassadeur cubain, José Antonio Portuondo, selon laquelle les attaques aériennes ont été des actions lâches et désespérées des impérialistes. On constatait une grande activité parmi les Cubains exilés. Une source cubaine a commenté que le nouveau gouvernement cubain en exil se rendra à Cuba peu après la première vague d’invasion contre le régime cubain de Fidel Castro, pour établir un gouvernement provisoire dont on espère qu’il sera reconnu rapidement par de nombreux pays latino-américains anticastristes."


« "Une déclaration remise par Me Miró Cardona[12]". Ça vient de l’AP et de l’UPI.

«  "Une frappe héroïque en faveur de la liberté cubaine a été portée ce matin par un certain nombre d’officiers des forces de l’air cubaines. Avant de s’envoler dans leurs avions vers la liberté, ces vrais révolutionnaires ont tâché de détruire le plus grand nombre possible d’avions militaires de Castro. Le Conseil révolutionnaire est fier d’annoncer que leurs plans ont été couronnés de succès, qu’il était entré en contact avec eux et qu’il avait encouragé ces vaillants pilotes. Leur action est un nouvel exemple du désespoir auquel les patriotes de toutes les couches sociales peuvent être entraînés sous la tyrannie implacable de Castro. Tandis que Castro et ses partisans tentent de convaincre le monde [écoutez bien !], tandis que Castro et ses partisans tentent de convaincre le monde que Cuba  est menacée d’une invasion depuis l’étranger, cette frappe en faveur de la liberté, tout comme les précédentes, a été portée par des Cubains vivant à Cuba qui ont décidé de lutter contre la tyrannie et l’oppression ou de mourir dans la tentative. Nous ne ferons pas connaître d’autres détails pour des raisons de sécurité." »


Miró Cardona était justement le chef du gouvernement provisoire que les Etats-Unis maintenaient, ses valises prêtes, à côté d’un avion, pour atterrir à Playa Girón dès que la tête de pont serait garantie.

  Lire la suite....là aussi en intégralité sur cubadebate

 

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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 00:27
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Fidel visita a una brigada de la Defensa Antiaérea.

 

Il est difficile d’écrire au sujet des événements historiques quand nombre des principaux protagonistes sont déjà décédés ou ne sont plus en condition d’en témoigner.

La quantité de compagnons qui, encore très jeunes à l’époque de la bataille de Playa Girón – et ayant continué ensuite de prêter de précieux services dans les Forces armées révolutionnaire en tant que soldats ou officiers, dans des missions patriotiques ou internationales – se rappellent et décrivent avec lucidité leur participation à ces actions qui n’était pas recueillie dans des notes, des témoignages ou des livres est toutefois notable.

En quête de données précises, j’ai été contraint de réviser des documents, des mémoires, des livres, de converser avec différents compagnons qui ont enrichi mes souvenirs, voire apporté des détails et des faits que j’ignorais, mais j’ai été surtout très sûr de ce que j’avais fait ou non, de ce que j’avais dit ou non.

J’inclurais donc dans ce récit des faits que n’apparaissent dans aucun des papiers ou documents que l’Office des questions historiques du Conseil d’État, que l’inlassable historien Pedro Álvarez Tabío[1] a collectés, enregistrés et étudiés jusqu’à sa mort le 13 juin 2009, conserve avec tant de soin.

Comme les lecteurs de la première partie de ces Réflexions s’en souviendront, j’ai raconté les mesures adoptées jusqu’au 17 avril, 10 heures du matin, une fois l’invasion commencée. J’avais alors interrompu le récit des instructions que j’avais émises depuis le Point Un pour le reprendre à partir de 13 h 02 – avec la transcription de mon coup d fil à Raúl dans la province d’Oriente – parce que je ne disposais pas des instructions envoyées durant ces deux heures-là et dont je ne n’étais même pas sûr qu’elles aient été conservées.

La situation à ces premières heures de la matinée du 17 avril était très tendue après les bombardements surprise de nos bases aériennes le 15 et le débarquement des mercenaires à Playa Girón quarante-huit heures après.

J’ai demandé à l’Office des questions historiques du Conseil d’État de faire un effort spécial pour chercher des informations sur ces trois heures –là. Fouillant dans des centaines de documents, le colonel Suárez et son équipe sont parvenus à réunir les nouvelles dont j’avais besoin ainsi que des photos de documents manuscrits et ils me les ont fait parvenir. Je peux donc inclure dans cette seconde partie de mes Réflexions des références à ce moment très important.

Fidel donne des instructions aux combattants au Q.-G. organisé dans la sucrerie Central Australia.

J’inclurais pour commencer mon message à Fernández, alors à la sucrerie Australia, que je n’avais pas utilisé dans la première partie pour ne pas m’étendre :

« 09 h 55. À Fernández. Australia. Fernández, on leur a coulé un bateau, et on leur en laissé un autre en flammes, et on leur a bousillé aussi un avion. L’avion à réaction est là ? Oui. Ils ne volent pas maintenant ? Les avions à réaction, je vais te les envoyer… sauf erreur, ils doivent voler par là. Je vais t’assurer la protection jusqu’à ce que tu aies occupé Pálpite. Sors sur la route et accroche-toi à Pálpite, c’est très important. Bon, je vais t’envoyer la protection aérienne tout le temps qu’il faudra.  Je vais le répéter, à moins que l’avion ne se soit trompé. Parfait. »

Je reprends celui de cinq minutes après  que j’ai déjà publié pour qu’on puisse mieux comprendre ce qu’il se passait à 10 heures :

« 10 h 00. À Curbelo. FAR. Curbelo, Fernández ne m’a pas informé. Tu dois bien expliquer au pilote que c’est la route qui va de la sucrerie Australia à Playa Larga, celle de la sucrerie Australia à Playa Larga, où les avions à réaction doivent offrir une protection, mais qu’ils n’ont pas à aller jusqu’à Playa Larga, mais seulement jusqu’à Pálpite. Quand l’un rentre, que l’autre décolle, tu dois bien le leur expliquer : une protection aérienne à ce point. Oui, plus ou moins, pour notre troupe qui va avancer par là. De l’Australia à Playa Larga. Jusqu’à la caye Ramona ? Quoi ? Oui. Bon, continuer de protéger la route, c’est important, et continuer d’attaquer les bateaux. Et toujours en état d’alerte, parce que, demain, ils vont essayer de frapper là. Continuer de protéger la route tout le temps qu’il faudra. Je t’avertis. Bien, très bien. »

Les forces de l’air révolutionnaires ont joué un rôle décisif face à l’invasion mercenaire.

Vient ensuite un groupe de nouvelles indépendantes qui ne sont pas, de toute évidence, des instructions prises en sténo : ce sont des communications relatives à des faits et à des questions, que je transcris telles quelles et comme je les ai reçues, sans y ajouter ni en retrancher aucun détail, me bornant à faire les remarques pertinentes quand elles sont confuses ou incompréhensibles. Cela se passe entre 10 h 05 et 12 h 35, où reparaît le langage familier et intelligible.

« 10 h 05. Int. Curbelo à Del Valle pour l’informer si on autorise des avions militaires nord-américains en provenance de Miami à atterrir sur l’aéroport de Guantánamo[2], Fidel informant qu’il n’en est pas question.

« 10 h 05. Int. Fidel à Quiko pour savoir où se trouvent les chars qui se dirigent à Matanzas.

« 10 h 11. Fidel veut qu’on vérifie bien… si c’est vrai qu’ils vont débarquer.

« 10 h 12. Curbelo informe Fidel que notre Sea Fury a descendu un quadrimoteur B-29  ennemi à la baie des Cochons.

Il est indiscutable qu’il s’agissait d’un B-26. À ce moment-là, on ne savait pas encore très bien quel genre d’avion utilisait l’ennemi.

« 10 h 14. Un Nord-Américain nommé Campbell veut parler à un haut fonctionnaire du gouvernement. On l’a informé que c’était impossible.

« 10 h 15. Fidel veut qu’on lui installe la radio pour écouter des infos intéressantes.

« 10 h 22. Acevedo informe que la force de combat de Cojímar est prête.

« 10 h 23. Le comdt Fidel ordonne que les colonnes et escouades de combat aillent à Matanzas, à l’École des milices.

« 10 h 21. Curbelo informe le comdt Fidel que sur la base ils consultaient pour savoir si des avions militaires en provenance de Miami pouvaient passer sur le territoire, le commandant Fidel ayant informé qu’ils pouvaient passer par l’itinéraire normal, mais pas au-dessus de notre territoire. Curbelo a aussi informé qu’il y a trois bateaux à eux hors de combat, un chargé de camions et d’autres choses, et qu’un quadrimoteur B-29 a aussi été abattu.

« 10 h 40. Le comdt Fidel ordonne de dépêcher une autre batterie de Matanzas à Covadonga.

« 10 h 45. Le comdt Fidel ordonne que la troupe continue d’avancer protégée par l’avion à réaction, qu’on dépêche un bataillon à Soplillar et un autre à l’Australia.

« 10 h 48. Les FAR informent que Sea Fury à nous a descendu deux B-26 ennemis.

Un des avions mercenaires descendus par les Forces de l’air révolutionnaires.

« 10 h 53. On informe du front d’opérations que nos forces sont arrivées à Pálpite. Le comandante Fidel donne des ordres qu’elles continuent d’avancer jusqu’à Soplillar. Le bataillon de Matanzas est déjà sur le front. Le comandante Fidel ordonne de ne pas tuer les prisonniers, de les conduire à l’Australia. S’efforcer d’éviter trop de circulation sur la route. Seront protégés par nos avions. [Autrement dit, nos transports de troupes.]

« 10 h 57. Le comdt Fidel ordonne que les avions à réaction protègent les forces qui avancent sur Soplillar en direction de la plage. [Soplillar est un hameau situé au sud-est de la route qui conduit à la mer à travers le bois.]

«11 h 18. Le comdt Fidel communique au comdt Puertas d’informer le comdt Olivera de faire virer aussitôt la compagnie de bazookas. Que les obusiers attendent à Jagüey, les obusiers peuvent aller avec Olivera. Les chars doivent rester là, les bazookas avec Fernández, et qu’on atteigne le 113e bataillon où qu’il soit, et qu’il emporte les obusiers, la 285e batterie et le 113e doivent aller à Covadonga, et ils doivent avoir des bazookas.

« 11 h 25. Le comdt. Puerta ordonne une batterie de bazooka, ordonne le départ urgent d’une compagnie de bazooka à Jovellanos.

« 11 h 27. Le comdt Fidel Castro ordonne au comdt Puerta de révoquer l’ordre antérieur et de laisser les deux [d’obus] continuer à toute allure et les quatre autres, et qu’un autre de 120 rejoigne Fernández, et l’autre avec Filiberto.

« 11 h 30. Teruel appelle le comdt Fidel, informe que la cie et la bat. de canons étaient passées en direction de Covadonga, ainsi qu’une bat. antiaérienne et quatre bat. d’obusiers à Jovellanos, qui vont défendre Jagüey, l’armement bat. 85 pour Fernández.

« 11 h 38. Le comdt Fidel ordonne au comdt Puerta que la 15.85 est pour Filiberto, ainsi que deux bat. art. pour Fernández comme le 4peloton, si le 230e arrive, de l’envoyer à Fernández à Jovellanos, dans cette direction va le 180e et un autre, et plus 4 de plus iront à Jagüey, les 1re et 11e bat. vont à Jagüey, les 6-19-22e à Matanzas.

« 11 h 40. La FAR a informé que, résultat dernières opérations, elle protège les troupes en éclaireurs.

« 11 h 48. Ordre du comdt Fidel à Almeida, quelles nouvelles a-t-on de Covadonga, et ils vont avancer par Yaguaramas, emportant des mortiers, de la DCA et des bazookas, et Filiberto va vers Covadonga avec le bataillon de bazookas et plus en arrière une compagnie de mortiers 185.

« 11 h 51. Le comdt Fidel informe Covadonga qu’une cie de mortiers et bazookas se dirige par Yaguaramas. En plus, Filiberto, plus en retrait, avec plus de bazookas et de mortiers pour atteindre aujourd’hui la descente.

 « 12 h 00. Capt. Herandez [ce doit être Fernández] a informé le comdt Fidel d’ordonner de faire rejoindre rapidement Olivera, des canons antiaériens sont arrivés qui se déplaceront dans la nuit, ils se trouvent maintenant à Pálpite. Complètement protégé par les avions, dans la nuit on ira chercher des canons et des chars. Tout ennemi, faire feu. Actuellement, un B-26 ennemi au-dessus de l’Australia.

Ce message est confus, sauf l’idée que l’artillerie et les chars doivent attendre la nuit.

 « 12 h 07. FAR informe. Àvion à réaction ennemi prêt en ce moment. (Ça doit être avion à réaction ami, et non ennemi).

Fidel visite une brigade de la DCA.

« 12 h 11. Rapports au comdt Fidel disent ce qui suit : - qu’il est à Pálpite. Le comdt Fidel suggère d’utiliser l’artillerie la nuit et avec des mortiers, et s’il peut monter les mortiers 120 vers Soplillar et Pálpite. Actuellement, ils ne combattent pas, ils sont sur les bateaux. [Peut-être fait-il allusion aux ennemis.] Un para, un blessé, qui a pris la fuite. Qu’on occupe des positions vers Soplilllar et la plage. L’avion à réaction se trouve actuellement derrière un B-26 ennemi. Il est très important de prendre position à Pálpite et occuper la plage. Le para mort a un nom nord-américain.

Le texte est écrit de cette manière confuse, et n’aborde plus l’idée erronée et farfelue à cette heure.

« 12 h 20. Le comdt Raúl a informé que des groupes contre-révolutionnaires se concentrent en Oriente, et Fidel lui a dit de prendre des précautions.

« 12 h 35. À PUERTA- Matanzas.- Envoie avis aux mortiers, qu’ils doivent rejoindre Fernández. La 2e est la première, tu dois l’envoyer à Fernández. Si ce n’est pas la 2e, mais une autre, envoie-la-lui pareil. La 2e, la 9e et le 13e, n’importe laquelle, celle qui est là, à Fernández, vite. Les deux autres, qui sont la 9e et la 13e, ou celles qui sont là, amène-les là-bas. Avec la 15? À Covadonga. Oui, tout complet là-bas. Dépêche-la donc vite à Fernández, et les deux autres, tu les accumules là. Ah, les chars, dissémine-les là, cachés, en attendant les ordres.

« 12 h 37. À FERNÁNDEZ- Australia.- Quelles sont les autres nouvelles ? Oui, l’aigle impérialiste. Bien, quelles sont les autres nouvelles ? Et ils avancent aussi vers Soplillar ? Oui. Surveille, faites attention aux embuscades. Bien, très bien! Dis-moi, les antichars sont arrivés? Bien, oui. La batterie de mortiers est déjà passée par Matanzas. Je crois qu’elle t’arrivera vers trois heures de l’après-midi. Ça y est ? Deux compagnies ? Avec des mortiers, avec des mortiers. Bon, alors, il faut le 120, en cas de résistance. Lequel ? Bon, il faut faire attention. Dès que les mortiers arrivent, installe-les aussi bien vers la plage que vers Soplillar, sur place, car d’autres batteries arrivent. On va voir si on peut occuper l’endroit à l’aube. Bien, au revoir.

« 12 h 42.  À CURBELO- FAR.  Observez-les, pour voir où ils vont. Oui, mais quand vous arriverez, ils ne seront plus là. Bombardez à Playa Girón. Il n’y a pas d’ennemis ? Dégagé ? Pas d’hommes non plus, pas d’hommes ? Pas de camions en route ? Bon, alors, faites un nettoyage entre Playa Larga, Cienfuegos et Girón, tout ce que vous voyez. Et continuez de protéger l’avancée. Oui, attendez plus d’informations, parce qu’ils vont arriver tard. Continuez de protéger l’avancée.

« 12 h 45. À FERNÁNDEZ- AUSTRALIA. Les renforts sont arrivés ? Quelles nouvelles avez-vous des renforts ? Vous n’avez pas fait demander ? Oui, c’est bien. Où a eu lieu le tir de mortier ? Où est Jocuma ? C’est là qu’a eu lieu le tir de mortier ? Mais les gens arrivent ? Sûr ? C’est bien.

Ils disent que les gens d’Almeida ne sont pas arrivés.

L’artillerie à Playa Girón. (Photo : Raúl Corrales.)

« 12 h 47.- CURBELO-FAR. Alors, comme ça, vous l’avez coulée ? Oui. Et après, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Qu’en penses-tu, ils les rembarqueraient de nouveau ? Ils ne pourraient pas partir, ils ne pourraient pas partir ? Tu vas balayer de Playa Larga à Girón, tout ce qui bouge, et après sur la route de Girón jusqu’à tout près de Cayo Ramona. Qu’ils ne dépassent pas Cayo Ramona. Donc, de Playa à Girón, et de là jusqu’à près de Cayo Ramona, tout ce qui bouge, et vous rentrez ensuite. Ainsi donc, les bateaux s’enfuient beaucoup ? Ils s’enfuient beaucoup ? Tu crois qu’ils vont débarquer ailleurs, ou non ? Tu crois qu’il vaut la peine de leur faire un nouvel arrosage ? Vous êtes sûrs que ce ne sont pas des navires américains ou quelque chose comme ça ? Bon, alors, harcelez-les, après avoir nettoyé le coin. O.K.

« 12 h 55.- DORTICOS. Écoute-moi, les navires se retirent. Bon, trois navires coulés là, et un autre en flammes, et les gens en train de les traquer. Je crois que oui. Ils ont avancé vers la plage et vers Soplillar. Ils les conservaient, mais notre troupe avance dans cette direction. Ils ont avancé depuis Cayo Ramona vers Covadonga, mais leur flanc gauche est dans la merde. On va maintenant tirer avec tout ce qu’on a sur tout ce qui bouge. Oui, un avion. Mais c’était logique que les navires se retirent, tu comprends ? Parce qu’on les a sacrément canardés. Non, énergiquement. Les perspectives pour eux sont foutues. Et notre dénonciation à nous ? Bien. La propagande, oui. Miró parle d’un débarquement, où ? Non, par où ils sont partis ? Oui, c’est bien.”

« Osmany informa (13 h 00) que Pedrito Miret a sorti 24 obus pour Jovellanos, qu’il a 24 obus prêts, et qu’il prépare les batteries de 122. »

J’interromps ici mon récit des instructions que je donnais au sujet des combats continuels de Playa Girón pour inclure l’essentiel de la conversation que j’ai eue, le 25 avril, avec celui qui fut chef de bataillon à l’École des responsables de milices, le colonel à la retraite Nelson González, un compagnon capable et bien formé de cette unité de combat qui fit une débauche de courage et de cran dans ce féroce combat face à l’invasion mercenaire organisée par l’impérialisme contre notre patrie.

« Fidel Castro. À quelle heure êtes-vous arrivés à Pálpite ? T’en souviens-tu ?

« Nelson González. Entre neuf heures et demi et dix heures du matin, selon les calculs.

D.C.A. (Photo : Raúl Corrales.)

« Fidel Castro.  Tu te souviens de ce qu’il y avait à Pálpite ? Le hameau, comment c’était ?

« Nelson González. C’était quatre ou six chaumières de bois à toits de feuilles de palmier, qui ont pris feu quand on nous a tiré dessus, parce qu’on a essuyé des tirs isolés à Pálpite. En fait, Pálpite, nous ne l’avons pas enlevé en combat, nous l’avons occupé.

« Fidel Castro.  D’où venaient les tirs que tu dis ?

« Nelson González. Ils venaient des environs. Je ne peux pas préciser, parce qu’ils ont été très espacés. À ce moment-là, il y avait juste un peloton, le 1er peloton de la 1re compagnie.

« Fidel Castro. Et le reste, où il était ?

 « Nelson González. Le reste? Dans la colonne qui venait derrière. On est entré à Pálpite, on s’en est emparé et on a continué un peu plus loin.

« Fidel Castro. À quelle distance se trouvaient ces chaumières ?

« Nelson González. Elles devaient être à une vingtaine ou trentaine de mètres de la route, elles étaient tout près de la route.

« Fidel Castro. Ah ! Et ensuite, qu’est-ce qu’a fait la troupe?

« Nelson González. La troupe venait derrière et elle s’est collé à nous, en essayant d’avancer vers la plage. Il était plus de onze heures du matin. Et c’est alors que les éclaireurs à eux, parce qu’ils en avaient, ont fait feu sur nous, et fort.

La baie des Cochons vue d’un navire des mercenaires.

« Fidel Castro. Ah !  Tu te rappelles à quelle heure c’était ?

« Nelson González. Ç’a dû être avant midi. Vous savez pourquoi je vous le dis ? Parce que les avions sont arrivés autour de une heure, une heure dix.

« Fidel Castro. Et des gens se sont déplacés vers Soplillar ?

« Nelson González. Oui, une compagnie, moins un peloton. Du lieutenant Roberto Conyedo León.

« Fidel Castro. Celui qui est vivant.

« Nelson González. Oui, celui qui est vivant.

« Fidel Castro. Ou vit-il ?

« Nelson González.  Il habite La Havane.

« Fidel Castro. Tu as pu retrouver son adresse ?

« Nelson González. Non, je n’ai pas pu, mais des compagnons m’ont dit qu’il était très malade.

« Fidel Castro. Mais il doit bien y avoir un autre compagnon qui était dans cette compagnie ! Quelle compagnie c’était ?

« Nelson González.-  La 2e. Le chef du 2e peloton, c’était Rodrigo Rossié Rodríguez, un lieutenant de la milice de la première promotion.

« Fidel Castro.  Rodrigo Rossié.  Tu sais s’il vit ou s’il est mort ?

« Nelson González. Aux dernières nouvelles, il était encore en vie et il travaille à l’ICRT, parce que c’est un spécialiste en communications.

« Fidel Castro. C’est Conyedo qui va mal. Quel âge a-t-il ?

« Nelson González. Il doit avoir plus ou moins mon âge, soixante-dix ou soixante et onze ans.

«Fidel Castro. Tu sais quelque chose de l’autre peloton ?

« Nelson González. Le chef de l’autre peloton, c’était Claudio Argüelles Camejo. C’est lui qui reste à Pálpite. Je vous ai dit qu’une compagnie, moins un peloton, était allée à Soplillar. C’est le sien qui reste à Pálpite, et il est tué durant le bombardement.

« Fidel Castro. Ah! Il est tué. Ils ont aussi attaqué Pálpite en même temps ?

« Nelson González. Oui, l’aviation a attaqué dans l’après-midi. 

« Fidel Castro. C’est dans l’après-midi que la compagnie a été attaquée ?

« Nelson González. Quand l’aviation est arrivée, à partir d’une heure de l’après-midi.

« Fidel Castro. Ah, bon, une heure… C’est le même avion qui vous a attaqués, vous, sur la route ?

« Nelson González. Oui, le même. Il mitraillait, larguait des bombes et tirait des missiles.

« Fidel Castro. Mais il devait s’écarter de la route pour tirer sur Soplillar.

« Nelson González. Très peu. Très peu parce qu’avant Soplillar, il a dévié sur Boquerón.

« Fidel Castro. Tu m’as parlé du 1er peloton, où était Rodrigo Rossié Rodríguez, mais maintenant, tu me parles du 2e peloton, celui de Claudio, n’est-ce pas ?  

« Nelson González. Oui, le 2e peloton, celui de Claudio.

« Fidel Castro. Celui de Claudio. Et combien de pelotons y avait-il là ?

« Nelson González. Le 3e peloton allait aussi à Soplillar.

« Fidel Castro.  Ça faisait combien d’hommes en tout ?

« Nelson González. Dans le peloton, il devait y avoir de 60 à 80 hommes à Soplillar ; et à Pálpite, il devait rester de 25 à 30 hommes de cette compagnie.

« Fidel Castro. D’accord. À quelle distance Soplillar se trouve de Pálpite ?

« Nelson González. D’après mes calculs, cinq ou six kilomètres.

 « Fidel Castro. D’accord. C’est aussi l’idée que j’avais. Il me semblait que Soplillar était un tout petit peu plus éloigné de la route.

« Nelson González. Oui, oui,  Soplillar est à l’écart de la route.

« Fidel Castro. De combien ?

« Nelson González. Il fallait entrer à l’intérieur pour arriver à Soplillar, où il y avait une petite piste. Alors, je vous le dis, c’était au minimum autour de quatre, cinq ou six kilomètres.

« Fidel Castro. Oui, c’était aussi mon idée. Et dans quelle maison tu m’as dit que Claudio avait été tué ?

« Nelson González. À Pálpite.

« Fidel Castro. Tout ça aussi à Pálpite ?

« Nelson González. Oui, c’est à Pálpite qu’Argüelles est tué.

« Fidel Castro. Et ceux de Soplillar, de quelle compagnie ils étaient ?

« Nelson González. De la 2e.

« Fidel Castro. Aussi !

« Nelson González. Oui, c’est la 2e compagnie qu’on envoie à Soplillar, sauf un peloton.

« Fidel Castro. Où tue-t-on ce jeune ? Claudio était du 2e peloton ?

« Nelson González. Du 2e peloton de la 2e compagnie.

« Fidel Castro. Quelqu’un aurait-il la liste des noms ?

« Nelson González. Dans les documents que je vous ai envoyés, il y a le chef de bataillon, les chefs de compagnies et de pelotons.

« Fidel Castro. Tu m’as dit que le bataillon, c’était cinq compagnies, hein ?

« Nelson González. Six compagnies et une batterie de mortier de 82 millimètres.

« Fidel Castro. Lors de l’avancée sur Playa Larga, vers une heure de l’après-midi, comme tu dis, tous les élèves étaient là, ou seulement deux compagnies ? C’était comment ?

« Nelson González. Devant, il y avait les 1re et 3e compagnies; derrière, la 4e, et un peu plus en arrière, la 6e, parce que la 5e était restée à l’École et qu’elle arrive passé trois heures de l’après-midi. Ce qu’on laisse ici à Matanzas, c’est un peloton, pour garder la garnison.

 « Fidel Castro. D’accord. Il y en avait donc quatre à ce moment-là, la 5e reste en retrait. Et la 6e ? Il y en avait six.

« Nelson González. La 6e reste encore un peu plus derrière. Mais comme nous allions en colonnes, pratiquement en formation en masse, il n’y avait pas moyen de nous déployer, nous étions très vulnérables.

« Fidel Castro. Tu te souviens de la route vers la plage, une fois passée l’entrée de la lagune, quand les arbres commencent ? C’est avant d’arriver à Pálpite ?

« Nelson González. Les arbres touffus commencent après Pálpite, sur la gauche, parce qu’à droite il y avait de la mauvaise herbe, une espèce de plante épineuse.

« Fidel Castro. Quand l’avion arrive, où était la 1re compagnie ?

« Nelson González. À environ un kilomètre de Pálpite.

« Fidel Castro. Alors, la densité était forte. Il y avait combien d’hommes réunis là ?

« Nelson González. Ceux de la 1re et de la 3e, il devait y avoir entre 200 et 280 hommes.

« Fidel Castro. Sur la gauche et sur la droite.

« Nelson González. Oui, sur la gauche et sur la droite.

« Fidel Castro. À un kilomètre. Et à combien de la plage ?

« Nelson González. D’après mes calculs, plus ou moins trois ou quatre kilomètres, parce que, si j’ai bonne mémoire, il y a six kilomètres de Pálpite à la plage.

« Fidel Castro. À partir des quatre chaumières. Oui, je comprends maintenant. Plus ou moins, c’est juste. Et eux, sur terre, jusqu’où les mercenaires avaient-ils avancé?

« Nelson González. Les mercenaires occupaient des positions avancées. D’après mes calculs, pas au-delà de cinq cents mètres à partir de la position principale qui était à l’entrée de la plage.

« Fidel Castro. Environ cinq cents mètres. Ça, c’était à une heure de l’après-midi.

« Nelson González. Autour, plus ou moins.

Insignes des paras mercenaires.

« Fidel Castro.  Les mortiers, les 105, tiraient déjà ?

« Nelson González. Non, pas encore.

« Fidel Castro. Et le canon sans recul ?

« Nelson González. Le petit, le 75 mm.

« Fidel Castro. Ils en avaient de deux sortes, que je sache, le 57 mm et le 75 mm. J’essaie d’imaginer ce qu’on peut voir à quatre kilomètres. Ils avaient peut-être avancé de cinq cents mètres dans ces parages. Essaie de voir un peu si tu te souviens, le soir, quand les canons de 85 mm sont arrivés, de ce que vous avez discuté avec Fernández, installés derrière Pálpite… Où c’était donc ?

« Nelson González. Un tout petit peu en arrière de Pálpite, à gauche.

« Fidel Castro.  Mais où, sur les côtés ou sur la route ?

« Nelson González. Sur les côtés, sur les roches pointues qu’il y a là.

« Fidel Castro. Tu te rappelles quand les canons 122 sont arrivés ?

« Nelson González. Non, je ne me rappelle pas. Les canons 122 sont arrivés à la tombée de la nuit.

« Fidel Castro. Oui, au crépuscule.

« Nelson González.  À gauche, il y avait un petit champ pour situer les batteries antiaériennes. Je ne me rappelle pas si c’était quatre ou six canons de 85 mm. Le chef de la batterie était le lieutenant Dow, mais je ne me souviens plus de son nom exact.

« Fidel Castro. Il vit toujours ?

« Nelson González.  Je ne sais pas.

« Fidel Castro. Quand les canons sont arrivés, je suppose qu’ils ont  utilisé ce terrain-là…

« Nelson González. Non, non, ne le supposez pas, je les ai vus, moi.

« Fidel Castro. Je connais un compañero – j’ai parlé avec lui l’autre jour – dont le frère, un lieutenant, a été tué par les avions à cette heure-là, à la première attaque. Il avait des grenades…

« Nelson González. Ça, c’est Claudio Argüelles Camejo.

« Fidel Castro. Exact.

« Nelson González. Dans ce que je vous ai envoyé, il y a des photos.

« Fidel Castro. C’est juste. Et on l’a emporté parce qu’il était mort. Tu te souviens des compagnons qui ont été tués ou blessés à cet endroit quand les avions ont attaqué ?

« Nelson González.  Les avions ont dû attaquer à une heure de l’après-midi, ou à trois heures ou à cinq heures, mais je crois que c’est à trois heures de l’après-midi. 

« Fidel Castro. Où peut-on trouve les renseignements sur les morts et les blessés ?

« Nelson González. Les morts apparaissent dans les documents.

« Fidel Castro. D’accord. Vous vous souvenez des morts ?

« Nelson González.  Il y a eu vingt et un morts, et un qui est décédé ensuite. Dans les documents que je vous ai envoyés, il y a les vingt et un morts au combat ; le 22, décédé ensuite, je ne l’ai pas.

« Fidel Castro. D’accord.

Mort à la bataille de Playa.

« Nelson González. Je réponds avec plaisir à toutes les questions que vous me posez.

« Fidel Castro. Bien sûr. Merci. Le chef de la 1re colonne, Haroldo, est toujours en vie.

« Nelson González. Dans la journée, Haroldo n’était pas arrivé.

« Fidel Castro. Non, ils sont tous arrivés le soir. Je me demande d’ailleurs pourquoi ils ont avancé à cette heure-là…

« Nelson González. Écoutez, après avoir cherché une explication pendant bien des années, je pense  que c’est dû exclusivement à l’enthousiasme, à l’envie de victoire et au moral extraordinaire qu’ils avaient. Après, les mercenaires se demandaient comment il était possible que les hommes à la chemise bleue et au béret vert tombent et que les autres continuent d’avancer…

« Fidel Castro. Je crois que oui, c’est une explication, parce qu’il ne m’était pas venu à l’idée alors d’ordonner à ces gens d’avancer à cette heure-là, parce que les chars ni la DCA n’étaient pas encore arrivés. Ça a été une surprise. Mais comme ça, je le comprends. Après l’attaque, où avez-vous pu vous replier ?

« Nelson González. De nouveau jusqu’à Pálpite.

« Fidel Castro. Mais où les compañeros ont-ils pu se dissimuler, parce que la journée est longue ?

« Nelson González. Aux environs de Pálpite, sur les routes et dans les bas-côtés. Il n’y avait rien d’autre, là.

« Fidel Castro. Mais là on pouvait vous attaquer de nouveau ?

« Nelson González. Oui, bien entendu, ils nous ont attaqués aussi.

« Fidel Castro. Après cette attaque, ils ont recommencé ?

« Nelson González. Non, il me semble qu’ils ont volé une fois et une autre fois encore sans recharger, parce qu’ils n’avaient pas le temps de retourner au Nicaragua.

« Fidel Castro. C’est vrai qu’ils devaient retourner là-bas pour refaire le plein et que ça prenait des heures.

« Nelson González. Ils économisaient les munitions pour faire plusieurs passages.

« Fidel Castro.  Oui, ils ne pouvaient pas faire trop de tours…

« Nelson González. Ils ne pouvaient pas rester longtemps en l’air.

« Fidel Castro. Te rappelles-tu quand sont arrivés les premiers chars ?

« Nelson González. Le soir, aussi.

« Fidel Castro. Oui, parce qu’ils ne pouvaient arriver là-bas avant la nuit, justement pour qu’on les attaque pas.

« Nelson González. Bien entendu.

« Fidel Castro. L’artillerie non plus, avec la DCA. J’ai les chiffres de tout ce qu’on a envoyé là-bas. De toute façon, je me rends compte que nous avons attaqué, nous l’avons fait conscients. Incontestablement, nous nous sommes laissés entraînés là-aussi par l’enthousiasme, pourrait-on dire. Mais, bon, on ne peut pas faire autrement : si tu dépêches les chars et la DCA, il faut bien que tu attaques.

« Nelson González. Pratiquement à poitrine découverte.

« Fidel Castro. Bien sûr, mais les chars étaient là.

« Nelson González. Oui, les chars, et à côté l’artillerie qui faisait feu, et les obusiers aussi.

Un char des forces révolutionnaires avance sur Playa Girón.

 «  Fidel Castro.  Et si on rappelait un peu tout ça ? Les gens d’Haroldo avaient des instructions, ils étaient protégés par les chars en quelque sorte : le premier char devant ; dans le second, il y avait López Cuba; dans le troisième, Haroldo, je crois. Eux, au moins, ils avaient quelque chose. À propos, te rappelles-tu quelle compagnie des vôtres a avancé avec eux dans la nuit ?

« Nelson González. La 1re et la 3e.

« Fidel Castro. La 1re et la 3e sont revenues ?

« Nelson González. Oui, après le repli sur Pálpite dans l’après-midi. Dans la soirée, elles sont reparties à l’attaque. On avait là près de trois cents hommes.

« Fidel Castro. Ils avançaient sur les deux côtés aussi, ou sur la gauche ?

« Nelson González. Des deux côtés de la route.

« Fidel Castro. Et ceux d’Haroldo ?

« Nelson González. J’ai lu l’autre jour un article qui disait que ceux d’Haroldo étaient le second échelon de l’École des responsables de milices. Pourtant, autant que me souvienne, ceux d’Haroldo étaient avec nous.

« Fidel Castro. Sûr. Ils étaient censés aller les premiers parce qu’ils avaient les chars, l’artillerie, que c’était une troupe fraîche. Vous étiez censés y aller aussi, parce qu’au Q.-G.¸on ne connaissait pas toutes ces pertes. Je me rappelle qu’il faisait nuit quand on est arrivé ; je suis allé jusqu’où nos mortiers de 120 mm étaient en train de tirer et où était située l’artillerie, les obus de 122 mm. J’ai parlé à Haroldo. C’est à ce moment-là que j’ai reçu un message écrit qu’il y avait un débarquement à l’ouest de La Havane. Tout ça est écrit et filmé : les instructions que je donne à Fernández et ce que lui me répond.

« Le 111e bataillon avait déjà été dépêché, et aussi un autre, le 144e, je crois. Une compagnie de chars était aussi arrivée avec Haroldo. Il fallait leur couper la retraite, surtout après que l’ennemi avait repoussé notre attaque.

« C’était suicidaire dès le moment où les nôtres ont commencé. Un de nos chars est arrivé jusqu’au bout de la route où un char des mercenaires était retranché, avec des canons sans recul,  des mortiers de 105 mm et des mitrailleuses calibre 50 balayant la route en ligne droite, sans aucune possibilité de déviation. »

Je reviendrai plus loin sur ce point que j’ai abordé avec Nelson González, aujourd’hui colonel à la retraite de nos Forces armées révolutionnaires, chef de bataillon de l’École de responsables de milices, qui avait occupé le hameau de Pálpite, le 17 avril, vers dix heures du matin, et qui avait dépêché à Soplillar la 2e compagnie sauf un peloton, à l’endroit où avaient sauté deux pelotons de paras ennemis bien nourris et bien armés.

18 avril

«  08 h 30. À Ameijeiras. N’emporte pas les mortiers. Demande à Osmany la compagnie de milices. Envoie un gars "futé" à Soplillar pour qu’il vérifie. Qu’on envoie à Jovellanos les deux batteries de bazookas qui restent à l’INRA. Toi, tu t’installes ici [il le signale sur une carte]. »

Témoignage de Samuel Rodiles Planas (Tiré du journal Trabajadores, 19 avril 1999)

Samuel Rodiles Planas

« Fidel nous a fait chercher, Efigenio Ameijeiras et moi. En arrivant au Point Un, nous avons vu une table avec une carte que plusieurs compañeros étaient en train d’examiner. On nous a dit que notre mission était de recevoir la compagnie légère de combat du 116e bataillon des Milices nationales révolutionnaires et la compagnie de bazookas de l’INRA. On devait se rendre à la sucrerie Australia et de là continuer d’avancer afin d’occuper le terrain entre Cayo Ramona (à travers le marais de tourbe) et la côte. Fidel nous a dit : "Il faut passer sur les arrières de l’ennemi et lui créer une situation d’insécurité totale. Quand ils tenteront d’aller de Playa Girón à Playa Larga pour la renforcer ou de rétrocéder, qu’ils se rendent compte qu’on leur fait la guerre depuis leurs arrières." Il a souligné que notre mission était difficile et que nous risquions de nous retrouver encerclés, mais que nous pouvions être sûrs  de recevoir toute l’aide nécessaire.

« J’étais un grand gaillard et j’étais très influencé par les livres soviétiques Les hommes de Panfilov et La Route de Volokolamsk, qui étaient très fameux à l’époque, et j’ai répondu à Fidel : "Écoutez, comandante, ne vous tracassez pas, les hommes de la Police nationale révolutionnaire  vont être encore plus courageux que ceux de Panfilov." Je me souviens que Carlos Rafael Rodríguez, en m’entendant, a éclaté de rire. »

« 08 h 45. Fidel ordonne à Sergio del Valle que la colonne spéciale de Roger, au complet, soit à Jovellanos autour de quatre ou cinq heures de l’après-midi, sauf les mortiers et les sapeurs, sans perdre un seul homme ni égarer un seul camion. Attendre des ordres de Fidel.

« 08 h 58. Australia. Comment ? Ils ont besoin de renforts ? Ils demandent  deux bataillons, alors qu’hier on leur en a envoyés deux ? Pourquoi faire ? S’ils ont besoin de renforts, envoyez-leur le bataillon qui est à Jagüey [...] Dis à Fernández que les chars ne doivent pas attaquer par la route où ils ont attaqué hier soir […] il doit tâcher de faire passer les chars par Soplillar et d’attaquer de l’est, quand on vient de Girón.

« Qu’il attaque avec les obusiers, mais tout de suite, peu importe que les chars arrivent plus tard, il doit écraser ces types-là, qu’il les écrase sans arrêt, qu’il n’attende pas les chars ou rien d’autre, qu’il n’arrête pas attaquer ces gars-là une minute.

« 09 h 22. À Aragonés. On va dépêcher là-bas les obus de Pedrito.

« 10 h 00. (Sergio del Valle informe qu’Augusto a besoin de deux heures pour réviser les chars, et que ça retarderait l’opération, et il consulte pour savoir s’il les envoie comme ça ou non.) Laisse-lui les deux heures. [Il parle des chars SAU-100 et d’un ou deux des chars de López Cuba qui étaient sur le point d’arriver.]

« 10 h 05. À del Valle. Donne à Pedrito deux mille cinq cents balles hautement explosives.

« 10 h 12. À Pedrito Miret personnellement : Je te propose de prendre les douze canons 122, et de bombarder pas seulement cet endroit, mais aussi Bermeja, Helechal, Cayo Ramona et ce carrefour ici (il montre sur une carte). Une partie de ton opération consiste à ça : faciliter l’entrée de Filiberto par là. Tu dois bombarder tout ça, jusqu’à San Blas. Je propose que deux batteries antiaériennes appuient Pedrito. Elles doivent être installées à Covadonga. »

Témoignage de Pedro Miret Prieto

Pedro Miret Prieto

« Le 18, j’ai reçu des instructions de me rendre de toute urgence, avec le groupe restant, sur la route qui va de la sucrerie Covadonga à San Blas à l’est. Fidel m’a dit d’emporter la plus possible de projectiles pour bombarder sans arrêt l’ennemi dans ce coin. [...] Ce même soir, nous avons commencé à canarder la zone occupée par l’ennemi.

«10 h 20. À del Valle. Envoie à Pedrito, en plus de ce qu’il a déjà, 4 000 projectiles d’obusier.

« 10 h 25 hrs. À Aragonés. Je te propose d’avancer avec ce bataillon qui est là et avec quatre bataillons de plus, il faut avancer avec l’équivalent d’une division. L’autre information que je veux te donner, c’est que tu vas avancer avec quinze chars, dont dix Staline. Tu peux démarrer l’attaque avec trois bataillons, autrement dit avec celui qui est là et avec deux autres qui doivent se mobiliser pour ça.

« 10 h 35. À del Valle. Demander si les munitions sont parties et leur dire de ne pas les envoyer à la Covadonga, mais à Real Campiña, par le chemin de Colón, par Aguada. Il faut donner deux ordres : à Augusto, qu’il dépêche à Yaguaramas le bataillon léger qui se trouve à Jagüey, et qu’il envoie aujourd’hui très tôt à la Covadonga les canons 122 qui sont arrivés là avec les tracteurs. Qu’ils partent à midi et qu’ils attendent des ordres  de Pedrito Miret.

« 10 h 38. À del Valle. Il faut dire à Kike d’envoyer cinq automoteurs avec les dix chars.

« 11 h 10. À Osmany. La troupe d’Ameijeiras doit être à Soplillar au petit matin, arriver de Jagüey a Soplillar.

« 11 h 15. À del Valle. Appeler Augusto et lui dire d’envoyer à Pedrito Miret à la Covadonga une batterie antiaérienne, la quadruple, des deux qui se trouvent à l’Australia. »

Le livre de Quintín Pino Machado sur la bataille de Girón reflète des événements de cette matinée du 18 avril 1961 :

« À 10 h 30, le capitaine Fernández avait occupé Playa Larga et envoyait à la sucrerie Australia un message urgent :

"Commandant Augusto :

"1. L’ennemi s’est retiré de Playa Larga que nos troupes sont en train d’occuper. L’ennemi s’est retiré vers Playa Girón.

 "2. Je transfère la DCA à Playa Larga et l’artillerie de campagne, pour me préparer à attaquer Playa Girón.

 "3. J’espère pouvoir attaquer dans la journée.

"4. Pas d’activité ennemie dans cette zone, semble-t-il. Des avions à réaction vers 10 h 15 ont mitraillé nos avant-postes.

"5. Informer FAR (Force de l’air) que Playa Larga en notre pouvoir." »

L’auteur rappelle dans le livre que j’appris la nouvelle au Point Un à 11 h 42 et que j’en étais choqué.

J’étais vraiment indigné. Si nous avions divisé en deux les forces ennemies, nous n’aurions pas seulement reprendre Playa Girón en moins de quarante-huit heures, mais, surtout, évité que le gouvernement étasunien ait assez de temps pour se relever de la catastrophe politique qu’il était sur le point d’essuyer. Ça aurait signifié aussi éviter 80 p. 100 des pertes (morts et blessés) que nous avons enregistrées ensuite.

Je me rappelais que dans la sierra Maestra, quatre ans avant à peine, quand nous avions déjà une trentaine de combattants ayant quelque expérience, nous tentions des embuscades aux troupes d’élite de la tyrannie batistienne et les frappions. En terrain boisé, un ou deux pelotons pouvaient désorganiser une colonne de deux à trois cents hommes. On aurait même pu encercler rapidement la force ennemie  à Playa Larga, en avançant à pied depuis Pálpite sur un sentier et en tendant une embuscade à son arrière-garde avec des armes automatiques et quelque moyen antichar, et éviter ainsi que les mercenaires regroupent la totalité de leurs forces et moyens à Playa Girón. Je connaissais un chemin par où des chars pouvaient rouler et atteindre l’endroit en un quart d’heure et les fantassins, marchant à pied dans le sous-bois, en pas plus d’une heure.

L’expérience de la Sierra Maestra a servi à Fidel à tracer la stratégie

face aux forces mercenaires en 1961.

C’est d’ailleurs ce que je pensais faire quand je reçus, le 17 à 23 h 30, la nouvelle qui m’obligea à regagner le Point Un dans la capitale et à donner des instructions au commandant Augusto Martínez pour qu’il les transmette à Fernández.

Une force d’artillerie de 24 obusiers, 6 mortiers de 120 mm, 6 canons de 85 mm et de nombreuses batteries de DCA étaient plus que suffisants pour balayer les forces mercenaires qui se trouvaient à Playa Larga.

J’écrivis à Fernández la courte note  que je signai à 03 h, le 18 avril, et je partis à toute allure vers la capitale. L’autopiste à six voies actuelle n’existait pas encore, qui permet d’atteindre en une heure et demie les environs de la sucrerie Australia. Il fallait alors traverser Matanzas et prendre la Vía Blanca. J’arrivai dans la capitale vers six heures du matin. Je ne dirai pas quelle amertume je ressentis en apprenant qu’aucun débarquement n’avait eu lieu. Ce fut peut-être la seule chose qui réussit à l’administration étasunienne dans son équipée guerrière, comme je l’ai dit dans la première partie de ces Réflexions.

Sans perdre un instant, je me dirigeai au Point Un et commençai à travailler de nouveau à 8 h 30. C’est trois heures après que je reçus la nouvelle que l’ennemi avait pu se retirer sans encombre et réunir ses hommes et ses armes à Playa Girón. Je me confortai dans ma conviction que la direction principale de l’attaque ennemie était Playa Girón et qu’il avait déjà épuisé sa force de mercenaires qui lutteraient désespérément pour s’enfuir.

« 11 h 42. À Augusto. Australia. C’est une honte que ces types se soient retirés pour Playa Girón, c’est une honte ! C’est du je-m’en-foutisme de n’avoir pas dépêché au moins une compagnie pour leur couper la marche. Vous auriez déjà dû mobiliser une compagnie sur la route ; partant de Soplillar, elle aurait déjà dû atteindre la côte ! Tu le lui as donné ? À quelle heure ? Parce que tu comprends combien c’était simple de situer une compagnie sur la côte et de couper la retraite à ces gars. Sinon, ils vont continuer de résister !

« Eh bien, alors, tu vas dire à Fernández de ma part… qu’il doit avancer… ! Dis-lui de faire ce qu’on lui a dit. Passe-moi Julio [nom de guerre de Flavio Bravo]. Julio, comment se fait-il  que vous n’avez pas coupé la retraite à ces gars-là ? Écoute, Julio, vous auriez déjà dû avoir dépêché une compagnie pour leur couper la retraite. J’ai ordonné d’envoyer des troupes d’infanterie et de leur couper la retraite. Pourquoi vous ne l’avez pas fait ? C’était élémentaire, en plus ! Ils n’auraient jamais plus pu repartir ! Le moindre des choses, maintenant, c’est poursuivre ces gars-là, avec des chars ! Les six chars…

« Écoute, Julio, tu leur dis de ma part de prendre les chars ou ce qu’ils ont sous la main et de se lancer à leur poursuite. Et ils ne poursuivent pas encore l’ennemi ? Dis donc, ils ont signé un pacte de non-agression avec les mercenaires !

 « À del Valle. Dis à Curbelo que l’ennemi se retire de Playa Larga vers Playa Girón, qu’il les poursuive et lui tombe dessus, et qu’il informe de la situation.

« À Julio. Écoute, je vais envoyer l’aviation, puisque vous les avez laissé échapper alors que vous auriez dû les poursuivre ! Quelle conception de la guerre vous avez donc ! Que faites-vous avec tant de canons et tant de chars ?

« C’est une honte, Julio ! Tu dois les envoyer poursuivre l’ennemi tout de suite. Je vais les faire poursuivre par les avions. Mais nous avons des batteries antiaériennes à ne plus savoir qu’en faire ! Et que les chars qui sont là avancent aussi ! Voyez un peu comment vous les poursuivez jusqu’à Playa Girón, pour qu’un navire n’aille pas les recueillir. Prenez les chars et tout ce que vous avez. Un ennemi en fuite n’offre pas de résistance. Tombez-leur dessus avec les chars. Si vous le faisiez, ce serait parfait. Mais les mercenaires vont vous filer entre les doigts, c’est moi que vous le dis, ils vont vous filer entre les doigts ! Mais faites-le donc, bon dieu, en plein jour, parce que les chars roulent mieux le jour ! [...] Dis-lui d’arrêter de réparer ses chars, bordel ! Qu’il rejoigne les autres, et poursuivez-les. Les mortiers et la DCA, derrière. Nous allons réaliser le plan d’hier soir, maintenant qu’ils sont en fuite. »

Je prie le lecteur de me pardonner les gros mots. Si je ne les reproduisais pas, je trahirais la vérité des événements que je raconte.

Je dirai aussi que je n’ai pas dépêché seulement le bataillon de la  1re colonne aux ordres d’Haroldo Ferrer, qui avait rejoint notre troupe rebelle aux environs de Chivirico au milieu de l’année 1957, comme Almeida le rappelle dans son livre Por las faldas del Turquino. Il était accompagné de Néstor López Cuba avec quinze chars et blindés, de nombreuses batteries antiaériennes, des mortiers lourds, vingt-quatre obusiers de 122 mm, et de la compagnie de bazookas de Roger García Sánchez. Leur mission était de s’emparer de Playa Girón. Ces courageux combattants n’étaient pas des artilleurs experts, mais ils en savaient assez pour pulvériser les forces mercenaires. Je sais qu’on a formulé ensuite quelques allusions péjoratives au sujet du manque de préparation de ces artilleurs. Si on avait connu notre ignorance en matière de mortiers et de bazookas – sans parler d’obusiers et de chars – quand nous luttions dans la Sierra Maestra, personne n’aurait osé lâcher un mot péjoratif au sujet des hommes qui prouvèrent largement à la bataille de Playa Girón ce qu’ils étaient déjà capables de faire avec ces armes-là.

Bien des années plus tard, j’ai appris et corroboré des faits qu’après  cette victoire heureuse, bien que coûteuse, je n’ai pas eu l’occasion de connaître avec la précision requise. Sur certains points, la vérité historique ne s’ajustait pas rigoureusement aux faits.

Je poursuis mon récit en me basant sur des documents d’une rigueur historique irréfutable et parfois sur des versions de participants qui ont joué un rôle important dans les événements. Pour ma part, j’ai toujours exprimé avec rigueur ce que je savais alors et que je ne pouvais oublier.

« 12 h 00. Kike (capitaine de l’Armée rebelle Enrique González). Dépêche la grande compagnie. D’abord, la petite, et après la grande, avec leurs propres transports. Combien ? Dix ? Mais nous voulons faire entrer en action une demi-compagnie de plus. Je ne te l’ai pas dit parce que je croyais qu’on n’allait pouvoir dénicher des draisines, mais nous avons déniché des trains. Conduis-le avec des fardiers, en prenant par Colón à Aguada, à Real Campiña, à Yaguaramas,  et qu’elles s’installent là. C’est très important. Tu crois que tu peux les conduire toutes en draisine ? C’est possible ? Bon, alors, en draisine. On va si on peut obtenir les dix draisines, parce que cette avancée de demain est importante.

 «  Tout va bien, ces salauds se retirent, mais ils vont pouvoir s’en aller si nous continuons de faire les cons. Que la colonne de Roger y aille, qu’elle se situe à l’Australia et qu’elle y attende des ordres du compañero qui va aller avec eux pour remplir une mission spéciale, le compañero Aldo Margolles. S’ils peuvent y être ce soir, magnifique, ce serait sensass. À Yaguaramas ? Si c’est vrai, que ça sonne bien! Oui, une grande quantité de canons, oui. Bien, positionne-les ave Pedro García. Il faudrait envoyer une remorque d’obus de 122, au moins quatre ou cinq milles.

« 12 h 05. À la batterie de Puentes Grandes, qu’on envoie la batterie expérimentée à la Covadonga aux ordres de Pedrito Miret, et l’autre dans l’Est, à Raúl.

«12 h 07.  À Curbelo. Il faut que vous repériez la position des mercenaires à cet endroit. Dites-nous où sont ces salauds et foudroyez-les ! Ils vont vouloir réembarquer, et ça, c’est pire que s’ils nous faisaient une tête de pont ! Oui, ils vont réembarquer, ils reculent.

«12 h 10. À Augusto. Australia. Dis à Fernández… de prendre des chars ou ce qu’il veut, et de poursuivre ces gars, parce qu’ils vont nous échapper.

« Fais parvenir à Fernández en moto cet ordre urgent : se lancer à la poursuite de ces mecs avec les engins blindés qu’il a. Que les chars aillent derrière, mais ils doivent dépêcher une avant-garde de chars pour faire où ces mecs vont se fourrer. Ces mecs se retirent, ils sont démoralisés, et il faut les poursuivre. Ça me fait rager qu’un seul foutu salaud d’ennemi vaincu nous file entre les doigts ! Je te le dis, Augusto, ils vont nous échapper ! Il faut occuper Girón ! [...] J’ai envoyé l’aviation poursuivre ces mecs et je pensé les poursuivre sur toute la route.

« 12 h 13. À Aldo Margolles (capitaine de l’Armée rebelle). Vous devez avancer cette nuit le plus possible et faire un effort surhumain pour pouvoir vous installer au petit matin à cette position. Cherche tous les moyens possibles pour y arriver en véhicules. Ils ne vont pas trouver par où fuir.

« 12 h 15. À Osmany. On ne pourrait pas y envoyer en hélicoptères une compagnie cette nuit ? Appelle le terrain de Baracoa et vérifie-moi combien nous avons de grands hélicoptères et de pilotes !

« 12 h 17. Aldo Margolles. Mobilise un bon chef de bataillon. Envoie-le en camion. On va le mettre à Yaguaramas, on va envoyer les hélicoptères sur la côte. Eux, ils vont croire que ces hélicoptères sont à eux, comme ça on leur coupe la retraite.

« 12 h 24. À Curbelo. FAR. Ils inspecteront la route de Playa Larga a Girón, qu’ils inspectent, et c’est très important qu’ils disent à quel endroit ils les ont repérés. Ecoute bien, prépare tous les avions, nous attaquerons ce soir par toute une série d’opérations nocturnes. Tout ce que tu as de disponible, avec toutes les bombes et tout le fourniment. Dis à tes gars qu’ils doivent mettre le paquet dans les prochaines vingt-quatre heures, pareil que nous. Et après, tu m’informes des résultats. Cette nuit, on va y mettre le paquet ! On doit attraper jusqu’au dernier de ces mecs !

« 

ng>12 h 25. À Kike. Combien de draisines tu as montées ? Ils peuvent partir tout de suite ? En combien d’heures tu me garantis que ces draisines peuvent être à Yaguaramas ? Bon, alors, dis à tes gens qu’ils se pressent, parce que les autres sont en train de se retirer, et c’est très important, ça. Je sais que ça va vous prendre plus de cinq heures… Si c’est huit, je l’accepte encore. Le hic, c’est que ces salauds puissent tenter de se retirer. Oui, qu’ils soient là-bas le plus tôt possible, qu’ils démarrent.

« 12 h 26. Augusto. Australia. Augusto, ces mecs vont partir! Ça y est ! Et les chars, où ils sont ? Les autres arrivent. Envoie un autre message à Fernández, dis-lui de ma part qu’à mon avis, l’ennemi est en train de se retirer en général, complètement démoralisé, que c’est le moment de lui tomber dessus, sans trêve, il faut tenter d’occuper Girón parce que, sinon, ils filent. Tu lui dis de leur tomber dessus dans la journée, sans trêve, dis-lui de bien comprendre que c’est le moment psychologique pour leur tomber dessus. Fais-lui dire par un autre motard, de toute urgence, qu’il faut tenter d’occuper Girón à tout prix, aujourd’hui dans l’après-midi, avec les chars en formation et les mortiers derrière, les mortiers et les obusiers. Qu’il profite des huit chars que nous pouvons mettre en mouvement, et qu’il leur tombe dessus sans arrête, qu’il faut prendre Girón cet après-midi, faire un effort suprême.

« Ecoute-moi bien, Augusto, il est très important que tu fasses comprendre à Fernández et à Julio que l’ennemi bat retraite, démoralisé, qu’il y a des symptômes de retrait à d’autres endroits, que c’est le moment de leur tomber dessus, sans trêve : qu’il avance avec les huit chars, car ces mecs-là ne peuvent pas le supporter, qu’il leur détruise le char qu’ils ont et qu’il leur occupe Girón. Nous, on va ordonner une série d’opérations et avancer par d’autres points. Que c’est le moment, écoute bien ! Envoie-lui le motard à fond de train.

Une autre bataille commençait pour moi : persuader nos compagnons qui avançaient depuis Playa Larga que l’ennemi ne tenterait pas de débarquer de nouvelles forces, mais qu’il rembarquait.

« 12 h 35. À del Valle. On va placer cette compagnie de combat légère à Yaguaramas [la 122e aux ordres du lieutenant Debién] à toute allure, pour les empêcher de fuir.

« 12 h 37. Baracoa. Il y en a cinq qui savent piloter les gros oiseaux, il y en a cinq qui le savent? Fais chercher d’urgence les trois pilotes, qu’ils se présentent, qu’ils vont recevoir des instructions là à Baracoa. Je vais envoyer quelqu’un. Oui, qu’ils restent sur place, avec les hélicoptères prêts à partir d’urgence.

« 12 h 42. À del Valle. Envoie quelqu’un à Baracoa, ou fais dire à Baracoa que les pilotes doivent venir par ici dès qu’ils sont prêts. La légère de combat de Yaguaramas et son chef ici, et les pilotes des hélicoptères ici. Appelle l’aviation, qu’on mette à Yaguaramas un réservoir d’essence d’hélicoptère.

« 12 h 45. À Almeida. Las Villas. Quelles nouvelles y a-t-il de là-bas, de ton côté à toi ? Où ? À Caleta de Cocodrilo ? Il est là ? Dis-lui de se positionner là. Et ça résiste devant ? Dis-lui de se positionner là, nous, on va faire une manœuvre, mais qu’ils n’aillent pas plus loin. [...] René à Cocodrilos ? Mais Matey et Cocodrilos sont sur la côte ? Mais où est allé René ? [...] D’où est-il parti, par Juraguá ? Mais Pupo est sur la côte, en train d’avancer vers Girón. Il avance vers Girón sans ennemis ? Moi, ce qui m’intéresse, c’est occuper la côte à l’est de Girón, c’est extrêmement important, parce qu’ils vont fuir par là, ils vont fuir et ils vont tomber dans les mains de ceux qui avancent sur la côte. Si c’est possible, envoie quelqu’un, même à cheval, pour dire à Pupo d’avancer dans la nuit autant qu’il peut en direction de Girón, et envoie derrière un autre bataillon. J’avais une troupe prête à envoyer là-bas en hélicoptère, mais, comme ça, je ne crois pas que c’est nécessaire. Envoie ce bataillon derrière Pupo, moi, de toute façon, je pense utiliser cette force aéroportée. [...] Ils battent en retraite. Playa Girón, on pense l’occuper ce soir.  San Blas est tombé ? Bien, nous, on va détruire l’ennemi ce soir à San Blas, on va le canarder avec les vingt-quatre obusiers. [...] il faut envoyer, à cheval ou comme vous voulez, un avis à Pupo pour qu’il avance dans la nuit sur Girón et qu’il se situe à quatre kilomètres de là, pas plus. Ils sont mille cinq cents, selon les nouvelles. Un prisonnier ? Ils ont envoyé tous ceux qu’ils avaient… Tout marche fantastiquement bien, mais on va faire les idiots, jusqu’à demain.

« 13 h 00. À del Valle. L’aéroportée va faire une opération audacieuse consistant, en partant de Yaguaramas, à situer sur la route même, entre Cayo Ramona et Girón, une compagnie de combat légère.

«  13 h 01. À Omar (commandant de l’Armée rebelle Iser Mojena). Prends quatre serveurs de bazookas avec quatre aides et suffisamment de munitions, au moins douze grenades chacun. On va faire une opération aéroportée, et tu vas t’installer derrière les lignes ennemies, contre un ennemi en train de décrocher, afin de le couper en deux. On va lui situer une compagnie entre ces deux points, dans les lignes ennemies. Ces serveurs de bazookas peuvent aller en hélicoptère. On va assurer une protection aérienne à l’hélicoptère. Fais préparer six serveurs de bazooka avec leurs aides, et dis-leur de se rendre en terrain d’aviation de Baracoa.

« À Curbelo. Oui, je t’écoute. Qu’est-ce qui va là-bas? Deux Sea-Fury, deux avions à réaction et combien de B-26 ? Avec quatre bombes de 500 livres ? Tout le monde ensemble ? Les Sea-Fury attaquent déjà ? Bravo, c’est un succès ! Vois un peu, Curbelo, l’importance d’attaquer cette route, surtout si on les repère, si on repère le char en train de décrocher, si on détruit Girón. Quand ils ont l’impression que le calme se rétablit et qu’ils commencent à préparer le rata […] le soir, on va les laisser tranquilles ? Pourquoi ? Ah, c’est facile de repérer le point la nuit, quand il y a des lumières. [...] Il vaudrait la peine de faire un effort, parce de nuit ça vaut le coup, parce qu’ils sont vaincus et que nous devons leur tomber dessus avec plus de forcé que jamais pour finir de les battre. [...] avec ça cette nuit, je crois que nous allons bien venger les compagnons qui sont tombés là. Écoute-moi, il faut rendre un hommage aux pilotes, un hommage public, parce qu’ils sont été les héros de la journée !

« 13 h 10. A Almeida. Sûr, mais qu’il n’occupe pas Girón. Qu’il se prépare à la capturer, que les chars y aillent. Almeida, ratifie cet ordre si tu peux, à cheval, à dos de mulet, en jeep ou avec n’importe quoi. L’autre point est le suivant : cette nuit, l’artillerie va aussi fonctionner par là-bas, et s’ils ne se sont pas retirés de San Blas, on va leur tomber dessus, comme on n’est jamais tombé sur personne en si peu de temps, avec cinq mille projectiles de canon. On va bombarder Bermeja, Cayo Ramona, Helechal, et tout ça avec des canons de 122 mm, et on va préparer une unité de chars pour avancer dans cette direction. Garde le secret ! Avec qui ? Mais Pupo est à plus de mille lieues de là où vont tomber les obus ; si Pupo se ramasse un projectile de canon, c’en sera un qui aura dévié des chars de Playa Larga.

« Qu’est-ce que tu dis ? Un Étasunien et trois Cubains ? Quand ? Maintenant ? Un canon de 57 et un autre de 85, antichar. Qui ? René est allé briser la ligne de San Blas et de Caleta de Cocodrilo ? Mais il n’a encore rien occupé, il n’a pas occupé San Blas.  Dis-lui de surveiller l’ennemi au cas où il se décrocherait, mais j’espère bien qu’il ne décrochera pas, parce que comme ça nous allons le coincer et lui couper le repli sur Girón.

Le commandant Juan Almeida au moment de Playa Girón (suite)

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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 00:26

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El comandante Juan Almeida en los días de Playa Girón

Le commandant Juan Almeida au moment de Playa Girón

« 13 h 27. À Augusto. Comment sais-tu qu’il avance ? À quelle vitesse ? Un prisonnier de plus ? Qui c’est ? Que dit-il ? En gros, pareil. Combien de navire leur a-t-on coulé ? Et ce prisonnier, d’où sort-il ? Quel plaisir vous vous offrez, vous, derrière eux ! Envoie à Fernández un autre motard, dis-lui que l’ennemi est battu, qu’il le poursuive le plus tenacement possible, dis-lui qu’il est battu, qu’il le poursuivre, que c’est le moment psychologique. Tu le lui redis : qu’il le poursuive sans trêve. Dis-lui que Pupo est à deux kilomètres de Playa Girón, à l’est, qu’il se dépêche, ou sinon Pupo occupera Playa Girón, car les mecs sont totalement coincés. Qu’il se dépêche, à toute vitesse, qu’il y aille avec les chars. Il a une foutue chance ! Je ne sais pas pourquoi il est 13 h 30. Et Fernández, il avance ? Les prisonniers ? Envoie-les tous ici. Des voitures ? Parce que tu crois que les prisonniers qu’on va attraper demain, aujourd’hui et demain, vont tenir dans des voitures ! J’ai une idée. On peut envoyer deux prisonniers à l’avant avec une promesse : que tous ceux qui se rendront auront la vie sauve… Je te dis que nous pouvons les attraper presque tous rien qu’en envoyant les deux prisonniers là-bas.

«13 h 35. À del Valle. Je crois qu’il faut annoncer au peuple que je lui parlerai demain. Je vais me présenter à la télévision avec quarante prisonniers et dire : "À vous la parole, messieurs !"

« 13 h 49. À Ameijeiras. Tu dois te dépêcher le plus possible ; les chars vont sans doute atteindre Playa Girón aujourd’hui.

« 13 h 51. À Gonzalo (Chele). Covadonga. Quelles nouvelles as-tu ? Qui est à San Blas ? L’ennemi ? Il arrive à San Blas ? Depuis hier. C’est le pas le plus difficile à franchir, San Blas ? Que les armes qu’on leur a saisit ne tiennent pas dans un camion ? Où, de Covadonga a San Blas ?  Alors, San Blas est tombé ? Mais comment a-t-il pu ne pas tomber si vous leur avez pris tant d’armes !  Alors, ils sont foutus, et cette position est perdue.

« 13 h 54. À Efigenio. Votre opération, faites-la toujours, parce qu’il se peut que vous trouviez les gens là. Il serait peut-être bien d’occuper tous les hameaux entre Soplillar et le point où Margolles va sortir.

« 13 h 56. Augusto. Australia. Des nouvelles ? Oui. Qui ? Mais, bordel, il n’attaque pas Playa Girón ? Avec quoi, putain de merde, Pupo va-t-il attaquer Playa Girón ? Fernández, il avance ?  Ecoute, si avec huit chars, Fernández n’occupe pas Playa Girón avant six heures de l’après-midi… parce qu’avec huit chars, avec l’artillerie que possèdent ces chars et tout le reste, s’il ne l’occupe pas, alors qu’il se retire. Écris-le-lui, et envoie-lui un motard : que si, avec huit chars, vingt-quatre obusiers, une batterie de mortiers et cinq mille hommes qui vont derrière lui, il n’occupe pas Playa Giron avant six heures de l’après-midi, il se ridiculise face à un ennemi en fuite ! Qui est leur chef à tous ? Frank est venu ? Il ne sait pas qui est le chef ? Neuf avions B-26 du Nicaragua ; dix P-54 ; lundi, 14 h, cinq bateaux étasuniens de García Land[3] ; un bâtiment de la marine étasunienne a amené les chars et la barge de débarquement ; les bateaux sont partis de Puerto Cabezas[4]. Ce type-là, il est tranquille, ou il est nerveux ? Un bateau de guerre, celui qui a bombardé la Texaco[5]. Ils s’entraînent sur l’île de Diegues, à Porto Rico[6]. Et nous ne l’avons pas coulé ? Avec une équipe d’hommes-grenouilles qui se sont positionnés deux heures dans le canal par où devaient passer deux destroyers de la marine étasunienne, l’un avec le numéro 507, afin qu’ils puissent pénétrer à deux milles de la côte ou moins, tous feux éteints. Leur plan, avec cinq cents qui devaient débarquer à Baracoa, dans l’Est. Un simulacre de débarquement face à Pinar del Río, leur force de l’air a agi deux ou trois jours avant le bombardement, bombardant nos objectifs militaires. Il dit que seuls trois avions ont bombardé[7].

« Et le Galicien[8], qu’est-ce qu’il fout ? Pourquoi n’en finit-il pas d’attraper tous ces gens-là ? Ray[9] est en désaccord avec le Conseil, parce qu’il veut maintenir la milice, et le Conseil ne le veut pas. Cet analphabète politique, d’où il sort ? Il est Cubain ? De Santa Clara ? Fils de bourgeois[10], ou non ?  Que faisait-il, cette vermine ? Impresario de théâtre… le père Cabelo, jésuite… Qui d’autre ? Un simulacre de débarquement en Pinar del Río. Tu ne peux pas nous les envoyer pour gagner du temps? D’accord, envoie-les sous bonne garde, direct ici, au Point Un. »

Des chars avancent vers le théâtre d’opération.

Traduction de messages ennemis interceptés

« 13 h 02. Rapporté  par la FAR : Premier message : "Sous attaques aériennes continues, avons besoin appui aérien. Le bateau de communication coulé GFDLYD93". Deuxième message : "Code 0940 WK170461, sous attaque, avons besoin désespérément d’appui aérien. Deux bateaux coulés. Maintenant, plus d’appui aérien." Le code du premier message : WXI181461. »

Témoignage d’Haroldo Ferrer Martínez

« Le 18, au petit matin, nous avons occupé Playa Larga dans une certaine confusion, parce que dans le noir nous nous sommes mêlés aux mercenaires qui occupaient encore leurs positions. L’ennemi s’est replié sur des camions et d’autres moyens.

« Après, on nous a demandé de nous retirer. J’ai regroupé nos forces, les blessés, et ceux qui avaient suivi jusqu’à Colón n’étaient pas entrés en contact avec nous. Je me suis efforcé de regrouper la colonne et à pied c’était plus difficile. Après, on nous a donné l’ordre de passer à la réserve et c’est le bataillon de la PNR, une unité fraîche, qui nous a remplacés. »

Témoignage de Víctor Dreke Cruz

« Le 18, on nous a ordonné d’avancer, nous sommes arrivés presqu’à la sucrerie Covadonga où nous nous sommes installés, et nous avons bloqué l’entrée de cette zone, parce que le 19, au petit matin, un pilonnage allait se dérouler, et qu’après, on devait avancer avec les chars, l’infanterie et l’artillerie.

« Le commandant-en-chef est arrivé dans l’après-midi à Covadonga et il a donné des instructions d’occuper Girón : on devait pouvoir toucher les eaux de la plage le 19, à 18 h. Les chefs qui ont dirigé l’offensive dans ce secteur ont été les commandants René de los Santos, Filiberto Olivera, Raúl Menéndez Tomassevich, Víctor Bordón Machado, Evelio Saborit  et le capitaine Emilio Aragonés.

Témoignage d’Orlando Pupo Peña

« Le 18 avril, au petit matin, j’ai ordonné à un groupe d’explorateurs d’avancer ; nous avons fait descendre les miliciens des camions et nous avons commencé à avancer à pied. On va demander à des paysans de nous indiquer le chemin, parce que nous ne connaissions pas le territoire…

« Je me rappelle que la mission concrète qu’avait ordonnée le commandant-en-chef et que le Galicien Angelito m’a transmise était : "Pupo, prend ce bataillon, longe toute la côte jusqu'à Playa Girón jusqu’à ce que tu te heurtes aux mercenaires, caresse-les, tu n’as pas besoin de prendre Girón, tu dois juste leur résister pour qu’ils ne puissent pas avancer de ce côté-là."

« …et le reste du bataillon a resté derrière, parce qu’il n’y avait pas d’espace. La force de l’avant-garde, c’était ces deux groupes de combattants. Nous avons avancé, et nous avons eu trois compagnons blessés, l’un avec une blessure très grande dans le dos, et deux autres qui sont morts après à l’hôpital de Cienfuegos. L’un, nommé Captetillo, est mort, et Arce a été blessé. Nous somme arrivés à des monticules de terre rocheuse où on dirait que des travaux de construction avaient commencé.

« …à ce moment-là, trois bazookas nous sont arrivés, avec leurs trois serveurs, envoyés par le commandant-en-chef en hélicoptère. C’étaient trois compagnons de la compagnie de bazooka de l’INRA : José Bechara Rodríguez, Luis Céspedes Batista et Sergio Álvarez Matiense. »

À 21 h, le capitaine Fernández écrivit une note au commandant Augusto Martínez pour l’informer de la situation sur le front, selon ce que rapporte Quintín Pino Machado dans son livre :

«Commandant Augusto:

« 1. Pensons  avancer pour entrer en contact avec l’ennemi à Girón. Croyons pouvoir situer nos lignes à 2-3 kilomètres de Girón.

« 2. Installons les 122 en position, ainsi que les mortiers. Veuillez m’envoyer deux autres batteries de mortiers 120 maintenant, pour pouvoir les utiliser. Comme ça, ferai feu sur l’ennemi toute la nuit.

« 3. À l’aube, pensons attaquer avec l’artillerie, l’infanterie, les chars, et faire avancer l’infanterie sur Girón.

« 4. Vu l’expérience, pensons avoir besoin d’une grue pour retirer les chars endommagés. Demander urgence chenilles de char à Managua. 

« Fernández. »

C’est là toute l’information que j’ai reçue de Fernández le 18 avril à partir de  10 h 30. Plus de dix heures s’étaient écoulés sans que le Q.-G. ait eu la moindre nouvelle de ce qu’il se passait dans la direction Playa Larga-Playa Girón. D’Haroldo et de López Cuba, chefs de la 1re colonne et des chars et blindés qui avaient attaqué Playa Larga, on n’avait reçu aucune nouvelle ce jour-là.

Je m’attachais durant ces heures-là à organiser les forces révolutionnaires qui attaquèrent les envahisseurs depuis le nord et le nord-est de Playa Girón.

À suivre prochainement.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 25 mai 2011

14 h 25

 



[1] Pedro Alvarez Tabío fut surtout, en ce qui concerne son œuvre personnelle, le chroniqueur de la guérilla dont il fut l’un des premiers à reconstituer patiemment l’itinéraire et les faits au jour le jour. Cf. entre autres Diario de la Guerra, La Havane, 2010, Oficina de Publicaciones del Consejo de Estado, 2 tomes (le second avec Heberto Norman Acosta).

[2] Autrement dit, la base navale étasunienne maintenue illégalement par Washington à Guantánamo.

[3] Erreur de transcription : García Line Corporation. « Le gros de 1 543 mercenaires de la Brigade viendra à bord de cinq des six cargos de 2 400 tonnes appartenant à la García LineCorporation : le Río Escondido que la CIA a déjà utilisé pour exfiltrer des contre-révolutionnaires, notamment Nino Díaz et Manuel Ray (il transportera 145 tonnes de munitions, 162 000 litres d'essence pour véhicule, 12 000 litres d'essence pour avion, 5 camions de deux tonnes, dont celui des télécommunications chargé d'assurer la liaison entre la brigade et Washington, 4 remorques et 1 camionnette) ; le Houston (12tonnes de nourriture, l'eau potable, 1 000 litres d'essence pour véhicule, 5 tonnes de munitions pour arme individuelle, 8 tonnes d'explosifs, 1,5 tonne de phosphore) ; le Caribe (700 roquettes air-terre, 500 bombes à fragmentation de 220 livres, 56 000 litres d'essence et 1 200 litres d'huile pour avion, 10 tonnes de munitions calibre 50, des pièces détachées et des outillages pour appuyer six vols par jour d'une heure pendant dix jours, des fusils et des munitions pour 7 000 hommes, des équipements pour soutenir les vols de B-26 pendant une semaine) ; l'Atlántico (des munitions pour chars, obusiers et bazookas, des grenades, des fusils et des explosifs de démolition) et le Lake Charles… » (Jacques-François Bonaldi, L’Empire U.S. contre Cuba. Du mépris au respect, Paris, 1988, L’Harmattan, t. II, pp. 294-295.)

[4] C’est aussi de ce port nicaraguayen de la côte Atlantique (le Happy Valley de la CIA) qu’ont décollé, le samedi 15 avril 1961, les avions B-26 mercenaires qui ont bombardé les aéroports civils et militaires de Ciudad Libertad à La Havane, de San Antonio de los Baños et de Santiago de Cuba.  Outre les bateaux susmentionnés, « la flotte de débarquement comprend aussi trois LCU (Landing Craft, Utility) dont le plus grand emporte les cinq chars prévus, des camions, des jeeps, un bulldozer et 12 000 litres d'essence, et quatre LCVP (Landing Craft, Vehicle and Personal), dont chacun peut emporter trente-six hommes d'infanterie. Contrairement aux usages, chaque LCU sera équipé de deux mitrailleuses 50 et chaque LCVP, de plusieurs mitrailleuses 30. Les barges emportent les équi­pages de débarquement, une cinquantaine d'hommes. Ces sept Landing Craft seront débarqués en vue de la baie des Cochons, le dimanche 16 avril, dans la nuit, par le San Marcos, un LSD (Landing Ship Dock) de 150 mètres de long, qui réalise l'opération en moins d'une heure puis disparaît. Le dernier élément de la flotte de débarquement est un LCM (Landing Craft Mechanized). » (Id., p. 295.)

[5] « Le lundi 13 mars 1961, à trois heures du matin, une vedette rapide armée de mitrailleuses de gros calibre et d’un canon de 57 mm a tiré sur la raffinerie de Santiago de Cuba. Une nouvelle victime fatale s’ajoute à une liste déjà longue. Dans son discours du même jour, Fidel, après avoir taxé cette attaque d’ "action insolite", précise que les seules personnes à pouvoir fournir cette vedette rapide aux contre-révolutionnaires, ce sont les membres du gouvernement nord-américain, à partir des seules bases d’où ils peuvent partir, des bases "organisées par le gouvernement des États-Unis à l’usage des contre-révolutionnaires". Dans une lettre de protestation adressée le même jour au secrétaire général des Nations Unies, Raúl Roa signale une nouvelle fois que cette attaque "fait partie du plan préalable à l’invasion de Cuba… préparée par la CIA, avec les encouragements et le soutien du département d’État et du président Kennedy". Que la Révolution ait été dans le vrai, on en aura la confirmation de la bouche même des auteurs, quand Jack Hawkins (?) déclarerait devant la commission Taylor que les deux LCI acquis en début d’année par la CIA avaient été "utilisés pour d’autres opérations, tel le raid contre la raffinerie de Santiago". » (Id., pp. 292-293.) Le nom de ce LCI était le Barbara J. qui transportait, entre autres, des armes pour cinq cent hommes. Avec l’autre LCI, le Blagar, qui transportait des armes pour mille hommes, ils avaient conduit deux équipes de six hommes-grenouilles chacun à la côte : leur mission était aussi de s’assurer que la Brigade avait bien débarqué et de lui fournir toute l’aide requise ; dès que la tête de pont aurait été fermement établie, ils devaient se retirer et être prêts à débarquer leur chargement à tout endroit où les contre-révolutionnaires de l’intérieur pourraient l’utiliser au mieux (id., p. 295).

[6] Erreur de transcription. Il s’agit de l’île est Vieques, siège de plusieurs bases militaires et navales étasuniennes, et  où furent entraînés les hommes-grenouilles.

[7] Fidel semble lire ici, de toute évidence, des documents de la CIA présentant toute l’opération prévue et tombés entre les mains des révolutionnaires et reprendre des informations données par des prisonniers. Il lira d’ailleurs longuement ces documents dans son intervention télévisée du 23 avril 1961. (Playa Giron. Derrota del imperialismo, La Havane, 1961, Ediciones R, Primer Tomo : La Invasión y los Héroes, pp. 473-483.)

[8] José Ramón Fernández, que tout le monde appelait el Gallego.

[9] Manuel Ray, ingénieur  qui  durant la période insurrectionnelle, avait organisé la Résistance civique, un mouvement regroupant des membres des professions libérales et de la petite bourgeoisie opposés à Batista. En janvier 1959, fut nommé ministre des Travaux publics, un poste dont il démissionna en octobre à l’occasion de la rébellion d’Hubert Matos en Camagüey. S’éloignant de plus en plus de la ligne révolutionnaire, il finit par organiser un mouvement clandestin, puis par s’enfuir aux USA où la CIA le fit entrer au Conseil révolutionnaire cubain, pour lui donner une tonalité plus « progressiste », en faisant même le représentant d’un « fidélisme sans Fidel »… Celui-ci avait fait allusion à lui, sans le nommer, dans son discours du 4 mars 1961 (premier anniversaire du sabotage du la Coubre : « Malheureux ceux qui ont déserté des rangs de l’armée du peuple ! […] Triste, encore bien plus triste la situation de ceux qui ont été nos compagnons, des compagnons de voyage de la Révolution, qui sont montés dans le train à une gare ou à une autre, qui sont arrivés à un endroit donné et qui sont passés à l’ennemi ! »

[10] Fidel utilise une expression tirée du jargon populaire et très connotée de l’époque, où la lutte des classes battait alors son plein : siquitrillado, autrement dit l’exploiteur, le bourgeois dont les lois révolutionnaires avaient limité les privilèges ou nationalisé les biens. Partirle la siquitrilla revenait en quelque sorte à « lui casser les reins ».

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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 08:50

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Les gars triés sur le volet et rigoureusement entraînés pour des missions spéciales qui ont exécuté ben Laden n’ont pas agi pour leur compte: ils répondaient aux ordres de l’administration étasunienne, dont on sait que le président peut même communiquer avec un soldat au combat.


Quelques heures après cette action réalisé à Abbottābād, siège de la plus prestigieuse école militaire du Pakistan et d’importantes unité de combat, la Maison-Blanche a offert à l’opinion mondiale une version soigneusement peaufinée de la mort du chef d’Al Qaeda, Oussama ben Laden.


Bien entendu, l’attention du monde et de la presse internationale s’est braquée sur ce thème, faisant passer au second plan les autres nouvelles de domaine public.


Les chaînes de télévision étasunienne ont retransmis le discours préparé avec soin par le président et ont montré des vues de la réaction publique.


La question était épineuse, cela va de soi, car le Pakistan, un pays de 171 841 000 habitants, où les USA et l’OTAN mènent depuis dix ans une guerre destructrice, bien qu’il soit un allié traditionnel de Washington, possède un armement nucléaire.


Ce pays musulman ne peut être d’accord, sans aucun doute, avec la guerre sanglante que les USA et leurs alliés livrent contre l’Afghanistan, un autre pays musulman avec lequel il partage la frontière sinueuse tracée en pleine montagne par l’empire colonial anglais, mais ignorée par des tribus d’une même origine.


La presse étasunienne elle-même a compris que le président occultait presque tout.


Les agences de presse occidentales : AFP, AP, Reuters et EFE, la presse écrite et d’importants sites web offrent des informations intéressantes à cet égard.

Selon The New York Times, « les faits s’écartent sensiblement de la version officielle que la Maison-Blanche et de hauts fonctionnaires du renseignement ont offerte mardi, selon laquelle ben Laden – dont ils ont finalement reconnu qu’il n’était pas armé, bien qu’il ait "résisté" – avait été abattu au cours d’un échange de coups de feu intense. »


Selon le journal newyorkais, l’opération, « bien que chaotique et sanglante, n’est allée que d’un côté, plus de vingt commandos des SEAL ayant vite liquidé la poignée d’hommes qui protégeait ben Laden ».


Le New York Times assure maintenant que« ceux qui se trouvaient dans la maison n’ont tiré qu’au début de l’opération… juste quand le messager de confiance de ben Laden, Abou Ahmed al-Kuwaiti, a ouvert le feu derrière la porte de la maison d’hôte adjacente à celle où se cachait ben Laden ».


Selon le journal qui se fonde sur des sources anonymes, « après avoir abattu Kuwaiti et une femme dans cette maison d’hôtes, les commandos étasuniens n’ont plus été attaqués ».

« Mardi, le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, avait offert un "récit" des événements survenus dans la nuit de dimanche à lundi selon lequel les commandos étasuniens avaient été attaqués "tout au long de l’opération" ».


« Le directeur de la CIA, Leon Panetta, avait parlé lui aussi d’ "échanges de coups de feu" quand les soldats d’élite étasuniens nettoyaient les étages de la villa où se cachait ben  Laden. »

Le journal assure par ailleurs que, même si ben Laden ne portait pas d’armes quand il a été abattu, les commandos qui l’ont découvert dans une des pièces ont constaté qu’il avait "une AK-47 et un pistolet Makarov à portée de la main". 


Les informations continuent de tomber ce mardi.


Une des agences informe depuis Washington que seul un homme a tiré contre les forces étasuniennes :

« Dans la nuit de dimanche, plusieurs hélicoptères emportant soixante-dix-neuf commandos étasuniens s’approchent de la maison d’Oussama ben Laden à Abbottābād, au nord d’Islamabad, après avoir décollé d’un endroit non spécifié et volant en rase-mottes pour échapper aux radars, car le Pakistan n’avait pas été informé du raid.


« Plus de vingt commandos SEAL de la marine descendent de deux hélicoptères dans l’enceinte de la villa dont les murs de quatre à cinq mètres de haut sont protégés par du fil de fer barbelé. Selon un premier rapport de fonctionnaires étasuniens, un des hélicoptères, un MH-60 Blackhawk,  apparemment modifié pour tromper les radars, atterrit brusquement à cause d’une "défaillance mécanique", devenant inutilisable.


« Un groupe de commandos se dirige vers une maison annexe à la villa principale.  Le messager de ben Laden les voit, ouvre le feu, et les commandos l’abattent en même temps que sa femme. Il est le seul occupant de la maison à tirer contre les Étasuniens. Ce qui contraste avec un premier rapport de Washington, qui décrit des échanges de coups de feu durant les quarante minutes de l’opération.


« …un autre groupe entre dans le bâtiment principal de trois étages.

“…il se heurte au frère du messager, qui est abattu à son tour, selon un fonctionnaire étasunien qui ne donne pas plus de détails. Selon la chaîne de télévision NBC, cet homme avait la main dans le dos quand les commandos sont entrés dans la pièce où il se trouvait et ils ont cru à tort qu’il cachait une arme.

« Les commandos montent les escaliers et découvrent dans une pièce Khalid, un des fils adultes de ben Laden, qu’ils abattent aussi…

« Les commandos arrivent au dernier étage et découvrent Oussama ben Laden et sa femme dans leur chambre. La femme tente de s’interposer, mais elle est blessée à la jambe. Ben Laden ne semble pas avoir l’intention de se rendre et il est abattu d’une balle dans la tête et, selon certains médias étasuniens, aussi à la poitrine. Selon les premières versions du raid, ben Laden avait "résisté" et avait utilisé sa femme en guise de bouclier, ce que la Maison-Blanche a démenti par la suite.


« Le président Barack Obama, qui suit les événements depuis la Maison-Blanche, est informé que le commando a identifié ben Laden. Un rapport de la revue Time, qui se fonde sur une interview du directeur de la CIA, Leon Panetta, suggère que ben Laden aurait été assassiné moins de vingt-cinq minutes après le début de l’opération.


« Les Nay Seals découvrent un fusil d’assaut soviétique AK-47 et un pistolet russe de 9 mm dans la chambre de ben Laden, et d’autres armes non spécifiées dans la villa.

« Les forces spéciales découvrent aussi de l’argent et des numéros de téléphone cousus dans les vêtements du chef d’Al Qaeda…

« Les commandos récupèrent tout ce qui peut servir de sources d’information : bloc-notes, cinq ordinateurs, dix disques dur et une centaine d’articles de stockage de données (CD, DVD, clefs USB).

« …ils transfèrent à un endroit sûr une vingtaine de femmes et d’enfants présents dans la villa et détruisent l’hélicoptère accidenté.

« …trente-huit minutes après la début de l’opération, les hélicoptères repartent emportant le cadavre de ben Laden. »


L’AP donne des informations présentant un intérêt politique et humain :

            « Selon les déclarations, ce vendredi, d’un fonctionnaire du renseignement pakistanais, l’une des trois épouses qui vivaient avec Oussama ben Laden a dit avoir vécu cinq ans dans la résidence où se cachait le fuyard, de sorte qu’elle pourrait être une source d’information importante sur la façon dont il avait pu éviter d’être capturé pendant si longtemps.

            « L’épouse de ben Laden, Amal Ahmed Abdullfattah, née au Yémen, a dit n’avoir jamais abandonné le dernier étage de la résidence durant les cinq années où elle y a vécu.

            « Cette femme, et les deux autres épouses de ben Laden, sont interrogées au Pakistan après avoir été arrêtées durant le raid réalisé lundi par des commandos de la marine étasunienne contre la villa de ben Laden, dans le village d’Abbottābād. Les autorités pakistanaises ont aussi retenu huit ou neuf enfants trouvés dans la maison après le départ des commandos.

            « Compte tenu des récits à géométrie variable et incomplets des fonctionnaires étasuniens sur le déroulement de cette opération, les déclarations des épouses de ben Laden peuvent peut-être apporter plus de détails

            « Leurs déclarations pourraient aussi aider à savoir comment ben Laden passait son temps et comment il est parvenu à rester caché dans une grande villa proche d’une école militaire dans une ville de garnison, à deux heures et demie de voiture de la capitale Islamabad.

            « Selon le fonctionnaire pakistanais, des agents de la CIA n’ont pas eu accès aux femmes arrêtées.

            « Compte tenu du fait que la cachette de ben Laden se trouvait près de la garnison militaire et de la capitale, on soupçonne à Washington que le fugitif a peut-être été protégé par les forces de sécurité pakistanaise. »


L’agence EFE enquête sur l’opinion des Pakistanais :

            « 66 p. 100 des Pakistanais ne croient pas que les forces spéciales étasuniennes ont abattu le chef d’Al Qaeda, Oussama ben Laden, mais quelqu’un d’autre, selon un sondage réalisé de concert par l’institut britannique YouGov et par Polis, de l’université de Cambridge.


            « Le sondage a été réalisé parmi des internautes, qui sont d’ordinaire plus cultivés, des trois grandes villes : Karachi, Islamabad et Lahore, et non auprès de populations paysannes, de sorte que les résultats soient d’autant plus surprenants, selon les enquêteurs.


            « 75 p. 100 désapprouvent aussi la violation de la souveraineté nationale par les USA dans le cadre de cette opération visant à capturer et à tuer ben Laden.


            « Un peu moins des  trois quarts des interviewés ne croit pas que ben Laden ait autorisé les attaques du 9/11 contre les États-Unis qui ont justifié leur invasion de l’Afghanistan et leur lutte contre le terrorisme islamique.


            « 74 p. 100 jugent que Washington ne respecte pas l’islam et s’estime en guerre contre le monde islamique, et 70 p. 100 désapprouvent que le gouvernement pakistanais en accepte l’aide économique.


            « 86 p. 100 s’opposent à ce que le gouvernement pakistanais permette à l’avenir à l’usage de drones contre des groupes militants et ils critiquent qu’ils l’aient autorisé avant.


            « 61 p. 100 des Pakistanais interrogés disent sympathiser avec les talibans ou jugent qu’ils représentent des points de vue respectables, contre seulement 21 p. 100 qui sont radicalement contre. »


L’agence Reuters fournit à son tour des données intéressantes :

            « Selon un fonctionnaire de sécurité, l’une des femmes d’Oussama ben Laden a dit à ses interrogateurs pakistanais que le chef d’Al Qaeda avait vécu avec sa famille pendant cinq ans dans la villa où il a été abattu par des commandos étasuniens cette semaine.

            « Cette source, qui a identifié la femme comme Amal Ahmed Abdulfattah, a informé Reuters que la plus jeune des trois épouses de ben Laden avait été blessée durant l’opération.

            « Selon ce fonctionnaire, Abdulfattah a affirmé aux enquêteurs pakistanais : "Nous vivons là depuis cinq ans."

            « Les forces de sécurité pakistanaises ont arrêté quinze ou seize personnes qui vivaient dans la villa, après que les commandos étasuniens ont emporté le corps de ben Laden, a dit ce fonctionnaire. Les trois femmes de ben Laden et plusieurs enfants font partie des détenus. »


Selon l’agence ANSA, un drone yankee a tué aujourd’hui au moins quinze personnes dans le Waziristân, au nord du Pakistan, et en a blessé d’autres grièvement. Mais qui va donc s’intéresser à ces assassinats devenus quotidiens dans ce pays ?


Je me demande toutefois : pourquoi une telle coïncidence entre l’assassinat perpétré à Abbottābād et la tentative d’assassinat de Kadhafi ?


Khadafi et sa femme venaient juste de rendre visite à l’un des ses plus jeune fils, Saif al Arab, qui ne se mêlait pas de politique, chez lui, où il vivait avec son petit enfant et deux cousins, eux aussi des enfants, quand l’OTAN a bombardé la maison, détruisant l’édifice, les tuant tous les  quatre. Kadhafi et sa femme venaient juste de partir. Un fait sans précédent. Mais qui l’a su ?


Simple hasard, que cette coïncidence entre ce bombardement et l’attaque du refuge d’Oussama ben Laden, que Washington connaissait parfaitement et qu’il surveillait de près ?


Une dépêche provenant du Vatican informe aujourd’hui :

 « 6 mai (ANSA).- Giovanni Innocenzo Martinelli, vicaire apostolique de Tripoli, a dit aujourd’hui à  l’agence du Vatican, Fides, qu’il n’avait pas l’intention de "s’ingérer dans les activités politiques de qui que ce soit", mais qu’il avait le devoir d’avertir que le bombardement en Libye "étaient immoraux".

« "Je m’étonne qu’on ait pu déclarer que je ne devais m’occuper que de questions spirituelles et que les bombardements avaient été autorisés par l’ONU. Mais cela ne veut pas dire que l’ONU, l’OTAN ou l’Union européenne ont l’autorité morale pour décider de bombarder".

« "Je tiens à souligner qu’un bombardement n’est pas un acte qu’approuve la conscience civile et morale de l’Occident, ou de l’humanité en général. Un bombardement est toujours un acte immoral." »


Une autre dépêche d’ANSA informe sur la position de la Chine et de la Russie.

 « Moscou, 6 mai. Les gouvernements chinois et russe se sont déclarés aujourd’hui "extrêmement préoccupés"  parla guerre en Libye et ils ont déclaré qu’ils agiraient de concert pour réclamer un cessez-le-feu.

« "Nous sommes convaincus que l’objectif le plus important est d’obtenir un cessez-le-feu immédiat", a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi. »

Des événements vraiment inquiétants.

 

Fidel Castro Ruz

Le 6 mai 2011

20 h 17

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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 19:16

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 Ceux qui s’occupent de ce genre de questions savent que le 11 septembre 2001 notre peuple s’est solidarisé avec celui des États-Unis et lui a offert la modeste coopération en matière de santé que nous pouvions offrir aux victimes du brutal attentat contre les tours jumelles de New York.


 

Nous avons également tout de suite mis les pistes aériennes de notre pays à la disposition des avions nord-américains qui n’auraient pas où atterrir étant donné le chaos qui régnait durant les premières heures après l’attentat.


 

La position historique de la Révolution cubaine, qui s’est toujours opposée aux actions pouvant mettre en danger la vie des civiles, est bien connue.


 

Partisans décidés de la lutte armée contre la tyrannie de Batista, nous étions en revanche opposés par principe à tout acte terroriste pouvant provoquer la mort de personnes innocentes. Cette conduite que nous avons maintenue pendant plus d’un demi siècle nous donne le droit d’exprimer notre point de vue sur cette question délicate.


 

Lors d’un meeting à la Cité des sports de La Havane, j’avais exprimé ce jour-là ma conviction que jamais le problème du terrorisme international ne pourrait être résolu par la violence et la guerre.


 

À ce propos, cet homme fut pendant des années un ami des États-Unis, qui lui firent suivre un entraînement militaire, et un adversaire de l’URSS et du socialisme ; mais quelles que soient les actions attribuées à Ben Laden, l’assassinat d’un être humain désarmé et entouré de membres de sa familles est un acte exécrable. Et c’est apparemment ce qu’a fait le gouvernement de la nation la plus puissante qui ait jamais existé.


 

Le discours soigneusement préparé par Obama pour annoncer la mort de Ben Laden signale : « … et nous savons aussi que les pires images sont celles qui n'ont pas été vues par le monde entier. La chaise vide au dîner. Les enfants qui ont dû grandir sans leur mère ou leur père. Les parents qui ne pourront plus jamais tenir leurs enfants dans leurs bras. Près de 3 000 concitoyens nous ont été arrachés, nous laissant un vide terrible dans le cœur. »


 

Ce paragraphe laisse transparaître une vérité dramatique, mais il ne peut empêcher des milliers d’honnêtes gens de penser aux guerres injustes déclenchées par les États-Unis en Irak et en Afghanistan, aux centaines de milliers d’enfants qui ont été obligés de grandir sans leur père ou leur mère, et aux parents qui plus jamais ne pourront embrasser leurs enfants.

 

Des millions de citoyens ont été contraints de quitter leur pays : en Irak, en Afghanistan, au Vietnam, au Laos, au Cambodge, à Cuba et dans de nombreux pays du monde.


 

Les esprits de centaines de millions de gens ont été marqués par les images horribles prises à Guantanamo, territoire occupé de Cuba, montrant des êtres humains défilant en silence et qui ont été soumis pendant des mois, voire pendant des années, à des tortures barbares insupportables ; ces personnes ont été enlevées et transportées dans des prisons secrètes avec la complicité hypocrite de sociétés soit disant « civilisées ».


 

Obama n’est pas en mesure d’occulter qu’Oussama Ben Laden a été exécuté devant les yeux de ses enfants et de ses épouses, aujourd’hui retenus par les autorités pakistanaises, un pays musulman de près de 200 millions d’habitants, dont les lois ont été violées, un pays outragé dans sa dignité nationale et dans ses traditions religieuses.

 

Comment empêchera-t-il à présent les femmes et les enfants de la personne exécutée sans jugement d’expliquer ce qui s’est passé, et les images d’être divulguées dans le monde ?


 

Le 8 janvier 2002, le journaliste de la CBS Dan Rather faisait remarquer à travers cette chaîne de télévision que, le 10 septembre 2001, la veille des attentats contre le World Trade Center et le Pentagone, Oussama Ben Laden avait été soumis à une dialyse rénale dans un hôpital militaire au Pakistan. Il n’était pas en mesure de se cacher ou de se terrer dans des grottes profondes.


 

L’assassiner et l’envoyer dans les profondeurs de la mer démontre la peur et le manque d’assurance, et font de lui un personnage beaucoup plus dangereux.


 

La propre opinion publique des États-Unis, après l’euphorie du début, finira par critiquer les méthodes qui, loin de protéger les citoyens, finiront par décupler les sentiments de haine et de vengeance contre eux.

 

Fidel Castro Ruz
Le 4 mai 2011
20h 34

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 07:55

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Réflexions de Fidel

 

UN INCENDIE QUI PEUT TOUT EMBRASER

On peut être d’accord ou non avec les idées politiques du Kadhafi, mais nul n’a le droit de contester l’existence de la Libye comme État indépendant et membre des Nations Unies.

Le monde n’a pas encore atteint ce qui constitue aujourd’hui à mon avis une condition sine qua non de la survie de notre espèce : l’accès de tous les peuples aux ressources matérielles de cette planète, la seule de notre système solaire à réunir les facteurs les plus élémentaires de la vie que nous connaissons.

Les États-Unis eux-mêmes se sont toujours efforcés d’être un creuset de toutes les races, de toutes les croyances et de toutes les nations : blanches, noires, jaunes, indiennes et métisses, sans d’autres différences que celles de maîtres et d’esclaves, de riches et de pauvres, mais toujours dans les limites des frontières : au nord, le Canada ; au sud, le Mexique ; à l’est l’Atlantique ; à l’ouest, le Pacifique. L’Alaska, Porto Rico et Hawaï étaient de simples accidents historiques.

Le hic, c’est qu’il ne suffit pas du noble désir de ceux qui se battent pour un monde meilleur, ce qui est aussi digne de respect que les convictions religieuses des peuples. Il suffirait que des quantités relativement petites d’un certain nombre d’isotopes radioactifs émanent de l’uranium enrichi consommé par les centrales atomiques – car ils n’existent pas dans la  nature – pour mettre fin à la fragile existence de notre espèce. Maintenir ces volumes croissants de déchets sous des sarcophages de béton et d’acier est l’un des plus gros problèmes de la technologie.

Des faits comme l’accident de Tchernobyl ou le séisme du Japon ont mis en lumière ces risques mortels.

Mais là n’est pas la question que je veux aborder aujourd’hui, sinon le spectacle étonnant que nous a présenté hier Walter Martínez dans son  programme Dossier de la télévision vénézuélienne : la réunion entre le chef du département de la Défense étasunien, Robert Gates, et son homologue britannique, Liam Fox, qui s’est rendu aux USA pour discuter de la guerre criminelle déclenchée par l’OTAN contre la Libye. Un spectacle difficile à croire, mais digne d’un Oscar : le ministre britannique était un paquet de nerfs, il était tendu, il parlait comme un fou, on avait l’impression qu’il crachait ses mots.

Bien entendu, Gates l’attendait à l’entrée du Pentagone. Les drapeaux des deux pays, celui de l’ancien empire colonial britannique et celle de son fils putatif, l’empire étasunien, ondoyaient de chaque côté tandis que retentissaient les hymnes nationaux. La main droite sur le cœur, le salut militaire rigoureux et solennel de la cérémonie du pays hôte. Ce fut la cérémonie initiale. Les deux ministres sont entrés ensuite dans le bâtiment de la défense étasunienne. Ils sont censés avoir longuement parlé, si l’on en croit les images que j’ai vues quand ils sont revenus avec chacun un discours – sans doute préparé à l’avance – à la main.

L’environnement de ce scénario était constitué par du personnel en uniforme. À gauche, on voyait un jeune militaire, grand, maigre, rouquin en apparence, le crâne rasé,  la casquette à la visière noire enfoncée presque sur la nuque, présentant le fusil, baïonnette au canon, sans ciller ni même sembler respirer, la vraie image du soldat prêt à tirer une balle de fusil ou un missile atomique emportant un charge destructive de cent mille tonnes de TNT. Gates a parlé en affichant le sourire et le naturel du maître de maison. L’Anglais, lui, en revanche, l’a fait comme je l’ai expliqué

J’ai rarement vu quelque chose de plus horrible : il suintait la haine, la frustration, la fureur, il menaçait le dirigeant libyen dont il exigeait la reddition inconditionnelle. On constatait combien il était indigné que les avions de la puissante OTAN ne soient pas parvenus à faire plier la résistance libyenne en soixante-douze heures !

Il ne lui manquait plus que de s’exclamer : « Des larmes, de la sueur et du sang », à l’instar de Winston Churchill quand il avait calculé le prix que devrait payer son pays dans la lutte contre les avions nazis. Mais avec une petite différence : c’est l’OTAN qui joue maintenant le rôle des nazi-fascistes en lançant des milliers de missions de bombardement avec ses avions les plus modernes au monde.

L’administration étasunienne n’a pas hésité, elle, à autoriser l’emploi de drones pour tuer des hommes, des femmes et des enfants libyens, comme elle le fait toujours en Afghanistan, à des milliers de kilomètres de l’Europe de l’Ouest, mais cette fois-ci contre un peuple arabe et africain, sous les yeux de centaines de millions d’Européens et rien moins qu’au nom de l’Organisation des Nations Unies !

Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a déclaré hier que ces actes de guerre étaient illégaux et sortaient du cadre des accords adoptés par le Conseil de sécurité des Nations Unies.

Les grossières attaques contre le peuple libyen qui prennent un caractère nazi-fascistes peuvent devenir le lot de n’importe quel peuple du Tiers-monde.

La résistance de la Libye m’étonne vraiment.

Maintenant, cette organisation belliciste est à la merci de Kadhafi. Si celui-ci résiste et refuse ses exigences, il passera à l’Histoire comme l’un des grands personnages des pays arabes.

L’OTAN attise un incendie qui peut tout embraser !

 

Fidel Castro Ruz

Le 27 avril 2011

19 h 34

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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 22:34

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Réflexions de Fidel

 

LE NORD TURBIDE ET BRUTAL

 

J’étais en train de lire nombre de documents et de livres pour tenir ma promesse de poursuivre mes Réflexions du 14 avril sur la Bataille de Playa Girón quand j’ai jeté un coup d’œil sur les nouvelles fraîches d’hier, qui sont abondantes, comme chaque jour, et dont on peut accumuler des montagnes n’importe quelle semaine, depuis le séisme au Japon jusqu’à la victoire d’Ollanta Humala sur Keiko, la fille d’Alberto Fujimori, l’ancien président péruvien.

 

Le Pérou est un gros exportateur d’argent, de cuivre, de zinc, d’étain et d’autres minerais ; il possède de grands gisements d’uranium que de puissantes transnationales aspirent à exploiter. C’est de l’uranium enrichi que sortent les armes les plus terribles qu’ait connues l’humanité et c’est lui qui constitue le combustible des centrales atomiques qui, malgré les avertissements des écologistes, se construisaient à un rythme accéléré aux États-Unis, en Europe et au Japon.

 

Il ne serait pas juste,  néanmoins, d’en accuser le Pérou. Ce ne sont pas les Péruviens qui ont créé le colonialisme, le capitalisme et l’impérialisme. Pas plus qu’on ne saurait en accuser le peuple étasunien, lui aussi victime du système qui a engendré dans ce pays les politiciens les plus écervelés que connaisse la planète.

 

Le 8 avril dernier, les maîtres du monde ont fait connaître leur rapport annuel habituel sur les violations des « droits humains », ce qui a provoqué une analyse brillante sur le site web  Rebelión du Cubain Manuel E. Yepe, basée sur la réponse du Conseil d’État chinois, qui énumère des faits prouvant la situation désastreuse de ces droits aux USA.

 

« …ce sont les États-Unis qui violent le plus les droits humains, aussi bien dans le pays même que dans le reste du monde, et c’est l’une des nations qui garantissent le moins la vie, les biens et la sécurité personnelle des habitants.

 

« Chaque année, 1 habitant sur 5 est victime d’une crime, ce qui est le taux le plus élevé de la planète. Selon des chiffres officiels, les personnes de plus de douze ans ont été victimes de 4,3 millions d’actes violents.

 

« La délinquance a énormément augmenté dans les quatre plus grandes villes du pays (Philadelphie, Chicago, Los Angeles et New York) et s’est accrue notablement par rapport à l’an dernier dans d’autres grandes villes (Saint-Louis et Detroit).

 

« La Cour suprême a décidé que la possession d’armes pour la défense personnelle était un droit constitutionnel que les gouvernements des États ne pouvaient ignorer. Sur un pays de 300 millions d’habitants, 90 millions possèdent 200 millions d’armes à feu.

 

« On a enregistré dans ce pays 12 000 homicides par armes à feu, et 47 p. 100 des vols se déroulent avec usage d’armes à feu.

 

« Sous le parapluie de la section "Activités terroristes" du Patriotic Act, la torture et la violence extrême pour tirer de aveux aux suspects sont devenue monnaie courante. Les condamnations injustes se constatent dans le fait que 266 personnes, dont 17 déjà dans le couloir de la mort, ont été acquittées grâce aux tests d’ADN.

 

« Washington prône la liberté sur Internet pour en faire  un important instrument diplomatique de pression et d’hégémonie, mais il impose des restrictions sur le cyberespace aux USA mêmes et tente d’établir un encerclement légal pour contrer le problème que constituent Wikileaks et ses fuites.

 

« Dans un pays accusant un taux de chômage élevé, la proportion des Étasuniens vivant dans la pauvreté a battu des records : 1 habitant sur 8 a dû recourir l’an dernier aux bons alimentaires.

 

« Le nombre de familles hébergées dans des centres d’accueil a augmenté de 7 p. 100 et les familles y sont restées plus longtemps. Les délits violents contre ces familles de SDF ne cessent d’augmenter.

 

« La discrimination raciale imprègne chaque aspect de la vie sociale. Les groupes minoritaires sont discriminés au travail, traités indignement et ne comptent pour rien dans la promotion, les avantages ou la sélection professionnelle. Le tiers des Noirs sont discriminés au travail, bien que 16 p. 100 seulement osent présenter des plaintes.

 

« Le taux de chômage est de 16,2 p. 100 parmi les Blancs, de 22 p. 100 chez les Latinos et les Asiatiques, et de 33 p. 100 chez les Noirs. Les Afro-Américains et les Latinos représentent 41 p. 100 de la population carcérale. Le taux d’Afro-Américains condamnés à vie est 11 fois plus élevé que celui des Blancs.

 

« 90 p. 100 des femmes ont, d’une façon ou d’une autre, souffert de discrimination sexuelle au travail. Vingt millions de femmes sont violées ; presque 60 000 détenues ont été victimes d’agression sexuelle ou de violence. Le cinquième des étudiantes est agressé sexuellement, et 60 p. 100 des viols sur les campus universitaires ont lieu dans les dortoirs de femmes.

 

« 9 étudiants homosexuels, bisexuels ou transsexuels sur  10 sont harcelés dans l’établissement d’enseignement.

 

« Le Rapport rappelle dans un chapitre les violations des droits humains dont le gouvernement étasunien est responsable hors de ses frontières. Les guerres d’Iraq et d’Afghanistan menées par les USA y ont causé une quantité énorme de victimes civiles.

 

« Les actions "antiterroristes " des USA ont compris de graves scandales d’abus contre les prisonniers, d’arrestations indéfinies sans accusations ni procès dans des centres de détention comme celui de Guantánamo et d’autres endroits du monde, créés pour y interroger ce qu’ils appellent "les prisonniers d’une valeur élevée" au moyen des pires tortures.

 

« Le document chinois rappelle aussi que les USA ont violé le droit de la population cubaine à la vie et au développement, bien que la communauté internationale ait voté pendant dix-neuf ans consécutifs à l’Assemblée générale des Nations Unies la résolution "Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les États-Unis".

 

« Les USA n’ont pas ratifié des conventions internationales sur les droits humains, dont le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination de la femme, la Convention sur les droits des personnes handicapées et la Convention sur les droits de l’enfant.

 

« Les données fournis par le gouvernement chinois prouvent que l’histoire funeste des USA dans ce domaine les disqualifie comme "juge des droits humains dans le monde". Leur "diplomatie des droits humains" est pure hypocrisie, un deux-poids-deux-mesures au service de leurs intérêts impériaux stratégiques. Le gouvernement chinois conseille au gouvernement étasunien de prendre des mesures concrètes pour améliorer sa propre situation en matière de droits humains, d’examiner ses actions dans ce domaine et de les rectifier,  et de cesser sa politique hégémonique consistant à utiliser les droits humains pour s’ingérer dans les affaires intérieures d’autres pays. »

 

L’important de cette analyse et de cette dénonciation, à mon avis, est qu’elles proviennent de l’État chinois, d’un pays peuplé de 1,341 milliard d’habitants et possédant deux billions de dollars dans ses réserves monétaires, et sans la coopération commerciale duquel l’Empire naufragerait. Il me semblait important que notre peuple connaisse les données précises contenues dans le document du Conseil d’État chinois.

 

Si Cuba le disait, cela n’aurait pas d’importance : ça fait plus de cinquante ans que nous dénonçons ces hypocrites.

 

Martí l’avait déjà dit voilà cent seize ans, en 1895 : « …la voie – qu’il faut bloquer, et que nous bloquons par notre sang – de l’annexion des peuples de Notre Amérique au Nord turbide et brutal qui les méprise… J’ai vécu dans le monstre et j’en connais les entrailles. »

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 23 avril 2011

19 h 32

 

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