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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 15:51

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Les Latino-Américains ne sont pas des criminels nés et ils n’ont pas inventé les drogues.

Les Aztèques, les Mayas et d’autres groupes humains précolombiens du Mexique et d’Amérique centrale étaient d’excellents agriculteurs et ne cultivaient pas la coca.

Les Quechuas et les Aymaras produisaient des aliments nutritifs sur des terrasses parfaitement alignées qui suivaient les courbes de niveau des Andes. Ils cultivaient le quinoa, une céréale riche en protéines, et la pomme de terre sur la puna, parfois à plus de trois ou quatre mille mètres d’altitude.

Ils connaissaient et cultivaient aussi la coca, dont ils mâchaient les feuilles pour alléger les rigueurs de l’altitude. Son usage actuel remonte donc à la nuit des temps, à l’instar de produits cultivés par d’autres peuples comme le café, le tabac ou le vin.

La coca est originaire des versants abruptes des Andes amazoniennes. Les habitants la connaissaient depuis bien avant l’Empire inca dont le territoire, à son apogée, s’étendait du sud de la Colombie au Nord-Ouest de l’Argentine, couvrant l’Équateur, le Pérou, la Bolivie et l’Est du Chili, soit près de deux millions de kilomètres carrés.

Mâcher la feuille de coca devint un privilège des empereurs incas et de la noblesse durant les cérémonies religieuses.

Une fois disparu l’Empire inca à la suite de l’invasion espagnole, les nouveaux maîtres stimulèrent la mastication traditionnelle de la feuille de coca pour que les indigènes puissent travailler plus longtemps dans la journée, et ce droit a perduré jusqu’à ce que la Convention unique sur les stupéfiants adoptée par les Nations Unies en ait interdit l’usage, hormis à des fins médicinales ou scientifiques.

Presque tous les pays la signèrent. C’est à peine si l’on discutait les questions relatives à la santé. Le trafic de cocaïne n’atteignait pas encore sa gigantesque ampleur actuelle. Depuis, de très graves problèmes ont surgi qui exigent des analyses profondes.

L’ONU affirme avec délicatesse, au sujet de cette question épineuse du rapport entre la drogue et la criminalité organisée : « L’Amérique latine n’est pas efficace dans son combat contre la criminalité. »

Les informations publiées par différentes institutions varient à cause du caractère sensible de cette question. Les données sont parfois si complexes et si nombreuses qu’elles peuvent induire en erreur. En tout cas, ce qui est incontestable, c’est que le problème s’aggrave, et très vite.

Voilà presque un mois et demi, le 11 février 2011, le Conseil citoyen pour la sécurité publique et la justice du Mexique a publié un rapport qui offre des données intéressantes sur les cinquante villes les plus violentes au monde compte tenu des homicides commis en 2010 : le Mexique en réunit le quart. Et, pour la troisième année consécutive, Ciudad Juárez, à la frontière étasunienne, occupe le premier rang.

Le rapport affirme : « Cette année, le taux d’assassinats à Juárez a été supérieur de 35 p. 100 à celui de Kandahar, en Afghanistan, qui occupe la seconde place, et de 941 p. 100 à celui de Bagdad », autrement dit presque dix fois plus que la capitale iraquienne, qui apparaît au cinquantième rang de la liste.

San Pedro Sula, au Honduras, occupe la troisième place avec 125 assassinats pour 100 000 habitants, seulement dépassée par Ciudad Juárez, au Mexique, avec 229 et Kandahar, en Afghanistan, avec 169.

Tegucigalpa, au Honduras, occupe la sixième place, avec 109 assassinats pour 100 000 habitants.

Ainsi donc, le Honduras, le pays où se trouve la base aérienne étasunienne de Palmerola où un coup d’État a été fomenté sous l’administration Obama, compte deux villes parmi les six premières au monde en matière d’assassinat. La capitale du Guatemala atteint 106.

Toujours selon ce rapport, Medellín (Colombie) figure parmi les villes les plus violentes d’Amérique et du monde avec 87,42 assassinats.

Le discours du président étasunien Barack Obama en El Salvador et sa conférence de presse postérieure m’imposent le devoir de publier ces lignes sur ce point.

Dans mes Réflexions du 21 mars, je l’ai critiqué pour son manque d’éthique : n’avoir même pas mentionné au Chili le nom de Salvador Allende, un symbole de dignité et de courage pour le monde entier, mort des suites du coup d’État fomenté par un président étasunien.

Comme il devait se rendre le lendemain en El Salvador, un pays centraméricain qui symbolise les luttes des peuples de Notre Amérique et qui a été parmi ceux qui ont le plus souffert de la politique des USA sur notre sous-continent, j’ai écrit : « Là, il va falloir qu’il s’ingénie pas mal, parce que les armes et les instructeurs reçus des administrations étasuniennes ont fait couler bien du sang dans ce pays frère. Je lui souhaite un bon voyage et un peu plus de… bon sens. »

Je dois avouer qu’il a été un peu plus délicat à cette dernière étape de sa tournée latino-américaine.

Tous les Latino-Américains, croyants ou non, admirent monseigneur Oscar Arnulfo Romero et les six jésuites lâchement assassinés par les nervis que les Etats-Unis ont entraînés, soutenus et armés jusqu’aux dents. Le FMLN, une organisation militante de gauche, livra en El Salvador une des luttes les plus héroïques de notre continent, et le parti issu des rangs de ses glorieux combattants – dont l’histoire profonde n’a pas encore été écrite – fut élu par le peuple à la présidence du pays.

Il est urgent en tout cas de se colleter avec le dilemme dramatique que vit non seulement El Salvador, mais encore le Mexique, le reste de l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud.

Obama en personne a affirmé qu’environ deux millions de Salvadoriens, soit 30 p. 100 des habitants, vivaient aux USA où des centaines de milliers d’habitants ont été contraints d’émigrer à cause de la répression brutale orchestrée contre les patriotes et du pillage systématique de ce pays par les États-Unis.

Ce qu’il y a de nouveau, c’est qu’à la situation désespérée des Centraméricains, sont venus s’ajouter le pouvoir incroyable des bandes  terroristes, le trafic d’armes sophistiquées et la demande de drogues en provenance du marché étasunien.

Dans le bref discours qu’il a prononcé avec son visiteur, le président salvadorien a affirmé :

« J’ai insisté devant lui sur le fait que la criminalité organisée, le trafic de drogues, l’insécurité des citoyens n’étaient pas des questions qui inquiétaient uniquement El Salvador, le Guatemala, le Honduras ou le Nicaragua, ni même le Mexique ou la Colombie, mais qu’elles préoccupaient la région dans son ensemble, et que nous œuvrons à cet égard pour la mise en place d’une stratégie régionale à travers l’Initiative centraméricaine concernant la sécurité régionale (CARCIS). 

« J’ai insisté sur le fait que cette question ne devait pas être abordée seulement par la répression de la criminalité à travers le renforcement de nos polices et de nos armées, mais qu’il fallait aussi mettre l’accent sur la prévention du délit et que la meilleure arme pour combattre la délinquance en soi dans la région était par conséquente d’investir dans des politiques sociales. »

Le président étasunien a répondu :

« Le président Funes s’est engagé à créer plus de possibilités économiques ici, en El Salvador, pour que les gens ne soient pas obligés à se rendre dans le Nord pour maintenir leur famille. 

« Je sais que c’est particulièrement important pour les quelques deux millions de Salvadoriens qui vivent et travaillent aux États-Unis. […] J’ai donc informé le président des nouvelles lois de protection du consommateur que j’ai signées et qui informent mieux les gens et garantissent que les envois de fonds familiaux parviennent à leurs destinataires.

« Nous engageons aussi de nouveaux efforts pour faire face aux trafiquants de drogues et aux gangs qui ont provoqué tant de violence dans tous nos pays, en particulier ici en Amérique centrale. […]

« …nous dégagerons deux cent millions de dollars pour appuyer les efforts ici dans la région, y compris pour aborder… les facteurs sociaux et économiques qui poussent les jeunes à la délinquance. Nous aiderons à renforcer les tribunaux, les groupes de la société civile et les institutions qui défendent la légalité. »

            Rien de mieux pour exprimer l’essence même d’une situation douloureuse et triste.

Le fait est que de nombreux jeunes centraméricains sont poussés par l’impérialisme à tenter de traverser une frontière toujours plus rigide et plus infranchissable ou de prêter service aux richissimes gangs de narcotrafiquants.

J’ai une question à poser à Obama : Ne serait-il pas juste que les États-Unis promulguent une Loi d’ajustement pour tous les Latino-Américains, à l’image de celle qu’ils ont inventée pour punir Cuba voilà plus d’un demi-siècle ? La quantité de personnes qui meurent à la frontière des USA ou qui meurent d’ores et déjà chaque année par dizaine de milliers dans les peuples auxquels vous offrez une « Alliance entre égaux » continuera-t-elle de croître à l’infini ?

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 25 mars 2011

20 h 46

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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 07:46

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La journée d’hier a été longue. Dès midi, j’ai suivi les péripéties d’Obama au Chili, comme je l’avais fait hier avec ses aventures à Rio de Janeiro, une ville qui a brillamment défié et battu Chicago comme candidate aux Jeux olympiques de 2016, à une époque où le nouveau président des États-Unis et Prix Nobel de la paix paraissait un disciple de Martin Luther King.

Nul ne savait quand il arriverait à Santiago-du-Chili. ni ce qu’il y ferait un président des États-Unis dont l’un de ses devanciers avait commis le crime sinistre de fomenter le renversement et la mort de son président héroïque, les horribles tortures et l’assassinat de milliers de Chiliens.

Je me suis efforcé parallèlement de suivre les nouvelles qui parvenaient de la tragédie au Japon et de la guerre brutale déclenchée contre la Libye, tandis que l’illustre visiteur proclamait l’ « Alliance entre égaux » dans la région du monde qui connaît la pire distribution de la richesse.

Tiraillé entre tant de choses, j’ai eu un moment d’inattention et j’ai raté le banquet somptueux servi à des centaines de personnes à partir des choses exquises dont la Nature a doté les mers et qui, s’il tenait tenu dans un restaurant de Tokyo où l’on paie jusqu'à trois cent mille dollars un thon rouge frais, aurait coûté au bas mot dix millions de dollars.

C’était trop de travail pour un jeune de mon âge. J’ai écrit de brèves Réflexion et j’ai dormi de longues heures.

Ce matin, donc, j’étais en pleine forme. Comme mon ami n’arriverait en El Salvador qu’à midi passé, j’ai demandé des dépêches de presse, des articles d’Internet et d’autres textes frais arrivés.

J’ai d’abord constaté que, par ma faute, les dépêches de presse avaient donné de l’importance à ce que j’avais dit dans ces Réflexions au sujet de ma responsabilité de premier secrétaire du parti. Une rapide explication, donc.

Concentré sur l’ « Alliance entre égaux » de Barack Obama, un point d’une grande importance historique – je parle sérieusement – je ne me suis même pas rappelé que le congrès du parti aura lieu en avril prochain. Mon attitude à cet égard a été d’une logique élémentaire. Quand j’ai compris la gravité de mon état de santé, j’ai fait ce que je n’avais pas eu à faire après ma douloureuse chute à Santa Clara : le traitement avait été dur, mais ma vie n’était pas en danger. Quand, en revanche, j’ai rédigé ma « Communication au peuple cubain » du 31 juillet 2006, j’étais conscient que mon état était extrêmement critique. J’ai donc démissionné sur-le-champ de toutes mes fonctions publiques et ajouté quelques instructions pour rassurer et tranquilliser la population. Il ne me semblait pas nécessaire de renoncer, un par un, à chacun de mes postes.

À mes yeux, la fonction politique la plus importante était celle de premier secrétaire du Parti auquel l’autorité suprême correspond, par idéologie et par principe, à une étape révolutionnaire. Mes autres responsabilités étaient celles de président du Conseil d’État et de président du Conseil des ministres, sur élection de l’Assemblée nationale. Il existait un substitut pour ces deux postes, non en vertu de la parenté, que je n’ai jamais considérée comme source de droit, mais en vertu de l’expérience et des mérites.

Le grade de commandant-en-chef, c’est la lutte même qui me l’avait conféré, plus par hasard que par mérites personnels. À une étape postérieure, la Révolution a confié la direction de toutes les institutions armées au président, une fonction qui doit revenir à celui qui est premier secrétaire du parti, car c’est là à mon avis la décision correcte dans un pays comme Cuba qui doit faire face à un obstacle aussi considérable que l’Empire étasunien.

Depuis notre précédent Congrès du parti, quasiment quatorze ans se sont écoulés qui ont coïncidé avec la disparition de l’URSS et du camp socialiste, avec la Période spéciale et avec ma maladie.

Après avoir récupéré en partie ma santé, il ne m’est pas venu à l’idée que je devais renoncer formellement et expressément à chacune de mes fonctions. J’ai accepté durant cette période l’honneur d’avoir été élu député à l’Assemblée nationale, une responsabilité qui n’exigeait pas ma présence physique et d’où je pouvais faire part de mes idées.

Comme j’ai maintenant plus de temps que jamais pour observer, m’informer et exposer des points de vue, je remplis modestement mon devoir de me battre pour les idées que j’ai défendues tout au long de ma vie.

Je prie mes lecteurs de m’excuser du temps perdu à cette explication, mais les circonstances m’y obligent.

Car je n’oublie pas que le point le plus important est l’alliance insolite que l’illustre président des États-Unis propose entre millionnaires et crève-la-faim.

Les personnes bien informées – qui connaissent par exemple l’histoire de notre sous-continent, de ses luttes, voire celle de Cuba défendant contre l’Empire la Révolution qui, comme Obama lui-même l’a reconnu, « a duré plus longtemps que lui-même » - s’étonneront assurément de cette proposition.

Le président étasunien, on le sait, est un bon faufileur de mots, ce qui, de pair avec la crise économique, la montée du chômage, la perte de logements et la mort de soldats dans les guerres insanes de Bush, l’a aidé à remporter la victoire.

Tout compte fait, je ne m’étonnerais pas qu’il soit l’auteur de cette appellation ridicule dont on a affublé la tuerie en Libye : « Aube de l’odyssée », qui doit faire trembler les restes d’Homère et de ceux qui contribuèrent à forger la légende contenue dans le fameux poème grec, quoique j’admette la possibilité que ce soit une création des chefs militaires qui manient les milliers d’ogives nucléaires par lesquelles un simple ordre du Prix Nobel de la paix peut décréter la fin de notre espèce.

Les ambassades étasuniennes ont distribué partout des copies du discours qu’il a adressé, depuis le Centre culturel Palais de la Monnaie, aux Blancs, aux Noirs, aux Indiens, aux métis et non-métis, aux croyant et incroyants des Amériques, et qui a été traduit et divulgué par Chile TV, par CNN, et, j’imagine, par d’autres émetteurs en d’autres langues.

Il est dans le style de celui qu’il a prononcé, à sa première année de mandat, au Caire, la capitale de son ami et allié Hosni Moubarak, dont un président étasunien est censé savoir qu’il volait des dizaines de milliards de dollars à son peuple.

« Le Chili prouve qu’il n’y a pas de raisons que nous soyons divisés par la race ou la religion ou par des conflits ethniques… »,a-t-il assuré, biffant ainsi le problème américain d’un trait de plume.

Il parle ensuite, presque aussitôt, de « ce cadre merveilleux, à quelques pas de là où le Chili a perdu sa démocratie voilà plusieurs décennies… »  Évoquer le coup d’État, l’assassinat du digne général Schneider ou le nom glorieux de Salvador Allende, comme si Washington n’avait absolument rien à voir avec ça, lui écorcherait la bouche…

En revanche, il a prononcé plusieurs fois le nom du grand poète Pablo Neruda, dont la mort fut accélérée par le coup d’État et dont il a cité le vers : « Nos guides de départ sont la lutte et l’espérance. »

Alors, là, j’ai été soufflé des profondes connaissances historiques dont fait preuve Obama presque dès le début de son discours ! Un conseiller irresponsable aurait-il donc omis de lui expliquer que Neruda était un militant du Parti communiste chilien, un ami de la Révolution cubaine, un grand admirateur de Simón Bolívar qui renaît tous les cent ans, un inspirateur du Guérillero héroïque, le Che Guevara ?

Après plusieurs paragraphes insignifiants, il reconnaît :

« Je sais que je ne suis pas le premier président des États-Unis à promettre un nouvel esprit de partenariat avec nos voisins latino-américains… je sais qu’il y a eu des époques où les États-Unis n’ont peut-être pas fait grand cas de cette région. »

« …l’Amérique latine n’est plus ce cliché éculé d’une région constamment en conflit ou attrapée dans des cycles de pauvreté interminables.

« …En Colombie, de grands sacrifices de la part des citoyens et des forces de sécurité ont permis de restaurer un niveau de sécurité sans précédent en plusieurs décennies. »

Bien entendu, là-bas, pas de trafic de drogues, pas de paramilitaires, pas de fosses clandestines.

Pour lui, la classe ouvrière n’existe pas, pas plus que les paysans sans terre, ni les analphabètes, ni la mortalité infantile et maternelle, ni ceux qui perdent la vue ou qui sont victimes de parasites comme dans la maladie de Chagas ou de bactéries comme dans le choléra :

« De Guadalajara à Santiago et à Sao Paulo, une nouvelle classe moyenne demande davantage de soi-même et des gouvernements.

« […] quand un coup d’État au Honduras a menacé le progrès démocratique, les nations du continent ont invoqué unanimement la Charte démocratique interaméricaine, ce qui a contribué à jeter les fondations du retour à la légalité. »

La véritable raison de ce discours merveilleux d’Obama apparaît sans conteste à mi-discours :

« …l’Amérique latine est en train de devenir tout simplement plus importante pour les États-Unis, en particulier pour notre économie. […] Aucun autre pays n’achète plus de vos produits, plus de vos biens que nous, aucun autre pays n’investit plus que nous dans cette région. 

« Par exemple, nous exportons en Amérique latine le triple de ce que nous exportons en Chine. Nos exportations dans cette région-ci… augmentent plus rapidement que dans le reste du monde. »

Mais peut-on vraiment en conclure, comme il le fait ?

« Bref, plus l’Amérique latine sera prospère, et plus les États-Unis le seront. »

Il consacre ensuite des phrases insipides aux faits réels :

« Mais soyons honnêtes et admettons… que le progrès dans les Amériques ne va pas assez vite. En tout cas, pas pour les millions de personnes qui endurent l’injustice de la pauvreté extrême. Pas pour les enfants des bidonvilles et des favelas qui veulent seulement avoir les mêmes chances que tous les autres. […]

« […] Le pouvoir politique et économique est trop souvent concentré en quelques mains, au lieu de servir à la multitude. […]

« Bien entendu, nous ne sommes pas la première génération à devoir relever ces défis. Voila cinquante ans ce mois-ci, le président John F. Kennedy avait proposé une ambitieuse Alliance pour le progrès. […]

« La gageure du président Kennedy se maintient: "Bâtir un continent où tout le monde puisse aspirer à un niveau de vie viable, convenable, où tout le monde puisse vivre d’une manière digne et libre." »

Il est incroyable qu’on vienne nous raconter de telles fadaises qui constituent une insulte à l’intelligence humaine.

Forcément, il n’a pas pu ne pas parler, entre autres grandes calamités, d’un problème causé par le colossal marché que représentent les USA en drogues et en armes :

« Les gangs de criminels et de trafiquants de drogues constituent une menace non seulement à la sécurité de nos citoyens, mais encore au développement, parce qu’ils font fuir les investissements dont les économies ont besoin pour prospérer ; et ils menacent directement la démocratie, parce qu’ils alimentent la corruption qui ronge les institutions de l’intérieur. »

Et d’ajouter à contrecœur :

« Mais nous ne briserons jamais l’emprise des cartels et des gangs tant que nous ne nous attaquerons pas aux facteurs sociaux et économiques qui nourrissent la criminalité. Nous devons toucher les jeunes en danger avant qu’ils ne se tournent vers les drogues et le crime. […]

« …en tant que président, j’ai dit clairement que les États-Unis partageaient et acceptaient leur part de responsabilité dans la violence issue de la drogue. Après tout, la demande de drogues, y compris aux États-Unis, actionne cette crise. Voilà pourquoi nous avons mis au point une nouvelle stratégie de contrôle de la drogue axée sur la réduction de la demande à travers l’éducation, la prévention et le traitement. »

Il se garde bien dire, par exemple, qu’au Honduras 76 habitants sur 100 000 meurent à cause de la violence, soit dix-neuf fois plus qu’à Cuba où ce problème n’existe pratiquement pas malgré la proximité des États-Unis.

Après avoir aligné un certain nombre de balivernes de ce genre – sur les armes saisies en route vers le Mexique, sur le Partenariat transpacifique, sur la Banque interaméricaine de développement dont il dit que son pays s’efforce d’accroître le nouveau « Fonds de croissance des Amériques à partir de microcrédits », après avoir promis de créer de nouvelles « voies de prospérité » et avoir prononcé d’autres termes tout aussi grandiloquents en anglais et en espagnol, Obama en revient à ses promesses farfelues d’unité continentale, puis tente d’impressionner ses auditeurs par les risques des changements climatiques :

« …Et si quelqu’un doute de l’imminence des changements climatiques, il lui suffit de regarder pas plus loin que dans nos Amériques, depuis les tempêtes plus fortes dans les Caraïbes jusqu’à la fonte des glaciers dans les Andes, en passant par la disparition de forêts et de terres arables dans tout la région. »

S’il avait du moins le courage de reconnaître que son pays est le plus grand responsable de cette tragédie...

Puis il annonce fièrement :

« …les États-Unis travailleront avec des partenaires dans cette région, dont le secteur privé, afin d’accroître la quantité d’étudiants étasuniens en Amérique latine à 100 000, et la quantité d’étudiants latino-américains aux États-Unis à 100 000. »

On sait combien coûtent des études de médecine ou de quoi que soit dans ce pays, qui se livre par ailleurs à un vol de cerveaux éhonté.

Tout ce verbiage pour conclure sur des louanges à l’OEA, que notre ministre des Relations extérieures, Raúl Roa, avait taxée de « ministère des Colonies yankees » quand, dans une mémorable dénonciation au nom de notre patrie aux Nations Unies, il avait informé que l’administration étasunienne avait, le 15 avril 1961, fait bombarder notre territoire par des B-26 peints à nos couleurs. Une action ignominieuse qui aura cinquante ans dans vingt-trois jours.

Obama était convaincu d’avoir parfaitement préparé le scénario pour proclamer son droit à s’ingérer dans notre pays. Il avoue sans fard

« avoir permis aux Étasuniens d’envoyer de l’argent à Cuba afin que les gens puissent avoir un certain espoir économique et devenir plus indépendants des autorités cubaines. Allant plus loin, nous continuerons de chercher des moyens d’accroître l’indépendance du peuple cubain qui a droit à la même liberté que tous les autres sur ce continent. »

Il reconnaît ensuite que le blocus fait du tort à Cuba, prive son économie de ressources. Pourquoi ne reconnaît-il pas que les intentions d’Eisenhower et l’objectif explicite des États-Unis étaient justement d’obtenir la reddition du peuple cubain par la faim ? Pourquoi le maintient-il ? Combien de centaines de milliards de dollars les États-Unis doivent-ils verser à notre pays à titre d’indemnités ?  Pourquoi continue-t-il d’emprisonner les cinq héros cubains qui luttaient contre le terrorisme ?  Pourquoi n’applique-t-il pas la loi d’Ajustement cubain à tous les Latino-Américains afin que des milliers d’entre eux ne soient pas tués ou blessés en tentant de franchir la frontière que les USA ont imposée au Mexique après lui avoir volé plus de la moitié de son territoire ?

Je prie le président étasunien de me pardonner ma franchise. Je n’ai aucune hostilité envers lui ni envers son peuple. Je fais simplement mon devoir de dire ce que je pense de son « Alliance entre égaux ».

Les États-Unis ne gagneront rien à créer et à promouvoir dans notre pays le métier de mercenaire. Je puis assurer que les jeunes qui sortent excellemment formés de notre Université des sciences informatiques s’y connaissent bien plus en Internet et en informatique que le Prix Nobel et président des États-Unis.

 

Fidel Castro Ruz

Le 22 mars 2011

21 h 17

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 01:04

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Réflexions du compañero Fidel

 

« LES CHAUSSONS ME SERRENT »

 

Tandis que les réacteurs sinistrés lancent de la fumée radioactive sur le Japon et que des avions au profil monstrueux et des sous-marins atomiques déversent leurs charges meurtrières télécommandées sur la Libye, un pays nord-africain d’à peine six millions d’habitants, Barack Obama racontait aux Chiliens une comptine semblable à celles que j’écoutais quand j’avais quatre ans : « Les chaussons me serrent, les chaussettes me tiennent chaud, et le baiser que tu m’as donné, je l’emporte en mon cœur. »

 

Certains de ses auditeurs ont dû rester estomaqués dans ce « Centre culturel » de Santiago-du-Chili.

 

Quand le président a scruté anxieusement son public après avoir mentionné la perfide Cuba, attendant une salve d’applaudissements, un silence glacial lui a répondu. Dans son dos – ah, bienheureux hasard ! – parmi les drapeaux latino-américains, il y avait précisément celui de Cuba.

 

S’il avait regardé une seconde par-dessus son épaule droite, il aurait vu – telle une ombre – le symbole de la Révolution dans l’île rebelle que son puissant pays a voulu détruire, sans y être jamais parvenu.

 

Il faut être sans doute extraordinairement irréfléchi pour penser que les peuples de Notre Amérique applaudiraient au cinquantième anniversaire de l’invasion mercenaire de Playa Girón,à cinquante ans de blocus économique criminel d’un pays frère, à cinquante ans de menaces et d’attentats terroristes qui ont coûté des milliers de vies, à cinquante ans de projets d’assassinat des dirigeants d’une révolution historique.

 

J’ai senti qu’il parlait de moi.

 

Oui, j’ai prêté service à la Révolution pendant très longtemps, mais je n’ai jamais esquivé les risques, ni violé de principes constitutionnels, idéologique ou moraux. Je regrette de ne pas avoir eu plus de santé pour continuer de la servir.

 

Quand je suis tombé malade, j’ai renoncé sans hésitation à toutes mes responsabilités étatiques et politiques, même à celle de Premier secrétaire du Parti, et je n’ai jamais tenté de les exercer après mon Adresse du 31 juillet 2006, même quand j’ai recouvré en partie ma santé plus d’un an après, bien que tout le monde ait continué de m’appeler affectueusement  de cette manière.

 

Mais je suis et resterai ce que j’ai promis d’être : un soldat des idées, tant que je pourrai penser ou respirer.

 

Quand on a interrogé Obama au sujet du coup d’État contre l’héroïque président Salvador Allende, fomenté comme tant d’autres par les États-Unis, et de la mort mystérieuse d’Eduardo Frei Montalva, assassiné par des agents de la DINA, une création du gouvernement étasunien, il a perdu sa présence d’esprit et a commencé à bafouiller.

 

Le commentaire de la télévision chilienne à la fin de son discours a été on ne peut plus exact : Obama n’a rien à offrir au continent.

 

Pour ma part, je ne veux pas donner l’impression que j’éprouve de la haine envers lui, encore moins envers le peuple étasunien, dont, je le reconnais, beaucoup de fils ont contribué à la culture et à la science.

 

Obama a encore un déplacement à faire, demain matin, en El Salvador. Là, il va falloir qu’il s’ingénie pas mal, parce que les armes et les instructeurs reçus des administrations étasuniennes ont fait couler bien du sang dans ce pays frère.

 

Je lui souhaite un bon voyage et un peu plus de… bon sens.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 21 mars 2011

21 h 32

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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 00:52

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Samedi soir, 19 mars, après un succulent banquet, les dirigeants de l’OTAN ont ordonné d’attaquer la Libye.

Il coule de source que rien ne pouvait advenir sans que les États-Unis ne réclament de jouer leur rôle incontournable de chef suprême. Et c’est depuis le Q.G. de cette institution en Europe qu’un officier supérieur a fait savoir que l’opération « Aube de l’Odyssée » démarrait.

L’opinion publique mondiale était bouleversée par la tragédie du Japon où le nombre de victimes du séisme, du tsunami et de l’accident nucléaire n’a cessé de croître pour se situer désormais à des dizaines de milliers de personnes mortes, disparues ou irradiées. La résistance à l’énergie atomique se renforcera aussi considérablement.

Le monde souffre en même temps les conséquences des changements climatiques, de la pénurie des aliments et de la hausse de leurs cours, du gaspillage croissant des ressources naturelles et humaines. Une guerre aujourd’hui est la chose la plus inopportune qui soit.

Du coup, la tournée d’Obama en Amérique latine est passée au second plan, et quasiment personne ne s’y arrête. En tout cas, au Brésil, les contradictions d’intérêts entre les États-Unis et ce pays frère sont devenues évidentes.

On ne saurait oublier que Rio de Janeiro a rivalisé avec Chicago pour décrocher l’organisation des Jeux olympiques de 2016.

Obama a voulu entrer dans les bonnes grâces du géant sud-américain : il a parlé de « la montée extraordinaire du Brésil » qui a attiré l’attention mondiale et a vanté son économie comme l’une de celles qui croissent le plus vite au monde, mais il s’est bien gardé de soutenir si peu que ce soit la candidature du Brésil comme membre permanent d’un Conseil de sécurité fondé sur les privilèges.

La présidente brésilienne n’a pas hésité à dire son désaccord avec les mesures protectionnistes que les USA imposent à son pays par le biais de tarifs et de subventions qui constituent un fort obstacle à son économie.

L’écrivain argentin Atilio Boron affirme :

« … ce qui intéresse le plus [Obama] en sa qualité de gérant de l’Empire, c’est de contrôler toujours plus l’Amazonie. L’une des conditions sine qua non de ce projet est d’entraver, faute de pouvoir l’arrêter, la coordination et l’intégration politiques et économiques croissantes de la région, qui ont été si importantes pour torpiller l’ALCA en 2005 et frustrer la conspiration sécessionniste et putschiste en Bolivie (2008) et en Équateur (2010). Il doit aussi s’efforcer de semer la discorde entre les gouvernements les plus radicaux de la région (Cuba, Venezuela, Bolivie et Équateur) et les gouvernements "progressistes", surtout le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay…

« Pour les stratèges étasuniens les plus osés, le bassin amazonien, à l’instar de l’Antarctique, est une zone de libre-accès où aucune souveraineté nationale n’est reconnue… »

Obama se rend demain au Chili. Il y aura été précédé d’une interview que le journal El Mercurio a publiée ce dimanche, dans laquelle il avoue que « le Discours pour les Amériques » - c’est ainsi qu’il le qualifie – se fonde sur « une alliance égalitaire » avec l’Amérique latine. Une affirmation qui nous laisse pantois et qui rappelle l’annonce de « l’Alliance pour le progrès » qui précéda l’expédition mercenaire de Playa Girón.

Il avoue :

« …notre vision pour le continent… se fonde sur la conception de l’alliance égalitaire que j’ai poursuivie depuis que je suis devenu président des États-Unis.

« Je mettrai l’accent sur des domaines spécifiques dans lesquels nous pourrons travailler ensemble, tels que la croissance économique, l’énergie, la sécurité des citoyens et les droits humains…

« Cette vision vise à améliorer la sécurité commune, à élargir les chances économiques, à garantir un avenir énergétique non polluant et à soutenir les valeurs démocratiques que nous partageons.

« …promouvoir un continent sûr, stable et prospère où les États-Unis et nos alliés assument en commun des responsabilités dans des questions clefs aussi bien régionales que mondiales. »

On le voit, tout est beau et merveilleux, digne d’être enseveli, tels les secrets de Reagan, pour le publier dans deux cents ans. Le hic, c’est que, comme en informe l’agence DPA qui reproduit un sondage fait par le journal La Tercera : « …en 2006, 43 p. 100 des Chiliens rejetaient les centrales nucléaires. Deux ans après, c’était 52 p. 100, et 74 p. 100 en 2010. Aujourd’hui, après les événements japonais, ce sont 86 p. 100 des Chiliens qui n’en veulent pas. »

Reste à poser une question à M. Obama. Puisque l’un de ses illustres prédécesseurs, Richard Nixon, a fomenté le coup d’État et causé la mort héroïque de Salvador Allende, les tortures et l’assassinat de milliers de personne, en demandera-t-il pardon au peuple chilien ?

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 20 mars 2011

20 h 14

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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 00:30

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Nous avions vu en ces jours douloureux les images d’un séisme de magnitude 9 à l’échelle de Richter, accompagné de centaines de fortes répliques et d’un tsunami dont les sombres vagues de dix mètres de haut ont emporté des dizaines de milliers de personnes en même temps que des voiture et des camions qu’elles ont déposés sur des édifices et des installations de trois ou quatre étages.

Des médias sophistiqués nous avaient saturés de nouvelles de risques de guerres fratricides, de trafics d’armes associés aux drogues qui ont coûté la vie, en cinq années seulement, à plus de trente-cinq mille personnes au Mexique, de changements climatiques dans différents pays, de canicules asphyxiantes, de glaciers fondant aux pôles, de pluies diluviennes, de pénuries d’aliments et de leur hausse croissante…

Nous avions vraiment besoin de consolation. Et voilà qu’elle vient de nous arriver à travers ce bon ange de notre espèce : le Conseil de sécurité des Nations Unies avec sa colossale tromperie, les certificats de bonne conduite !

L’Agence Europa Press nous avait déjà appris, bien entendu, que le bilan du séisme et du tsunami étaient de 6 539 morts et de 10 259 disparus, « selon le dernier bilan ».

Bien qu’on ignore encore « où se trouvent des dizaines de milliers de personnes », un préfet a suggéré que les survivants devraient s’installer ailleurs au Japon.

Selon une agence de presse japonaise, « les aéroports, les ports et les routes endommagés ont été réparés graduellement ».

L’agence anglaise Reuters est  moins optimiste quand elle affirme qu’ « une “solution à la Tchernobyl” peut être l’ultime recours, et que les autorités affirment qu’ « il est encore trop tôt pour parler de mesures à long terme et qu’il faut d’abord tenter de refroidir les six réacteurs de la centrale et les piscines de stockage du combustible. »

Le professeur Murray Jennex, de l’université californienne de San Diego, a affirmé que les réacteurs « sont comme les cafetières. Si vous les laissez sur le feu, elles bouillent et finissent par se fendre… Jeter du ciment n’aiderait pas à garantir la cafetière. Mais ça se pourrait, on pourrait construire une cuirasse de béton et l’oublier. »

Selon une agence de presse européenne, « une "course contre la montre" a démarré pour refroidir les réacteurs, a déclaré vendredi le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Yukiya Amano. Parlant de la centre nucléaire de Fukusihma  il a affirmé : "C’est un accident extrêmement grave", après une réunion avec le Premier ministre japonais Naoto Kan. »

Le monde a été sans aucune doute bouleversé par l’accident inattendu du Japon qui a ébranlé jusque dans ses fondements le développement énergétique de la planète : 442 centrales nucléaires sont en service, dont beaucoup ont besoin d’une rénovation ; en 1986, l’accident de Tchernobyl avait paralysé les programmes de construction de centrales, et ceux-ci étaient sur le point de reprendre et de s’amplifier.

Nos inquiétudes au sujet d’une action militaire de l’OTAN dans le nord de l’Afrique en vue d’occuper les riches gisements de pétrole léger de Libye et de garantir à l’Occident les énormes ressources énergétiques du Moyen-Orient, après la vague révolutionnaire des peuples arabes, ne seraient-elles pas exagérées ?

Les sérieuses menaces d’une nouvelle crise économique troublaient les économistes.

Et les mauvaises nouvelles ne cessent de tomber.

« Des milliers de manifestants chiites scandaient des slogans antigouvernementaux près de Manama après les prières du vendredi, bien que les autorités de Bahreïn aient interdit les manifestations, a constaté l’AFP. La répression… a causé au moins huit morts cette semaine : quatre manifestants et quatre policiers. "Nous sommes prêts à donner notre sang et notre âme pour Bahreïn", criaient les manifestants. Les autorités bahreïnies ont décrété l’état d’exception cette semaine […] la Ve flotte des États-Unis est basée dans ce petit royaume. »

AFP, 18 mars 2011

« Plus de trente personnes sont mortes et une centaine ont été blessées ce vendredi par des coups de feu tirés contre des manifestants qui réclament la démission du président yéménite, Ali Abdallah Saleh, à Sana, selon un nouveau bilan émanant de sources médicales. "La plupart des victimes ont été atteints à la tête, au cou et à la poitrine", a affirmé un médecin à l’AFP. »

Il s’agit d’un allié indéfectible des USA, qui peut compter sur le soutien des forces saoudites.

AP, 18 mars 2011

« Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a pris la parole après les prières musulmanes du vendredi. Il a remercié les habitants, ainsi que les forces de sécurité "d’avoir agi comme des boucliers pour leur pays". »

 « Islamabad, 18 mars (AFP). Des milliers de personnes ont manifesté vendredi dans les rues des principales villes pakistanaises contre l’attaque d’un drone étasunien qui a tué trente-cinq personnes cette semaine et contre la libération d’un employé de la CIA arrêté pour assassinat. »

Cet employé a été libéré après le paiement de deux millions de dollars aux familles de deux hommes qu’il a tué dans une rue de Lahore.

À quoi bon le Conseil de sécurité, le veto et l’anti-veto, la majorité et la minorité, les abstentions, les discours, la démagogie et les plaidoiries solennelles de Ban Ki-moon ?

Surtout, à quoi bon l’OTAN, ses 5,5 millions de soldats (selon les calculs de spécialistes bien qualifiés), ses 19 845 chars, ses 57 938 blindés, ses 6 492 avions de guerre, ses 2 482 hélicoptères, ses 19 porte-avions, ses 156 sous-marins, ses 303 bâtiments de surface, ses 5 728 projectiles nucléaires, ses dizaines de milliers de  bombes atomiques dont le pouvoir destructeur équivaut à des centaines de milliers de fois celui des bombes d’Hiroshima et de Nagasaki ?

Un tel pouvoir est pure stupidité : il ne s’utiliserait pas, il ne peut pas s’utiliser. Il faudrait des dizaines de planètes comme notre Terre. Il ne sert qu’à prouver le gaspillage et le chaos engendrés par le capitalisme.

On peut consacrer son temps à des choses moins sinistres et plus risibles.

L’agence DPA informe par exemple : « Port-au-Prince, 18 mars 2011. L’arrivée de Jean-Bertrand Aristide à Port-au-Prince ce vendredi ne peut avoir surpris personne. »

« 19 janvier. Aristide a fait connaître depuis l’Afrique du Sud une "lettre ouverte" dans laquelle il se dit "prêt" à rentrer en Haïti "à tout moment" pour "contribuer en simple citoyen à l’éducation"… »

« 20 janvier. Le département d’État étasunien s’est dit contraire au retour d’Aristide, du moins avant la fin des élections. »

Le département d’État, dont le gouvernement a engendré Papa Doc et renversé et expulsé le président Aristide en Afrique voilà sept ans  se mêle même de ça !

Une dépêche de Notimex, daté d’aujourd’hui, 18 mars, du Panama a fait savoir, selon une dépêche révélée par Wikileaks, que des navires de guerre étasuniens sont entrés au Panama : « Aux termes d’un accord signé le 15 avril 2009, les bâtiments militaire ont reçu l’autorisation d’entrer dans les eaux panaméennes du 3 mai au 30 juin, date où le président Torrijos devait être remplacé par Ricardo Martinelli, de droite. À ce jour, le gouvernement panaméen avait refusé d’accepter ce genre de demande, au motif de la sensibilité des Panaméens au sujet d’opération militaires avec l’armée des USA. »

AP nous raconte aujourd’hui une autre petite histoire intéressante sur les trucs de la politique extérieure étasunienne :

« Le Chili et les États-Unis ont signé vendredi un accord portant sur l’énergie nucléaire, malgré les craintes d’une propagation de la radioactivité au Japon après qu’un séisme et un tsunami ont sévèrement endommagé les réacteurs atomiques d’une centrale située sur la côte nord-orientale de ce pays. L’accord a été signé vendredi matin par l’ambassadeur étasunien, Alejandro Wolff, et le ministre chilien des Affaires étrangères, Alfredo Moreno. […] Des fonctionnaires de la Maison-Blanche n’ont pas pu confirmer cette signature tant attendue qui marquera, suppose-t-on, la visite que le président Barack Obama entreprendra lundi au Chili. »

Peu importe, les apparences sont sauves et permettront de manipuler l’opinion publique : les fonctionnaires de la Maison-Blanche insisteront sur le fait que « l’accord porte sur la formation d’ingénieurs atomiques, non sur la construction de réacteurs ».

Comme la technologie nucléaire japonaise est essentiellement étasunienne, les techniciens tireraient sûrement plus de leçons en étudiant ce qu’il s’est passé dans ce malheureux pays dont la population a déjà été victime d’un prédécesseur cruel et sans scrupules du président étasunien actuel.

Qui donc Obama, l’OTAN et Ban Ki-moon pensent-ils duper avec leurs certificats de bonne conduite ?

 

Fidel Castro Ruz

Le 18 mars 2011

20 h 54

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 10:12

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Juan Kalvellido

Si la vitesse de la lumière n’existait pas, si l’étoile la plus proche de notre Soleil n’était pas à quatre années-lumière de la Terre, la seule planète habitée de notre système, si les OVNI existaient pour de bon, les visiteurs imaginaires de notre planète poursuivraient leur voyage sans rien comprendre aux choses de notre douloureuse humanité.

 

Voilà quelques siècles à peine dans l’histoire millénaire de l’homme, nul ne savait ce qu’il se passait de l’autre côté du globe terrestre. Aujourd’hui, nous pouvons le savoir à l’instant, et ce sont parfois des événements capitaux qui concernent tous les peuples du monde,

 

Sans autre préambule, je me bornerai aux nouvelles les plus importantes de ces deux derniers jours.

 

 « L’éruption d’un volcan au Japon provoque une nouvelle alarme

 

« TeleSur, 13 mars 2011. L’Agence météorologique japonaise a fait savoir que le volcan Shimoedake, qui s’élève dans l’île Kyushu au sud-ouest du pays, a rejeté ce dimanche des cendres et des pierres jusqu’à quatre kilomètres de hauteur, après deux semaines de calme relatif et deux jours après le séisme dévastateur et le tsunami qui ont frappé le pays.

 

«…il est entré en activité en janvier dernier  pour la première fois en cinquante-deux ans…

 

« Selon un rapport de la BBC, des constructions situées dans un rayon de quatre kilomètres auront souffert des dommages, et des centaines de personnes, prises de panique, se sont enfuies des environs.

 

« Le… mouvement sismique de magnitude 9,0 sur l’échelle de Richter a eu, selon l’agence météorologique japonaise, des répercussions sur d’autres volcans… »

 

« Le Japon accablé par le séisme, le tsunami et des explosions dans des centrales atomiques.

 

« Sendai (Japon), 14 mars 2011 (AFP). Une double explosion dans le réacteur nº 3 de la centrale atomique de Fukushima 1 a alimenté ce lundi la crainte d’une catastrophe atomique au Japon, déjà accablé par un séisme et un tsunami qui pourraient avoir causé plus de dix mille morts.

 

« La Tokyo Electric Power (TEPCO), opératrice de Fukushima 1 (à 250 km au  nord-est de Tokyo), a admis en plus la possibilité que le combustible du réacteur nº 2 soit entré en fusion à cause d’une avarie dans le circuit de refroidissement. De son côté, le gouvernement a minimisé la possibilité qu’une explosion importante se soit produite dans ce réacteur.

 

« Les équipes de sauvetage ont découvert près de deux mille cadavres sur la côte de la préfecture de Miyagi (au nord-est), tandis que des millions de Japonais tentent de survivre sans eau, sans électricité, sans combustible ni nourriture suffisante, et que ces centaines de milliers sont contraints de vivre dans des refuges parce que le tsunami a détruit leurs logements.

 

« Des secouristes du monde entier arrivent dans l’archipel pour collaborer avec les plus de cent mille soldats qui tentent de prêter une aide dans un pays encore secoué par des répliques du séisme et vivant dans l’angoisse permanente à cause des fausses alertes à un nouveau tsunami.

 

« La crainte d’une catastrophe atomique se joint aux angoisses provoquées par la dévastation. Le séisme, le tsunami et les explosions dans les centrales atomiques plongent le pays dans "sa pire crise … depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale", a affirmé le Premier ministre Naoto Kan.

 

« Une explosion a eu lieu samedi dans le réacteur nº 1, qui a coûté la vie à un technicien et en a blessé onze.

 

« La fusion se produit à cause du réchauffement des barres de combustible qui finissent par fondre comme de la cire.

 

« Les autorités ont décrété l’état d’urgence dans une seconde centrale atomique, celle d’Onagawa (au nord-est)…

 

« Le système de refroidissement d’une autre centrale, celle de Tokai, a souffert une avarie.

 

« Le tremblement de terre, magnitude 8,9 et le tsunami postérieur de dix mètres de haut ont rasé vendredi la côte nord-est de l’archipel nippon.

 

« Plus de dix mille personnes pourraient avoir perdu la vie dans la préfecture côtière de Miyagi (au nord-est du Japon).

 

« Au moins 5,6 millions de foyers sont sans électricité. »

 

« DONNÉES. Que se passe-t-il dans les réacteurs nucléaires du Japon ?

 

« Mardi 14 (Reuters). Une seconde explosion a ébranlé la centrale nucléaire japonaise déjà endommagée par un séisme, et les autorités travaillent désespérément pour éviter la fusion du cœur des réacteurs.

 

« Le cœur d’un réacteur consiste en un série de tubes ou de barres de zirconium qui contiennent des pastilles de combustible d’uranium stocké dans ce que les ingénieurs appellent des équipements de combustible.

 

 « Le système de refroidissement de secours des réacteurs nº 1, nº 2 et nº 3 de la centrale de Fukushima a souffert divers problèmes ces trois derniers jours.

 

« Pourtant, la dégradation naturelle des matériaux radioactifs dans le cœur du réacteur continue de produire de la chaleur, appelée chaleur résiduelle, qui tombe à un quart de son niveau original durant la première heure et disparaît ensuite plus lentement.

 

« Cette chaleur est normalement éliminée par des pompes de réfrigération dont l’alimentation d’énergie en cas d’imprévu a été interrompue, dans la centrale de Fukushima, à cause du séisme ou du tsunami, ou des deux à la fois.

 

« C’est ce gaz d’hydrogène qui a causé les deux explosions dans l’usine de Fukushima, dans l’unité nº 1 le samedi et dans le réacteur nº 3 le lundi, selon des experts et des fonctionnaires.

 

« Si un dôme d’acier se brisait à l’intérieur d’un réacteur, les niveaux de radiations augmenteraient. Mais, selon les experts, il n’y plus assez de chaleur pour les détruire.

« Le risque de fusion du cœur persiste, ce qui pourrait beaucoup gêner, voire interdire l’enlèvement du combustible, ce qui est arrivée à Three Mile Island en Pennsylvanie, en 1979. »

 

 « Les USA éloignent des navire de la côte japonaise après avoir détecté de la radioactivité chez dix-sept militaires.

 

« EFE, 14 mars. Le Pentagone a fait savoir aujourd’hui que de "faibles niveaux" de radioactivité avaient été détectés chez dix-sept militaires qui participaient aux opérations de secours au Japon et qu’il a ordonné de repositionner temporairement les bâtiments de la VIIe flotte basée à Yokosuka.

 

« Le porte-avions Ronald Reagan se trouvait à cent soixante kilomètres au nord-est de la centrale atomique au moment de la fuite, après le tsunami qui a suivi le séisme de magnitude 9 sur l’échelle de Richter qui a secoué le Japon.

 

« Tentative de refroidissement des réacteurs nº 2 et 3  de Fukushima et augmentation du chiffre de morts.

 

« Rédaction internationale, 14 mars (EFE). Les responsables du réacteur nº 2 de la centrale japonaise de Fukushima tentent de le refroidir, dans la mesure où il a pu avoir souffert aujourd’hui une fusion partielle par surchauffe, de même qu’ils refroidissent le réacteur nº 3 où une explosion n’a pas provoqué de fuite radioactive.

 

« Tandis que les autorités s’acharnent à contrôler le risque nucléaire, le nombre de victimes mortelle du séisme augmente, ce qui est la pire tragédie soufferte par le Japon depuis la Deuxième Guerre mondiale.

 

« On a fortement ressenti le tremblement à Tokyo, la ville la plus peuplée au monde avec ses trente millions d’habitants, où l’ambiance est triste et où les citoyens recourent à des moyens de transport de remplacement, tel que le vélo, face aux coupures de courant.

 

« L’Agence météorologique nationale a averti la population nippone qu’il pourrait y avoir une semaine de répliques et qu’il existe 70 p. 100 de possibilités qu’un séisme de magnitude 7 se produise au Japon d’ici à mercredi. »

 

 « L’Allemagne suspend pour trois mois ses plans d’expansion nucléaire.

 

« Berlin, 14 mars (DPA). L’accident enregistré ce week-end dans la centrale japonaise de Fukushima à la suite du séisme, puis du tsunami qui a dévasté le pays asiatique vendredi "a complètement changé la situation générale", a dit Merkel.

 

« "Les accidents au Japon prouvent que ce que nous croyions impossible est possible et que les risques que nous considérions improbables ne le sont pas tant", a-t-elle poursuivi… »

 

 «  Yémen: Trois manifestants tués, dont un enfant de douze ans.

 

« Sanaa, 13 mars 2011 (AFP).  Trois manifestants ont été tués, dont un enfant de douze ans, et des centaines blessés samedi au Yémen où les insurgés ont accusé la police d’avoir utilisé des gaz toxiques pour les disperser.  Un manifestant est mort et près de trois cents ont été tués ou intoxiqués par les gaz…

 

« Selon l’ONU, trente-sept manifestants et au moins six policiers sont morts depuis le début des troubles au Yémen. »

 

« ABOU DHABI, 14 mars (Reuters) La hausse cours du pétrole et la réduction récente et rapide des stocks mondiaux de céréales pourraient annoncer une crise des livraisons, a dit le directeur de la FAO, Jacques Diouf, à Reuters… "Les cours élevés sont préoccupants, et les stocks ont fortement diminué"… »

 

« LONDRES (AP). La compagnie de défense BAE Systems PLC, la plus importante d’Europe et dont la maison mère est en Grande-Bretagne, a versé des bakchichs à des autorités saoudiennes pour décrocher de juteux contrats d’armements, selon un télégramme diplomatique étasunien diffusé sur Wikileaks… Elle aurait versé plus de soixante-dix millions de livres (113 millions de dollars) à un prince saoudien. »

 

« EFE. La responsable de la politique extérieure de l’Union européenne, Catherine Ashton, n’a pas écarté aujourd’hui au Caire la possibilité d’imposer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye après s’être réunie avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Amro Musa. »

 

« TRIPOLI, 14 mars (ANSA). Les forces de Mouammar Kadhafi ont attaqué aujourd’hui Ajdabiya, dans l’Est de la Libye, et la localité de Zuwarah, dans le Nord-Ouest, tandis que le Conseil national de l’opposition a assuré qu’il récupérera des positions, dans la mesure où la communauté internationale, en l’occurrence les USA, la Grande-Bretagne et la France, s’est engagée aujourd’hui à établir une zone d’exclusion aérienne.

 

« Le général Abd el Fattah Yunis, membre du Conseil militaire rebelle, a assuré qu’ils récupéreront des positions dans les zones côtières et dans l’Est du pays : "Nous reprendrons le contrôle de ces villes et vous saurez bientôt que notre armée avance sur Syrte et Tripoli". »

 

« Cent mille volontaires rejoignent les forces de Kadhafi.

 

« TRIPOLI, 14 mars (ANSA). Une centaine de milliers de volontaires a rejoint les forces armées libyennes depuis le début des combats entre les troupes soutenant Mouammar Kadhafi et des groupes rebelles, ont affirmé aujourd’hui des sources gouvernementales. »

 

 « Bahreïn : l’opposition dénonce "une occupation" après l’entrée de soldats saoudien.

 

 « MANAMA, 14 mars 2011 (AFP). "Le peuple bahreïni fait face à un danger réel : une guerre contre lui sans déclaration de guerre", ont souligné les sept membres de l’opposition, dont le Wefaq chiite, dans un communiqué. "Nous jugeons l’entrée de tout soldat, de tout véhicule militaire dans les espaces terrestre, aérien ou maritime de Bahreïn comme une occupation flagrante, une conspiration contre le peuple bahreïni désarmé et une violation des accords et conventions internationaux". »

 

 « NOUVELLES PROTESTATIONS AU YÉMEN, À BAHREÏN ET AU MAROC.

 

« MANAMA et ADEN, 13 mars (ANSA). Les manifestations de protestation contre les gouvernements se poursuivent aujourd’hui au Yémen, où trois personnes ont été tuées, à Bahreïn et au Maroc, ont indiqué aujourd’hui des sources locales.

 

« …en Arabie saoudite, des dizaines de personnes se sont concentrées aujourd’hui aux abords du ministère de l’Intérieur, à Ryad, pour réclamer la libération d’un groupe d’activistes arrêtés par la police. »

 

« MANAMA (AP). Des dizaines de milliers de manifestants ont bloqué samedi un palais royal à Bahreïn pour réclamer des libertés politiques et la démission du roi, au lendemain de la répression violente d’une protestation analogue par les forces de sécurité. Les mobilisations dans ce pays sont semblables à celles qui ont eu lieu en Égypte et en Tunisie. Bahreïn revêt une importance particulière pour Washington, en tant que port d’attache de la Ve flotte des USA. »

 

 « LES ÉMIRATS ARABES UNIS VONT DÉPÊCHER DES TROUPES À BAHREÏN

 

 « DUBAI, 14 mars 2011 (AFP). Les Émirats arabes unis ont annoncé lundi qu’ils dépêcheront des troupes à Bahreïn pour contribuer à "préserver l’ordre et la stabilité" dans ce pays voisin où sont déjà arrivés des militaires saoudiens dans ce même but. »

 

 « MANAMA, 14 mars 2011 (AFP). L’opposition bahreïnie a affirmé lundi qu’elle considérerait "toute présence militaire étrangère" comme "une occupation", en réaction à l’entrée dans le royaume de troupes saoudiennes-

 

« Plus de mille soldats saoudiens qui font partie de la force conjointe du Conseil de coopération du Golfe (CCG) sont arrivés à Bahreïn, secouée par une vague de manifestations, selon les informations données à l’AFP  par un responsable saoudien. »

 

 « MEXICO (AFP). L’opération étasunienne dite “Vite et furieusement”, censée avoir permis l’entrée délibérée au Mexique de presque deux mille armes à feu a, selon les experts, tendu les relations entre les deux pays et irrité l’ensemble des législateurs mexicains.

 

« "Si les États-Unis ont agi sans consulter aucune instance mexicaine, il s’agit dès lors d’une ingérence absolument inacceptable et d’une marque évidente de méfiance" de la part de Washington envers la police mexicaine, a commenté à l’AFP Jorge Montaño, ancien ambassadeur mexicain aux USA.

 

« Le Mexique est entraîné dans une spirale de violence sans précédent qui a laissé presque trente-cinq mille morts depuis décembre 2006 à la suite d’affrontements entre trafiquants de drogues et agents antinarcotiques, et plus d’une centaine de victimes attrapées dans ces échanges de tirs.

 

« Le Sénat mexicain a décrit “Vite et furieusement” comme une opération "agressive et unilatérale" et "un affront à la souveraineté" du pays. »

 

« IPS 14 mars, 15 h 04. On a appris ce soir que le réacteur nº 2 de la centrale de Fukushima était en train de fondre, après l’échec des systèmes de refroidissement de secours, ce qui a aggravé les craintes d’une contamination radioactive. Des explosions ont eu lieu samedi et lundi dans les réacteurs nº 2 et nº 3. Le réacteur nº 2 fonctionne à partir d’un combustible appelé Mélange d’oxydes (MOX) qui contient du plutonium, une substance particulièrement nocive à la santé. »

 

 « ROME, 14 mars (ANSA). Il existe dans le monde 442 réacteurs nucléaires, concentrés dans vingt-neuf pays et construits par guère plus de dix compagnies. L’Europe… dont les gouvernements ont entrepris aujourd’hui de réviser leur politique dans ce secteur, en possède 148 dans seize pays… à quoi il faut ajouter 65 autres en chantier. Ce sont les USA qui en possèdent le plus en activité (104), suivis de la France (58) et du Japon (54). »

 

Selon des infos de dernière heure parvenues à Cuba, une troisième explosion a eu lieu à Fukushima :

 

 « Crainte d’une fuite radioactive par fusion du cœur d’un réacteur à Fukushima.

 

« Tokyo, 15 mars (EFE, 20 h 13). La compagnie opérant la centrale nucléaire de Fukushima (nord-est du Japon) a reconnu aujourd’hui qu’elle redoute une fuite de radioactivité par fusion éventuelle du cœur du réacteur nº 2 où une explosion a eu lieu ce matin. Tokyo Electric Power (TEPCO) a admis que des radiations ont pu s’échapper après que la structure qui enveloppe le réacteur nº 2 a été endommagée, tandis que les niveaux de radioactivité dans la zone se sont situés à 8 217 millisievert par heure, face aux 500 permis. »

 

Comme on peut le constater, la situation complexe se maintient dans le monde arabe où les peuples ont déclenché une vague révolutionnaire.

 

Le roi saoudien appuie la guerre de l’OTAN en Libye, et l’OTAN appuie l’invasion saoudienne à Bahreïn. Le sang des peuples arabes coulera au plus grand profit des grosses transnationales étasuniennes ; les cours du pétrole atteindront des niveaux imprévisibles si des guerres se déclenchent dans les zones à plus forte production ; et les catastrophes nucléaires au Japon multiplient la résistance des peuples à la prolifération des centrales atomiques.

 

Le gaspillage et les sociétés de consommation capitalistes à leur stade néolibéral et impérialiste mènent le monde dans une impasse, tandis que les changements climatiques et la flambée des cours des denrées alimentaires entraînent des milliards de personnes vers les pires indices de pauvreté.

 

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 14 mars 2011

21 h 35

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 00:13

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Un puissant séisme de magnitude 8,9 a ébranlé aujourd’hui le Japon. Le plus préoccupant, c’est que les premières nouvelles font état de milliers de morts et de disparus, des chiffres vraiment inhabituels dans un pays développé où toutes les constructions sont antisismiques. On parlait même d’un réacteur nucléaire hors de contrôle. On informait quelques heures plus tard que les quatre centrales nucléaires proches de la zone la plus touchée étaient contrôlées. On faisait aussi état d’un tsunami avec des vagues de dix mètres de haut qui a provoqué une alerte au raz-de-marée pour tout le Pacifique.

 

L’épicentre du séisme a été situé à 24,4 kilomètres de profondeur et à cent kilomètres de la côte. Si le séisme s’était produit à moins de profondeur et de distance, les conséquences auraient été plus graves.

 

La Terre a été déplacée sur son axe. C’est donc le troisième phénomène de grande intensité qui se produit en moins de deux ans, après Haïti et le Chili. On ne saurait accuser l’homme de telles tragédies. Chaque pays fera sûrement son possible pour aider ce peuple laborieux qui a été la première et seule victime d’une attaque atomique inutile et inhumaine.

 

Selon le collège officiel des géologues d’Espagne, l’énergie libérée par le séisme équivaut à deux cent millions de tonnes de dynamite.

 

D’après une information de dernière heure transmise par l’AFP, la compagnie japonaise Tokyo Electric Power a fait savoir :

 

« Conformément aux instructions gouvernementales, nous avons libéré une partie de la vapeur contenant des substances radioactives… Nous suivons la situation. Aucun problème ne s’est présenté pour l’instant… On signale aussi des désajustements concernant le refroidissement dans trois réacteurs d’une seconde centrale proche, Fukushima 2. Le gouvernement a ordonné l’évacuation des zones environnantes dans un rayon de dix kilomètres dans le cas de la première centrale et de trois kilomètres dans celui de la seconde. »

 

Un autre séisme de nature politique et potentiellement plus grave, concerne la Libye et touche d’une façon ou d’une autre tous les pays.

 

Le drame que vit ce pays bat son plein et son dénouement est encore incertain.

 

Un grand branle-bas de combat a sonné hier au Sénat étasunien quand James Clapper, le directeur national du renseignement, a affirmé devant la Commission des services armées : « Je ne crois pas que Kadhafi ait la moindre intention de partir. D’après les preuves en notre possession, il semble s’installer dans un processus de longue durée. »

 

Il a ajouté que Kadhafi comptait deux brigades qui « lui sont très loyales ».

 

Il  a signalé que « les attaques aérienne de l’armée fidèle à Kadhafi avaient causé des dommages "principalement" à des édifices et à l’infrastructure, plutôt que des pertes dans la population. »

 

Le général de corps d’armée Ronald Burgess, directeur de l’Agence de renseignement de la Défense, a affirmé devant cette même commission : « Kadhafi semble "devoir rester au pouvoir, à moins qu’une autre dynamique ne modifie l’actuelle". »

 

Il a assuré : « L’occasion que les rebelles avaient eue au début du soulèvement populaire "a commencé à changer". »

 

Comme on peut en inférer de mes Réflexions du 9, je ne doute absolument pas que Kadhafi et les dirigeants libyens se sont trompés de faire confiance à Bush et à l’OTAN.

 

Je ne doute pas non plus que les États-Unis et l’OTAN ont l’intention d’intervenir militairement en Libye et de faire avorter la vague révolutionnaire qui ébranle le monde arabe.

 

Les peuples qui s’opposent à l’intervention de l’OTAN et défendent l’idée d’un règlement politique sans intervention étrangère sont convaincus que les patriotes libyens défendront leur patrie jusqu’à leur dernier souffle.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 11 mars 2011

22 h 12

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 00:30

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Comme certains le savent, le colonel Mouammar el-Kadhafi, un Bédouin au caractère particulier, s’inspirant des idées du leader égyptien Gamal Abdel Nasser, prépara au sein des forces armées un mouvement qui renversa en septembre 1969 Idris Ier, roi de Libye, un pays désertique en sa quasi-totalité et faiblement peuplé, situé au nord de l’Afrique, entre la Tunisie et l’Égypte.

Ce n’est que peu à peu que  l’on découvrit ses très grosses et utiles ressources énergétiques.

Né dans une famille de bédouins, dans la région de Tripoli, Kadhafi était foncièrement anticolonialiste. On dit que son grand-père paternel mourut en luttant contre les envahisseurs italiens en 1911 : le régime colonial et le fascisme changèrent la vie de tous les habitants. On dit aussi que son père endura la prison avant de pouvoir gagner sa vie comme ouvrier industriel.

Jusqu’aux adversaires de Kadhafi assurent qu’il se fit remarquer par son intelligence durant ses études. Expulsé du lycée pour ses activités antimonarchiques, il s’inscrivit dans un autre, puis conclut des études de droit à l’université de Benghazi à vingt et un ans. Il entra ensuite à l’école militaire de cette ville où il créa en secret le Mouvement des officiers unionistes libres, et il conclut ses études dans une école militaire britannique.

Ces antécédents expliquent l’influence notable qu’il a exercée ensuite en Libye et sur d’autres dirigeants politiques, qu’ils soient aujourd’hui pour ou contre lui.

Il s’engagea dans la vie politique par des actions incontestablement révolutionnaires.

En mars 1970, il obtint que les soldats britanniques évacuent le pays au terme de manifestations nationalistes massives et, en juin, que les États-Unis se retirent d’une grande base aérienne proche de Tripoli, qui fut remise à des instructeurs militaires égyptiens dont le pays était l’allié de la Libye.

En 1970, la Révolution toucha à plusieurs sociétés pétrolières occidentales et à des banques à participation étrangère. Fin 1971, la fameuse British Petroleum subit le même sort. Dans le domaine agricole, tous les biens italiens furent saisis, et les colons et leurs descendants expulsés de Libye.

L’État entreprit donc de contrôler les grandes sociétés. La production commença à devenir l’une des plus élevées du monde arabe. Le jeu et l’alcool furent interdits. Le statut juridique de la femme, traditionnellement limitée, s’améliora.

Le dirigeant libyen élabora des théories extrémistes, s’opposant à la fois au communisme et au capitalisme. Ça n’aurait pas de sens d’inclure cette étape de théorisations de sa part dans mon analyse, quoique je doive signaler que l’article premier de la Proclamation constitutionnelle de 1969 stipulait la nature « socialiste » de la Jamahiriya arabe libyenne populaire.

Je tiens en revanche à insister sur le fait que les droits humains n’ont jamais intéressé les États-Unis ni leurs alliés de l’OTAN.

La réunion du Conseil de sécurité, la réunion du Conseil des droits de l’homme à Genève et l’Assemblée générale des Nations Unies à New York n’ont été que du théâtre, un panier de crabes.

Je comprends parfaitement les réactions des dirigeants politiques impliqués dans tant de contradictions et dans des débats si stériles, compte tenu de l’entrelacs d’intérêts et de problèmes dans lequel ils se retrouvent.

Nous savons tous très bien que le statut de membre permanent du Conseil de sécurité associé au pouvoir de veto, la possession d’armes nucléaires et l’appartenance à maintes institutions sont des sources de privilèges et d’intérêts que l’0n impose de force à l’humanité. On peut être d’accord ou non avec nombre de ces institutions, mais on ne saurait les accepter comme des juges justes ou moraux.

L’Empire prétend maintenant faire tourner les événements autour de ce qu’a fait ou n’a pas fait Kadhafi, parce qu’il a besoin d’intervenir militairement en Libye et de bloquer la vague révolutionnaire qui déferle dans le monde arabe. Car, à ce jour, personne ne disait mot, tout le monde faisait silence… et de bonnes affaires.

Que la rébellion libyenne ait été attisée par les services secrets yankees ou par les erreurs de Kadhafi lui-même, il est important que les peuples ne se laissent pas duper, car l’opinion mondiale aurait très bientôt suffisamment de preuves pour savoir à quoi s’en tenir.

Il fallait – et je l’ai dit dès le premier moment – dénoncé les plans de cette organisation belliciste qu’est l’OTAN.

À l’instar de nombreux pays du Tiers-monde, la Libye est membre du Mouvement des pays non alignés, du Groupe des 77 et d’autres organisations internationales à travers lesquelles se nouent des relations, indépendamment de leur système économique et social.

À grands traits : la révolution, inspirée de principes marxistes-léninistes et martiniens, triompha en 1959 à Cuba, à cent cinquante kilomètres des États-Unis qui nous avaient imposé l’amendement Platt et qui étaient propriétaires de l’économie de  notre pays.

L’Empire déclencha presque aussitôt contre notre peuple sa sale guerre, organisa des bandes contre-révolutionnaires, décréta un blocus économique criminel et peaufina l’invasion mercenaire de Playa Girón, durant laquelle un de ses porte-avion patrouillait non loin et ses marines étaient prêts à débarquer au cas où ses forces mercenaires auraient atteints les objectifs prévus.

À peine un an et demi, il nous menaça de son arsenal nucléaire, et une guerre de cette nature faillit éclater. Tous les pays latino-américains, hormis le Mexique, participèrent au blocus criminel qui est toujours en place.

Mais notre pays ne s’est jamais rendu. Il est important de le rappeler à ceux qui ont la mémoire historique courte.

En janvier 1986, sous prétexte que la Libye était derrière le terrorisme dit révolutionnaire, Reagan rompit les relations économiques et commerciales avec ce pays.

En mars de cette même année, une force embarquée à bord de porte-avions situés dans le golfe de Syrte, dans les eaux que la Libye considère comme nationales, déclencha des attaques qui détruisirent plusieurs navires équipés de lance-missiles et des systèmes de radars côtiers que ce pays avait achetés à l’URSS.

 Le 5 avril, une discothèque de Berlin-Ouest fréquentée par des soldats étasuniens fut plastiquée : trois personnes moururent, dont deux militaires étasuniens, et beaucoup furent blessées.

Reagan en accusa Kadhafi et ordonna à ses forces de l’air de riposter. Trois escadrilles décollèrent des porte-avions de la VIe flotte et de bases du Royaume-Uni et lancèrent des bombes et des missiles sur sept objectifs militaires à Tripoli et à Benghazi. Un quarantaine de personnes moururent, dont quinze civils. Averti de l’avance des bombardiers, Kadhafi était en train d’évacuer  sa famille de sa résidence située dans le complexe militaire de Bab Al Aziziya, au sud de la capitale, quand un missile la frappa de plein fouet : sa fille Hanna mourut, et deux autres enfants furent blessés. Cette attaque fut largement condamnée ; l’Assemblée générale des Nations Unies vota une résolution la condamnant pour violation de la Charte des Nations Unies et du droit international. Le Mouvement des pays non alignés, la Ligue arabe et l’OUA adoptèrent des positions tout aussi énergiques.

Le 21 décembre 1988, un Boeing 747 de Pan Am se désintégra en plein vol entre Londres et New York sous l’effet d’une bombe, et les restes tombèrent sur la localité de Lockerbie. La tragédie tua deux cent soixante-dix personnes de vingt et une nationalités.

Au départ, l’administration étasunienne pensa à des représailles de l’Iran, dont un avion de ligne, un Airbus, avait été abattu par les USA, causant la mort de deux cent quatre-vingt-dix personnes. Selon les Yankees, les recherches impliquaient deux agents secrets libyens. Des imputations similaires furent faites contre la Libye au sujet d’un avion de ligne français desservant Brazzaville-N’Djamena-Paris, mais Kadhafi refusa d’extrader les fonctionnaires libyens censément impliqués dans des faits qu’il nia catégoriquement.

On commença à tisser une légende ténébreuse contre lui, avec la participation de Reagan et de Bush père.

De 1975 jusqu'à la fin de l’administration Reagan, Cuba se consacra à ses devoirs internationalistes en Angola et dans d’autres pays africains. Je connaissais les conflits qui se déroulaient en Libye ou autour d’elle grâce à des lectures et aux témoignages de personnes très liées à ce pays et au monde arabe, ainsi qu’aux impressions que je gardais de nombreuses personnalités de différents pays avec lesquelles j’avais eu des contacts durant ces années-là.

De nombreux leaders africains connus avec lesquels Kadhafi maintenait des rapports étroits s’efforcèrent de chercher des solutions à la forte tension existant entre la Libye et le Royaume-Uni.

Le Conseil de sécurité avait imposé à la Libye des sanctions qui commencèrent à être levées quand Kadhafi accepta de faire juger, dans des conditions données, les deux accusés pour le sabotage de l’avion en Écosse.

Dès lors, on commença à inviter des délégations libyennes à des réunions européennes. En juillet 1999, Londres entreprit de renouer totalement ses relations diplomatiques avec la Libye, après que celle-ci eut fait encore plus de concessions.

En septembre, les ministres de l’Union européenne acceptèrent d’annuler les mesures de restrictions commerciales adoptées en 1992.

Le 2 décembre, Massimo D’Alema, Premier ministre italien, fut le premier chef de gouvernement européen à se rendre en Libye.

L’URSS et le camp socialiste européen avaient disparu, et Kadhafi avait décidé d’accepter les réclamations des USA et de l’OTAN.

Quand je me suis rendu en Libye en mai 2001, Kadhafi me montra les ruines provoquées par l’attaque traîtresse par laquelle Reagan assassina sa fillette et faillit exterminer toute sa famille.

Début 2002, le département d’État faisait savoir que des conversations diplomatiques étaient en cours entre les USA et la Libye.

En mai, il avait inscrit de nouveau la Libye sur la liste des États promoteurs de terrorisme, bien que George W. Bush n’eût pas mentionné ce pays africain dans son fameux discours de janvier sur « l’axe du mal ».

Début 2003, après que la Libye eut accepté de signer un accord économique d’indemnisations avec les pays demandeurs, le Royaume-Uni et la France, le Conseil de sécurité de l’ONU leva les sanctions qu’il lui avait infligées en 1992.

Avant la fin de 2003, Bush et Antony Blair informèrent d’un accord avec la Libye, qui avait remis à des experts en renseignements britanniques et étasuniens de la documentation sur ses programmes d’armements non classiques et sur ses missiles balistiques d’une portée supérieure à trois cents kilomètres. Des fonctionnaires de ces deux pays avaient visité différentes installations. Cet accord, comme le révéla Bush, couronnait des mois de conversations entre Tripoli et Washington.

Kadhafi tint ses promesses de désarmement. En quelques mois, la Libye se débarrassa de ses cinq batteries de missiles Scud-C d’une portée de huit cents kilomètres et ses centaines de Scud-B d’une portée supérieures à trois cents kilomètres parmi ses engins défensifs de courte portée.

Un marathon de visites à Tripoli démarra en octobre 2002 : Berlusconi, en octobre 2002 ; José María Aznar, en septembre 2003 ; de nouveau Berlusconi en  février, août et octobre 2004 ; Blair, en mars 2004 ; le chancelier allemand Schroeder, en octobre 2004 ; Jacques Chirac, en novembre 2004. Tout le monde était aux anges. Comme le dit le fameux poème espagnol : « Don Argent est un puissant monsieur. »

Kadhafi parcourait l’Europe en triomphe. Il fut reçu à Bruxelles en avril 2004 par  Romano Prodi, le président de la Commission européenne ; en août, il fut invité par Bush ; Exxon Mobil, Chevron Texaco et Conoco Philips mettaient la dernière main à la reprise de l’extraction de pétrole par des joint ventures.

En mai 2006, les USA faisaient savoir qu’ils retiraient la Libye de la liste des pays terroristes et qu’ils renouaient pleinement les relations diplomatiques.

En 2006 et 2007, la France et les États-Unis souscrivirent des accords de coopération nucléaire à de fins pacifiques. En mai 2007, Blair visite de nouveau Kadhafi à Syrte. La British Petroleum signa un contrat de prospection de gisements de gaz « extraordinairement important », selon les informations de l’époque.

En décembre 2007, Kadhafi se rendit deux fois en France et signa des contrats d’équipements militaires et civils pour dix milliards d’euros, et en Espagne, où il eut des entretiens avec le chef de gouvernement José Luis Rodríguez Zapatero. Il signa de  très gros contrats avec d’importants pays de l’OTAN.

Pourquoi donc les États-Unis et les autres membres de l’OTAN ont-ils évacué maintenant leurs ambassades en Libye ?

Tout ceci est extrêmement curieux.

George W. Bush, le père de cette stupide guerre antiterroriste, avait déclaré le 20 septembre 2001 devant les élèves de l’école militaire de West Point : « Notre sécurité exigera… le recours aux forces militaires que vous commanderez et qui doivent prêtes à attaquer sur-le-champ n’importe quel sombre recoin du monde, et notre sécurité exigera que nous soyons prêts, le cas échéant, à déclencher des attaques préventives pour défendre notre liberté et… nos vies. […] Nous devons découvrir des cellules terroristes dans une soixantaine de pays… Aux côtés de nos amis et alliés, nous devons nous opposer à la prolifération et faire face aux régimes qui promeuvent le terrorisme en fonction de chaque cas. »

Que pense donc Obama de ce discours ?

Le Conseil de sécurité imposera-t-il des sanctions à ceux qui ont tué plus d’un million de civils en Iraq et à ceux qui assassinent tous les jours des hommes, des femmes et des enfants en Afghanistan où, tout récemment, la population en colère est descendue dans la rue pour protester contre le massacre d’enfants innocents ?

Une dépêche de l’AFP, daté de Kaboul aujourd’hui même, révèle :

« L’année passée a été la plus meurtrière pour les civils après neuf années de guerre entre les Talibans et les forces internationales en Afghanistan : presque 2 800 morts, soit 15 p. 100 de plus qu’en 2009, a affirmé ce mercredi un rapport de l’ONU qui insiste sur les coûts humains de ce conflit pour la population.

« …les Talibans ont intensifié leur insurrection ces dernières mois, gagnant du terrain par des actions de guérilla réalisées au-delà de leurs bastions traditionnels du Sud et de l’Est.

« Avec exactement 2 777 civils morts en 2010, la quantité de victimes a augmenté de 15 p. 100 par rapport à 2009, indique le rapport annuel conjoint de la Mission d’aide des Nations Unies en Afghanistan...

« Le président Barack Obama a exprimé, le 3 mars, son "profond regret" au peuple afghan pour les neuf enfants tués, tout comme l’ont fait le général étasunien David Petraeus, commandant en chef de l’ISAF, et le secrétaire à la Défense, Robert Gates.

« …le rapport de l’UNAMA souligne que le chiffre de civils morts en 2010 est quatre fois supérieur à celui des soldats des forces internationales tombés en combat cette même année.

« L’année 2010 a pourtant été, et de loin, la plus meurtrière pour les soldats étrangers en neuf années de guerre, soit 711 morts, ce qui conforme que la guérilla des Talibans s’est intensifiée malgré l’envoi en renfort, l’an dernier, de trente mille soldats étasuniens. »

Pendant dix jours, on a entendu aux Nations Unies – entre Genève et New York – plus de cent cinquante discours sur les violations des droits humains, qui ont été repris des millions de fois à la télévision, à la radio, dans la presse écrite et sur Internet.

Notre ministre des Relations extérieures, Bruno Rodríguez, est intervenu devant ses pairs réunis à Genève dans le cadre de Conseil des droits de l’homme, le 1er mars dernier. Il y a dit notamment :

« La conscience humaine s’élève contre la mort d’innocents en toute circonstance et en tout lieu. Cuba fait tout à fait sienne l’inquiétude du monde devant les morts de civils en Libye et souhaite que son peuple règle d’une manière pacifique et souveraine la guerre civile qui s’y déroule, sans aucune ingérence étrangère et d’une façon qui garantisse l’intégrité de cette nation. »

Certains paragraphes finals de son intervention ont été péremptoires :

« S’il est vrai que le droit humain essentiel est le droit à la vie, alors le Conseil est-il prêt à en expulser les États qui déclenchent une guerre ?

« Expulsera-t-il donc les États qui offrent un financement et une aide militaire à un autre État qui les utilise à des violations massives, flagrantes et systématiques des droits humains et à des attaques contre la population civile, comme cela se passe en Palestine ?

« Appliquera-t-il donc cette mesure à des pays puissants qui réalisent des exécutions extrajudiciaires sur le territoire d’autres États en recourant à une technologie de pointe, telle que les munitions intelligents et les drones ?

« Qu’arrivera-t-il donc aux États qui acceptent d’héberger sur leur territoire des prisons secrètes illégales, qui facilitent le transit secret d’avions emportant des personnes séquestrées ou qui participent à la torture ? »

Je partage à fond la courageuse position du dirigeant vénézuélien Hugo Chávez et de l’ALBA.

Nous sommes contre la guerre intestine en Libye, en faveur de la paix immédiate et du plein respect de la vie et des droits de tous les citoyens, sans intervention étrangère, car celle-ci ne servirait qu’à prolonger le conflit et à favoriser les visées de l’OTAN.

 

Fidel Castro Ruz

Le 9 mars 2011

21 h 35

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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 22:31

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Quand, s’inspirant  de son collègue égyptien Abdel Gamal Nasser, le colonel de l’armée libyenne, Mouammar el-Kadhafi, alors âgé de vingt-sept ans, renversa le roi Idris Ier, il prit d’importantes mesures révolutionnaires comme la réforme agraire et la nationalisation du pétrole. Il consacra les revenus croissants au développement économique et social, en particulier aux services éducationnels et sanitaires de la peu nombreuse population d’un immense pays majoritairement désertique aux rares terres cultivables.

Une mer d’eau fossile très étendue et profonde gît sous ce désert. Et il m’avait semblé, après avoir connu une zone de culture expérimentale, que ces eaux seraient à l’avenir plus précieuses que le pétrole.

La foi religieuse, prêchée avec la ferveur qui caractérise les peuples musulmans, aidait en partie à compenser la forte tendance tribale qui caractérise encore ce pays arabe.

Les révolutionnaires libyens élaborèrent leurs propres idées et les appliquèrent dans des institutions juridiques et politiques que Cuba se fit une norme de respecter.

Elle s’abstint absolument d’émettre des vues sur les conceptions de la direction libyenne.

Mais je constate clairement que les États-Unis et l’OTAN s’inquiètent surtout, non de ce qu’il se passe en Libye, mais de la vague révolutionnaire qui déferle dans le monde arabe et qu’ils veulent freiner à tout prix.

Car il est incontestable que, ces dernières années, les rapports des USA et de leurs alliés de l’OTAN avec la Libye étaient excellents…, jusqu’à la rébellion en Égypte et en Tunisie.

Aucun dirigeant des pays de l’OTAN ne faisait état de problèmes quand il rencontrait Kadhafi ; la Libye était devenue une source sûre de pétrole de grande qualité, de gaz, voire de potasse. Les difficultés surgies entre eux dans les premières décennies avaient été surmontées.

Le pays s’était ouvert à l’investissement étranger dans des secteurs stratégiques comme la production et la distribution du pétrole.

La privatisation avait touché de nombreuses sociétés publiques. Le Fonds monétaire international jouait son rôle béatifique dans la mise en place de ces opérations.

Bien entendu, Aznar ne tarissait pas d’éloges envers Kadhafi. Et, à sa suite, Blair, Berlusconi, Sarkozy, Zapatero et jusqu'à mon ami le roi d’Espagne défilèrent sous le regard narquois du leader libyen. Ils étaient heureux.

J’ai l’air de me moquer, mais c’est faux. Car je me demande tout simplement : pourquoi veulent-ils maintenant envahir la Libye et traduire Kadhafi devant la Cour pénale internationale de La Haye ?

On l’accuse du matin au soir d’avoir fait tirer contre des citoyens désarmés qui protestaient. Pourquoi ne dit-on pas au monde que ce sont les États-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres hôtes illustres de Kadhafi qui lui ont fourni les armes et surtout les équipements de répression sophistiqués qu’il possède ?

Je m’oppose aux mensonges cyniques par lesquels on prétend justifier l’invasion et l’occupation de la Libye.

Ma dernière visite à Kadhafi remonte à mai 2001. Quinze années s’étaient écoulées depuis que Reagan avait attaqué sa résidence plutôt modeste, mais il avait tenu à me faire constater les grandes destructions qu’y avait causées la frappe directe de l’aviation, laquelle avait aussi tué sa petite fille de trois ans… Assassinée par Ronald Reagan ! Il n’y avait pas eu dans ce cas d’accord préalable de l’OTAN, du Conseil des droits de l’homme ni du Conseil de sécurité.

Ma visite antérieure datait de 1977,  huit ans après le début de la révolution en Libye. J’avais visité Tripoli ; j’avais participé au Congrès du peuple libyen à Sebha ; j’avais parcouru les zones agricoles où se déroulaient les premières expérimentations à partir des eaux tirées de l’immense mer fossile ; j’avais connu Benghazi où j’avais fait l’objet d’un accueil chaleureux. La Libye était un pays légendaire qui avait été le théâtre de batailles historiques durant la dernière guerre mondiale. Elle ne comptait même pas six millions d’habitants, et ses énormes réserves de pétrole léger et d’eau fossile n’avaient pas encore été découvertes. Et les anciennes colonies portugaises d’Afrique s’étaient déjà libérées.

En Angola, nous avions lutté quinze années durant contre les bandes mercenaires organisées par les États-Unis sur des bases tribales, contre le gouvernement de Mobutu et contre l’armée raciste de l’apartheid, bien équipée et bien entraînée. Celle-ci, obéissant – on le sait aujourd’hui – à  des instructions des États-Unis, avait envahi l’Angola en 1975 pour empêcher son indépendance, et ses forces motorisées étaient parvenues aux portes de Luanda. Plusieurs instructeurs cubains moururent durant cette invasion brutale face à laquelle nous dépêchâmes de toute urgence des ressources.

Une fois expulsées du pays par les troupes internationalistes cubaines et les troupes angolaises jusqu'à la frontière de la Namibie occupée par l’Afrique du Sud raciste, celle-ci reçut pendant treize ans la mission de liquider la révolution en Angola.

Elle mit au point l’armée atomique avec l’appui des États-Unis et d’Israël. Et elle la possédait déjà quand les troupes cubaines et angolaises mirent en déroute ses forces terrestres et aériennes à Cuito Cuanavale et, bravant les risques, utilisant les tactiques et les moyens classiques, progressèrent jusqu’à la frontière namibienne où les troupes de l’apartheid prétendaient résister. Nos troupes ont, deux fois dans leur histoire, couru le risque d’être attaquées par ce genre d’arme : en octobre 1962 et dans le Sud angolais, mais, dans ce second cas, même l’arme nucléaire n’aurait pas empêché la défaite de l’Afrique du Sud qui marqua la fin de son système odieux. Tout ceci se passait sous l’administration Ronald Reagan aux USA et sous Pieter Botha en Afrique du Sud.

Nul ne parle de cette aventure impérialiste, ni des centaines de milliers de vies qu’elle a coûtées.

Je regrette d’avoir à rappeler ces faits quand un autre grand risque pèse sur les peuples arabes parce qu’ils ne résignent plus au pillage et à l’oppression dont ils sont victimes.

La révolution dans le monde arabe, que redoutent tant les États-Unis et l’OTAN, est la révolution de ceux qui n’ont aucun droit face à ceux qui font étalage de tous les privilèges et elle est donc appelée à être plus profonde que celle qui éclata en Europe à partir de la prise de la Bastille en 1789.

Même Louis XIV, qui proclama : « L’État, c’est moi ! », ne bénéficiait pas des prébendes du roi Abdallah d’Arabie saoudite, encore moins de l’immense richesse qui git sous la surface de ce pays quasi désertique où les transnationales yankees décident de l’extraction du pétrole et contrôlent donc les cours mondiaux de ce produit.

Depuis que la crise a éclaté en Libye, l’extraction du pétrole en Arabie saoudite a augmenté d’un million de barils par jour, à un coût minime, de sorte que les revenus de ce pays et de ceux qui le contrôlent s’élèvent, rien qu’à ce titre, à un milliard de dollars par jour.

Mais que personne ne pense que le peuple saoudien baigne dans la richesse. Les récits des conditions de vie de nombreux travailleurs du bâtiment et d’autres secteurs, contraints de travailler treize ou quatorze heures par jour pour des salaires misérables, sont émouvants.

Effrayée par la vague révolutionnaire qui ébranle le système de pillage en place depuis les faits dont les travailleurs ont été les protagonistes en Égypte et en Tunisie, mais aussi par les actions des jeunes chômeurs en Jordanie, dans les territoires occupés de Palestine, au Yémen, et même au Bahreïn et dans les Émirats arabes aux revenus plus élevés, la haute hiérarchie saoudite vit sous l’impact des événements.

À la différence de ce qu’il se passait autrefois, les peuples arabes reçoivent aujourd’hui des informations presque immédiates, quoiqu’extraordinairement manipulées, sur le cours des événements.

Le pire pour le statut des secteurs privilégiés, c’est que les faits – qui sont têtus, on le sait – coïncident avec une hausse considérable des cours des aliments et avec les retombées dévastatrices des changements climatiques, tandis que les États-Unis, le plus gros producteur de maïs au monde, utilisent presque 40 p. 100 de ce produit subventionné et une part importante de leur soja pour fabriquer des biocarburants destinés aux moteurs de voitures. Lester Brown, l’écologiste étasunien le mieux informé au monde sur les produits agricoles, peut nous offrir sûrement une idée de la situation alimentaire actuelle.

Le président bolivarien Hugo Chávez tente un vaillant effort pour trouver un règlement en Libye sans intervention de l’OTAN. Ses possibilités de succès augmenteraient s’il parvenait – ce qui serait un exploit – à créer un vaste mouvement d’opinion avant, et non après, l’intervention, afin que les peuples ne  voient  pas se répéter dans d’autres pays l’atroce expérience de l’Iraq.

Je conclus ici ces Réflexions.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 3 mars 2011

22 h 32

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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 00:49

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À la différence de l’Égypte et de la Tunisie, la Libye occupe la première place  de toute l’Afrique en Indice du développement humain et en espérance de vie. L’éducation et la santé y reçoivent une attention spéciale de l’État Le niveau culturel de sa population est sans doute plus élevé. Ses problèmes sont d’une autre nature. La population ne manquait pas d’aliments ni des services sociaux indispensables. Le pays avait besoin d’une importante main-d’œuvre étrangère pour concrétiser ses plans de production et de développement social ambitieux.

Aussi fournissait-il du travail à des centaines de milliers d’Égyptiens, de Tunisiens, de Chinois et d’autres nationalités. Il disposait d’énormes ressources et réserves en devises convertibles, déposées dans les banques des pays riches, ce qui lui permettait d’acheter des biens de consommation, voire des armes perfectionnées, auprès de ces mêmes pays qui veulent aujourd’hui l’envahir au nom des droits humains.

La colossale campagne de mensonges orchestrée par les médias a provoqué une grande confusion dans l’opinion publique mondiale. Il se passera du temps avant qu’on puisse reconstruire ce qu’il s’est vraiment passé en Libye et trier les faits réels des mensonges divulgués.

Des chaînes sérieuses et prestigieuses comme TeleSur ont été contraintes d’envoyer des reporters et des opérateurs dans un camp et dans l’autre pour informer de ce qu’il se passe vraiment.

Les communications étaient bloquées, les diplomates honnêtes risquaient leur vie en parcourant les quartiers et en observant les activités, de jour ou de nuit, pour faire connaître les événements. L’Empire et ses principaux alliés recourent aux moyens les plus perfectionnés pour diffuser des informations dont il faut déduire des brins de vérité.

Les visages des jeunes qui protestaient à Benghazi, des hommes et des femmes portant ou non le voile, exprimaient sans aucun doute une indignation réelle.

On peut apprécier l’influence qu’exerce encore la composante tribale dans ce pays arabe où 95 p. 100 de la population est musulmane.

L’Empire et l’OTAN – sérieusement inquiets devant la vague révolutionnaire déclenchée dans le monde arabe qui produit une grande partie du pétrole sur lequel repose l’économie de consommation des pays développés et riches – ne pouvaient pas laisser filer l’occasion du conflit interne surgi en Libye pour promouvoir une intervention militaire. Les déclarations formulées par l’administration étasunienne dès le premier moment ont été catégoriques à cet égard.

Les circonstances ne pouvaient être plus propices. La droite républicaine a, aux élections de novembre dernier, assené un coup très fort au président Obama, cet expert en rhétorique.

Le groupe fasciste de la « mission remplie », soutenu maintenant sur le plan idéologique par les extrémistes du Tea Party, a réduit les possibilités du président à un rôle tout simplement décoratif ; son programme de santé est en danger, ainsi que la douteuse relance de l’économie à cause du déficit budgétaire et du gonflement incontrôlable de la dette publique qui bat désormais tous les records historiques.

Malgré leur déluge de mensonges et la confusion qu’ils ont semée, les États-Unis ne sont pas parvenus à entraîner la Chine et la Fédération de Russie à faire adopter par le Conseil de sécurité une intervention militaire en Libye, bien qu’ils aient obtenu en revanche l’approbation de leur objectif momentané au Conseil des droits de l’homme. La secrétaire d’État n’a laissé planer aucun doute quant à une intervention militaire : « Nous n’écartons aucune option. »

Le fait est que, comme je l’avais prévu, la Libye est désormais en proie à une guerre civile que les Nations Unies n’ont rien pu faire pour éviter, même si leur secrétaire général a jeté sa bonne part d’huile sur le feu.

Le hic – ce que les différents acteurs n’imaginaient sans doute pas – c’est que les chefs de la rébellion ont déclaré qu’ils refusaient toute intervention militaire étrangère.

Selon différentes agences de presse, Hafiz Ghoga, porte-parole du Comité de la révolution, a déclaré le lundi 28 février :

« "C’est le peuple libyen qui libérera le reste du pays". »

« "Nous avons l’armée requise pour libérer Tripoli" – a-t-il assuré en annonçant la formation d’un "Conseil national" pour représenter les villes du pays aux mains de l’insurrection.

« "Ce que nous voulons, ce sont des informations secrètes, mais absolument pas qu’on touche à notre souveraineté aérienne, terrestre et maritime", a-t-il ajouté lors d’une rencontre avec les journalistes dans cette ville située à mille kilomètres à l’est de Tripoli.

Selon une dépêche de l’AFP de lundi dernier, « l’intransigeance des responsables de l’opposition en matière de souveraineté nationale reflétait l’opinion que de nombreux Libyens ont manifestée spontanément à la presse internationale à Benghazi ».

Une professeure de sciences politiques de l’université de Benghazi,  Abeir Imneina, a affirmé ce même jour :

« " Il y a un très fort sentiment national en Libye."

« "De plus, l'exemple de l'Irak fait peur dans l'ensemble du monde arabe", souligne-t-elle, en référence à l'invasion américaine de 2003, censée apporter la démocratie dans le pays, puis par contagion à l'ensemble de la région, un scénario totalement démenti par les faits.

« "On sait bien comment cela s'est passé en Irak, qui se trouve en pleine instabilité, ça ne donne vraiment pas envie de suivre le même chemin. On ne veut pas que les Américains viennent pour finir par devoir regretter Kadhafi".

« Selon Abeir Imneina, "il y a aussi le sentiment que c'est notre révolution, que c'est à nous qu'il appartient de la faire". »

Quelques heures après la diffusion de cette dépêche, deux des principaux journaux des USA, The New York Times et The Washington Post, s’empressèrent d’offrir de nouvelles versions sur ce point, que rapporte l’agence DPA le 1er mars :

« L’opposition libyenne pourrait demander à l’Occident de bombarder par  air des positions stratégiques occupées par des forces fidèles au président Mouammar el-Kadhafi, fait savoir aujourd’hui la presse étasunienne.

« La question est discutée par le Conseil révolutionnaire libyen, précisent The New York Times et The Washington Post dans leurs versions numériques.

« Selon The New York Times, ces discussions traduisent la frustration croissante des chefs rebelles devant la possibilité que Kadhafi récupère le pouvoir.

« Au cas où les actions aériennes se réaliseraient dans le cadre des Nations Unies, cela n’impliquerait aucun intervention internationale, a expliqué le porte-parole du Conseil, cité par The New York Times.

« Le Conseil est constitué d’avocats, d’universitaires, de juges et de notables de la société libyenne.

« The Washington Post a cité des rebelles qui reconnaissent que, sans l’appui de l’Occident, les combats contre les forces loyales à Kadhafi pourraient durer longtemps et coûter beaucoup de vie. »

Il est curieux que cette liste du Conseil ne signale aucun ouvrier, aucun paysan, aucun bâtisseur, aucune personne en rapport avec la production matérielle, ou un jeune étudiant ou un combattant de ceux qu’on voit dans les manifestations. Pourquoi cette insistance à présenter les rebelles comme des membres éminents de la société libyenne en train d’inviter les États-Unis et l’OTAN à bombarder et à tuer des Libyens ?

On saura un jour la vérité à travers des gens comme la professeure de sciences politiques de l’Université de Benghazi, si éloquente quand elle raconte la terrible expérience qu’ont vécue des millions d’Iraquiens, tués, sans abri, sans emploi ou contraints d’émigrer.

Aujourd’hui, mercredi 2 mars, l’agence EFE présente ce porte-parole rebelle faisant des déclarations qui, à mon avis, infirment et confirment à la fois celles de lundi :

« Benghazi (Libye), 2 mars. La direction rebelle en Libye a demandé aujourd’hui au Conseil de sécurité de l’ONU de lancer une attaque aérienne "contre les mercenaires" du régime Mouammar el-Kadhafi.

« "Notre armée ne peut pas lancer des attaques contre les mercenaires en raison de son rôle défensif", a affirmé le porte-parole rebelle Hafiz Ghoga en conférence de presse à Benghazi.

« "Une attaque aérienne stratégique est différente d’une intervention étrangère, que nous refusons", a souligné le porte-parole de forces d’opposition qui se sont montrées contraires à tout moment à une intervention militaire étrangère dans le conflit libyen. »

À laquelle des nombreuses guerres impérialistes ressemblerait celle-ci ?

À celle d’Espagne en 1936, à celle de Mussolini contre l’Éthiopie en 1935, à celle de George W. Bush contre l’Iraq en 2003, ou à n’importe laquelle des dizaines de guerres lancées par les États-Unis contre les peuples d’Amérique, depuis l’invasion du Mexique en 1846 jusqu’à celle des Malvinas en  1982 ?

Sans exclure, bien entendu, l’invasion mercenaire de Playa Girón, la sale guerre et le blocus contre notre patrie, une invasion dont nous fêterons le cinquantième anniversaire le 16 avril prochain.

Toutes ces guerres, comme celle du Viet Nam qui a coûté des millions de vies, ont eu pour points de départ les justifications et les mesures les plus cyniques.

Pour ceux qui doutent encore qu’une intervention militaire aura forcément lieu en Libye, je tiens à citer l’agence de presse AP, que je considère bien informée, dont un dépêche d’aujourd’hui affirme :

« Les pays de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) élaborent un plan d’urgence qui prend pour modèle les zones d’exclusion de vols établies dans les Balkans dans les années 90, au cas où la communauté internationale déciderait d’imposer un embargo aérien sur la Libye, ont affirmé des diplomates. »

Et de conclure :

« Selon ces fonctionnaires, qui devaient conserver l’anonymat en raison du caractère délicat de la question, les options envisagées reprennent l’idée de la zone d’exclusion de vols imposée par l’alliance militaire occidentale sur la Bosnie en 1993, qui eut l’aval du Conseil de sécurité, et lors des bombardements de l’OTAN sur le Kosovo en 1999, QUI NE L’EURENT PAS»

À suivre demain,

Fidel Castro Ruz

Le 2 mars 2011

20 h 19

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