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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 20:40

Fidel

La politique de pillage imposée par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN au Moyen-Orient est entrée en crise. Et cette crise est due, forcément, à la hausse des cours des céréales dont les retombées ont été plus fortes dans les pays arabes où la rareté de l’eau, les zones désertiques et la pauvreté du peuple généralisée contrastent avec les revenus très élevés des secteurs privilégiés liés aux énormes ressources pétrolières.

Alors que les prix des aliments ont triplé, les fortunes immobilières et les trésors de la minorité aristocratique se chiffrent à des billions de dollars.

Le monde arabe, de culture et de religion musulmane, s’est en plus senti humilié par la mise en place, à feu et à sang, d’un État qui n’a respecté aucune des obligations élémentaires ayant présidé à sa création dans le cadre de l’ordre colonial qui existait à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et qui permit aux puissances victorieuses de fonder l’ONU et d’imposer les règles du jeu régissant le commerce et l’économie mondiaux.

La trahison de Moubarak à Camp David a empêché l’existence de l’État arabe palestinien visé dans les accords de l’ONU de novembre 1947, si bien qu’Israël est devenu une forte puissance nucléaire alliée des États-Unis et de l’OTAN.

Le complexe militaro-industriel étasunien a livré des dizaines de milliards de dollars tous les ans à Israël et même aux États arabes que celui-ci soumettait et humiliait.

Le génie s’est échappé de la bouteille, et l’OTAN ne sait pas comment le contrôler.

Il va s’efforcer de tirer le plus gros profit des regrettables événements libyens. Nul n’est capable de savoir actuellement ce qu’il se passe dans ce pays. L’Empire a fait publier par ses médias toutes sortes de chiffres et de versions, jusqu’aux plus saugrenus, afin de semer le chaos et la désinformation.

De toute évidence, une guerre civile se déroule en Libye. Pourquoi et comment a-t-elle éclaté ? Qui en paiera les conséquences ? L’agence Reuters, se faisant l’écho d’une banque japonaise bien connue, la Nomura, a signalé que les cours du pétrole pourraient battre tous les records :

« "Si la Libye et l’Algérie arrêtaient leur production pétrolière, les cours pourraient dépasser 220 dollars le baril, et l’OPEP verrait réduite sa capacité inutilisée à 2,1 millions de barils par jour, similaire aux niveaux de la guerre  du Golfe, et au record de 147 dollars le baril établi en 2008", a affirmé la banque dans une note. »

Qui pourrait payer des prix pareils? Quelles en seraient les conséquences en pleine crise alimentaire ?

Les principaux leaders de l’OTAN jubilent. Le Premier ministre britannique, David Cameron – selon ANSA – « …a admis dans un discours au Koweït que les pays occidentaux avaient fait erreur d’avoir soutenu des gouvernements non démocratiques dans le monde arabe. » Félicitons-le du moins pour sa franchise.

Son collègue français Nicolas Sarkozy a déclaré : « La poursuite de la répression brutale et sanglante contre la population civile libyenne est répugnante. »

Le ministre italien des affaires étrangères, Franco Frattini, a jugé « crédible » la quantité de mille morts à Tripoli, et a parlé de "chiffres tragiques" et de "bain de sang".

Selon Hillary Clinton, le « bain de sang » est « absolument inacceptable » et « doit cesser ».

Pour Ban Ki-moon, « le recours à la violence dans ce pays est absolument inacceptable… le Conseil de sécurité agira en accord avec les décisions de la communauté internationale… nous envisageons une série de variantes. »

 En fait, ce qu’attend Ban Ki-moon, c’est qu’Obama dise le dernier mot.

Le président étasunien a parlé ce mercredi après-midi. Il a fait savoir que sa secrétaire d’Etat partirait en Europe afin de décider avec les alliés de l’OTAN des mesures à prendre. À le voir, on constatait qu’il ne voulait pas laisser filer l’occasion de se colleter avec le sénateur républicain d’extrême droite, John McCain, avec le sénateur pro-israélien du Connecticut, Joseph Lieberman, et avec les dirigeants du Tea Party, et de garantir son investiture par le Parti démocrate.

Les médias de l’Empire ont préparé le terrain en vue d’une action. Une intervention militaire en Libye n’aurait rien de surprenant, ce qui garantirait par ailleurs à l’Europe les presque deux millions de barils par jour de pétrole léger qu’elle importe, si des événements qui mettraient fin au leadership ou à la vie de Kadhafi n’intervenaient pas avant.

De toute façon, le rôle d’Obama est plutôt compliqué. Comment réagira le monde arabe et musulman si une telle équipée faisait couler à flot le sang libyen ? La vague révolutionnaire déclenchée en Égypte freinera-t-elle une intervention de l’OTAN en Libye ?

L’invasion de l’Iraq déclenchée par Bush sous de faux prétexte – mission remplie !  s’était-il exclamé – a coûté la vie à plus d’un million d’Arabes innocents.

Nul dans le monde n’acceptera jamais la mort de civils innocents, en Libye ou ailleurs. Je me demande : les États-Unis et l’OTAN appliqueront-ils un jour ce même principe aux civils désarmés que leurs drones et leurs soldats tuent tous les jours en Afghanistan et au Pakistan ?

C’est vraiment la danse macabre du cynisme !

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 23 février 2011

19 h 42

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 16:00

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Le pétrole est devenu la principale richesse aux mains des grandes transnationales yankees ; cette source de richesse leur a permis de disposer d’un instrument qui a accru considérablement leur pouvoir politique dans le monde. Quand elles avaient décidé de liquider la Révolution cubaine qui venait de promulguer les premières lois justes et souveraines dans notre patrie, elles avaient recouru à une arme qu’elles jugeaient imparable : nous priver de pétrole.

C’est sur cette source d’énergie que s’est développée la civilisation actuelle. Sur notre continent, le Venezuela a été le pays qui l’a payé le plus cher dans la mesure où les USA s’étaient emparés des gisements énormes dont la Nature a doté ce pays frère.

À la fin de la dernière guerre mondiale, des quantités toujours plus élevées de pétrole ont été extraites des gisements d’Iran, ainsi que ceux d’Arabie saoudite, d’Iraq et des pays arabes situés autour qui en devinrent les principaux fournisseurs. La consommation mondiale n’a cessé de s’élever pour atteindre le chiffre fabuleux d’environ quatre-vingts millions de barils par jour, y compris ceux qui sont extraits des États-Unis, à quoi sont venus s’ajouter le gaz, l’énergie hydraulique et l’énergie nucléaire. Le charbon avait été jusqu’au début du XXe siècle la source d’énergie fondamentale qui permit le développement industriel, avant la production de milliards de véhicule automobiles et de moteurs consommant le carburant liquide.

Le gaspillage du pétrole et du gaz est associé à l’une des plus grandes tragédies, absolument pas solutionnées, que souffre l’humanité : les changements climatiques.

Quand notre Révolution a vu le jour, l’Algérie, la Libye et l’Égypte n’étaient pas encore productrices de pétrole, et une bonne partie des grosses réserves de l’Arabie saoudite, de l’Iraq, de l’Iran et des Émirats arabes unis restaient encore à découvrir.

La Libye est devenue en décembre 1951 le premier pays africain à atteindre son indépendance après la Deuxième Guerre mondiale au cours de laquelle son territoire fut le théâtre de combats importants entre les troupes allemandes et celles du Royaume-Uni qui rendirent célèbres les généraux Erwin Rommel y Bernard L. Montgomery.

Le territoire de la Libye est désertique à 95 p. 100. La technologie a permis de découvrir d’importants gisements d’excellent pétrole léger – qui produisent aujourd’hui 1,8 million de barils par jour – et des gisements abondants de gaz naturel. Cette richesse a permis au pays d’avoir une espérance de vie de presque soixante-quinze ans et le revenu par habitant le plus élevé d’Afrique. Son rude désert est situé sur un énorme lac d’eau fossile, qui fait le triple de la surface de Cuba, ce qui lui a permis de construire un vaste réseau de conduits d’eau potable à travers tout le pays.

La Libye, qui comptait un million d’habitants à son indépendance, en a aujourd’hui un peu plus de six.

La Révolution libyenne a eu lieu en septembre 1969. Son principal dirigeant était Mouammar Kadhafi, un militaire d’origine bédouine, qui s’inspira dès sa première jeunesse des idées du leader égyptien Gamal Abdel Nasser. Nombre de ses décisions furent sans doute associées aux changements qui se produisirent quand, tout comme en Égypte, une monarchie faible et corrompue y fut renversée.

Les habitants de ce pays ont des traditions guerrières millénaires. On dit que les anciens Libyens firent partie de l’armée d’Annibal quand celui-ci faillit liquider l’ancienne Rome en traversant les Alpes.

On peut d’accord ou non avec Mouammar Kadhafi. Le monde est actuellement bombardé de nouvelles de toutes sortes, surtout produites par les médias. Il faudra attendre le temps nécessaire pour connaître vraiment ce qu’il a de vrai et de mensonges ou de semi-vérités dans ce qu’on nous dit de la situation chaotique en Libye. Ce qui est absolument évident à mes yeux, c’est que l’administration étasunienne se fiche bien de la paix en Libye et qu’elle n’hésitera pas à donner l’ordre à l’OTAN d’envahir ce riche pays, peut-être même dans quelques heures ou quelques jours.

Ceux qui, motivés par de perfides desseins, ont inventé, hier dimanche 20 février dans l’après-midi,  le mensonge selon lequel Mouammar Kadhafi se dirigeait au Venezuela, ont eu droit aujourd’hui à la digne réponse du ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Nicolás Maduro, qui a affirmé « souhaiter que le  peuple libyen trouve, dans l’exercice de sa souveraineté, un règlement pacifique à ses difficultés, de façon à préserver son intégrité et celle de sa nation, sans ingérence de l’impérialisme… »

Je n’imagine pas, quant à moi, que le dirigeant libyen puisse abandonner le pays et fuir les responsabilités qu’on lui impute, qu’elles soient fausses ou non en tout ou partie.

Toute personne honnête sera toujours opposée à n’importe quelle injustice commise contre n’importe quel peuple du monde. La pire serait maintenant de faire silence sur le crime que l’OTAN s’apprête à commettre contre le peuple libyen.

Pour les chefs de cette organisation belliciste, il y a urgence. Il faut le dénoncer !

 

Fidel Castro Ruz

Le 21 février 2011

22 h 14

 

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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 00:12

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Fidel con intelectuales: “El mundo debería ser una familia” (+ Fotos)

La Havane, 16 février, (RHC-AIN) – Le leader historique de la Révolution Cubaine, Fidel Castro a relevé que les intellectuels peuvent rendre un grand service à l’humanité en persuadant les hommes politiques de freiner les graves dangers qui menacent la survie de l’espèce humaine.

Au cours d’une rencontre avec des personnalités invitées à la 20e Foire Internationale du Livre Cuba 2011, Fidel Castro a appelé les travailleurs de la culture à comprendre les risques actuels et à demander une réponse immédiate aux Chefs d’État. Il a signalé :
“Je pense que notre espèce est en danger réel d’extinction. Nous pouvons et nous devons faire un effort pour que cela n’arrive pas et je crois que cela doit se faire maintenant.

Parmi les facteurs qui menacent le monde figurent les guerres à cause des énergies colossales que les hommes de science ont été à même de mettre entre les mains de l’homme. Mais les intellectuels pourraient rendre un grand service à l’humanité au sujet d’un autre instrument autodestructif et cruel : le fait que notre espèce fait face à des problèmes nouveaux et qu’elle n’a même pas appris à survivre.

Il est temps déjà d’écouter les écologistes et les hommes de science comme Lester Brown, la principale autorité mondiale en la matière et en la production d’aliments. Des penseurs éminents voient avec clarté comment le système capitaliste développé marche vers un désastre inévitable.

Personne n’a été à même de prévoir les nouvelles situations qui se créent le long du chemin et rien ne contredit, au contraire, tout confirme les crises qui nous ont transformés en révolutionnaires.

Il ne s’agit plus maintenant du caractère inévitable du changement de la société mais du droit de l’espèce à une vie différente pour laquelle nous n’avons pas cessé de lutter. »

Le leader historique de la Révolution Cubaine a rappelé que lors de la Conférence de l’Onu sur l’Environnement et le Développement, qui s’est tenue au Brésil en 1992, il avait lancé une mise en garde contre ces dangers, face à l’attitude bienveillante de représentants et de Présidents de la planète.

Fidel Castro et les intellectuels ont analysé aussi des thèmes comme la hausse des prix des aliments, les révolutions sociales dans le monde arabe, le changement climatique, l’éducation des jeunes et la crise des organismes internationaux.


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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 21:52

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J’ai dit voilà quelques jours que le sort de Moubarak était jeté et que même Obama ne pouvait pas le sauver.

 

On sait ce qu’il se passe au Moyen-Orient. Les nouvelles circulent à une vitesse étonnante. Les hommes politiques, qui ont à peine le temps de lire les dépêches qui tombent heure après heure, sont tous conscients de l’importance des événements.

 

Au terme de dix-huit jours de rudes batailles, le peuple égyptien a atteint un objectif important : renverser le principal allié des États-Unis au sein des États arabes. Moubarak, non content d’opprimer et de saigner à blanc son propre peuple, était l’ennemi des Palestiniens et le complice d’Israël qui est la sixième puissance nucléaire de la planète et la partenaire du groupe belliqueux que constitue l’OTAN.

 

Les forces armées égyptiennes avaient, sous la direction de Gamal Abdel Nasser, expulsé un roi soumis et créé la République qui, avec l’appui de l’URSS, se défendit de l’invasion franco-anglo-israélienne en 1956 et préserva la possession du canal de Suez et l’indépendance d’une nation millénaire.

 

Ce qui explique pourquoi l’Égypte jouissait  d’un prestige élevé dans le Tiers-monde. Nasser était considéré comme l’un des leaders les plus éminents du Mouvement des pays non alignés à la création duquel il avait participé aux côtés d’autres dirigeants connus d’Asie, d’Afrique et d’Océanie qui luttaient pour la libération nationale et pour l’indépendance politique des anciennes colonies.

 

En 1978, l’Égypte d’Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien, Menahem Begin, signèrent, avec la médiation du président étasunien Jimmy Carter, les fameux Accords de Camp David.

 

Les deux pays soutinrent pendant douze jours des négociations secrètes, dures et complexes, mais sans participation des Palestiniens à cause du refus catégorique d’Israël, et signèrent, le 17 septembre 1978, deux accords importants : le premier portant sur la paix entre eux ; le second en rapport avec la création, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, d’un territoire autonome où, selon l’idée d’el-Sadate qu’Israël connaissait et faisait sienne, devait voir le jour l’État palestinien dont les Nations Unies avaient, le 29 novembre 1947, décidé de l’existence, ainsi que de celle d’Israël, après partition de la Palestine alors sous mandat britannique.

 

Par le premier accord, Israël acceptait de rendre à l’Égypte, dans un délai d’un an, la péninsule du Sinaï que ses troupes avaient occupée lors de la dernière guerre arabo-israélienne.

 

Par le second accord, les deux parties s’engageaient à négocier la création d’un régime autonome palestinien en Cisjordanie, un territoire de 5 640 kilomètres carrés et de 2,1 millions d’habitants, et dans la bande de Gaza, de 360 kilomètres carrés et de 1,5 million d’habitants.

 

Les États arabes s’indignèrent de cet accord, parce que, de leur point de vue, l’Égypte n’avait pas défendu avec assez d’énergie et de fermeté la création d’un État palestinien dont le droit vital à l’existence avait été au cœur des luttes qu’eux-mêmes et l’héroïque peuple palestinien avaient livrées pendant des décennies.

 

L’indignation fut telle que nombre de ces États rompirent leurs relations avec l’Égypte. Voilà donc de quelle manière la Résolution des Nations Unies de novembre 1947 fut convertie en chiffon de papier, et comment les Palestiniens, dans la mesure où le territoire autonome ne vit jamais le jour, furent privés du droit d’exister dans le cadre d’un État indépendant. D’où la tragédie que vit toujours le peuple palestinien dont la situation aurait dû être réglée voilà plus de trois décennies.

 

La population arabe de Palestine est victime d’actions génocidaires ; on lui enlève ses terres ou on assèche celles-ci dans les régions semi-désertiques, on détruit ses logements à coups de bouteurs. Le million et demi de personnes vivant dans la bande de Gaza fait l’objet d’attaques systématiques par des projectiles explosifs, du phosphore blanc et des grenades à fragmentation ; le territoire même connaît un blocus maritime et terrestre. Pourquoi parle-t-on des Accords de Camp David sans mentionner la Palestine ?

 

Les États-Unis fournissent à  Israël les armements les plus modernes et perfectionnés à raison de plusieurs milliards de dollars annuels. Mais l’Égypte, un pays arabe, est devenue à son tour le second plus gros bénéficiaire d’armes étasuniennes ? Pour lutter contre qui ? Contre un autre pays arabe ? Contre le peuple égyptien ?

 

Quand la population réclamait le respect de ses droits les plus élémentaires et la démission d’un président dont la politique consistait à exploiter et à piller son propre peuple, les forces répressives entraînées par les États-Unis n’ont pas hésité à tirer, tuant des centaines de personnes et en blessant des milliers.

 

Quand le peuple égyptien demandait des explications à son gouvernement, les réponses émanaient de hauts fonctionnaires des services de renseignement étasuniens ou de l’administration de Washington, sans le moindre respect pour les fonctionnaires égyptiens.

 

Les dirigeants et les services secrets étasuniens ne savaient-ils rien par hasard des vols énormes du gouvernement Moubarak ?

 

Avant que le peuple ne commence à protester massivement sur la place Tahrir, ni les fonctionnaires ni les services secrets étasuniens n’ont jamais dit mot des privilèges et des vols éhontés se montant à des milliards de dollars.

 

On aurait tort de croire que le mouvement populaire révolutionnaire en Égypte obéit théoriquement à une réaction contre les violations de ses droits les plus élémentaires. Les peuples ne défient pas la répression et la mort ni ne passent des nuits entières à protester énergiquement pour des questions purement formelles : ils le font quand leurs droits légaux et matériels sont sacrifiés sans pitié au nom des exigences insatiables de politiciens corrompus et des milieux nationaux et internationaux qui pillent leur pays.

 

La pauvreté touchait d’ores et déjà la majorité d’un peuple combattif, jeune et patriotique, blessé dans sa dignité, sa culture et ses croyances.

 

Comment pourrait-on concilier la hausse imparable des cours des aliments et les dizaines de milliards de dollars attribués au président Moubarak et aux secteurs privilégiés du gouvernement et de la société ?

 

Il ne suffit plus qu’on sache à combien se montaient ces sommes ; il faut exiger aussi leur retour au pays.

 

Obama est touché par les événements égyptiens ; il agit ou semble agir comme maître de la planète. On dirait que l’Égypte est sa chasse privée. Il n’arrête pas de téléphoner aux dirigeants d’autres pays.

 

L’agence EFE informe par exemple:

 

« …il s’est entretenu avec le Premier ministre britannique, David Cameron, avec le roi Abdallah II de Jordanie, et avec le Premier ministre turc, l’islamiste modéré Recep Tayyip Erdoğan.

 

 « …le dirigeant étasunien a soupesé "le changement historique" qu’ont provoqué les Égyptiens et a réaffirmé son admiration devant leurs efforts… »

 

La principale agence de presse étasunienne AP fait part de raisonnements dignes d’intérêt :

 

« Les États-Unis demandent au Moyen-Orient des dirigeants de tendance occidentale, amicaux envers Israël et disposés à coopérer à la lutte contre l’extrémisme islamique, mais défendant les droits humains.

 

« …après la chute de deux alliés de Washington en Égypte et en Tunisie à la suite de soulèvements populaires qui, selon des experts, se propageront dans la région Barack Obama a posé une série de conditions idéales mais impossibles à concrétiser.

 

« Il n’existe aucune perspective que ce rêve se réalise, encore moins à court terme. Ce qui se doit en partie au fait que, ces quarante dernières années, les États-Unis ont sacrifié les nobles idéaux des droits humains, qu’ils prônent tant, sur l’autel de la stabilité, de la continuité et du pétrole dans une des régions les plus instables au monde.

 

« "L’Égypte ne sera plus la même", a dit Obama vendredi, après s’être félicité du départ d’Hosni Moubarak.

 

« Par leurs protestations pacifiques, a-t-il dit, les Égyptiens "ont transformé leur pays et le monde".

 

« Bien que plusieurs gouvernements arabes soient nerveux, les élites en place en Égypte et en Tunisie n’ont pas donné de signes qu’elles sont prêtes à céder leur pouvoir ni leur vaste influence économique.

 

« L’administration Obama a insisté sur le fait qu’il ne pouvait s’agir d’un simple changement de "personnalités". Elle a fixé cette attitude depuis que le président tunisien  Zine el-Abidine Ben Ali s’est enfui en janvier dernier, un jour après que la secrétaire d’État Hillary Rodham Clinton eut averti les gouvernements arabes, dans un discours à Qatar, que, sans une réforme, les fondations de leurs pays "s’enfonceraient dans le sable". »

 

Les gens ne se montrent pas très dociles sur la place Tahrir.

 

Europa Press informe :

 

“Selon la chaîne britannique BBC, des milliers de manifestants ont rejoint la place Tahrir, épicentre des mobilisations qui ont entraîné la démission du président Hosni Moubarak, afin de renforcer ceux qui continuent d’y camper malgré les tentatives de la police militaire de les déloger.

 

« D’après le correspondant de la BBC présent sur la place cairote, l’armée hésite devant l’arrivée de nouveaux manifestants…

 

« Le "noyau dur"… est installé à l’un des coins de la place. […] il a décidé d’y rester […] pour garantir le respect de toutes ses réclamations. »

 

Indépendamment de ce qu’il se passera en Égypte, l’un des problèmes les plus graves auxquels se heurte l’impérialisme actuellement est le déficit de céréales que j’ai analysé dans mes Réflexions du 19 janvier.

 

Les USA utilisent une part importante de leur maïs et un taux élevé de leur soja à la production de biocarburants. De son côté, l’Europe allouent des millions d’hectares à ce même objectif.

 

Par ailleurs, par suite des changements climatiques dont les pays développés et riches sont responsables pour l’essentiel, on assiste à un déficit croissant d’eau potable et d’aliments incompatible avec une population qui se chiffrera, aux rythmes de croissance actuels, à neuf milliards d’habitants d’ici à trente ans, une situation dont l’Organisation des Nations Unies et les gouvernements les plus influents de la planète se gardent bien, après les réunions décevantes de Copenhague et de Cancún, d’informer et d’avertir le monde.

 

Nous soutenons le peuple égyptien et sa lutte courageuse pour ses droits politiques et la justice sociale.

 

Nous ne sommes pas contre le peuple israélien ; nous sommes contre le génocide dont est victime le peuple palestinien et pour son droit à un État indépendant.

 

Nous sommes, non pour la guerre, mais pour la paix entre tous les peuples.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 13 février 2011

21 h 14

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4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 00:33

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Le sort de Moubarak est jeté, et jusqu'à l’appui des États-Unis ne pourra pas sauver son gouvernement. Le peuple égyptien est intelligent ; il a, au cours de sa glorieuse histoire, laissé son empreinte dans la civilisation humaine. « Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent », s’exclama, dit-on, Bonaparte à un moment d’exaltation où la révolution des Encyclopédistes le conduisit à cette extraordinaire rencontre de civilisations.

À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’Égypte brilla sous la conduite d’Abdel Gamal Nasser. Lui, Jawaharlal Nehru, héritier du Mahatma Gandhi, Kwame Nkrumah et Ahmed Sékou Touré, deux leaders africains, Sukarno, président de l’Indonésie récemment libérée, créèrent le Mouvement des pays non alignés qui propulsa la lutte d’indépendance des colonies. Les peuples du Sud-Est asiatique et de l’Afrique du Nord, dont l’Égypte, l’Algérie, la Syrie, le Liban, la Palestine, le Sahara occidental, le Congo, l’Angola et le Mozambique, se battaient, avec le soutien de l’URSS et de la Chine, contre les métropoles française, anglaise, belge et portugaise que soutenaient les États-Unis

Cuba se joignit à ce mouvement en marche au triomphe de sa Révolution.

En 1956, la Grande-Bretagne, la France et Israël avaient attaqué par surprise l’Égypte qui avait nationalisé le canal de Suez, mais la solidarité audacieuse de l’URSS, qui menaça même de recourir à ses missiles stratégiques, paralysa les agresseurs.

Le décès précoce de Nasser, le 28 septembre 1970, fut une perte  irréparable pour l’Égypte.

Les USA n’ont pas cessé de conspirer contre le monde arabe qui concentre les plus grosses réserves de pétrole au monde.

Il est inutile de beaucoup argumenter. Il suffit de lire les dépêches de presse pour savoir ce qu’il se passera inévitablement.

Lisons-les.

28 janvier :

« (DPA). Plus de cent mille Égyptiens sont descendus aujourd’hui dans la rue pour protester contre le gouvernement du président Hosni Moubarak, bien que les manifestations soient interdites par les autorités…

« Les manifestants ont incendié des bureaux du Parti démocratique national (PDN), de Moubarak, et des postes de police, tandis qu’au centre du Caire, ils ont lancé des pierres contre la police qui tentait de les disperser par des gaz lacrymogènes et des balles de caoutchouc.

« Le président étasunien, Barack Obama, s’est réuni aujourd’hui avec une commission de spécialistes pour analyser la situation, tandis que le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, a averti que les États-Unis réévalueraient en fonction des événements les aides se montant à des milliards qu’ils octroient à l’Égypte.

« Les Nations Unies ont aussi émis un message fort depuis Davos où le secrétaire général Ban Ki-moon se trouvait ce vendredi.

« (Reuters).- Le Président Mubarak  a ordonné le couvre-feu  en Egypt et le déploiement de troupes de l’armée, appuyées par des véhicules blindés au Caire et dans d’autres villes. Des confrontations violentes entre la police et des manifestants sont reportées.

 « Des forces de l’armée, appuyées par des véhicules blindés, se sont déployées vendredi au Caire et dans d’autres grandes villes égyptiennes pour faire cesser les protestations populaires qui exigent la démission du président Hosni Moubarak.

« Selon des sources médicales, 410 personnes ont été blessées à ce jour durant les protestations, tandis que la télévision publique a annoncé le couvre-feu dans toutes les villes.

« Les événements représentent un dilemme pour les États-Unis qui ont exprimé leur souhait de voir s’étendre la démocratie dans toute la région, bien que Moubarak ait été depuis de longues années un de leurs proches alliés et le bénéficiaire d’une très grosse aide militaire. »

 « (DPA).- Des milliers de Jordaniens ont protesté aujourd’hui dans tout le pays après les prières du vendredi,  pour demander la démission du Premier Ministre Samir Rifai, ainsi que des reformes politiques et économiques»

Au milieu de la catastrophe politique qui frappe le monde arabe, des dirigeants réunis en Suisse ont réfléchi sur les causes de ce phénomène dans un monde qui court même, selon certains, à un suicide collectif :

«(EFE).- Plusieurs leaders politiques demandent au Forum économique de Davos un changement  du modèle de croissance économique. 

«Le modèle de croissance économique actuel, fondé sur la consommation et oublieux de ses impacts environnementaux, ne peut plus se maintenir pour beaucoup plus longtemps, car il en va de la survie de la planète, ont averti aujourd’hui à Davos plusieurs dirigeants politiques.

« "Le modèle actuel est un suicide collectif. Nous avons besoin d’une révolution dans la pensée et dans l’action. Les ressources naturelles sont toujours plus réduites",  a averti Ban Ki-moon au cours d’un débat du Forum économique mondial portant sur la façon de redéfinir une croissance durable.

« "Les changements climatiques nous indiquent que le vieux modèle est plus que jamais périmé", a insisté le responsable de l’ONU.

« Le secrétaire général a ajouté qu’en plus de ressources essentielles à la survie comme l’eau et les aliments, "une autre ressource nécessaire pour faire face aux changements climatiques est en train de s’épuiser : le temps". » 

 29 janvier :

« Washington (AP). Le président Barack Obama a tenté l’impossible face à la crise égyptienne : séduire une population soulevée contre un régime autoritaire de trente ans, tout en assurant un allié clef de son soutien.

« Son allocution de quatre minutes, vendredi soir, a représenté une tentative prudente de maintenir un équilibre difficile : Obama avait tout à perdre en se prononçant soit pour les manifestants qui exigent la démission du président Hosni Moubarak soit pour le régime qui s’accroche au pouvoir avec violence.

« Obama… n’a pas demandé un changement de régime, mais il n’a pas dit non plus que l’annonce de Moubarak était insuffisante.

« Bien que ses paroles aient été les plus fortes qu’on ait écoutées ce jour-ci à Washington, il ne s’est pas écarté du scénario déjà écrit par sa secrétaire d’État, Hillary Clinton, et par son porte-parole, Robert Gibbs.

«(NTX).-  Selon un éditorial du journal The Washington Post, les États-Unis devraient user de toute leur influence, y compris le milliard de dollars et plus d’aide qu’ils fournissent chaque année à l’armée égyptienne, pour obtenir ce dernier résultat", autrement dit le départ de Moubarak.

« …Dans son allocution de vendredi soir, Obama a affirmé qu’il continuerait de travailler avec le président Moubarak et a regretté que celui-ci n’ait pas mentionné des élections éventuelles.

« Le journal a qualifié d’ "irréalistes" les positions d’Obama et du vice-président Joe Biden qui a déclaré à une radio qu’on ne pouvait pas taxer le président égyptien de dictateur et qu’il ne pensait pas qu’il devait démissionner.

«(AFP).- Les Organisations arabes étasuniennes, ont exhorté le gouvernement du Président Barack Obama à ne plus soutenir la dictature de Moubarak en Egypte»

«(ANSA).- Les USA se sont déclarés à nouveau  ¨préoccupés¨ par la violence en Egypte et a averti au gouvernement de Moubarak qu’il ne peut agir comme si rien ne s’était passé. Selon Fox News, il ne reste plus à Obama qu’une alternative mauvaise au sujet de l’Égypte.

 

« …il a averti le gouvernement du Caire qu’il ne peut recommencer à "battre les cartes" et continuer d’agir comme de si de rien n’était.

« La Maison-Blanche et le département d’État suivent de très près la situation en Égypte, l’un des principaux alliés de Washington dans le monde et bénéficiaire d’une aide civile et militaire se montant à environ 1,5 milliard de dollars par an.

« Les médias étasuniens couvrent très largement les troubles en Égypte et signalent que la situation peut se convertir, de quelque manière qu’elle se règle, en un casse-tête pour Washington.

« Selon Fox, si Moubarak tombait, les USA et leur autre principal allié au Moyen-Orient, Israël, pourraient se retrouver face à un gouvernement des Frères musulmans au Caire et voir l’Égypte prendre un virage anti-occidental.

« "Nous avons misé sur le mauvais cheval pendant cinquante ans",  a affirmé à Fox un ancien agent de la CIA, Michael Scheuer : "Penser que le peuple égyptien va oublier que nous avons soutenu des dictateurs pendant un demi-siècle est utopique", a-t-il ajouté.

«(AFP).- La communauté internationale a multiplié ses appels pour que le Président égyptien Hosni Moubarak introduise des réformes politiques et qu’il cesse la répression des manifestations contre son gouvernement, lesquelles se trouvent à son cinquième jour.

« Nicolás Sarkozy, Angela Merkel et David Cameron ont, pour leur part, demandé  samedi au président dans une déclaration conjointe d’ "entamer des changements" face aux "revendications légitimes" de son peuple et d’ "éviter à tout prix de recourir à la violence contre les civils".

« L’Iran a aussi appelé les autorités égyptienne à faire cas des revendications de la rue.

« Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a estimé en revanche que les protestations constituaient "des attaques à la sécurité et à la stabilité" de l’Égypte, réalisées par des "infiltrés" au nom de la "liberté d’expression".

« Le monarque a téléphoné à Moubarak pour lui exprimer sa solidarité, a fait savoir l’agence officielle saoudite SPA.

31 janvier :

« (EFE) Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a exprimé aujourd’hui sa crainte que la situation en Égypte ne favorise l’accès des islamistes au pouvoir, cette inquiétude étant partagée, a-t-il dit, par des dirigeants avec lesquels il s’est entretenu ces derniers jours.

« …le Premier ministre a refusé de commenter des nouvelles divulguées par des médias locaux, comme quoi Israël a autorisé aujourd’hui l’Égypte à déployer des troupes dans le Sinaï pour la première fois en trente ans, ce qui serait une violation de l’accord de paix signé en 1979 entre les deux nations.

« La chancelière allemande a affirmé pour sa part, face aux critiques visant des puissances occidentales comme les USA et l’Allemagne qui ont maintenu des liens étroits avec des régimes totalitaires arabes : "Nous n’avons pas abandonné l’Égypte "

« Le processus de paix entre les Israéliens et les Palestiniens est paralysé depuis septembre, surtout parce qu’Israël refuse de freiner la construction de colonies juives dans le Territoire palestinien occupé.

« Jérusalem (EFE). Israël est favorable au maintien au pouvoir du président égyptien Hosni Moubarak que le chef de l’État israélien a soutenu aujourd’hui quand il a jugé qu’ "une oligarchie religieuse fanatique n’est pas mieux que le manque de démocratie".

« Les déclarations du chef d’État coïncident avec les pressions – diffusées par les médias locaux – qu’exerce Israël sur ses alliés occidentaux pour qu’ils ne critiquent pas autant le régime Moubarak que le peuple égyptien et l’opposition tentent de renverser.

« Selon des sources officieuses anonymes citées par le journal Haaretz, le ministère des affaires étrangères a adressé samedi un communiqué à ses ambassades aux USA, au Canada, en Chine, en Russie et dans plusieurs pays européens pour demander aux ambassadeurs d’insister devant les autorités locales sur l’importance que signifie la stabilité de l’Égypte pour Israël.

« D’après les observateurs israéliens, la chute de Moubarak pourrait mettre en danger les accords de Camp David signés entre l’Égypte et Israël en 1978 et le Traité de paix bilatéral de 1979, surtout si elle entraînait la montée au pouvoir des Frères musulmans, des islamistes qui jouissent d’une vaste assise sociale.

« Israël considère l’Égypte comme le garant de la paix à ses frontières sud et un soutien capital au blocus de la bande de Gaza et à l’isolement du mouvement islamiste palestinien Hamas.

« L’une des plus grandes craintes d’Israël est que la révolte égyptienne, qui se situe dans le sillage de celle de la Tunisie, touche aussi la Jordanie et affaiblisse le régime du roi Abdallah II, dont le pays est le seul  du monde arabe, avec l’Égypte, à avoir reconnu Israël.

«  La désignation récente du général Omar Suleiman comme vice-président égyptien et, donc, comme éventuelle successeur à la présidence, a été bienvenue en Israël qui a maintenu avec lui d’étroites relations de coopération en matière de défense.

« Mais l’orientation des protestations égyptiennes ne permet pas de juger comme un fait acquis que la continuité du régime est assurée ni qu’Israël pourra continuer de compter sur l’Égypte comme son principal allié dans la région. »

Comme on le voit, le monde fait face pour la première fois à trois problèmes simultanés : crises climatiques, crises alimentaires et crises politiques.

À quoi on peut ajouter d’autres graves dangers.

Les risques de guerres toujours plus destructives ne cessent pas.

Les dirigeants politiques feront-ils preuve d’assez de sérénité et d’équanimité pour leur faire face ?

Le sort de notre espèce en dépend.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 1er février 2011

19 h 15

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 00:17

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Voilà à peine onze jours, le 19 janvier, j’ai écrit sous le titre : « Il est temps de faire quelque chose » :

« Le pire, c’est que les solutions dépendront en grande partie des pays les plus riches et développés qui en sont arrivés au point qu’ils ne pourront les appliquer sans voir s’effondrer le monde qu’ils se sont efforcés de façonner…

« Je ne parle déjà plus de guerres, dont des gens sages et brillants, beaucoup des USA, ont su faire connaître les risques et les conséquences.

« Je veux parler de la crise alimentaire provoquée par des faits économiques et par des changements climatiques devenus apparemment irréversibles à cause de l’action de l’homme, mais avec lesquels celui-ci a le devoir, en faisant preuve d’intelligence, de se colleter  au plus vite.

« Les problèmes ont pris soudainement corps à travers des phénomènes qui se répètent sur tous les continents : canicules, incendies de forêts, pertes de récoltes en Russie… changement climatiques… en Chine; pertes progressives des réserves d’eau dans l’Himalaya, qui menacent l’Inde, la Chine, le Pakistan et d’autres pays ; pluies excessives en Australie qui ont inondé presque un million de kilomètres carrés ; vagues de froid insolites et hors saison en Europe… sécheresses au Canada ; vagues de froid inhabituelles dans ce pays et aux USA…

J’ai aussi mentionné les pluies sans précédents en Colombie, au Venezuela et au Brésil.

J’ai aussi informé dans ces Réflexions :

« Les productions de blé, de soja, de maïs, de riz et d’autres nombreuses céréales et légumineuses constituant la base alimentaire du monde – dont la population se monte aujourd’hui à presque 6,9 milliards d’habitants, et frôle donc presque le chiffre inouï de sept milliards, mais compte aussi plus d’un milliards d’affamés et de dénutris – sont sérieusement touchées par les changements climatiques, ce qui crée un problème gravissime dans le monde. »

Samedi 29 janvier, le bulletin contenant des nouvelles d’Internet que je reçois tous les jours reproduisait un article de Lester R. Brown publié sur le site web Vía Orgánica, daté du 10 janvier, dont la teneur mérite à mon avis une vaste divulgation[1].

Son auteur est l’écologiste étasunien le plus prestigieux et le plus lauréat, qui avertit au sujet des effets nocifs des volumes croissants de CO2 émis dans l’atmosphère. Je ne prendrai que quelques paragraphes de son article bien documenté qui expliquent ses vues d’une manière cohérente. 

« Alors que la nouvelle année débute, le prix du blé bat des records [au Royaume-Uni].

« […] Mais tandis que la population a presque doublé depuis 1970, nous lui ajoutons 80 millions de personnes tous les ans. Ce soir, il y aura 219 000 bouches de plus à nourrir, dont beaucoup se retrouveront devant un plat vide. Demain soir, 219 000 de plus nous auront rejoints. À un moment donné, cette croissance incessante commencera à mettre à l’épreuve tant les capacités des agriculteurs que celles des ressources terrestres et hydriques de la planète.

« […] La consommation de viande, de lait et d’œufs dans les pays en développement à croissance rapide s’accélère à un vitesse sans précédent. […]

« […] Aux États-Unis, des 416 millions de tonnes de grains récoltés en 2009, 119 millions ont été envoyés aux distilleries d’éthanol afin de produire du carburant pour voiture, ce qui suffirait à nourrir 350 millions de personnes pendant un an. Les investissements massifs des USA en distilleries d’éthanol préparent le moment où voitures et gens rivaliseront directement pour la production céréalière mondiale. En Europe, où beaucoup de véhicules automobiles roulent au diesel, on constate une demande croissante de diesel à base de plantes, surtout d’huiles de colza et de palme.  Cette demande de cultures oléagineuses non seulement réduit les terres disponibles pour des cultures vivrières en Europe, mais entraîne aussi l’abattage de la forêt tropicale humide en Indonésie et en Malaisie au profit des plantations de palmistes.

« […] la croissance annuelle de la consommation de grains mondiale a doublé d’une moyenne de 21 millions de tonnes en 1990-2005 à 41 millions en 2005-2010. Le gros de ce saut énorme est attribuable à l’orgie d’investissements dans les distilleries d’éthanol aux USA de 2006 à 2008.

« Tandis que la demande annuelle de grains doublait, de nouvelles contraintes apparaissaient du côté de l’offre, alors même que certaines de longue date, telle l’érosion des sols, s’intensifiaient. On estime que le tiers des terres agricoles du monde perdent leur couche arable plus vite que la terre ne peut la régénérer par un processus naturel, de sorte qu’elles perdent leur productivité intrinsèque. Deux énormes déserts de poussière sont en train de se former : l’un à travers la Chine du Nord-Ouest, la Mongolie occidentale et l’Asie centrale, l’autre en Afrique centrale. Chacun d’eux éclipse le désert de poussière des années 30 aux USA.

« Les vues prises par satellite montrent un flux constant des tempêtes de poussière partant de ces régions, chacun emportant généralement des millions de tonnes de couche arable utile. […]

[…]

« Entretemps, l’épuisement des aquifères est en train de réduire rapidement la quantité de terres irriguées dans maintes parties du monde, ce phénomène relativement récent étant provoqué par l’utilisation à grande échelle de pompes mécaniques chargées d’exploiter les eaux souterraines. De nos jours, la moitié de la population mondiale vit dans des pays où les nappes phréatiques descendent du fait que le surpompage épuise les aquifères. Une fois un aquifère épuisé, il faut forcément réduire le pompage en fonction de son rythme de recharge, à moins qu’il ne s’agisse d’un aquifère fossile (non rechargeable), auquel cas le pompage cessera totalement. Mais, tôt ou tard, la baisse des nappes phréatiques se traduit par une hausse des cours des denrées alimentaires.

« Les surfaces irriguées diminuent au Moyen-Orient, surtout en Arabie saoudite, en Syrie, en Iraq et peut-être au Yémen. En Arabie saoudite, qui dépendait totalement d’un aquifère fossile maintenant épuisé pour son autosuffisance en blé, la production tombe en chute libre, au point que sa production a diminué de plus des deux tiers de 2007 à 2010. […]

« Le Moyen-Orient arabe est la première région géographique où les pénuries d’eau progressives sont en train de réduire les récoltes céréalières. Mais les pénuries d’eau vraiment grandes s’enregistrent en Inde, où, selon la Banque mondiale, 175 millions de personnes se nourrissent de grains produits par surpompage. […] Aux États-Unis, l’autre gros producteur mondial de céréales, les zones irriguées diminuent dans des États agricoles cruciaux comme la Californie et le Texas.

[…]

« Par ailleurs, du fait de l’élévation des températures, il est plus difficile d’augmenter assez vite la production céréalière mondiale pour satisfaire une demande record. Les écologistes axés sur les récoltes estiment en règle générale que, pour chaque degré Celsius d’élévation de la température au-dessus de l’optimale durant la période de croissance, il faut s’attendre à une diminution de 10 p. 100 des rendements céréaliers. […]

« Une autre nouvelle tendance menace la sécurité alimentaire : la fonte des glaciers de montagne. Ceci est particulièrement inquiétant dans l’Himalaya et sur le haut-plateau tibétain où l’eau provenant de la fonte des glaciers contribue à alimenter non seulement les principaux fleuves d’Asie à la saison sèche, tels que l’Indus, le Gange, le Mékong, le Yang-tseu-kiang et le fleuve Jaune, mais aussi les systèmes d’irrigation qui en dépendent. Sans cette fonte de la glace, les récoltes céréalières chuteraient lourdement et les prix s’en élèveraient d’autant.

« Finalement, la banquise qui fond au Groenland et dans l’ouest de l’Antarctique, de pair avec l’expansion thermique des océans, menace sur le long terme d’élever le niveau des mers de 1,80 mètre durant ce siècle-ci. Une élévation de seulement 90 centimètres inonderait la moitié des rizières du Bangladesh, ainsi qu’une grande partie du delta du Mékong où l’on produit la moitié du riz au Vietnam, le deuxième exportateur de riz au monde. Au total, une élévation du niveau des mers réduirait sensiblement la production d’environ dix-neuf autres deltas rizicoles en Asie.

« L’agitation de ces dernières semaines n’est que le début. L’avenir du monde n’est plus menacé par le conflit entre des superpuissances lourdement armées, mais plutôt le manque accru de denrées alimentaires et la hausse de leurs prix, et par les troubles politiques qui en découleraient. À moins que les gouvernements ne redéfinissent sans tarder la notion de sécurité et ne  réorientent leurs dépenses militaires vers des investissements visant à réduire l’impact des changements climatiques, à améliorer l’utilisation des eaux, à conserver les sols et à stabiliser la population, l’avenir du monde se caractérisera probablement par toujours plus d’instabilités climatiques et de fluctuations des cours alimentaires. Si les choses continuent comme ça, les cours des denrées alimentaires ne pourront que poursuivre leur hausse.»

L’ordre universel en place a été imposé à la fin de la Deuxième Guerre mondiale par les États-Unis qui se sont réservé tous les privilèges.

Obama n’a aucun moyen de gérer le panier de crabes qu’ils ont créé. Le gouvernement s’est effondré voilà quelques jours en Tunisie où les États-Unis avaient imposé le néolibéralisme, ravis de leur prouesse politique. Le mot démocratie avait été rayé des listes. Il est incroyable de voir Washington, alors que le peuple exploité verse son sang et pille les magasins, se féliciter de ce renversement ! Nul n’ignore par ailleurs que les USA ont fait de l’Égypte leur principal allié dans le monde arabe. Un grand porte-avions et un sous-marin nucléaires, escortés par des bâtiments de guerre étasuniens et israéliens, ont franchi le canal de Suez en direction du Golfe persique voilà plusieurs mois sans que la presse internationale n’ait eu aucun accès à ce qu’il s’y passait. C’est à ce pays arabe que les USA ont fourni le plus d’armements. Des millions de jeunes Égyptiens sont au chômage et souffrent de la pénurie alimentaire que connaît l’économie mondiale, et Washington leur offre son soutien ! Son machiavélisme consiste en ce que, tandis que le gouvernement fournissait des armes au gouvernement égyptien, son US/AID offrait des fonds à l’opposition. Les États-Unis pourront-ils stopper la vague révolutionnaire qui ébranle le Tiers-monde ?

La fameuse réunion de Davos, qui vient de conclure, s’est convertie en une Tour de Babel, le seul point sur lequel les États européens les plus riches, commandés  par l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France, coïncident avec les USA étant leurs désaccords !

Mais à quoi bon s’inquiéter ? La secrétaire d’État n’a-t-elle pas promis une fois de plus que les USA contribueront au relèvement d’Haïti ?

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 30 janvier 2011

18 h 23

 


[1] Cet article a été publié au départ dans la revue Foreign Policy, le 10 janvier 2011, sous le titre : « The Great Food Crisis of 2011. It's real, and it's not going away anytime soon. » (N.d.T.)

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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 08:06

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Réflexions du compañero Fidel

 

L’ÉTAT DE L’UNION

 

On attendait avec intérêt le discours du président sur l’état de l’Union, après ce qu’il avait dit le 12 janvier à l’Université de Tucson (Arizona) au sujet de l’attentant qui avait eu lieu dans cette ville quatre jours plus tôt : six tués et quatorze blessés, dont la jeune représentante démocrate, Gabrielle Giffords, élue pour la troisième fois au Congrès national et contraire à la loi contre les émigrants votée par cet État, qui fait partie du territoire volé au Mexique après la guerre injuste de 1848.

Le Tea Party, autrement dit la droite fasciste du Parti républicain, a remporté un succès notable parmi les électeurs qui prennent la peine d’aller voter.

La population de l’Arizona, à l’instar du reste des États-Unis, a réagi indignée. Une attitude assurément correcte, et je l’ai souligné, n’ayant jamais douté des valeurs morales qui caractérisent normalement les peuples, indépendamment de la politique des gouvernements.

Bien qu’Obama n’ait pas dit mot de l’étalage incroyable de primitivisme que  reflète l’usage généralisé et pratiquement indiscriminé d’armes à feu meurtrières dans son pays, son message sur l’état de l’Union exige une analyse politique et éthique dans la mesure où les États-Unis restent une superpuissance dont dépend, entre autres facteurs importants, le sort de l’espèce humaine, indépendamment de leur président et de leur Congrès,.

Aucun pays à lui seul n’a – ni ne peut avoir – de réponses aux problèmes auxquels le monde fait face aujourd’hui.

Il faut commencer par dire qu’Obama est déjà en pleine bataille électorale : il doit s’adresser aux démocrates et aux républicains, à ceux qui votent et à ceux qui ne votent pas, aux multimillionnaires et aux mendiants, aux protestants et aux catholiques, aux chrétiens et aux musulmans, aux croyants et aux non-croyants, aux Noirs et aux Blancs, à ceux qui appuient et à ceux qui n’appuient pas les recherches relatives aux cellules mères, aux homosexuels et aux hétérosexuels, à chaque citoyen et à son contraire, même s’il finit par dire qu’ils sont tous Étasuniens, comme si 95,5 p. 100 du reste des habitants de la planète, soit 6,9 milliards de personne, n’existaient pas.

Il est entré dans le vif presque dès le début de son intervention d’une heure :

“L’enjeu en ce moment n’est pas qui gagnera les prochaines élections… L’enjeu est si de nouveaux emplois et de nouvelles industries naîtront dans ce pays-ci… si nous maintiendrons le leadership qui a fait des États-Unis, non simplement un endroit sur la carte, mais la lumière du monde.

« Nous sommes prêts pour le progrès…  La Bourse ronfle de nouveau, les profits des sociétés s’élèvent, l’économie connaît de nouveau la croissance. »

Aussitôt après, il s’efforce de nous émouvoir par des mots qui semblent tirés d’un film étasunien bien connu et que dont ceux de ma génération se souviennent : Autant en emporte le vent, qui traite de la terrible guerre civile ayant opposé le Nord industriel et le Sud esclavagiste et agraire, sous la présidence de cet homme exceptionnel que fut Abraham Lincoln.

« Le monde a changé. Et, pour beaucoup, ce changement a été douloureux. Je le vois dans les fenêtres fermées d’usines autrefois retentissantes et dans les vitrines vides de grandes rues autrefois affairées. Je l’entends dans les frustrations des Étasuniens qui ont vu leurs paies diminuer ou leurs emplois disparaître, des hommes et des femmes fiers qui sentent que les règles du jeu ont changé en plein match.

« […] Les aciéries qui employaient avant mille travailleurs peuvent produire autant avec cent seulement.  […]

« Pendant ce temps, des nations comme la Chine et l’Inde ont compris qu’en opérant quelques changements, ils pouvaient rivaliser dans ce nouveau monde. […] Tout récemment, la Chine vient d’ouvrir le centre de recherche solaire privé le plus grand au monde et de lancer l’ordinateur le plus rapide au monde.

« […] mais les Etats-Unis restent l’économie la plus grande et la plus prospère au monde. […]

« […] Nous savons ce qu’il faut faire pour être compétitifs en matière d’emplois et d’industries à notre époque. Nous devons innover, éduquer et construire plus que le reste du monde. Nous devons faire des États-Unis le meilleur endroit au monde pour faire des affaires. […] Et j’aimerai ce soir vous dire comment y arriver.

Obama ne dit jamais un traître mot des grandes sociétés monopolistiques qui contrôlent et pillent aujourd’hui les ressources de la planète. Il ne mentionne jamais l’accord de Bretton Woods, qui a imposé à un monde ruiné par la guerre un système dans lequel les États-Unis ont pris le contrôle des institutions financières et du Fonds monétaire international où ils maintiennent à tout crin leur pouvoir de veto. Il ne dit jamais rien de l’escroquerie monumentale commise en 1971 par Nixon quand celui-ci a interrompu unilatéralement la conversion or/dollar, ce qui a permis aux USA  d’imprimer des billets sans aucune limite et d’acheter ainsi des biens et des richesses incalculables dans le monde, rien qu’en payant avec un papier-monnaie dont la valeur n’est plus aujourd’hui, quarante ans après, que 2,5 p. 100 de celle d’alors.

Obama aime bien raconter en revanche, sur un ton lyrique, des histoires de petits entrepreneurs censées éblouir, envoûter et émouvoir ceux de ses auditeurs qui ignorent la réalité. Son éloquence, son style et son ton semblent conçus pour qu’ils acceptent d’écouter, tels des enfants sages, ses contes émouvants.

“[…] Robert and Gary Allen sont des frères qui ont une petite usine de toiture dans le Michigan. Après le 11 septembre, ils ont volontairement offert leurs meilleurs couvreurs pour contribuer à la réparation du Pentagone. Mais la moitié de leur usine a cessé de fonctionner et la récession les a frappés durement. Aujourd’hui, grâce à un prêt du gouvernement, cet espace vide sert à fabriquer des tuiles photovoltaïques qu’ils vendent dans tout le pays. Comme l’a dit Robert, "nous nous sommes réinventés".

« […] Nous lançons un défi: nous disons aux scientifiques et ingénieurs étasuniens que s’ils réunissent des équipes des meilleurs cerveaux dans leur domaine et s’ils se concentrent sur les problèmes les plus difficiles en matière d’énergie non polluante, nous financerons les projets Apollo de notre époque. »

Et, aussitôt, il nous laisse estomaqués :

« L’institut de technologie de Californie est en train de mettre au point une façon de transformer la lumière du soleil et l’eau en carburant pour nos automobiles. […]

Ça y est, la planète est sauvée ! Ou, du moins, elle ne périra pas par excès de CO2 ou faute d’énergie. Ça me rappelle une histoire d’il y a une quarantaine d’années, quand un groupe entreprenant de jeunes scientifiques m’avait parlé avec beaucoup d’enthousiasme de cette même idée à partir de principes scientifiques, et moi, avec ma foi aveugle dans la science, je m’étais efforcé de leur trouver tout ce dont ils avaient besoin, y compris une installation isolée où ils buchèrent pendant des années avec tant de conviction qu’il firent même exploser un moteur qui faillit en tuer quelques-uns, ce qui ne les empêcha pas de poursuivre leur tâche.

Je ne nie rien, encore moins la capacité d’un super-institut californien, mais, de grâce, monsieur le président, informez donc le monde de cette possibilité afin que bien d’autres scientifiques travaillent dans cette même direction. Il ne s’agit pas de profits, et l’humanité serait même disposée à vous payer tout ce dont vos scientifiques ont besoin, et je suis presque sûr que même Michael Moore se réjouirait qu’on vous décerne dix autres prix Nobel !

Et il enchaîne aussitôt, après un autre commentaire encourageant sur le Laboratoire national d’Oak Ridge qui recourt à de superordinateurs pour faire produire davantage d’énergie aux centrales nucléaires :

« Avec plus de recherches et d’incitations, nous pouvons nous en finir avec notre dépendance d’envers le pétrole grâce aux biocarburants et devenir d’ici à 2015 le premier pays où rouleront un million de voitures électriques. (Applaudissements.) »

Imperturbable, le président poursuit :

“Pensez un peu. Dans les dix prochaines années, près de la moitié des nouveaux emplois exigeront un niveau universitaire. Or, le quart de nos élèves ne finissent même pas la secondaire. En mathématiques et en science, la qualité de notre éducation est à la traîne de bien d’autres pays. Nous avons chuté au neuvième rang en ce qui concerne notre proportion de diplômés universitaires. La question est donc de savoir si nous tous, en tant que citoyens et que parents, nous voulons faire le nécessaire pour donner à chaque enfant une chance de réussite.

« […]

« […] …nous atteindrons le but que j’ai fixé voilà deux ans : d’ici la fin de cette décennie, les États-Unis auront de nouveau la proportion la plus élevée de diplômés universitaires au monde (Applaudissements.) »

« […] D’autres viennent ici pour étudier dans nos établissements d’enseignement supérieur et nos universités. Mais, dès qu’ils ont leur diplôme, nous les renvoyons chez eux pour qu’ils nous fassent concurrence. C’est insensé. »

Bien entendu, cet aveu éhonté mais insolite de l’utilité du vol des cerveaux, que notre ami Obama ne prend même pas la peine de dissimuler, nous le lui pardonnerons au nom de son passion pour la science et la saine concurrence !

« […] Le troisième pas à faire pour conquérir l’avenir, c’est de reconstruire les États-Unis. Pour attirer de nouvelles affaires vers nos rivages, nous avons besoin des façons les plus rapides de faire circuler les gens, les biens et l’information, depuis le TGV jusqu’à l’Internet à très haut débit.

« Notre infrastructure était normalement la meilleure, mais nous avons dérapé en matière de leadership. Les foyers sud-coréens ont maintenant plus d’accès à l’Internet que nous autres. Des pays européens et la Russieinvestissent plus que nous en routes et chemins de fer. La Chine construit des trains plus rapides et des aéroports plus modernes. […]

« Ainsi donc, ces deux dernières années, nous avons entrepris de reconstruire en vue du XXIe siècle, un projet qui a représenté des milliers de bons emplois pour le secteur durement touché du bâtiment. Et ce soir, je vous propose de redoubler d’effort.

« […] Notre objectif, d’ici à vingt-cinq ans, est de donner à 80 p. 100 des Étasuniens accès au TGV. […]

« Dans les cinq prochaines années, nous permettrons aux entreprises de déployer la nouvelle génération de couverture sans fils à grande vitesse pour 98 p. 100 des Étasuniens. […] Cela veut dire que d’une communauté rurale de l’Iowa ou d’Alabama, des agriculteurs et de petits entrepreneurs pourront vendre leurs produits dans le monde entier. […]

« …feront des États-Unis un meilleur endroit pour faire des affaires et créer des emplois. […]

« …un essaim de lobbyistes a truqué le code fiscal au bénéfice particulier des compagnies et des industries. […]

« …nous nous sommes fixé le but de doubler nos exportations d’ici 2014, car, plus nous exportons, et plus nous créons d’emplois chez nous. […] Nous avons signé récemment des accords avec l’Inde et la Chine qui procureront plus de 250 000 emplois aux États-Unis. […]

« …j’avais dit clairement… que je ne signerais que des accords me permettant de tenir mes promesses envers les travailleurs étasuniens et de promouvoir des emplois étasuniens. […] c’est ce que je prétends faire par des accords avec le Panama et la Colombie

Certaines des choses que raconte Obama donnent une idée des souffrances dramatiques que doivent endurer, en plein XXIe siècle, les plus pauvres dans leur propre pays :

« […] Je n’ai pas envie de dire à James Howard, un Texan souffrant d’un cancer au cerveau, que l’assurance ne peut pas couvrir son traitement. […]

«  […] Nous avons hérité de dépenses déficitaires qui remontent à presque dix ans. Et, dans le sillage de la crise financière, il a fallu faire un certain nombre de choses pour maintenir les crédits, préserver des emplois et mettre de l’argent dans les poches des gens.

« […] Aussi, ce soir, je vous propose de geler, dès cette année, les dépenses publiques annuelles pendant les cinq prochaines années. […]

« […] Le secrétaire à la Défense a aussi accepté de supprimer des dizaines de milliards de dollars dans des dépenses que lui-même et ses généraux estiment possibles.

« […] Et si notre déficit nous importe vraiment, nous ne devons pas permettre tout simplement que les 2 p. 100 des étasuniens les plus riches continuent de bénéficier d’exemptions d’impôts permanentes. Avant d’enlever de l’argent à nos écoles ou des bourses à nos étudiants, nous devons demander à nos millionnaires de renoncer à leurs réductions fiscales. […]

« […] Comme vous méritez de savoir quand vos fonctionnaires élus se réunissent avec des lobbyistes, je demande au Congrès de faire ce que la Maison-Blanche a déjà fait : de mettre cette information en ligne. […] »

De mon point de vue, la simple existence d’une armée de lobbyistes œuvrant et négociant auprès de législateurs est une honte pour n’importe quel pays civilisé.

« […] Et l’exemple moral des États-Unis doit toujours éclairer tous ceux qui aspirent à la liberté et à la justice et à la dignité »

nous dit monsieur Obama, qui enclenche aussitôt sur un autre thème :

«  […] Prenez l’Iraq, d’où presque cent mille compatriotes courageux, hommes et femmes, se sont retirés la tête haute. […]

« Mission remplie ! » me suis-je rappelé !

« […] Étant donné que républicains et démocrates ont approuvé le nouveau START, bien moins d’ogives et de vecteurs nucléaires seront déployés. […]

« Grâce à l’effort diplomatique consenti de manière insistante pour que l’Iran respecte ses obligations, son gouvernement fait face maintenant à des sanctions plus dures, plus solides que jamais. Et, dans la péninsule coréenne, nous soutenons notre alliée, la Corée du Sud, et nous insistons pour que la Corée du Nord tienne son engagement de renoncer aux armes nucléaires. »

Comme on le voit, le président ne dit mot de l’assassinat sélectif de scientifiques iraniens commis par ses propres services secrets et ceux de ses alliés, alors qu’il le sait pertinemment.

Il amplifie en revanche l’information :

« Voilà juste une partie de ce que nous faisons pour modeler un monde favorable à la paix et à la prospérité. Avec nos alliés européens, nous revitalisons l’OTAN et nous renforçons notre coopération en tout, depuis le contre-terrorisme jusqu’à la défense antimissile. […] »

Bien entendu, notre illustre ami ne dit pas un traître mot de la nécessité urgente d’empêcher le réchauffement global de poursuivre sa course accélérée, ni des pluies catastrophiques ni des chutes de neige qui viennent de frapper le monde, ni de la crise alimentaire qui menace actuellement quatre-vingts pays du Tiers-monde, ni des dizaines des millions de tonnes de maïs et de soja que les grandes sociétés étasuniennes destinent à la production de biocarburants, alors que la population mondiale, qui se monte déjà à 6,9 milliards d’habitants, en atteindra 7 milliards d’ici dix-huit mois.

« […] En mars, je me rendrai au Brésil, au Chili et en El Salvador pour forger de nouvelles alliances à travers les Amériques. […]

            Au Brésil, soit dit en passant, il pourra constater les dégâts, avec morts et disparus, causés par les pluies sans précédents qui viennent de s’abattre sur Rio de Janeiro et sur Sao Paulo. Il aura ainsi l’occasion de faire son autocritique quant au fait que son pays a refusé de signer l’accord de Kyoto et que sa propre administration a promu la politique suicidaire de Copenhague.

Au Chili, la politique se complique. On peut supposer que quelqu’un devra rendre hommage à Salvador Allende et aux milliers de Chiliens assassinés par la tyrannie de Pinochet que les États-Unis imposèrent à ce pays. À quoi s’ajoute ce dont je parle un peu plus loin. Une autre situation embarrassante doit se produire en El Salvador, où les forces entraînées et éduquées dans les écoles militaires de contre-insurrection des USA, dotées d’armes fournies par les USA, ont torturé et massacré les combattants du FMLN, dont le parti a remporté la majorité des suffrages aux élections encore récentes.

Quant à ce que raconte Obama ensuite, on a du mal à y croire :

« Dans le monde entier, nous soutenons ceux qui prennent leurs responsabilités, aidant les agriculteurs à produire plus de nourriture, soutenant les médecins qui soignent les malades… »

Bien des gens savent ce que font les USA contre nos médecins au Venezuela et d’autres pays latino-américains : tramant des plans pour promouvoir les défections et leur offrant des visas et de l’argent chez eux pour qu’ils renoncent à la dure tâche à laquelle ils se dévouent.  Personne n’ignore non plus les accords de libre-échange qu’ils ont imposés et les énormes subventions qu’ils allouent à leurs propres agriculteurs, au point de ruiner les producteurs latino-américains de grains et céréales : ainsi, la production de maïs et d’autres céréales a été pratiquement liquidée au Mexique, qui dépend maintenant de l’agriculture étasunienne.

Dans un pays aussi pauvre qu’Haïti, qui était quasiment suffisant en riz, les transnationales ont ruiné la production en y écoulant des excédents subventionnés et l’ont empêché de se satisfaire et de procurer toujours plus d’emplois à des milliers de travailleurs. À en croire Obama, les États-Unis sont les champions mondiaux de l’assistance médicale et de l’honnêteté administrative ! Mais ce sont là des questions longues et complexes qu’il est difficile d’aborder dans une simple Réflexion.

Je tiens seulement à rappeler que les pays industrialisés sont les principaux pillards de médecins et de chercheurs scientifiques du Tiers-monde. Que le budget militaire des USA dépasse celui de tous les autres pays réunis ; que leurs exportations d’armes doublent ou triplent celles de tous les autres États ; que leurs arsenaux militaires déployés se montent à plus de cinq mille ogives stratégiques ; que leurs bases militaires à l’étranger sont plus de cinq cents ; que leurs porte-avions nucléaire et leurs flottes navales écument tous les mers de la planète… Le rêve américain peut-il être donc « un modèle pour le monde » ? Qui donc le président étasunien prétend-il duper par un tel discours ?

Son délirant message conclut comme suit :

« C’est grâce à ce rêve que je peux être devant vous ce soir. C’est grâce à ce rêve qu’un gars de la classe ouvrière de Scranton peut s’assoir derrière moi. C’est grâce à ce rêve que quelqu’un qui a commencé par balayer le plancher du bar paternel à Cincinnati peut présider la Chambre des représentants dans la plus grande nation du monde.

« […] Et ce rêve est l’histoire d’un petit entrepreneur nommé Brandon Fisher.

« Brandon a lancé à Berlin (Pennsylvanie) une société qui se spécialise dans une nouvelle technologie de forage. Et un jour, l’été dernier, il a appris que, de l’autre côté du monde, au Chili, trente-trois hommes étaient coincés dans une mine et que personne ne savait comment les sauver.

« Brandon a pensé que sa société pouvait aider. Et il a conçu un plan de sauvetage qui finirait par être connu comme le Plan B. Ses employés ont travaillé jour et nuit pour fabriquer l’équipe de forage nécessaire. Et il partit au Chili.

« Aidé par d’autres, il a entreprit de forer un puits de 2 000 pieds de profondeur, travaillant trois ou quatre jours d’affilée sans dormir. Trente-sept jours plus tard, le Plan B a fonctionné et les mineurs ont été sauvés. (Applaudissements.) Mais comme il ne voulait pas recevoir toute l’attention, Brandon n’était pas là quand les mineurs ont refait surface : il était rentré chez lui, pour travailler à son nouveau projet.

« Plus tard, un de ses employés a affirmé au sujet du sauvetage : "Nous avons prouvé que Center Rock est une petite société, mais que nous faisons de grandes choses" (applaudissements).

Obama a prononcé son discours le 25 janvier au soir. Aujourd’hui, 27 janvier, l’agence de presse étasunienne AP faisait savoir ce qui suit :

« Le chef des sauveteurs qui ont remonté vivants les trente-trois mineurs coincés pendant soixante-neuf jours au fond d’une mine chilienne a corrigé le président Barack Obama au sujet du rôle d’un Étasunien dans ce sauvetage.

« "Croire qu’ils ont été les seuls protagonistes de ce succès, ça me semble exagéré. Ça ne semble pas correct", a affirmé au journal du matin El Mercurio l’ingénieur chilien Jorge Sougarret, qui a dirigé le sauvetage des mineurs en octobre.

« Obama a affirmé que Brandon Fisher "a appris que, de l’autre côté du monde, au Chili, trente-trois hommes étaient coincés dans une mine et que personne ne savait comment les sauver. Brandon… a conçu un plan de sauvetage qui finirait par être connu comme le Plan B. Ses employés ont travaillé jour et nuit pour fabriquer l’équipe de forage nécessaire… Trente-sept jours plus tard, le Plan B fonctionna et les mineurs ont été sauvés."

« Sougarret a précisé que Fisher n’a pas conçu le plan de sauvetage, l’un des trois envisagés pour sortir les mineur, mais que sa société a fourni les tarières utilisées par les perforatrices. Et qu’on lui a payé cent mille dollars pour ces tarières.

« "Ce qu’il a fait, lui, c’est mettre à notre disposition une technique, comme il y en a eu d’autres. Elle n’a pas été la seule. C’est pour ça qu’on l’a appelée le Plan B. Et les plans A et C ont continué de fonctionner. Ce n’est donc pas une opération qui a été exclusivement d’eux. Sans aucun doute, l’équipe au complet a participé au succès final", a précisé Sougarret.

« Le chef des sauveteurs, gérant d’un des cinq grands gisements publics de cuivre, a dit que l’équipe technique formé par la société publique Coldelco et deux grands sociétés minières privées, a décidé d’exécuter le Plan B qui a abouti le 13 octobre au sauvetage des mineurs à travers une sonde introduite dans le trou. »

Après avoir vanté la prouesse de la petite société Center Rock et en avoir fait une apologie démesurée – indépendamment des mérites personnels et de la capacité que peut avoir le jeune Brandon Fisher – et sans même mentionner les efforts des sauveteurs chiliens qui travaillaient d’arrache-pied depuis des semaines pour sauver les mineurs, Obama a fait une péroraison enflammée :

« L’idée des États-Unis perdure. Notre destinée reste entre nos mains. Et ce soir, plus de deux siècles après, c’est grâce à notre peuple que notre avenir est prometteur, que notre voyage se poursuit et que l’état de notre union est fort.

« Je vous remercie. Que Dieu vous bénisse, et que Dieu bénisse les États-Unis d’Amérique ! (Applaudissements.) »

Dieu aura bien du mal à bénir tant de mensonges.

Fidel Castro Ruz

Le 27 janvier 2011

19 h 12

 

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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 08:33

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Réflexions du compañero Fidel

 

IL EST TEMPS DE FAIRE QUELQUE CHOSE

 

 

Je vais faire un peu d’histoire.

Quand les Espagnols nous « découvrirent » voilà cinq siècles, la population estimée de l’île ne dépassait pas deux cent mille habitants qui vivaient en équilibre avec la Nature et dont les sources d’alimentation principales étaient les cours d’eau, les lacs et la mer, riches en protéines. Ils pratiquaient par ailleurs une agriculture rudimentaire qui leur procurait des calories, des vitamines, des sels minéraux et des fibres.

Ils produisaient aussi dans certaines régions de Cuba de la cassave, une sorte de galette de manioc. Des fruits et de petits animaux sauvages complétaient leur régime alimentaire. Ils fabriquaient des boissons à partir de produits fermentés et ils apportèrent à la culture mondiale la coutume, en rien salutaire, du tabac.

Cuba compte peut-être environ soixante fois plus d’habitants qu’alors. Bien que les Espagnols se soient mêlés à la population autochtone, ils l’exterminèrent pratiquement à force de travail semi-servile dans les champs et de recherche de l’or dans les sables des cours d’eau.

Les autochtones furent remplacés par des Africains importés, capturés de force et réduits en esclavage, une pratique cruelle qui dura des siècles.

Les habitudes alimentaires qui se créèrent alors furent très importantes pour notre existence. Nous fûmes convertis en consommateurs de viande de porc, de bovin et d’ovin, de lait, de fromage et d’autres dérivés, de blé, d’avoine, d’orge, de riz, de pois chiches, de haricots, de petits pois et d’autres légumineuses provenant de climats différents.

Nous disposions à l’origine du maïs, et la canne à sucre fut introduite parmi les plantes les plus riches en calories.

Les conquistadores apportèrent le café d’Afrique, et le cacao vraisemblablement du Mexique. Tous deux, de pair avec le sucre, le tabac et d’autres produits tropicaux, devinrent une source de revenus énorme pour la métropole après que les esclaves d’Haïti se furent soulevés au début du XIXe siècle.

Le système de production esclavagiste dura de fait jusqu’à ce que l’Espagne, que les Cubains avaient vaincue au terme d’une guerre cruelle et extraordinaire, eût cédé la souveraineté de Cuba aux États-Unis.

Au triomphe de la Révolution en 1959, notre île était une vraie colonie yankee. Les États-Unis avaient désarmé notre Armée de libération après l’avoir bernée. Il n’existait pas d’agriculture développée, mais d’immenses plantations exploitées à partir du travail humain et animal et n’utilisant généralement pas d’engrais et de machines. Les grandes sucreries appartenaient aux Étasuniens ; certaines comptaient plus de cent mille hectares de terres, d’autres des dizaines de milliers. Au total, plus de cent cinquante sucreries, y compris celles de propriété cubaine, fonctionnaient moins de quatre mois par an.

Durant les deux grandes guerres mondiales, les États-Unis reçurent leur sucre de Cuba ; ils avaient aussi accordé à notre pays des contingents d’exportation sur le marché, de pair avec des engagements commerciaux et des limitations de notre production agricole, alors qu’ils fabriquaient pourtant une partie de ce sucre. D’autres branches décisives de l’économie, comme les ports et les raffineries de pétrole, leur appartenaient aussi, ainsi que les grandes banques, les centres industriels, les mines, les ports, les lignes maritimes et ferroviaires, et des services publics aussi vitaux que l’électricité et le téléphone.

À bon entendeur, salut.

Quoique les besoins en productions de riz, de maïs, de lipides, de grains et d’autres aliments aient été importants, les États-Unis imposaient des limites à toute production qui fît concurrence à la leur, dont le sucre de betterave subventionné.

En matière de production alimentaire, un petit pays, tropical, à longue saison des pluies et soumis aux cyclones, dépourvu de machines, de systèmes de retenue d’eau et d’irrigation, et d’équipements adéquats, ne pouvait pas, bien entendu, disposer des ressources suffisantes ni se mettre en conditions de concurrencer les productions mécanisées de soja, de tournesol, de maïs, de légumineuses et de riz des États-Unis, voire ne pouvait même pas en produire certaines comme le blé et l’orge.

Il est vrai que la Révolution cubaine n’a pas joui d’une seule minute de paix. Dès que la réforme agraire fut décrétée, à peine cinq mois après la victoire, les États-Unis entreprirent leurs programmes de sabotages, d’incendies, d’obstructions et de produits chimiques nocifs contre le pays, et même d’introduction de vecteurs contre des productions vitales, voire contre la santé humaine.

Mais ils firent l’erreur de sous-estimer notre peuple et sa décision de lutter pour ses droits et son indépendance.

Aucun de nous ne possédait alors, bien entendu, l’expérience qui a été le fruit de longues années : nous partions d’idées justes et d’une conception révolutionnaire. Notre principale erreur d’idéalisme fut peut-être de penser qu’il existait dans le monde une quantité donnée de justice et de respect du droit des peuples ; en fait, il n’en existe aucune. Mais nous ne pouvions pas faire dépendre notre décision de lutte de cette vérité-là.

La première tâche qui concentra nos efforts fut de préparer le pays à la lutte qui venait.

L’expérience acquise durant la bataille héroïque contre la tyrannie de Batista nous disait que l’ennemi, si fort qu’il soit, ne pourrait pas vaincre le peuple cubain.

La préparation du pays à la lutte devint le principal effort du peuple, jalonnée d’épisodes aussi décisifs que la bataille contre l’invasion mercenaire organisée en avril 1961 par les États-Unis et ayant débarqué à Playa Girón, escortée par leur marine et leur aviation.

Incapables de se résigner à l’indépendance de Cuba et à l’exercice de ses droits souverains, l’administration étasunienne décida d’envahir notre territoire. L’Union soviétique n’avait eu absolument rien à voir avec le triomphe de la Révolution cubaine qui devint socialiste, non à cause de son soutien, mais à l’inverse : l’URSS nous appuya parce que la Révolution s’était dite socialiste. Cela est si vrai que, l’URSS disparue, Cuba reste socialiste.

L’URSS avait appris que Kennedy tenterait de recourir avec Cuba à la même méthode que contre la Hongrie, ce qui explique les erreurs que Khrouchtchev commit durant la crise des Fusées et que je fus contraint de critiquer. Mais Khrouchtchev ne fut pas le seul à se tromper ; Kennedy se trompa aussi : Cuba n’avait rien à voir avec l’histoire de la Hongrie et l’URSS n’avait rien à voir avec la Révolution cubaine qui est le fruit unique et exclusif de la lutte de notre peuple. Le seul geste solidaire de Khrouchtchev fut d’envoyer des armes à Cuba quand elle était menacée par l’invasion des mercenaires qu’organisèrent, entraînèrent, armèrent et transportèrent les États-Unis. Sans ces armes, notre peuple aurait de toute façon vaincu les forces mercenaires, de même qu’il vainquit l’armée de Batista et s’empara de tout son équipement militaire, soit cent mille armes. Si les USA avaient envahi Cuba directement, notre peuple serait toujours en train de se battre contre leurs soldats qui auraient dû faire face sûrement à des millions de Latino-Américains. Les États-Unis auraient commis la pire erreur de leur histoire, et l’URSS existerait peut-être encore.

C’est quelques heures avant l’invasion de Playa Girón, après que des avions étasuniens peints à nos propres couleurs eurent bombardé par surprise nos bases aériennes, que la Révolution s’affirma socialiste, et c’est pour le socialisme que notre peuple engagea cette bataille qui est passée à l’histoire comme la première victoire sur l’impérialisme en Amérique.

Dix présidents sont passés depuis à la Maison-Blanche, le onzième en est actuellement le locataire, et la Révolution socialiste est toujours debout. Tous les gouvernements complices des crimes des USA contre Cuba sont aussi passés, et notre Révolution est toujours debout. L’URSS a disparu, et notre Révolution va de l’avant.

Elle n’est pas allée de l’avant avec la permission des USA, mais en butte à leur blocus cruel et impitoyable ; à des actes terroristes qui ont tué et blessé des milliers de personnes, et dont les auteurs jouissent aujourd’hui dans ce pays de l’impunité la plus totale, tandis que des militants antiterroristes cubains y ont été condamnés à perpétuité ; à une loi dite d’Ajustement cubain qui offre entrée, séjour et emploi aux USA à tout Cubain, notre pays étant le seul au monde dont les citoyens jouissent d’un tel privilège, qui est refusé par exemple aux Haïtiens, malgré le séisme qui a ravagé leur pays et tué plus de trois cent mille personnes, et au reste des habitants de ce continent que l’Empire persécute et expulse. Néanmoins la Révolution cubaine est toujours debout.

Cuba est le seul pays de la planète que les Étasuniens ne peuvent visiter, mais sa Révolution est pourtant toujours debout, à seulement cent cinquante kilomètres des USA, livrant sa lutte héroïque.

Nous avons commis des erreurs, nous les révolutionnaires cubains, et nous continuerons d’en commettre, mais nous ne commettrons jamais celle de trahir.

Nous n’avons jamais choisi l’illégalité, le mensonge, la démagogie, la tromperie du peuple, la simulation, l’hypocrisie, l’opportunisme, les pots-de-vin, l’immoralité totale, l’abus du pouvoir, voire les crimes et les tortures répugnants, toutes pratiques qui, sauf exceptions d’autant plus méritoires qu’elles sont rares, ont caractérisé la conduite des présidents étasuniens.

L’humanité fait face aujourd’hui à de graves problèmes, à des problèmes sans précédents. Le pire, c’est que les solutions dépendront en grande partie des pays les plus riches et développés qui en sont arrivés au point qu’ils ne pourront les appliquer sans voir s’effondrer le monde qu’ils se sont efforcés de façonner au profit de leurs intérêts égoïstes et qui  conduit inévitablement à la catastrophe.

Je ne parle déjà plus de guerres, dont des gens sages et brillants, beaucoup des USA, ont su faire connaître les risques et les conséquences.

Je veux parler de la crise alimentaire provoquée par des faits économiques et par des changements climatiques devenus apparemment irréversibles à cause de l’action de l’homme, mais avec lesquels celui-ci a le devoir, en faisant preuve d’intelligence, de se colleter  au plus vite.

Certes, des années durant, on a parlé de cette question. Pourtant, le plus gros émetteur de gaz polluants au monde, les États-Unis, refusait systématiquement de tenir compte de l’opinion mondiale. Indépendamment du protocole et des autres idioties typiques des hommes d’État des sociétés de consommation qui, une fois arrivés au pouvoir, sont tourneboulés d’ordinaire par l’influence des médias, le fait est qu’ils n’ont prêté guère d’attention à ce point. Un alcoolique aux problèmes bien connus – à quoi bon le nommer ! – imposa sa ligne de conduite à la communauté internationale.

Les problèmes ont pris soudainement corps à travers des phénomènes qui se répètent sur tous les continents : canicules, incendies de forêts, pertes de récoltes en Russie, assorties de nombreuses victimes ; changement climatiques, excès de précipitations ou sécheresses en Chine; pertes progressives des réserves d’eau dans l’Himalaya, qui menacent l’Inde, la Chine, le Pakistan et d’autres pays ; pluies excessives en Australie qui ont inondé presque un million de kilomètres carrés ; vagues de froid insolites et hors saison en Europe, avec de graves conséquences pour l’agriculture ; sécheresses au Canada ; vagues de froid inhabituelles dans ce pays et aux USA ; pluies sans précédents en Colombie, qui ont touché des millions d’hectares de terres arables ; précipitations jamais vues au Venezuela ; catastrophes pour pluies excessives dans les grandes villes du Brésil et sécheresses dans le Sud. Il n’existe pratiquement aucune région au monde qui ait été à l’abri de faits semblables.

Les productions de blé, de soja, de maïs, de riz et d’autres nombreuses céréales et légumineuses constituant la base alimentaire du monde – dont la population se monte aujourd’hui à presque 6,9 milliards d’habitants, et frôle donc presque le chiffre inouï de sept milliards, mais compte aussi plus d’un milliards d’affamés et de dénutris – sont sérieusement touchées par les changements climatiques, ce qui crée un problème gravissime dans le monde. Tandis que les réserves ne se sont pas encore récupérées totalement – ou alors en partie seulement – pour certains produits, une grave menace engendre d’ores et déjà des problèmes dans de nombreux États qu’ils déstabilisent.

Plus de quatre-vingts pays, tous du Tiers-monde, déjà en proie à des difficultés réelles, sont menacés de véritables famines.

Je me bornerai à résumer les déclarations et les rapports apparus ces derniers jours :

« 11 janvier 2011 (AFP). L’ONU lance une alerte au sujet du risque d’une nouvelle crise alimentaire : "La situation est très tendue", a estimé la FAO. Environ quatre-vingts pays font face à un déficit d’aliments… L’indice mondial des cours des produits agricoles de base (céréales, viande, sucre, oléagineux, produits lactés) a atteint son plafond depuis que la FAO a commencé à l’élaborer voilà vingt ans. »

« NATIONS UNIES, janvier (IPS) : L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dont le siège est à Rome, a averti la semaine dernière que les cours mondiaux du riz, du blé, du sucre, de l’orge et de la viande… ont enregistré des hausses significatives en 2011… »

« PARIS, 10 janvier (Reuters). Le président français, Nicolas Sarkozy, conduira cette semaine à Washington sa campagne contre les cours élevés des aliments… »

« BÂLE, 10 janvier (EFE). Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, porte-parole des gouverneurs des banques centrales du Groupe des 10 (G-10), a alerté aujourd’hui au sujet de la forte hausse des cours des aliments et de la menace inflationniste qu’elle impliquait dans les économies émergentes. »

« 15 janvier (BBC). La Banque mondiale redoute une crise du cours des aliments : Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a affirmé à la BBC que la crise serait plus grave qu’en 2008. »

« MEXICO, 7 janvier (Reuters). Le rythme de l’inflation annuelle des aliments a triplé au Mexique en novembre par rapport aux deux mois précédents. »

« WASHINGTON, 18 janvier (EFE). Selon une étude, les changements climatiques aggraveront la carence d’aliments. "Depuis plus de vingt ans, les scientifiques lancent des cris d’alerte au sujet des retombées des changements climatiques, mais rien ne change, si ce n’est l’augmentation des émissions provoquant le réchauffement mondial", a affirmé à EFE Liliana Hisas, directrice exécutive de la filiale étasunienne de l’Universal Ecological Fund. Osvaldo Canziani, prix Nobel de la paix en 2007 et conseiller scientifique du rapport, a affirmé : "On enregistrera dans le monde entier des épisodes météorologiques et des conditions climatiques extrêmes, dont l’intensité sera exacerbée par la hausse de la température moyenne à la superficie". »

« 18 janvier (Reuters). L’Algérie achète du blé pour éviter des pénuries et des troubles. L’agence publique des grains algérienne a acheté environ un million de tonnes de blé ces deux dernières semaines pour éviter une pénurie en cas de troubles, a affirmé à Reuters une source du ministère de l’Agriculture. »

« 18 janvier (Reuters). Les cours du blé flambent à Chicago après les achats algériens. »

« El Economista, 18 janvier 2001. Alerte mondiale au sujet des cours des aliments. Parmi les principales causes, on trouve les inondations et les sécheresses causées par les changements climatiques, l’utilisation d’aliments pour produire des biocarburants et la spéculation concernant les cours des produits de base. »

Les problèmes sont dramatiques, mais tout n’est pas encore perdu.

La production mondiale de blé s’est montée à presque 650 millions de tonnes.

Celle de maïs frôle les 770 millions.

Celle de soja pourrait presque atteindre 260 millions de tonnes, dont 92 aux USA et 77 au Brésil, les deux plus gros producteurs.

On connaît en général les chiffres de graminées et de légumineuses qui seront disponibles en 2011.

La première chose que devra faire la communauté mondiale, c’est choisir entre les aliments et les biocarburants, en compensant bien entendu le Brésil, un pays en développement.

Si les millions de tonnes de soja et de maïs utilisés pour fabriquer des biocarburants étaient consacrés à la production d’aliments, la flambée des prix s’arrêterait, et les scientifiques du monde pourraient alors proposer des formules à même en quelque sorte d’enrayer, voire d’inverser la situation.

On a perdu trop de temps. Il est temps de faire quelque chose.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 19 janvier 2011

21 h 55

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14 janvier 2011 5 14 /01 /janvier /2011 22:32

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Je l’ai entendu hier rendre hommage, à l’Université de Tucson, aux six personnes assassinées et aux quatorze blessées en Arizona, en particulier à la représentante démocrate de cet État, grièvement blessée d’une balle dans la tête.

L’auteur est un déséquilibré, intoxiqué par la prédication de la haine au sein de la société étasunienne où le groupe fasciste du Tea Party a imposé son extrémisme au Parti républicain qui, sous la baguette de George W. Bush, a conduit le monde au bord de l’abîme.

Au désastre des guerres, s’ajoutent la plus grave crise économique dans l’histoire des USA et une dette publique qui équivaut d’ores et déjà à la totalité du Produit intérieur brut, plus un déficit mensuel qui dépasse 80 milliards de dollars et, de nouveau, une augmentation de la quantité de personnes perdant leur logement pour dettes hypothécaires. Les cours du pétrole, des métaux et des aliments s’élèvent progressivement. La méfiance dans le papier-monnaie augmente les achats d’or, et nombreux sont ceux qui augurent que les cours de ce métal précieux se chiffreront à 2 000 dollars – voire à 2 500 selon certains – l’once Troy d’ici à la fin de l’année.

Les phénomènes climatiques se sont aggravées, provoquant des pertes de récoltes considérables dans la Fédération de Russie, en Europe, en Chine, en Australie, en Amérique du Nord et du Sud, et ailleurs, ce qui met en péril les livraisons de denrées alimentaires dans plus de quatre-vingts pays du Tiers-monde et engendre une instabilité politique dans toujours plus d’entre eux.

Le monde doit se colleter avec tant de problèmes politiques, militaires, énergétiques, alimentaires et environnementaux qu’aucun pays ne souhaite que les États-Unis en reviennent à des positions extrémistes qui aggraveraient les risques d’une guerre nucléaire.

Le monde a condamné unanimement le crime de l’Arizona où il voit une expression de cet extrémisme. On n’attendait pas du président étasunien un discours enflammé ni belliqueux, ce qui n’aurait pas correspondu à son style, ni aux circonstances intérieures et au climat de haine irrationnelle qui règne aux USA.

Les victimes de l’attentat étaient des gens incontestablement courageux, ayant des mérites individuels, somme toute de modestes citoyens, sinon ils ne seraient pas venus là défendre le droit aux soins médicaux pour tous les Étasuniens et s’opposer aux lois conçus contre les immigrants.

La mère de la fillette de neuf ans assassinée – née le 11 septembre 2001 – avait déclaré courageusement que la haine déclenchée dans le monde devait cesser. Je n’ai pas le moindre doute que les victimes méritaient la reconnaissance du président des États-Unis et des citoyens de Tucson, des étudiants de l’Université et des médecins qui, comme toujours dans des cas pareils, expriment sans réserves la solidarité que les êtres humains portent en eux. La représentante grièvement blessée, Gabrielle Giffords, mérite la reconnaissance nationale et internationale qu’elle a reçue. L’équipe médicale continuait de donner aujourd’hui de bonnes nouvelles sur son évolution.

Néanmoins, Obama n’a pas condamné moralement la politique qui a inspiré une telle action.

J’essayais d’imaginer comment des hommes comme Franklin Delano Roosevelt auraient réagi devant un fait semblable, pour ne pas parler de Lincoln qui n’hésita pas à prononcer son fameux discours de Gettysburg. Quel autre moment attend donc le président étasunien pour exprimer le critère que partage, j’en suis sûr, la grande majorité des Étasuniens ?

Non qu’il manque une personnalité exceptionnelle à la tête des États-Unis. Ce qui convertit en un personnage historique un président qui a été capable d’arriver à ce poste par ses propres mérites, ce n’est pas la personne, mais sa nécessité à un moment donné de l’histoire de son pays.

Au début de son discours, on sentait qu’il était tendu et qu’il était très dépendant du texte écrit. Mais il a vite recouvré sa sérénité, sa maîtrise habituelle de la scène et les mots précis pour exprimer ses idées. Ce qu’il n’a pas dit, c’est qu’il n’a pas voulu le dire.

Comme morceau d’éloquence et juste éloge à ceux qui le méritaient, on peut lui décerner un prix.

Comme discours politique, en revanche, il a laissé beaucoup à désirer.

 

Fidel Castro Ruz

Le 13 janvier 2011

19 h 38

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 09:12

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Ileana Ros-Lehtinen, La principale représentante de l’extrême-droite nord-américaine

Réflexions du compañero Fidel

 

UNE AUTRE STAR DU TEA PARTY

 

La représentante étasunienne Ileana Ros, rien moins qu’elle, ravisseuse du petit Elián González à Miami, promotrice de coups d’État, protectrice de criminels comme Posada Carriles et auteur de bien d’autres méfaits, se rendra en Haïti où un séisme a tué un quart de million de personnes et où l’épidémie de choléra en cours a causé la mort de presque quatre mille personnes et reste une menace pour le reste du continent.

Une dépêche de la DPA informe :

            « Selon un communiqué émis aujourd’hui par son bureau, la représentante républicaine Ileana Ros-Lehtinen se rendra mardi en Haïti, ce qui sera son premier voyage à l’étranger depuis qu’elle a été nommée présidente de la Commission de politique extérieure de la Chambre des représentants, contrôlée maintenant par les républicains.

« La représentante d’origine cubaine a dit espérer recevoir durant son séjour à Port-au-Prince un rapport sur les "progrès" faits dans le relèvement du pays et sur la "controverse électorale en cours" après les élections présidentielles du 28 novembre.

            « "Il est important que je puisse me rendre en Haïti, un pays très proche des USA et très cher", a déclaré la représentante de la Floride, un État où vit une forte colonie haïtienne.

            « "C’est très important pour les intérêts des États-Unis, et j’ai un intérêt personnel à ce que la stabilité, la démocratie et la libre-entreprise s’y enracinent", a-t-elle ajouté.

Je me demande si l’administration étasunienne est consciente du risque qu’implique pour son autorité morale la présence perturbatrice d’Ileana Ros-Lehtinen en Haïti.

            Mais ce n’est pas tout. Une dépêche de l’AP informe :

 « PORT-AU-PRINCE, Haïti (AP). Des observateurs de l’Organisation des États américains recommanderont que le candidat du gouvernement aux dernières élections présidentielles d’Haïti soit exclu du second tour et qu’il cède sa place à un chanteur populaire qui est arrivé troisième, selon un rapport obtenu par l’Associated Press.

« L’OEA prévoyait de présenter ce document lundi au président René Préval.

« Le rapport n’est pas encore public, mais l’AP en a obtenu une copie, et un diplomate au courant en a confirmé les recommandations. Un autre fonctionnaire des affaires étrangères a affirmé que le document était en cours d’édition et de traduction en français, mais que les conclusions se maintenaient.

« La Commission électorale haïtienne devra décider de la façon de répondre à cet appel, mais les recommandations de l’équipe de l’OEA pourraient beaucoup peser. Trois candidats estiment avoir le droit de participer au second tour. Des troubles ont éclaté dans le pays à l’annonce des résultats préliminaires du premier tour.

« Il n’est pas prévu que Préval réponde publiquement à ce rapport avant mercredi, premier anniversaire du terrible séisme du 12 janvier 2010.

« Le second tour, prévu pour dimanche, a été ajourné, en partie dans l’attente de l’évaluation de l’OEA qui cherche comment sortir le pays de ce marasme politique. Selon certains fonctionnaires, les élections n’auraient pas lieu avant le mois prochain. »

Le pays vivait dans le calme. La lutte contre l’épidémie se déroulait avec succès. Ces dix-sept derniers jours, la Mission médicale cubaine et la brigade Henry Reeve ont traité 9 857 cholériques dont aucun n’est décédé.

            Le président René Préval avait discuté avec les représentants diplomatiques, dont celui de l’OEA, l’écrivain brésilien Ricardo Seitenfus, un dénouement politique à cette situation complexe.

            C’est justement après que ce dernier a été cassé sans préavis par le secrétaire de l’OEA que, selon les nouvelles reçues, ce problème se présente. Espérons que les représentants d’Amérique latine et des pays accrédités à l’ONU éviteront qu’au milieu de la destruction, de la pauvreté et de l’épidémie qui sévit encore fortement, le chaos ne s’empare d’Haïti à cause d’une lutte entre partis rivaux.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 10 janvier 2011

21 h 50

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