Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Cuba Si Lorraine
  • : blog des amis de Cuba en Lorraine
  • Contact

19610419-CubaVictoryPlayaGiron-crop.jpg
-
cooltext517277295.png
MILCIA---copie-1.jpg
cooltext517276476.png
cooltext517276264.pngcooltext517275991.png
cooltext517276810.png
             -
colonne-gauche-copie-1.jpg
.

logo-gauche.jpg
-
Capture-freeforfive.JPG
cuba-debate.jpg 1er-mai-cuba
Pour en savoir plus
Cliquez sur l'image !

Recherche

nos amis + liens utiles

  .

titre_891504.jpg
.
.
.
RHC-1.JPG
Cubavision-TV.jpg
.
.
cuba_linda.jpg
. 

Archives

cooltext518801341.png
cooltext518803453.gif

Catégories

 

Sans-titre-1-copie-3.jpg

neruda-fidel.jpg

  logo-bas-ok.jpg

 

12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 09:06

mur_USA-mexique.jpg

L’Arizona, que les États-Unis ont enlevé au Mexique en même temps que bien d’autres étendues de terre, est, on le sait, l’État où meurent des centaines de Latino-Américains quand ils tentent d’émigrer soit en quête de travail soit pour rejoindre leurs parents, leurs conjoints ou d’autres proches.

Ce sont ces émigrés latino-américains qui font les travaux les plus durs et qui vivent constamment dans la crainte d’être arrêtés et déportés. Malgré les mesures draconiennes prises par les autorités, toujours plus de personnes meurent en tentant d’émigrer et des centaines de milliers sont expulsés tous les ans vers leurs pays d’origine.

Par ailleurs, toujours plus d’Étasuniens s’opposent à ces abus, à l’image de ceux qui soutiennent la jeune représentante Gabrielle Giffords et qui l’ont élue à trois reprises.

L’Arizona est l’un des États les plus riches des États-Unis par ses minerais, en particulier le cuivre et le molybdène, par sa grosse production de coton et de viande de bœuf qui couvre d’énormes étendues de terre, par la beauté de ses paysages, dont le fameux canyon du Colorado, considéré parmi les plus beaux au monde. Y vit aussi une des trois grandes communautés autochtones. Il est visité tous les ans par trente millions de touristes nationaux et étrangers. Sa population est composée à 30 p. 100 de personnes d’ascendance latino-américaine.

De son côté, le Tea Party, formé par les individus les plus réactionnaires et politiquement les plus rétrogrades de la société, tente d’entraîner le Parti républicain vers des positions extrémistes et belliqueuses qui, compte tenu de la crise et de la déception causée par le fait qu’Obama n’a pas voulu ou n’a pas su tenir ses promesses, pousseraient le pays à l’abîme. On pourra tirer les conclusions pertinentes du débat qui aura forcément lieu.

Quant à l’état de santé de la représentante, le journal espagnol El Mundo informait ce matin, lundi 10, dans sa version numérique :

« La balle a pénétré par derrière… a traversé l’hémisphère gauche du cerveau et est ressortie par devant. À l’issue d’une opération qui a duré deux heures, durant laquelle les chirurgiens  du CHU de Tucson ont retiré les restes de la balle, une partie du tissu cérébral mort et environ la moitié du crâne, qu’ils ont conservée pour la réimplanter ensuite, […] ils se sont montrés "prudemment optimistes".

« L’intervention s’est bien passée, a reconnu le chef du service de traumatologie de l’hôpital, le docteur Peter Rhee, qui a expliqué que, bien que la patiente soit sous coma induit et branchée à un poumon artificiel, de sorte qu’elle ne peut pas parler, elle est toutefois capable de communiquer par gestes et de répondre à des ordres simples, "par exemple, serrer une main ou lever deux doigts", ce qui indique que la "fonction cérébrale" se maintient.

« Le docteur Francisco Villarejo, chef des services de neurochirurgie de l’hôpital Niño Jesús et de la clinique La Luz, expert dans ce genre d’intervention, a expliqué que "le plus gros risque maintenant pour la représentante est une inflammation du cerveau, parce que la balle en traversant a emporté des portions d’os, un risque aggravé par l’intervention chirurgicale dans une zone très sensible". »

Espérons que l’opinion publique mondiale pourra connaître le plus vite possible, d’une manière claire et précise, l’état réel de la représentante. C’est là quelque chose qui intéresse tout le monde.

 

Fidel Castro Ruz

Le 10 janvier 2011

19 h 11

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2011 2 11 /01 /janvier /2011 00:26

naranjo-no-mas-sangre.jpg

Dessin de Rogelio Naranjo pour une campagne contre la violence au Mexique (cambios en Cuba)

Réflexions du compañero Fidel

 

SANS VIOLENCE NI DROGUES

 

 

J’ai abordé hier l’acte de violence atroce commis contre la représentante étasunienne Gabrielle Giffords,  au cours duquel dix-huit personnes ont été atteintes par balle, dont six sont décédées et douze ont été blessées, plusieurs grièvement, entre autres la représentante qui a reçu une balle dans la tête et dont l’équipe médicale s’efforce de sauver la vie et d’éviter dans la mesure du possible les séquelles de cette action criminelle.

La fillette de neuf ans qui a été tuée était née le jour où les tours jumelles ont été détruites et elle était une élève brillante. Sa mère a déclaré qu’il fallait mettre fin à tant de haine.

J’ai pensé à une douloureuse réalité qui inquiéterait sûrement de nombreux Étasuniens honnêtes que le mensonge et la haine n’empoisonnent pas. Mais combien d’entre eux savent-ils que l’Amérique latine est la région du monde où la distribution des richesses est la plus inégale ? Combien ont été informés des taux de mortalités infantile et maternelle, des chiffres concernant l’espérance de vie, les soins médicaux, le travail enfantin, l’éducation et la pauvreté dans les autres pays de ce continent-ci ?

Je me bornerai à signaler le taux de violence à partir du fait exécrable qui a eu lieu hier en Arizona.

J’ai déjà dit que des centaines de milliers de Latino-Américains et de Caribéens qui, poursuivis par le sous-développement et la pauvreté, émigrent tous les ans aux USA sont arrêtés, voire séparés de leurs familles proches et renvoyés dans leur pays d’origine.

L’argent et les marchandises, je le répète, peuvent franchir librement les frontière ; pas les êtres humains. Les drogues et les armes ne cessent de passer en revanche dans les deux directions. Les États-Unis sont le plus gros consommateur de drogues au monde, ainsi que le plus gros vendeur d’armes, ce que symbolisent les mires apparaissant sur le blog de Sarah Palin ou le M-16 exhibé sur les affiches électorales de l’ancien marine Jesse Kelly, avec son message subliminal invitant à vider le chargeur.

L’opinion publique étasunienne connaît-elle les niveaux de violence latino-américaine associés à l’inégalité et à la pauvreté ?

Pourquoi ne divulgue-t-on pas les données pertinentes ?

Le journaliste et écrivain espagnol Xavier Caño Tamayo offre sur le site web ALAI des chiffres que les Étatsuniens devraient connaître.

Bien que l’auteur soit sceptique au sujet des méthodes employées à ce jour pour vaincre le pouvoir accumulé par les gros trafiquants de drogues, il apporte dans son article des chiffres d’une valeur incontestable que je résume en quelques lignes :

“…27 p. 100 des morts violentes dans le monde se produisent en Amérique latine, bien que sa population ne représente que 9 p. 100 des habitants de la planète. Ces dix dernières années, 1 200 000 personnes y ont connu ce sort.

« Favelasviolentes occupées par la police militaire ; tueries au Mexique ; disparitions forcées ; assassinats et massacres en Colombie… Le taux d’assassinat le plus élevé au monde est celui de l’Amérique latine.

« Comment une réalité si terrible s’explique-t-elle ?

« La réponse est fournie par une étude récente de la Fondation latino-américaine des sciences sociales, qui prouve que la pauvreté, l’inégalité et le manque de chances sont les fondements principaux de la violence, bien que le trafic de drogues et le trafic d’armes légères agissent comme des accélérateurs de la criminalité.

« Selon l’Organisation ibéro-américaine de la jeunesse, la moitié des plus de cent millions de jeunes latino-américains âgés de quinze à vingt-quatre ans n’a pas de travail ni aucune possibilité d’en obtenir. […] selon la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), la région enregistre un des taux les plus élevés d’emploi informel chez les jeunes, tandis qu’un jeune latino-américain sur quatre ne travaille pas et ne fait pas d’études.

« Selon la CEPAL, la pauvreté et la pauvreté extrême ont touché ces dernières années environ 35 p. 100 de la population, soit presque 190 millions de Latino-Américains. Selon l’OCDE, environ 40 millions d’autres Latino-Américains sont tombés ou tomberont dans la pauvreté d’ici la fin de 2010.

« Selon les Nations Unies, une personne est pauvre quand elle ne peut pas satisfaire ses besoins de base pour vivre dignement: l’alimentation, eau potable, un toit décent, des soins médicaux essentiels, l’éducation de base… Pour la Banque mondiale, un pauvre extrême est quelqu’un qui vit avec moins de 1,25 dollar par jour.

« Selon le rapport sur la richesse mondiale de 2010 publié par Capgemini y Merrill Lynch, les fortunes des Latino-Américains riches […] ont augmenté de 15 p. 100 en 2009 […] soit, ces deux dernières années, plus que dans aucune autre région au monde, pour atteindre 500 000 personnes. Un demi-million de personnes face à 190 millions […] Si peu de personnes entassent beaucoup, beaucoup manquent de tout.

« …d’autres raisons expliquent la violence en Amérique latine […] la pauvreté et l’inégalité sont toujours en rapport avec la mort et la douleur […] Serait-ce donc un hasard que… 64 p. 100 des huit millions des personnes mortes de cancer dans le monde proviennent des régions à bas revenu et auxquelles, soit dit en passant, n’est destiné que 5 p. 100 de l’argent de la lutte contre le cancer ?

« Je vous demande de tout cœur, droit dans les yeux : pourriez-vous vivre avec 1,25 dollar par jour ? »

Les nouvelles de la fusillade de l’Arizona font aujourd’hui la une des médias étasuniens.

Les spécialistes du centre médical de l’Université de l’Arizona, à Tucson, sont prudemment optimistes. Ils font l’éloge des secouristes qui ont permis d’intervenir la représentante seulement trente-huit minutes après. Internet informait de ces données entre six et sept heures de l’après-midi, aujourd’hui.

Selon eux, « la balle a pénétré par la partie frontale, tout près de la masse encéphalique, par la gauche de la tête. »

« Elle peut suivre des instructions simples, mais nous savons que l’inflammation cérébrale provoquerait une évolution défavorable », ont-ils affirmé.

Ils expliquent en détail chaque mesure prise pour contrôler la respiration et diminuer la pression sur le cerveau. Ils ajoutent que le rétablissement peut durer des semaines ou des mois. Les neurochirurgiens en général et les spécialistes associés à cette discipline suivront avec intérêt les informations données par cette équipe.

Les Cubains suivent de près tout ce qui a trait à la santé, sont généralement bien informés et se réjouiront du succès de ces médecins.

On sait aussi à quels extrêmes est arrivée la violence dans les États mexicains de l’autre côté de la frontière, où il existe aussi d’excellents médecins. Mais il n’est pas rare que les mafias de narcotrafiquants, dotées des armes les plus sophistiquées de l’industrie militaire étasunienne, pénètrent dans les salons d’opération pour achever leurs victimes.

La mortalité infantile à Cuba est moins de 5 pour  1000 naissances vivantes, et la mortalité par actes de violence de moins de 5 pour 100 000 habitants.

Sans fausse modestie, il est douloureux de signaler que notre pays en butte au blocus, menacé et calomnié a prouvé que les peuples latino-américains peuvent vivre sans violence ni drogues. Ils peuvent même vivre – comme nous l’avons démontré pendant plus de cinquante ans – sans relations avec les États-Unis, une preuve faite non par nous, mais par eux.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 9 janvier 2011

19 h 56

Partager cet article
Repost0
10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 08:21

giffords-2-300x225.gif.png

Gabrielle Giffords

Une triste nouvelle est parvenue cette après-midi des Etats-Unis : la représentante démocrate de l’Arizona, Gabrielle Giffords, a été victime d’un attentat criminel alors qu’elle participait à un meeting politique dans son district électoral de Tucson. Le Mexique, le pays latino-américain auquel appartenait ce territoire avant que la moitié de son territoire ne lui ait été arrachée à l’issue d’une guerre injuste, se trouve de l’autre côté de la frontière.

C’est à travers l’Arizona à la superficie aride que beaucoup de ceux qui émigrent du Mexique, d’Amérique centrale et d’autres pays latino-américains tentent de fuir la faim, la pauvreté et le sous-développement auxquels ces peuples ont été poussés par les États-Unis. L’argent et les marchandises peuvent traverser librement la frontière ; les être humains, non. Sans parler des drogues et des armes qui la franchissent dans les deux directions.

Des centaines de milliers de Latino-Américains qui font dans ce pays les travaux les plus durs et les moins bien payés, sont arrêtés chaque année et renvoyés à leurs points de départ, séparés bien souvent de leurs familles les plus proches. Ils attendaient que la nouvelle administration étasunienne rectifie cette politique criminelle et inhumaine.

Selon les nouvelles, dix-huit personnes ont été touchées par les balles, et six sont décédées, dont une fillette de neuf ans et le juge fédéral John Roll.

La représentante a été grièvement blessée à la tête, et les médecins luttaient pour lui sauver la vie.

Elle est mariée à l’astronaute de la NASA Mark Kelly. Elle a été élue pour la première fois au Congrès en 2006, âgée de trente-six ans. « Elle est favorable à la réforme migratoire, à la recherche à partir de cellules mères et aux énergies de rechange », toutes idées qu’exècre l’extrême droite.

Elle a été réélue représentante démocrate aux dernières élections.

Quand la presse a voulu savoir si elle avait des ennemis, son père a répondu : « Tout le Tea Party. »

L’ancienne candidate à la vice-présidence des États-Unis en 2008 et leader du Tea Party, Sarah Palin, a publié sur son site web une carte du pays signalant par une mire de fusil les districts électoraux des vingt des représentants qui ont soutenu le projet de réforme de santé du président Obama : la cible était claire pour ses partisans.

L’adversaire de Gabrielle Gifford était un ancien marine qui, lors de la campagne électorale, est apparu avec un fusil M-16 dans le cadre du message suivant : « Aide à éliminer Gabrielle Giffords… Vide le chargeur complet d’un M-16 automatique avec Jesse Kelly »

Le bureau électoral de Gifford a été attaqué en mars 2010. La représentante a déclaré que quand les gens font des choses pareilles ils doivent se rendre compte de leurs conséquences et que les dirigeants politiques doivent se réunir et fixer des limites.

Toute personne sensée se demande, après avoir vu cela, si nous sommes dans un district électoral d’Arizona ou en Afghanistan.

Obama a déclaré: « C’est une tragédie inqualifiable. Un certain nombre d’Étasuniens ont essuyé des coups de feu... L’enquête est en cours, mais nous savons que certains sont décédés et que la représentante Giffords est grièvement blessée…  Nous n’avons pas encore toutes les réponses. En tout cas, un acte de violence si insensé et terrible n’est pas de mise dans une société libre... Je demande à tous les Étasuniens de se joindre à moi et à Michelle pour prier pour la représentante Giffords, pour les victimes de cette tragédie et pour leurs familles. »

Cet appel est relativement dramatique et assez triste. Même nous qui ne partageons pas du tout ses idées politiques et philosophie, nous souhaitons sincèrement que des enfants, des juges, des législateurs ni aucun citoyen des USA ne meurent d’une façon si absurde et injustifiable.

On ne peut manquer de rappeler toutefois avec tristesse que des millions de personnes perdent la vie tous les ans par suite de guerres absurdes, de la pauvreté, des famines croissantes et de la dégradation de l’environnement dont sont responsables les nations les plus riches et les plus développées de la planète.

Nous aimerions qu’Obama et le Congrès des États-Unis partagent ces inquiétudes avec les autres peuples.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 8 janvier 2011

21 h 11

Partager cet article
Repost0
8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 15:26

04-fidel-castro-83-motivos-pablo-caballero-02einstein-violin.jpg

Dans des Réflexions publiées le 25 août 2010 sous le titre de « L’avis d’un expert », j’avais mentionné une activité vraiment insolite des États-Unis et de leurs alliés qui mettait en relief, de mon point de vue, le risque d’un conflit nucléaire avec l’Iran, en référence à un long article d’un journaliste connu, Jeffrey Goldberg, paru dans la revue étasunienne The Atlantic de septembre : « The Point of No-Return ».

 

Goldberg n’est pas opposé à Israël, tant s’en faut : il admire ce pays dont il est citoyen, tout comme il l’est des USA, et où il a fait son service militaire.

 

Il écrivait au début de son article : « Il se peut aussi que des "opérations de contre" menées par les services de renseignement d’Israël, des USA, de Grande-Bretagne et d’autres puissances occidentales (programmes destinés à miner les efforts nucléaires de l’Iran par des sabotages et, à l’occasion, par la disparition soigneusement coordonnée de scientifiques nucléaires) retardent sensiblement les progrès de l’Iran. »

 

Le texte entre parenthèses est bien de lui.

 

Après avoir cité cette phrase énigmatique, j’ai continué d’analyser ce nœud gordien de la politique internationale qui pouvait aboutir à la guerre qu’Einstein redoutait tant. Qu’aurait-il dit s’il avait connu les « opérations de contre » destinées à faire disparaître les scientifiques nucléaires les plus capables ?

 

C’est sans doute parce que c’était si absurde et si incroyable que je n’ai pas prêté beaucoup d’attention à ce paragraphe, mais je m’en suis souvenu fortement quelques mois plus tard en lisant des dénonciations du gouvernement iranien, ainsi que des nouvelles et des opinions de gens bien informés.

 

Quatre semaines avant la fin de l’année 2010, une dépêche de l’AFP informait :

 

« Un scientifique nucléaire iranien meurt assassiné.

 

« Téhéran accuse les USA et Israël d’être derrière un double attentat.

 

« AFP. 30 novembre 2010.

 

« "La main de gouvernements occidentaux et du régime sioniste est derrière les attentats." Mahmoud Ahmadineyad n’a pas hésité à dénoncer les coupables du double attentat à des experts nucléaires réalisé hier matin à Téhéran. Majid Shariari, professeur à l’Université Shahid Beheshti de Téhéran et membre de la Société nucléaire iranienne, a perdu la vie et sa femme a été blessée dans un attentat commis à quelques mètres de chez lui. Son collègue Fereydoon Abbasi, physicien spécialisé en laser de cette même université, et sa femme ont été blessés à la suite d’un attentat aux caractéristiques similaires. Bien que certains médias aient annoncé la mort d’Abbasi, l’agence Mehr a confirmé qu’il avait réchappé à l’attentat. Selon l’agence Fars, "des terroristes inconnus" à moto se sont approchés des véhicules pour poser des bombes ventouses.

 

« Des membres du gouvernement Ahmadineyad, comme le ministre de l’Intérieur, Mostafa Mohamad Najjar, ont accusé directement la CIA et le Mossad – les services de renseignement étasuniens et israéliens respectivement – d’être derrière ces actions qui impliquent un nouveau coup à la course nucléaire du pays, au seuil d’éventuelles négociations avec les membres du 5 + 1.

 

« Avec l’attentat d’hier, ce sont déjà trois scientifiques iraniens assassinés depuis 2007. Le docteur Masoud Alí Mohamadi a perdu la vie à Téhéran en janvier dernier dans l’explosion d’une bombe en sortant de chez lui, mais cette mort n’a jamais été éclaircie par les autorités qui ont aussi accusé les services de renseignement occidentaux de tenter de faire avorter ce qu’elles considèrent un droit, l’exploitation du nucléaire à des fins civiles. La première victime au sein de la communauté scientifique a été Ardeshir Hosseinpour, mort dans des circonstances étranges en 2007 à la centrale nucléaire d’Isphahan. »

Je ne connais aucun autre moment de l’histoire où l’assassinat de scientifiques soit devenu une politique officielle d’un groupe de puissances dotées d’armes nucléaires. Le pire c’est que, dans le cas de l’Iran, elles appliquent cette politique à une nation musulmane qu’elles pourront concurrencer et dépasser en technologie, mais jamais sur un autre terrain : en effet, si l’Iran décidait à son tour d’appliquer cette même formule absurde et criminelle aux professionnels de ses adversaires, il pourrait disposer, pour des motifs culturels et religieux, d’infiniment plus de citoyens prêts à mourir à tout instant que ces puissances occidentales.
Cette traque mortelle de scientifiques iraniens organisée par Israël, les États-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres puissances est passée sous silence par les grands médias.
Dans un article publié sur le site web Rebelión, le 25 août 2010, Christian Elia écrit :
« Une explosion a tué le père des avions téléguidés iraniens, mais il n’est pas le seul scientifique de ce pays à avoir perdu la vie.
« Trouver une photo de Reza Baruni sur Internet est une mission impossible. Pourtant, ces deux derniers jours, son nom a été associé à un mystère à maintes facettes internationales…
« La seule certitude  est que l’ingénieur aéronautique iranien Reza Baruni est mort. Un mystère absolu pèse sur tout le reste. Baruni est considéré par tous les observateurs de l’industrie comme le père des avions téléguidés de la République islamique… Sa maison a été dynamitée le 1er août 2010.
« C’est le 17 août 2010 que Debka(très proche du renseignement israélien) informe de la mort de Baruni et expose ses conclusions : la maison de l’ingénieur iranien a volé en éclats dans l’explosion de trois engins très puissants. Baruni a été assassiné.
« Mais l’épisode le plus obscur est la mort de Massud Ali-Mohammadi, professeur de physique nucléaire à l’Université de Téhéran, assassiné le 11 janvier 2010 dans la capitale iranienne par l’explosion d’une moto piégée activée à distance quand il sortait de chez lui pour se rendre à son travail.
Un article du site CubaDebate informe :
« Israël reconnaît avoir assassiné un scientifique nucléaire iranien la semaine dernière.
« Les services secrets israéliens, le Mossad, ont reconnu avoir, la semaine dernière, assassiné Majid Shahriari et blessé un autre physicien iranien, dans le cadre d’une opération réalisée à Téhéran. "C’est la dernière opération du directeur du Mossad", ont affirmé, satisfaits, les responsables des services secrets israéliens à leur siège du Gelilot, au nord de Tel-Aviv.
« Gordon Thomas, expert britannique au Mossad, a confirmé au journal britannique The Sunday Telegraph qu’Israël était responsable du double assassinat destiné à entraver le programme nucléaire iranien.
« Thomas affirme que tous les attentats israéliens de ces dernières années contre des personnalités liées au projet nucléaire iranien ont été commis par l’unité Kidon (baïonnette). Selon le journal israélien Yediot Ahronot, cette unité est composée de trente-huit agents, dont cinq femmes, tous âgés de vingt à trente ans, parlant de nombreuses langues, dont le farsi, et pouvant entrer et sortir aisément d’Iran. Sa base est située dans le désert du Néguev. »
À l’époque de la diaspora, la gauche du monde s’est solidarisée avec le peuple israélien. Poursuivis pour des raisons ethniques et religieuses, de nombreux juifs ont lutté dans les partis révolutionnaires. Les peuples ont condamné les camps d’extermination que la bourgeoisie européens et mondiale prétendait ignorer.
De nos jours, les dirigeants israéliens pratiquent le génocide et s’associent aux forces les plus réactionnaires de la planète.
Reste encore à élucider l’alliance nouée entre les dirigeants de cet État et l’odieuse Afrique du Sud de l’apartheid à laquelle, en complicité avec les États-Unis, ils ont fourni la technologie nécessaire pour mettre au point les armes atomiques destinées à frapper les troupes cubaines qui faisaient face, en 1975, à l’invasion de cette Afrique du Sud raciste dont le mépris et la haine des peuples africains ne se différenciaient en rien de l’idéologie des nazis qui assassinèrent des millions de juifs, de Russes, de Gitans et de membres d’autres nationalités européennes dans les camps d’extermination.
N’était-ce pour la révolution iranienne – qui, dépourvue d’armes, liquida l’allié des États-Unis le mieux équipé sur le flanc sud de la superpuissance soviétique – le shah d’Iran, doté d’armes atomiques, et non Israël, serait aujourd’hui le principal bastion de l’Empire yankee et de l’OTAN dans cette région si stratégique et immensément riche en pétrole et en gaz destinée à fournir des livraisons sûres aux pays les plus développés de la planète.
La question est quasiment inépuisable.

 

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 6 janvier 2011

20 h 16

Partager cet article
Repost0
31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 01:12

batista.jpg

Le livre intitulé La victoire stratégique dans lequel je raconte la bataille qui empêcha l’extermination de la petite Armée rebelle, sera publié dans quelques  jours.

J’explique dans l’Introduction mes doutes au sujet du titre : « …je ne savais pas si je devais l’intituler La dernière offensive de Batista ou Comment 300 en vainquirent 10 000 », qui collerait mieux à une nouvelle de science-fiction… 

Il comprend une petite autobiographie : « Je ne voulais pas attendre qu’on publie un jour les réponses à d’innombrables questions qu’on m’a posées sur mon enfance, mon adolescence et ma jeunesse, ces étapes qui ont fait de moi un révolutionnaire et un combattant armé. »

Je me suis finalement décidé pour : La victoire stratégique.

Divisé en vingt-cinq chapitres, il contient de nombreuses photos de la meilleure qualité possible compte tenu de l’époque et les cartes pertinentes.

Il présente aussi des graphiques sur les types d’armes utilisées par les deux adversaires.

Aux dernières pages du chapitre 24, je dis des choses qui se sont avérées prémonitoires.

À la fin de l’allocution que j’écrivis pour être lue sur Radio-Rebelde le 7 août [1958], au lendemain de la bataille finale de Las Mercedes, j’affirmai :

« L’offensive a été liquidée. Le plus impressionnant effort militaire jamais consenti dans notre histoire républicaine s’est achevé sur le désastre le plus épouvantable, un désastre que n’auraient jamais pu imaginer l’orgueilleux dictateur et ses troupes, dont la fuite, au terme de deux mois et demis où elles sont allées de défaite en défaite, marque les jours finals de son odieux régime. La Sierra Maestra est désormais absolument débarrassée de forces ennemies. »

J’écris dans La victoire stratégique :

« La déroute de l’offensive ennemie, au terme de soixante-quatorze jours de combats incessants, marqua le virage stratégique de la guerre. Dès lors, le sort de la tyrannie fut définitivement jeté dans la mesure où l’imminence de son effondrement militaire était évidente.

« Je rédigeai ce même jour une lettre à l’adresse du major-général Eulogio Cantillo, qui dirigea toute la campagne ennemie depuis le poste de commandement de la zone d’opérations, à Bayamo. Je lui confirmai que nous avions fait environ cent soixante prisonniers, dont beaucoup étaient blessés, et que nous étions prêts à engager sans retard des négociations pour les lui remettre. Cette seconde remise de prisonniers se réalisa plusieurs jours après, à Las Mercedes, après des démarches compliquées.

« Durant ces soixante-quatorze jours de combats intenses qui permirent de repousser et de vaincre la grande offensive ennemie, nos troupes eurent trente et un morts. Les tristes nouvelles n’entamèrent jamais le moral de nos troupes, bien que la victoire ait souvent eu un goût amer. Pourtant, nous aurions pu perdre bien plus de combattants compte tenu de l’intensité, de la durée et de la violence des actions terrestres et des attaques aériennes ; si ce ne fut pas le cas, c’est parce que nos guérilleros avaient atteint une adresse extraordinaire dans la nature sauvage de la Sierra Maestra et qu’ils faisaient preuve entre eux d’une grande solidarité. Des blessés graves réchappèrent bien souvent parce que leurs compagnons faisaient tout d’abord l’impossible pour les transporter en plein combat là où les médecins pouvaient les soigner, et ce malgré le terrain escarpé et le sifflement des balles.

« J’ai mentionné au long de ces pages les noms des morts, mais je tiens à en dresser de nouveau la liste complète, parce que ces martyrs méritent que notre peuple les rappelle éternellement avec respect et admiration :

Comandantes : Andrés Cuevas, Ramón Paz et René Ramos Latour, Daniel.

Capitaines : Ángel Verdecia et Geonel Rodríguez.

Lieutenants : Teodoro Banderas, Fernando Chávez, El Artista, et Godofredo Verdecia.

Combattants : Misaíl Machado, Fernando Martínez, Albio Martínez, Wilfredo Lara (Gustavo), Wilfredo González (Pascualito), Juan de Dios Zamora, Carlos López Mas, Eugenio Cedeño, Victuro Acosta (El Bayamés), Francisco Luna, Roberto Corría, Luis Enrique Carracedo, Elinor Teruel, Juan Vázquez (Chan Cuba), Giraldo Aponte (El Marinero), Federico Hadfeg, Felipe Cordumy, Lorenzo Véliz, Gaudencio Santiesteban, Nicolás Ul, Luciano Tamayo, Ángel Silva Socarrás et José Díaz (El Galleguito).

Paysans collaborateurs : Lucas Castillo et des membres de sa famille ; Ibrahim Escalona Torres.

« Honneur et gloire éternels, respect infini et affection pour ceux qui moururent alors.

« L’ennemi souffrit plus de mille pertes, dont plus de 300 morts et 443 prisonniers ; au moins cinq de ses grandes unités complètes furent annihilés, capturés ou désarticulés ; nous nous emparâmes de 507 armes, dont deux chars, dix mortiers, plusieurs obusiers et douze mitrailleuses calibre 30.

« À quoi il faut ajouter l’effet moral de ce dénouement et son importance sur le cours de la guerre : dès lors, l’initiative stratégique passa définitivement aux mains de l’Armée rebelle, maîtresse absolue, par ailleurs, d’un vaste territoire où l’ennemi ne tenterait même plus de pénétrer. De fait, la Sierra Maestra était libre à jamais.

« La victoire sur la grande offensive ennemie de l’été 1958 marqua le tournant irréversible de la guerre. L’Armée rebelle, triomphante et extraordinairement renforcée par l’énorme quantité d’armes qu’elle avait récupérée, était en mesure de lancer son offensive stratégique finale.

« Ces événements ouvrirent la voie à la nouvelle et ultime étape de notre guerre de libération, qui se caractérisa par l’invasion du centre du pays, et par l’ouverture du IVe Front oriental et du Front de Camagüey. La lutte gagna tout le pays. La grande offensive finale de l’Armée rebelle entraîna, grâce à la campagne fulminante d’Oriente et de Las Villas, la défaite définitive de l’armée de la tyrannie et, par voie de conséquence, l’effondrement militaire du régime et la prise du pouvoir par la Révolution victorieuse.

« Environ trois mille hommes, équipés des armes enlevées à l’ennemi, décidèrent de la victoire de la contre-offensive de décembre 1958.

« Les colonnes du Che et de Camilo, progressant dans les plaines du Cauto et du Camagüey, atteignirent le centre du pays. À l’école de Minas del Frío, l’ancienne  1re colonne entraîna de nouveau plus de mille recrues qui, conduites par des chefs nés de leurs propres rangs, occupèrent les localités et les villes sur la route nationale entre Bayamo y Palma Soriano. Nous détruisîmes des half-tracks T-37 flambant neuf, et les chars lourds et l’aviation de combat ne purent empêcher la prise de villes cent fois plus grandes que le petit hameau de Las Mercedes.

« La 1re Colonne en pleine avancée fut rejointe par les forces du IIe Front oriental Frank País, et c’est ainsi que nous occupâmes la ville de Palma Soriano le 27 décembre 1958.

Le 1er janvier 1959 – la date exacte signalée dans la lettre que j’avais adressée à Juan Almeida avant le début de la dernière offensive de la dictature contre la Sierra Maestra –  la grève générale révolutionnaire, décrétée sur Radio Rebelde depuis Palma Soriano, paralysa le pays. Le Che et Camilo reçurent l’ordre d’avancer sur la route nationale vers la capitale, et aucune force ne leur résista.

Cantillo, réuni avec moi, Raúl et Almeida, reconnut que la dictature avait perdu la guerre, mais tenta peu après dans la capitale de faire des manœuvres putschistes, contre-révolutionnaires et pro-impérialistes, violant les conditions d’un armistice qu’on lui avait imposées. Il n’empêche que trois jour plus tard, nous étions en possession des cent mille armes, des bateaux et des avions qui avaient peu avant permis et appuyé la fuite du dernier bataillon à être entré dans la Sierra Maestra. »

Une équipe du Bureau des questions historiques du Conseil d’Etat, des maquettistes du Grupo Creativo de Casa 4, sous la direction de l’ayudantía ; le cartographe Otto Hernández, le général de brigade Amels Escalante, le maquettiste Jorge Oliver, le jeune dessinateur Geordanis González, sous la direction de Katiuska Blanco, journaliste et écrivaine brillante et inlassable, sont les principaux acteurs de cette réussite.

Je pensais que le livre mettrait des mois à sortir. Je sais maintenant qu’il sera publié début août.

Moi, qui ai travaillé des mois sur ce thème après ma grave maladie, je me sens maintenant encouragé à continuer d’écrire la deuxième partie de cette histoire dont le titre sera, si l’équipe n’en suggère pas un autre, La contre-offensive stratégique finale.

 

Fidel Castro Ruz

Le 27 juillet 2010

11 h 20

Partager cet article
Repost0
29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 00:36

haiti-colera-cuba_0637-580x435.jpg

Je fais une pause au milieu de plusieurs analyses importantes qui prennent mon temps ces jours-ci pour aborder deux questions que notre peuple doit connaître.

L’ONU, poussée par les États-Unis, qui ont engendré la pauvreté et le chaos en République d’Haïti, y a dépêché voilà plusieurs années des forces d’occupation, dites Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH), qui y ont d’ailleurs introduit le choléra.

Le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), lui, y avait nommé, début 2009, comme son représentant personnel un intellectuel brésilien, Ricardo Seitenfus, qui faisait alors partie du ministère des Affaires étrangères de son pays.

Seitenfus jouissait d’un prestige mérité dans les milieux diplomatiques et gouvernementaux de Port-au-Prince, la capitale haïtienne, par le sérieux et la franchise avec lesquels il se colletait avec les problèmes. Il avait écrit en 1993, l’année de sa première visite en Haïti, un livre intitulé : Haïti, la souveraineté des dictateurs.

Le 25 décembre dernier, les agences de presse faisaient savoir qu’il avait été cassé sans préavis de son poste de représentant spécial de l’OEA.

Le motif ? L’interview donnée quelques jours plus tôt au journal suisse Le Temps, au cours de laquelle il avait exprimé ses vues en toute sincérité.

J’en donne ci-après un résumé textuel à partir de l’interview disponible sur Internet en français :

Dix mille Casques bleus en Haïti. A votre sens, une présence contre-productive ?

Ricardo Seitenfus : Le système de prévention des litiges dans le cadre du système onusien n’est pas adapté au contexte haïtien. Haïti n’est pas une menace internationale. Nous ne sommes pas en situation de guerre civile. […] Et pourtant le Conseil de sécurité […] a imposé des Casques bleus depuis 2004, après le départ du président Aristide. […]. Il s’agissait pour l’ONU de geler le pouvoir et de transformer les Haïtiens en prisonniers de leur propre île. […]

Qu’est-ce qui empêche la normalisation du cas haïtien ?

Ricardo Seitenfus : Pendant deux cents ans, la présence de troupes étrangères a alterné avec celle de dictateurs. C’est la force qui définit les relations internationales avec Haïti et jamais le dialogue. Le péché originel d’Haïti, sur la scène mondiale, c’est sa libération. Les Haïtiens commettent l’inacceptable en 1804 : un crime de lèse-majesté pour un monde inquiet. L’Occident est alors un monde colonialiste, esclavagiste et raciste qui base sa richesse sur l’exploitation des terres conquises. Donc, le modèle révolutionnaire haïtien fait peur aux grandes puissances. Les États-Unis ne reconnaissent l’indépendance d’Haïti qu’en 1865. Et la France exige le paiement d’une rançon pour accepter cette libération. Dès le départ, l’indépendance est compromise et le développement du pays entravé. […]On ne résout rien, on empire. On veut faire d’Haïti un pays capitaliste, une plate-forme d’exportation pour le marché américain, c’est absurde. […] Il existe des éléments dans cette société qui ont pu empêcher que la violence se répande sans mesure.

N’est-ce pas une démission de voir en Haïti une nation inassimilable, dont le seul horizon est le retour à des valeurs traditionnelles ?

Ricardo Seitenfus : Il existe une partie d’Haïti qui est moderne, urbaine et tournée vers l’étranger. On estime à quatre millions le nombre de Haïtiens qui vivent en dehors de leurs frontières. C’est un pays ouvert au monde. […] Plus de 90 p. 100 du système éducatif et de la santé sont en mains privées. Le pays ne dispose pas de ressources publiques pour pouvoir faire fonctionner d’une manière minimale un système étatique. […] Le problème est socio-économique. Quand le taux de chômage atteint 80 p. 100, il est insupportable de déployer une mission de stabilisation. Il n’y a rien à stabiliser et tout à bâtir.

Haïti est un des pays les plus aidés du monde et pourtant la situation n’a fait que se détériorer depuis vingt-cinq ans. Pourquoi ?

Ricardo Seitenfus : L’aide d’urgence est efficace. Mais lorsqu’elle devient structurelle, lorsqu’elle se substitue à l’État dans toutes ses missions, on aboutit à une déresponsabilisation collective. […] Le séisme du 12 janvier, puis l’épidémie de choléra ne font qu’accentuer ce phénomène. La communauté internationale a le sentiment de devoir refaire chaque jour ce qu’elle a terminé la veille. […] J’avais l’espoir que, dans la détresse du 12 janvier, le monde allait comprendre qu’il avait fait fausse route avec Haïti. […] Au lieu de faire un bilan, on a envoyé davantage de soldats. Il faut construire des routes, élever des barrages, participer à l’organisation de l’État, au système judiciaire. L’ONU dit qu’elle n’a pas de mandat pour cela. Son mandat en Haïti, c’est de maintenir la paix du cimetière.

Quel rôle jouent les ONG dans cette faillite ?

Ricardo Seitenfus : A partir du séisme, Haïti est devenu un carrefour incontournable. Pour les ONG transnationales, Haïti s’est transformé en un lieu de passage forcé. Je dirais même pire que cela : de formation professionnelle. […] Il existe une relation maléfique ou perverse entre la force des ONG et la faiblesse de l’État haïtien. Certaines ONG n’existent qu’à cause du malheur haïtien.

Quelles erreurs ont été commises après le séisme ?

Ricardo Seitenfus : Face à l’importation massive de biens de consommation pour nourrir les sans-abri, la situation de l’agriculture haïtienne s’est encore péjorée. Le pays offre un champ libre à toutes les expériences humanitaires. Il est inacceptable du point de vue moral de considérer Haïti comme un laboratoire. La reconstruction d’Haïti et la promesse que nous faisons miroiter de 11 milliards de dollars attisent les convoitises. […] Un exemple: celui des médecins haïtiens que Cuba forme. […] Près de la moitié d’entre eux, alors qu’ils devraient être en Haïti, travaillent aujourd’hui aux États-Unis, au Canada ou en France. […]

On décrit sans cesse Haïti comme la marge du monde, vous ressentez plutôt le pays comme un concentré de notre monde contemporain… ?

Ricardo Seitenfus : C’est le concentré de nos drames et des échecs de la solidarité internationale. Nous ne sommes pas à la hauteur du défi. La presse mondiale vient en Haïti et décrit le chaos. […] Pour elle, Haïti est un des pires pays du monde. Il faut aller vers la culture haïtienne, il faut aller vers le terroir. […]  Personne ne prend le temps ni n’a le goût de tenter de comprendre ce que je pourrais appeler l’âme haïtienne. […]

Au-delà du constat d’échec, quelles solutions proposez-vous?

Ricardo Seitenfus : Dans deux mois, j’aurai terminé une mission de deux ans en Haïti. Pour rester ici, et ne pas être terrassé par ce que je vois, j’ai dû me créer un certain nombre de défenses psychologiques. Je voulais rester une voix indépendante malgré le poids de l’organisation que je représente. […] Le 12 janvier m’a appris qu’il existe un potentiel de solidarité extraordinaire dans le monde. Même s’il ne faut pas oublier que, dans les premiers jours, ce sont les Haïtiens tout seuls, les mains nues, qui ont tenté de sauver leurs proches. […] Nous devons penser simultanément à offrir des opportunités d’exportation pour Haïti mais aussi protéger cette agriculture familiale qui est essentielle pour le pays. Haïti est le dernier paradis des Caraïbes encore inexploité pour le tourisme, avec 1 700 kilomètres de côtes vierges… […] Il y a deux cents ans, Haïti a illuminé l’histoire de l’humanité et celle des droits humains. Il faut maintenant laisser une chance aux Haïtiens de confirmer leur vision.

On peut être d’accord ou non avec les affirmations du Brésilien Ricardo Seitenfus, mais il est incontestable qu’il a dit des vérités lapidaires.

J’estime utile toutefois de préciser certains points.

Notre pays n’a pas envoyé des centaines de médecins qu’au peuple haïtien, frère et voisin ; il en a dépêché des milliers à d’autres peuples du Tiers-monde, surtout dans des cas de catastrophes naturelles, et il a contribué à la formation de dizaines de milliers de médecins dans notre patrie et à l’étranger.

La coopération médicale avec Haïti a démarré voilà douze ans, le 4 décembre 1998.

Quand la tyrannie des Duvalier et des Tontons Macoutes – imposée par les USA pendant des décennies – est tombée à la fin des années 90 et qu’un gouvernement élu par le peuple a pris la direction du pays, Cuba y a dépêché une centaine de médecins pour prêter service, et le premier groupe de jeunes bacheliers haïtiens est arrivé à Cuba en 1999 pour commencer des études de médecine.

En 2001, nous avons entrepris de coopérer avec l’université de médecine créée par le président Jean-Bertrand Aristide en transformant en professeurs les médecins qui travaillaient alors au service du peuple haïtien. Quand les Yankees ont fomenté le coup d’État et que les putschistes ont converti l’école de médecine en caserne, environ 270 élèves sont venus dans notre patrie avec les professeurs pour poursuivre leurs études.

La Mission médicale cubaine a  néanmoins continué de prêter ses services humanitaires en Haïti, indépendamment des problèmes politiques internes du pays, qu’il soit occupé par les soldats putschistes, par les troupes yankees ou par les forces de la MINUSTAH.

En août 2005, les cent vingt-huit premiers étudiants de médecine, alors en sixième année, sont rentrés dans leur pays pour y faire leur pratique professionnelle aux côtés des médecins cubains qui avaient prêté service en Haïti.

Du second semestre de 2006 au second semestre de 2010, un total de 625 étudiants de médecine haïtiens a conclu ses études, et nous les avons en très haute estime. De ce total, 213 travaillent dans des institutions médicales publiques ; 125 dans les Centres de contrôle médical du choléra ou dans les brigades de travail rapproché dans les sous-communes, aux côtés des médecins cubains et latino-américains diplômés de l’École latino-américaine de médecine (ELAM), de La Havane, qui luttent contre l’épidémie de choléra ; 72 exercent dans des centres médicaux d’ONG et privés ; 20 dans ce qu’on appelle les Centres mixtes ; 41 font une seconde spécialité à Cuba ; 27, frais diplômés, attendent un poste en Haïti ; 14 ne travaillent pas pour des raisons personnelles (grossesse et maternité) ; 4 n’apparaissent pas sur les registres et 1 est décédé.

Finalement, 104 exercent à l’étranger, fondamentalement en Espagne, aux USA, au Canada et en France, 1 en Suisse et 4 en Amérique latine. Je ne me permets pas d’émettre un jugement sur eux, car leur pays, extrêmement pauvre, manque de ressources et d’emplois. Que je sache, par ailleurs, aucun n’a refusé de servir son pays. Ce sont des médecins très demandés, formés en Haïti et à Cuba.

Selon les chiffres officiels, 2 707 cholériques sont décédés à ce jour, soit un taux de 2,1 p. 100.

La Mission médicale cubaine n’a reporté aucun décès ces trois derniers jours. Le taux de mortalité chez les 47 537 patients qu’elle a traités est de 0,57 p. 100. On peut éradiquer l’épidémie et éviter qu’elle ne se transforme en pandémie.

La Table ronde télévisée de demain, à 18 h, donnera des nouvelles fraîches intéressantes sur la bataille contre le choléra en Haïti et offrira la parole à des autorités en la matière.

J’aborderai demain, mardi 28, le second point.

 

Fidel Castro Ruz

Le 27 décembre 2010

17 h 12

Partager cet article
Repost0
18 décembre 2010 6 18 /12 /décembre /2010 10:21

150258_brasilCriseamericana04b-1.jpg

Réflexions du compañero Fidel

 

LES MENSONGES DE BILL CLINTON

 

 

Je regrette vraiment d’avoir à le démentir. Aujourd’hui, ce n’est plus que quelqu’un à l’aspect bonhomme, consacré au legs historique, comme si l’histoire de l’Empire, voire quelque chose de plus important : le sort de l’humanité, étaient garantis au-delà de quelques dizaines d’années, et ce à condition qu’aucune guerre nucléaire n’éclate au sujet de la Corée, de l’Iran ou de tout autre point chaud.

L’Organisation des Nations Unies, on le sait, l’a nommé son « envoyé spécial » en Haïti.

Clinton –président des États-Unis entre les deux Bush – empêcha l’ancien président Carter, par jalousie politique ridicule, de participer aux négociations migratoires avec Cuba, signa la loi Helms-Burton et fut complice des actions de la Fondation nationale cubano-américaine contre notre patrie.

Il existe abondance de preuves sur sa conduite, mais nous ne le prenions pas trop au sérieux pour autant et nous n’étions pas hostiles à ses activités au sujet de la mission que l’ONU lui avait assignée pour des raisons évidentes.

Nous coopérions avec ce pays frère depuis bien des années dans plusieurs domaines, notamment dans la formation de médecins et la prestation de services à la population, et Clinton ne nous gênait en rien. S’il désirait remporter quelques petits succès, nous n’avions pas de raisons de bloquer notre coopération avec Haïti sur un terrain aussi sensible.  Puis sont venus le terrible séisme qui a causé tant de morts et de destructions, et l’épidémie.

Une réunion qui s’est déroulée avant-hier dans la capitale de la République dominicaine au sujet de la reconstruction d’Haïti, et qui a rassemblé environ quatre-vingts personnes, dont plusieurs ambassadeurs des pays donateur de plus de cent millions de dollars, de nombreux membres de la Fondation Clinton, ainsi que des gouvernements étasunien et haïtien, est venue compliquer les choses.

Peu de gens y ont pris la parole, entre autres l’ambassadeur du Venezuela, parce que son pays est l’un des donateurs les plus importants, une intervention brève, émue et sûre. Quasiment tout le reste de cette réunion qui a duré de 17 h 30 à minuit, c’est Clinton qui l’a occupé. L’ambassadeur cubain était là, tel un convive de pierre, à la demande d’Haïti et de Saint-Domingue. On ne lui a pas concédé la parole, ce qui en a fait un simple témoin d’une rencontre qui n’a réglé absolument rien. Elle devait se prolonger le lendemain,  mais rien ne s’est passé.

Cette réunion de République dominicaine a été une manœuvre trompeuse, et les Haïtiens étaient indignés à juste titre. Leur pays, détruit par le séisme de janvier dernier, a été en fait livré à son sort.

Aujourd’hui, jeudi  16 décembre, une dépêche de l’agence de presse étasunienne AP, affirme ce qui suit :

« L’ancien président Bill Clinton a exprimé sa confiance dans les efforts de reconstruction d’Haïti, durant une visite d’une journée au milieu de désordres civils, d’un mal endémique et d’une crise politique inextricable.

« L’envoyé spécial de l’ONU en Haïti s’est rendu dans ce pays affligé, un jour après que la Commission intérimaire de reconstruction, dont il partage la présidence, a été contrainte de se réunir dans la République dominicaine voisine, à cause de la violence qui a éclaté après les élections présidentielles aux résultats controversés tenues en Haïti le 28 novembre.

« Clinton a visité une clinique spécialisée pour cholériques, gérée par Médecins sans frontière, qui a traité cent mille personnes touchées par l’épidémie qui a éclaté en octobre. Puis il s’est rendu sur la principale base de troupes de pacification de l’ONU pour rencontrer des fonctionnaires haïtiens et internationaux.

« La réunion de la veille a approuvé des projets pour environ 430 millions de dollars. Mais le plus notable, ce sont les expressions d’indignation devant la lenteur de la reconstruction et une lettre adressée par des Haïtiens frustrés qui affirment qu’on les tient à l’écart des décisions et que les projets approuvés "ne contribuent pas à la reconstruction d’Haïti ni au développement à long terme". »

Mais observez ce que Clinton a ajouté ensuite en conférence de presse :

« "Je partage leur frustration".

« …des centaines de milliers d’Haïtiens trouveront un logement permanent l’an prochain et bien plus cesseront de vivre sous la tente, comme le font plus d’un million de personnes depuis le séisme du 12 janvier.

« Ces promesses ont déjà été faites. […] De  plus, des 5,7 milliards  de dollars promis en aide pour 2010-2011, seuls 897 millions sontarrivés. »

En fait, ces 897 millions ne se voient nulle part.

C’est par ailleurs prendre vraiment beaucoup de libertés avec la vérité que d’affirmer qu’une clinique gérée par Médecins sans frontière a traité cent mille personnes !

La doctoresse Lea Guido, représentante de l’Organisation panaméricaine de la santé/Organisation mondiale de la santé en Haïti, vient d’informer aujourd’hui dans un communiqué de presse que le nombre de cholériques s’était élevé au 11 décembre à 104 918, une quantité de malades vraiment sans précédent que Médecins sans frontières n’a pas pu traiter dans une clinique.

L’Europe, les USA et le Canada – et M. Clinton le sait pertinemment – enlèvent des médecins, du personnel infirmier et de rétablissement et d’autres techniciens de la santé aux pays caribéens et n’ont pas le personnel requis pour remplir une telle mission, sauf  honorables exceptions.

Clinton prétend de toute évidence, par ses mensonges, passer sous silence le travail réalisé par plus de mille médecins, personnels infirmiers et techniciens cubains et latino-américains qui mènent le plus gros de la bataille pour vaincre l’épidémie de la seule façon possible : en allant dans les endroits les plus reculés du pays dont la moitié des presque dix millions d’habitants vit dans des zones rurales.

Il aurait été impossible, dans de telles conditions, de traiter un si grand nombre de personnes sans l’appui de l’éminente Latino-Américaine qui représente l’OPS-OMS à Cuba et en Haïti.

Notre pays s’est engagé à mobiliser le personnel humain requis pour remplir cette noble tâche.

Lea Guido a affirmé : « Les ressources humaines que Cuba envoie sont destinées actuellement aux zones les plus isolées de cette nation. Et c’est tout à fait opportun. »

Ces ressources arrivent, et le reste du personnel nécessaire sera très vite sur place.

Hier, la Brigade médicale cubaine a traité 931 patients, dont deux sont décédés, soit un taux de mortalité de 0,2 p. 100.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 16 décembre 2010

21 h 14

Partager cet article
Repost0
16 décembre 2010 4 16 /12 /décembre /2010 00:52

assage-prisionero-politico.jpg

Julian Assange, que très peu de gens dans le monde connaissaient voilà quelques mois, prouve qu’on peut défier l’Empire le plus puissant de l’Histoire.

Ce défi audacieux ne vient d’une superpuissance rivale, d’un État possédant plus d’une centaine d’ogives nucléaires, d’un pays peuplé de centaines de millions d’habitants, d’un groupe de nations dotées d’énormes ressources naturelles dont les USA ne pourraient pas se passer, ou d’une doctrine révolutionnaire capable d’ébranler jusque dans ses fondements l’Empire qui vit du pillage et de l’exploitation du monde.

C’est juste quelqu’un que les médias mentionnaient à peine. Bien qu’il soit célèbre, on ne sait pas grand-chose de lui, sauf l’accusation très publicitaire de ses relations amoureuses avec deux dames sans les précautions dues en ces temps de VIH. On ne connaît encore aucun ouvrage sur ses origines, son éducation ou ses idées philosophiques et politiques.

On ignore même les motivations qui l’ont poussé à asséner un tel coup à l’Empire. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il l’a mis sur les genoux, moralement parlant.

L’AFP a informé aujourd’hui que « le créateur de WikiLeaks restera en prison bien que le juge lui ait accordé la liberté sous caution… mais il devra rester derrière les barreaux jusqu’à résolution de l’appel interjeté par la Suède qui réclame son extradition pour prétendus crimes sexuels. »

« …l’avocate qui représente l’État suédois… a annoncé son intention de faire appel de la décision de le libérer. »

« …le juge Riddle a posé comme condition qu’il paie une caution de 380 000 dollars, qu’il porte un bracelet électronique et qu’il respecte un couvre-feu. »

Toujours selon cette même dépêche, au cas où il serait libéré, « …il devra vivre dans une propriété de Vaughan Smith, son ami président du Frontline Club, le club de journalistes londonien où WikiLeaks a établi son quartier général depuis quelques semaines… »

Assange a déclaré : « Mes convictions ne flanchent pas. Je reste fidèle aux idéaux que j’ai exprimés. Ce procès m’a conforté dans mon idée qu’ils sont véritables et corrects… »

Le courageux et brillant cinéaste étasunien Michael Moore a offert sa page web, ses serveurs, ses noms de domaines et tout ce qu’il faudrait pour « …maintenir WikiLeaks vivant et prospère tant qu’il travaillera à dénoncer les crimes ourdis en secret et commis en notre nom et avec nos dollars imposables… »

Selon Moore, si Assange « souffre une attaque si impitoyable, c’est parce qu’il fait honte à ceux qui ont occulté la vérité. »

« …qu’Assage soit coupable ou innocent… il a droit à une caution et à une défense… C’est pour ça que j’ai rejoint les cinéastes Ken Loach et John Pilger et l’écrivaine Jemima Jan et que j’ai offert de l’argent pour la caution ».

Moore a versé vingt mille dollars.

La campagne de l’administration étasunienne contre WikiLeaks est si brutale que, selon des sondages d’ABC News/Washington Post, deux Étatsuniens sur trois veulent juger Assange devant les tribunaux des USA pour avoir divulgué ces documents dont personne n’ose contester toutefois les vérités qu’ils contiennent.

On ignore les détails du plan échafaudé par les stratèges de WikiLeaks. On sait qu’Assange a distribué un volume de communications important à cinq grandes transnationales de l’information qui possèdent à présent le monopole de nombreuses nouvelles et dont certaines sont extrêmement mercenaire, réactionnaires et fascisantes comme l’espagnole PRISA et l’allemande Der Spiegel, qui s’en servent pour attaquer les pays les plus révolutionnaires.

L’opinion mondiale suivra de près le cours des événements autour de WikiLeaks.

Que l’on sache ou non la vérité sur la politique cynique des USA et de leurs alliés incombera maintenant au gouvernement de droite suédois et à la mafia belliciste de l’OTAN, qui aiment tant invoquer la liberté de la presse et les droits humains.

Les idées peuvent être plus puissantes que les armes atomiques.

 

Fidel Castro Ruz

Le 14 décembre 2010                                                          

21 h 34

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 19:00

festival-sudafrica-2-580x388.jpg

Fotos: Roberto Meriño, especial para Cubadebate

MESSAGE AUX PARTICIPANTS AU DIX-SEPTIÈME FESTIVAL MONDIAL DE LA JEUNESSE ET DES ÉTUDIANTS EN AFRIQUE DU SUD

 

Compañeras et compañeros,

 

C’est pour moi un grand plaisir et un grand honneur d’accéder à votre demande de transmettre un message au Dix-Septième Festival de la jeunesse et des étudiants qui se déroule dans la patrie de Nelson Mandela, symbole vivant de la lutte contre le système  odieux d’apartheid.

 

Cuba a accueilli deux festivals : le onzième en 1978 et le quatorzième, en 1997.

 

C’était la première fois, sur décision de la Neuvième Assemblée de la Fédération mondiale des jeunesses démocratiques, tenue fin 1974 à Varna (Bulgarie), que le Festival abandonnait l’Europe pour se dérouler dans un autre continent, l’Amérique.

 

C’était une époque différente : le monde faisait face à de graves problèmes, mais moins dramatiques qu’aujourd’hui. Les jeunes les plus progressistes se battaient pour le droit de tous les êtres humains à une vie digne, ce vieux rêve des plus grands penseurs de notre espèce, quand il était évident que la science, la technologie, la productivité du travail  et l’essor de la conscience le rendaient possible.

 

En très peu de temps, la mondialisation s’est accélérée, les communications ont atteint des niveaux incroyables, les moyens permettant de promouvoir l’éducation, la santé et la culture se sont multipliés. Nos rêves n’étaient pas sans fondements. Et c’est dans cet esprit que nous avons réalisé le Onzième Festival mondial de la jeunesse et des étudiants auquel a participé tout notre peuple.

 

Début octobre 1995, le Conseil général de la Fédération mondiale des jeunesses démocratiques, réuni justement en Afrique du Sud, décidait que le Quatorzième Festival se tiendrait à La Havane en 1997. Il rassembla plus de douze mille délégués de cent trente-deux pays. Notre pays se battait alors depuis trente-sept ans, sur les plans politique et idéologique, contre l’Empire et le brutal blocus économique qu’il nous impose toujours.

 

Jusque dans les années 80, il n’existait pas seulement la République populaire de Chine, la République populaire et démocratique de Corée, le Vietnam, le Laos et le Cambodge, qui avaient résisté à des guerres génocidaires et aux crimes des Yankees, mais aussi l’énorme camp socialiste d’Europe et l’Union des républiques socialistes soviétiques, ce gigantesque État multinational de 22 400 200 kilomètres carrés, doté d’énormes ressources en terres arables, en forêts, en pétrole, en gaz, en minerais et en bien d’autres. La superpuissance socialiste faisait front à la superpuissance impérialiste qui compte plus de huit cents bases militaires disséminées sur toute la planète.

 

La dissolution de l’URSS, quelles qu’aient été les erreurs à tel ou tel moment de l’histoire, a constitué un rude coup au mouvement progressiste du monde.

 

Les USA ont agi sans tarder, étendant leurs bases militaires et utilisant les installations construites par l’URSS pour encercler encore plus étroitement la Fédération de Russie, qui reste encore une grande puissance.

 

Les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN ont  redoublé d’aventurisme militaire en Europe, déclenchant la guerre du Kosovo et désintégrant la Yougoslavie.

 

Sur le continent américain, bien avant la désintégration de l’URSS, les USA avaient envahi la République dominicaine en 1965, bombardé et attaqué le Nicaragua par des forces mercenaires, envahi par leurs troupes de métier la Grenade, le Panama et Haïti, tramé des putschs militaires sanglants au Chili, en Argentine et en Uruguay, et soutenu la répression brutale de Stroessner au Paraguay.

 

Ils avaient fondé l’École des Amériques où, non contents de former des milliers d’officiers latino-américains aux conspirations et aux putschs, ils en ont familiarisé beaucoup aux doctrines de la haine et à des pratiques de tortures perfectionnées, tout en présentant aux yeux du monde comme des défenseurs des « droits de l’homme et de la démocratie ».

 

En cette première décennie du siècle, la superpuissance impérialiste semble sortir de son propre lit.

 

Les graves événements du 11 septembre 2001 – destruction des tours jumelles de New York, avec environ trois mille personnes tués, attaque contre le Pentagone – ont servi de prétexte idéal à un aventurier sans scrupules, George W. Bush, pour lancer sa guerre contre le terrorisme qui a constitué tout bonnement une escalade dangereuse de la politique brutale que les USA appliquent normalement sur toute notre planète.

 

La complicité éhontée des pays de l’OTAN avec cette guerre si condamnable est largement prouvée : cette organisation militariste vient de déclarer son intention d’intervenir partout dans le monde où elle considérerait que ses intérêts – autrement dit, ceux des USA – sont menacés.

 

L’impérialisme a utilisé son monopole des médias aux mains de grandes transnationales capitalistes pour semer le mensonge, créer des réflexes conditionnés et développer des instincts égoïstes.

 

Juste au moment où des jeunes et des étudiants se dirigeaient vers l’Afrique du Sud afin de lutter pour un monde de paix, de dignité et de justice, les étudiants anglais et leurs professeurs livraient une bataille rangée contre les policiers  à cheval, costauds et bien équipés, qui les attaquaient. Quel spectacle de « démocratie » capitaliste ! Les partis néolibéraux au pouvoir, jouant leur rôle de gendarme de l’oligarchie et trahissant leurs promesses électorales, ont voté au parlement des mesures qui  élèvent à 14 000 dollars par an le coût des études universitaires.  Le pire de tout, c’est le culot avec lequel les parlementaires néolibéraux ont affirmé que « le marché réglerait ce problème ». Seuls les riches ont droit à des titres universitaires.

 

Voilà quelques jours à peine, commentant les secrets divulgués par WikiLeaks, le secrétaire étasunien à la Défense, Robert Gates a déclaré : « Le fait est que les gouvernements traitent avec les USA parce que ça leur convient, non parce que nous leur plaisons, non parce qu’ils nous font confiance, non parce qu’ils croient que nous pouvons garder un secret. Certains gouvernements traitent avec nous parce qu’ils ont peur de nous, d’autres parce qu’ils nous respectent, et la plupart parce qu’ils ont besoin de nous. Nous restons, comme on l’a déjà dit, la nation indispensable. »

 

Nombre de personnes intelligentes et bien informés dans le monde sont convaincues que l’Empire yankee, à l’instar de tous ses prédécesseurs, est entré dans une étape finale et que les signes en sont irréfutables.

 

Un article sur le site web TomDispatch expose quatre hypothèses quant au cours des événements probable aux USA : la guerre mondiale y apparaît dans toutes comme une possibilité, même s’il existe une autre issue. Ce pays perdra définitivement son rôle dominant dans les exportations mondiales de marchandises et, d’ici moins de quinze ans, dans les innovations technologiques, tandis que le dollar cessera de jouer sa fonction privilégiée comme monnaie de réserve. Selon cet article, la Chine représente cette année 12 p. 100 des exportations mondiales de marchandises, contre seulement 11 p. 100 les USA. L’auteur fait aussi allusion au fait que le ministre chinois de la Défense a présenté en octobre le superordinateur Tianhe-1A, si puissant, selon un expert étasunien, qu’il « ridicule la meilleure machine similaire aux USA ».

 

L’une des premières activités de nos compatriotes, à leur arrivée en Afrique du Sud, a été de rendre un hommage mérité aux combattants internationalistes qui ont donné leur vie pour l’Afrique.

 

Notre mission médicale prête service depuis douze ans au peuple haïtien, maintenant avec le renfort de médecins internationalistes diplômés à l’École latino-américaine de médecins de La Havane. En y combattant l’épidémie de choléra, cette maladie de la pauvreté, ils luttent aussi pour l’empêcher de s’étendre en Afrique où, tout comme en Amérique latine, la pauvreté est répandue. Forts de l’expérience acquise, nos médecins sont parvenus à réduire extraordinairement le taux de mortalité.  Selon le journal Herald de Harare, une épidémie de choléra a éclaté « d’une manière explosive » au Zimbabwe, tout près de l’Afrique du Sud. Robert Mugabe a accusé les gouvernements étasunien et britannique de l’avoir introduite.

 

Si l’on veut une preuve de son absence de scrupules totale, il suffit de rappeler que le gouvernement étasunien a livré au régime d’apartheid des armes atomiques que celui-ci a failli employer contre les troupes cubaines et angolaises qui, après la victoire de Cuito Cuanavale, avançaient direction Sud, de sorte que le commandement cubain, soupçonnant ce danger, a adopté les mesures et les tactiques pertinents  pour s’assurer absolument de la maîtrise du ciel : si Pretoria avait tenté d’utiliser ces armes, il n’aurait pas remporté la victoire pour autant. Mais on est en droit de se demander : que se serait-il passé si les racistes sud-africains avaient utilisé ces armes atomiques contre les forces cubaines et angolaises ? Quelle aurait été la réaction internationale ?  Comment une telle barbarie aurait-elle pu se justifier ? Comment aurait réagi l’URSS ? Ce sont des questions à poser.

 

Quand les racistes ont cédé le gouvernement à Nelson Mandela, ils ne lui ont pas dit un seul mot de ces armes. Où sont-elles ? Enquêter sur ces faits et les dénoncer serait rendre en ce moment un grand service au monde. J’invite mes compatriotes à présenter cette question au Festival mondial de la jeunesse et des étudiants.

 

Patria o Muerte !

 

Venceremos !        

 

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 13 décembre 2010

Partager cet article
Repost0
10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 00:55

cholera-et-Minustah.jpg

Réflexions du compañero Fidel

 

LA MINUSTAH ET L’ÉPIDÉMIE

 

 

Voilà trois semaines, on a pu lire des nouvelles et voir des images d’Haïtiens lançant des pierres et protestant indignés contre les forces de la MINUSTAH (Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti) qu’ils accusaient d’avoir transmis le choléra au pays à travers des soldats népalais.

La première impression qu’on en tirait, faute d’informations supplémentaires, était qu’il s’agissait d’une rumeur née de l’antipathie que provoque toute force d’occupation.

Comment pouvait-on le prouver ? Beaucoup d’entre nous ne connaissaient pas les caractéristiques du choléra et ses formes de transmission. Les protestations cessèrent quelques jours plus tard, et on n’en parla plus.

L’épidémie suivit son cours inexorables, et d’autres problèmes, comme les risques découlant de la campagne électorale, occupèrent notre temps.

Des nouvelles dignes de foi et crédibles sur ce qu’il s’est vraiment passé sont tombées aujourd’hui : le peuple haïtien avait tout à fait raison de protester et de s’indigner.

Selon l’agence de presse AFP :

« Le fameux épidémiologiste français Renaud Piarroux a dirigé le mois dernier une enquête en Haïti et a conclu que l’épidémie est provenue d’une souche importée qui s’est étendue à partir de la base népalaise de la MINUSTAH. »

Une autre agence européenne, EFE, a écrit pour sa part :

« L’origine de la maladie se trouve dans le hameau de Mirebalais, au centre du pays, où les soldats népalais sont cantonnés : l’épidémie a démarré quelques jours après leur arrivée, ce qui en prouve l’origine.

« La mission de l’ONU en Haïti (MINUSTAH) a nié à ce jour que l’épidémie soit arrivée à travers ses casques bleus.

« …le médecin français Renaud Piarroux, considéré comme l’un des meilleurs spécialistes mondiaux en matière de choléra, ne laisse pas de doutes quant à l’origine de la maladie.

« L’étude a été confiée à Paris à la demande des autorités haïtiennes, a indiqué un porte-parole diplomatique français.

« …l’apparition de la maladie coïncide avec l’arrivée des soldats népalais, qui provenaient en plus d’un pays où il existait une épidémie de choléra.

« On ne s’explique pas autrement que le cholera ait démarré si soudainement et si fort dans un hameau de quelques dizaines d’habitants.

« Le rapport analyse aussi la façon dont le mal s’est propagé, car les eaux fécales du camp népalais débouchaient dans le cours d’eau qui sert d’eau potable aux habitants.

Le plus surprenant, c’est que, selon cette agence, l’ONU a affirmé « avoir envoyé une mission d’enquête dans le camp népalais, laquelle a conclu qu’il ne pouvait pas être au départ de l’épidémie.

Haïti, au milieu des destructions du séisme, de l’épidémie et de la pauvreté, ruinée par les interventions étrangères et par l’exploitation des transnationales, ne peut se passer maintenant d’une force de coopération internationale. L’ONU doit non seulement remplir le devoir élémentaire de lutter pour le relèvement et le développement d’Haïti, mais encore mobiliser les ressources requises pour éliminer une épidémie qui menace de s’étendre à la République dominicaine voisine, au reste des Caraïbes, à l’Amérique latine et à d’autres pays similaires d’Asie et d’Afrique.

Pourquoi l’ONU s’est-elle entêtée à nier que la MINUSTAH avait apporté l’épidémie au peuple haïtien ? Je n’accuse pas le Népal, jadis colonie de la Grande-Bretagne qui utilisa ses hommes dans ses guerres coloniales et dont les habitants cherchent du travail comme soldats.

Nous nous sommes enquis auprès des médecins cubains qui prêtent service en Haïti et qui nous ont confirmé les nouvelles transmises par les agences de presse européennes avec une précision notable.

 J’offre ici un court résumé de ce que nous fait savoir Yamila Zayas Nápoles, spécialiste en médecine générale intégrale, anesthésiste, directrice d’une institution médicale à huit spécialités de base et à  moyens diagnostiques du projet Cuba-Venezuela, inauguré en octobre 2009 dans la zone urbaine de Mirebalais (86 000 habitants), dans le département Nord.

Le samedi 15 octobre, trois patients ont été hospitalisés avec des symptômes diarrhéiques et gravement déshydratés ; le dimanche 16, quatre nouveau cas aux caractéristiques similaires, d’une même famille. Décision fut prise de les isoler et d’en informer la Mission médicale cubaine. Le lundi 17, vingt-huit personnes sont arrivées avec des symptômes similaires.

La Mission médicale a dépêché d’urgence un groupe de spécialistes en épidémiologie qui ont fait des analyses de sang, de vomis et de selles, et réuni d’autres données, qui ont été envoyées aussitôt aux laboratoires nationaux d’Haïti.

Ceux-ci ont informé le 22 octobre que la souche isolée correspondait à celle qui prévalait en Asie et en Océanie, la plus sévère. Les forces népalaises des casques bleus de l’ONU sont cantonnées au bord de fleuve Artibonite, qui traverse la petite localité de Méyè, où l’épidémie a éclaté, et Mirebalais d’où elle s’est propagée ensuite rapidement.

Bien que le choléra soit apparu de façon subite dans le petit mais excellent hôpital au service d’Haïti, seuls 13 patients sont décédés des 2 822 premiers malades traités au départ dans un secteur isolé, soit un taux de mortalité de 0,5 p. 100. Par la suite, une fois installé à part le Centre de traitement du choléra, 5 des 3 459 cholériques sont décédés, soit 0,1 p. 100.

Aujourd’hui, mardi 7 décembre, le nombre de cholériques s’est élevé à 93 222, dont 2 120 sont décédés. Chez les patients de la Mission cubaine, le taux de mortalité est de 0,83 p. 100 ; chez ceux des autres institutions hospitalières, il est de 3,2 p. 100. Compte tenu de l’expérience acquise, des mesures adéquates prises et du renfort de la brigade Henry Reeve, la Mission médicale cubaine, appuyée par les autorités haïtiennes, se proposent de toucher les deux cent sept sous-communes isolées, de façon qu’aucun Haïtien ne manque de soins face à l’épidémie et que des milliers de vies puissent être sauvées.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 7 décembre 2010

18 h 34

 

Partager cet article
Repost0