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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 22:31

par Maurice Lemoine

arton800-7c01f.jpgDe nationalité cubano-vénézuélienne, Luis Posada Carriles n’est pas citoyen américain. Il a bien été résident permanent aux Etats-Unis en 1962, mais il a perdu ce statut pour avoir passé plus d’une année hors du pays. Il ne peut donc y rentrer légalement. C’est pourtant avec l’objectif de passer ses vieux jours au « pays de la liberté » que, en mars 2005, il laisse derrière lui le Guatemala, traverse le Belize et se dirige vers Cancún, dans l’Etat mexicain de Quintana Roo. Jusqu’à son arrivée dans cette ville balnéaire, il a été aidé et assisté par des trafiquants de drogue appartenant au cartel centraméricain que dirige le mafieux Otto Herrera García. A Cancún, Juan Carlos Riverol, alias « le prof », prend le relais. Lié à un groupe de « narcos » d’origine cubano-américaine – Les Marielitos – Riverol s’enrichit sur le dos de Cubains sans visas désireux de gagner les Etats-Unis en évitant les 145 kilomètres du détroit de Floride, infesté de requins... et de garde-côtes américains.

De Cancún, Posada Carriles repart pour l’île Mujeres, à l’extrémité nord-est de la péninsule du Yucatán. Le matin du 15 mars, un yacht de 27 mètres, la Santrina,y accoste. Il appartient au millionnaire Santiago Álvarez, présent à bord en compagnie de cinq comparses de la communauté cubano-américaine de Miami. Le même jour, à 14 heures, le bateau repart et met le cap sur la Floride – avec, à bord, un « clandestin ».

Le 11 avril, Fidel Castro dénonce la présence de Posada Carriles à Miami. Le 12, durant la conférence de presse quotidienne du Département d’Etat, cette « insinuation » scandalise le porte-parole Richard Boucher : « C’est un sujet que nous avons abordé de nombreuses fois dans le passé. Je ne suis pas sûr qu’il y ait quelque chose de nouveau. » Il aurait mieux fait de se taire. Le lendemain, provoquant quelques hoquets, Posada Carriles demande l’asile politique car, plaide son avocat, il a « favorisé les intérêts des Etats-Unis pendant environ quatre décennies » :une telle requête ne peut être présentée que lorsqu’un individu est déjà sur le territoire national ! De La Havane et Caracas, Castro et Hugo Chávez exigent des autorités américaines qu’elles arrêtent l’individu pour activités terroristes et réclament son extradition.

Terrorisme international

Né à Cienfuegos (Cuba), le 15 février 1928, Posada Carriles a collaboré avec la police du dictateur Fulgencio Batista à partir de 1955. En 1959, le triomphe de la révolution lui donnant la nausée, il rejoint les contre-révolutionnaires. Membre de la Brigade 2006, il participe à la tentative d’invasion de la Baie des Cochons qui débute le 17 avril 1961. Il n’y fait rien de vraiment héroïque, ne réussissant même pas à débarquer ! Ulcéré par cet échec individuel et collectif, il est l’un des deux cents Cubains qui incorporent l’armée américaine pour y être formés au grade d’officier. Lui est, de plus, recruté par la Central Intelligence Agency (CIA). En octobre 1967, la « Compagnie » l’envoie à Caracas pour restructurer les services de renseignement vénézuéliens. Il demande et obtient la nationalité de ce pays pour pouvoir intégrer la Direction générale de police (Digepol) qui deviendra ultérieurement la Division générale de sécurité de la direction des services de renseignement et prévention (Disip). Sous le pseudonyme de « commissaire Basilio », il s’y livre jusqu’en 1974 à la répression féroce des mouvements de gauche vénézuéliens.

Quittant ses fonctions à la suite d’un changement de gouvernement, Posada Carriles demeure à Caracas et y ouvre une agence de détective – Investigaciones comerciales e industriales C.A. Toujours lié à la CIA et collaborant avec les services secrets argentin, chilien, guatémaltèque et salvadorien, il dirige, avec un autre Cubain, Orlando Bosch, le Commando d’organisations révolutionnaires unies (CORU). Tous deux préparent et commanditent la pose de deux bombes dans le vol CU 455 de la Cubana de Aviación qui, décollant de La Barbade, le 6 octobre 1976, explosera en vol, causant la mort de soixante-treize passagers.

Emprisonné à Caracas avec Bosch et les deux Vénézuéliens qui ont matériellement perpétré le crime, Posada Carriles, non encore définitivement jugé, s’évade en 1985 avec l’aide de la Fondation nationale cubano-américaine (FNCA) – créée en 1981 par Ronald Reagan, basée à Miami – et de la CIA. Cette dernière a besoin de ses compétences. On retrouve effectivement Posada Carriles sur la base militaire d’Ilopango, au Salvador, où, sous la direction du lieutenant-colonel américain Oliver North, et en tant que chef de la logistique, il approvisionne en armes et en matériels les contre-révolutionnaires nicaraguayens – la contra. Violant une interdiction explicite du Congrès des Etats-Unis, l’opération est de plus financée grâce aux tonnes de cocaïne que fournit le cartel de Medellín, en Colombie.

Lorsque éclate le scandale de l’Iran-Contragate [1], Posada Carriles se fait oublier quelque temps avant de réapparaître en tant que « conseiller » de la police salvadorienne, puis de gagner en 1988 le Guatemala où, en plein conflit armé – deux cent mille morts –, il travaille pour le gouvernement comme fonctionnaire du renseignement [2].

Indépendamment de ses activités au service de l’Empire, des dictatures continentales et des luttes contre-insurrectionnelles, la priorité de Posada Carriles est toujours demeurée Cuba. Les groupes anticastristes de Miami et en particulier la FNCA le financent sous le manteau tout en faisant tourner des affaires ayant pignon sur rue. Toujours en Amérique centrale, il recrute, forme – il est expert en explosifs – et équipe les guatémaltèques et salvadoriens qu’il charge d’exécuter une série d’attentats dans l’île. Du 12 avril au 4 septembre 1997, leurs bombes frappent des hôtels de La Havane et de Varadero – Meliá Cohiba, Capri, Nacional, Sol, Palmeras, Tritón, Château-Miramar et Copacabana ; dans ce dernier, meurt un jeune touriste italien, Fabio Di Celmo.

Le 17 novembre 2000, Luis Posada Carriles est arrêté au Panamá alors qu’il préparait un attentat à la bombe contre Fidel Castro en visite dans ce pays à l’occasion d’un Sommet ibéro-américain. L’engin devait exploser durant une conférence du président cubain à l’Université, au risque de blesser, mutiler ou tuer un nombre considérable d’étudiants panaméens. Condamné le 20 avril 2004 à huit années d’incarcération « pour avoir compromis la sécurité publique », Posada Carriles est amnistié le 26 août, pour « raisons humanitaires », par la présidente panaméenne Mireya Moscoso, qui doit terminer son mandat... le lendemain. Certes, le président de la Cour suprême s’était opposé à cette mesure, le procès étant en cours d’appel et la loi panaméenne stipulant qu’il n’est possible de gracier un prisonnier que si la procédure judiciaire est arrivée à son terme. Mais, dans les semaines précédentes, Moscoso avait reçu la visite du secrétaire d’Etat Colin Powell et d’Otto Reich, cubano-américain chargé des affaires de l’hémisphère occidental (l’Amérique latine) au Conseil national de sécurité du gouvernement de George W. Bush. Après le séjour de Reich au Panamá, une rumeur avait largement circulé à Miami : « Il a tout arrangé. »

Ce 26 août 2000, les complices cubano-américains de Posada Carriles – Guillermo Novo Sampol, Pedro Remón et Gaspar Jiménez –, eux aussi amnistiés, atterrissent donc triomphalement à Miami. Pour les raisons précédemment évoquées – il n’est pas citoyen américain –, leur chef ne peut les accompagner. Un deuxième avion, à bord duquel se trouve Santiago Álvarez, le transporte à San Pedro Sula, au Honduras. C’est depuis l’Amérique centrale où l’accueillent et le protègent hauts fonctionnaires de police, collaborateurs de la CIA, marchands d’armes et narcotrafiquants qu’il entreprendra le périple qui, en mars 2005, lui permet d’entrer clandestinement aux Etats-Unis.

Selon que vous serez « les Cinq » ou Posada

Caracas et La Havane ont fait trop de bruit. Washington ne peut plus feindre ignorer le lieu de séjour du « terroriste international » – selon la définition du Federal Bureau of Investigation (FBI) –, d’autant qu’il passe son temps à accorder des interviews. Le 17 mai, on se résigne à l’arrêter. Le 19, il est incarcéré à El Paso (Texas), dans une cellule « cinq étoiles », et inculpé pour… « violation de la législation sur l’immigration ». Le 27 septembre, la justice américaine détermine qu’il ne sera pas extradé au Venezuela ou à Cuba pour y être jugé de ses crimes [3] car… « il pourrait être torturé dans ces pays ». Mû par un sentiment de rancune primitive, il pourrait surtout y dévoiler les dessous de la « guerre sale » menée par Washington en Amérique latine et à Cuba depuis les années 1960, les turpitudes de la CIA et même, pourquoi pas, le rôle de celui qui en était directeur en 1976, au moment de l’explosion du DC-8 de la Cubana de Aviación : George Bush (père). Le risque de voir étalé au grand jour l’American Way of Death est pratiquement le même s’il est réellement jugé aux Etats-Unis. Bref, il a dans la tête des secrets que beaucoup ne souhaitent pas voir étaler au grand jour.

Dès lors, deux scandales judiciaires étroitement liés l’un à l’autre se téléscopent publiquement. En effet, le 24 mai 2005, quelques jours après l’arrestation de Posada Carriles, le Groupe de travail des Nations unies sur les détentions arbitraires a dénoncé l’emprisonnement, aux Etats-Unis, de cinq Cubains – Gerardo Hernández, Ramón Labañino, René González, Fernando González et Antonio Guerrero –, soulignant qu’il viole les normes internationales et exigeant un nouveau procès. Cette même année 2005, dix prix Nobel lanceront un appel pour la libération des cinq Cubains en question [4].

Ayant infiltré sans violence, pour le compte du gouvernement cubain, les groupes terroristes de la mouvance Posada Carriles afin d’en neutraliser les effets dans l’île, les « Cinq » ont été arrêtés à Miami en septembre 1998, jugés dans cette ville et dans des conditions ahurissantes pour « conspiration d’espionnage » mettant en cause la sécurité nationale des Etats-Unis, puis condamnés en décembre 2001 à des peines qui dépassent l’entendement [5].

Tout autre va être le sort de celui dont les agissements ont imposé leur présence à Miami, au nom de la légitime défense de leur pays, Cuba. Après avoir décidé que Posada Carriles ne pouvait être extradé ni à La Havane ni à Caracas, le juge William Lee Abott a donné quatre-vingt-dix jours au gouvernement pour qu’il trouve un pays tiers où l’expulser. Washington cherche donc un endroit où il pourrait vivre tranquillement. Lui est prêt à préparer sa valise – c’est une de ses grandes spécialités. Mais, le Canada, le Mexique, le Honduras, le Costa Rica, le Guatemala et le Salvador refusant de l’accepter sur leur territoire, Washington reste avec cet ami encombrant sur les bras.

Bien qu’un Grand Jury ait été convoqué à Newark (New Jersey) en janvier 2006 pour écouter les dépositions sur son implication dans les attentats de La Havane en 1997, la justice américaine accorde la liberté conditionnelle à Posada Carriles, contre une caution de 350 000 dollars, le 19 avril 2007. Il jouit dès lors d’une « retraite » tranquille, dans l’urbanisation Lago del Rey, au sud-ouest de Miami. Quatre années passeront en manœuvres dilatoires, intrigues et manigances, avant que ne s’ouvre enfin son procès, le 10 janvier 2011, à El Paso. Pourquoi dans cette ville du Texas ? Parce que Posada Carriles a de l’imagination ! Interrogé par les autorités migratoires, il a prétendu que, venant du Mexique, il a traversé en automobile la frontière de cet Etat, à Brownsville, et a ensuite voyagé en autobus Greyhound jusqu’à Miami. Il a encore menti aux Départements de la Justice et de la Sécurité lorsque, ayant sollicité l’asile politique et sa naturalisation américaine, il a nié, sous serment, être lié d’une manière ou d’une autre aux attentats menés en 1997 à Cuba.

Crimes sans châtiment

Sous la présidence de la juge fédérale Kathleen Cardone, nommée en 2003 à cette fonction par… George W. Bush, le show peut commencer. Prêtant à sourire, onze charges pèsent sur Posada Carriles, qui comparaît en prévenu libre : parjure, fraude, obstruction à la justice, infractions aux lois américaines sur l’immigration, etc… Avec, toutefois, un risque pour lui, signale d’emblée José Pertierra, l’avocat qui représente Caracas dans sa demande d’extradition : « Si le tribunal le juge coupable d’avoir menti sur sa relation avec les auteurs des attentats à la Havane, la justice américaine sera obligée de le poursuivre en tant qu’auteur intellectuel de ces crimes. » La défense ne s’y trompe pas qui, dès la première audience, entreprend de transformer l’affaire Posada Carriles en un procès contre… Cuba. L’avocat Arturo V. Hernández est d’autant plus inquiet que la juge a autorisé le Ministère public à présenter 6500 documents en provenance de La Havane. Elle lui a également permis d’utiliser comme preuve des éléments fournis par le gouvernement guatémaltèque, dont le faux passeport au nom de Manuel Enrique Castillo López avec lequel Posada Carriles est entré au Mexique (voir ci-dessous).

Le 19 janvier, la fonctionnaire de l’immigration Susana Bolanos s’avance à la barre. Elle a eu à examiner le formulaire N400 par lequel Posada Carriles demandait sa naturalisation. A la question « avez-vous milité, à un moment ou à un autre, pour le renversement d’un gouvernement », il a répondu « oui ». A celle concernant les antécédents pénaux, il a mentionné une condamnation qui lui a valu quatre années en prison au Panamá. « Ces choses, définitivement, m’ont préoccupée », conclut Bolanos. L’avocat Hernández a une réponse toute prête : l’accusé n’a pas une connaissance de l’anglais suffisamment fluide pour avoir compris, à l’époque, les questions posées.

Cubano-américain, mais aussi informateur (en échange de sa naturalisation) rémunéré du FBI, Gilberto Abascal témoigne pendant six jours à partir du 24 janvier. Recruté par Santiago Álvarez comme mécanicien, il faisait partie de l’équipage qui, à bord du yacht Santrina, est venu récupérer Posada Carriles dans le Yucatán et l’a transporté clandestinement à Miami. Il confirme donc la voie d’entrée réelle de l’accusé. Sortant de sa manche des rapports médicaux de l’Agence de sécurité sociale, la défense tente de le discréditer : on lui a diagnostiqué de sérieux symptômes de schizophrénie, entre 2002 et 2004, après qu’il ait fait une chute, en 2000, depuis un immeuble en construction. « Problèmes mentaux » conclut l’avocat. Ce qui ne devrait pas faire oublier qu’Abascal a prouvé ses dires en montrant une photographie de Posada Carriles en train de se faire couper les cheveux par un coiffeur de l’île Mujeres, avant l’embarquement sur la Santrina.

Abascal va payer très cher sa prestation. Le 27 janvier, la juge Cardone lui ordonne de s’asseoir sur le banc des témoins et lui demande, avant l’arrivée des jurés : « M. Abascal, vous me semblez être perturbé. Voulez-vous m’expliquer ce qui se passe ? » Il y a dans la voix du témoin une nuance d’amertume quand il répond : «  [l’avocat] Arturo Hernández fait des histoires à ma femme et elle m’a appelé pour me dire qu’en raison de ce harcèlement, elle ne veut plus rien avoir à faire avec moi [6]. » C’est qu’Abascal provoque la haine, et depuis longtemps. Il a aussi été un témoin « clé » de l’accusation lors de la comparution de Santiago Álvarez, le propriétaire de la Santrina, en 2006, à Miami. Arrêté par le FBI en 2004 pour possession d’un arsenal – AK-47 et AR-15 aux numéros d’identification limés, silencieux, grenades, etc. –, dans son bureau de Hialeah, à Miami, Álvarez a été condamné à quatre années de prison pour ce motif, mais également parce qu’il refusait de témoigner pour expliquer comment Posada Carriles est arrivé aux Etats-Unis. En août 2006, à Miami, Abascal a échappé de peu à une tentative d’assassinat par arme à feu. Une fois de plus, à El Paso, il a l’air d’un lapin pris dans les phares d’un camion. Fort sévèrement, alors que débute l’audience et après avoir demandé aux procureurs de s’approcher, la juge appelle l’avocat qu’elle admoneste pour ce délit fédéral – intimidation de témoin –, passible de prison. Toutefois, afin que les jurés ne puissent entendre la conversation, elle a préalablement coupé son micro. Lorsque la séance reprend son cours, l’avocat met Abascal sur le gril pendant un temps interminable, l’intimide, l’insulte, le traite de voleur, de menteur, d’espion de Cuba, de mercenaire et de fou !

Pour mémoire, on notera que pendant les sept mois du procès des Cinq, à Miami, en 2000 et 2001, c’est le procureur qui a permis toutes sortes de pressions et de menaces contre les jurés – pris en chasse dans le Palais de justice, interpellés par la foule des anticastristes, harcelés par les journalistes ayant pris fait et cause pour l’extrême droite cubano-américaine – à tel point que, à plusieurs reprises, ils exprimèrent leurs craintes pour leur sécurité.

Le 7 février, on apprend de la bouche de Steven Ussher, enquêteur du Service d’immigration et de contrôle des douanes, que les autorités américaines n’ont jamais donné l’ordre de perquisitionner ou d’examiner la Santrina pour y chercher des preuves de la présence de Posada Carriles. Le 8, l’avocat de ce dernier livre une bataille désespérée pour convaincre la juge d’empêcher ou de retarder le témoignage du lieutenant-colonel de la Sécurité cubaine Roberto Hernández Caballero. Une fois de plus, deux affaires se percutent – et curieusement : le 29 mars 2001, à la requête de la défense des Cinq, Hernández Caballero a déjà témoigné devant la Cour fédérale de Miami. Son adversaire d’hier, le gouvernement des Etats-Unis, lui demande aujourd’hui de présenter les mêmes éléments d’enquête contre Posada Carriles alors qu’il les a violemment combattus lorsqu’ils auraient dû, en bonne logique, permettre d’absoudre les Cinq. Il est vrai que, cette fois, l’enjeu est mineur : on ne juge pas les crimes de l’anticastriste contre Cuba, ni ceux qui ont tenté de les empêcher, mais quelques « petits mensonges entre amis ».

Le 9 février, c’est interrompu en permanence par les objections de la défense que le colonel Hernández Caballero livre finalement sa déposition sur les événements de 1997, les blessés qu’ils ont provoqué et la mort du touriste Di Celmo. La juge Cardone estime dès lors qu’elle en a fait assez. Elle décide que le témoin suivant – Ileana Vizcaíno Dime, spécialiste cubaine de médecine légale qui a autopsié le corps de Di Celmo – sera interrogé par l’accusation et la défense, mais… hors de la présence des jurés. De la même manière, elle ne permet pas que soit soumis à ceux-ci un fax particulièrement éclairant envoyé par Posada Carriles à des complices, depuis le Guatemala, en 1997.

Intercepté par Antonio « Tony » Álvarez, homme d’affaires cubain exilé qui, à Ciudad Guatemala, partageait un bureau avec le terroriste (sans se douter initialement de ses activités), le fax en question, signé Solo – l’un des pseudonymes favoris de Posada [7] – exigeait de ses interlocuteurs des informations précises sur le résultat de leurs attentats dans l’île, alors attribués à l’opposition interne par les médias internationaux : « Comme je vous l’ai expliqué, s’il n’y a pas de publicité, le travail est inutile. Les journaux américains ne publient rien si l’information n’est pas confirmée. (…) S’il n’y a pas de publicité, il n’y aura pas de paiement. J’attends des nouvelles demain (…)  ». Alarmé, Alvarez avait avisé des agents du bureau du FBI à Miami – qui n’avaient strictement rien fait.
A El Paso, avant de voir sa déposition interrompue, « Tony » Álvarez aura juste le temps d’expliquer qu’il a pu constater, à l’époque, la présence, dans le bureau de Posada Carriles, d’un tube portant la mention « Industrie militaire mexicaine - C-4 - Explosifs dangereux » – précision apportée en « petit comité », la juge Cardone ayant eu la délicate attention de faire, une nouvelle fois, sortir les jurés.

Dans une interview accordée aux journalistes Ann Louise Bardach et Larry Rother, le 18 juin 1998, dans l’île néerlandaise d’Aruba, Posada Carriles a reconnu qu’il avait organisé la campagne contre des objectifs touristiques cubains en 1997, qu’il était financé par la FNCA et son président Jorge Mas Canosa, et qu’il avait payé le salvadorien Raúl Cruz León pour poser les bombes – dont celle qui a tué Di Celmo [8]. Posada Carriles s’était même permis quelques facéties : « Le FBI et la CIA ne me gênent pas. Je suis neutre avec eux. Chaque fois que je le peux, je les aide. » Cet entretien fût publié dans le New York Times les 12 et 13 juillet 1998.

C’est donc avec beaucoup d’intérêt qu’on attendait la présence de Bardach au procès d’El Paso. Toutefois, dès le départ, les dés ont été pipés, la défense s’étant mis d’accord avec les procureurs Timothy J. Reardon et Jerome Teresinski pour caviarder l’enregistrement réalisé par la journaliste à Aruba. D’une durée de six heures et trente minutes à l’origine, celui-ci fut réduit à deux heures et quarante minutes dans la version soumise à l’écoute des jurés. On leur évita ainsi de s’encombrer l’esprit avec : le rôle de Posada Carriles dans l’Iran-contragate, dans les années 1980 ; ses relations clandestines avec les organisations paramilitaires du Salvador et du Guatemala, durant la même décennie ; sa relation de plus de trente ans avec la CIA.

Pendant quatre jours, Bardach a dû défendre vigoureusement son travail et répondre aux attaques insidieuses ou directes de l’avocat Arturo Hernández. Ainsi : « Ne croyez-vous pas que vous avez violé le code d’éthique journalistique en écrivant dans le New York Times que Cruz León travaillait pour M. Posada ? » Bardach répond d’une voix tranchante : « Si, M. Hernández, il travaillait pour Posada. Celui-ci me l’a dit – “Je suis le chef, l’auteur intellectuel, le responsable de l’opération”. » Hernández insiste. Il lit la transcription dans laquelle Posada Carriles affirme qu’ « un autre type » a employé León. « Un autre type ! N’importe qui peut l’avoir employé ! » Bardach sort de ses gonds : « Je sais qui est le type, vous savez qui est le type, eux [les procureurs] savent qui est le type ! Nous savons tous qui est le type, mais nous ne pouvons pas le dire ! Vous ne voulez pas qu’on dise qui est le type ! Disons qu’il s’appelle Monsieur X. Ce type n’aurait jamais recruté Cruz León si Posada n’avait pas voulu qu’il recrute Cruz León… »

Décryptage (sauf pour les jurés, à qui l’on interdit l’accès à cette information) : « le type » s’appelle Francisco Chávez Abarca. Salvadorien, il fût l’un des poseurs de bombe. L’une d’entre elles explosa le 12 avril 1997, dans la discothèque de l’hôtel Meliá Cohíba, provoquant d’importants dégâts ; une autre, dissimulée au quinzième étage du même établissement, put être désamorcée à temps. Sur instruction de Posada Carriles, il a recruté et entraîné – entre autres –, pour le même type de « travail », deux autres Salvadoriens, Otto Rodríguez Llerena (arrêté lors de sa seconde mission à La Havane, le 10 juin 1998) et Cruz León. Le 1er juillet 2010, porteur d’un faux passeport guatémaltèque, Chávez Abarca a été arrêté à l’aéroport international Simón Bolívar de Maiquetía (Caracas). Après sa détention, il a avoué être entré au Venezuela pour évaluer la possibilité d’y créer, en lien avec des membres radicaux de l’opposition, des troubles et des attentats de nature à déstabiliser le pays, à la veille des élections législatives du mois de septembre suivant. Extradé le 7 juillet à Cuba, il a, au cours de son jugement, les 20 et 21 décembre, reconnu sa culpabilité et décrit les opérations dont Posada Carriles l’a chargé [9].

Quand, à la demande de la défense, se présente Otto Reich, la juge Cardone le présente comme un « expert en affaires cubaines ». Il est surtout un ex-collaborateur direct des présidents Ronald Reagan, George Bush Ier et George Bush II. Impliqué dans l’Iran-contra et dans tous les « coups pourris » de Washington en Amérique latine, il a également joué un rôle dans le tentative de renversement du président Chávez, en avril 2002, au Venezuela. Les jurés n’ont pas besoin de le savoir, inutile de leur encombrer l’esprit. C’est néanmoins fort de cette riche expérience que Reich leur assène un long réquisitoire contre la « dictature cubaine »« cinquante mille militaires sont emprisonnés (sic !)  », avant de s’en prendre à Bardach – « capable de trafiquer les réponses de n’importe quel interviewé » – et même au New York Times, quasiment qualifié de quotidien crypto-cubain.

Le 8 avril, au terme d’une comédie qui s’est éternisée durant treize longues semaines, et après trois petites heures de délibérations, le tribunal, à l’unanimité, a déclaré Posada Carriles innocent des onze charges pesant sur lui. Sud des Etats-Unis oblige, la majorité des douze jurés étaient d’origine hispano. Or, El Paso, situé sur la frontière mexicaine, est l’une des portes d’entrée de l’immigration illégale sur le territoire américain – pratique qui, pour tout individu arrivé lui-même dans ces conditions, où descendant de parents ayant eu recours à cette pratique, non seulement ne constitue pas un crime, mais est même vu avec une certaine sympathie. Dès lors, considère l’avocat de Caracas Pertierra, « juger un “sans papier” pour avoir menti à l’Immigration est absurde pour un paseño. Ces cas-là, normalement, ne requièrent que le temps nécessaire pour danser un merengué à la porte d’un collège ! » D’autant que jamais le jury n’a su que, si Posada Carriles a menti, c’est surtout pour protéger ceux qui, avec Santiago Álvarez, à bord de la Santrina, lui ont permis de débarquer illégalement à Miami (l’aide à un « terroriste » est sévèrement sanctionnée par la loi). Jamais ils n’ont su que la juge Cardone avait rejeté le cas Posada Carriles en 2007. Elle prétendit alors que le gouvernement avait trompé ce dernier afin qu’il fasse de fausses déclarations – ce qui permettrait, ensuite, de le poursuivre pour parjure. Il fallut qu’une Cour d’appel invalide cette décision et oblige la magistrate à ouvrir le procès.

Dans ces conditions, nul ne s’étonnera que celui-ci se soit transformé en une mise en accusation de Cuba ; que Cardone ait constamment suspendu les audiences, pendant plusieurs jours et sous différents motifs – laissant ainsi le show s’éterniser durant plus de trois mois et abrutissant les jurés ; qu’elle ait permis à la défense de s’acharner pendant des heures sur les témoins ; qu’elle ait mis de côté un certain nombre de preuves ; qu’elle ait régulièrement fait sortir les jurés de la salle lors de témoignages importants ; qu’à de nombreuses reprises, elle ait intimé à ces mêmes jurés de ne pas tenir compte de ce qu’ils venaient d’entendre ; que…

En revanche, elle n’a pu ni prévoir ni prévenir la petite bombe qui a explosé le 18 janvier. Ce jour-là, s’exprimait Gina Garrett-Jackson, avocate du Département de sécurité nationale (Homeland Security). Celle-ci raconta comment, en contact avec des procureurs fédéraux et des agents du FBI, la Police des douanes et de l’immigration, ainsi qu’avec la Drug Enforcement Administration (DEA) [10], elle a travaillé en 2005 sur le cas Posada Carriles. N’ignorant pas que, en raison de ses activités passées, il ne remplissait pas les conditions pour obtenir l’asile politique, expliqua-t-elle à El Paso, « je l’ai néanmoins interrogé en détail car mon devoir était de tester sa crédibilité. Et je ne l’ai pas cru. » Ce qui l’amena, en août de cette année-là, à contacter par courrier électronique une procureure fédérale de Miami, Caroline Heck Miller, pour lui demander s’il ne lui paraissait pas opportun de poursuivre Posada Carriles « pour ses activités criminelles ». Et Garrett-Jackson de conclure : « La procureure n’a pas paru intéressée. »

Heck Miller n’est pas une inconnue. C’est elle qui fût chargée de l’accusation contre les Cinq, lors de leur procès inique, à Miami. C’est elle qui, aux ordres du procureur général du sud de la Floride Guy Lewis, dont la connivence avec l’extrême droite cubano-américaine était à peine dissimulée, a requis contre les Cinq des châtiments plus lourds que ceux prévus dans le « guide des peines » des Etats-Unis. En août 2005, précisément, lorsqu’elle ignora l’invitation de Garrett-Jackson à s’intéresser sérieusement au cas Posada Carriles, trois juges de la Cour d’appel d’Atlanta venaient de frapper le procès des Cinq de nullité. Dans leur argumentation, ils se référaient largement à la longue liste des crimes de Posada Carriles et d’autres terroristes que les Cinq étaient chargés de surveiller et, grâce aux informations qu’ils recueillaient, de contribuer à neutraliser [11].

Ainsi donc, on le sait désormais, celle-là même – Heck Miller – qui déploya une énergie phénoménale afin de faire condamner Gerardo Hernández, Ramón Labañino, René González, Fernando González et Antonio Guerrero à des peines iniques pour des crimes qu’ils n’ont pas commis a refusé de poursuivre Posada Carriles pour des crimes parfaitement avérés.

Comme pour rendre l’histoire encore plus immorale, le 18 janvier, alors que Garrett-Jackson témoignait à El Paso, Heck Miller est réapparue à Miami : elle y a une nouvelle fois sollicité la prorogation de la demande d’habeas corpus déposée par l’un des Cinq, Gerardo Hernández – l’homme qu’elle a jeté dans les geôles américaines pour deux perpétuités plus quinze ans.

 

cubains-88693.jpgSur les Cinq et la trajectoire de Posada Carriles, lire Cinq Cubains à Miami ,Edition Don Quichotte, Paris, 2010 (avec le soutien de Mémoire des Luttes).

Source : Mémoire de luttes

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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 00:29

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Lorsque les bombardements de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord contre des villes libyennes, avient à peine commencé, le premier ministre britannique, David Cámeron avait assuré que le leader Mouammar El Kadhafi, n’était pas un objectif militaire. À Washington, le chef du Pentagone, Robert Gates, a dit que ce serait “insensé » d’essayer d’assassiner le gouvernant de ce pays nord-africain.

Mais, un mois et demi après le début des attaques et devant la perspective de s’enfoncer dans un conflit de longue durée, de telles positions ont complètement changé et à l’heure actuelle, il y a des évidences très claires du fait que les agresseurs cherchent à éliminer physiquement le colonel El Kadhafi pour changer le cour des événements de la guerre.

Ces dernières heures, le bureau du dirigeant libyen a éclaté en morceaux durant un bombardement contre un complexe résidentiel, ce qui a ravivé le débat sur de telles intentions.

C’est légal de transformer la résidence d’un gouvernant en une cible militaire ? C’est légal de vouloir assassiner un chef d’État pour mettre un terme à une guerre imposée ?

Nul ne semble se rappeler du contenu de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité de l’ONU, très ambiguë d’ailleurs et qui stipulait la création d’une zone d’exclusion aérienne, prétendument pour protéger la vie et la sécurité de la population civile.

La résolution n’incluait pas le renversement du gouvernement et encore moins l’exécution de son leader et de sa famille, ce qui peut arriver parfaitement à cause de la méthode choisie, le lancement indiscriminé des bombes.

Pour augmenter la pression, les États-Unis ont commencé à utiliser des avions télécommandés pour les raids contre la Libye, ces mêmes avions sans pilote qui ont tué des milliers de civils en Afghanistan et Pakistan.

Dans ce dernier pays, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour protester contre l’emploi de ces engins, manipulés à distance et qui ont des effets létaux pour ceux qui se trouvent à proximité des objectifs ciblés, indépendamment de leur condition, âge ou sexe.

Revenant à la Libye. Il est évident qu’au fur et à mesure que les semaines s’écoulent sans qu’il y ait les résultats escomptés, les agresseurs commencent à perdre le contrôle et ils veulent terminer au plus vite leur aventure belliciste, même si pour ce faire, ils doivent avoir recours à des méthodes propres plutôt à des maffiosi qu’à des hommes politiques. C’est le cas de 3 sénateurs étasuniens, les Républicains Lindsey Graham et John McCain et l’indépendant, Joseph Lieberman, qui ont appelé ouvertement à tuer Mouammar El Kadhafi.

Lieberman est arrivé même à assurer “qu’il est très important qu’El Kadhafi, sa famille et ses proches collaborateurs, se réveillent chaque matin, en pensant que c’est leur dernier jour".

Il n’y a rien de plus clair. Si Henri IV de France considérait que “Paris vaut bien une messe” malgré le fait qu’il était un calviniste convaincu, ces sénateurs, qui sont ceux qui font les lois aux Etats-Unis, n’ont aucune honte à reconnaître que pour eux, le pétrole libyen vaut bien un assassinat, ou plusieurs, selon le cas.

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 00:36

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Par Morice

La nouvelle est passée inaperçue, et elle est tout bonnement scandaleuse. L'une des pires personnes existantes en ce bas monde, auteur d'actes terroristes avérés, Luis Posada Carriles, vient d'être totalement absous de ses crimes par un tribunal d'El Paso (avec jury populaire !), qui ne le jugeait même pas pour ces pires crimes, à vrai dire, mais pour des accusations bien plus légères portant sur "l'obstruction de la justice", des "infractions aux lois sur l'immigration" ainsi que pour "parjure," et de "fraude". C'était pourtant le moment de revenir sur ces crimes, une fois incarcéré, pensaient certains, avec les plaintes déposées contre lui depuis...35 ans ! Carriles, celui qui avait fait sauter un DC-8 en 1976 du vol 455 des Cubana Airlines, provoquant la mort de 76 personnes est ressorti libre du tribunal, prouvant par la même occasion que 35 ans après les faits, il bénéficiait toujours de soutiens évidents au sein du pouvoir des Etats-Unis, et au sein surtout de la CIA qui avait monté avec lui toute l'opération. Cela fait plus de dix ans maintenant qu'on nous bassine avec Al-Qaida et ses actes terroristes : là, les Etats-Unis en tenaient un, de terroriste notoire : ils l'ont laissé partir libre, après l'avoir protégé tout ce temps ! Ce n'était pas son premier procès pourtant ! C'est déroutant et dégoûtant à la fois : cet homme est une ordure véritable, il ne peut y avoir d'autre mot pour le caractériser, grand âge (83 ans !) ou pas. 

Luis Posada Cariles est l'un des pires exécutants qu'a pu utiliser la CIA en toute connaissance de cause : c'est elle qui l'a formé à Fort Branning. A l'école du meurtre, il semble avoir été fort assidu. L'un des ses premiers faits d'armes était en effet un crime : l'assassinat d'Orlando Letelier, commis à Washington. Letelier, ministre d'Allende, ancien ambassadeur à Washington, qui avait fait beaucoup pour les relations entre les deux pays, arrêté par Pinochet et torturé (au camp de concentration de Ritoque), fut exécuté le 21 septembre 1976, en pleine capitale américaine, par l'explosion de sa voiture, en compagnie de son assistante Ronni Moffitt. Pinochet n'avait pas supporté qu'il reprenne le flambeau d'Allende et devienne surtout le principal opposant expatrié au régime. Qui plus est dans un pays stratégique pour le dictateur sanguinaire, qui avait besoin du soutien US (et les USA du cuivre chilien). Tué par une explosion survenue sous la voiture, survenue à l'angle de Sheridan Circle dans l'Embassy Row à 9h35 du matin. D'une telle violence qu'elle ne laissait aucune chance aux occupants du véhicule : du travail de pro. Seul le mari de Ronni Moffitt réussit à s'extraire de la voiture, sévèrement blessé. La bombe avait été fixée par des fils de cuivre ou des aimants sous le véhicule, à l'emplacement même du pilote : ce dernier ne pouvait en sortir vivant. Les photos de l'attentat en attestent.  C'est le journaliste canadien Jean-Guy Allard qui fera la meilleure enquête sur le sujet, concluant à l'implication directe de Carriles dans l'explosion. Il n'était pas le seul responsable : avec lui figurait Orlando Bosch (qui vit toujours tranquille à Miami et qui sera lui aussi impliqué dans le sabotage de l'avion cubain), mais aussi une poignée d'exilés anticastristes tels que José Dionisio Suárez, Virgilio Paz Romero, Alvin Ross Díaz, ainsi que les frères Guillermo et Ignacio Novo Sampoll. Les deux premiers exilés cités n'étaient autre que des officiers de la DNA de Pinochet. Les deux frères Novo seront envoyés en 1992 en Espagne pour assassiner Fidel Castro : une énième tentative, Castro étant de loin le recordman des tentatives d'assassinat contre des chefs d'état : ceux qui ne comprennent pas ce qui semble chez lui un entêtement contre les USA n'ont aucun souvenir historique de la traque qu'il a pu subir de la part de la CIA.

L'un des autres responsables, avec Carriles s'appelait Michael Townley, un homme de la terrible DINA, la police politique de Pinochet, qui avait déjà travaillé quelques années auparavant pour la CIA et sera également un membre actif de l'Opération Condor. Le procés aux USA de l'exécution sera vite réglé : les lampistes écoperont du maximum (Guillermo Novo et Díaz seront condamnés à vie, Ignacio Novo à 8 années d'emprisonnement) et Townley, citoyen américain, bénéficiera de la liberté pour avoir révélé les détails des préparatifs, selon le Witness Protection Program. Il vit toujours des jours tranquille aux USA. Carriles, lui, ne sera pas davantage inquiété !  D'autres n'auront pas cette chance : le général Manuel Contreras, qui fut à la tête de la DINA, et Pedro Espinoza Bravo, ancien de la DINA seront condamnés plus tardivement au Chili à 7 et 6 ans de prison pour ce crime le 12 novembre 1993, Carriles, lui, échappant à toute poursuite. Comme à son habitude, pouvait-on déjà conclure. "Espinoza" étant Pedro Espinosa, le chef des opérations tordues du général Pinochet. En 2006 encore, Guillermo Novo pourtant condamné deux fois à perpétuité était toujours en liberté... Bosch fera cinq ans de prison aux Etats-Unis pour avoir attaqué (au bazooka !) un bateau polonais, le Polanika, ancré à Miami en 1968. La même année sera envoyé par le fond le Santurce, un bateau espagnol, miné par des hommes grenouilles du groupe de Bosch : à l'époque l'Espagne s'était beaucoup rapproché de Fidel Castro, ce que ses extrémistes de droite du groupe n'avaient pas supporté. Un diplomate espagnol sera également assassiné en 1976, après avoir visiblement été détenu dans la maison même de Townley, à Via Naranja près de Lo Curro, après avoir été torturé : Townly l'avouera en 1992. On le voit, toute cette équipe de tueurs véritables a vécu après leurs forfaits sous un régime de totale impunité, protégés par des lois faites pour les criminels au service d'un état... criminel. Qu avait pourtant décrété depuis la commission Church tenue en 1976, justement, qu'il interdisait les assassinats à l'étranger...

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Deux semaines à peine après avoir éliminé sur ordre l'ancien ministre d'Allende, ses véritables tueurs allaient commettre pire encore. Un crime ignoble dont des décennies après, les familles demandent toujours réparation, ou au minimum la reconnaissance de la responsabilité (établie) de Carriles. Un avion volant entre les Barbades à la Jamaïque (c'était un vol de Guyana à Cuba) emportera en effet une première bombe qui explosera (déposée à bord dans les toilettes) l'équipage tentant de sauver l'appareil en perdition (on a gardé trace des enregistrements radio du pilote tentant de sauver son appareil !), puis une seconde, cette fois située à l'avant, tuant équipage et passagers. Deux bombes, la trace encore une fois du travail de professionnels du terrorisme, formés... militairement ! Très vite l'enquête repérera deux passagers portés manquants : Freddy Lugo et Hernan Ricardo Lozano, deux vénézueliens montés à bord à Trinidad avec des tickets pour Cuba mais qui étaient descendus entretemps aux Barbades. Les supposés coupables parfaits. Arrêtés, ils livreront très vite les noms des deux orchestrateurs de l'attentat : ce sont comme par hasard Luis Posada Carriles et Orlando Bosch...Les mêmes individus que précédemment ! Le 14 octobre 1976 tous deux sont arrêtés : chez Carriles on trouve tout ce qu'il faut pour commettre ce genre d'attentats : explosifs, transmetteur radios, etc. Son implication ne peut faire de doute, d'autant plus que les deux arrêtés le chargent à mort. Les deux hommes sont livrés non pas à la justice mais à la police militaire à la mi-77. Trois ans plus tard, un tribunal (militaire) les libère sans autre forme... l'attendu de libération sera... surréaliste : le juge affirmant qu'il ne peut pas les juger, car ce sont des civils ! Cinq ans plus tard, pourtant, un tribunal civil décide de les rejuger. Bosch y est alors acquitté, Posada ne peut-être jugé : il s'est évadé la veille du procès ! Bosch est libéré en 1987. Posada, lui, s'est déjà envolé pour le Panama. Où il va trouver refuge chez des gens qui vont le soutenir de bien étrange façon : ce sont des groupes d'évangélistes ou de catholiques, chez qui il a fait jouer la fibre du parfait repenti. Bosh, revenu aux USA sera ignominieusement absous par Bush-père le 18 juin 1990 : faire partie de la CIA aide à se refaire une vie, visiblement (Bush père ayant lui-même dirigé la CIA, ne l'oublions pas !).

Son passage au Panama, marqué lui aussi par une tentative d'attentat, une de plus, c'est ce que raconte de façon fort amère le Miami New Times du 5 décembre 2002, en se permettant une comparaison à l'époque assez osée (l'attentat du 11 septembre n'a qu'un an alors) : "Que se passerait-il à ce stade de notre guerre contre le terrorisme si un groupe de clercs, qui prétend représenter tous les membres de sa communauté ethnique, appelait publiquement à la libération des suspects emprisonnés pour avoir tenté de faire sauter une tête de l'empire du mal ? Ils seraient aussitôt renvoyés à l'âge de pierre par des avions militaires sophistiqués, non ? Et si ces chefs spirituels, au contraire, n'étaient pas de mèche avec Al-Qaïda, n'étaient pas basés Tora Bora, mais ont tout simplement vécu et prêché ici dans une les faubourgs de Miami ? Des Agents du FBI et la de CIA auraitent sans doute formé un essaim autour d'eux pour les interroger, non ? Probablement, à moins que ce soient les vingt personnes faisant partie des guides spirituels du "groupe de travail des Cubains en exil" (Grupo deTrabajo de Guías Espirituales en Exilio).

On le voit, le journal de Miami sait très bien à qui il a affaire : à des gens... protégés, qui ne risquent pas grand chose dans ce énième procès les concernants. L'allusion à Al-Qaida est pendable en effet : "Plus tôt dans l'année, ces guides ont tranquillement supplié le président du Panama de pardonner à quatre hommes qui sont incarcérés et en attente de jugement dans ce pays. Les quatre suspects- Luis Posada Carriles, Pedro Remon, Guillermo Novo et Gaspar Jimenez - sont accusés de complot à l'explosifs (du C-4) dans un lieu public à Panama City en Décembre 2000. Selon l'accusation, leur plan prévoyait que la détonation devait atteindre un "empereur du mal", Fidel Castro. Castro se rendait alor au Panama pour assister au Sommet ibéro-américain de l'époque. Comme la plupart des gens le savent, le C-4, l'explosif de choix pour les kamikazes palestiniens et les terroristes d'Al-Qaïda qui ont réussi le premier attentat du World Trade Center en 1993, n'est pas un outil de précision. A moins d'un miracle, une telle explosion aurait mutilé de nombreux civils en plus de la barbe d' El Comandante . Le procès est prévu pour démarrer le 5 Décembre (2002)" indique le journal... sans trop se faire d'illusion sur la possible condamnation de Carriles et des mêmes individus que cités précédemment, sortis ou échappés de prison pour recommencer ailleurs ce qu'ils avaient déjà fait dans les années 80...

Carriles, encore une fois condamné, était rentré tranquillement à Miami en 2004, car il avait à nouveau échappé à sa condamnation de façon extraordinaire : "Amnistié « pour raisons humanitaires » par la présidente panaméenne Mireya Moscoso, le 26 août 2004, dernier jour de son mandat, il rentre clandestinement aux Etats-Unis, en mars 2005, depuis le Yucatán (Mexique), à bord du bateau Santrina, propriété de M. Santiago Álvarez, l’un des principaux leaders des groupes anticastristes violents de Miami" nous rappelle si justement Le Monde Diplomatique.  Des témoins le confirment sans peine. Un énième scandale de plus.

bomb-a5724.jpgLe journal, justement, égrénant ce qu'avait Carriles depuis son échappée du Venezuéla : " échappé en 1985 ; il a rejoint les opérations anti-communiste de la CIA au Salvador et au Nicaragua. Il a pris part à la planification de six attentats à la bombe dans des hôtels de La Havane et des restaurants en 1997 qui ont tué une personne et fait onze blessés." Sans oublier bien sûr que pour financer ses actions, notamment au Nicaragua, Carriles passait par la case...Mena, à savoir qu'il trafiquait de la cocaïne, chargeant encore un peu plus son portrait fort peu reluisant.... Pour Novo, idem : "en tant que membre du Mouvement des cubains nationalistes, a tiré au bazooka (et a raté son tir !) sur le siège des Nations Unies en1964, au moment même où Che Guevara y parlait. Condamné pour l'attentat à la voiture de Washington, DC, en 1976, qui a tué l'ambassadeur chilien Orlando Letelier et Ronni Moffet. Acquitté en appel, mais il a été enfermé quatre ans pour avoir menti à un grand jury à propos de l'enquête sur le crime". Ou encore "Jimenez Gaspar, 66 ans. En 1977, il a participé au kidnapping du consul de Cuba à Mexico, tuant un fonctionnaire consulaire. Échappé de la prison de Mérida en 1977. Arrêté à Miami et déporté au Mexique en 1981. Après une réduction de peine a été renvoyé à Miami en 1983. Cette année-là, le procureur fédéral de Miami a ouvert un scellé contenant l'acte d'accusation d'un témoin devant un grand jury selon lequel Jimenez était responsable de l'explosion de la bombe attachée à la voiture du journaliste de radio Emilio Milian, qui a détruit ses jambes (Milian a survécu et a continué à dénoncer les exilés cubains intolérants. Il est mort l'an dernier à l'âge de 69 ans)". Sur les images de l'attentat contre Milian... les mêmes aspects que ceux aperçus sur la voiture de Letelier. Un mode opératoire signé. L'équipe de Carriles a encore frappé.

Bref, des tueurs et des terroristes, toujours les mêmes, en prime, une poignée d'extrême droite maniant le semtex ou le bazooka, au même titre que ces terroristes ... d''Al-Qaida, si vitupérés par la presse bushienne de l'époque ! Parmi les hommes visés par l'article de presse de Miami, l'évêque Roman, auquel avait écrit une des veuves de l'attentat aérien, l'archevêque John Favalora n'ayant rien voulu savoir du problème ou n'ayant pas voulu prendre position. L'évêque, il est vrai, il y a vingt ans avait déja déclaré dans le même journal "qu'il y avait une justice, avec la libération d'Orlando Bosch de sa prison de Caracas"... Dieu reconnaissant les siens, sans doute..., c'est bien connu ! Il semble en tout cas que ce soit la même "justice" d'influence divine qui ait sévi le 8 avril dernier, en empêchant sans doute pour la dernière fois un criminel d'être jugé. "La justice américaine une nouvelle fois déshonorée" titre amèrement le Monde Diplomatique. Il faut dire que ce dernier procès de Carriles avait été "tenu" par la juge Kathleen Cardone, "nommée à cette fonction en 2003 par l’ex-président George W. Bush" indique Le Monde Diplo. Un procès grotesque, (à un point !) où elle fera sortir les témoins gênants ou même les jurés, lorsque les personnes appelées chargeaient trop la barque du prévenu ! Or Carriles était pourtant bien un hors la loi selon la justice américaine : quand il a effectué sa demande d'asile en 2003, et quand il a demandé à être naturalisé américain, les autorités lui ont demandé s'il avait de près ou de loin été mêlé à l'attentat d'avion : or il est entré sans problèmes aux USA, naturalisé, alors que la justice US disposait des dépositions de ses accolytes l'ayant accablé !

C'est bien à une parodie de justice de plus à laquelle on a pu assister en ce 8 avril dernier aux USA. En effet, et en définitive, avec ce genre d'individu et ce qu'est réellement la CIA, ça n'a rien de très surprenant. Les USA seraient-il le pays où les ordures fleurissent facilement ? On serait tenté de le penser, à en voir une de la veine de Posada Carriles, qui a traversé jusqu'ici toutes les accusations, malgré des preuves irréfutables de ses meurtres. Ses collègues de virée mafieuse, condamnés à vie, purgent toujours leur peine de prison, à cette heure. Pas lui. On ne peut parler de justice, à ce stade ; c'est une évidence : de faire partie un jour de la CIA, visiblement, protège... à vie.

Source : Agoravox

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 18:12

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DÈS que la juge Kathleen Cardone a fini de lire le verdict à l’unanimité de « non culpabilité », Posada et ses trois avocats se sont embrassés pendant plusieurs secondes.

Lors d’une conférence de presse, le terroriste avoué s’est dit très reconnaissant envers les États-Unis, envers les jurés et ses avocats. Et avec le cynisme qui le caractérise, il a déclaré que le verdict devrait servir d’exemple de justice à Cuba.

« Je suis heureux », a déclaré Posada, âgé de 83 ans. « Je suis infiniment reconnaissant envers les États-Unis d’Amérique, envers la justice qui m’a jugé, envers le jury qui a décidé de l’acquittement, pour la considération », selon une information du Nuevo Herald.

Arturo V. Hernandez, l’avocat de l’assassin a indiqué au quotidien que Posada retournerait à Miami avec sa famille dans quelques jours. Et en réponse à une question sur ses projets après l’acquittement, Posada a répondu : « Et bien, mon chemin n’est pas encore achevé. Le combat a changé, mais cela reste un combat. »

Après ses déclarations, Hernandez a demandé aux autorités fédérales d’abandonner toutes les enquêtes et toutes les éventuelles accusations contre Posada Carriles.

Granma

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 18:08

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UN tribunal du pays qui se réserve le droit d’établir une liste dans laquelle il désigne d’autres pays comme « promoteurs du terrorisme », a déclaré le 8 avril le terroriste international Luis Posada Carriles innocent des onze chefs d’accusation de parjure, fraude, et obstruction de procédure qui pesaient contre lui, lors d’un procès devant un jury à El Paso, Texas, dont il sera impossible d’appeler du verdict.

Ce jury composé de sept femmes et de cinq hommes a rendu son verdict après seulement trois heures de délibération conduites préalablement par la juge Kathleen Cardone – nommée par George W. Bush –, qui présidait pour la seconde fois un procès au terme duquel Posada rentre chez lui à Miami.

« Chaque fois que le jury s’occupe d’une affaire, on ne peut prédire ses conclusions, mais nous respectons votre décision », a déclaré le procureur Timothy Reardon, de la Section anti-terroriste du Département de justice, envoyé paradoxalement depuis Washington alors que le gouvernement refuse de reconnaître que Posada est un terroriste et de le juger comme tel, conformément aux conventions internationales que ce pays a signées.

Posada est toujours poursuivi sous 73 chefs d’accusation d’homicide par la justice vénézuélienne, depuis son arrivée à Miami en 2005.

En l’acquittant, le jury a refusé de reconnaître, malgré toutes les preuves présentées, son entrée illégale aux États-Unis, par la rivière Miami, à bord du crevettier Santrina, et il a préféré croire le conte du « passeur » inventé par le terroriste.

Implicitement, le jury n’admet pas non plus sa responsabilité dans les attentats à l’explosif survenus à Cuba en 1997, qui entraînèrent la mort du jeune touriste italien Fabio di Celmo.

Collaborateur de la police de Batista, Posada a été recruté par la CIA à son arrivée aux États-Unis, et il a fait partie de l’Opération 40 planifiée pour préparer le massacre des partisans de la Révolution en marge de l’invasion de Playa Giron.

La CIA l’a incorporé dans des mécanismes de répression aussi bien au Venezuela, où il dirigea les opérations criminelles de « nettoyage » de la DISIP, qu’au Salvador, au Guatemala et au Honduras, où il fut désigné à des tâches de même acabit.

Détenu au Venezuela comme auteur intellectuel du sabotage en plein vol de l’avion de Cubana de aviacion en 1976, dans lequel 73 personnes ont péri, il s’échappa de prison grâce à l’aide de la CIA pour se consacrer au trafic d’armes et de drogues, organisé depuis la base aérienne nord-américaine d’Ilopango au Salvador.

En novembre 2000, Posada est arrêté au Panama, poursuivi pour complot d’assassinat du chef d’État cubain Fidel Castro pendant le Sommet ibéro américain. Il fut condamné à 8 ans de prison pour terrorisme, et fut libéré en 2004, après avoir été gracié par la présidente mafieuse Mireya Moscoso, sous la pression des dirigeants des groupes terroristes cubano-américains et de ses protecteurs, depuis Washington et Miami.


Source : Granma 

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 01:09

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Le Monde Diplomatique (édition en espagnol), avril 2011

 

            Depuis le 3 décembre 2009, l’affaire Alan Gross attise les tensions entre Washington et La Havane. Les relations sont conflictuelles depuis plus d’un demi-siècle entre Cuba et les Etats-Unis et un point de contraction extrême avait été atteint sous la présidence de George W. Bush. L’arrivée au pouvoir du Barack Obama en 2008 a entraîné un léger assouplissement des restrictions imposées par la précédente administration républicaine, sans pour autant retrouver le niveau de rapprochement sous la gouvernance de William Clinton entre 1996 et 2000. Désormais, les Cubains des Etats-Unis peuvent se rendre dans leur pays d’origine sans limitations, au lieu des quatorze jours tous les trois ans imposés par Bush comme ce fut le cas entre 2004 et 2009. De la même manière, la Maison-Blanche s’est montrée plus tolérante au sujet des échanges académiques, culturels et religieux entre les deux nations. Mais le cas de Gross, qui met en lumière un pan de la politique étrangère étasunienne vis-à-vis de Cuba consistant à financer ouvertement l’opposition interne, freine les tentatives d’approche timorées entre les deux capitales. Comme l’a rappelé le Département d’Etat étasunien, « la détention d’Alan Gross constitue un obstacle majeur à l’avancement du dialogue entre nos deux pays1 ».

 

Qui est Alan Gross ?

 

            Alan Gross est un citoyen étasunien originaire de Potomac au Maryland, de confession juive, âgée de 61 ans, qui travaille pour le gouvernement des Etats-Unis. Il est employé par la Development Alternative, Inc (DAI), un sous-traitant de l’Agence étasunienne pour le développement Internationale (USAID), qui dépend elle-même du Département d’Etat. En décembre 2009, alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays avec un simple visa touristique – lors de ce qui constituait alors son cinquième voyage de l’année –, il a été arrêté à l’aéroport international de La Havane par les services de sécurité. Une enquête menée à son sujet avait permis d’établir des liens étroits entre lui et l’opposition interne au gouvernement cubain, à laquelle il distribuait des ordinateurs portables et des téléphones satellitaires, dans le cadre d’un programme du Département d’Etat de « promotion de la démocratie à Cuba2 ».

 

Expert en technologie de communication de longue distance, Gross dispose d’une solide expérience dans ce domaine. Il a ainsi travaillé dans plus de cinquante nations et a ainsi mis en place des systèmes satellitaires de communication durant les interventions militaires étasuniennes en Irak et en Afghanistan pour échapper aux canaux contrôlés par les autorités locales3.

 

            La possession de téléphone satellitaire est rigoureusement interdite à Cuba pour des raisons de sécurité nationale. En effet, en plus d’échapper à tout contrôle des autorités locales, cet appareil électronique, dont le prix oscille entre 1 500€ et 5 000€ l’unité, permet également de transmettre les données pour coordonner une attaque aérienne, dans un pays victime de nombreux attentats terroristes – près de 6 000 au total, les derniers remontant à 1997 – et bombardements aériens depuis 1959. Par ailleurs, le secteur de la téléphonie étant un monopole d’Etat à Cuba, toute concurrence y est interdite4.

 

Aide à la communauté juive de Cuba ?

 

            Le Département d’Etat étasunien, qui exige la libération du détenu, affirme que « Gross œuvre au développement international et s’est rendu à Cuba pour aider les membres de la communauté juive de La Havane à se connecter avec d’autres communautés juives à travers le monde ». Selon Washington, les activités de Gross étaient légitimes et n’ont pas violé la législation cubaine5.

 

            En octobre 2010, en marge de la réunion annuelle de l’Assemblée générale des Nations unies, Arturo Valenzuela, secrétaire d’Etat assistant pour les Affaires interaméricaines, s’est même entretenu avec Bruno Rodríguez, ministre cubain des Affaires étrangères, au sujet de Gross. Il s’agissait alors de la plus importante rencontre diplomatique entre représentants les deux nations depuis le début de l’ère Obama6.

 

            La famille d’Alan Gross a également certifié que ses fréquents voyages dans l’île étaient destinés à permettre à la communauté juive de La Havane d’obtenir un accès Internet pour pouvoir communiquer avec les Juifs du reste du monde7. Son avocat Peter J. Kahn a ratifié ces propos : « Son travail à Cuba n’avait rien à voir avec la politique, mais était simplement destiné à aider à améliorer la vie des membres de la petite, pacifique et non dissidente communauté juive de ce pays8 ».

 

            Néanmoins, la version officielle des Etats-Unis et de la famille Gross est contredite par la communauté juive de La Havane elle-même. Celle-ci affirme en effet ne pas connaître Alan Gross et ne l’avoir jamais rencontré en dépit de ses cinq séjours à Cuba en 2010. Adela Dworin, présidente du Temple Beth Shalom a rejeté les affirmations de Washington : « C’est dommageable […]. Le plus triste est que l’on a voulu impliquer la communauté juive de Cuba, qui est totalement étrangère à cette affaire ». De son côté, Mayra Levy, porte-parole du Centre Hébraïque Séfarade, a assuré ignorer qui était Gross et que ce dernier ne s’était jamais présenté à son institution. L’Agence étasunienne Associated Press note pour sa part que « les leaders de la communauté juive à Cuba ont rejeté […] tout lien avec Gross9 ». De la même manière, l’Agence télégraphique juive précise que « les principaux groupes juifs à Cuba ont nié tout contact avec Alan Gross et toute connaissance de son programme10 ».

 

            Le révérend Odén Marichal, secrétaire du Conseil des Eglises de Cuba (CIC), qui regroupe les institutions religieuses chrétiennes ainsi que la communauté juive de Cuba, a ratifié cette position lors d’une réunion avec Peter Brennan, coordinateur des Affaires cubaines au Département d’Etat. A l’occasion de l’Assemblée générale des Eglises du Christ des Etats-Unis à Washington, en novembre 2010, le leader religieux a réfuté les allégations de Gross. « Nous avons été très clairs : la communauté juive de Cuba, qui est membre du Conseil des Eglises de Cuba, nous a affirmé cela : ‘Nous n’avons jamais eu aucune relation avec ce monsieur, il ne nous a jamais apporté le moindre équipement’. Ils ont nié toute relation avec Alan Gross11 ».

 

            La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a bien tenté de mobiliser la communauté juive des Etats-Unis en faveur de Gross : « Je lance un appel à la communauté juive active de notre pays pour qu’elle se joigne à cette cause ». Mais les initiatives de la secrétaire d’Etat n’ont guère trouvé d’écho chez les leaders hébreux des Etats-Unis. Un an après sa détention, aucune organisation religieuse juive  étasunienne n’a souhaité s’impliquer dans cette affaire12.

 

            En effet, la petite communauté juive cubaine, loin d’être isolée, est parfaitement intégrée à la société et entretient les meilleures relations avec les autorités politiques de l’île. Fidel Castro, même s’il se montre extrêmement critique à l’égard de la politique israélienne dans les territoires occupés, avait ainsi déclaré au journaliste étasunien Jeffrey Goldberg que « personne n’a[vait] autant été diffamé que les Juifs » dans l’histoire. « Ils ont été chassés de leur terre, persécutés et maltraités à travers le monde. Les Juifs ont eu une existence beaucoup plus dure que la nôtre. Il n’y a rien qui puisse être comparé à l’Holocauste », avait-il ajouté13.

 

Le président cubain Raúl Castro a ainsi participé à la cérémonie religieuse de ‘Hanuca – Fête des Lumières – à la synagogue Shalom de La Havane en décembre 2010, laquelle a été transmise en direct à la télévision cubaine et a fait la une du quotidien Granma. Il en a profité pour saluer « la communauté hébraïque de Cuba et la fabuleuse histoire du peuple hébreu14 ».

 

            Par ailleurs, la communauté juive cubaine dispose de toutes les facilités technologiques nécessaires pour communiquer avec le reste du monde, grâce à l’aide fournie par d’autres entités juives internationales telles que le Benai Brith and the Cuban Jewish Relief Project, le Canadian Jewish Congress (CJC), la World ORT, le Joint Distribution Committee (JDC) ou encore le United Jewish Committee (UJC), en accord avec les autorités cubaines15.

 

            Arturo López-Levy, secrétaire de Bnai Brith au sein de la Communauté juive cubaine entre 1999 et 2001 et actuellement professeur à l’Université de Denver, est également sceptique au sujet de la version étasunienne concernant Gross. A ce sujet, il tient les propos suivants :

 

« Gross n’a pas été arrêté parce qu’il est juif, ni en raison de ses prétendues activités d’aide technologique à la communauté juive cubaine, qui disposait déjà d’un laboratoire informatique, de courriers électroniques et d’accès à Internet avant son arrivée à La Havane.

[Les juifs de Cuba] ne se réunissent pas dans la synagogue pour conspirer avec l’opposition politique car cela mettrait en danger la coopération avec le gouvernement qui est nécessaire pour des activités tels que le programme d’émigration en Israël, le projet du Droit de naissance, par lequel de jeunes juifs cubains voyagent en Israël chaque année, ou pour traiter l’aide humanitaire. Pour protéger ce qui est le plus important, ils se tiennent le plus possible à l’écart de programmes d’ingérence politique étasuniens dans les affaires internes cubaines.

Gross s’est rendu à Cuba non pas pour travailler pour une quelconque organisation juive mais pour l’USAID16 ».

 

            De son côté, Wayne S. Smith, ambassadeur étasunien à Cuba entre 1979 et 1982 et directeur du Programme « Cuba » du Centre de Politique internationale de Washington, note que « Gross, en d’autres termes, était impliqué dans un programme dont les intentions sont clairement hostiles à Cuba puisque l’objectif n’est rien de moins qu’un changement de régime17 ».

 

            Le caractère clandestin des activités de Gross a également intrigué les autorités cubaines qui se sont interrogées à propos de l’aide reçue par l’employé étasunien pour introduire le matériel satellitaire. En effet, tous les bagages passent par les rayons X des douanes cubaines et une telle marchandise aurait été immédiatement détectée et confisquée. Cela laisse supposer que Gross a bénéficié de l’aide de la Section d’Intérêts Nord-Américains (SINA) de La Havane, représentation diplomatique étasunienne à Cuba, laquelle s’est probablement chargée d’introduire les divers équipements par le biais de valises diplomatiques.

 

Activités illégales selon les autorités cubaines

 

            Du côté des autorités cubaines, la version officielle n’a guère convaincu et Gross est soupçonné d’activités d’espionnage et de subversion interne18. Ricardo Alarcón, président du Parlement cubain, a affirmé que le citoyen étasunien avait violé la législation du pays : « Il a violé les lois cubaines, la souveraineté nationale et a commis des délits qui, aux Etats-Unis, sont très sévèrement sanctionnés19 ».

 

En effet, l’employé de l’USAID fournissait des équipements technologiques hautement sophistiqués. La distribution et l’utilisation de téléphones satellitaires sont réglementées à Cuba et il est interdit d’en importer sans autorisation. Par ailleurs, l’Article 11 de la Loi 88 cubaine stipule que « quiconque participe à la distribution de ressources financières, matérielles ou autre en provenance du gouvernement des Etats-Unis, ses agences, dépendances, représentants, fonctionnaires ou entités privées est passible d’une sanction allant de trois à huit ans de privation de liberté20 ».

 

            Cette rigueur n’est pas spécifique à la législation cubaine. En effet, la loi étasunienne prévoit des sanctions similaires pour ce type de délit. La Loi d’enregistrement des agents étrangers (Foreign Agents Registration Act) sanctionne tout agent non enregistré auprès des autorités qui « aux Etats-Unis sollicite, collecte, fournit ou dépense des contributions, prêts, argent, ou autre objet de valeur pour son propre intérêt » d’une peine de cinq ans de prison et d’une amende de 10 000 dollars21.

 

            La législation française sanctionne également ce type d’agissement. Selon l’Article 411-8 du Code pénal, « le fait d'exercer, pour le compte d'une puissance étrangère, d'une entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou de leurs agents, une activité ayant pour but l'obtention ou la livraison de dispositifs, renseignements, procédés, objets, documents, données informatisées ou fichiers dont l'exploitation, la divulgation ou la réunion est de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation est puni de dix ans d'emprisonnement et de 150000 euros d'amende 22 »

 

            Le 4 février 2011, le procureur de la République de Cuba a formellement accusé Alan Gross d’« actes contre l’intégrité et l’indépendance de la nation », et a requis une peine de vingt ans de prison. Le 12 mars 2011, Gross a finalement été condamné à une peine de quinze ans de prison, suite de son procès23. Son avocat Peter J. Kahn a regretté que son client soit « pris au milieu d’une longue dispute politique entre Cuba et les Etats-Unis24 ».

 

Le New York Times rappelle que Gross « a été arrêté en décembre dernier lors d’un voyage à Cuba dans le cadre d’un programme semi-clandestin de l’USAID, service d’aide étrangère du Département d’Etat, destiné à ébranler le gouvernement cubain ». Le quotidien newyorkais souligne également que « les autorités américaines ont reconnu que M. Gross est entré à Cuba sans un visa en règle, et ont déclaré qu’il distribuait des téléphones satellitaires aux dissidents religieux25 ».

 

            Depuis 1992 et l’adoption de la loi Torricelli, les Etats-Unis admettent ouvertement que le but recherché à Cuba est un « changement de régime » et l’un des piliers de cette politique consiste à organiser, financer et équiper une opposition interne26. L’USAID, chargée de l’administration de cet plan, admet financer l’opposition cubaine, dans le cadre de ce programme. Selon l’Agence, pour l’année fiscale 2009, le montant de l’aide destinée aux dissidents cubains s’élevait à 15,62 millions de dollars. Au total, depuis 1996, 140 millions de dollars ont été alloués au programme destiné à renverser le gouvernement cubain. « La grande majorité de cette somme est destinée à des individus se trouvant à Cuba. Notre but est de maximiser le montant du soutien dont bénéficient les Cubains dans l’île27 ».

 

L’organisation gouvernementale souligne également le point suivant : « Nous avons formé des centaines de journalistes sur une période de dix ans dont le travail est apparu dans de grands médias internationaux ». Ayant été formés et stipendiés par les Etats-Unis, ces derniers répondent ainsi aux intérêts de Washington, dont le but est, un « changement de régime » dans l’île28.

 

D’un point de vue juridique, cette réalité place de fait les dissidents qui acceptent les émoluments offerts par l’USAID dans la situation d’agents au service d’une puissance étrangère, ce qui constitue une grave violation du code pénal à Cuba. L’Agence est consciente de cette réalité et rappelle que « personne n’est obligé d’accepter ou de prendre part aux programmes du gouvernement des Etats-Unis29 ».

 

            Judy Gross, épouse d’Alan Gross, a été autorisée à lui rendre visite en prison pour la première fois en juillet 201030. Elle en a profité pour faire parvenir un courrier au président cubain Raúl Castro. Elle a exprimé ses regrets et a fait part de ses excuses pour les actes de son mari. « Je reconnais aujourd’hui que le gouvernement cubain n’apprécie pas le genre de travail qu’Alan faisait à Cuba. Son intention n’a jamais été de porter atteinte à votre gouvernement31 ».

 

            Judy Gross a également exprimé son amertume à l’égard du président Obama, qui ne s’est pas prononcé sur le sujet. Son mari, militant démocrate, « avait passé cinq semaines à faire campagne pour l’élection d’Obama ». Le président n’a pas non plus répondu au courrier d’Evelyn Gross, mère du détenu. Judy Gross accuse le Département d’Etat de ne pas avoir expliqué à son époux que ses activités étaient illégales à Cuba. « Si Alan avait su que quelque chose allait lui arriver à Cuba, il n’aurait pas fait cela. Je pense que l’on ne l’a pas clairement averti des risques encourus32 ».

 

Sortie de crise ?

 

            Le cas Gross n’est pas de bon augure pour l’amélioration des relations entre les deux nations. Du côté de Washington, comme l’ont indiqué les autorités par le biais d’Arturo Valenzuela, aucun changement substantiel ne peut intervenir tant qu’une solution ne sera pas trouvée à cette affaire. Elle constitue un frein notable aux esquisses de rapprochement entre La Havane et Washington33.

 

L’affaire Gross-USAID est à mettre en parallèle avec le sort des cinq agents cubains condamnés à de lourdes peines de prison aux Etats-Unis et incarcérés depuis 1998. Ils ont été accusés de conspiration en vue commettre des actes d’espionnage pour avoir infiltré des groupuscules violents de l’exil anticastriste de Floride. Associated Press rappelle que « leur mission consistait à recueillir des informations sur les groupes anticastristes violents, suite à une campagne d’attentats à la bombe contre les centres touristiques de La Havane survenus en 199734 ». La Cour d’Appel d’Atlanta a admis pour sa part qu’il ne s’agissait pas d’un cas d’espionnage, ni d’une atteinte à la sécurité nationale. L’affaire a été condamnée par la plupart des organisations d’avocats et de juristes aux Etats-Unis, ainsi que par les Nations unies, Amnistie Internationale et pas moins de dix Prix Nobel. Du côté de La Havane également, la position est claire : aucun rapprochement ne peut avoir lieu avec Washington tant que ces cinq personnes resteront en prison35.

 

La solution la plus viable consisterait à effectuer un échange de prisonniers. Pour le moment, face à la pression des membres du Congrès d’origine cubaine tels que le sénateur Robert Menendez, et les représentants Ileana Ros-Lehtinen, Lincoln Diaz-Balart, Mario Díaz-Balart et Albio Sires, le Département d’Etat a rejeté une telle éventualité, laquelle semblerait convenir aux autorités cubaines. Mais la position étasunienne est susceptible d’évoluer suite à la lourde condamnation reçue par Alan Gross36.

 

L’échange de prisonniers, prôné par l’ancien gouverneur du Nouveau-Mexique Bill Richardson, partisan d’un rapprochement, selon qui, « chacun doit faire un pas vers l’autre », permettrait ainsi de solder quelque peu les rancœurs du passé, atténuer la mentalité de la Guerre froide qui règne dans les rapports bilatéraux et ouvrir la voie à un véritable rétablissement des relations entre deux nations37.

 

 

Notes

 

1 Phillip J. Crowley, « Statement on Anniversary of Alan Gross’ Incarceration in Cuba », U.S. Department of State, 3 décembre 2010.

 

2 Jeff Franks, « Scenarios – U.S. Contractor Jailed in Cuba Still in Limbo », Reuters, 24 octobre 2010.

 

3 Phillip J. Crowley, « Statement on Anniversary of Alan Gross’ Incarceration in Cuba », op. cit. ; Saul Landau, « The Alan Gross Case », Counterpunch, 30 juillet 2010. http://www.counterpunch.org/landau07302010.html (site consulté le 18 février 2011).

 

4 Ibid.

 

5 Phillip J. Crowley, « Statement on Anniversary of Alan Gross’ Incarceration in Cuba », op. cit.

 

6 Paul Haven, « US, Cuban Diplos Met About Jailed US Man », The Associated Press, 18 octobre 2010.

 

7 Anthony Boadle, « Exclusive : American Held in Cuba Expresses Regret to Raul Castro », Reuters, 24 octobre 2010.

 

8 Juan O. Tamayo, « Pedirán 20 años de cárcel para Gross », El Nuevo Herald, 5 février 2011.

 

9 Andrea Rodriguez, « Judíos niegan haber colaborado con Alan Gross », The Associated Press, 2 décembre 2010.

 

10 Jewish Telegraphic Agency, « Cuba to Seek 20-Year Prison Term for Alan Gross », 6 février 2011.

 

11 Andrea Rodriguez, « EEUU pide iglesias de Cuba interesarse por contratista preso », The Associated Press, 2 décembre 2010.

 

12 Jewish Telegraphic Agency, « Clinton Makes Plea for Cuban Detainee Alan Gross », 14 juillet 2010.

 

13 Jeffrey Goldberg, « Castro : ‘No One Has Been Slandered More Than the Jews’ », The Atlantic, 7 décembre 2010. http://www.theatlantic.com/international/archive/2010/09/castro-no-one-has-been-slandered-more-than-the-jews/62566/ (site consulté le 18 février 2011).

 

14 The Associated Press, « Raul Castro Celebrates Hanukkah With Cuban Jews » ; Juan O. Tamayo, « Raúl Castro asiste a fiesta de Janucá en sinagoga de La Habana », El Nuevo Herald, 6 décembre 2010.

 

15 Comunidad Hebrea de Cuba, « Quienes ayudan ». http://www.chcuba.org/espanol/ayuda/quienes.htm (site consulté le 18 février 2011).

 

16 Arturo López-Levy, « Freeing Alan Gross: First Do No Harm », août 2010. http://www.thewashingtonnote.com/archives/2010/08/freeing_alan_gr/ (site consulté le 18 février 2011).

 

17 Wayne S. Smith, « The Gross Case and the Inanity of U.S. Policy », Center for International Policy, Mars 2011. http://ciponline.org/pressroom/articles/030411_Smith_Intelligence_Brief_Gross.htm (site consulté le 13 mars 2011).

 

18 Paul Haven, « US Officials Ask Cuba to Release Jailed American », The Associated Press, 19 février 2010.

 

19 Andrea Rodriguez, « Contratista de EEUU violó soberanía de Cuba, dice alto dirigente », The Associated Press, 11 décembre 2010.

 

20 Ley de protección de la independencia nacional y la economía de Cuba (LEY NO. 88), Article 11.

 

21 U.S. Code, Title 22, Chapter 11, Subchapter II, § 611, iii « Definitions »; § 618, a, 1 « Violations; false statements and willful omissions »

 

22 Code Pénal, Partie législative, Livre IV, Titre Ier, Chapitre I, Section 3, Article 411-8.

 

23 William Booth, « Cuba Seeks 20 Years for Md. Man », The Washington Post, 5 février 2011 ; Paul Haven, « Cuban court convicts American Alan Gross of crimes against state; 15 year sentence », The Associated Press, 12 mars 2011.

 

24 Paul Haven, « Cuba Seeks 20-Year Jail term for Detained American », The Associated Press, 4 février 2011.

 

25 Ginger Thompson, « Wife of American Held in Cuba Pleads for His Release and Apologizes to Castro », The New York Times, 24 octobre 2010.

 

26 Cuban Democracy Act, Titre XVII, Article 1705, 1992.

 

27 Along the Malecon, « Exclusive : Q & A with USAID », 25 octobre 2010. http://alongthemalecon.blogspot.com/2010/10/exclusive-q-with-usaid.html (site consulté le 26 octobre 2010) ; Tracey Eaton, « U.S. government aid to Cuba is in the spotlight as contractor Alan Gross marks one year in a Cuban prison », El Nuevo Herald, 3 décembre 2010.

 

28 Ibid.

 

29 Ibid.

 

30 Jessica Gresko, « US Man Jailed in Cuba Can Call Home More Often », The Associated Press, 26 octobre 2010.

 

31 Anthony Boadle, « Exclusive : American Held in Cuba Expresses Regret to Raul Castro », op. cit. ; Jeff Frank, « Factbox : Jailed U.S. Contractor, Sour U.S.-Cuba Relations », Reuters, 24 octobre 2010.

 

32 Anthony Boadle, « Exclusive : American Held in Cuba Expresses Regret to Raul Castro », op. cit.

 

33 EFE, « EEUU no negocia liberación de Alan Gross », 8 février 2011.

 

34 Andrea Rodriguez, « Contratista de EEUU violó soberanía de Cuba, dice alto dirigente », op. cit.

 

35 Supreme Court of the United States, « Brief of Amici Curiae of José Ramos-Horta, Wole Soyinka, Adolfo Pérez Esquivel, Nadine Gordimer, Rigoberta Menchú, José Saramago, Zhores Alferov, Dario Fo, Gunter Grass, and Máeread Corrigan Maguire in support of the petition for writ of certiorari », N° 08-987, http://www.freethefive.org/legalFront/amicusnobel.pdf (site consulté le 12 mars 2009). Voir également http://www.freethefive.org/resourceslegal.htm (site consulté le 12 mars 2009)

 

36 Agence France-Presse, « Advierten sobre eventual canje de presos con EEUU », 2 septembre 2010.

 

37 EFE, « Aseguran que liberar a Gross es beneficioso », 16 février 2011.

 

 

Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris Sorbonne-Paris IV, Salim Lamrani est enseignant chargé de cours à l’Université Paris Sorbonne-Paris IV, et l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée, et journaliste français, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais (Paris : Editions Estrella, 2009).

Contact : Salim.Lamrani@univ-mlv.fr

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 01:02

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Sous couvert d’aide humanitaire, certaines ONG sont utilisées pour des actions de subversion directes contre Cuba.

Par Deisy Francis Mexidor, Marina Menéndez Quintero et Jean-Guy Allard / redaccion@ahora.cu / Mardi, 05 Avril 2011 11:17

Voici les révélations de José Manuel Collera Vento, l’agent « Gerardo » de la Sécurité de l’État, sur les tentatives d’infiltration au sein de la communauté religieuse.

Il savait depuis le début que derrière ce souci incessant d’avoir des renseignements sur de supposées besoins matériels, il y avait « anguille sous roche ». Son flair de vieil agent le lui indiquait d’une manière encore imprécise. Il fallait en savoir plus.

Tout commença vers la fin de l’année 2000 à une époque où José Manuel Collera Vento dirigeait une loge maçonnique, ce qui permit à des citoyens des Etats-Unis d’entrer en contact avec lui par l’intermédiaire de Gustavo Pardo Valdés. Apparemment, ils partageaient les liens de confraternité qui les rapprochaient de la franc-maçonnerie, et ils l’avaient contacté pour mettre en œuvre un projet humanitaire.

« Cependant, au fil de ces relations, il devint évident que tout cela cachait quelque chose. »

Il apparut aussitôt que ces individus « avaient une grande influence et une certaine importance dans les milieux sociaux, culturels et politiques de ce pays ». Mais quelque chose attira l’attention de José Manuel : la maçonnerie n’était pas vraiment le lien qui les unissait.

En outre, pourquoi la Section des Intérêts de des Etats-Unis à La Havane (SINA) et ses fonctionnaires s’intéressaient-ils aux conditions de la mise en œuvre de cette « aide » ?

D’une façon ou d’une autre, certains de ses fonctionnaires participaient régulièrement aux rencontres avec les représentants des ONG censés envoyer l’aide humanitaire.

Aux environs de 2002, Collera entretenaient des relations fluides avec la Fondation canadienne Donner, utilisée par l’ennemi pour déguiser le financement de projets subversifs contre l’île, et la Fondation panaméricaine pour le Développement (FUSAD), une créature de l’OEA, dont la plupart des fonds proviennent de l’USAID (sigle en anglais de l’Agence pour le développement international des Etats-Unis).

À plusieurs reprises José Manuel Collera rencontra des dirigeants de ces ONG au siège de la SINA à l’époque où Vicky Huddleston, James Cason et Michael Parmly en avaient été les responsables.

C’est ainsi qu’il fit la connaissance d’individus comme Curtin Winsor, un ancien ambassadeur des Etats-Unis au Costa Rica, qui dirigeait l’ONG Donner. Celui-ci, en présence d’Akram Elias, ancien Grand maître de la Grande loge de Washington, lui présenta Marc Wachtenheim, un collaborateur de la CIA, qui était en relation avec un de ses officiers, Rene Greenwald. Ces derniers réalisèrent une étude minutieuse sur les capacités technologiques des réseaux cubains d’infocommunication. Jusqu’en 2010, Wachtenheim, assura la direction du programme « Initiative pour le développement de Cuba » de la FUPAD, qui reçoit également de l’argent du Fonds national pour la démocratie (NED).

En fait, «ils ont commencé par parler d’informatique, ensuite de bibliothèques, de pharmacies indépendantes, en dehors du cadre de l’Etat »… et à la fin en 2005, Collera se retrouva assis à Washington devant Otto Reich, le « faucon », ancien sous-secrétaire d’Etat.

À cet entretien, Reich se borna « à écouter ses opinions sur la situation à Cuba. Il s’intéressa au contre-révolutionnaire Gustavo Pardo et à la possibilité d’un “changement”, autrement dit le renversement du gouvernement », même s’ils « redoutaient que cela se passe

de façon brutale car, à leur avis, une telle situation entraînerait un exode massif » vers les Etats-Unis, « ce qui n’était pas une bonne chose »...

Comme ils ignoraient tout de la véritable société civile cubaine, leurs plans prévoyaient d’en créer une autre, parallèle, en accord avec leurs intérêts subversifs. Dans ce contexte et selon ce qu’il en conclut, ils envisagèrent la franc-maçonnerie comme la confraternité appelée à assurer le leadership pendant ladite période de « transition ».

Par la suite, José Manuel Collera ressentit qu’on « lui donnait trop d’importance » car les « rencontres se multipliaient ». Il se souvient de s’être entretenu également « chez Windsor, avec le terroriste Frank Calzon, un ennemi viscéral de la Révolution cubaine », qui lui promit de lui envoyer « des médicaments et du matériel, notamment des postes radios à ondes courtes, mais les appareils ne sont jamais arrivés ».

Cependant, José Manuel avait bien remarqué que Calzon avait des rapports étroits avec plusieurs membres de la contre-révolution dans l’île, auxquels il fournissait du matériel. C’était aussi le cas de Pardo, un individu qui, très jeune, avait collaboré avec la CIA dans des actions de sabotage et des tentatives d’attentat contre le commandant en chef Fidel Castro, ce qui lui valut d’être condamné par les tribunaux cubains.

Son séjour aux Etats-Unis le mena de surprise en surprise. Il fut même reçu par le Conseil national de Sécurité, où ils se contentèrent de « m’écouter, sans rien dire », ce qui le mettait mal à l’aise.

Il en conclut qu’ils tentaient en effet de l’utiliser et qu’ils recherchaient des informations sur le sujet qui empêchaient de dormir ceux qui, à Washington, rêvaient de renverser la Révolution : ils voulaient ses impressions « sur la possibilité d’un changement à Cuba, et quelle devait être, à son avis, la situation objective pour y parvenir ».

Par ailleurs, au cours de ses rencontres, José Manuel Collera put constater que le gouvernement US était convaincu qu’«il n’y a pas de leaders au sein de ladite dissidence car, en premier lieu les têtes visibles n’étaient pas reconnues par la petite communauté des “opposants”, et ne représentaient d’ailleurs aucune réalité politique ».

LE CADRE RESTE IDENTIQUE

L’arrivée au pouvoir d’une administration démocrate n’apporta aucune modification aux relations dégradées entre les États-Unis et Cuba.

Malgré ses tentatives de véhiculer une image différente à cet égard, le président Barack Obama n’a fait que favoriser des réformes cosmétiques : supprimer certaines des mesures draconiennes imposées par Georges W. Bush, et tout en recourant à un ton plus bas dans ses discours, il a renforcé le blocus contre Cuba.

Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, on remarque une augmentation du nombre d’amendes contre ceux qui tentent de franchir les barrières imposées par le blocus économique, ce qui prouve que cette politique reste en vigueur et est appliquée dans toute sa rigueur. Aujourd’hui, la confirmation selon laquelle une nouvelle enveloppe de 20 millions de dollars sera destinée en 2011 à l’espionnage et la subversion dans l’île a rapproché un peu plus Obama des secteurs les plus réactionnaires de la droite de la Floride. Ses agissements sont conformes à l’héritage du Plan Bush dans ses versions 2004 et 2006.

Le rôle qu’assumeraient les ONG pour provoquer « un changement » à Cuba est bien détaillé dans le chapitre 2 de ce programme annexionniste : il prévoit de remettre aux organisations non gouvernementales et aux églises une grande partie des responsabilités qui reviennent à l’État socialiste dans le maintien des services de base », et il accuse la Révolution de ne pas répondre aux besoins sociaux les plus importants de la population. Pour les « idéologues » de la transition, cette situation ne serait surmontée que dans une ère « post-castriste ».

Quant à la FUPAD, ses activités contre Cuba se sont diversifiées et se sont étendues à d’autres secteurs comme les milieux intellectuel et religieux. Les fonds du contribuable étasunien servent à recruter des personnes pour exécuter leurs projets subversifs dans notre pays.

DE PLANS SINISTRES

José Manuel Collera prit peu à peu conscience que ces mêmes objectifs se dissimulaient derrière le travail des ONG qui entrèrent en contact avec lui. Et il s’est rendu compte que tous les moyens étaient bons pour ces gens qui cherchent à miner le projet social de l’intérieur.

Le 28 septembre 2006, il en eut la confirmation lorsque la Fondation Miami Medical Team, une organisation reliée à l’USAID, lui proposa « de chercher des personnes de toute confiance » pour un gros coup. Cette organisation s’évertue à saboter l’aide internationaliste de Cuba dans d’autres pays en encourageant les désertions de spécialistes du secteur de la santé.

On lui fit une proposition aberrante : il s’agissait de repérer des personnes de confiance qui devaient avoir une bonne connaissance de l’informatique et des compétences pour « provoquer, via les technologies d’infocommunication hors du contrôle gouvernemental, un dysfonctionnement dans le système des ordinateurs des aéroports de Miami et d’Atlanta ». On lui parla même de « la possibilité de saboter 13 autres terminaux d’aéroport ayant un trafic aérien important aux États-Unis ».

En fait, on envisageait une éventuelle attaque cybernétique. Si ce plan sinistre qui lui glaça le sang s’était concrétisé, le monde aurait assisté à une « véritable catastrophe », qui aurait servi de prétexte à une invasion directe contre l’île. « Cuba aurait été accusée, et l’occasion leur serait offerte sur un plateau pour lancer,

« en réponse », une action armée contre notre pays ».

Deux jours plus tard, lors d’un contact avec Manuel Alzugaray, aujourd’hui président et l’un des principaux membres exécutifs de la Fondation Miami Medical Team, Collera se rendit compte qu’on jouait gros.

Alzugaray, un individu qui avait quitté Cuba au début de la Révolution et qui depuis possédait un longue feuille de route terroriste, lui commenta qu’« un groupe spécial avait été créé à la Maison-Blanche, dirigé par Condolezza Rice, responsable à l’époque de la diplomatie étasunienne, qui était soutenu par le Commando Sur et dont l’objectif était d’œuvrer à la chute du gouvernement cubain ».

Selon les indications reçues, José Manuel Collera devait continuer d’« organiser l’entrée de l’”aide humanitaire” sous le manteau de la franc-maçonnerie ». Ses interlocuteur lui proposèrent un nouvel élément pour précipiter ce processus : ne tenant aucun compte de sa condition de médecin, ils lui demandèrent de repérer « les installations scientifiques et les hôpitaux cubains qui utilisent des isotopes radioactifs », en lui suggérant que le Centre de génie génétique et de biotechnologie pourrait faire partie de ces institutions.

Ces indications répondaient à une préoccupation des autorités nord-américaines : en cas d’agression militaire contre Cuba, leurs troupes pourraient être affectées par lesdites bombes nucléaires sales.

Voilà qui dépassait ses forces, et il encaissa le coup : jusqu’où ces ONG à façade humanitaires étaient-elles capables d’aller ?

Mais ce jour-là, en septembre, il rencontra aussi des fonctionnaires qui jouissaient de la confiance de Condolezza Rice.

Bien entendu, les mêmes questions : Quelle était la situation à Cuba ? Que pouvait-il se passer dans un futur proche ? Comment « aider » son organisation dans le cadre d’une éventuelle situation politique reliée à la « transition » ?

Cet après-midi-là, pendant le trajet vers l’aéroport de Miami pour son retour à La Havane, Collera reçut la confirmation que le chef de la Section des Intérêts des Etats-Unis à Cuba le verrait dès son arrivée sur le territoire cubain pour lui remettre un visa permanent, qui avait été demandé à Robert Blau, alors conseiller politique de la SINA.

Les contacts montaient d’un cran et les conversations s’écartaient de plus en plus de la simple philanthropie.


L’ART DE MÉNAGER LA CHÈVRE ET LE CHOU

Pendant tout ce temps, José Manuel dut avoir les nerfs solides. Il ne lui était pas facile d’avoir un discours complaisant et d’entendre parfois, sans rien laisser paraître, les plans qui se manigançaient.

Une fois même, on lui proposa de participer à une cérémonie au Centre Kennedy, dans le New Jersey, où Lincoln Diaz-Balart lui remit un diplôme.

On le présenta comme « un Cubain qui aujourd’hui va dire ici ce qui ne peut pas dire là-bas ». Il sentit le piège dans ces paroles et il pensa aussitôt qu’il devait faire attention à ce qu’il allait dire.

Il prit alors le micro et, sans s’adresser à quelqu’un en particulier, « je leur déclarai que j’allais dire là-bas la même chose que je pouvais dire ici », pour ajouter ensuite une idée qui jeta le doute parmi les invités : « la liberté se trouve à l’intérieur de nous-même, la liberté ne dépend pas de l’environnement ». À quoi faisait-il référence ? se seront-il demandé.

Sans perdre de temps, il commença à « mettre en valeur » la personnalité de Diaz-Balart et pendant son discours il réfléchit à la manière de ne pas se trahir lui-même, « parce que cet individu est l’un des ennemis les plus acharnés de la Révolution cubaine ».

La solution qu’il trouva fut de le qualifier comme « un des pôles de référence dans un différend qui oppose une grande nation et une petite île », sans prendre parti pour l’un des deux.

À la fin de son discours, les invités le félicitèrent : « Tu as vraiment bien parlé de Diaz-Balart ! ». Diaz-Balart quant à lui, ne laissa pas passer les subtilités de ses paroles et il commenta aux organisateurs de la cérémonie que « le “garçon” savait ménager la chèvre et le chou »...

BOUCLER LE CERCLE

Les voyages dans un sens et dans l’autre se multipliaient. Les contacts également. En peu de temps, Collera en est arrivé à réaliser six voyages aux États-Unis. Il participait même aux visites que réalisaient les émissaires et les fonctionnaires de la FUPAD dans l’île.

« Là-bas on parlait beaucoup de l’absence du commandant en chef du fait de sa maladie », ce qu’ils interprétaient comme « une situation favorable pour promouvoir les progrès vers la « démocratie ». En effet, ils considéraient que le pays se retrouvait sans leader ».

En octobre 2008, le Nord-Américain John Heard et le Colombien, Hector Cortes Castellanos, spécialiste en logistique, communications et informatique, deux représentants de la FUPAD, arrivent à La Havane pour une « exploration du terrain, afin de ne démarrer aucun projet avant d’avoir clairement défini toutes les questions liées à l’utilisation et à la gestion des ressources disponibles», avait indiqué Wachtenheim.

Une fois à Cuba, John Heard – diplômé en Relations internationales lié à l’USAID depuis 1983 – s’est consacré à connaître le « degré d’infiltration » de la Sécurité de l’État au sein des diverses couches de la société. Il manifesta également son intention de rencontrer le contre-révolutionnaire Dagoberto Valdés, à Pinar del Rio, et le conseil de rédaction du magazine Convivencia, de la même tendance. Par ailleurs, « nous avons rendu visite à un certain Raul Capote, écrivain», se souvient-il.

Au cours de ce voyage, « nous avons remis à Valdés un ordinateur portable et un colis de médicaments. De son côté, il nous a suggéré de rencontrer la contre-révolutionnaire Carmen Vallejo, qui a mis en place, depuis 1988, un projet soi-disant destiné aux enfants et aux adolescents atteints du cancer, grâce à l’aide matérielle et financière de la SINA et d’autres ambassades européennes ».

Cependant, le fait d’avoir impliqué Collera, sans l’autorisation préalable de la FUPAD, dans la prise de tous leurs contacts dans la capitale cubaine, a coûté cher aux émissaires, qui ont été mis «hors circulation ». Apparemment, ils « avaient violé une règle élémentaire de compartimentation, même s’ils avaient opéré dans la clandestinité pour obtenir les renseignements, en procédant à la manière des Services secrets. Ainsi, ils avaient photographié les notes écrites pendant les contacts, détruit les documents et caché la carte mémoire de leur appareil photo ».

Parmi les tâches qui lui étaient réservées, José Manuel « devait établir des contacts personnels avec des personnes en province afin de pouvoir activer, le moment venu, un réseau de collaborateurs depuis Guantanamo jusqu’à Pinar del Rio », lorsque l’« aide humanitaire » en question commencerait à arriver à Cuba. Cette aide n’était rien d’autre que la vitrine des ONG, un instrument du gouvernement des États-Unis pour atteindre leur véritable objectif. L’aide serait toujours, en apparence, destinée aux couches les plus vulnérables de la population cubaine.

Désormais, la porte était grande ouverte pour José Manuel Collera à Washington. En septembre 2009, il fut reçu au Bureau Cuba du Département d’État, alors qu’il faisait des démarches pour prolonger son visa. Il s’y était rendu en compagnie d’Humberto Alfonso Collado, un envoyé de la FUPAD, et de Wachtenheim.

Les fonctionnaires lui assurèrent alors « qu’il n’aurait plus aucune difficulté pour obtenir le visa, et que dorénavant il n’aurait pas de problème quand il souhaiterait se rendre aux États-Unis ».

LES BONS COMPTES…

Au cours d’une des nombreux entretiens entre Collera et Marc Wachtenheim, celui-ci lui demanda de lui brosser « un panorama de la situation socio-politique du pays, et d’essayer d’avoir accès à un téléphone portable et à Internet pour que la communication entre eux soit plus facile ».

Il lui suggéra également « d’investir dans une affaire illégale qui lui permette de gagner de l’argent, une sorte d’écran de fumée, de sorte à ce que les sommes qui lui seraient versées par la FUPAD passent inaperçues ».

Par contre, tous ses comptes devaient être à jour, et le directeur du Programme Cuba de la Fondation lui avait même demandé, le 3 mars 2009, d’envoyer les factures des dépenses.

La dernière fois que José Manuel a vu Wachtenheim, en décembre 2009, celui-ci lui a laissé « cent euros pour ses frais personnels, un disque dur externe, un scanner et le

téléphone portable qu’il avait utilisé pendant son séjour dans l’île avec un crédit de cent dollars ».

Compte tenu de l’intérêt qu’il avait manifesté et de ses possibilités, Collera ne doutait plus qu’il était en présence d’un agent de la CIA,

et que « la soi-disant aide humanitaire était infiltrée, contrôlée, financée, dirigée et manipulée » par la Section des Intérêts des États-Unis à La Havane, de façon « totalement étrangère à notre réalité institutionnelle ».

À tel point qu’avant un accord avec le fonctionnaire de la SINA Joaquin Monserrate et avec Wachtenheim, les émissaires de la FUPAD s’étaient réunis le 4 décembre dans les locaux de la Section des Intérêts des États-Unis, pour analyser le déroulement de leurs projets subversifs.

Sur la feuille de route des tâches qui avaient été confiées à Collera au sein de la franc-maçonnerie, il devait « créer un réseau informatique avec accès à Internet qui permettrait la communication avec l’étranger et, détail significatif : il devait rester hors du contrôle des autorités cubaines ; promouvoir lesdites bibliothèques indépendantes, donner le feu vert à l’approvisionnement en médicaments par l’intermédiaire des dénommées minipharmacies,

et organiser des conférences sur des thèmes précis ».

« Ils financeraient les voyages dans l’île, mais aussi à l’étranger et aideraient à moderniser les imprimeries dont disposait la Grande loge de Cuba ».

Wachtenheim lui promit de revenir pour assister à des activités de la franc-maçonnerie au début de l’année 2010, mais il reçut un appel téléphonique surprenant au cours duquel il lui signifiait l’interruption momentanée de tous les projets. « Il ya peu, j’ai eu un nouveau contact avec lui où il m’indiquait qu’il n’appartenait plus à la FUPAD, mais qu’il réalisait le même travail et qu’il allait créer son propre groupe, ce qui lui donnerait davantage d’indépendance ».

FACE A FACE

José Manuel Collera Vento est médecin spécialisé en pédiatrie, diplômé en 1970. Il est originaire de Pinar del Rio et fils de paysan. Il a réalisé une mission internationaliste en Angola entre 1983 et 1985. Il a été membre de la direction de la Grande loge de Cuba, une institution au sein de laquelle il a assumé diverses responsabilités à partir de 1975, et il en est devenu président en 2000. En 1975, il a commencé à travailler pour la Sécurité de l’État.

Selon l’évaluation qui lui avait été faite, on pouvait espérer qu’il deviendrait un grand agent, pour ses qualités personnelles et le prestige dont il jouissait au sein de la franc-maçonnerie. Plus de trente plus tard, ce pronostic s’avère exact.

Il sourit en évoquant cette évaluation et rappelle en plaisantant : « nous avons fait sûrement du bon travail car aux États-Unis on m’a décerné la Médaille de la liberté qui est considérée, selon ce que l’on m’a dit, comme la plus haute distinction que les Républicains attribuent au Sénat ».

Pendant plus de 30 ans il a été « Duarte » pour la Sécurité cubaine. « Pour des raisons opérationnelles, j’ai changé de pseudonyme il y a six ans et on m’a donné à choisir mon nouveau « nom ». J’ai pensé à nos cinq frères, et notamment à l’un d’entre eux. Et à partir de ce moment-là je suis devenu Gerardo ».

Maintenant que le rideau de l’anonymat s’est levé, il affirme se sentir très calme, parce que « je crois que j’ai fait mon devoir, quelque chose que tous, pour une raison ou une autre, nous avons l’obligation morale de faire, pour notre si longue histoire de luttes, qui n’est qu’une seule histoire. Je suis complètement engagé en tant que Cubain et patriote. Je suis attaché aux idées de José Marti et de Carlos Manuel de Céspedes. Par ailleurs, en tant que franc-maçon, j’ai agi pour protéger tous ceux que j’aime et que je défends ».

Tiré de Granma International

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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 07:21

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LE Département d’État et son agence de déstabilisation, l’USAID, envisagent de dépenser environ 30 millions de dollars supplémentaires dans des opérations d’ingérence visant à utiliser Internet comme un instrument de pénétration et un laboratoire pour leurs services secrets sur le territoire national cubain.

C’est ce qui ressort d’une étude parue site Web Cuba Money Project, du journaliste et chercheur étasunien Tracey Eaton, qui s’appuie sur un document publié par cette agence proche des services spéciaux des États-Unis, daté du 11 janvier. L’USAID aurait lancé un appel aux organisations non gouvernementales et à des entreprises spécialisées désireuses de développer des projets liés à l’utilisation d’Internet « à Cuba et dans d’autres pays », les invitant à lui faire part de leurs « initiatives ».

Ce document a été publié à la veille du procès à La Havane du citoyen des États-Unis Alan Philip Gross – il était employé par une entreprise sous-traitante de l’USAID – pour ses activités illégales.

Le 7 février était la date butoir pour la présentation des projets. « Le Département d’État n’a pas précisé – et il ne le fera certainement pas – quelles seraient les organisations chargées de réaliser ces projets », écrit Eaton, un ancien correspondant du quotidien texan The Dallas Morning News à La Havane.

Des subventions qui vont d’un demi million jusqu’à 8 millions de dollars sont d’ores et déjà disponibles pour la mise en œuvre de ces opérations, et l’enveloppe pourrait être portée à 30 millions de dollars, d’après ce document.

À noter que cet argent provient du budget fédéral de 2010 et non pas de celui de l’année en cours.

Dans ce que d’aucuns considèrent comme une allusion à l’affaire Gross ou à des opérations de renseignement précédentes, le Département signale que les organisations éligibles « doivent posséder une expérience de travail dans un univers d’Internet particulièrement hostile ».

Le fer de lance de ces opérations, connu sous le nom de web-based circumvention technology, est spécifiquement destiné à éviter ou à tromper les habituels systèmes de détection (firewalls et filtres) contre les utilisations illicites du réseau, violant ainsi les dispositions de la loi en vigueur dans les pays.

La stratégie comporte un « programme d’entraînement » pour la formation d’un « réseau d’instructeurs » chargés de mener des opérations avec des « organisations menacées », lire : des organisations qui opèrent dans l’illégalité.

Le document est explicite sur plusieurs aspects : les organisations et les entreprises invitées à formuler des propositions doivent pouvoir « entraîner » des « blogueurs , des citoyens-journalistes et des organisations de la « société civile », et promouvoir l’utilisation des nouvelles technologies de communication de personne à personne et au sein des « réseaux sociaux ».

Le programme va jusqu’à prévoir un fonds « pour la défense » des activistes qui auraient des ennuis avec la justice en cas de « hacking » ou d’intrusion dans les systèmes informatiques.

Outre Cuba, cet appel à propositions couvre aussi la Chine, le Myanmar, l’Iran, la Russie et le Venezuela, autrement dit des pays qui refusent d’obéir aux diktats des États-Unis. Washington ressort son habituelle rhétorique de « l’aide » aux « activistes numériques », pour justifier sa vieille stratégie qui consiste à recruter des agents et des indicateurs à la solde de ses services de renseignement.

« Ce document confirme intégralement les propos tenus récemment par la Secrétaire d’État US, Hillary Clinton, lors d’un entretien pour une revue spécialisée », fait remarquer le journaliste Tracey Eaton.

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 08:38

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Avec la déplorable décision prise par l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, OTAN, Washington, Londres et Paris à la tête, de poursuivre les bombardements contre la Libye tant que le leader Mouammar El Kadhafi ne quittera pas le pouvoir, nous avons assisté au collapsus définitif de la diplomatie comme voie pour résoudre les contradictions entre les peuples et les nations.

La réunion des ministres des Affaires étrangères de 36 pays, a Londres, lors de laquelle ils ont décidé que le gouvernement libyen avait perdu toute légitimité et qu’il doit abandonner le pouvoir, est venue prouver que tout comme à la fin des deux guerres mondiales du siècle dernier, le monde peut être divisé selon le désir des puissants.

Le plus grave est sans doute que l’Humanité, qui s’était dotée, au terme de la seconde guerre mondiale, d’un mécanisme pour trouver des solutions aux problèmes internationaux, avec la création de l’ONU, sans avoir à les résoudre sur le champ de bataille, constate aujourd’hui avec tristesse, qu’à la fin tout à été un château de cartes.

Nous vous donnons quelques arguments qui le prouvent:
En tout premier lieu, le cas qui nous occupe n’est pas un conflit international, mais un problème interne, où des opposants et des forces loyales au gouvernement se disputent le pouvoir. Il est très important de le rappeler, car les discours ont trompé l’opinion. On a dit que les attaques de l’OTAN avaient pour but de protéger des civils innocents, mais en réalité cette alliance belliciste protège des bandes bien armées qui ont occupé des villages par la force, ayant recours pour ce faire aux armes à feu et qui ont été ensuite délogées par l’armée.

Il est vrai que des civils désarmés se sont retrouvés au milieu des échanges d’artillerie, mais ce n’est pas eux que les missiles et les bombes de l’OTAN défendent. Sinon, pourquoi sont-ils largués dans des zones urbaines, justement là où vivent ces gens-là ?

Ce que les envahisseurs sont en train de faire est de tendre un rideau de feu pour protéger les opposants et leur permettre d’avancer sur Tripoli, la capitale, ce qui signifie qu’ils ont pris partie. Ils donnent leur appui inconditionnel à l’une des parties, ce qui enlève complètement l’étiquette de mission humanitaire avec laquelle ont a prétendu justifier l’attaque.

En tout cas, pourquoi n’a-t-on pas agi avec la même énergie au Rwanda en 1994? Il y avait alors là bas, des troupes de l’ONU, mais les États-Unis, la France et la Grande Bretagne, comme par hasard, ont entravé leur mobilisation et ont donc permis la mort de 500 000 à un million de civils.

Pourquoi une zone d’exclusion aérienne et navale n’a pas été imposée à Israël après l’opération Plomb fondu qu’il a lancée contre la Bande de Gaza, opération qui a duré 25 jours entre décembre 2008 et janvier 2009 et au cours de laquelle plus de 1000 civils palestiniens pour la plupart des enfants et des femmes ont trouvé la mort?

Pourquoi n’interviennent-ils pas au Bahreïn, où il y a eu plus de morts que durant le conflit en Libye et ceux-ci, oui, étaient désarmés?

La réponse à de telles questions, l’a donnée le Président Barack Obama, lorsqu’il a dit, faisant référence à l’agression contre la Libye “ c’est ainsi que la communauté internationale doit agir, plus de nations, avec les Etats-Unis au centre, certes, mais pas seuls, toutes redoublant d’efforts, en train d’assumer leurs responsabilités". Voilà le monde qui nous attend.

La diplomatie? Il faudra la chercher dans des musées ou des bibliothèques pour des raretés juridiques obsolètes.

Tiré de Radio Habana Cuba

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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 09:52
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Leyde E. Rodríguez HERNANDEZ


Définitivement, le gouvernement des Etats-Unis n’est pas un associé de plus dans l’agression contre la Libye par un ensemble de pays impérialistes. Le Pentagone a très bien reconnu sa fonction de protagoniste dans la coordination et le commandement d’une stratégie de guerre baptisée du nom d’ « Odyssée de l’aube ». « Odyssée de l’aube » est aussi la guerre commencée par les bombardements du gouvernement français au matin du 19 mars 2011, sous l’opération « Harmattan » .

C’est le conflit dont Nicolas Sarkozy avait besoin dans un contexte électoral de basse popularité et qui a réussi à prendre corps grâce au feu vert de Barack Obama, aux distingués services du philosophe - devenu diplomate – Bernard Henry Levy, et à la gestion active du ministre Alain Juppé, et au gouvernement conservateur anglais.

Cette nouvelle guerre impérialiste au XXI° siècle était en préparation au moins depuis la signature, le 2 novembre 2010, d’un traité franco-britannique de coopération militaire qui fut peaufiné par un exercice militaire de grande ampleur organisé entre les deux puissances du 15 au 25 mars 2011 contre un pays supposé « du Sud » avec une population opprimée par un « régime dictatorial » au Sud de la Méditerranée. L’exercice militaire qui ouvrit la voie à une forte coopération militaire entre la France et la Grande Bretagne fut codifié sous le nom de « Mistral du Sud » .

Depuis lors, pour attaquer la Libye, il manquait seulement un cas de force majeure teinté de caractère humanitaire qui permette la formation d’une coalition occidentale, c’est à dire l’approbation d’une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU qui draine avec lui toutes les puissances, les institutions et les gouvernements arabes favorables au plan présenté par le bloc des pays impérialistes.

Maintenant, l’agression contre la Libye est un fait établi. Plus de 20 cibles ont été frappées par les bateaux de guerre et les sous-marins des Etats-Unis et de la Grande Bretagne qui ont lancé en quelques heures à peine une pluie de plus de 110 missiles de croisière Thomas Hawk occasionnant de terribles dégâts à l’infrastructure libyenne et de terribles pertes humaines . Depuis la morgue de l’hôpital Jala de Benguazi, arrivèrent quelques photos de partisans de Mouhamar Kadhafi déjà morts selon l’AP et le programme de la « guerre en direct » transmis par une chaîne de Justen TV sur internet. Certains médias européens et étasuniens assurèrent que les morts étaient probablement des mercenaires mais il y a des photos d’enfants blessés et morts que l’on pourrait difficilement appeler « partisans de Kadhafi ».

Quel est l’objectif de l’intervention ? Protéger les civils ou chasser Kadhafi ? demanda à Hillary Clinton, secrétaire d’état étasunienne, une journaliste dans une conférence de presse. Clinton répondit avec cynisme : « Protéger les civils libyens des attaques de son propre gouvernement », mais la réalité dit autre chose , ce qui reste évident, c’est l’immoralité et l’irresponsabilité politique des Etats-Unis et de ses alliés occidentaux dans cette guerre.

Des centaines de civils, de femmes et d’enfants, de vieux, mourront sous les « bombes de la liberté » et la « démocratie » de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et les mêmes qui tombent chaque jour en Afghanistan et au Pakistan pour libérer ces peuples du terrorisme et de l’oppression. Les mêmes bombes qui apportèrent la liberté à l’Irak au prix de quelques centaines de milliers de morts. Mais ce flot de sang – véritable barbarie – est justifié par l’Occident dans son concept de « dégâts collatéraux » au bénéfice d’une soi-disant liberté qui, en réalité, n’arrive pas dans les pays du Sud, bien qu’on la serve avec des bombes marquées du cachet étasunien, français ou britannique.

George W. Bush et José Maria Aznar ne gouvernement plus dans leurs pays respectifs mais la continuité de leurs politiques et l’héritage idéologique des « guerres infinies » restent debout, faisant résonner les tambours de la guerre contre les pays de la périphérie capitaliste. L’agression contre la Libye montre que Barack Obama représente la vieille politique de conquête des Etats-Unis . La politique de « changement de régime » introduite par Bush se maintient . Le subtil « empereur » Barack Obama a montré son estampille guerrière en opposition avec sa condition de Prix Nobel de la Paix.

Les actions de politique extérieure du gouvernement de Barack Obama continuent l’actuel système du pouvoir mondial dans sa configuration unipolaire et sans aucun contre-poids de l’Union Européenne qui, sans consensus, devient un instrument des intérêts géo économiques et militaristes des Etats-Unis sur la scène mondiale.

Avec leur écrasante puissance militaire, les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne, cherchent à intimider la vague de soulèvements progressistes dans les pays arabes, à éliminer les gouvernements qui ne leur conviennent pas, indépendamment de leur orientation politique, philosophique ou religieuse, à renverser les tendances croissantes et objectives favorables à la multi et pluri polarité mondiale et à minimiser les nouveaux rôles internationaux que pouvaient jouer des nations comme le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Venezuela, la Russie, la Chine et l’Iran dans le système international actuel.

C’est pour cela que la politique d’Obama est diamétralement opposée aux intérêts des pays qui aspirent à un monde sans hégémonie impérialiste au XXI° siècle. En Amérique Latine, les Etats-Unis renforcent les campagnes médiatiques contre la Révolution Cubaine et les menaces contre le Venezuela et la Bolivie, considérés par les stratèges de l’Intelligence de Washington comme une menace contre les intérêts étasuniens sur ce continent. Incroyablement, Cuba reste sur la liste des pays terroristes de Washington alors que depuis cette capitale, des centaines d’actions terroristes contre la plus grande des Antilles qui ont été exécutées par les organisations terroristes installées à Miami ont été financées et organisées . Mais les Etats-Unis ont toujours considéré leurs terroristes comme des « combattants pour la liberté » dans n’importe quelle partie du monde.

L’Oncle Sam soutient aussi les forces de droite qui s’opposent aux projets d’intégration et aux gouvernements démocratiques de la région. Il tente de neutraliser le Brésil et sa politique extérieure indépendante. Washington agit avec force pour redorer l’image néfaste de son interventionnisme militaire en Amérique Latine et utilise le charisme d’Obama pour présenter une « nouvelle politique » pour la région au moyen de discours démagogiques au Brésil, au Chili et au Salvador. Il prétend recycler de vieilles « Alliances pour le Progrès » à la façon de l’époque de Kennedy pour contenir et faire obstacle à l’aube des pays membres de l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA) et qui attendent avec impatience un avenir non soumis à la super-puissance étasunienne.

En théoriquement, le discours de Barack Obama montre que les nouvelles stratégies militaires et de sécurité nationale des Etats-Unis s’orientent vers la coopération et le multilatéralisme mais dans la pratique, il maintient l’objectif d’imposer ses intérêts par un emploi sans concession de la force militaire comme le montrent les bombardements pour une intervention et un changement de régime en Libye ; un pays qui est membre de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) et qui possède les plus grandes réserves connues en Afrique : 44 000 millions de barils de pétrole et un peu plus de 54 billions de pieds cubes de gaz naturel , ce qui constitue clairement l’unique motivation réelle pour l’intervention militaire dans le conflit interne qui secoue la Libye.

Le plus préoccupant de tout, c’est la passivité des pays de ce que l’on appelle « Communauté Internationale », de ces forces progressistes et de gauche qui ne se sont pas mobilisées contre la guerre et les souffrances et le massacre d’autres peuples à cause du militarisme impérialiste. Les actions guerrières de la France en Afghanistan ont coûté la vie à 54 Français et ont un coût approximatif de 700 millions d’euros par an. En même temps, les terroristes de l’armée israélienne peuvent continuer à tuer des Palestiniens impunément car ils savent que leurs amis de la « Communauté Internationale » et de l’ONU ne leur causeront pas de problèmes. Ou seulement, une résolution sporadique de l’ONU qui, nous le savons, ne sera jamais respectée par Israël.

En cet instant, j’aperçois l’irresponsabilité politique de la nouvelle guerre impérialiste qui se préparait contre la Libye sans doute depuis les accords militaires franco-britanniques en novembre 2010 et la concrétisation de toute une stratégie de guerre après les manœuvres militaires nommées « Mistral du Sud ».

Malheureusement, au moment où je termine cet article, l’aviation française continuait sa brutale offensive aérienne contre la Libye et les forces britanniques lançaient une quarantaine de bombes contre un aéroport que, sûrement, aucun de ces pays ne reconstruira car d’après ce que nous savons, la réduction des investissements et la crise économique les empêche d’investir de l’argent dans la santé, l’éducation et la sécurité sociale de leur peuple. Encore moins iront-ils se compromettre dans la reconstruction d’œuvres sociales détruites par leurs propres bombes libertaires.

Jusqu’à présent, nous avons quelques échantillons des résultats tangibles d’un accord militaire entre deux puissances impérialistes membres de l’OTAN qui, à son époque, ne fut pas dûment dénoncé par les acteurs politiques aimant la paix.

(traduction Gaston Lopez)

URL de cet article 13274
http://www.legrandsoir.info/Les-liens-entre-les-operations-Odyssee-de-l-aube-Harmattan-et-l-exercice-Mistral-du-Sud.html
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