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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 07:50

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Venant de très bas, de très loin,
nous arrivons au-delà.


Une longue chaîne d'amants
Sortit de la prison dont on prend l'habitude

Sur leur amour ils avaient tous juré

D'aller ensemble en se tenant la main
Ils étaient décidés à ne jamais céder
Un seul maillon de leur fraternité

La misère rampait encore sur les murs

La mort osait encore se montrer
Il n'y avait encore aucune loi parfaite
Aucun lien admirable
S'aimer était profane
S'unir était suspect

Ils voulaient s'enivrer d'eux-mêmes

Leurs yeux voulaient faire le miel
Leur coeur voulait couver le ciel
Ils aimaient l'eau par les chaleurs
Ils étaient nés pour adorer le feu l'hiver

Ils avaient trop longtemps vécu contradictoires

Dans le chaos de l'esclavage
Rongeant leur frein lourds de fatigue et de méfaits
Ils se heurtaient entre eux étouffant les plus faibles

Quand ils criaient au secours

Ils se croyaient punissables ou fous
Leur drame était le repoussoir
De la félicité des maîtres

Que des baisers désespérés les menottes aux lèvres

Sous le soleil fécond que de retours à rien
Que de vaincus par le trop-plein de leur candeur
Empoignant un poignard pour prouver leur vertu

Ils étaient couronnés de leurs nerfs détraqués

On entendait hurler merci
Merci pour la faim et la soif
Merci pour le désastre et pour la mort bénie
Merci pour l'injustice
Mais qu'en attendez-vous et l'écho répondait

Nous nous délecterons de la monotonie

Nous nous embellirons de vêtements de deuil
Nous allons vivre un jour de plus
Nous les rapaces nous les rongeurs de ténèbres
Notre aveugle appétit s'exalte dans la boue
On ne verra le ciel que sur notre tombeau

Il y avait bien loin de ce Château des pauvres

Noir de crasse et de sang
Aux révoltes prévues aux récoltes possibles

Mais l'amour a toujours des marges si sensibles

Que les forces d'espoir s'y sont réfugiées
Pour mieux se libérer


Paul Eluard (Poésie ininterrompue)

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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 11:54

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Ecibimos y publicamos

Martes 9 de febrero de 2010, por Fernanda Mora


Para agendar : encuentro con Carlos Liscano el martes 3 de marzo a las 18h30 en la MAL.

Traduit de l’espagnol par René Solis

 


Samedi


Les chiens, mon problème


A 7 heures du matin, on entend les moteurs des tracteurs dans la campagne. Le ramassage des pommes a commencé. Les trois dernières récoltes ont été mauvaises. La sécheresse, le gel, les maladies. Mais cette année la récolte sera bonne. Aujourd’hui, nous allons réparer la pompe à eau. C’est la deuxième fois qu’elle casse en trois mois. Sans pompe, pas d’arrosage ; sans arrosage, les arbres meurent. Le puits mesure 23 mètres de profondeur.

Ce n’est pas un gros travail, mais c’est délicat et fastidieux. A 8 heures et demie, il fait 22 °C. Il fera 32 °C à 1 heure de l’après-midi. Il faut arranger ça avant midi.


Hier, j’étais en réunion jusqu’à 8 heures du soir avec le ministre de l’Intérieur. Les raisons ? Dans un établissement psychiatrique, des patients ont été attaqués par une meute de chiens. Pourquoi une meute ? Parce que les patients possèdent des chiens. Ce sont leurs animaux de compagnie, parfois leur seul lien affectif. L’administration les autorise à en avoir. Le problème, c’est que l’établissement est entouré d’un terrain de 340 hectares et que certains des chiens sont devenus sauvages. Il y a eu des plaintes relayées dans les journaux.


Mais quel rapport entre moi et les patients en psychiatrie, l’hôpital, les chiens, le ministère de l’Intérieur ? C’est que je suis vice-ministre de l’Education et de la Culture. La «commission de la propriété responsable des animaux» dépend de mon ministère. La ministre, ma supérieure hiérarchique, est en vacances. Et les chiens sont donc mon problème. Hier soir, nous avons essayé de trouver une solution qui ne lèse personne : ni les malades, ni les organisations protectrices des animaux, ni les chiens. Mission quasi impossible. La pompe à eau sera plus facile à réparer.


Dimanche


arrivé jusque-là

Matinée couverte. Nous avons besoin d’eau, de pluie. Après le petit-déjeuner, je sors avec le chien marcher dans la campagne. En mars, j’aurai 61 ans. Je suis content d’être arrivé jusque-là. Je dis au chien que mon plus grand désir est de retrouver une forme de simplicité, de me concentrer sur les petites choses qui m’environnent, les problèmes quotidiens de la maison de campagne, les plantes, les arbres. Je n’y arrive pas toujours mais j’essaye. Le chien me regarde et me dit : «Tu n’y arriveras jamais. Il n’y a pas de retour possible. La simplicité n’existe pas.» J’ai pris l’habitude de discuter avec le chien. Antonio Machado a écrit : «Je discute avec l’homme qui toujours me tient compagnie.» Et moi, je me dis que je discute avec le chien qui toujours me tient compagnie. Pour midi, je ferai des spaghettis aux légumes.


Lundi


du néant vers le néant

Nuit de dimanche. Immense et longue nuit d’été. Chaleur immobile. Dans le ciel, les étoiles du sud disent que nous sommes toujours vivants. Un néant dans l’univers, mais un néant vivant. Demain sera un autre jour, il y aura des tracteurs dans les champs, des hommes et des femmes au travail. La vie continue. Les étoiles disent que cela vaut la peine d’être là, de respirer cet air. Que quoi qu’il arrive, tout a du sens dans une nuit pareille, même la mort, qui viendra sans aucun doute et qu’on ne peut que souhaiter attendre comme elle le mérite, sans se plaindre. Qu’elle soit telle une main gigantesque qui nous lance en l’air, du néant vers le néant.


mardi


de l’eau, de l’eau

Journée ordinaire de bureaucratie gouvernementale ; réunions, papiers à signer, coups de téléphone, quelqu’un qui appelle pour ne pas payer de droits d’auteur et qui attend tout de moi, et moi qui estime qu’il doit les payer mais je n’ai rien à voir dans cette histoire, je ne peux ni le forcer ni l’exonérer. Le médecin à 11 heures du matin. Je sais à présent que je n’ai pas un cancer du poumon. Pour un fumeur de longue date, cela se fête. Objectif 2010 : arrêter de fumer. Espérons. Enfin la nuit tombe sur la campagne déserte. La lune est au centre du ciel, comme un œil bienveillant. Nous attendons la pluie dont nous avons besoin. La terre, les arbres, les plantes, les chiens, les gens, nous avons tous besoin de la pluie. L’eau qui nous empêchera de nous dessécher. De l’eau, de l’eau, de l’eau s’il vous plaît.


Mercredi


l’observation du plus petit

Il est 2 heures du matin et il pleut. Il fait chaud mais l’air qui entre par la fenêtre a la fraîcheur de la terre mouillée. Je me lève pour écouter la pluie sur le toit. Les chiens dorment, chacun à sa place. Je bois de l’eau et je m’assieds dans la cuisine obscure. Nous allons payer le prix de cette eau. Il faudra plusieurs jours avant que les tracteurs puissent ressortir. Depuis que je me connais, j’ai toujours voulu être écrivain et durant de nombreuses années j’ai fait tout mon possible pour ne pas l’être. Je pensais que si j’arrivais à devenir écrivain, tout trouverait sa place et que moi, je trouverais la paix. Un jour, j’ai senti que j’en avais fait suffisamment pour me considérer comme écrivain et je me suis rendu compte que cela n’allait pas. Que la recherche n’était pas terminée, qu’il y avait une chose que je n’avais pas encore trouvée. Ecrire avait été un prétexte pour être, mais ce n’était pas suffisant. Alors a commencé l’aventure qui m’amène à me concentrer sur les petites choses, les petites taches, les outils et les objets de l’atelier où je travaille quand j’ai du temps. L’observation du plus petit, me dis-je, peut aussi conduire à l’abîme mais sans la prétention propre aux grands objectifs et aux velléités transcendantales. J’essaye de me rassurer en me disant que c’est comme cela que peut débuter la septième décade de la vie.


Jeudi


argument en ma faveur

Toujours la pluie. Nous finirons par regretter de l’avoir tant souhaitée. Dans trois heures, j’ai une réunion avec des avocats, puis un repas auquel doit prendre part le Président. Quel rapport avec les petites choses, les petites observations non transcendantales ? Quel lien avec la vie simple que je crois avoir choisie ? Je sais qu’il n’y a pas de rapport entre ce à quoi j’aspire et mon travail. Je cherche un argument en ma faveur : je n’ai pas choisi ce travail, je l’ai accepté. Une nuit où j’étais seul à la campagne, on m’a appelé pour me le proposer et j’ai dit oui parce que c’était pour peu de temps.


Vendredi


sujets minimes

Hier soir la pluie a cessé. Peut-être cette étape où je me consacre à des affaires de gouvernement me servira pour revenir à mes objectifs mineurs avec un nouvel enthousiasme. Je pense avec plaisir au jour où je retrouverai mes bricolages dans l’atelier, les travaux dans les champs, les chiens, l’écriture sur des sujets minimes. Il faut chercher et se chercher, jusqu’à trouver le point de coïncidence avec ce que l’on désire être. Peut-être est-ce un objectif aussi illusoire que la recherche de la simplicité, également hors d’atteinte. Mais tant que dure l’illusion, la vie avance. Demain je mettrai en marche la pompe à 7 heures du matin, et l’eau coulera. Cela ressemble au bonheur.


Carlos Liscano



Figure de proue de la littérature uruguayenne, Carlos Liscano est né en 1949, à Montevideo. Condamné par le régime militaire, il passe treize années en prison. Libéré en 1985, il s’exile en Suède, où il est traducteur, journaliste et prof d’espagnol. Il vit, depuis 1996, entre Barcelone et Montevideo. Mathématicien de formation, Liscano a commencé à écrire en prison : romans, récits nouvelles, poésie, théâtre (ses pièces sont jouées en France). Ont été publiés récemment en France : Souvenirs de la guerre récente (Belfond, 2007 ; 10/18, 2009) et l’Ecrivain et l’autre (Belfond, 2010).

 

 

http://www.liberation.fr/chroniques...

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6 avril 2010 2 06 /04 /avril /2010 01:25

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KRISTIAN MARCINIAK

Les romans sur Cuba ne sont pas nombreux. A part quelques oeuvres écrites par certains auteurs ayant choisi Madrid ou Miami plutôt que La Havane. Chacun est libre de choisir sa résidence. Mais le départ sous d’autres cieux amène souvent la créativité a se tarir. Cette année nous offre l’inverse : un auteur français parti à Cuba nous offre une oeuvre nouvelle. Il s’agit d’un jeune français émerveillé par la Révolution cubaine et qui décide après le débarquement dans la Baie des Cochons de s’engager en 1952 pour aider Cuba. Ce sera d’abord un an dans les services techniques dirigés par le Che et, après le départ de celui-ci, d’entrer dans le studio de Radio-Havane. En 1968, c’est le retour en France avec une grande tristesse d’avoir quitté cette révolution si vivante, si enthousiasmante, avec cette vie si active et si profondément solidaire ! Car celui qui a vécu cette Révolution ne peut l’oublier facilement. La force du Cubain réside dans la conscience qu’il a de participer à une chose unique. La vie n’est pas facile. C’est vrai ! Mais cela fait 50 ans que les USA veulent faire disparaître Cuba. Le Cubain ne vit pas dans le luxe mais il sait que ses enfants pourront faire toutes leurs études gratuitement. Si le Cubain est malade, la médecine est gratuite et chacun peut être soigné avec les meilleurs professionnels. Ainsi est la vie à Cuba. Je le sais. J’y étais ! URL de cet article
http://www.legrandsoir.info/CUBA-MI-AMOR-un-roman-actuel.html

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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 07:10
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La regla de osha, une croyance cubaine d’origine africaine, est une véritable religion, à l’instar de l’islam et du christianisme, même si elle n’est pas révélée, soutient l’universitaire sénégalaise Ndèye Anna Gaye Fall dans une thèse d’Etat publiée récemment par L’Harmattan.

Mme Fall, maître de conférences et chef du département de langues romanes de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, a soutenu une thèse de doctorat d’Etat à l’université Bordeaux 3 (France), en 2007.

"L’Afrique à Cuba. La regla de osha : culte ou religion" (200 pages) est le livre qu’elle a publié récemment chez L’Harmattan-Sénégal. Cet ouvrage, dédicacé mercredi à Dakar, est une partie de sa thèse de doctorat d’Etat.

Dans cet ouvrage, l’auteur "se livre à une bonne étude comparative des religions révélées que sont l’islam et le christianisme", avec la regla de osha, a expliqué l’universitaire sénégalais Abdoulaye Bara Diop, codirecteur de la thèse de doctorat soutenue par Ndèye Anna Gaye Fall, à l’université de Bordeaux 3 (France).

"Cette comparaison a pour but de montrer que cette religion des descendants d’esclaves transplantés à Cuba n’est ni un culte, un totémisme ou un animisme, ni même un polythéisme, mais une véritable religion monothéiste, au même titre que les religions révélées que sont l’islam et le christianisme", a analysé Abdoulaye Bara Diop.

Il a mis en exergue "la force de cette croyance qu’est la regla de osha, d’origine africaine, yoruba, du Nigeria, transplantée à Cuba et portée par les esclaves dans des conditions de vie inhumaines faites de domination, d’exploitation et de violence".

La regla de osha est "une croyance qui a malgré tout survécu en s’adaptant aux changements majeurs survenus à travers l’histoire, depuis la période de la traite et de l’esclavage, jusqu’à aujourd’hui, en passant par la période néocoloniale et celle de la Révolution", a encore expliqué Abdoulaye Bara Diop.

Dans une partie de sa thèse d’Etat --- 726 pages --- soutenue en 2007 sur cette croyance, Mme Fall a montré aussi que la regla de osha "n’est pas un simple culte, ni un fétichisme, un animisme, ni même un prosélytisme, mais un monothéisme au même titre que l’islam et le christianisme, sans être une religion révélée, une religion du livre".

Son auteur a passé de nombreux séjours à Cuba sur trois décennies pendant lesquelles elle a interrogé plusieurs catégories sociales et des fidèles de cette croyance.

"Je me suis intéressée à la regla de osha pour des motivations personnelles d’abord, pour des raisons scientifiques ensuite, en tant que militante syndicale et politique des années 1970", a affirmé Mme Fall, qui a aussi soutenu une thèse de 3e cycle de la Sorbonne Nouvelle de Paris (France), en 1978.

"Les réflexes et les manières de s’exprimer" des peuples noirs à Cuba "me rappelaient les comportements que nous avons ici en Afrique, particulièrement au Sénégal", a affirmé Mme Fall.

"La regla de osha est une religion parce que ses membres ont une mémoire commune. La religion, selon le sens étymologique, c’est ce qui relie les membres d’une communauté. Si on tient à cela, la regla de osha est une religion. Il y a la croyance en Dieu. Dieu existe", a-t-elle soutenu.

"L’islam et le christianisme sont tenus par le verbe, l’esprit et le souffle. Dieu est en chacun (des individus) dans la regla de osha, qui croit à l’éternité de l’âme", a-t-elle analysé. Cette croyance est dominée par un dieu suprême, Olodumare. Elle a été exportée à Cuba par des esclaves africains arrivés dans ce pays entre le 16e et le 19e siècle.

Dakar, 24 fév (APS)

Source : APS

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8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 07:52
   
 
ÊTRE FEMME À CUBA
Des premières militantes féministes aux militantes révolutionnairesCapture1.JPGes
Dominique Gay-Sylvestre
Préface de Paul Estrade



A Cuba, la rébellion nationale du 1er janvier 1959 profita largement aux femmes. Les discriminations liées à leur sexe et à leur couleur se trouvèrent abolies et le gouvernement révolutionnaire commença à rendre effective l'égalité hommes-femmes. Fidel Castro, artisan chaleureux de cette évolution émancipatrice, en parlait, à partir de 1966, comme d'une "Révolution dans la révolution". Voici les principes de cette révolution et les étapes de cette évolution, les intentions et les réalités.

ISBN : 2-296-00160-2 • février 2006 • 274 pages
version numérique (pdf image-texte) : Commander la version numérique (-30%) 11 626 Ko

Prix éditeur : 24 € / 157 FF
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4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 08:15

 

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Pedro de la Hoz

NADINE Gordimer, prix Nobel de littérature 1991 sera présente à la 19e Foire internationale du livre 2010 qui ouvrira ses portes le 11 février prochain dans la capitale cubaine. L’écrivain présentera son roman Un caprice de la nature, dans une traduction espagnole des éditions Arte y Literatura.

A l’aube de ses 87 ans, Nadine Gordimer est considérée, de même que J.M. Coetzee, comme la figure la plus importante des lettres sud-africaines. Elle se distingue également pour son engagement politique et social en faveur de l’humanisme et de la justice.

Ces dernières années, Nadine Gordimer s’est déclarée à plusieurs reprises contre le blocus imposé à Cuba par les Etats-Unis, et elle s’est engagée dans la campagne internationale pour la libération des cinq antiterroristes cubains qui purgent des peines arbitraires dans des prisons étasuniennes.

Un caprice de la nature, roman paru en 1987, retrace l’histoire de Hillela, une femme d’origine juive qui s’engage dans le mouvement de libération en Afrique du Sud.
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23 janvier 2010 6 23 /01 /janvier /2010 08:15

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Chez Ernest Hemingway, il y a le talent d’écrivain et la légende qu’il se créa. On peut adorer ses romans, ses nouvelles, tout en désapprouvant l’image qu’il donna de lui-même. Hemingway fut un être d’une rare complexité, aussi fascinant que détestable. Leonardo Padura ne cache pas qu’il transfère à son héros Mario Conde sa relation tumultueuse d’amour-haine, ses propres dilemmes concernant cet immense écrivain. Néanmoins, c’est un portrait lucide, réaliste, et tendre qu’il nous propose. Même malade et déclinant, celui qui avait tout expérimenté n’apparaît pas pitoyable.

Dans “Adios Hemingway”, l’intrigue criminelle et son réel suspense sont destinés à l’évoquer, sous plusieurs facettes, et dans le contexte de l’époque. Cet hommage tout en finesse est sans préjugés, ni concessions, largement souriant. Un roman subtil, intelligent, absolument remarquable !

A Cuba, Mario Conde a quitté la police depuis huit ans. Ecrivain, il vit du négoce de livres anciens. Son ami le lieutenant Palacios fait appel à lui pour une enquête particulière. Un cadavre a été déterré à la Finca Vigia, l’ancienne propriété d’Ernest Hemingway, devenue musée en son honneur. Tué à la fin des années 1950, cet homme appartenait au FBI : on a trouvé sa plaque officielle près de lui. Mario Conde fut un grand admirateur d’Hemingway, qu’il croisa une fois étant enfant. Depuis longtemps, il éprouve un sentiment mitigé envers ce monstre de la littérature. Même pour Hemingway, tuer quelqu’un n’aurait pas été un acte anodin.

Sa compagne étant absente, le soir du mercredi 2 octobre 1958 Hemingway est presque seul. Il n’est entouré que de son fidèle serviteur Raul, de son factotum et ami Calixto, et du chien Black. Armé, il fait une dernière ronde autour de chez lui. Il trouve un insigne du FBI, laissant supposer une présence indésirable.

Conde visite la maison de l’écrivain, s’imprégnant de son esprit. L’histoire de la culotte d’Ava Gardner l’impressionne. Il interroge ensuite des témoins ayant bien connu Hemingway. Toribio fut le dresseur de ses coqs de combat. Conde sent le respect qu’inspirait ce diable d’homme aux Cubains avec lesquels il fraternisa. Malgré tous ses défauts, il n’était ni arrogant, ni pingre. Ruperto s’occupait du Pilar, le yacht de l’écrivain. Il est méfiant, mais Conde note un détail dans ses propos. Ex-condamné pour meurtre, Calixto quitta brusquement Cuba sur le yacht en octobre 1958. Conde recoupe les faits et les dates. Quand il découvre la vérité, Conde estime que ternir l’image d’Hemingway à cause de cet épisode serait injuste…

Par Claude LE NOCHER

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9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 09:33
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ROMAN | Le maître du thriller socio-politique clôt sa trilogie historico-panique avec "Underworld USA".

Annoncé comme un «événement littéraire» par son éditeur, le dernier roman d’Ellroy s’ouvre, en force, par une séquence carabinée alignant sept cadavres en trois pages. Minutés et transcrits sous la forme de sèches phrases de rapport de police, mais illico rythmées et ciselées «jazzy» par le romancier-styliste, les faits relatent un braquage d’enfer qui donne aussitôt le ton. Le 24 février 1964, à 7 h 16 du matin, un camion laitier percute un fourgon blindé de la Wells Fargo contenant seize sacs de papier (monnaie) et quatre mallettes pleines d’émeraudes. Violence et trahison: l’un des braqueurs prend la fuite après avoir «explosé» et cramé ses complices. Surgit alors le chasseur qui «arrive toujours le premier»: Scotty Bennett, qu’on retrouvera, c’est promis, comme on retrouve divers premiers ou seconds couteaux des deux volets précédents de la trilogie, violents et traîtres de tous les bords, mafieux et flics ripoux, sans compter les «grands» de ce monde non moins pourris, du sinistre J. Edgar Hoover (patron du FBI en fin de règne) au milliardaire vampire camé Howard Hughes, en passant par un certain Richard Nixon…

«Ce livre est construit sur des documents publics détournés et des journaux intimes dérobés», avertit le narrateur, double voyeur et truqueur de l’auteur (violence et trahison de la fiction) qui invoque la somme de son «aventure personnelle» (à commencer par sa mère, assassinée quand il avait 13 ans) et de «quarante années d’études approfondies». Du polar reflétant l’histoire contemporaine de son pays, comme dans Le grand nulle part ou Le dahlia noir, voici l’Histoire avec une grande hache tissant elle-même l’intrigue d’une conspiration: «La véracité pure des textes sacrés et un contenu du niveau des feuilles à scandale»…

Monstrueux labyrinthe ruisselant de sang et retentissant de bruit et de fureur, Underworld USA, variante de l’Enfer de Dante, évoque la face sombre des années Peace and Love, suite funèbre de tragédies amorcées en novembre 1963 par le «Grand Moment» de l’assassinat de JFK, véritable «tournant de l’histoire», premier des complots qui virent ensuite la mort de Martin «Lucifer» King, selon le mot de l’affreux Hoover, et celle de Bob Kennedy, en avril et en juin 1968, jusqu’à la réélection de Nixon en 1972.

A la sarabande «historique» des psychopathes du pouvoir politique et financier et des mafieux de haute volée (tels Santos Trafficante, Carlos Marcello ou Sam Giancana) se mêle une nuée d’intrigues aux personnages souvent aussi intéressants que les premiers, tels le jeune détective privé Don Crutchfield, l’agent Dwight Holly, «bras armé de la loi» et instrument des crimes de Hoover, Marsh, le génie noir de l’infiltration, ou Joan Rosen Klein, la militante charismatique, dite la «Déesse rouge».

Du sabotage de la campagne de Humphrey par les sbires de Nixon, avec l’accord du FBI, à la déstabilisation des mouvements d’émancipation noirs, du financement des attentats d’extrême droite à Cuba par le trafic d’héroïne au soutien d’un paradis mafieux en République dominicaine, tout y passe et nous en passons: violence et trahison.

 JEAN-LOUIS KUFFER dans 24h

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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 20:42
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Underworld USA
de James Ellroy est le dernier volet de la trilogie commencée avec American Tabloid.

Comment reconnaît-on un romancier de génie ? À sa capacité à imposer sa vision du monde, même quand celle-ci semble éminemment subjective. Ainsi le maître du polar James Ellroy, qui, dans son dernier livre, Underworld USA,Le Grand Nulle Part ou Le Dahlia noir. L’auteur s’y servait de l’enquête policière non comme d’un prétexte, comme beaucoup, mais comme d’un véhicule pour explorer une époque (les années 1950) et des milieux (du crime, du syndicalisme, du cinéma, du PC californien...). déploie tous ses moyens narratifs et une armée de personnages pour nous rallier à son joyeux credo : l’histoire des États-Unis s’assimile à un vaste roman noir, avec le crime pour moteur principal et la lutte des classes ou des minorités comme outil de propulsion très auxiliaire. Cette idée paranoïaque affleurait déjà dans nombre de ses douze romans précédents, tels


Sa trilogie américaine, dont Underworld USA constitue le troisième volet, procède du mouvement inverse : au lieu de partir du polar pour écrire l’histoire, James Ellroy part de celle-ci pour écrire un roman policier. Et démontrer que les séismes qui ont agité l’Amérique du XXe siècle - Vietnam, baie des Cochons - trouvent leur origine dans un milieu souterrain (underworld) et criminel, même si les hommes de loi y abondent. American Tabloid et American Death TripUnderworld USA, qui couvre le mandat Nixon, soutient la même idée, mais ouvertement : « La véracité pure des textes sacrés et un contenu du niveau des feuilles à scandale », annonce l’un de ses personnages, fournissant du même coup un bon résumé des aspirations d’Ellroy. La rédaction d’un texte qui sanctifierait la vérité, non l’histoire, et appliquerait à celle-ci le traitement que les revues hollywoodiennes - qui passionnaient jadis le jeune Ellroy - réservent aux starlettes. appuyaient cette thèse en explorant les coulisses de deux assassinats centraux dans la dramaturgie du XXe siècle : celui de John The K - comme ses amis gangsters appelaient Kennedy - et celui de Martin « Lucifer » King - comme le dénommait son ennemi Hoover.


Mettre à nu les années 1968-1972. Ellroy sait qu’un tel projet passe d’abord par la langue, premier vecteur de l’esprit d’une époque. De là les inflexions traînantes que prennent ses Blancs racistes lorsqu’ils singent les Noirs (l’opération anti-Black power du FBI adopte l’intitulé révélateur de « méééchant frère »), de là les K qui Kontaminent le récit kand il évoke le Ku Klux Klan... N’en déplaise à ceux qui, déconcertés par la sécheresse de son écriture, prennent Ellroy pour un rédacteur de plans détaillés, ce dernier se veut aussi un formaliste. Mais un formaliste de roman noir, dont le style, au lieu de chercher la beauté, vise à restituer l’expression - souvent abjecte et brutale - propre aux milieux occultes. Ce que l’on nous montre s’explique par ce que l’on nous cache, et ce que l’on nous cache ne peut se raconter qu’en prenant les voix de ceux qui oeuvrent dans l’ombre. Ce parti pris transforme Underworld USA en vaste polyphonie policière, où interviennent quelques choeurs - l’ineffable et authentique troïka mafieuse formée de Santos Trafficante, de Carlos Marcello et de Sam Giancana - et de nombreux solistes : Hoover, patron indéboulonnable du FBI - puisqu’il détient, sous forme de dossiers, toutes les perversions des puissants -, dont le roman retrace la chute dans une sénilité le rendant plus dangereux encore ; le milliardaire Howard Hugues, dit « Dracula » en raison des litres de sang que sa psychose hygiéniste l’oblige à s’injecter ; le magouilleur Richard Nixon, soupçonné de sado-masochisme et allié des mafieux... La plume sarcastique d’Ellroy n’a pas besoin de se forcer pour donner à ces figures historiques l’allure de créatures jaillies de l’imagination d’un romancier noir.


Mais, comme toujours chez Ellroy, le beau rôle - la narration - appartient aux subalternes : le génial Crutch (réminiscence de la dérive passée de l’auteur), devenu détective privé grâce à une habitude discutable que son créateur partageait avec lui (« petit, tu veux faire le voyeur, je vais te payer pour cela ») ; l’agent Dwight Holly, rescapé des tomes précédents, « bras armé de la loi » et instrument des crimes de Hoover ; l’ex-policier Wayne Jr, enfant d’un cadre du Ku Klux Klan, parricide récent, que l’on retrouve soignant le cancer de sa complice, maîtresse et ex-belle-mère ; Marsh, flic noir cynique, génie de l’infiltration ; Scotty, flic blanc cynique, quatorze braqueurs au compteur (« Le hasard a voulu que je me trouve au fond de la boutique, avec un fusil à pompe Remington »)... À l’image des peintres des batailles d’antan, Ellroy s’intéresse au sort de chaque soldat. Et puisque les pantins se révèlent aussi marionnettistes, l’ensemble accède à la cohérence naturellement. Mille faits, cent fils narratifs relient les personnages, qui pourraient fournir la matière d’autant de paraboles policières sur la déchéance, la rédemption... Et d’autant de polars réalistes.


Comment la mafia a fait élire Nixon en sabotant la campagne Humphrey avec l’accord tacite du FBI. Comment le FBI a voulu déconsidérer les mouvements d’émancipation noirs en les impliquant dans le trafic d’héroïne. Comment le trafic d’héroïne a pu financer des attentats d’extrême droite à Cuba. Comment le Cuba de Batista - un paradis pour casinos mafieux - a failli ressusciter en République dominicaine... Et, au centre de ce noeud d’intrigues, l’énigme d’un braquage jamais éclaircie et la silhouette d’une charismatique militante, la Déesse rouge. Celle-ci appartient à la part ouvertement fictive du récit. Pour le reste, seul un spécialiste de la période pourrait démêler l’avéré du douteux. Le lecteur ordinaire, lui, se retrouve dans la peau d’un suspect cuisiné par un policier ellroyen. Matraqué de coups de poing, harcelé de fulgurances narquoises, la tête plongée dans un épais bouillon d’infimes secrets et de gros complots, il ne lui reste d’autre choix que de se ranger au credo de l’auteur : oui, c’est bien là, au fond du caniveau, que se joue le destin des États-Unis. L’histoire est un roman noir. Si cela ne grandit pas ses acteurs, le genre en sort anobli.

 

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24 novembre 2009 2 24 /11 /novembre /2009 19:09
En Amérique latine, presqu’une personne sur deux vit sous le seuil de pauvreté. Au Venezuela, un homme affirme qu’on peut y mettre fin. Certains l’accusent de tous les péchés : ‘populiste’, ‘dictateur’… Michel Collon vient de publier Les 7 péchés d’Hugo Chavez et il montre pourquoi cette expérience nous concerne.
Interview: Petya Micheroux

Le président vénézuélien Hugo Chavez est-il populiste ?
    Michel Collon. La grande tarte à la crème ! Dès que quelqu'un dérange, les médias lui collent une étiquette. Qui a pour fonction d'empêcher les gens de réfléchir aux problèmes, aux conflits entre des intérêts qui s'affrontent. C’est quoi, un « populiste » ? Quelqu'un qui flatte le peuple, en lui faisant des promesses qu'il ne peut tenir. Selon moi, cette définition vaut pour Sarkozy et les autres dirigeants européens : ils font des promesses en sachant qu’ils ne les tiendront pas.

Et Chavez aurait tenu ses promesses ?
    Michel Collon. Lorsqu’il arrive au pouvoir en 1999, deux Vénézuéliens sur trois n'avaient jamais vu un médecin de leur vie. Depuis, « Chavez le populiste » a mis en place avec l'aide de médecins cubains des maisons médicales, non seulement dans les quartiers pauvres de Caracas, mais aussi dans les campagnes et les régions les plus reculées des Andes ou de l’Amazonie. Il a aussi alphabétisé, en moins de deux ans, un million et demi de personnes. Le budget de l’éducation est passé de 3% à 9%. On a réussi à remettre aux études des gens qui avaient dû les interrompre à cause de la pauvreté. Aucun de ses prédécesseurs n'avait fait ça. A mon avis, beaucoup de peuples dans le monde aimeraient avoir de tels dirigeants populistes.
    Avant, l’argent du pétrole servait à enrichir les multinationales. Aujourd’hui, il sert à éliminer la pauvreté. Pour les riches, Chavez est donc le diable, couvert de péchés. Pour les pauvres, il incarne l’espoir.

Mais certains lui reprochent d'être trop lent, trop conciliant, de ne pas s'attaquer à la propriété capitaliste...
    Michel Collon. Méfions-nous des « Y a qu'à ». Pour eux, tout est facile. Y a qu'à faire ceci, y a qu'à faire cela. Chavez n'a qu'à exproprier tous les capitalistes et créer un État ouvrier, exporter la révolution dans toute l’Amérique latine, et bla bla bla. Mais le Venezuela ne compte presque pas d'ouvriers, sur quelle base reposerait un « État ouvrier » ?
Non, le problème clé, celui qui bloque le développement de pays comme le Venezuela, c'est la dépendance envers les multinationales. Celles-ci déversent leurs produits subventionnés, contrôlent les politiciens et l’armée, pillent les matières premières et toutes les richesses, maintiennent les salaires au plancher et tout ça bloque le développement du tiers monde. Or, beaucoup de classes et couches sociales du tiers monde ont intérêt à ce que leur pays se libère de l’emprise des multinationales US ou européennes, et pas seulement, les classes travailleuses. Il y a donc intérêt à s’allier avec elles ou à les ménager.
Réussir cette première étape n'est pas évident. Contrairement à ces « révolutionnaires en chambre », Chavez a la responsabilité de remplir les assiettes des gens. Eliminer une forme d'économie - où il y a effectivement une exploitation capitaliste, c’est vrai - quand on n'a encore rien pour la remplacer, c’est laisser les gens crever de faim et évidemment se détourner de la révolution. Une révolution ne peut avancer ni trop vite, ni trop lentement. Il faut, au stade actuel, cibler les multinationales et ménager les autres. On ne fait pas une révolution en partant des souhaits des révolutionnaires mais en tenant compte de la situation objective, du rapport des forces et des possibilités des gens.

Votre livre aborde en fait tout le rapport Nord-Sud à l'échelle du continent américain. Vous parlez du Nord comme de « l'aspirateur des richesses ». Que voulez-vous dire ?
    Michel Collon. Nous, gens du Nord (Europe et Etats-Unis), devons absolument prendre conscience du mécanisme qui explique cet écart entre le Nord riche et le Sud pauvre (même si, tout le monde n'est pas riche au Nord où les écarts s'aggravent aussi). La question est : sur le dos de qui les riches du Nord ont-ils construit leurs fortunes ? Je le rappelle dans le livre, sur base de quelques études historiques : l'Europe est devenue riche en pillant l’or et l’argent de l’Amérique latine, en massacrant les Indiens et en arrachant à l’Afrique dix millions de Noirs, transformés en esclaves et en chair à profits.

Mais le colonialisme a pris fin, non ?
    Michel Collon. En réalité, non. Aujourd'hui, les mêmes mécanismes d'aspiration des richesses restent à l'œuvre, mais de manière beaucoup plus subtile et voilée, comme je l’explique dans le chapitre intitulé « les sept fléaux de l'Amérique latine ».
Premièrement, le pillage des matières premières. Pétrole et gaz bien sûr, mais aussi eau et biodiversité, enjeux stratégiques du 21ème siècle. Deuxièmement, le pillage de la main d'œuvre dans des usines de sous-traitance. Véritables bagnes où les syndicats sont interdits. Troisièmement, l’assassinat de l’agriculture. Les multinationales d’agrobusiness du Nord déversent leurs produits subventionnés en Amérique latine et en Afrique, ruinent les paysans locaux, les obligeant à quitter la terre et à s'amasser autour des villes.
Le quatrième fléau, c’est l’élite dirigeante des pays du Sud. Une bourgeoisie locale vendue aux intérêts étrangers et travaillant pour le compte des multinationales. Cinquième fléau : la dette. Les banques du Nord et la Banque Mondiale contrôlée par les pays riches maintiennent le chantage d’une dette déjà largement remboursée en fait. Sixième fléau : en vingt ans, les États-Unis et l'Europe ont obligé à privatiser un millier d'entreprises publiques en Amérique latine, transférant ainsi la richesse et le pouvoir économique vers le Nord. Septième fléau : le vol des cerveaux. Scientifiques, techniciens qualifiés et médecins. Le Sud dépense pour les former, mais le Nord les détourne. Voilà, l’ensemble de ces sept fléaux montre que le colonialisme et le pillage n’ont pas disparu.

Chavez réalise des choses impressionnantes. D’autres ne le font pas. Pourquoi ?
    Michel Collon. 80 années de richesse pétrolière du Venezuela ont produit un écart énorme entre riches et pauvres. Ce que Chavez a fait, c’est changer la règle du jeu. Il a récupéré l’argent du pétrole en faisant payer – enfin - les multinationales et en reprenant le contrôle de la société publique qui gérait le pétrole. Les bénéfices sont enfin versés dans le budget de l’État, permettant de s'attaquer sérieusement au problème de la pauvreté. Quand on voit la misère qui règne en Afrique et au Moyen-Orient, à côté de fortunes colossales, on se dit qu’il faudrait y exporter Chavez. Ou plutôt s’en inspirer.

D’où la colère des États-Unis ?
    Michel Collon. Comme disait Chomsky, « peu importe où le pétrole est situé dans le monde, les États-Unis considèrent que la géographie se trompe et qu'il est situé aux États-Unis ». Chavez a refusé cette logique.

Quelles menaces font peser les Etats-Unis sur le Venezuela ?
    Michel Collon. Trois. 1. Le financement par la CIA, à coups de centaines de millions de dollars, d’une opposition putschiste, doublée de campagnes de désinformation qu’on retrouve dans nos médias. 2. La construction de sept nouvelles bases militaires US en territoire colombien. Comme par hasard, les bases US sont toujours juste à côté des ressources naturelles stratégiques, et pour encercler les pays rebelles : Venezuela, Bolivie, Équateur, voire Brésil. 3. Washington a réactivé la 4ème flotte qui « surveille » l’Amérique latine. Utilisée contre l’Allemagne en 40-45, supprimée lorsque le continent a été jugé « sous contrôle », et aujourd’hui réactivée en plaçant à sa tête un amiral qui a fait sa carrière dans les « Forces Spéciales » (spécialisées dans les débarquements et coups d’Etat).

Votre livre analyse aussi les erreurs et les faiblesses de Chavez. Quelles sont-elles ?
    Michel Collon. Le Venezuela n'est ni l'enfer décrit par nos médias, ni le paradis. Les problèmes restent énormes. Surtout la bureaucratie. Celle héritée de l'ancien régime et qui sabote à qui mieux mieux. Mais aussi les nouveaux arrivistes. Et une corruption, qui n'est évidemment pas propre au Venezuela, mais si Chavez ne parvient pas à résoudre ce problème, la révolution perdra la confiance des gens et échouera, c'est clair. Un proche de Chavez m'a confié que 60 % des réformes décidées par lui ne sont pas appliquées. Ca donne la mesure du drame de la bureaucratie et de la corruption.

Le Venezuela, c’est loin. En quoi votre livre peut-il intéresser le lecteur belge ?

    Michel Collon. En Europe, les victoires sont rares ces temps-ci. On rencontre beaucoup de pessimisme, de fatalisme. Par contre, l’Amérique latine nous apporte un message d'espoir. Chavez, Evo Morales et tous ces Latinos affrontent en fait les mêmes problèmes que nous : pauvreté, néolibéralisme, destruction des acquis sociaux et des services publics, pillage du travail et des ressources... Et ils arrivent à renverser la vapeur ! Non seulement ils résistent, mais ils obtiennent même des victoires, des avancées sociales pour la population.

Le Venezuela nous montre qu'un autre monde est possible ?
    Michel Collon. On dira évidemment que la Belgique ou la France n'ont pas de pétrole, mais l'essentiel n'est pas là. Au fond, il y a plus important que le pétrole. Le « péché » le plus important de Chavez, c’est d'avoir rendu sa place au peuple. De lui avoir donné conscience qu'il est possible de prendre son destin en main. Et ça nous concerne aussi, car nous aussi on a cet écart riches-pauvres, ce pillage des fruits du travail.
Chavez et les Vénézuéliens nous montrent que d'un côté, il y a l’argent, et de l'autre côté, il y a les gens. Le plus important, ce sont les gens : ils sont l'immense majorité, ayant au fond les mêmes intérêts. Incompatibles avec ceux des multinationales.
Source: Solidaire
Le site de Michel Collon
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