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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 23:15



Salim Lamrani, universitaire et journaliste, donne à comprendre sur les raisons véritables du déchaînement médiatique contre la Grande Ile et sa révolution.

 

Cuba, « petit » pays de douze millions d’habitants, fait la « une » de l’actualité depuis cinquante ans. Qui dit mieux ? Comment expliquer que sur la Grande Ile se déversent  tant de haines en Europe  et aux Etats-Unis alors que la révolution et son leader charismatique, Fidel Castro, entraînent encore et encore l’admiration des foules latino américaines, asiatiques et africaines ? Pourquoi tant de critiques violentes dans la presse occidentale contre la révolution et ses dirigeants?  Avec son dernier ouvrage « Cuba, ce que les médias ne vous diront jamais », Salim Lamrani donne les clés pour comprendre. Le prologue de Nelson Mandela, expert en matière de droits de l’homme et de lutte contre l’injustice, s’affiche comme une invitation à la réflexion. Cet homme là n’a jamais fait  dans la figuration.

 

Pour Salim Lamrani, Cuba n’est pas un paradis. L’universitaire et journaliste dépeint la complexité de la réalité cubaine souvent présentée de manière caricaturale. « Les difficultés, écrit-il, les vicissitudes – les aberrations parfois – et les contradictions y sont nombreuses. Mais est-ce pour autant l’enfer décrit quotidiennement dans la presse occidentale ? »  L’auteur a enquêté sur place. Il a étudié les documents des institutions internationales, européennes, nord-américaines traitant des relations avec Cuba et l’approche hostile de la dite « grande » presse. Il décortique  les postures et les textes. Un véritable travail de scientifique. Une analyse sans complaisance à des années lumière de la propagande favorable ou pas à la révolution cubaine. Des faits, toujours des faits. L’auteur est rigoureux.

 

Salim Lamrani doit s’attendre à recevoir bien des coups car son travail ne s’inscrit pas dans le « médiatiquement correct ». Ceux qui le liront en toute indépendance d’esprit et dégagés des pressions dominantes trouveront de quoi réfléchir sur les véritables raisons de la misérable campagne contre Cuba.

 

José Fort

Journaliste à l’Humanité

 

Salim Lamrani

Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais

Prologue de Nelson Mandela

Paris, Editions Estrella, 2009

300 pages

18€

Disponible en librairie et sur Amazon : http://www.amazon.fr/Cuba-Medias-Vous-Diront-Jamais/dp/2953128417/ref=pd_rhf_p_t_1

Pour toute commande dédicacée, contacter directement : lamranisalim@yahoo.fr

 

 

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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 23:14

Le tueur, tome 7 : Le commun des mortels
de Matz (Scénario), Luc Jacamon (Dessin)

critiqué par Dirlandaise, le 16 novembre 2009

"Ma seule chance de sauver ma peau..."

Revoilà mon personnage de bande dessinée préféré dans un septième tome aussi bon et palpitant que les précédents. Cette fois, il se trouve à Cuba et a un contrat qu’il ne veut pas remplir. Mais si le gars à abattre ne l’est pas dans le délai prévu, ce sera le tueur qui disparaîtra de la surface de la terre. Notre homme le sait parfaitement et demande donc l’aide d’un haut fonctionnaire cubain au risque de se faire emprisonner suite aux déclarations et confidences qu’il devra lui faire au sujet de son travail. Mais Cuba n’est pas un pays comme les autres et cela change tout. D’ailleurs, le tueur se sent tellement bien à Cuba qu’il songe par moments à s’y installer. Et ce qui n’est pas pour gâter les choses, il fait la rencontre d’une magnifique cubaine qui lui fait vivre de très beaux moments. Cependant, le Venezuela demeure sa patrie d’adoption et son cœur y est toujours resté.

Encore une fois, j’ai plongé dans la vie de ce personnage mythique dont les réflexions philosophiques savoureuses sur les vicissitudes de la vie n’ont de cesse de m’enchanter. J’ai trouvé cet album particulièrement éloquent quant à la politique internationale. Au début, notre héros se laisse aller à nous faire part de ses idées sur ce qui se passe dans le monde que ce soit la situation de Cuba, le Darfour, le génocide arménien, les massacres au Rwanda, mais c’est Cuba qui vole la vedette et notre tueur remet les choses en perspective et démantèle les informations bidon diffusées par les médias contrôlés par une poignée de milliardaires. Tiens, cela me rappelle le discours d’un certain cinéaste québécois disparu récemment… Peut-être est-ce pour cela que cette série me séduit tant, enfin cela joue certainement. Les idées politiques qui y sont avancées sont tellement pertinentes. Les Etats-Unis et la France y sont écorchées assez sérieusement.

Donc notre tueur essaie de sauver sa peau tout en goûtant au charme féminin que lui offre sa compagne. Bien sûr, l’incontournable Mariano est de la partie et vient prêter main forte à notre homme qui demeure tout de même un grand solitaire devant l’éternel. On retrouve les mêmes auteurs pour le texte et les dessins donc la série ne souffre d’aucune baisse de qualité au contraire. Les scènes d’action sont toujours aussi palpitantes et certaines planches sont magnifiques, je pense à la toute première en particulier. Cet épisode se termine sur la mention « à suivre… » donc un huitième tome nous sera offert pour mon plus grand plaisir.

« Hemingway et Garcia Marquez, entre autres, ont manifesté leur amitié et leur soutien à Fidel Castro. Des types intelligents, libres, courageux et talentueux et qui s’y connaissent en hommes et en courage. Ça veut dire quelque chose non ? Au moins que les choses ne sont pas telles qu’on nous les rabâche sans arrêt, qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on raconte sur Cuba et sur Castro, qu’il faut se méfier de la propagande déguisée en pseudo-défense des droits de l’homme et de la démocratie… »

« L’homme moderne ajoute des pages toujours plus abominables à son catalogue des horreurs. Le génocide du Rwanda en a fourni des exemples sanglants. Il n’y a sans doute pas grand-chose de nouveau sous le soleil, mais c’était sous nos yeux et comme toujours, personne n’a bougé. »

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29 octobre 2009 4 29 /10 /octobre /2009 21:13


Une démonstration implacable

 

Ramón Chao*


Ce que les médias ne vous diront jamais au sujet de Cuba, vous le découvrirez dans le dernier livre de Salim Lamrani qui porte un titre similaire (Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais). Les médias ne lui accorderont pas la diffusion qu’il mérite car Lamrani pointe avec minutie les graves manquements des médias occidentaux dans leur traitement de l’information sur ce sujet.


Avec une rigueur scientifique, Lamrani dévoile l’ampleur du gouffre qui sépare l’image médiatique de Cuba et la réalité de ce pays. Tout y passe : droits de l’homme, dissidence, émigration, liberté d’expression. Pour ce faire, Lamrani n’entre pas dans des considérations politiques ou idéologiques. Il se base uniquement sur des faits et place les médias occidentaux face à leurs propres contradictions. Les sources utilisées ne sont pas confidentielles ; elles sont publiques et disponibles, mais soigneusement ignorées par la presse.


La démonstration est implacable. Lamrani place le lecteur face à une réalité indiscutable et le laisse tirer ses propres conclusions. La liste est longue et la lecture instructive. On comprend mieux pourquoi il est difficile de trouver des comptes-rendus du livre dans la presse.


*Journaliste et écrivain, ancien directeur de l’information à RFI, Ramón Chao est également le père du célèbre chanteur Manu Chao.


Salim Lamrani

Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais

Prologue de Nelson Mandela

Paris, Editions Estrella, 2009

300 pages

18€

Disponible en librairie et sur Amazon : http://www.amazon.fr/Cuba-Medias-Vous-Diront-Jamais/dp/2953128417/ref=pd_rhf_p_t_1

Pour toute commande dédicacée, contacter directement : lamranisalim@yahoo.fr

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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 20:10

A l’occasion de la sortie de son cinquième ouvrage, voici une interview exclusive de Salim Lamrani pour Cuba Sí France suivie d’un chapitre du livre intitulé : "Les mercenaires de la Maison-Blanche".

Cuba Sí : Vous venez de publier un nouveau livre. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Salim Lamrani : Ce livre traite de la désinformation médiatique en Occident au sujet de Cuba et illustre le gouffre énorme qui existe entre la représentation faite de Cuba par notre presse et la réalité de ce pays. Cet ouvrage permet également de questionner le rôle des médias : sont-ils chargés de fournir une information fiable et objective aux citoyens ou bien s’évertuent-ils à défendre l’ordre politique, économique et social établi ?

Cuba Sí : Quels en sont les principales problématiques ?

Salim Lamrani : Il en a plusieurs mais j’évoque surtout celles que les médias occidentaux traitent en général, à savoir la question des droits de l’homme, l’opposition cubaine, l’émigration, et le futur de Cuba.

Cuba Sí : Votre ouvrage comporte un prologue de Nelson Mandela.

Salim Lamrani : Nelson Mandela est un personnage extraordinaire qui est une source d’inspiration pour tous ceux qui luttent contre l’injustice et en faveur d’un monde meilleur. Il m’a fait l’immense honneur de lier sa plume à mon livre et j’ai à son égard une dette de gratitude infinie.

Extrait du chapitre 4 : "les mercenaires de la Maison Blanche"

La dissidence cubaine jouit d’une couverture médiatique exceptionnelle en Occident, largement disproportionnée par rapport à sa taille et son influence. Aucune opposition latino-américaine n’est autant choyée par les transnationales de l’information. D’après la presse, elle serait sauvagement réprimée par les autorités cubaines et ne disposerait d’aucun espace d’expression. Pourtant, il ne se passe pas une semaine sans que les médias occidentaux ne publient des interviews de ces fameux opposants censés être muselés par le « régime castriste ». Sont-ils représentatifs de la société cubaine ? Sont-ils indépendants de toute influence étrangère ?

1. Les « opposants »

L’opposition cubaine dispose d’un statut particulier. D’une part, elle est extrêmement prisée par la presse occidentale. En effet, aucun groupe d’opposants en Amérique latine, hormis peut-être l’opposition vénézuélienne, ne bénéficie d’une telle aura médiatique. D’autre part, elle reçoit des financements colossaux de la part des Etats-Unis, dont les médias ne disent mot, et jouit d’une liberté d’agir qui scandaliserait les procureurs du monde entier.

Le 21 juin 2007, la Chambre des Représentants étasunienne a décidé de voter le budget de 45,7 millions de dollars pour l’année 2007-2008, présenté par le président Bush, à destination des dissidents cubains. Ainsi, 254 congressistes, dont 66 démocrates, ont approuvé la stratégie de la Maison-Blanche destinée à renverser le gouvernement cubain. Le législateur de Floride, Lincoln Díaz-Balart, descendant direct de l’ancien dictateur Fulgencio Batista, s’est réjoui de cette aide. « Cette victoire constitue un soutien pour l’opposition politique interne » cubaine, a-t-il souligné. « L’aide aux opposants n’est pas symbolique mais concrète », a-t-il ajouté. Il a également rendue publique une lettre de certains éminents dissidents cubains qui affirment que l’aide étasunienne « est un élément vital pour la survie des militants (1) ».

Pour l’année 2007-2008, la Chambre a également alloué une somme de 33,5 millions de dollars (6 millions de plus qu’en 2006) à Radio et TV Martí. Ces deux médias étasuniens diffusent illégalement des émissions subversives en direction de Cuba dans le but d’inciter la population à renverser l’ordre établi (2).

Ce même jour, le 21 juin 2007, le chef de la diplomatie étasunienne à La Havane, Michael Parmly, a reçu en grande pompe les célébrissimes dissidents René Gómez Manzano, Félix Bonne, Martha Beatriz Roque et Vladimiro Roca dans sa somptueuse résidence personnelle. Ces derniers étaient venus remercier leur précieux mécène pour sa générosité (3) .

Les médias occidentaux, pourtant si prolixes à l’égard de Cuba, sont restés étrangement silencieux sur ces deux évènements. Les raisons en sont relativement simples. Les personnages qu’ils s’évertuent à présenter depuis des années comme de valeureux militants à la recherche de la démocratie ne sont en réalité que de vulgaires mercenaires qui se vendent au plus offrant. Le mot mercenaire n’est pas un terme hors de propos ou exagéré. Selon le Littré, il s’agit de tout individu « qui travaille pour de l’argent, à qui l’on fait faire tout ce qu’on veut pour de l’argent (4)». Manzano, Bonne, Roque et Roca entrent pleinement dans cette définition.

Pourtant, il n’y a rien de nouveau à tout cela. Depuis des décennies, les Etats-Unis tentent par tous les moyens de fabriquer et de diriger une opposition interne à Cuba, afin de mettre un terme au processus révolutionnaire cubain. Les archives étasuniennes sont éloquentes à cet égard. Par ailleurs, de nombreux documents étasuniens, officiels et publics, attestent de cette réalité qu’aucun journaliste ou analyste politique digne de ce nom ne peut ignorer. La loi Torricelli de 1992, et plus particulièrement l’article 1705, stipule que « les Etats-Unis fourniront une assistance, à des organisations non gouvernementales appropriées, pour soutenir des individus et des organisations qui promeuvent un changement démocratique non violent à Cuba (5) ». La loi Helms-Burton de 1996 prévoit, à l’article 109, que « le Président [des Etats-Unis] est autorisé à fournir une assistance et offrir tout type de soutien à des individus et des organisations non gouvernementales indépendantes pour soutenir des efforts en vue de construire la démocratie à Cuba (6) ».

Le premier rapport de la Commission d’assistance à une Cuba libre, adopté le 6 mai 2004, envisage la mise en place d’un « solide programme de soutien favorisant la société civile cubaine ». Parmi les mesures préconisées, un financement à hauteur de 36 millions de dollars est destiné au « soutien de l’opposition démocratique et au renforcement de la société civile émergeante (7) ». Le second rapport de la même Commission, rendu public le 10 juillet 2006, prévoit également un budget de 31 millions de dollars pour financer davantage l’opposition interne (8).

En 2003, la justice cubaine avait condamné 75 personnes stipendiées par les Etats-Unis, suscitant une réprobation médiatique internationale. Dans n’importe quel autre pays du monde, des individus tels que Manzano, Bonne, Roque et Roque se trouveraient actuellement derrière les barreaux (9). Ricardo Alarcón, président de l’Assemblée nationale cubaine a averti les membres de la « dissidence » du fait que ceux qui conspireraient avec Washington et accepteraient ses émoluments devront en « payer les conséquences (10)».

« Tant que cette politique existera, il y aura des personnes qui se trouveront impliquées […]. Elles conspireront avec les Nord-américains [et] accepteront l’argent. Cela est un délit selon les lois cubaines. Je ne connais aucun pays qui ne classe pas une telle activité comme un délit », a souligné Alarcón. « Imaginez que quelqu’un aux Etats-Unis soit soutenu, entraîné, équipé et conseillé par un gouvernement étranger. Cela est un délit en soi. C’est un délit très grave aux Etats-Unis et cela peut coûter de nombreuses années en prison, beaucoup plus que ce que l’on peut risquer ici à Cuba », a-t-il conclu (11).

Il en est de même en France comme le stipule l’article 411-4 du code pénal et une affaire survenue en 2004 illustre éloquemment cette réalité. Le 28 décembre 2004, les autorités françaises ont procédé à l’arrestation de Philippe Brett et Philippe Evanno, deux collaborateurs de M. Julia. Ils avaient été à l’origine d’une tentative infructueuse destinée à libérer les deux otages français en Irak, Christian Chesnot et Georges Malbrunot en septembre 2004. Ces deux personnes ont été mises en examen pour « intelligence avec une puissance étrangère de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ». Ils ont été présentés aux juges antiterroristes Jean-Louis Bruguière et Marie-Antoinette Houyvet, qui s’occupent des affaires ayant trait à la sûreté de l’Etat. Ils ont été accusés d’avoir pris contact avec la résistance iraquienne et d’avoir reçu une assistance logistique de la Côte-d’Ivoire. Brett et Evanno étaient passibles de dix ans de réclusion criminelle et de 150 000 euros d’amende. M. Julia a échappé à la justice grâce à son immunité parlementaire. La gravité des charges retenues contre eux n’a suscité aucun émoi au sein de la presse occidentale (12).

Le rapport de 2006 prévoit également 24 millions de dollars additionnels pour Radio et TV Martí, afin d’amplifier les transmissions de programmes subversifs vers Cuba, en violation de la législation internationale. Les membres de la « dissidence » cubaine disposent d’une partie de cette somme pour acquérir et distribuer des équipements radiophoniques et télévisuels permettant de capter les programmes émis depuis les Etats-Unis. D’autres pays sont invités à transmettre des émissions subversives vers Cuba. Le rapport prévoit également « d’entraîner et d’équiper des journalistes indépendants de la presse écrite, radiophonique et télévisuelle à Cuba (13)».

La presse occidentale, qui a censuré cette réalité, avait stigmatisé l’action des autorités cubaines, en dénonçant les sanctions prises à l’encontre de « militants pacifiques et de journalistes indépendants ». Selon elle, les inculpés auraient été châtiés pour avoir ouvertement exprimé leur désaccord avec la ligne officielle et avoir publié des articles diffamatoires dans la presse d’extrême droite de Miami (14).

Il sied de s’arrêter un instant sur ces accusations. Les deux « dissidents » cubains qui disposent de l’influence médiatique la plus importante au niveau international, qui lancent les invectives les plus acerbes contre la Révolution cubaine et qui jouissent de la bienveillance la plus soutenue auprès des extrémistes d’origine cubaine de Miami sont Oswaldo Payá et Elizardo Sánchez (15). Face à eux, Raúl Rivero passe pour un opposant relativement modéré et frileux (16). Or ce dernier avait été condamné à une peine de vingt ans de réclusion criminelle. Payá et Sánchez n’ont eu aucun ennui avec la justice, alors que leurs écrits politiques sont beaucoup plus virulents que ceux de Rivero. L’explication est assez simple : Payá et Sánchez ont, jusqu’à présent, toujours refusé le financement généreusement offert par Washington, tandis que Rivero a commis l’erreur de profiter des largesses financières de l’administration Bush. C’est cela qui a été condamné, et non la production littéraire ou politique supposément hétérodoxe.

Intégrer l’univers de la « dissidence » est un juteux commerce. Les avantages économiques de cette profession sont conséquents et attisent la convoitise d’individus peu scrupuleux. Les 75 personnes condamnées n’exerçaient aucun métier et vivaient des émoluments offerts par les autorités étasuniennes, en échange des tâches réalisées. Les appointements considérables pour le niveau de vie de la société cubaine ont conduit certains personnages à amasser de petites fortunes personnelles, s’élevant jusqu’à 16 000 dollars en liquide, alors que le salaire moyen oscille entre quinze et vingt dollars par mois (17). Ils menaient ainsi un train de vie largement supérieur à celui des Cubains, et profitaient également des incomparables privilèges que procure le système social cubain.

Pour évaluer précisément l’importance d’une telle somme, il convient de appeler la valeur du dollar à Cuba. Pour l’équivalent d’un dollar, un Cubain peut s’offrir au choix : cent quatre litres de lait, quarante-cinq kilos de riz, vingt-six tickets pour des matchs de base-ball, entre cinq et vingt-six places de théâtre ou de cinéma, 5200 kilowatts d’électricité ou cinq cours d’anglais télévisés de cent soixante heures chacun. Tous les autres aliments de première nécessité (pain, haricots, huile.) sont dans le même ordre de prix. A cela s’ajoute la gratuité des services d’éducation et de santé. Etant donné que 85% des citoyens cubains sont propriétaires de leur logement, ils ne payent aucun loyer. De plus, l’impôt n’existe pas à Cuba. Autre fait unique au monde : les médicaments achetés dans les pharmacies coûtent deux fois moins cher que ce qu’ils valaient il y a cinquante ans (18). Tout cela est possible grâce aux subventions octroyées annuellement par l’Etat cubain, tant vilipendé par les mêmes « dissidents » qui ne manquent pas de profiter des conditions de vie avantageuses qu’offre la société cubaine.

Suite à l’intervention diplomatique de l’Espagne, plusieurs personnes incarcérées depuis mars 2003, dont Raúl Rivero, ont été libérées fin novembre 2004 pour des raisons humanitaires (19). Il convient de souligner que Rivero a profité d’une médiatisation internationale uniquement parce qu’il était, avec Oscar Elias Biscet, le seul individu écroué sur les 75 à avoir réellement exercé le métier de journaliste. Son cas est intéressant dans la mesure où il jette une lumière sur l’ampleur de la campagne de désinformation lancée contre Cuba. Dans une interview accordée à Reporters sans frontières, Blanca Reyes, femme de Rivero, affirmait que celui-ci se trouvait dans des « conditions de détention infrahumaines et inacceptables ». Elle ajoutait par la même occasion qu’il avait perdu quarante livres (19,5 kilos). « [Il] a faim. Je veux que l’on sache [que] Raúl Rivero souffre de la faim », déplorait-elle dans un élan mélodramatique de circonstances (20). Cette information avait été reprise en grande pompe par l’ensemble de la presse internationale.

Or, lors de sa sortie de prison, Rivero est apparu en excellente santé, avec un embonpoint notable, comme l’illustres les photos prises par la presse et comme n’ont cessé de le clamer les autorités cubaines (21). Alors que Washington et ses relais dénonçaient avec une remarquable répercussion médiatique les « effroyables conditions de vie » des prisonniers, Rivero lui-même avoua avoir eu un accès sans restrictions à la lecture et avoir dévoré avec avidité le dernier roman de l’écrivain colombien Gabriel García Márquez, Historias de mis putas tristes, ouvrage difficile à trouver dans les librairies françaises à l’époque (22). Rivero n’a pas vécu dans un hôtel quatre étoiles, certes, mais pas dans un « goulag tropical » non plus comme les âmes bienséantes se plaisent à qualifier les prisons cubaines, comme si les pénitenciers du reste du monde étaient des lieux de villégiature (23).

Sans doute, les prisons d’Abu Ghraïb en Irak, où la torture de prisonniers de guerre a été institutionnalisée par Washington, sont-elles plus confortables. Que dire des geôles de Guantanamo, zone de non droit où la torture appliquée aux détenus est telle que de nombreuses tentatives de suicide ont eu lieu chez des personnes très pieuses pour qui le fait de mettre un terme à ses jours constitue le pire des pêchés (24) ? Dans tous les cas, très peu de réclusionnaires peuvent se vanter d’avoir eu accès au dernier roman de García Márquez, avant même certaines librairies européennes spécialisées.

Mais cela n’est guère nouveau. En effet, la transformation de criminels en « dissidents » ne date pas d’aujourd’hui. L’histoire d’Armando Valladares, le « poète paralytique condamné pour délit d’opinion », selon la propagande de Washington, est riche d’enseignements. Arrêté en 1960 pour terrorisme, cet ancien officier de police de la dictature de Batista reçut le soutien d’une grande campagne internationale lancée par l’extrême droite cubaine de Floride au début des années 80. Après des tractations effectuées par le gouvernement français de François Mitterrand, sous l’égide de Régis Debray, le prisonnier fut libéré et perdit, par la même occasion, ses talents de poètes et son hémiplégie. Par contre, il conserva soigneusement ses aptitudes de comédien et, ayant obtenu la nationalité étasunienne, il s’engagea auprès du gouvernement de Ronald Reagan, devenant ambassadeur auprès des Nations unies. Dépité, Régis Debray avait écrit dans son livre Les Masques : « L’homme n’était pas poète, le poète n’était pas paralytique, et le Cubain est aujourd’hui américain (25) ».

Luis Ortega Sierra est un journaliste cubain qui s’est exilé aux Etats-Unis en 1959, au triomphe de la Révolution. C’est un farouche adversaire du gouvernement de La Havane comme l’illustrent ses écrits. Il était lié à l’ancien dictateur cubain Fulgencio Batista qui finançait ses activités. Dans une lettre du 22 septembre 1961 à l’ancien homme fort de Cuba, Ortega avait exprimé sa « sympathie » et son « admiration » à son égard (26).

A propos des opposants cubains, Ortega déclare la chose suivante :

Les dissidents à Cuba sont des gens sans importance politique et tout le monde partage cet avis, même ceux qui vivent à leurs dépens. Ce sont des marionnettes de la mafia de Miami. Ils sont au service de la Section d’Intérêts des Etats-Unis qui les balade d’un endroit à un autre […]. Ce sont des gens qui reçoivent un salaire et une orientation idéologique du gouvernement américain. Cela n’est un secret pour personne. C’est le gouvernement nord-américain qui leur octroie de l’argent pour financer les activités de ces messieurs dans l’île. Penser que cet élément puisse représenter un mouvement puissant d’opposition au gouvernement est une bêtise (27).

Si l’Iran ou la Chine finançaient des opposants aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou en France, ces derniers tomberaient immédiatement sous le coup de la loi. Si les médias occidentaux étaient intellectuellement libres, ils n’utiliseraient qu’un seul terme pour se référer à ceux qui se présentent comme des opposants au gouvernement cubain : mercenaires.

Notes

(1) Wilfredo Cancio Isla, « La Cámara da sólido apoyo a la democracia en Cuba », El Nuevo Herald, 22 juin 2007.

(2) Ibid.

(3) Andrea Rodriguez, « Disidentes cubanos usan casa de diplomático de EEUU », The Associated Press, 21 juin 2007.

(4) Le Littré, V. 1.3.

(5) Cuban Democracy Act, Titre XVII, Section 1705, 1992.

(6) Helms-Burton Act, Titre I, Section 109, 1996.

(7) Colin L. Powell, Commission for Assistance to a Free Cuba, (Washington : United States Department of State, mai 2004). www.state.gov/documents/organization/32334.pdf (site consulté le 7 mai 2004), pp. 16, 22.

(8) Condolezza Rice & Carlos Gutierrez, Commission for Assistance to a Free Cuba, (Washington : United States Department of State, juillet 2006). www.cafc.gov/documents/organization/68166.pdf (site consulté le 12 juillet 2006), p. 20.

(9) Salim Lamrani, Fidel Castro, Cuba et les Etats-Unis (Pantin : Le Temps des Cerises, 2006).

(10) BBC, « Cuba Warns Dissidents Over US Aid », 12 juillet 2006.

(11) Ibid.

(12) Salim Lamrani, Fidel Castro, Cuba et les Etats-Unis, op. cit.

(13) Condolezza Rice & Carlos Gutierrez, Commission for Assistance to a Free Cuba, (Washington : United States Department of State, juillet 2006). www.cafc.gov/documents/organization/68166.pdf (site consulté le 12 juillet 2006), p. 22.

(14) Reporters sans frontières, « Un an après l’arrestation de 75 dissidents, Reporters sans frontières mobilise l’Europe contre la répression à Cuba », 18 mars 2004. www.rsf.org/article.php3?id_article=9547 (site consulté le 20 mars 2004).

(15) Oswaldo Paya, « Mensaje de Oswaldo Paya Sardiñas a Vaclav Havel, Presidente de la República checa en su visita a la ciudad de Miami, Florida », 23 septembre 2002. www.pdc-cuba.org/paya_havel.htm (site consulté le 25 septembre 2004) ; El Nuevo Herald, « Piden a Europa más firmeza contra el régimen », 7 octobre 2004. www.miami.com/mld/elnuevo/news/world/cuba/9853178.htm (site consulté le 8 octobre 2004).

(16) Raúl Rivero, « El cartel del queso blanco », Luz Cubana, Janvier/Février 2003, n°1 : 9-10.

(17) Felipe Pérez Roque, « Conferencia a la prensa nacional y extranjera », MINREX, 25 mars 2004 : 5-7.

(18) Gouvernement révolutionnaire de Cuba, « Documents », 18 avril 2003. www.cuba.cu/gobierno/documentos/2003/fra/n180403f.html (site consulté le 2 décembre 2004).

(19) Andrea Rodríguez, « En libertad el poeta y disidente cubano Raúl Rivero », El Nuevo Herald, 30 novembre 2004. www.miami.com/mld/elnuevo/news/world/cuba/10303056.htm (site consulté le 1 décembre 2004).

(20) Reporters sans frontières, « La mujer del periodista encarcelado Raúl Rivero denuncia unas condiciones de detención ‘inaceptables’ », 5 août 2003. www.rsf.org/imprimir.php3?id_article=7698 (site consulté le 17 décembre 2004).

(21) Nancy San Martin, « Cubans Tell Rivero to Consider Leaving », The Miami Herald, 1 décembre 2004. www.miami.com/mld/miamiherald/10308130.htm?1c (site consulté le 2 décembre 2004).

(22) Nancy San Martin, « Cubans Tell Rivero to Consider Leaving », The Miami Herald, 1 décembre 2004. www.miami.com/mld/miamiherald/10308130.htm?1c (site consulté le 2 décembre 2004).

(23) Olivier Languepin, « Dans les prisons de Castro », Le Monde, 31 décembre 2004.

(24) Robert Scheer, « A Devil’s Island for Our Times », Los Angeles Times, 28 décembre 2004.

(25) Gianni Miná, Un Encuentro con Fidel (La Havane : Oficina de Publicaciones del Consejo de Estado, 1987), pp. 43-60 ; Jean-Marc Pillas, Nos Agents à La Havane. Comment les Cubains ont ridiculisé la CIA (Paris : Albin Michel, 1995), pp. 145-51.

(26) Ivette Leyva Martínez, « Despierta singular interés vida y obra de Batista », El Nuevo Herald, 3 mai 2008.

(27) Luis Ortega Sierra, « Fidel rebasó la historia », in Luis Báez, Los que se fueron (La Havane : Casa Editora Abril, 2008), p. 221.

Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais Prologue de Nelson Mandela Paris, Editions Estrella, 2009. 300 pages 18€

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CUBA LINDA
05 53 08 96 66
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19 septembre 2009 6 19 /09 /septembre /2009 16:16
De Salim Lamrani
Prologue de Nelson Mandela,
Editions Estrella

Re-mar-quable ! Avec le prologue exceptionnel d’un ami prestigieux de Cuba, l’immense Nelson Mandela, ce livre est un réquisitoire au scalpel contre les exactions menées par les E-U à l’encontre de Cuba depuis 50 ans. Salim Lamrani éclaire, démonte, prouve, avec le souci permanent de justifier ses arguments, la nature politique du châtiment que les E-U infligent au peuple cubain, et qu’une haine farouche aveugle. Il démontre, preuves à l’appui, le caractère purement idéologique de la guerre impitoyable qu’ils mènent contre Cuba. En fouillant les archives, en corroborant les textes, en croisant les faits avec les déclarations, en examinant le droit international, en analysant les relations entre les nations, il explique le comportement hégémonique, arrogant et vengeur de l’Empire, atteste de l’énormité de ses mensonges, révèle la perfidie et l’amplitude des contre-vérités érigées en dogmes, relève la réalité sordide des coups tordus et la permanence des manipulations de toutes sortes, il prouve avec une rigueur implacable l’illégalité, l’illégitimité, l’immoralité et la cruauté de la stratégie étatsunienne à l’encontre de la Nation Cubaine. Pour l’Empire, « la fin justifie les moyens » mais Albert Camus ajoutait : « qu’est-ce qui justifie la fin ?». Salim Lamrani, en dévoilant méthodiquement les moyens aussi vils qu’exorbitants employés par les E-U pour abattre Cuba et que taisent par idéologie les médias occidentaux, dénonce avec éclat l’obscénité de leurs « fin ».



Qui a encore des doutes sur la réalité des relations cubanos-étatsuniennes,
Qui ne se contente pas d’une littérature superficielle et orientée, soumise à la pensée unique,
Qui veut comprendre pourquoi Cuba résiste toujours,
Qui veut contourner le black-out que nous imposent les médias sur ce sujet,
Qui, curieux, veut en savoir plus tout simplement,
Ce livre fouillé, exigeant, d’une grande clarté, et qui n’a pas d’équivalent de par son exhaustivité et sa rigueur intellectuelle, vous captivera... Et vous changera. Indispensable !


Michel TAUPIN 

Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais

Prologue de Nelson Mandela

Paris, Editions Estrella, 2009

300 pages

18€

Pour toute commande, veuillez contacter : lamranisalim@yahoo.fr

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27 août 2009 4 27 /08 /août /2009 10:19

Chers amies et amis,


Le 1er septembre 2009 sort mon ouvrage intitulé Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais aux Editions Estrella. Il s’agit d’un livre de 300 pages. Les principales problématiques de la réalité cubaine y sont analysées pour illustrer le gouffre qui sépare la réalité d’un pays complexe de l’image véhiculée par les médias occidentaux. Cet ouvrage contient également un extraordinaire prologue de Nelson Mandela qui m’a fait l’immense honneur d’associer sa plume à mon travail.


            Vous n’êtes pas sans savoir que les médias censurent toute pensée alternative au sujet de la problématique cubaine. Cet ouvrage n’y échappera probablement pas d’autant plus qu’il pointe du doigt les graves manquements de notre presse à son devoir d’information, ainsi que ses violations réitérées de l’éthique journalistique.


C’est la raison pour laquelle je fais appel à vous pour participer activement à la diffusion de ce livre et faire circuler cette information à tous les amis de Cuba ainsi qu’à celles et ceux qui s’intéressent à ce pays, et souhaitent sortir de la pensée unique.


Vous trouverez ci-joint la couverture et la quatrième de couverture avec son texte.


L’ouvrage n’est pas encore distribué en librairie mais il est disponible dès à présent auprès de l’auteur au prix de 18€. Des tarifs spéciaux sont réservés aux associations.


N’hésitez pas à me contacter pour toute information supplémentaire. Je suis, bien entendu, à la disposition de tous celles et ceux (personnes, associations, librairies…) qui souhaiteraient m’inviter pour une présentation de ce livre ou un débat.


Je serai présent à la Fête de l’Humanité le 11, 12 et 13 septembre 2009 pour y dédicacer mon livre. Une présentation est prévue sur les stands de Granma (le 12 septembre à 14h), de Cuba Si et de France Cuba (date et heure à définir).


Je compte sur votre soutien.


Amicalement,


Salim Lamrani.


lamranisalim@yahoo.fr



Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais

Prologue de Nelson Mandela

Paris, Editions Estrella, 2009

300 pages

18€
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24 août 2009 1 24 /08 /août /2009 23:17

Alors que Che, le film en deux parties de Steven Soderbergh sur Ernesto Guevara, vient de sortir en DVD, les éditions Delcourt annoncent la réédition d’un livre biographique hors norme consacré au leader révolutionnaire, signés par trois stars de la BD argentine: Hector Oesterheld, Alberto Breccia et Enrique Breccia.


 

 Publié en Argentine en 1968, quelques mois seulement après la mort du Che, cet album est alors un grand succès avec 60000 exemplaires vendus en quelques semaines. Mais en 1973, il est interdit par la junte au pouvoir. Quatre ans plus tard, son scénariste Hector Oesterheld est enlevé par la police militaire en raison de ses liens avec le mouvement de la gauche péroniste Los Montoneros. Il est exécuté en 1978.

Che connaît aujourd’hui sa seconde édition française (la version publiée en 2001 par Fréon est aujourd’hui introuvable). Dessinée dans un style mi-photographique, mi-expressionniste par Alberto Breccia (qui avait collaboré avec Oesterheld sur Mort Cinder notamment) et son fils Enrique (alors tout juste 23 ans), cette biographie de 80 pages retrace chronologiquement le parcours d’Ernesto Guevara, ponctuant ce déroulé classique de chapitres sombres et violents évoquant ses derniers jours avec la guérilla bolivienne. Écrits avec une plume poétique et incisive, les longs récitatifs sont passionnants et les séquences ne se perdent pas dans les détails comme avait pu le faire Spain Rodriguez dans une autre biographie du Che en BD, parue en début d’année. Le Che des trois auteurs argentins dépasse cette dernière largement, et se pose comme une bande dessinée historique de première importance.

Che. Par Hector Oesterheld, Alberto Breccia et Enrique Breccia. Delcourt, 12,90 €, le 9 septembre 2009.


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31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 10:54
...deux livres que vous ne retrouverez sans doute pas en tête de gondole à la F...
Michel J. Cuny - Entretiens avec Karl Marx, Friedrich Engels, Vladimir Ilitch Lénine, Éditions Paroles Vives, 2008, 478 pages, 29 euros (port compris).
Et le dernier livre de Maxime Vivas,
Victor Hugo à La Havane 
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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 13:16


Ma rencontre avec Che Guevara, à La Havane, lui, très différente. Il était près d'une heure du matin quand je réussis à le voir, invité par lui dans son bureau du ministère des Finances ou de l'Économie, je ne sais plus très bien. Nous avions rendez-vous à minuit mais j'étais en retard, ayant dû assister à une cérémonie officielle où, de surcroît, j'étais assis a la présidence.

Le Che portait des bottes, un uniforme de campagne, et des pistolets à la ceinture. Sa tenue avait quelque chose d'insolite dans le cadre bancaire de l'endroit.

Il était brun et parlait lentement, avec un fort accent argentin. Il semblait fait pour bavarder tranquillement, dans la pampa, entre deux matés. Ses phrases, courtes, s'achevaient sur un sourire, comme s'il laissait en suspens le commentaire.

Je fus flatté par ce qu'il me dit du Chant général, Il avait pris l'habitude de le lire le soir à ses guérilleros, dans la sierra Maestra. Maintenant que les ans ont passé, je frémis en pensant que mes poèmes l'ont accompagné aussi dans la mort. J'ai su par Régi; Debray que dans les montagnes de Bolivie il avait gardé jusqu'à la fin deux livres dans sa musette : un manuel d'arithmétique et mon Chant général.

Cette nuit-là, le Che me dit une chose qui me déconcerta mais qui explique peut-être en partie son destin. Son regard allait de mes yeux à la fenêtre noire du bureau. Nous parlions d'une invasion possible, nord-américaine. J'avais vu dans les rues de La Havane des sacs de sable disséminés aux endroits stratégiques. Et soudain le Che déclara :

- La guerre... La guerre... Nous sommes toujours contre la guerre, mais quand nous l'avons faite nous ne pouvons vivre sans elle. A tout instant nous voulons y retourner.

Il réfléchissait à voix haute, et pour moi. Je l'écoutai avec une stupeur sincère. Je vois dans la guerre une menace et non un destin.

Nous nous quittâmes et je n'eus plus l'occasion de le rencontrer. Il y eut ensuite son combat dans la forêt bolivienne et sa mort tragique. Pourtant, je continue à voir dans le Che Guevara cet homme méditatif qui, durant ses batailles héroïques, réserva toujours, près de ses armes, une place pour la poésie.

En Amérique latine, « espérance » est un mot que nous chérissons. Nous aimons être appelés « le continent de l'espérance ». Les candidats à la députation, au sénat, à la présidence, se proclament « candidats de l'espérance ».

Dans la réalité, cette espérance est un peu comme le ciel promis, une promesse de paiement sans cesse retardée. On la reporte à la prochaine période législative, à l'année suivante, au siècle suivant.

Avec la révolution cubaine, des millions de Sud-Américains ont eu un réveil brutal. Ils n'en croyaient pas leurs oreilles. Cela ne figurait pas dans les livres d'un continent qui vivait désespérément en pensant à l'espérance.

Et voilà que tout à coup Fidel Castro, un Cubain que personne ne connaissait auparavant, attrapait l'espérance par les cheveux ou par les pieds et, au lieu de la laisser voler, l'asseyait à sa table, c'est-à-dire à la table et au foyer des peuples d'Amérique.

Depuis, nous avons beaucoup avancé dans ce chemin de l'espérance devenue réalité. Mais nous vivons sur une corde raide. Un pays voisin, très puissant et très impérialiste, veut écraser Cuba et l'espérance et tout le reste. Les masses d'Amérique lisent tous les matins le journal, et tous les soirs écoutent la radio, en soupirant avec satisfaction. Cuba existe. Un jour de plus. Une année de plus. Un lustre de plus. Notre espérance n'a pas été décapitée. Elle ne sera pas décapitée.



J'avoue que j'ai vécu, La poésie est un métier, p 476. Editions Gallimard, 1975, Traduction de Claude Couffont
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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 12:41
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Par José Martí


Traduit par Jacques-François Bonaldi



Scéne 2

Abdallah:

En fin, mon bras puissant à l'ardeur guerrière
Pourra faire tournoyer le rude cimeterre !
Et mon noble coursier - ah, Dieu, qu'il ne me faille !-
Pourra caracoler au feu de la bataille !
Enfin, mon jeune front verra la renommée !
C´est moi qui sauverai ma patri angoissée,
Moi qui arracherai le peuple à l´oppresseur
Qui, déjà, le malmène                                    
                 et le voue au malheur !
Ainsi, c´est à mes pieds, défenseurs de Nubie,
Que le tyran vaincu gémira pour sa vie !
Et les lâches qui l'aident et tous ceux qui le vantent
Devant nos moulinets gémiront d'épouvante,
Et leurs superbes fronts, au bruit de nos alfanges,
Et leurs âmes altières rouleront dans la fange !
La plaine qui déroule ses champs à l'infini,
Tel un témoin muet, dira leur infamie !
Devant l 'homme affranchi, l'oppresseur s´enfuira !
L'opprimé, sa souillure, rédimé, lavera !
Infâme conquérant, le moment de ta mort
A maintenant sonné ; de tes guerriers l 'effort,
Non plus que leur vaillance et l ´horrible menace
Non plus que leur vaillance et l´horrible menace
Ne pourront nullement endiguer notre audace.
L´esclave de tout temps a su rompre ses chaînes ;
Et au coeur  de son maître, quand brûle trop sa haine,
Plonger le coutelas. Crains donc ta dernière heure
Et que l´ambition ne se fasse ton malheur,
Qu´en ton sein ne s´enfonce- ô douce violence !-
Du Nubien affranchi l´irrésistible lance.
Il me semble déjà les entendre rugir,
Tel le tigre à sa proie          
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