blog des amis de Cuba en Lorraine
Le bougre savait montrer son étonnement, il manifestait un intérêt pour toute chose, Cuba certes et bien entendu, mais plus largement il évoquait aussi bien l'histoire et le présent de son parti communiste, dont il avait porté les couleurs lors d'une cantonale dépassant les 5%, bel exploit, mais aussi un coeur gros et parfois gros sur le coeur pour la défense de ses camarades de boulot avec son engagement sans faille à la CGT.
Raoul c'est également sa famille, ce qu'il aimait partager d'elle avec ses camarades, sa fierté pour ses enfants, son visage rayonnant quand il montrait tel ou tel cadeau de leur part, quand il racontait leur avancée dans la construction de leur vie,d' une telle importance pour lui.
Raoul un homme à part, sans calcul, sans égoisme, un extra terrestre en quelque sorte, quand il venait chez l'un ou l'autre c'était avec son duvet pour pas salir les draps et toujours le petit cadeau de l'amitié et des discussions passionnées, passionnantes sur Cuba, une curiosité digne d'un enfant, toujours en éveil, toujours à l'écoute, absorbant les mots de l'autre pour en faire les mots communs.
Naif pour certains, trop bon pour d'autres, de fait une générosité sans égale, un dévouement et un homme d'honneur, oui le mot est peut-être désuet mais c'est lui, tout lui.
Fraternel, humain,communiste jusqu'au tréfond de lui-même, cela aboutit bien sûr à ressentir les injustices à en être bouleversé sans avoir ni connaître pour autant les clés, les réponses appropriées pour que cela change tout de suite ce qui laisse ce goût amer...
Notre camarade luttait pour changer la vie, le monde, lourde tâche, tellement remise sur le métier que l'épuisement vous guette.
Le Che imprégnait tant Raoul que certains pouvaient y voir une sorte d'irrationnalité portant cela est se tromper du tout au tout, Raoul n'était ni mystique ni entré dans une religion nouvelle, celle de la Révolucion, Roul s'imprégnait du Che, de sa morale communiste et révolutionnaire, il donnait tout, il a tout donné, un être majestueux, un grand bonhomme.
La fête de l'Huma était l'instant des retrouvailles, il pouvait pleuvoir, Raoul rayonnait parmi les siens, il nous inondait de sa tendresse, de sa gentillesse et toujours ce temps trop court, si court qu'aujourd'hui les photos, les souvenirs nous étreignent tant nous nous sentons perdus, démunis, désemparés.
Beaucoup d'entre nous chercherons par instinct dans chaque rassemblement, dans chaque manifestation, dans toute initiative, cette formidable enfilade de drapeaux cubains qui servait de panache blanc auquel tous savaient y retrouver les camarades, cette canne à pêche qui surprenait tant les cubains et lors du cinquantième anniversaire du triomphe de la Révolution cubaine, ses et nos camarades du monde entier qui à la Havane se faisait photographier avec Raoul qui réussissait alors ce tour de force d'une Internationale autour de lui et de son étendard qui ondulait sous le vent cubain.
Alors nous pensons aux siens, à sa famille, leur souffrance est nôtre et nous leur disons notre affection, combien Raoul nous a donné et apporté, combien il nous a enrichi de ses mots, de sa présence.
Raoul tu nous manques si fort !
Alain Girard