Il fallait s'y attendre ! En effet, il était fort improbable que l'Administration Etatsunienne reste sans réplique après avoir enregistré cette semaine un véritable camouflet à savoir la décision historique de l'OEA de réintégrer Cuba en son sein. Cette Administration toujours dominée par un complexe de supériorité, avec la volonté farouche de conserver aux Etats-Unis en toutes circonstances sa prépotence, spécialiste des coups tordus en Amérique latine et plus spécialement envers Cuba depuis 50 ans, sort au lendemain de cette décision une bien minable diversion : l'arrestation de deux de leurs ressortissants, deux personnes âgées, qui se seraient adonnés à l'espionnage depuis 30 ans au profit du gouvernement cubain. Ce serait à crever de rire si le ridicule d'un tel fait d'arme (qui tombe à pic) ne camouflait en vérité l'irritation, voire l'humiliation que le Département d'Etat en la personne de Hilary Clinton, a vivement ressentie à l'annonce de la réintégration de Cuba dans l'OEA, persuadée qu'elle était qu'un consensus ne pourrait être trouvé. Entendons-nous bien : que cette information soit avérée ou non, n'a pas d'importance ! En effet, l'Etat Cubain est en droit de se défendre ; tenter de prévenir par des moyens appropriés (l'espionnage est utilisé notamment à ces fins par tous les pays du monde) tous les coups tordus qui se trament contre lui, est légitime. Ce ne sont pas les innombrables tentatives, des plus sanglantes aux plus crapuleuses, que le peuple cubain et Fidel Castro en particulier ont eu à essuyer qui me contrediront. Non ce qui est révélateur, c'est le moment choisi pour déballer cette affaire. L'objectif étant, en le diabolisant, de continuer à discréditer aux yeux du monde le gouvernement cubain au moment même où la majorité des états sud-américains en plein bouillonnement révolutionnaire, réclament avec force la cessation de toute discrimination à l'encontre de Cuba. Le processus engagé semble irréversible. La pression sur les Etats-Unis est permanente, les barbelés idéologiques qu'ils ont érigés autour de l'île sont peu à peu abattus. Cuba n'est plus seule ! Son combat pacifique, acharné et magnifique, pourrait enfin trouver une issue heureuse. Mais c'est sans compter sur l'aveuglement dogmatique de l'Administration étatsunienne et son cortège de basses manœuvres pour qui toute concession de sa part exige le passage des Cubains sous ses fourches caudines : conditions draconiennes et humiliantes que les Cubains ont toujours farouchement rejetées. Alors, la fin justifiant les moyens, le Département d'Etat déconfit, use et usera contre eux de manipulations et provocations, même les plus grotesques, espérant ainsi faire avaler au monde que La Havane ne cherche qu'à lui nuire. Il suffit pour s'en convaincre de lire les propos tenus par la plus haute responsable républicaine de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, Ileana Ros-Lehtinen, qui profitant de cette affaire d'espionnage a critiqué vendredi la politique cubaine en ces termes : "Alors que certains cherchent à pousser le régime de Castro à agir comme le reste du monde libre, La Havane ne pense qu'à menacer et détruire les intérêts américains".

Vive Cuba,

Michel Taupin