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22 août 2009 6 22 /08 /août /2009 13:14

AUTEUR:  Manuel CABIESES DONOSO

Traduit par  Gérard Jugant. Édité par Fausto Giudice


À mon sens les traits les plus importants de la Révolution Cubaine sont la dignité et son inépuisable capacité à se solidariser avec les souffrances et les besoins d’autres peuples.

Cette dignité, fruit du courage et du patriotisme du peuple et de ses dirigeants, a été démontrée de manière sereine et résolue dans chacune des multiples circonstances dures et périlleuses qu’elle a eu à affronter dans son premier demi-siècle.

D’autre part, la solidarité généreuse et inconditionnelle de Cuba avec d’autres peuples est, peut-être, le fruit le plus beau d’une révolution qui a mis l’accent sur la transformation éthique de la société. Il est très difficile de rencontrer un autre peuple qui soit capable, comme le cubain, de renoncer à son propre pain pour atténuer la faim et les besoins de ses frères des terres lointaines. Cela a beaucoup à voir avec l’homme nouveau qui s’est formé à Cuba.

Nous Chiliens avons le devoir- que nous n’avons pas toujours accompli - de témoigner de notre gratitude pour cette solidarité. Cuba nous a tout donné sans rien demander, sans attendre de rétribution ou de reconnaissance quelconque. Pour cela notre dette est si grande.


Par milliers nous Chiliens avons trouvé refuge dans l’île durant la dictature militaire qui martyrisa notre pays. Mais même auparavant la solidarité cubaine était présente, quand les tenailles usaméricaines transformèrent en réalité la menace de Nixon de “couler” l’économie du projet socialiste de Salvador Allende.


La solidarité que Cuba procura au Chili est impossible à mesurer en termes matériels, parce qu’elle avait une signification morale très importante. Il s’agit de cette solidarité qui se livre aux dépens du propre sacrifice. C’était la main tendue d’un peuple capable de donner jusqu’à sa vie en défense de la liberté et des droits de la nation chilienne. Les cargaisons de sucre arrivèrent quand le pays souffrait du boycott de l’Empire et le cuivre -le salaire du Chili, comme l’appela Allende -était embarqué dans les ports européens. Il s’agissait d’asphyxier l’économie pour provoquer l’ingouvernabilité dont avait besoin le coup militaire.


Mais en outre, après le coup d’État de 1973, vint l’énorme solidarité avec les persécutés par la dictature.


Nous ne fûmes pas les seuls à qui Cuba offrit refuge en cette époque ténébreuse de l’Amérique latine. Il y avait aussi les familles argentines, uruguayennes, boliviennes, péruviennes, nicaraguayennes, salvadoriennes, haïtiennes, colombiennes, honduriennes, qui fuyaient la terreur, la prison et la mort dans leurs pays. Mais il y avait par ailleurs les boursiers africains qui se formaient comme professeurs, médecins et ingénieurs. Et les enfants de Tchernobyl se remettant des horribles brûlures de l’accident nucléaire. Et les blessés et mutilés angolais, sud-africains et congolais soignés dans des hôpitaux et sanatoriums cubains. Les camarades de Giap, les compagnons de Mandela, les héritiers de Lumumba, les adeptes du Che de toutes les parties du monde.


Affiche de Jihad Mansour (Marc Rudin) pour le FPLP, 1989. Source : http://www.palestineposterproject.org


Nous Chiliens n’étions donc pas les seuls ni même les plus nombreux. Néanmoins dans l’île on nous faisait sentir qu’il n’y avait rien de plus important que la résistance au Chili. Les actes et meetings, les réunions dans les lieux de travail, les écoles, les universités et Comités de Défense de la Révolution (CDR) se succédaient de jour en jour. Ce qui se passait dans notre pays, la population le connaissait par des conférences et par l’information dans la presse, la radio et la télévision. Être Chilien était presque un privilège et nous nous sentions entourés d’amitié et de tendresse, jamais seuls ou abandonnés à notre sort.


Les noms de nos héros et martyrs furent adoptés par les organisations du peuple cubain. Abondaient les Comités de Défense de la Révolution Salvador Allende, Miguel Enriquez, Augusto Olivares, Carlos Lorca, Arnoldo Camu, Victor Jara, Marta Ugarte, Victor Díaz, Juan Alsina, Augusto Carmona... Leurs visages et biographies, poèmes et coupures de presse étaient sur les fresques des CDR et des lieux de travail.

Une avenue importante de La Havane reçut le nom de Salvador Allende et il en fut de même pour des rues et des parcs d’autres cités de l’île. De nombreuses écoles, coopératives et brigades de travail portent les noms de héros chiliens qui encore sont quasiment inconnus dans leur patrie. Il y eut des hommages, on écrivait et on parlait d’eux. J’ai vu, par exemple, un groupe de théâtre d’enfants de travailleurs de l’hôpital Miguel Enriquez représenter la vie de ce révolutionnaire chilien avec une sincérité qui fit pleurer les parents de Miguel, présents à cette représentation.


Statue de Salvador Allende à La Havane, sur l'avenue des Présidents


Ma famille et moi vivions dans le cœur de l’exil chilien, à l’Est de La Havane. Exactement dans l’appartement N°11, troisième étage de l’édifice D-2, zone 7 de Alamar. C’était deux blocs d’appartements de cinq étages qui furent livrés complètement équipés à des familles chiliennes-parmi elles beaucoup de femmes seules avec leurs enfants.

Au coin de la rue étaient les Uruguayens et plus loin les Argentins et les Boliviens...

Les immeubles d’Alamar-qui commençait à être une ville-satellite de La Havane furent construits par les brigades de travail volontaire de Cubains qui manquaient eux-mêmes de logements. Néanmoins, ce furent eux qui décidèrent, en assemblées, de fournir différents immeubles aux exilés qui cherchaient refuge à Cuba. Le nôtre fut inauguré par Laura Allende, la sœur du président héroïque, qui quelque temps plus tard décéda, malade d’un cancer et désespérée par l’interdiction par la dictature d’aller mourir au Chili.


Alamar fut notre petit monde pendant que nous avons demeuré dans l’île. Aidés par les voisins cubains, dans leur majorité des ouvriers, nous avons repris confiance en nous. Leur amitié et leur courage nous fit retrouver l’espérance. Leur joie nous permit de sortir de l’amertume de la défaite. Les Cubains nous enseignèrent la valeur des choses simples. Nous nous réjouissions avec eux pour chaque nouvelle victoire sur le blocus usaméricain. Nous partagions leur vie de chaque jour, montions la garde dans le CDR, faisions le travail volontaire, en nettoyant les décombres et les ordures, en entretenant les jardins, et nous nous préoccupions d’économiser l’eau et l’électricité. Nous récoltions des pots de verre d’usage infini. Nous maintenions propres les escaliers de l’immeuble, nous faisions la queue au magasin et nous nous chargions des achats des plus anciens.

Nous avons accompagné nos malades à l’hôpital et avons alterné pour demander des bourses pour les enfants.


La société cubaine nous a rééduqués, nous avons appris à partager.


Les enfants de notre communauté étaient boursiers à l’école “Solidaridad con Chile”, à Miramar. Beaucoup étaient des enfants de Chiliens assassinés ou qui étaient dans les prisons de la dictature ou qui luttaient dans la clandestinité. Les enfants bénéficiaient de la bourse du lundi au vendredi, recevant nourriture, vêtements, fournitures scolaires et soins médicaux, comme tout enfant cubain. Solennels et droits, avec leurs camarades cubains, ils faisaient chaque matin briller les foulards rouges qui attestaient leur condition de pionniers de la révolution.

Jamais comme à Cuba je n’ai vu d’ enfants aussi beaux, aussi bien flanqués et forts. Petites figures propres pleines de soleil, extravertis et avec une joie qui paraissait ne jamais se consumer. On devine parmi eux les futurs enseignants, soldats et ouvriers d’une patrie libre.

Les enfants plus grands, parmi lesquels les miens, allèrent à l’université et aux travaux des champs, à la récolte du tabac, des agrumes et du café. Ils devinrent médecins, économistes et scientifiques. Bien qu’il soient retournés au Chili depuis des années, ils n’ont pas perdu l’accent cubain ni les coutumes et goûts qu’ils apprirent dans l’île. Il est amusant aujourd’hui de les écouter quand ils se réunissent et se réjouissent en se souvenant de cette époque de leurs vies.

Chaque matin dans la guagua 215- l’autobus Alamar-La Havane - nous retrouvions les voisins de l’exil. Mario Benedetti à la Casa de las Américas, moi à des tâches d’appui à la résistance ou sur le chemin de quelque réunion du comité chilien qui fonctionnait dans le Vedado. Parfois nous échangions un clin d’œil de complicité avec de jeunes Chiliens qui portaient l’uniforme vert olive des Forces Armées Révolutionnaires. Ils étaient les futurs combattants internationalistes au Nicaragua et au Salvador. Beaucoup atteignirent aussi leur objectif de retourner clandestinement au Chili pour combattre pour la liberté de leur patrie. C’étaient des jeunes dans les veines desquels courait le sang de héros, simples et clairs comme ceux de La Moncada. Certains tombèrent combattant ou assassinés sous la torture, loyaux à la formation révolutionnaire qu’ils avaient reçu dans l’île. Parmi eux Mario Amigo Carrillo, un jeune prolétaire de Coronel, une ville de mineurs dans le sud du Chili. Mario, transformé par la clandestinité en ouvrier d’une entreprise forestière, mourut à Los Angeles, mis en pièces par une bombe. Il était le père de deux de mes petits-enfants, Javier et Fernando.


Cuba nous donna tout ce que nous demandions pour lutter contre la tyrannie. Aide égale à ceux qui croyaient légitime et nécessaire de prendre les armes comme à ceux qui optèrent pour la lutte politique. Cuba n’a jamais prétendu nous dire ce que nous avions à faire. Son aide fut toujours inconditionnelle et respectueuse des différences idéologiques.

Ce que nous avons fait, mal ou bien, nous l’avons fait de notre initiative propre, pensant que nous accomplissions notre devoir de patriotes et de révolutionnaires.


La solidarité cubaine partagea notre douleur et prit part à notre espérance. Nous serions odieux si nous ne payions pas de retour aujourd’hui avec notre propre solidarité celle que nous offrit Cuba.

Pour cela nous nous sentons partie du peuple cubain et nous admirons sa valeur, son esprit révolutionnaire et son internationalisme.


Nous aimons Cuba et respectons cet héroïsme qui stupéfia le monde, à défier de pied ferme les agressions armées, le sabotage et les pénuries d’un blocus inhumain condamné par la quasi-totalité des nations du monde, à l’exception du bourreau lui-même et d’une paire de complices à gages.

La Révolution Cubaine nous a enseigné que rien d’important ne s’obtient sans lutter, que seulement en luttant on peut être libre et que seuls des hommes libres peuvent se sentir des frères.

Cuba nous a montré la dimension humaine de l’action politique et avec sa révolution nous avons appris à découvrir la grandeur dans le plus humble et le plus petit.


Pour cela nous aimons Cuba et lui déclarons notre amour de vive voix.


Nous nous demandons ce qu’il adviendra de la Révolution Cubaine dans les cinquante prochaines années. Nous ne sommes pas des pythies mais il y a des faits qui permettent de se faire une idée du futur. Cuba n’est plus seul en Amérique latine. Le Venezuela, la Bolivie, l’Equateur, le Nicaragua, le Paraguay, l’Argentine et le Brésil prennent le chemin du socialisme ou de systèmes de meilleure justice sociale. L’humanité n’a pas d’autre variable de survie qui ne soit pas le socialisme.

Dans un demi-siècle Cuba sera la plus antique et respectée des républiques socialistes d’Amérique latine et des Caraïbes.


Alors se sera accompli le rêve libérateur de Fidel.



Le nom choisi par les squatters qui ont créé la población Nueva Habana (Nouvelle Havane) dans la commune de La Florida au Chili  n'est pas le fruit du hasard. Ce squatt du début des années 1970 atteignit l'un des niveaux les plus élevés d'autoorganisation prolétarienne dans le Chili des années 70 et 80, résistant à la dictature et conservant son autonomie.



Source : Revista Casa de las Américas, Nº 254, enero-marzo 2009 et Rebelión - Cuba, te queremos

Article original publié en janvier 2009

Sur l’auteur

Gérard Jugant et Fausto Giudice sont membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le réviseur et la source.

URL de cet article sur Tlaxcala : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=8375&lg=fr
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