Auteur: Antonio Rodriguez Salvador | Source: La Jiribilla | 20 , Septembre 2009
Non pas que le gouvernement cubain utilise le spectacle pour sa publicité politique, car ils savent très bien que cela ne se fera pas. Non pas que Silvio Rodriguez et Los Van Van chantent là, car ni Silvio Rodriguez ni Juan Formell sont du gouvernement, comme certains les cataloguent ; ils sont du monde, ils sont de cette éternité qui ne peut pas être atteinte par décret, sauf avec un bon art. Non pas que avec ce spectacle légitime le régime, car Cuba maintient des relations avec l´immense majorité des pays du monde, en plus d´être membre actif de très prestigieuses organisations mondiales et régionales.
En réalité, ils craignent que soit divulguée l´image d´une multitude chantant en chœur les chansons de Juanes, d’Olga Tañón, d’Enrique Iglesias, de Maná, de Ricky Martin et de ceux qui en définitive viennent au concert sur la Place. Ils ont peur que sur les téléviseurs du monde on voit des jeunes semblables aux jeunes qui sont vus dans les concerts d´autres pays : tous avec leurs visages heureux, avec ou sans maquillage ; avec leurs cheveux courts ou longs ; avec des casquettes ou de simples visières ; des noirs avec des blancs, des mulâtres sur les épaules de blonds ; beaucoup avec leur piercing dans les oreilles, ou dans le nez, ou dans les lèvres ; d´autres avec leur tatouages des diverses figures et couleurs ; vêtus de leur habits en rapport au dernier cri de la mode.
Ils craignent que les téléspectateurs du monde se demandent : Ça alors, ce n’est pas ce qu’ils nous racontent dans le journal télévisé, ni ce qu’affirme la presse. Parce que ce n´est pas une multitude uniformisée, ni semblable à un troupeau, ni pleine d´automates ou de zombis. Ce sont seulement des jeunes jouissant du rythme d’Ana Belen et de Víctor Manuel.
Au diable les millions de dollars dépensés pour créer une opinion, des préjugées et des stéréotypes, car là il n´y aura personne habillé avec des hardes, ni montrant son visage phtisique, ni qui paraisse être désinformé ou simplement méfiant. Rien à voir avec un pays soumis par des militaires, où derrière chaque civil il y a un soldat plus effrayant que celui qui est surveillé, avec son casque, son gilet pare-balles, sa matraque et son bouclier anti-émeute. Rien à voir avec un état policier, parce que, comme beaucoup de téléspectateurs s’en rendront compte, personne ne montre une fausse joie, ou maltraite un couplet appris rapidement par l’orientation du Parti, de la Jeunesse Communiste ou de la Sécurité de l´État.
C’est seulement de cela qu’ont peur ceux qui brisent les disques de Juanes à de marteau à Miami.