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1 octobre 2009 4 01 /10 /octobre /2009 21:32

Par Leslie Péan

Soumis à AlterPresse le 26 septembre 2009

Le capital international a créé de sérieux problèmes d’allocation de main d’œuvre dans l’économie sucrière des pays de la Caraïbes. Des milliers de personnes descendants des Haïtiens travaillant en République Dominicaine sont sans aucune nationalité et leurs enfants ne peuvent aller à l’école. Comme l’explique Sonia Pierre, coordinatrice du Mouvement pour l’Unité des Femmes Dominico-Haitiennes (MUDA en espagnol), le refus par les autorités dominicaines de donner des actes de naissance aux Dominicains d’origine haïtienne crée une population d’invisibles qui sont de plus analphabètes, car une telle pièce d’identité leur est exigée pour s’inscrire à l’école. [1] Les droits inaliénables de ces êtres humains leur sont refusés par des lois qui sont injustes. Plus qu’une question de loi, c’est une question de conscience quand des Dominicains d’origine haïtienne de la deuxième ou de la troisième génération ne peuvent être intégrés dans la société dominicaine comme citoyens à part entière. [2] Une telle situation interpelle les citoyens des deux pays afin qu’une juste solution soit trouvée.

La République Dominicaine n’a aucun intérêt à laisser continuer cette situation déshonorante. C’est ça la bonne stratégie pour sortir du corset étriqué de la loi dominicaine de la Migration de 2004 reconnue dans la décision de la Cour Suprême de Décembre 2005 interdisant aux enfants des étrangers en situation illégale d’avoir la nationalité dominicaine. En appliquant cette loi rétroactivement, plus de 200,000 Haïtiens se sont retrouvés du jour au lendemain dans une situation chaotique. [3] Ils sont devenus des citoyens de nulle part, ni Dominicains ni Haïtiens. Cette loi dominicaine est en réalité une véritable hypocrisie des secteurs qui exploitent la main d’œuvre haïtienne mais qui refusent de donner leur carte d’identité aux Dominicains d’origine haïtienne dont toutes leurs attaches émotionnelles et psychologiques sont dans ce pays frère. L’an dernier, cette forfaiture a atteint une dimension internationale avec le cas de Angel Luis Joseph, un jeune dominicain d’origine haïtienne de 17 ans, qui a perdu un contrat de joueur de baseball de 350,000 dollars de San Francisco Giants parce qu’il n’a pas pu obtenir un passeport dominicain pour venir aux Etats Unis d’Amérique. [4]

Pellegrin Castillo rejoint-il le camp des alliés d’Haïti pour régulariser la demande de main d’œuvre de l’économie dominicaine ? Rallie-t-il le groupe des Dominicains qui ont toujours exprimé leur solidarité avec le peuple haïtien ? Pendant que certains continuent d’avoir pour horizon « un passé qui ne veut pas passer », faut-il considérer la position exprimée par Pellegrin Castillo et consorts comme une avancée allant au-delà des relations d’État à État pour jeter les bases d’une alliance objective dans une relation pour le moins difficile et complexe ? En partant des impératifs de la politique de son pays et sans renoncer à ses intérêts propres, met-il en avant des propositions pour que les Haïtiens s’organisent afin de faire de leur propre pays un partenaire politique et économique intelligent de la République Dominicaine ?

On ne peut pas continuer de donner les mêmes réponses à des questions qui changent. La mutation est réelle dans les rapports haitiano-domincains et les chiffres de la migration et des échanges commerciaux et culturels, sont incontournables pour le prouver. Les amis dominicains d’Haïti l’ont longtemps compris et luttent pour implanter un nouveau type de discours dans l’espace public dominicain. Un discours nouveau qui prend le contrepied d’un demi-siècle d’anti-haitianisme comme idéologie d’Etat. Les Hugo Tolentino, Franklin Franco, Alberto Despradel Cabral, Rubén Silié, Bernardo Vega, Max Puig, Wilfredo Lozano, Emilio Cordero Michel, Carlos Dore Cabral, etc. ont combattu l’hégémonie du discours trujilliste en construisant de nouveaux rapports d’égalité et de solidarité avec Haïti et les Haïtiens.

Si pour des raisons stratégiques aujourd’hui, Pellegrin Castillo veut faire évoluer son propre discours pour l’aligner sur celui de ses compatriotes les plus lucides, on ne peut que l’encourager. Ce n’est pas le moment d’avoir une attitude rigidifiée à son endroit ou de laisser un certain anti-dominicanisme primaire aveugler et encourager l’hostilité entre les deux peuples. L’attitude correcte sera toujours celle de l’ouverture et du dialogue. Toute politique visant à la mise à l’écart ou à la constitution d’un cordon sanitaire entre les deux peuples se partageant l’ile Hispaniola est vouée à l’échec. Les rapports entre sujets et territoire ont beaucoup évolué et demandent la prise en compte de l’accélération de la mobilité dans la gestion de l’espace insulaire surtout à l’heure de la mondialisation. En tant que 2e pays d’émigration pour les Haïtiens, par leur nombre, après les Etats-Unis d’Amérique, la République Dominicaine ne saurait être négligée dans toute perspective sérieuse de développement d’Haïti.

On conviendra qu’il soit irritant pour certains d’écouter Pellegrin Castillo. Pourtant ils écoutent ou lisent d’autres personnalités étrangères qui ont eu à prononcer des propos désobligeants vis-à-vis d’Haïti et des Haïtiens. Toutefois, on comprend leur méfiance quand ils se demandent si Pellegrin Castillo a vraiment rompu avec l’anti-haitianisme sélectif du trujillisme pour faire corps avec le temps. Les intérêts de la République Dominicaine dicteraient-ils de reconsidérer la question haïtienne en brandissant le protectorat dominicain pour Haïti, comme ce fut le cas en 1994 quand il s’agissait de combattre la candidature à la présidence de Jose Francisco Peña Gomez ? Nous sommes conscients qu’une culture politique qui produit une conjoncture précise peut à son tour être façonnée par elle. Si la méfiance est légitime, le devoir de l’intelligentsia haïtienne n’est pas de l’alimenter mais plutôt d’apporter sa contribution à toute amorce positive pouvant contribuer à la promotion d’un climat de paix.

Dans cette optique, si certains auraient préféré écouter Max Puig ou encore Carlos Dore Cabral, au lieu de Pellegrin Castillo et Manuel Nuñez, bien que tous soient également membres de l’actuel gouvernement dominicain, cela fait partie de la civilisation d’avoir un échange de parole ou de regard avec l’autre quel qu’il soit. Ajoutons immédiatement qu’écouter Castillo et consorts est aussi une force. Celle du dialogue et de la réflexion avec ses pires adversaires. Celle du regard qui appelle l’émotion et la surprise dans l’affirmation que tous les Haïtiens doivent être traités en rapport avec les prescriptions de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Dans le respect de leur dignité d’être humain. Dans la justice.

Le mode de raisonnement consistant à voir une faute grave dans la tenue de la rencontre pour la réflexion sur le sauvetage national à Santo Domingo ne résiste pas à l’analyse scientifique. En effet, prétendre que les panélistes haïtiens invités ne devaient pas écouter les discours des représentants des nationalistes dominicains, c’est faire de l’amalgame et de la confusion. Dans le meilleur des cas, cette proposition est vraie et fausse à la fois. En effet, les scientifiques qui étudient ce type d’énigme démontrent sans ambages comment « il est absolument impossible de se comporter de manière cohérente et logique dans un contexte incohérent et illogique. » [5] La résolution de ce genre de paradoxe pragmatique, pour parler comme les savants de l’école de Palo Alto, réside dans l’action concertée des Haïtiens pour changer le système social en Haïti afin que les Haïtiens puissent travailler et produire chez eux. Cela ne diminue en rien le louable travail que font les organisations démocratiques haïtiennes en République Dominicaine pour faire accepter les droits démocratiques des migrants haïtiens. Mais ce travail, tout louable qu’il soit, ne peut résoudre le problème à la racine, tant que les conditions produisant ce mal continuent d’exister en Haïti.

De plus, comme le Dr. Frantz Large l’a clairement rappelé aux participants de la réunion de Santo Domingo, cette rencontre est aussi une expression de solidarité de l’hospitalité dominicaine. Haïti a contribué à l’indépendance dominicaine de l’Espagne en 1865 tout comme un siècle plus tard des Haïtiens comme Jacques Viau ont combattu à côté des forces constitutionnalistes de Caamaño contre l’invasion américaine en 1965. [6] Tout comme les Dominicains ont contribué aux insurrections et changements de gouvernement en Haïti, de Sylvain Salnave en 1867 à Nissage Saget en 1870 pour arriver à Guy Philippe en 2004, en passant par Cincinnatus Leconte en 1911, Elie Lescot en 1941 et les invasions de Léon Cantave et Fred Baptiste sous le gouvernement de François Duvalier.

On ne saurait nier l’existence de l’idéologie ultra-nationaliste en République Dominicaine. Cette idéologie trujilliste de la blanchitude a pu surdéterminer la réalité dans des moments cruciaux en 1994 et 1996. On se rappelle des fraudes électorales de 1994 qui empêchèrent la victoire présidentielle de Peña Gomez. On se rappelle ensuite comment la propagande raciale anti-haïtienne a été vaincue par le vote du premier tour des élections de 1996 dans lesquelles Peña Gomez fut le gagnant. On se rappelle enfin du deuxième tour des élections de 1996 ou l’alliance raciale (Bosch/Balaguer) prima sur l’alliance de classe (Bosch/Peña Gomez) donnant la victoire à Leonel Fernandez, le candidat de l’alliance raciale (Bosch/Balaguer). Mais ce fut une victoire à la Pyrrhus pour cette alliance raciale car même si son corps est encore chaud, elle est parfaitement morte. Leonel Fernandez l’a bien compris, d’où sa célébration du centenaire de Jacques Roumain en 2007, la publication de Gouverneurs de la Rosée en espagnol, la constitution de la plus grande bibliothèque haïtienne à la fondation Funglode à Santo Domingo, le financement d’un film sur Jacques Roumain et d’autres initiatives diplomatiques et culturelles. C’est ça l’éléphant qu’il faut voir et moins la puce raciste sur son corps.

Comme c’est le cas en médecine, la droite ultra-nationaliste dominicaine est en état d’hypothermie extrême et aucune manœuvre ne peut avoir une incidence favorable pour sa survie. Les thérapeutiques potentiellement salvatrices sont épuisées. L’avalanche de la globalisation fait courir des risques trop grands à une économie concentrée sur le tourisme et la production agricole nécessiteuse de main d’œuvre bon marché pour que les secteur racistes croient que leurs pratiques discriminatrices soient porteuses d’espoir. Enfin, l’effet Obama brise l’imaginaire raciste tout en redonnant à la variable raciale noire, considérée comme muette dans l’équation sociale, sa juste valeur dans un pays qui a rejeté Peña Gomez — le héros qui lança l’appel à la révolution contre les putschistes du Triumvirat du 25 septembre 1963 sur l’émetteur clandestin Radio Constitucion déclenchant ainsi la révolution de 1965 — sous prétexte qu’il était noir et fils d’Haïtien.

Bien des gens qui veulent diaboliser la République Dominicaine oublient judicieusement le rôle joué par les pays ocidentaux dans l’organisation de montagnes de crimes, massacres, et autres génocides perpétrés et accumulés hier et aujourd’hui par l’Occident à travers la planète. Il est vraiment facile aujourd’hui de bénéficier de ces massacres vivant confortablement dans ces pays-là qui ont tué Caonabo, Toussaint Louverture et Charlemagne Péralte tout en prétendant ne pas vouloir mettre les pieds en République Dominicaine pour discuter du « sauvetage national » d’Haïti. En 1983, les Haïtiens sont allés chercher un représentant du paradis pour plaider leur cause. Il s’agissait du Pape Jean Paul II qui déclara « les choses doivent changer ici ». Aujourd’hui, les Haïtiens sont prêts à aller partout, y compris en enfer, pour avoir raison de cette tourbe de malfaiteurs haïtiens qui croient pouvoir kidnapper un pays entier et le mettre à tout jamais sous tutelle internationale. Quoi de plus honteux que d’accepter une occupation étrangère dans un pays qui n’est pas en guerre et qui n’arrive pas à demander aux forces d’occupation militaire un calendrier de retrait de leurs troupes alors qu’en Iraq où la guerre fait rage un tel calendrier a été présenté ?

Cette grammaire politique est fondamentale pour l’intelligence du sens de la réalité à ce carrefour où le gouvernement haïtien, se croyant tout permis, balance à la figure du peuple haïtien le refus du salaire minimum de 200 gourdes pour les industries de sous-traitance, les élections législatives frauduleuses suivies de la validation anticonstitutionnelle des onze sénateurs et enfin une révision constitutionnelle sur mesure.

La construction du sens de la réalité

Les compatriotes de toutes les tendances qui se sont réunis pour dialoguer à Santo Domingo ont échappé au ressort classique de l’impuissance consistant à s’entre-dévorer pour compenser leur incapacité de s’attaquer au mal du gouvernement haitien. Les panélistes n’ont pas joué au chen manje chen pour se rassurer qu’ils existent. Ce fut l’échec de l’égocentrisme. Un diagnostic haïtien a été fait par des Haïtiens sans occulter nos propres responsabilités ainsi que celles de la communauté internationale. Il est venu le temps d’établir la distinction entre causalité et conséquence. Ce n’est pas le moment pour une pensée figée et séquestrée par certains symboles découlant d’une rigidité mentale qui empêche de prendre une certaine distance par rapport au réel afin de l’analyser en toute objectivité. Armons-nous de la maturité intellectuelle nécessaire pour ne pas fonder nos actions sur l’instantanéité du moment perçu. A ceux qui seraient tentés par une lacunaire compréhension du monde, nous leur disons de réfléchir pour s’expliquer en silence comment la Chine communiste finance le capitalisme américain aujourd’hui.

Nous ne faisons pas l’impasse sur le poids des agressions de toutes sortes subies par notre peuple. La tendance au soupçon de l’Autre et à la paranoïa se comprend dans un univers où l’agression du pouvoir est permanente contre tous ceux qui n’acceptent pas le statu quo. Il faut faire appel à l’intelligence complexe pour ne pas laisser les idées figées se jouer de nous en donnant des armes à nos ennemis pour qu’ils se moquent de nos pratiques tout en continuant leur exploitation systématique de notre incrédulité. Les Haïtiens de partout doivent chercher un levier concret pour éviter le glissement horrible vers le protectorat. Vers ce système aberrant qui considère l’occupation du territoire national par des armées étrangères comme quelque chose de normal. Il importe d’augmenter le niveau de connaissance des Haïtiens afin qu’ils puissent avoir les cadres de référence adéquats pour comprendre le sens du monde. Sinon Haïti restera sous l’occupation éternelle de la MINUSTAH. Le dernier mot demeure l’appréciation positive de la négativité de certaines réactions à la réunion de Santo Domingo qui nous ont amené à cette intervention. Elles ont permis de faire les clarifications nécessaires.

La complexité est dans la nature. Pas seulement en biologie, en physique, et dans les sciences. Les systèmes complexes sont aussi la réalité sur le terrain socio-politique. Le problème haïtien vient essentiellement du refus de l’intelligence d’écrire les équations décrivant le système afin de les résoudre. Les composantes et les structures du système social sont d’une grande diversité et dans leurs interactions elles créent une dynamique globale semblant parfois échapper à l’hétérogénéité initiale. Ces interactions sont actives dans le temps et dans l’espace. La complexité de la réalité est plus que jamais présente dans les rapports haitiano-dominicains pour lesquels une pensée complexe doit être mise en avant. Les simplifications abusives sont dangereuses et ne peuvent donner naissance qu’à des « chirépit » au bénéfice des nageurs en eau trouble qui veulent sortir par le mètdam et la tromperie.

A un moment où il est admis aux Nations Unies que « Haïti est une menace pour la sécurité régionale », on ne saurait mener la politique de l’autruche et penser que les problèmes vont se résoudre comme par miracle. Il faut de la transparence. Il faut prendre date.

Voir la première partie du texte

 

[1] Sonia Pierre, “Dominico-haitianas : Género, etnia y violencia”, III Seminario Internacional de Mujer Negra, Derecho Humano y Salud Reproductiva, Honduras, 21-27 de septiembre de 1997.

[2] Carlos Dore Cabral, “Los Dominicanos de origen haitiano y la segregaci6n social en la República Dominicana”. Estudios Sociales, 20e année, numéro 68, Santo Domingo, República Dominicana, 1987.

[3] Facultad Latinoamérica de Ciencias Sociales (FLACSO) y la Organización Internacional para las Migraciones (OIM). “Encuesta sobre Inmigrantes Haitianos en la República Dominicana”, Editora Búho, 1era. Ed., Santo Domingo, República Dominicana, 2004.

[4] Marc Lacey, « Dominican Crackdown Leaves Children of Haitian Immigrants in Legal Limbo », New York Times, May 25, 2008.

[5] Paul Watzlawick, Janet Helmick Beavin et Donald D. Jackson, Une logique de la communication, Editions du Seuil, Paris, 1972, p. 197.

[6] Jesús de la Rosa, La Revolución de Abril de 1965 – Siete días de Guerra Civil, Secretaria de Estado de Cultura, Editora Nacional, Santo Domingo, República Dominicana, 2005.

 

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