23 mars 2010
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ef/thk. Au sein du «High Level Segment» du Conseil des droits de l’homme de Genève, les représentants des pays membres de l’ONU prennent position, au cours des trois premiers jours de la séance de printemps, sur les droits humains et leur importance ainsi que sur le rôle et les tâches du Conseil. Les rapporteurs sont en général les vice-Premiers ministres ainsi que les ministres de la Justice ou des Affaires étrangères des pays concernés. Leurs interventions reflètent donc le point de vue des divers gouvernements, indiquent la ligne politique souhaitée et montrent qui joue quel rôle sur la scène mondiale. Les prises de position des pays de l’UE ont été particulièrement frappantes; ils se conduisent comme les maîtres du monde et le ton aussi bien que le contenu de leurs discours rappellent les sombres époques du colonialisme.
La ligne Obama, voilà les programmes occidentaux. C’est ainsi que la libération des femmes figure sur l’ordre du jour, car cela fait toujours bien. Cela permet aux pays occidentaux de plastronner, dissimulant ainsi les conséquences dévastatrices de la crise financière. Les autres pays auront bien de la peine à se défendre contre les nouvelles formes que prennent les reproches de discrimination. C’est du racisme occidental drapé dans le manteau des droits humains.
Libérer les femmes, c’était déjà l’une des justifications de la guerre en Afghanistan, qui laisse un sillage de dévastations et dure depuis 8 ans déjà.
Depuis le changement de gouvernement, la diplomatie états-unienne a changé de langage, on est passé de la rhétorique va-t-en-guerre au «soft power», ce qui signifie qu’on est passé d’une propagande belliciste ouverte à un ton plus modéré, ni plus ni moins; le danger reste le même. C’est également frappant et ne s’explique pas seulement par l’obligation où se trouvent les USA d’accepter eux aussi l’enquête sur le respect des droits humains (EPU: Examen périodique universel des Nations Unies).
Tout en discourant sur les droits humains en général et en soulignant leur engagement en leur faveur, les Etats-Unis évitent sans doute très consciemment de nommer certains Etats. «L’axe du mal» n’est plus de mise, du moins en public. D’autant plus nette est la reprise de ce thème par certains pays de l’UE. L’Espagne qui assure la présidence de l’UE n’a pas mentionné l’Iran dans son intervention, mais d’autres Etats membres, en particulier l’Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Belgique et la Suède ont sorti l’arsenal empoisonné de la rhétorique guerrière et attaqué violemment ce pays. Certains pays ont mis en doute le droit de l’Iran à siéger au Conseil des droits de l’homme. C’est en particulier l’Allemagne qui semble monter au créneau et reprendre la rhétorique états-unienne. Son discours a été particulièrement dur envers l’Iran et elle s’est auto-attribuée le rôle de défenseur des droits humains.
Les louanges adressées par Verhagen, le ministre des Affaires étrangères néerlandais, à Facebook, Twitter et autres sites volontaires de surveillance électronique, donnent beaucoup à penser, sur fond des débordements en Iran et dans d’autres pays. Celui qui prête une oreille attentive aux orateurs en retire l’impression qu’on devrait s’attendre prochainement à la poursuite et au renforcement du choc des cultures.
Veut-on nous préparer, au motif de la violation des droits humains, à des interventions militaires dans des pays en développement, pour détourner notre attention de la débâcle financière et de l’endettement exorbitant des nations les plus riches? Les USA en sont à financer 50% de leur budget au moyen d’emprunts, l’implosion du système n’est plus qu’une question de temps.
Quel rôle réserve-t-on à l’Europe, si violemment partie en croisade contre l’Iran à Genève? Déjà plusieurs fois dans l’histoire les Etats-Unis ont réussi dans un premier temps à se tenir en-dehors d’une guerre et à laisser le sale boulot aux autres, pour apparaître à la fin comme les superbes vainqueurs et placer l’Europe sous contrôle, une manière élégante de cacher leur propre désastre en se faisant fêter comme des libérateurs.
Mais d’autres voix se sont fait entendre, comme celle du ministre cubain des Affaires étrangères, dont la position indépendante et originale devrait faire réfléchir tous les Occidentaux.
Ou celle du représentant du Saint-Siège au Conseil des droits de l’homme, l’archevêque Silvano M. Tomasi, qui a apporté à la résolution de la crise économique et financière une réflexion de fond constructive. •