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7 février 2010 7 07 /02 /février /2010 08:19
image.axd 1Cours d'espagnol (Photo: Photocuba)
« Une langue qui en cinq siècles d'exercice en Amérique s’est transformée et s’est enrichie avec l'usage [...] »
Une indisposition soudaine a privé le docteur Víctor García de la Concha, président de l'Académie Royale Espagnole de la Langue, d'offrir la seule conférence qu'il avait programmée durant son bref séjour dans la capitale cubaine. Víctor García de la Concha, qui a reçu le titre de docteur Honoris Causa de l'Université de La Havane, le mardi 25 septembre, allait se référer à la langue espagnole que l'on parle en Amérique, suite à la promotion réalisée par le Centre Culturel d'Espagne. Cela aurait été une occasion magnifique d'écouter l'académicien se référer à l'état actuel de la langue que parlent les Cubains.

Dans son admirable livre de mémoires, J’avoue que j’ai vécu, le poète Chilien Pablo Neruda se réfère à la langue castillane comme le don le plus précieux que les conquistadores ibériens nous ont laissé. « Ils ont tout emmené, mais ils nous ont laissé les mots », dit l'auteur de Résidence sur la terre. Une langue qui en cinq siècles d'exercice en Amérique s’est transformée et s’est enrichie avec l'usage – et l'abus – des personnes qui l’utilisent. L'espagnol de Cuba possède les traces de cet exercice, de ces transformations.

La conquête et la colonisation de l'île a commencé au printemps 1510, d’Orient à l’Occident. À partir de cette date ont été fondés les premiers emplacements des conquérants. Nuestra Señora de la Asunción de Baracoa (1512), Bayamo (1512), Santiago de Cuba (1514), Puerto Príncipe (1514), Sancti Spíritus (1514), Trinidad (1514) et San Cristóbal de La Habana (1515), ont été les sept premières villes fondées, « [...] les premiers foyers qui ont initié le processus de transculturation et d’échange linguistique qui a perméabilisé le niveau lexical de l'espagnol à Cuba avec de nombreux mots de la langue que parlait la population aborigène, maintenant disparue, l'arauaco insulaire », comme nous dit le reconnu linguiste cubain Sergio Valdés Bernal, auteur de Inmigración y lengua nacional.

Selon ce chercheur, l’arauaco insulaire a été la première langue aborigène de l'Amérique qui a fourni la plus grande information sur la nature dans le Nouveau Monde aux Espagnols, car dans les îles où on le parlait (Haïti, Jamaïque, Porto Rico et Cuba) se sont établis les premiers conquistadores et les premiers colons. Dans une étude qu'il a réalisé sur la présence des « indo-américanismes » d'origine arauaca dans l'espagnol de Cuba, Valdés a trouvé 378 mots, la majorité quant à la flore et la faune, comme ácana, ají, anón, ateje, baconao, boniato, caimito, caña, caoba, ceiba, guásima, guano, guayaba, güira, henequén, mamey, maní, papaya, tabaco, yuca, caguama, caimán, cocuyo, iguana, jicotea, tocororo, totí.

Le processus de métissage a été une des raisons qui a contribué avec le plus de force à l'échange linguistique entre les Espagnols et les Aborigènes. Les colonisateurs prenaient des Indiennes comme concubines et ils engendraient des métis qui héritaient des deux cultures.

Comme nous le savons, le mauvais traitement auquel a été soumise la population aborigène cubaine par les colonisateurs a rendu propice une rapide extermination de cette dernière. Pour continuer les durs travaux d'extraction de minéraux des Indiens Caribes ont été apportés dans l’île premièrement, ceux-ci étaient confinés dans les mines où ils languissaient sans laisser de trace. Cependant, dans l'espagnol de Cuba, on peut trouver certains caribismos, comme arepa (une sorte de galette de maïs), piragua (type d’embarcation), butaca (siège). Valdés a signalé que ces mots sont le reflet, dans la langue, des relations socio-économiques qui ont existé entre les emplacements espagnols à Cuba, sur les côtes du Venezuela et dans les îles adjacentes.

Des Indiens des Bahamas, de la Floride et des côtes du Honduras ont aussi été introduits comme force de travail esclave, qui ont connu le même sort que les Caribes. Le destin des Indiens mésoaméricains qui sont entrés durant les XVIIIème et XIXème siècles a été différent car les gisements de minéraux étaient épuisés. La présence de ces Indiens et les mouvements migrateurs entre Cuba et le Yucatan ont rendu propice un enrichissement de la langue parlée dans l'île avec des mots comme atol, guacamol, papalote, zocato. Les autres migrations qui ont nourri l'espagnol de Cuba ont été celles des Catalans, des Galiciens, des Basques, des Andalous, des Canariens, de Léon, de l'Espagne elle-même.

Les Haïtiens qui sont arrivés en grand nombre durant les XVIIIème et XIXème siècles ont eu beaucoup à voir avec l'influence du français, qui est devenue très évidente au XIXème siècle.

Mais, comme tout le monde sait, un des principaux composants de l'ethnie et de la culture cubaine est le Noir Africain. Toutefois, sur ce sujet, Valdés a signalé : « [...] les immigrations africaines, étant donné le trafic des esclaves du XVIème au XIXème siècle, bien que quantitativement plus nombreuses que celles des autres latitudes, n'ont pas laissé une trace aussi profonde dans la langue espagnole à Cuba que l’on peut penser ou espérer généralement. » Il signale que la diversité des groupes ethnolinguistiques entre les Africains les a poussé à utiliser la langue des colonisateurs pour se comprendre entre eux. Pour bloquer la communication entre les Noirs, les esclavagistes séparaient les esclaves et formaient des dotations avec différents groupes ethniques. Les Africains, obligés d'apprendre l'espagnol, communiquaient dans une langue très rudimentaire. En accord avec la connaissance de cette langue ils étaient appelés negros bozales (le niveau le plus bas), ladinos (un niveau plus haut, mieux adaptés) ou criollos (nés à Cuba et maîtrisant la langue).

C’est ainsi que le Noir, séparé par force de son milieu naturel et transplanté dans un environnement inconnu, parlant diverses langues inintelligibles entre elles, n'a presque rien pu apporter à la langue européenne qui s’était étendue le plus sur le continent américain.

Cependant, des aspects variés de la culture originale des Africains ont été transplantés et, postérieurement, « transculturés » à Cuba et dans d'autres parties d'Amérique avec leurs implications pour le lexique. Certaines des langues sub-sahariennes ont survécu pour être utilisées comme langues ésotériques ou sacrées des différents cultes afro-cubains qui sont apparus dans le syncrétisme euro subsaharien preservé dans le pays. Mais la pratique syncrétique a adultéré ces langues qui étaient utilisées dans les rites. Ensuite, des jargons en espagnol ont surgis avec des influences de la langue africaine. C’est justement dans ces jargons, dans cette façon de parler marginale, que les linguistes reconnaissent majoritairement la richesse de l'héritage africain.

L'immigration anglophone d'une part et – surtout – la dépendance envers l'Amérique du Nord durant la période 1902-1958, a contaminé l'espagnol de Cuba avec de nombreux anglicismes du commerce, des sciences, de la technique, du sport… Le gouvernement révolutionnaire instauré en 1959 a freiné cette pénétration de l'anglais qui, dans la dernière décennie, prenait corps nouvellement à la chaleur de l'informatique et des nouvelles réalités économiques.

Parmi les migrations asiatiques qui ont eu lieu à Cuba, la plus nombreuse est la chinoise. Contrairement aux Africains, les Chinois sont parvenus à maintenir leur langue vivante, comme un instrument de communication entre leur famille et leur communauté, mais son influence dans l'espagnol est très faible.

La présence Arabe à Cuba a aussi été importante, toutefois les linguistes signalent que la plus grande pénétration des arabismes qui sont enregistrés dans le langage des Cubains est arrivée depuis la Péninsule, dont un grand nombre est présent depuis l'étape de la conquête et de la colonisation.

L’influence des immigrants des anciens pays socialistes : Allemands, Russes, Ukrainiens, Uzbeks, Géorgiens, Polonais, Tchèques, Roumains, Bulgares… a été moins étudié par les linguistes. La trace la plus visible est peut-être dans les prénoms : Katerina, Vladimir, Ivan, Irina, Tatiana, Alexeï…
image.axdPhoto cuba
« La variante cubaine de cette langue contient la trace des très variés composants qui conforment la nation. »
La langue espagnole, l'expression et le legs de multiples cultures, est un des principaux idiomes de l'univers. La variante cubaine de cette langue contient la trace des très variés composants qui conforment la nation. Comme tout organisme vivant, la langue évolue et enregistre les mouvements de chaque époque. Cela a toujours été, et cela doit être ainsi. Maintenant, en ce moment, certains mots luttent pour entrer. Certains pourront passer et d'autres non. L’Académie Royale Espagnole a annoncé la sortie imminente de la 22ème édition de son Dictionnaire, « celui qui fixe et qui donne une splendeur ». Combien de nouveaux mots ont été canonisés dans cette nouvelle édition ?
Cubania
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commentaires

A
<br /> Les esclaves africains ont laissés une forte empreinte à Cuba avec la langue Yoruba (origine africaine: le Nigeria), utilisée dans les cérémonies de la "santeria", religion fort pratiquée dans<br /> l'île. Celle-ci mêle le vaudou et le catholicisme, car celui-ci fut obligatoire du temps de la conquista. Au Brésil, le Yoruba est parlé et chanté dans la Capoeira, technique de combat que les<br /> esclaves, qui n'avaient pas le droit de les apprendre, avaient "déguisées" en danse.<br /> Le Yoruba est donc assez répandu dans les caraîbes, surtout à Cuba, et en Amérique Latine et il existe un dictionnaire Yoruba-Français.<br /> <br /> Le dramaturge Cubain Eugenio Fernandez Espinoza, directeur de théâtre à La Havane et spécialiste de la culture afro-cubaine, mêle dans ses pièces de théâtre le Yoruba et le Castillan.<br /> <br /> Par ailleurs, existe-t-il une version en espagnol de ce texte?<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Je vous remercie d'avoir posté ce billet sur votre site. Vous pouvez trouver d'avantage d'information sur Cuba éditée en français sur notre site.<br /> <br /> <br />
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