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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 08:05


RÉFLEXIONS DU COMPAÑERO FIDEL


Les angoisses du capitalisme développé

suite de:

" Quiconque glisse ce résumé dans sa poche, le lit de temps à autre ou l'apprend par coeur comme une petite bible sera mieux informé de ce qu'il se passe dans le monde que 99% de la population....

Lundi dernier, 9 mars, a été comme tous les autres : une merveilleuse journée où le capitalisme développé  qui se débat dans une crise incurable a étalé toutes ses contradictions

L'agence de presse britannique Reuters, en rien suspecte d'anticapitalisme, publie ce jour-là :

« La croissance de l'Amérique latine sera sensiblement inférieure cette année, à cause d'une forte décélération, voire de la récession dans quelques-unes de ses  principales économies, après des années de prospérité provenant de la hausse des cours des matières premières.

« Bien que la Banque interaméricaine de développement (BID) ne fasse pas de prévisions, Lora, un de ses économistes, a signalé : "Plus personne ne dit que la région enregistrera une croissance de plus de 1 p. 100 (cette année). Au contraire, les dernières prévisions font état de chutes dans pratiquement toutes les grandes économies latino-américaines. Et quand on voit ces prévisions, on comprend pourquoi toutes les grandes économies chutent".

« Fortement touchée par la crise financière mondiale qui a réduit la demande de ses exportations, la région ne connaîtra pas une récupération rapide, a signalé Lora.

« "La crise ne va pas durer un ou deux ans ; pour certains pays latino-américains, elle peut durer bien plus", a affirmé Lora qui cite une enquête menée par le BID auprès de leaders d'opinion et selon laquelle une forte majorité prévoit une stagnation ou une chute du revenu régional par habitant dans les quatre prochaines années. »

Ce même jour, l'agence espagnole EFE informe :

« La production de cocaïne qui s'est étendue à plusieurs pays latino-américains a déclenché une vague de violence et de déplacement de populations telle que certains réclament une approche militaire pour faire face au trafic de drogues, affirme aujourd'hui le journal britannique The Guardian.

« Cette industrie qui engendre des profits se montant à des milliards de dollars a contraint de nombreux agriculteurs à abandonner leurs terres, a déclenché des guerres entre gangs et a corrompu les institutions de l'État, affirme le journal.

« Rien qu'au Mexique, 6 000 personnes sont mortes l'an dernier à cause de ce genre d'activités, et la violence se déplace vers le Nord, autrement dit vers les États-Unis eux-mêmes.

« Parallèlement, la nouvelle route du narcotrafic entre l'Amérique du Sud et l'Afrique de l'Ouest s'est développée si vite que le couloir, à 10º de latitude, qui unit les deux continent a été baptisé l' "autoroute 10".

« Presque tous les gens interviewés par le journal sont d'accord que la demande insatiable de cocaïne en Europe et en Amérique du Nord a fait échouer les efforts, conduits par les USA, pour juguler l'offre et a causé de gros préjudices à l'Amérique latine.

« "Nous croyons que la guerre contre les drogues a été un échec parce qu'elle n'a atteint aucun de ses objectifs", a déclaré au journal l'ancien président colombien César Gaviria, aujourd'hui coprésident de la Commission latino-américaine pour les drogues et la démocratie.

« Selon Gaviria, "les politiques de prohibition basées sur l'élimination, l'interdiction et la criminalisation n'ont pas donné les fruits escomptés. Nous sommes plus loin que jamais de l'objectif d'éliminer les drogues".

« La stratégie des États-Unis en Colombie et au Pérou, consistant à lutter contre la matière première, n'a pas marché, reconnaît de son côté le colonel René Sanabria, chef de la police antidrogues bolivienne.

« La Brookings Institution, des USA, dans un rapport, et  Jeffrey Miron, économiste de Harvard, dans une étude indépendante appuyée par cinq cents collègues, ont rejoint le chœur de ceux qui réclament une modification de l'approche. »

L'AFP affirme pour sa part :

« Le président mexicain, Felipe Calderón, a demandé lundi aux États-Unis d'assumer « dans les faits » leur part de responsabilité dans la lutte contre le trafic de drogues qui se concentre surtout à la frontière commune.

« "Au nom des centaines de policiers mexicains abattus, il est essentiel que les États-Unis assument dans les faits la part de responsabilités qui leur correspond dans cette lutte contre le trafic de drogues", a affirmé Calderón au cours d'une conférence de presse avec le président français, Nicolas Sarkozy, qui réalise une visite officielle au Mexique.

« Calderón a aussi demandé à Washington de partager les informations sur les agissements des narcotrafiquants aux États-Unis, le pays qui constitue le plus gros marché de consommation de cocaïne au monde et qui est alimenté par les cartels de son voisin du Sud.

« "Si les services de renseignement ou les organismes policiers ou militaires spécialisés des USA ont des informations sur des criminels mexicains chez eux, nous les voulons", a dit Calderón aux journalistes après une réunion avec Sarkozy au Palais national.

« Le gouvernement mexicain a déployé trente-six mille soldats à la frontière pour combattre les cartels de la drogue engagés dans une guerre pour le transport de drogues aux USA qui a causé 5 300 morts en 2008. »

            Ce même jour, la présidente de la Chambre des représentants étasunienne, Nancy Pelosi, s'est déclaré résolument favorable à ce que la quantité d'éthanol dans l'essence soit élevée jusqu'à 15 p. 100, afin de réduire la dépendance du pays envers les importations de pétrole.

            L'éthanol, on le sait, est produit aux USA à partir de la céréale qui occupe une place très importante dans le développement humain.

Ces nouvelles toutes fraîches - elles datent de lundi dernier - prouvent la justesse des conclusions d'Atilio Borón, publiées en version résumée dans Granma ce même jour.

Fidel Castro Ruz

Le 11 mars 2009 

13 h 42


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12 mars 2009 4 12 /03 /mars /2009 23:47

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9 mars 2009 1 09 /03 /mars /2009 19:22


RÉFLEXIONS DU COMPAÑERO FIDEL


Une réunion qui valait la peine


Une fois conclues les Rencontres de La Havane sur la mondialisation et le développement auxquelles ont assisté plus de mille cinq cents économistes, personnalités scientifiques de renom et représentants d'organisations internationales, j'ai reçu une lettre et un document d'Atilio Borón, docteur en sciences politiques, professeur titulaire de théorie politique et sociale, directeur du Programme latino-américain de télé-enseignement en sciences sociales (PLED), en plus d'autres responsabilités scientifiques et politiques importantes.

Atilio, un ami solide et loyal, avait participé le jeudi 6 à la Table ronde télévisée aux côtés d'autres sommités internationales qui assistaient aux Rencontres.

J'ai appris qu'il partirait le dimanche et je l'ai invité à une rencontre le samedi 7 mars, à 17 h.

J'avais décidé d'écrire des Réflexions sur les idées contenues dans son document que je vais synthétiser dans ses propres mots.

« ...Nous nous trouvons devant une crise générale du capitalisme, la première à atteindre une ampleur comparable à celle qui a éclaté en 1929 et à ce qu'on a appelé la "Longue Dépression" de 1873-1896. Une crise intégrale, de civilisation, multidimensionnelle, dont la durée, la profondeur et la portée géographique seront sûrement supérieures à celles des précédentes.

« Il s'agit d'une crise qui dépasse de loin les domaines financier et bancaire et qui touche l'économie réelle dans tous ses volets. Elle frappe l'économie mondiale et s'étend bien au-delà des frontières étasuniennes.

 « Quelles sont ses causes structurelles : il s'agit d'une crise de surproduction doublée d'une crise de sous-consommation. Ce n'est pas par hasard qu'elle a éclaté aux États-Unis puisque ce pays vit artificiellement, depuis plus de trente ans, de l'épargne extérieure et du crédit extérieur, deux choses qui ne sont pas infinies : les entreprises se sont endettées au-delà de leurs possibilités ; l'État s'est endetté lui aussi au-delà des siennes pour faire face non à une guerre, mais à deux, non seulement sans augmenter les impôts, mais même en les réduisant, tandis que les citoyens sont systématiquement poussés par la publicité à s'endetter pour soutenir une surconsommation effrénée, irrationnelle et gaspilleuse.

« Mais, à ces causes structurelles, il faut en ajouter d'autres : la financiarisation accélérée de l'économie et la tendance irrésistible à l'incursion dans des opérations spéculatives toujours plus risquées.  Une fois découverte la "fontaine de jouvence" grâce à laquelle l'argent rapporte toujours plus d'argent en se passant de la valorisation que lui apporte l'exploitation de la force de travail et compte tenu du fait que l'on peut obtenir des masses énormes de capital fictif en quelques jours ou quelques semaines au plus, le capital, tel un narcodépendant, en arrive à renoncer à tout calcul, et même à n'avoir plus aucun scrupule.

« D'autres circonstances ont favorisé l'éclatement de la crise. Les politiques néolibérales de dérégulation et de libéralisation ont permis aux acteurs les plus puissants qui pullulent sur les marchés d'imposer la loi de la jungle.

 « On a assisté à une énorme destruction de capitaux à l'échelle mondiale, une sorte de "destruction créatrice" qui, à Wall Street, a abouti à une dévalorisation des sociétés cotées en bourse de presque 50 p. 100 : une société qui détenait un capital de 100 millions n'en a plus aujourd'hui que 50 ! On constate une chute de la production, des cours, des salaires, du pouvoir d'achat. L'ensemble du système financier est sur le point d'éclater. Les pertes bancaires se chiffrent à plus de 500 milliards, et on s'attend sous peu à un billion de plus. Plus d'une douzaine de banques ont fait faillite, et des centaines d'autres courront le même sort. À l'heure qu'il est, la Réserve fédérale a transféré plus d'un billion de dollars au cartel bancaire, mais il en faudra 1,5 billion de plus pour maintenir la liquidité des banques dans les prochaines années. Nous vivons la phase initiale d'une longue dépression, et le mot récession, si à la mode récemment, ne traduit pas dans tout son dramatisme ce que l'avenir réserve au capitalisme.

« L'action ordinaire de Citicorp a perdu 90 p. 100 de sa valeur en 2008. Dans la dernière semaine de février, elle était cotée à Wall Street à 1,95 dollar !

« Ce processus n'est pas neutre, car il favorisera les oligopoles les plus importants et les mieux organisés qui déplaceront leurs rivaux des marchés. La "sélection darwinienne des plus aptes" fraiera la voie à de nouvelle fusions et alliances entre entreprises, lançant les plus faibles à la banqueroute.

« On constate un essor accéléré du chômage. Le nombre de chômeurs dans le monde (environ 190 millions en 2008) pourrait augmenter de 51 millions en 2009. Les travailleurs pauvres (ceux qui gagnent juste deux euros par jour) se monteront à 1,4 milliard, soit 45 p. 100 de la population active de la planète. Aux USA, la récession a déjà détruit 3 600 000 postes de travail. En Union européenne, les chômeurs sont 17 500 000, soit 1 600 000 de plus que voilà un an. On prévoit la perte de 3 500 000 emplois en 2009. Plusieurs États centraméricains, ainsi que le Mexique et le Pérou, seront durement touchés par la crise à cause de leurs liens étroits avec l'économie étasunienne.

« C'est une crise qui frappe tous les secteurs de l'économie : la banque, l'industrie, les assurances, le bâtiment, etc., et fait métastase à l'ensemble du système capitaliste international.

« Des décisions prises dans les centres mondiaux et touchant les filiales de la périphérie engendrent des licenciements massifs, des ruptures de paiements, des chutes de la demande d'intrants, etc. Les USA ont décidé d'appuyer les Big Three (Chrysler, Ford, General Motors) de Detroit, mais uniquement pour qu'elles sauvent les usines du pays. La France et la Suède ont annoncé qu'elles conditionneront les aides à leurs industries automobiles : ne pourront en bénéficier que les usines situées dans le pays même. La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a déclaré que le protectionnisme pouvait être "un mal nécessaire en temps de crise". Le ministre espagnol de l'Industrie, Miguel Sebastián, pousse à "consommer des produits espagnols". » J'ajoute pour ma part que Barack Obama promotionne le "Buy American !".

« On peut citer d'autres sources de propagation de la crise vers la périphérie : la chute des cours des produits de base qu'exportent les pays latino-américains et caribéens, avec ses séquelles récessives et la montée du chômage.

"Les envois d'argent des émigrés latino-américains et caribéens dans les pays développés à leurs familles diminuent brutalement. (Dans certains cas, les envois de fonds familiaux constituent la plus importante source de revenus des pays, au point de dépasser les recettes d'exportations.)

« Le retour des émigrés dépriment encore plus le marché du travail.

«  Tout ceci se conjugue à une profonde crise énergétique qui exige le remplacement du modèle actuel basé sur une utilisation irrationnelle et prédatrice des combustibles fossiles.

« Cette crise coïncide avec la prise de conscience croissante de la portée catastrophique des changements climatiques.

« Ajoutez-y la crise alimentaire, aggravée par la prétention du capitalisme de maintenir son modèle de consommation irrationnel et de reconvertir des terres aptes à la production d'aliments en terres destinées à la production d'agrocarburants.

« Obama a reconnu que nous n'avions pas encore touché le fond, et Michael Klare a écrit voilà quelques jours : "Si la catastrophe économique actuelle se transforme en ce que le président Obama a qualifié de "décennie perdue", le résultat pourrait en être un panorama mondial gros de convulsions provoquées par l'économie".

« En 1929, le chômage avait atteint 25 p. 100 aux USA, tandis que les cours des produits agricoles et des matières premières dégringolaient. Dix ans après, malgré les politiques radicales mises en œuvre par Franklin D. Roosevelt (le New Deal), le chômage restait très élevé (17 p. 100) et l'économie ne parvenait pas à sortir de la dépression. Seule la Deuxième Guerre mondiale avait mis fin à cette étape. Pourquoi devrait-elle être plus brève aujourd'hui ? La dépression de 1873-1896 n'a-t-elle pas duré vingt-trois ans !

« Compte tenu de ces antécédents, pourquoi sortirions-nous de la crise actuelle en quelques mois, comme le pronostiquent des publicitaires et "gourous" de Wall Street ?

« On ne sortira pas de cette crise par une ou deux réunions de G-20 ou du G-7. Si l'on veut une preuve de l'incapacité radicale du système à régler la crise, il suffit de voir la réponse des principales bourses de valeurs du monde à chaque annonce ou à chaque sanction d'une loi portant approbation d'un nouveau sauvetage : la réponse des "marchés" est immanquablement négative.

« Selon George Soros, "l'économie réelle subira les effets secondaires qui prennent maintenant toujours plus de poids. Puisque, dans de telles circonstances, le consommateur étasunien ne peut plus servir de locomotive de l'économie mondiale, l'administration étasunienne doit stimuler la demande. Et comme nous faisons face aux problèmes menaçants du réchauffement de la planète et de notre dépendance énergétique, la prochaine administration devrait lancer un plan visant à encourager les économies d'énergie, à développer des sources d'énergies alternatives et à mettre en place des infrastructures écologiques."

« Une longue période de tiraillements et de négociations s'ouvre pour définir de quelle façon on sortira de la crise, quels en seront les bénéficiaires et quels seront ceux qui en feront les frais.

« Les accords de Bretton Woods, conçus dans le cadre de l'étape keynésienne du capitalisme, ont coïncidé avec la stabilisation d'un nouveau modèle d'hégémonie bourgeoise dont la toile de fond nouvelle et inattendue, conséquence de la guerre et de la lutte antifasciste, a été le renforcement du poids des syndicats ouvriers, des partis de gauche et des capacités de régulation et d'intervention des États.

« L'URSS n'existe plus, dont la simple présence, doublée de la peur de l'Occident de voir son exemple  y irradier, faisait pencher la balance en cas de négociations en faveur de la gauche, des secteurs populaires, des syndicats, etc.

« La Chine joue de nos jours un rôle incomparablement plus important dans l'économie mondiale, mais sans atteindre un poids similaire dans l'arène politique mondiale. Malgré sa faiblesse économique, l'URSS était en revanche une formidable puissance militaire et politique. La Chine est une puissance économique, mais sa présence militaire et politique dans les affaires mondiales est faible, bien qu'elle soit en train d'entreprendre une réaffirmation très précautionneuse et graduelle dans la politique mondiale.

« La Chine peut finir par jouer un rôle positif pour la stratégie de recomposition des pays de la périphérie. Beijing est en train de réorienter graduellement ses énormes énergies nationales vers le marché intérieur. Pour de multiples raisons qu'il serait impossible de discuter ici, son économie doit obligatoirement croître de 8 p. 100 par an, en réponse soit aux stimulants des marchés mondiaux soit à ceux qui découlent de son marché interne immense mais encore partiellement exploité. Si ce virage se confirme, on peut prédire que la Chine continuera d'avoir besoin de nombreux produits originaires des pays du Tiers-monde, comme le pétrole, le nickel, le cuivre, l'aluminium, l'acier, le soja et d'autres matières premières et denrées alimentaires.

« Lors de la Grande Dépression des années 30, l'URSS était en revanche très faiblement insérée dans les marchés mondiaux. La Chine est dans une situation différente : elle pourra continuer de jouer un rôle très important et, tout comme la Russie et l'Inde (bien que dans un moindre mesure), acheter à l'extérieur les matières premières et les aliments dont elle a besoin, contrairement à l'URSS durant la Grande Dépression.

« Dans les années 30, la "solution" à la crise avait été le protectionnisme et la guerre mondiale. De nos jours, le protectionnisme se heurtera à de nombreux obstacles du fait de l'interpénétration des grands oligopoles nationaux dans les différents espaces du capitalisme mondial. Compte tenu de l'existence d'une bourgeoisie mondiale, ancrée dans de gigantesques compagnies qui, malgré leur base nationale, opèrent dans une foule de pays, l'option protectionniste dans le monde développé sera peu efficace en ce qui concerne le commerce Nord/Nord, et les politiques tendront - du moins pour l'instant et non sans des tensions - à respecter les paramètres établis par l'OMC. L'atout du protectionnisme apparaît largement plus probable quand on le jouera, comme cela se fera sûrement, contre le Sud dans son ensemble. Il est pratiquement impossible que des "bourgeoisies nationales" du monde développé prêtes à lutter entre elles pour la domination des marchés déclenchent une guerre mondiale, parce que ce genre de bourgeoisie a été écarté par l'ascension et la consolidation d'une bourgeoise impériale qui se réunit périodiquement à Davos et pour laquelle le choix d'un affrontement militaire constituerait une idiotie monumentale. Ce qui ne veut pas dire que cette bourgeoisie mondiale n'appuierait pas, comme elle l'a fait jusqu'alors pour les équipées militaires des États-Unis en Iraq et en Afghanistan, de nombreuses opérations militaires à la périphérie du système, nécessaires à la préservation de la rentabilité du complexe militaro-industriel étasunien et, indirectement, à celle des grands oligopoles des autres pays.

« La situation actuelle n'est pas celle des années 30. Lénine disait que "le capitalisme ne chute que si une force sociale le fait chuter". Cette force sociale n'existe pas de nos jours dans les sociétés du capitalisme de la métropole, dont les États-Unis.

« Auparavant, les USA, le Royaume-Uni, la France et le Japon vidaient leur querelle pour l'hégémonie impériale sur le terrain militaire.

« De nos jours, l'hégémonie et la domination sont clairement aux mains des USA, le seul garant du système capitalisme à l'échelle mondiale. Si les USA chutaient, il en résulterait un effet domino qui entrainerait l'effondrement de presque tous les capitalismes métropolitains, sans parler des conséquences pour la périphérie du système. Au cas où Washington serait menacé par une insurrection populaire, tous courraient à son secours parce que les USA sont le soutien ultime du système et le seul qui peut, le cas échéant, secourir les autres.

« Les USA sont un acteur irremplaçable et le centre incontesté du système impérialiste mondial : ils disposent à eux seuls dans environ cent vingt pays de plus de sept cents missions et bases militaires qui constituent la réserve finale du système. Si les autres options échouaient, la force apparaîtrait dans toute sa splendeur. Seuls les USA sont en mesure de déployer leurs troupes et leur panoplie de guerre pour maintenir l'ordre à l'échelle planétaire. Ils sont, comme le disait Samuel Huntington, "le sheriff solitaire".

« Cet "étayage" du centre impérialiste bénéficie de la collaboration hors de pair des autres alliés impériaux ou des concurrents sur le terrain économique, voire de la plupart des pays du Tiers-monde qui accumulent leurs réserves en dollars des Etats-Unis. Ni la Chine, ni le Japon, ni la Corée ni la Russie, pour ne parler que des principaux détenteurs de dollars sur la planète, ne peuvent liquider leurs stocks dans cette monnaie parce que ce serait un mouvement suicidaire. Bien entendu, c'est là encore quelque chose à considérer avec beaucoup de prudence.

« Le comportement des marchés et des épargnants du monde entier renforce la position des USA : la crise s'aggrave, les sauvetages s'avèrent insuffisants, le Dow Hones de Wall Street chute en dessous du plancher psychologique des 7 000 points - soit moins que la cotisation de 1997 ! - et les gens cherchent pourtant refuge dans le dollar, tandis que les parités de l'euro et de l'or chutent !

« Zbigniev Brzezinski a déclaré: "Je suis inquiet parce que nous allons avoir des millions et des millions de chômeurs, et que des tas de gens sont vraiment dans une très mauvaise situation. Et cette situation se maintiendra pour un temps avant que les choses ne s'améliorent éventuellement."

« Nous sommes en présence d'une crise qui est bien plus qu'une crise économique ou financière.

« Il s'agit d'une crise intégrale d'un modèle de civilisation insoutenable des points de vue économique et politique sans recourir une fois de plus à la violence contre les peuples ; tout aussi insoutenable du point de vue écologique, parce qu'il détruit, parfois d'une manière irréversible, l'environnement ; et tout aussi insoutenable sur le terrain social parce qu'il dégrade la condition humaine jusqu'à des limites inimaginables et détruit la trame même de la vie sociale.

« La réponse à cette crise ne peut donc être seulement économique ou financière. Les classes dominantes feront exactement ça : utiliser un  vaste arsenal de ressources publiques pour socialiser les pertes et renflouer les gros oligopoles. Accrochées à la défense de leurs intérêts les plus immédiats, elles ne sont même pas capables d'envisager une stratégie plus intégrale. »

« La  crise n'a pas touché le fond », dit Atilio. « Nous nous trouvons devant une crise générale du capitalisme »... aucune n'a été pire. Celle qui a duré de 1873 à 1896, soit vingt-trois ans, a été nommée la Grande Dépression. L'autre crise très grave a été celle de 1929, qui a duré, elle aussi, au moins vingt ans. La crise actuelle est « intégrale, de civilisation, multidimensionnelle ».

            Et d'ajouter : « Il s'agit d'une crise qui dépasse de loin les domaines financier et bancaire et qui touche l'économie réelle dans tous ses volets. »

Quiconque glisse ce résumé dans sa poche, le lit de temps à autre ou l'apprend par cœur comme une petite bible sera mieux informé de ce qu'il se passe dans le monde que 99 p. 100 de la population dans un monde matraqué par des centaines de publicités et saturé de milliers d'heures d'infos, de romans et de films de fiction vrais ou faux.

Fidel Castro Ruz

8 mars 2009

11 h 16
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6 mars 2009 5 06 /03 /mars /2009 12:19



RÉFLEXIONS DU COMPAÑERO FIDEL

 

MA RENCONTRE AVEC LE PRÉSIDENT ZELAYA

 

 

Certains ont demandé si j'avais finalement rencontré le président hondurien Zelaya dont j'ai parlé dans mes Réflexions d'hier, mercredi 4 mars.

Je l'ai vu. Je ne pouvais pas faire autrement et j'ai fini par trouver le temps.

Je suis contraint d'en dire le plus possible en très peu de mots ou de ne rien dire, et je n'y parvins pas toujours.

Je viens de parler, en un résumé très serré, de Juan Bosch, de l'expédition contre Trujillo, des épisodes dramatiques vécus par les révolutionnaires dominicains, et je me suis plaint que l'histoire réelle n'ait pas encore été écrite.

J'ai reçu tôt ce matin une autre lettre de Daily Sánchez Lemus, une journaliste du système d'information de la télévision cubaine qui veut écrire l'histoire réelle de José Ramón  Mejía del Castillo, Pichirilo. Elle me demande des renseignements que le grand maître du journalisme cubain, Guillermo Cabrera Álvarez, a appris par mon intermédiaire au sujet de celui qui, parmi les révolutionnaires, fut l'un des Dominicains les plus audacieux dans la lutte contre les envahisseurs yankees.

J'écrirais à Daily pour lui raconter ce que je sais de lui.

Pour ne pas trop allonger ces Réflexions, je répondrai en style télégraphique à ce qu'on veut savoir sur ma rencontre avec le président hondurien.

Il est très jeune. « Je ne peux être président du Honduras que quatre ans de ma vie. J'appartiens au Parti libéral. Mon pays est très conservateur, à commencer par le parti où je milite. » Je reprends ses mots presque textuellement, tels que je les ai perçus. Si je me trompe, c'est de ma faute.

Cela n'offre vraiment pas beaucoup de temps au dirigeant d'un pays qui cherche à instaurer  l'État efficace dont toute société a besoin aujourd'hui plus que jamais, ai-je affirmé catégoriquement.

C'est sans aucun doute un homme bon, ayant de fortes traditions et une intelligence étonnante. À la tribune, sa voix tonne, mais elle est discrète et familière quand il converse.

Sa classe sociale remonte aux premiers Espagnols qui peuplèrent ce qui était alors le cœur de l'antique civilisation maya. Comme il est advenu dans tous les territoires qu'ils conquirent, forts de leurs chevaux et de leurs épées d'acier, ils s'emparèrent des terres.

Les familles s'en transmirent la propriété au fil des siècles. Quand l'heure de l'indépendance sonna en Amérique espagnole, elles constituèrent les oligarchies qui furent les maîtres des nouveaux pays indépendants.

Le cours de l'histoire en Amérique centrale fut déterminé par le jeune impérialisme yankee qui tenta de s'emparer directement de ses territoires.

Des figures historiques extraordinaires naquirent de la lutte pour la défense de la souveraineté.

Francisco Morazán, une personnalité centraméricaine légendaire d'origine hondurienne, fut président des États de la région. Il gouverna dix ans. Zelaya le définit comme un homme du peuple, qui ne put faire d'études à l'université, mais qui était doté d'une intelligence exceptionnelle : il symbolise la lutte des peuples centraméricains.

Le Costa Rica faisait partie de ces pays. Et c'est là qu'il fut trahi par la droite la plus faisandée qui peaufina un coup d'État et l'assassina. Le président Zelaya a promis de m'envoyer des ouvrages qui abordent l'histoire de ce héros centraméricain singulier.

Zelaya, à l'instar de tous ceux de sa clase sociale, a fait des études dans des écoles religieuses. Moi, dans des conditions très différentes, j'ai eu droit aux frères des Écoles chrétiennes et aux jésuites ; lui, aux salésiens.

Comme il est issu d'une famille de vieille lignée, il a été éduqué dans la religion catholique qui constitue le soubassement de ses sentiments actuels. Tout comme Chávez, il a découvert dans les idées du Christ une source d'inspiration qui nourrit sa conception de la justice. Nul ne peut l'accuser d'être marxiste ou communiste.

Il me raconte pourtant : « Quand je me suis rendu à Cuba la première fois, au tout début de mon mandat, on m'a traité comme le pire ennemi. On ne me pardonnait pas d'avoir demandé à Cuba d'accepter nos excuses pour avoir été un des pays où les envahisseurs se sont entraînés. L'administration étasunienne a jugé que cette conduite méritait la destruction. »

Pour Zelaya, « le système capitaliste est la conception de la justice la plus répugnante que puisse nourrir l'être humain ».

Je lui ai demandé combien mesurait le Honduras. « Autour de 112 000 km2 », m'a-t-il répondu. Presque pareil que Cuba, ai-je commenté.

Et combien font les pinèdes? ai-je demandé. Il a fait des calculs : « 50 000 », m'a-t-il répondu. Combien de pins par hectare ? « Mille. » Combien de mètres cubes par pin?  « Un et demi, en calculant au plus bas. » Vous produisez donc environ 300 mètres cubes à l'hectare. Combien ça rapporte ? « En gros, deux cents pesos. » Ça veut dire que vous toucheriez à peine 300 millions de dollars par an. Ça ne permet même pas d'amortir les coûts. Pourquoi exportez-vous le bois en brut ? « Au début du siècle dernier, on exportait les maisons en pièces, à des prix élevés. Mon père en a acheté une où vivait la famille. »

Zelaya souffre profondément des abus de l'Empire.

« Nous sommes des producteurs de café. La cueillette augmente d'année en année. » Et combien en industrialisez-vous ? « Pas même 10 p. 100 », m'a-t-il répondu. « C'est vraiment de l'abus ! » ai-je dit : « le café torréfié coûte après des dizaines de fois plus cher. »

À un moment de la conversation, il m'a raconté que les États-Unis subventionnaient leur agriculture et vendaient ensuite les céréales moins cher, ce qui réduisait d'autant les revenus des agriculteurs honduriens dont les marchés disparaissaient. Il a pris l'exemple du maïs qui constituait la principale source d'alimentation des Mayas.  De nos jours, les paysans ne peuvent même plus vivre de cette culture.

On peut constater à travers ses idées qu'il ressent une profonde aversion pour le système économique des États-Unis.

Soudain, il évoque avec orgueil la culture du peuple maya dont le calendrier, me dit-il, était plus exact que celui du christianisme occidental. « Le monde actuel utilise le système décimal, et les Mayas possédaient, eux, un système vicésimal, deux fois plus exact. »  C'était la première fois de ma vie que j'écoutais ce détail, ce système permettant d'user 2 + 0 au lieu de 1 + 0. Je me suis promis de mieux m'informer à ce sujet.


Zelaya m'a alors rappelé avec enthousiasme  que le Honduras abritait un endroit comme Copán où se conservent avec le plus de pureté les restes de la culture maya et ses symboles de pierre sculptés avec un art hors de pair. À ce moment-là, c'est la mentalité de l'homme d'État, habitué à penser en termes économiques, qui prévalait en lui : « Un demi-million de touristes viennent déjà chaque année au Honduras. De nombreux Étatsuniens viennent, intéressés par cette culture et par l'authenticité de ces reliques historiques. »


Soudain, baissant le ton, il m'avoue avec tristesse : « Le hic, c'est que les Mayas ne connaissaient pas le métal, qu'ils vivaient à l'âge de pierre, et voilà pourquoi on nous a conquis. »

J'ignorais que quand je me suis adressé, le 19 juillet 1980, à une foule de Nicaraguayens et de Centraméricains sur la place Sandino de Managua, un jeune Hondurien de dix-sept ans et futur président de son pays en faisait partie.

Voilà l'homme que j'ai rencontré.

Fidel Castro Ruz

Le 5 mars 2009

14 h 03 

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6 mars 2009 5 06 /03 /mars /2009 11:58

RÉFLEXIONS DU COMPAÑERO FIDEL

 

MA RENCONTRE AVEC LEONEL FERNÁNDEZ, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

 

       Elle a eu lieu le lundi 2 mars, à 16 h 58.

J'ai connu Leonel Fernández en République dominicaine lorsqu'il a été élu président pour la première fois. Il avait été plein d'égards envers moi. Il m'avait parlé de ses efforts pour augmenter les capacités de production d'électricité en consommant moins de fioul dont les cours s'élevaient rapidement.

            Personne ne lui a fait cadeau de son poste auquel il a accédé par une sorte de sélection naturelle qui l'a fait grimper les échelons politiques au fur et à mesure des événements historiques.

Née d'une Dominicaine qui, comme tant d'autres compatriotes, avait émigré aux Etats-Unis, il a été élevé à New York où il a appris à lire et à écrire.

Par chance, sa mère, qui suivait de près les problèmes de sa patrie, lui a transmis des vues et des critères révolutionnaires qui l'ont préparé aux nouveaux temps que vivait le peuple dominicain.

Il est arrivé, par des voies différentes aux miennes, à ses propres vues qui ont déterminé son attitude devant des situations qui, bien que similaires, étaient toutefois très différentes de celles que j'avais vécues, vingt-trois ans avant à Santiago de Cuba, avant même mon sixième anniversaire, auprès d'une jeune institutrice cubaine issue sans doute de la petite bourgeoisie de la ville, qui vivait dans des conditions d'assez grande pauvreté en compagnie de deux sœurs, après avoir fait des études, la première de médecine, la deuxième l'école normale,  la troisième de piano, dans une université d'Haïti, le pays le plus proche de Cuba, sur l'île qui est aussi la patrie de Leonel Fernández.

C'est là que j'appris durement ce qu'était la faim sans même le savoir, parce que je la confondais avec un appétit féroce et inhabituel. C'était l'époque de Machado. L'institutrice de Birán, qui ne touchait aucun salaire mais percevait une bonne pension de la part de ma famille, avait persuadé mes parents de m'envoyer à Santiago de Cuba, la première ville que j'ai connue.

Et c'est à Birán que j'appris les opérations mathématiques, avant même de savoir lire et écrire, sur l'envers d'un cahier d'écolier rouge. Mais je perdis deux ans que je rattrapai ensuite en faisant des efforts.

Peut-être comprendra-t-on mieux ainsi mon intérêt de bavarder avec Leonel à la lumière de notre époque.

C'est en 1946, alors que je n'avais pas encore vingt ans, que je fis la connaissance de Juan Bosch, historien et personnalité dominicaine marquante. J'étais en deuxième année de droit, dirigeant des étudiants de la faculté, mais aussi président d'une organisation de solidarité avec la démocratie dominicaine et avec la lutte de ce peuple courageux contre la tyrannie de Trujillo mise en place par les troupes étasuniennes qui étaient intervenues dans l'île en 1928.

[Dans l'expédition armée en préparation à Cuba,] Bosch et moi appartenions au bataillon Sandino, du nom d'un héros nicaraguayen qui avait lutté contre les envahisseurs yankees et qui avait été assassiné pour cette raison à la suite d'une autre intervention impérialiste dans ce pays centraméricain.

Ce n'était pas ce prestigieux intellectuel qui dirigeait l'expédition, mais des politiciens dominicains qui agissaient presque tous de bonne foi, mais qui étaient motivés par des idées et des intérêts de classe en tant qu'oligarques et bourgeois.

Le pire était qu'elle était dirigée, pour la partie cubaine, par les plus corrompus du Parti révolutionnaire cubain (Authentiques), un nom volé au parti que José Martí avait créé en vue de lutter pour l'indépendance de Cuba et de Porto Rico, les deux dernières enclaves coloniales espagnoles d'Amérique latine à la fin du XIXe siècle.

Personne ne comprenait rien au galimatias de Grau San Martín, ce professeur universitaire de physiologie propulsé à la tête du gouvernement révolutionnaire né en 1933 de la chute de la tyrannie de Machado et au sein duquel Antonio Guiteras Holmes, le ministre de l'Intérieur, avait joué un rôle clef.

La faim innocente dont j'ai parlé complétait le tableau.

Au triomphe de la Révolution cubaine, le 1er janvier 1959, Leonel avait six ans.

[Pendant notre lutte insurrectionnelle] Jiménez Moya, accompagné d'autres révolutionnaires dominicains, avait atterri à proximité de la Sierra Maestra à bord d'un avion civil : il apportait cent cinquante fusils semi-automatiques Garand qui tiraient neuf balles 30.06 par chargeur et un fusil FAL que m'avait envoyé personnellement l'amiral Larrazábal, qui présidait le Gouvernement vénézuélien provisoire formé à la chute du dictateur Pérez Jiménez. Il rejoignit alors nos forces en compagnie d'autres compatriotes alors que nous livrions les derniers combats dans l'Est de Cuba.

Jiménez Moya fut grièvement blessé lors d'un encerclement d'un bataillon de troupes spéciales  ennemies bien entraînées. Soigné par nos médecins de campagne, il se rétablit au point d'être prêt pour l'opération lancée contre Trujillo le 14 juin 1959.

Ce jour-là, cinquante-six combattants dominicains atterrirent à 18 h 20 sur l'aéroport militaire de Costanza, contraints de le faire à cause de l'heure à cet endroit, et non au site choisi au préalable. Presque tous moururent après une lutte héroïque.

Cent soixante-neuf autres arrivèrent par mer quelques jours plus tard et subirent le même sort. Il fut impossible de mettre en pratique l'idée coordonnée et élaborée par les combattants eux-mêmes. C'est là une histoire encore à écrire.

Le sang versé en commun dans nos guerres d'Indépendance et dans les années 50 et 60 a uni à jamais nos deux peuples.

Une fois la Révolution victorieuse, notre pays fut soumis sous l'administration Eisenhower  et la suivante à un blocus économique rigoureux et à une campagne terroriste féroce, puis envahi à Playa Girón par des troupes mercenaires cubaines.

En République dominicaine, en  1965, le colonel Francisco Caamaño Deñó se souleva contre les chefs militaires d'obédience trujilliste et exigea le retour de Juan Bosch, qui avait été élu président en décembre 1961 ; il fut secondé par un groupe de révolutionnaires entraînés à Cuba.

Puis élu président par le Congrès dominicain.

Effrayé par le cours des événements, le gouvernement impérialiste des États-Unis dépêcha la 82e division aéroportée et plus de 40 00 marines qui occupèrent l'île.

Caamaño tint en échec les puissantes forces de l'envahisseur et ne cessa de les harceler, les contraignant à des négociations : il avait juré de ne jamais se rendre. Quand ceux qui avaient signé un accord ne donnèrent jamais les garanties requises, le colonel Caamaño abandonna le territoire national, nommé attaché militaire à Londres.

Mais ce n'était pas un homme à se résigner à cette tâche. Il voulait rentrer à Saint-Domingue pour lutter contre ceux qui opprimaient son peuple. Et il s'adressa à nous pour obtenir notre coopération.

Nous  ne souhaitions pas qu'il risque sa vie à n'importe quel moment, nous aurions voulu attendre des circonstances plus favorables, mais notre parole était sacrée.

Il  vécut un temps parmi nous, confiant dans la promesse que nous lui avions faite de faciliter son retour, les armes à la main, dès qu'il le déciderait.

Nous considérerons toujours comme un grand honneur qu'il ait déposé sa confiance en notre peuple.

C'est là encore une autre histoire qu'il faudrait écrire avec toute  la rigueur nécessaire.

Je savais que Leonel admirait entre autres choses la culture de notre peuple. Je me suis donc permis de lui présenter une page de vingt-six lignes contenant une très brève biographie du poète noir  Gabriel de la Concepción Valdés, connu comme Plácido, arrêté le 1er mars 1844, en même temps que d'autres de sa race, sous l'accusation de conspirer contre les Blancs et fusillé, après quatre mois de prison, le 29 juin.

Telle était la conception de la justice que l'Empire espagnol appliqua des siècles durant à Saint-Domingue et à Cuba.

J'ai appris en dernière année de primaire chez les jésuites du collège Doloroes la fameuse « Prière à Dieu » de ce poète génial et je ne l'ai jamais oubliée.

Leonel l'a lue. Il était accompagné du compañero Estebán Lazo, membre du Bureau politique, que le parti vient de charger d'organiser le deux centième anniversaire du poète qui aura lieu dans quinze jours.

Je me réjouis de savoir que notre peuple pourra mieux connaître la vie, la pensée et les vers insurpassables de Plácido.

Là où la conversation avec Leonel prend sa plus grande dimension, c'est quand on entre dans la question du coût de la crise actuelle : dès lors, son cerveau ne cesse une seconde de tisser des raisonnements, de décrire en chiffres exacts chacun des principaux chapitres de cette crise.

Il commence par éclaircir la confusion presque universelle entre le billion anglais et le billón espagnol : le billion anglais équivaut à un millier de milliards ; le billón espagnol  équivaut à un million de millions.

Ceci engendre une énorme confusion dans les dépêches de presse et les articles.

Aussi Leonel préfère-t-il utiliser le mot trillón, pour désigner le billion des Etats-Unis.

Ainsi, pour parler du PIB des USA, qui se monte à presque 15 millions de millions, il dit qu'il avoisine les 15 trillones de dollars.

Ceci précisé, il se lance aussitôt dans une explication du montant de ce que Bush a dépensé dans la guerre en Iraq, ajouté au déficit budgétaire annuel de ce pays, ce qu'il calcule un par un, jusqu'au 19 mars prochain ; à quoi il ajoute le plan de sauvetage de Bush, à quoi il ajoute le plan de sauvetage d'Obama, et ainsi de suite.

Mais il ne se borne pas à ce que la crise coûte aux États-Unis : il calcule aussi ce qu'elle coûte aux pays d'Europe, d'abord à ceux de la zone euro qui sont appuyés par la Banque centrale européenne, puis à ceux de tous les pays de l'Est européen, et enfin à la Grande-Bretagne et à la Suède.

Leonel  passe aussitôt en revue les coûts pour tous les autres pays du monde.

Il compare le PIB des États-Unis et des autres nations. Il les ajoute tous. Il calcule les déficits prévus dans chacune. Il calcule aussi les prêts que font les banques pour soutenir la production de chaque entreprise productive, toutes les fois qu'elles prêtent l'argent déposé dans leurs coffres, les sommes du total des prêts générateurs de dérivés toxiques,  tout ceci équivalant à des centaines de trillones de dollars.

La spéculation financière règne partout, affirme Leonel.

« La spéculation est le fait de gens qui ne travaillent pas. »

« L'un vend du pétrole qu'il ne produit pas et l'autre achète un pétrole qu'il ne pense pas consommer. »

« C'est pareil avec les aliments. »

« C'est pareil pour tout. »

L'hypothèque se convertit en un titre qui se vend sur le marché - poursuit-il - sans que le maître du logement le sache. Il peut le perdre par suite d'une opération qui se réalise dans un pays lointain.

« Le néolibéralisme s'effondre sous son propre poids. »

« En revenir aux principes du keynésianisme ne résout pas la crise actuel. »

« Il faut chercher des idées nouvelles. »

Leonel sait que les chiffres sont pharamineux ; et il s'inquiète du fait qu'ils risquent de ne pas être compris tant ils semblent incongrus, et il promet de continuer de fournir des données.

Je définirais la thèse de Leonel comme suit : le capitalisme suinte des toxines vénéneuses par tous les pores.

Compte tenu de la passion qui vibre dans la voix de Leonel, je déduis que les Yankees maudiront l'arithmétique qu'ils lui ont apprise à New York en même temps que la lecture et l'écriture.

Pour sa part, le puissant organe des finances internationales, The Wall Street Journal,  a publié le 2 mars un article de Tunku Varadarajan, où celui-ci affirme que Nouriel Roubini, le gourou de l'économie, soutient fermement qu'une intervention temporaire est la meilleure solution à la crise financière :

« Nouriel Roubini s'habille toujours en blanc et noir, je le connais depuis presque deux ans, je l'ai vu en différentes circonstances : se rendant à ses cours à l'Ecole de commerce Stern, de l'Université de New York, où il est professeur ; prenant un verre de vin chez lui, dans le quartier de Tribeca à Manhattan ; lors d'une conférence savante, assis sagement à la présidence ; dans une fête bohème au Greenwich Village, à trois heures du matin.

« Il porte toujours un costume noir sur une chemise de lin blanche. »

Roubini est le propriétaire d'une société-conseil, Roubini Global Economics, en plein centre de New York.  Il est de nos jours la personne dont les principaux organes de presse étasuniens réclament les vues avec le plus d'insistance.

« L'idée que le gouvernement débourse des billions de dollars pour sauver des institutions financières et continue de dépenser de l'argent dans des actifs irrécouvrables n'est pas attrayante, parce que le coût fiscale est bien plus élevé ; au lieu d'être jugée comme quelque chose de bolchevique, la nationalisation est vue comme pragmatique. Paradoxalement, la proposition est plus orientée vers le marché que l'alternative des banques zombies.

« Dès lors, les hauts dirigeants de l'administration étasunienne seront-ils réceptifs à l'idée de nationaliser les banques ? "Je crois que oui", affirme Roubini sans hésiter. "Des gens comme Lindsey Graham [le sénateur républicain conservateur] et Alan Greenspan [l'ancien président de la Federal Reserve] lui ont donné explicitement leur bénédiction, ce qui protège Obama en quelque sorte". »

« Quelle est exactement la philosophie économique de Nouriel Roubini?  "Je crois à l'économie de marché - insiste-t-il. Je crois que le gens réagissent aux stimulants, que les stimulants sont importants, et que les prix reflètent la façon dont les choses devraient être distribuées. Mais je crois aussi que les économies de marché ont parfois des ratés et quand ça arrive, il y a place pour une régulation prudente (sans excès) du système financier." »

Il y a deux choses sur lesquelles Greenspan s'est complètement trompé : croire d'abord que le marché se régule soi-même ; ensuite, que  le marché fonctionne sans ratés.

Bref, pour le journaliste du Wall Street Journal,  Tunku Varadarajan, et l'éminent expert Nouriel Roubini, le système capitaliste ne peut fonctionner sans le marché, mais le marché ne se laisse pas réguler, si bien que l'Etat doit garantir les deux choses.

Je comprends l'angoisse de Leonel quand il réfléchit sérieusement au coût de la crise. La société qui a poussé le système capitaliste développé à son maximum ne sait pas comment faire face au problème, et ses théoriciens les plus connus lancent des idées comme celles que je viens de reproduire.

Leonel revient avec la plus grande sérénité du monde aux problèmes plus concrets de Saint-Domingue, signalant chacune des mesures qu'il se propose de prendre dans les prochaines années. Sur ce point, son cheval de bataille, ce sont les fonds sociaux. Il avance avec force l'idée que, en ce qui concerne les fonds sociaux des pays latino-américains, les retenues des salaires réels des travailleurs constituent une source de capitaux qui, gérés par l'État, accumule des ressources dont la valeur ne diminue pas mais s'élève au contraire d'année en année.

Si  l'on retient une part réelle du travail vif qui s'investit chaque année dans ces fonds, ceux-ci, placés dans des logements et d'autres services clefs de la population,  verraient leur valeur croître constamment.

En suivant les Rencontres internationales d'économistes sur la mondialisation et le développement qui se tiennent à La Havane, j'ai constaté durant les deux premières journées que des économistes de prestige international mettaient fortement l'accent sur la recherche d'une source d'accumulation du capital qui serait au service de la société, dans l'espoir de la délivrer des crises qu'elle souffre.

Devant ce cumul de théories et de solutions salvatrices, d'autres réalités me viennent soudain à l'esprit, et je me demande :

La science pourra-t-elle donner la réponse urgente requise à la fonte des banquises des cercles polaires arctique et antarctique qui s'opère sous nos yeux, alors que les niveaux de chaleur de l'atmosphère sont les plus élevés des sept cent mille dernières années, ce que savent les Nations Unies et d'autres institutions prestigieuses ?

Je comprends que de tels chiffres puissent décourager certains, mais ne serait-il pas pire de les ignorer ?

Ma conversation avec Leonel n'a pourtant pas conclu là-dessus. Il m'a dit qu'il se rendrait à Santiago de Cuba pour déposer une gerbe devant l'urne où sont conservés les restes de notre Héros national, cet homme qui avait déclaré à Montecristi que la bataille finale contre le pouvoir colonial espagnol visait à libérer Cuba et Porto Rico, et qui avait été accompagné par Máximo Gómez, ce Dominicain qui nous a appris et a perfectionné dans les campagnes cubaines la charge à la machette.

Martí avait lancé à Dos Ríos le mot d'ordre qui a présidé aux luttes ultérieures de notre peuple contre la mainmise impérialiste sur les pays latino-américains.

Avant de partir, Leonel m'a dit : « Sais-tu?  Je ne veux pas partir de Cuba sans visiter la caserne Moncada. » Je ne me souvenais même plus de cette forteresse au milieu de tant d'autres choses. Je n'ai pas fait de longs commentaires et je l'ai remercié de ses égards. Il a voulu prendre une photo avec un appareil numérique. On en a cherché un. Quand il m'a dit que c'était parce qu'il ne voulait pas s'exposer à un démenti, je lui ai répondu en blaguant que personne ne courrait ce risque, parce qu'on sait que je serais capable de prendre un avion et d'atterrir dans un pays voisin.

Le temps s'était écoulé d'une manière très agréable. Tout en écrivant ces lignes ce mercredi 4, j'écoute la harangue enflammée de Manuel Zelaya, le président hondurien, aux Rencontres sur la mondialisation et le développement. Encore plus enflammée a été sa dénonciation du blocus imposé à Cuba. Un orateur impressionnant. Dommage qu'il reparte aujourd'hui sans que je puisse le saluer. C'est sa seconde visite à Cuba. Mais que faire, où trouver le temps ?

                                                                

 

Fidel Castro Ruz

Le 4 mars 2009

15 h 35

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4 mars 2009 3 04 /03 /mars /2009 11:44


Des agences de presse s'offusquent devant les changements intervenus au sein du pouvoir exécutif.

Plusieurs d'entre elles parlent ou se font l'écho de rumeurs « populaires » au sujet de la substitution des « hommes de Raúl » aux « hommes de Fidel ».

Je n'ai jamais proposé la plupart de ceux qui ont été remplacés. Ils ont toujours été nommés à leurs postes par d'autres compagnons de la direction du parti ou de l'État. Je ne me suis jamais livré à ce genre de besogne.

Je n'ai jamais sous-estimé l'intelligence humaine ni la vanité des hommes.

On m'a consulté à propos des nouveaux ministres qui viennent d'être nommés, bien qu'aucune norme n'ait obligé les compagnons à le faire, car j'ai renoncé aux prérogatives du pouvoir depuis longtemps. Ils ont tout simplement agi en révolutionnaires authentiques qui portent en eux la loyauté aux principes.

On n'a commis aucune injustice envers certains cadres.

Aucun des deux que les dépêches signalaient comme les plus lésés n'a dit un mot pour exprimer son désaccord. Ce n'est absolument pas faute de courage personnel, mais pour une tout autre raison : le miel du pouvoir - qui ne leur a coûté aucun sacrifice - a éveillé en eux des ambitions qui les ont poussés à jouer un rôle indigne. L'ennemi extérieur s'est fait des illusions à leur sujet.

Je n'accepte pas qu'on mêle maintenant les commérages avec la Classique du base-ball sur le point de commencer. J'ai dit très clairement que nos joueurs étaient des jeunes de première ligne et des hommes de « la Patrie ou la Mort ».

Comme je l'ai dit d'autres fois, nous reviendrons avec le bouclier ou sur lui.

Nous vaincrons parce que nous savons et pouvons combiner quelque chose qui est seulement à la portée d'hommes libres et sans maîtres, non de joueurs professionnels.

Leonel Fernández m'a raconté hier après-midi que les excellents professionnels dominicains ne souhaitaient pas participer à ces compétitions, qu'ils seraient donc absents, au grand dam du peuple qui les a vus naître.

Chávez ignore encore pourquoi nos joueurs vaincront ses magnifiques lanceurs et batteurs.

L'équipe cubaine qui se mesurera cette année aux meilleurs pros des États-Unis et du Japon dans le cadre des Ligues majeures est bien plus forte et mieux entraînée que celle d'il y a trois ans.

Beaucoup d'eux sont déjà chevronnés malgré leur jeunesse. Aucun des joueurs sélectionnés n'est resté à la maison, sauf pour des motifs de santé.

J'assume toute la responsabilité pour le succès et la défaite. Les victoires nous appartiendront à tous, mais la défaite ne sera jamais orpheline.

Patria o Muerte ! Venceremos !


Fidel Castro Ruz
Le 3 mars 2009
11 h 32
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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 18:56

RÉFLEXIONS DU COMPAÑERO FIDEL

Le ridicule à son comble


Qu'ils m'ont fait peur ! J'ai failli mourir d'effroi en lisant les déclarations de l'Union démocrate indépendante (UDI) !

Quelle chance que le Chili ne vive plus sous la férule d'Augusto Pinochet ! Lisant le chapitre douze du livre de Max Marambio, Las armas de ayer, j'ai revécu ces journées sinistres où le tyran avait ordonné de bombarder la résidence du président à Tomás Moro.

Si j'en avais les moyens, je financerai une édition massive de cet ouvrage.

Peut-être est-il sur Internet. Sinon, quel dommage.

Comme je m'amuse à observer la fureur du secteur le plus faisandé de l'oligarchie chilienne ! Certains de ses dirigeants, visitant Cuba voilà quelques années, n'avaient pas hésité à demander à me rencontrer pour me prouver à quel point ils étaient capables et sages. Étant ce qu'ils sont, je ne les avais même pas traités par le dédain.

Le dernier jour d'Allende fut extrêmement triste.

En partant pour la Monnaie autour de sept heures du matin, il n'avait pas réveillé Tencha, sa femme, qui dormait au deuxième étage avec ses filles Isabel et Beatriz, la Tati. Il pensait que la résidence de Tomás Moro était l'endroit le plus sûr pour elles. Il ne pouvait pas imaginer que les putschistes la bombarderaient.

Max Marembio, le chef des jeunes révolutionnaires triés sur le volet et bien entraînés du Groupe d'appui au président (GAP), raconte :

« Pour la première fois dans l'histoire de l'institution et du pays, des avions de combat chiliens entrèrent en action pour attaquer le président qu'avait élu le peuple... et les Hawker Hunter le firent avec la dextérité qu'on acquiert à l'entraînement quand on sait qu'on ne court aucun risque de réplique de la part de l'objectif ciblé. C'est alors que les photos de la Monnaie, détruite et fumante, ont fait le tour du monde.

« ...Beatriz, la Tati, portait dans son ventre dilaté le petit-fils qu'Allende ne connaîtrait jamais...

« "On bombarde à onze heure tapantes ! On va voir ce qu'on va voir ! Une fois bombardée, on l'attaque avec le Buin et l'Ecole d'infanterie." Il avait décidé alors que les chars commenceraient l'attaque. Ils tirèrent plus de cinquante coups de canon contre la façade de l'édifice.

« Pinochet...maintenait son offre de faire sortir Allende du pays. Mettant son âme à nu, il avait toutefois ajouté un commentaire cynique : "Ensuite, mon vieux, l'avion tombe". Son interlocuteur, l'amiral Carvajal, riait aux commentaires de Pinochet. »

Je passerai la journée du 15 à suivre les nouvelles concernant le référendum populaire qui doit accepter ou refuser le droit d'Hugo Chávez d'être réélu à la présidence de notre sœur, la République bolivarienne du Venezuela.

Je ne doute absolument pas de sa victoire.

Fidel Castro Ruz

14 février 2009

17 h 11



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14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 21:00

RÉFLEXIONS DU COMPAÑERO FIDEL

L'article de Chávez


Mi-septembre 2006. J'étais vraiment dans un état très grave, mais aussi tout à fait conscient de ce qu'il se passait. Le Quatorzième Sommet du Mouvement des pays non alignés, au cours duquel Cuba avait été présidente, avait pris fin ces jours-là. J'avais beaucoup de difficulté à me lever et à m'asseoir à une table. C'est  ainsi que j'ai reçu d'importants chefs d'État ou de gouvernement. Entre eux, le Premier ministre de l'Inde. Le visiteur au rang le plus élevé que j'avais reçu dans cette chambre d'urgence du Palais présidentiel avait été le Ghanéen Kofi Anan, Secrétaire général des Nations Unies, dont le mandat devait conclure quelques semaines après.

Abdelaziz Bouteflika, le président algérien, l'une des personnalités que j'avais rencontrées, m'avait dit en me regardant droit dans les yeux : « Fidel, si tu as besoin de mon sang, tu l'auras. »

Je l'appréciais beaucoup. Il avait été ministre des Affaires étrangères de notre ami Houari Boumediene.

Bouteflika venait de son côté de souffrir une grave crise de santé qui l'avait mis au bord de la mort. On peut dire que son rétablissement a été étonnant.

Son exclamation constitua un soutien noble et désintéressé à notre cause, même si je ne m'y attendais pas parce que nous avons toujours pratiqué notre solidarité sans rien attendre en échange.

C'était là un noble geste. Quelques années avant, à Monterrey (Mexique), un méprisable traître à l'histoire de son peuple désintéressé et combatif m'avait expulsé d'un Sommet qui se déroulait dans cette ville après que je me fus adressé à mes collègues, exception faite de Bush, tout simplement parce que le chef de l'Empire l'avait averti qu'il ne foulerait pas le sol mexicain tant que j'y serais.

Juste avant mon départ, Hugo Chávez m'avait rendu visite en hâte et, indigné devant la fourberie du chef d'Etat du pays hôte, s'était écrié : « Fidel, dis-moi de combien de pétrole a besoin Cuba pour surmonter le blocus yankee ! »

Le dialogue semblait irréel. J'ai du mal à me rappeler à travers la brume de l'émotion ce que j'ai répondu exactement. Sans doute ai-je refusé son offre.

De toute façon, le destin de Cuba avait suivi son cours. Le sort de notre peuple était lié au souvenir légendaire du Che et à la pensée de Martí et de Bolívar.

Notre avenir est inséparable de ce qu'il se passera dimanche prochain quand débutera le vote pour l'adoption de l'amendement constitutionnel. Il n'existe pas d'autre solution que la victoire.

La destinée des peuples de « Notre Amérique » dépendra beaucoup de cette victoire, laquelle exercera une influence sur le reste de la planète.

Je ne saurais toutefois manquer de reconnaître l'apport d'Hugo Chávez à la littérature espagnole : l'article qu'il a publié hier, 12 février, dans sa colonne intitulée : « Las líneas de Chávez » est un document inspiré d'une qualité exceptionnelle que seuls les grands écrivains peuvent rédiger. C'est Chávez reflété corps et âme en caractères d'imprimerie, et bien peu y parviennent.

La manifestation débordante et enthousiaste d'hier est un spectacle que seule la télévision est capable de retransmettre à un nombre de personnes incalculable à travers le monde.

L'autoprovocation orchestrée contre la synagogue juive, mais finalement démasquée, est l'antithèse de l'attitude des troupes soviétiques qui prirent d'assaut en 1945 le camp de concentration d'Auschwitz et qui permirent de faire connaître au monde le sort bouleversant qu'avaient connu des millions de juifs et d'habitants des pays occupés, dont des enfants, des personnes âgées et des femmes, réduits en captivité par les nazis. Ce ne sont pas les soldats d'Eisenhower qui se battirent et versent leur sang pour les libérer.

Les injustices monstrueuses que l'impérialisme a semées sur la planète marquent la fin inexorable d'un système et d'une ère auxquels il ne peut rester beaucoup de temps. Celui-ci aussi presse. Remercions notre compatriote vénézuélien de son avertissement claironnant.

Fidel Castro Ruz

13 février 2009

23 h 30


 

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14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 20:44


RÉFLEXIONS DU COMPAÑERO FIDEL

 

Le chant du cygne des riches

 

Les oligarques chiliens ont crié comme un putois à cause de la visite de la présidente Michelle Bachelet à Cuba.

Le sous-secrétaire chilien aux Relations  extérieures, Alberto Van Klaveren,  a affirmé que j'avais avancé dans mes Réflexions d'hier des idées strictement personnelles. Exact : elles ne prétendaient rien d'autre.

J'ai reçu la chef d'État chilienne avec le plus grand respect. Je n'ai pas utilisé un seul mot qui aurait pu blesser l'illustre visiteuse. Simple preuve de bon sens. J'estimais que c'était un devoir élémentaire de la recevoir, même si cela impliquait pour moi un effort supplémentaire compte tenu des heures passées à converser puis à écrire au sujet de notre rencontre.

J'ai choisi plusieurs photos prises par un collaborateur de l'époque où j'étais chef d'État et je les lui ai remises pour qu'elle décide de leur usage. Pour ma part, je ne les ai pas utilisées.

Pourquoi un tel esclandre oligarchique au sujet de cette rencontre ?

Pourquoi affirme-t-on, selon l'agence ANSA, que mes paroles constituent « une interprétation historique de thèmes tout à fait révolus » ?

Je n'ai d'autre engagement qu'envers la vérité historique, et l'Histoire atteste qu'en proclamant l'indépendance de la Bolivie, le Libertador de l'Amérique, Simón Bolívar, lui assigna une large bande de la côte sud-américaine donnant sur l'océan Pacifique, entre les 22e et 23e parallèles. L'Histoire atteste aussi que le désert de l'Atacama fut inclus dans le territoire de la jeune Bolivie lors de la victoire sur l'Empire espagnol.

Le guano, le nitrate, le cuivre et d'autres précieux minerais découverts plus tard faisaient partie de ce territoire. J'ai été bien modéré en affirmant qu'on ignorait si ces minerais étaient chiliens ou boliviens, une manière diplomatique de dire les choses, parce que je pense qu'en fin de compte, Bolívar avait rêvé d'une Amérique latine unie, plus grande par  sa conception que par ses richesses.

De toute façon, nul ne peut ôter son éclat et sa transcendance au moment historique que signifiera après-demain l'approbation ou le rejet de l'amendement à la Constitution vénézuélienne.

Pour ma part, je serai toujours fidèle au peuple héroïque qui a sacrifié tant de vies à compter du 11 septembre 1973 pour défendre les idées immortelles du président Salvador Allende et je condamnerai jusqu'à mon dernier souffle la politique retorse d'Augusto Pinochet. L'oligarchie chilienne et les bureaucrates qui souhaitent la laver de toute responsabilité peuvent-ils en dire autant ?

Fidel Castro Ruz

13 février 2009

18 h 17
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13 février 2009 5 13 /02 /février /2009 22:47
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