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15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 07:35

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Interview d’Eric Toussaint par Igor Ojeda (pour Brasil de Fato, hebdomadaire brésilien) Février 2010

ENTREVUE. Selon l’opinion d’Eric Toussaint, docteur en sciences politiques, un des idéologues de l’événement qui en est à son 10e anniversaire, il faut créer un front permanent des partis, des mouvements sociaux et des réseaux internationaux pour réaliser des actions politiques.

Eric Toussaint, docteur en sciences politiques, membre du Conseil international du Forum Social Mondial (FSM), est favorable à ce que le FSM devienne une plate-forme dotée d’une plus forte influence politique dans les luttes sociales à travers le monde. Cependant, il ne s’inquiète pas beaucoup de la résistance de certains secteurs à l’intérieur du FSM qui veulent maintenir l’événement dans sa forme originelle. Pour lui, la solution est simple. “Si le Forum ne le permet pas, il faut construire un autre instrument, sans quitter ou éliminer le Forum”. Lors d’une conversation avec Brasil de Fato |1|, Eric Toussaint, président du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM) en Belgique, défend l’idée d’un dialogue entre mouvements et partis sur la base de l’appel pour la création d’une cinquième internationale lancé par le président Hugo Chávez du Venezuela. Dans l’entrevue qui suit, il parle de la crise économique mondiale, des initiatives d’intégration du continent latino-américain et de la montée des Bric’s (Brésil, Russie, Inde et Chine) sur la scène internationale, puissances qui, selon son évaluation, ne représentent pas une alternative progressiste à l’ordre ancien. “Ce qu’ils veulent, c’est négocier avec les vieux impérialismes une place dans la division internationale des pouvoirs, du travail, de l’économie mondiale et de l’accès aux ressources naturelles”.

Entrevue

Brasil de Fato – Comment évaluez-vous les deux visions différentes exposées lors du débat d’ouverture du Forum Social Mondial |2|, c’est-à-dire, celle qui, d’un côté, propose l’“utilisation” du Forum comme plate-forme politique avec plus de pouvoir d’action et d’influence politique et celle qui, d’un autre côté, défend que l’événement garde sa forme originelle d’espace d’échange d’idées ?

Eric Toussaint – Nous avons besoin d’un instrument international pour déterminer des priorités en termes de revendications et d’objectifs à atteindre, un calendrier commun d’actions, un élément de stratégie commune. Si le Forum ne le permet pas, il faut construire un autre instrument, sans pour autant éliminer ou quitter le Forum. Je pense qu’il a sa raison d’être. Mais puisqu’un secteur du FSM ne veut pas que celui-ci se transforme en instrument de mobilisation, il vaut mieux construire un autre instrument avec les organisations et les individus qui sont convaincus que c’est ce dont nous avons besoin. Cela n’empêcherait pas de continuer à intervenir activement dans le Forum. Je dis cela pour éviter une scission, un débat sans fin qui paralyse plus qu’il n’aide. C’est clair qu’il y a un secteur qui préfère maintenir le Forum Social Mondial comme un lieu de discussion, de débat, et ne souhaite pas sa transformation en un instrument pour l’action.

C’est un secteur assez fort, non ?

Oui. D’une certaine manière, c’est une partie du noyau historique qui a particpé à la création du Forum. Mais ce n’est pas tout le noyau historique puisque le MST |3| qui est favorable à la transformation du FSM a également participé à sa naissance. Le CADTM fait aussi partie du Conseil international du Forum depuis sa création en juin 2001. Mais c’est évident que des organisations comme IBASE |4| et des personnalités comme Chico Whitaker et Oded Grajew s’opposent à l’évolution vers un instrument de lutte. Par ailleurs, ce qui me préoccupe, c’est d’arriver à Porto Alegre et de voir que le séminaire “10 ans après” est patronné par Petrobras |5|, Caixa, Banco do Brasil, Itaipu Binacional, et avec une forte présence des gouvernements. Cela me préoccupe vraiment. J’aurais de loin préféré un Forum avec moins de moyens financiers mais plus militant. Nous pouvons nous appuyer sur des forces bénévoles militantes, loger chez des militants à la ville ou à la campagne, organiser des hébergements dans des complexes sportifs, des écoles...

A quel nouvel instrument faites-vous allusion ?

Il existe une proposition qui, à la vérité, a eu relativement peu de répercussion. Il s’agit de l’appel que Hugo Chávez a lancé fin novembre 2009 pour la création d’une Cinquième Internationale qui réunirait des mouvements sociaux et des partis de gauche |6|. Je pense que c’est, en principe, très intéressant. Ce pourrait être une perspective s’il y a une réflexion, un dialogue entre partis et mouvements sociaux : une Cinquième Internationale comme instrument de convergence pour l’action et pour l’élaboration d’un modèle alternatif |7|. Mais, selon moi, elle ne constituerait pas une organisation comme les Internationales antérieures qui étaient – ou sont encore puisque la Quatrième Internationale existe toujours - des organisations de partis avec un niveau de centralisation assez élevé. Je pense que la Cinquième Internationale ne devrait pas avoir un haut niveau de centralisation et ne devrait pas impliquer une auto-dissolution des réseaux internationaux ou d’une organisation comme la Quatrième Internationale. Ceux-ci pourraient adhérer à la Cinquième Internationale en gardant leurs caractéristiques mais une telle adhésion démontrerait que tous les réseaux ou grands mouvements ont la volonté d’aller plus loin que des fronts ponctuels comme les coalitions sur le climat et la justice sociale, la souveraineté alimentaire, la dette... Nous avons des bannières communes entre beaucoup de réseaux et c’est positif. Mais s’il était possible d”arriver à un front permanent, ce serait mieux. En employant cette expression, je suis déjà en train de donner un élément de définition. Pour moi, la Cinquième Internationale serait, dans la sitiuation actuelle, un front permanent de partis, de mouvements sociaux et de réseaux internationaux. Le terme “front” implique clairement que chacun garderait son identité mais donnerait la priorité à ce qui unit pour atteindre des objectifs communs et faire avancer la lutte. Les derniers mois ont démontré à nouveau la nécessité d’augmenter la capacité de mobilisation car la mobilisation contre le coup d’Etat du Honduras a été totalement insuffisante. C’est préoccupant parce que, comme les Etats-Unis appuient le coup d’Etat en légitimant les élections qui ont suivi |8|, les forces putschistes du monde entier considèrent que c’est à nouveau une option raisonnable. Au Paraguay, par exemple, la discussion entre les putschistes tourne aurour de “Quand ?” et “Comment ?”. Ils sont convaincus qu’il faut un coup d’Etat à partir du Congrès National contre le président Fernando Lugo. Cela montre bien que la mobilisation à propos du Honduras a été insuffisante. Cela a aussi été le cas pour Copenhague et, maintenant, pour Haïti. La riposte à l’intervention des Etats-Unis en Haïti est totalement insuffisante.

Vous affirmez donc qu’il est possible, dans une Cinquième Internationale, de concilier autour d’actions politiques communes les différents courants de gauche qui formeraient cette nouvelle organisation ?

Oui, je pense qu’il faut commencer par un dialogue consultatif pour tenter d’arriver à ce résultat. Nous ne pouvons pas nous précipiter. La Cinquième Internationale, pour être réellement effective, doit entendre et réunir une quantité très significative d’organisations. Construire une Cinquième Internationale avec une petite partie du mouvement n’en vaudrait pas la peine. Ce serait tuer le projet ou le limiter. Ouvrir la perspective sur ce débat me paraît absolument nécessaire.

Lors d’une interview, vous avez dit que le Forum Social de Belém, tenu en janvier de l’année passée, fut la première grande mobilisation contre le crise économique mondiale |9|. Mais, maintenant, vous dites qu’il n’y a pas eu de riposte satisfaisante à ce qui s’est passé au Honduras et en Haïti. Qu’est-il arrivé ? Qu’est-ce qui a raté ?

Oui, vous avez tout à fait raison de pointer le décalage entre le grand succès de Belém et ce qui s’est passé depuis. Le bilan de 2009 est préoccupant. Il n’y a pas eu dans les grandes économies industrialisées, l’épicentre de la crise, de grandes mobilisations sociales. Sauf en France et en Allemagne où il y a eu des mobilisations assez fortes, en particulier en France où plus d’un million et demi de manifestants sont descendus dans les rues au cours de deux manifestations au premier semestre 2009 |10|. Aux Etats-Unis, il y a eu quelques grèves mais limitées. Cependant, les secteurs de masse – ceux qui souffrent le plus de la crise - éprouvent une grande diffculté à se mobiliser. C’est comme si les gens étaient groggys. Le chômage a augmenté très fortement au Nord de la planète. En Espagne, il est passé de 10 à 20% de la population économiquement active : c’est quelque chose qu’on n’avait plus vécu depuis 30 ans. Par rapport au Sud de la planète, des gouvernements comme celui de Lula donnent l’impression qu’un pays comme le Brésil ou d’autres pays ne vont pas être affectés par la crise du Nord parce qu’ils ont pris des mesures financières et économiques qui leur permettent d’être blindés. Cependant, au Sud, il y a aussi un bas niveau de mobilisation par rapport à la crise internationale. Mais je voudrais faire une comparaison historique. Après la crise de Wall Street en 1929, les grandes luttes sociales radicales n’ont commencé qu’en 1933, 1934 et 1935. Donc, historiquement, nous voyons que les réactions de masse ne sont pas immédiates. Si la crise persiste, et ses effets continuent d’être très forts, les gens commenceront en définitive à se mobiliser massivement.

Mais, au-delà de cette analyse plus historique, est-ce que vous croyez que la gauche n’a pas su se préparer à une riposte adéquate ?

C’est un autre aspect. Nous avons vu par exemple que la jeunesse brésilienne de l’Etat de Pará était très intéressée, elle était en masse au Forum Social de Belém en janvier 2009. Et elle participait aux débats où on parlait d’alternatives radicales. Mais comme le Forum Social Mondial n’est pas un instrument de mobilisation, cela n’a pas été plus loin. En plus, les directions syndicales sont très bureaucratisées. La politique des directions syndicales consiste à espérer que la décision du gouvernement va éviter un grand choc. Elles accompagnent et appuient les politiques gouvernementales qui limitent un peu le coût de la crise pour les plus opprimés. Il y a un manque de volonté de la part des directions syndicales, des partis de gauche ou des partis “socialistes”, qui fait que les gouvernements continuent d’appliquer, dans les pays du Nord, des solutions sociales-libérales ou néolibérales. Il n’y a même pas la volonté de mettre en place une politique néo-keynésienne. Le New Deal de Roosevelt (Franklin Delano Roosevelt, alors président des Etats-Unis) de 1933, en comparaison des politiques du démocrate Barack Obama, ou des gouvernements comme celui de Zapatero (José Luis Zapatero, premier ministre espagnol, du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) et de Gordon Brown (premier ministre britannique, du Parti Travailliste), paraît de gauche. Il est donc évident qu’il y a une terrible responsabilité des directions des partis de la gauche traditionnelle, des syndicats, et une très grande faiblesse du Forum Social Mondial pour affrontrer la crise. Voilà pourquoi, je reviens à mon premier point de l’interview, il faut que nous ayions un nouvel instrument.

Croyez-vous qu’avec cette crise, une nouvelle ère de multipolarité a été inaugurée ou pourrait commencer dans un futur proche ?

Il est évident que la domination économique des Etats-Unis n’est pas la même qu’il y a 20 ans. Les Etats-Unis ont perdu la domination économique mais c’est le seul pays qui combine domination industrielle - malgré que cet aspect soit en train de s’affaiblir –, une monnaie internationale – bien qu’affaiblie, elle reste la principale monnaie internationale – et une présence militaire permanente dans plus de cent pays. Elle dispose d’une capacité d’invasion. Il y a cinq mois, j’ai publié un article dans lequel j’interprétais le coup d’Etat au Honduras et les 7 bases en Colombie comme une démonstration évidente de l’agressivité des Etats-Unis envers l’Amérique latine |11|. Des journalistes ont réagi en disant que j’exagérais, que les Etats-Unis n’étaient pas capables de faire une intervention en Amérique latine, qu’ils n’en avaient plus la capacité militaire de par leur engagement en Afghanistan, au Pakistan et en Irak. Mais maintenant, en quelques jours, ils envoient 15.000 soldats en Haïti. Par conséquent, oui, ils continuent d’être une puissance capable d’attaquer, d’envoyer des troupes, des équipements, du matériel militaire dans différents endroits de la planète. Le cas de Haïti est emblématique car il montre que les Etats-Unis ont une grande capacité de réaction, et très rapide. La puissance états-unienne continue à être la principale au monde en termes géostratégiques. D’accord, de nouvelles puissances sont en train de se renforcer comme la Chine, la Russie, l’Inde et le Brésil, qui sont des puissances régionales. Il y a également bien sûr l’Union europénne. Le concept qui, pour moi, définit bien la situation internationale du Brésil est le concept d’“impérialisme périphérique”. Pourquoi “impérialisme” ? Parce que le Brésil considère les pays voisins de la même manière qu’un pays impérialiste traditionnel considère les pays où il fait des investissements. Le Brésil regarde ses voisins comme le lieu de destination des investissements des entreprises transnationales brésiliennes et la politique extérieure du gouvernement brésilien tend à appuyer la stratégie d’extension de ces entreprises : Petrobras, Vale do Rio Doce, Odebrecht, etc., qui sont présentes en Bolivie, en Equateur, au Perou, au Vénézuela, au Chili, en Argentine, et même en Afrique où elles réalisent des investissements importants. Cependant, il existe un caractère multipolaire dans le sens où il n’y a pas de super-impérialisme. Par ailleurs, les dénommés Bric’s (acronyme pour Brésil, Russie, Inde et Chine) ne se constituent pas en alternative progressiste aux vieux impérialismes (les Etas-Unis, l’Union européenne, le Japon). Ce qu’ils veulent, c’est négocier avec ces vieux impérialismes leur place dans la division internationale des pouvoirs, du travail, de l’économie mondiale et de l’accès aux ressources naturelles. Donc je considère qu’aucune puissance ne joue un rôle progressiste que nous pourrions appuyer. Ce qui existe au niveau alternatif, c’est une initiative comme l’ALBA (Alternative Bolivarienne pour les Amériques, proposée par le président vénézuélien Hugo Chávez) dont les composantes, heureusement, ne sont pas des pays impérialistes. Des alternatives régionales comme l’ALBA sont très importantes. Ma préoccupation à ce sujet est qu’il faudrait accélérer le processus et aller au-delà des discours, en augmentant beaucoup plus l’intégration entre ces pays. Mais il faut mettre en évidence les choses positives : à la réunion de l’ALBA du 25 janvier, on a décidé d’abolir la dette d’Haïti à l’égard des pays membres, donnant ainsi une leçon aux puissances qui se réunissaient à Montréal le même jour et qui discutaient de l’allégement de la dette conditionné à des mesures d’ajustement structurel.

Dans ce contexte, comment évaluez-vous l’avance d’initiatives comme celle de la Banque du Sud ? Croyez-vous que ce projet est arrivé à un stade satifaisant ?

En 2007, j’ai participé, à la demande du gouvernement de Rafael Correa et de son ministre de l’Economie et des Finances, à la rédaction de la position de l’Equateur sur la Banque du Sud. Le projet que le pays a défendu est un modèle de Banque du Sud pour financer des projets publics, ou de communautés traditionnelles, natives, etc. Par exemple, financer, au niveau régional, une politique de souveraineté alimentaire, permettre les réformes agraires nécessaires, les réformes urbaines, priviliégier le réseau ferroviaire – et pas le réseau routier. C’est une des options possibles pour la Banque du Sud. Le Brésil et l’Argentine ont un autre projet. Celui de financer des projets dans les pays plus pauvres qui font partie de l’initiative (Bolivie, Paraguay, Equateur), des projets de travaux publics dans le cadre de l’IIRSA (Initiative d’Intégration de l’Infrastruture Régionale Sud-Américaine), par le biais de contrats pour les entreprises brésiliennes ou argentines. C’est-à-dire encore une fois de l’argent public pour des contrats d’entreprises privées, de grands projets qui ne respectent pas l’environnement et ne donnent pas la priorité à l’amélioration de la situation des masses. C’est l’option du Brésil et de l’Argentine qui commence à dominer les négociations de la Banque du Sud. Il faut que les gouvernements de gauche réagissent et choisissent vraiment une intégration des peuples, et non une intégration qui soit favorable aux grandes entreprises transnationales, qu’elles soient du Nord ou du Sud. Une intégration qui ne prenne pas comme modèle l’intégration européenne. En Europe, nous avons une intégration mais totalement dominée par la logique de l’accumulation du capital privé, la logique libérale ou néo-libérale. Avec les gouvernements qui existent en Amérique latine, avec la force des mouvements sociaux et la tradition des luttes radicales, c’est l’endroit au monde où on peut mettre en oeuvre un modèle alternatif.

Vous avez coutume de dire qu’il y a deux gauches : la gauche éco-socialiste et la gauche social-libérale. Comment expliquer que, malgré que le modèle néolibéral ait été mis en échec consécutivement à la crise, le président Lula – que vous positionnez comme social-libéral – ait été un de ceux qui en soient sorti renforcés ?

Fondamentalement, ce qui définit le sort d’un pays, ce sont les mouvements sociaux, les expériences que les masses accumulent à travers leurs mobilisations. Et nous voyons que les pays où des gouvernements, en politique, sont les plus avancés sont ceux où il y a eu les mouvements sociaux les plus radicaux. Ce niveau de mobilisation sociale exerce une pression sur les gouvernements pour les pousser à prendre les mesures politiques et sociales les plus cohérentes avec une option de gauche. Au Brésil, malheureusement, il n’y a pas eu ces cinq ou six dernières années ce niveau de mobilisation. Et le gouvernement a également débuté dans une situation économique internationale favorable. Entre 2004 et 2008, il y a eu l’augmentation du prix international des matières premières, une croissance avec la bulle spéculative au Nord qui a généré plus d’exportations pour le pays. Et, jusqu’à présent, comme nous l’avons dit auparavant, la crise internationale n’a pas affecté immédiatement le Brésil. Ainsi, le gouvernement peut présenter comme le résultat de sa politique, une situation économique qui ne dépend pas exactement de celle-ci.

Mais pour quelles raisons n’a-t-il pas été si touché par la crise ?

Parce que la réduction du prix des matières premières au second semestre 2008 a été suivie par une nouvelle hausse des prix en 2009. D’une part, les revenus d’exportation se sont maintenus. D’autre part, le programme “Bolsa Familia” |12| fournit aux secteurs pauvres un certain niveau de consommation qui maintient le marché interne. La question est : qu’est-ce qui va arriver les prochaines années ? Que va-t-il se passer par rapport à la croissance de la Chine ? Elle peut ne pas continuer. Nous savons qu’en Chine se développent plusieurs bulles spéculatives, il y a une bulle immobilière, une bulle boursière et une explosion des dettes. La croissance de la Chine est due à une augmentation très forte des dépenses publiques de la part du gouvernement pour contrecarrer la perte de marchés extérieurs suite à la crise aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. On maintient un niveau de croissance, mais de manière partiellement artificielle, grâce à ces bulles. Dans la situation mondiale actuelle, la Chine est la locomotive de ce qui reste de la croissance économique. Sans la Chine, nous serions à un niveau de pure récession mondiale. La situation du Brésil est liée à celle de la Chine par les exportations de minerais, etc. Mais aussi parce que la situation de la Chine maintient la situation de l’économie mondiale à un certain niveau de croissance. Si elle tombe, ce qui pour moi n’est pas une certitude mais une possibilité, cela affectera l’économie brésilienne. Le Brésil souffrira aussi des conséquences d’autres explosions financières internationales qui surviendront dans les années qui viennent. Les prix des matières premières sont plus élevés que ce que l’activité économique mondiale ne le justifie. Il y a un investissement spéculatif dans les matières premières de plusieurs produits alimentaires exportés par le Brésil comme le soja... Quand la bulle spéculative éclatera, nous aurons une réduction des prix des matières premières et cela touchera le Brésil. C’est pourquoi l’idée que le Brésil est une économie blindée est fausse. Elle dépend de l’évolution internationale sur laquelle le Brésil n’a aucun contrôle. Ce que le Brésil pourrait faire pour parer à cela, c’est augmenter beaucoup plus son marché intérieur, appliquer un protectionnisme, exercer plus de contrôle sur les mouvements de capitaux, mettre en oeuvre un modèle économique redistributif, attaquer les monopoles, les lobbys, faire une réforme agraire et urbaine radicale. Ce pourrait être un modèle dans le cadre d’une intégration régionale avec une authentique orientation de gauche. Mais cela impliquerait une autre option de gouvernement.

Comment évaluez-vous les ripostes à la crise de la part des gouvernements plus progressistes comme ceux du Venezuela, de la Bolivie et de l’Equateur ?

Il y a eu un aspect positif, non seulement dans ces trois gouvernements mais aussi d’une certaine manière, dans la gestion de Lula, Cristina Fernandez (présidente d’Argentine) et Michelle Bachelet (présidente du Chili). C’est que, malgré les recommandations du FMI de réduire les dépenses publiques, les gouvernements ont appliqué des politiques hétérodoxes, y compris le gouvernement d’Alan García, du Pérou, qui est un gouvernement de droite. Cela a permis à ces gouvernements de maintenir un certain niveau de croissance économique. La réaction de la Bolivie, de l’Equateur et du Venezuela n’a pas été à ce niveau très différente des gouvernements mentionnés plus haut : ils ont maintenu des dépenses publiques importantes pour soutenir la consommation et l’activité économique. Des trois, le gouvernement qui a radicalisé un peu sa politique économique a été celui de Hugo Chávez, avec plus de nationalisations. Mais, franchement, les polítiques de Correa, Chávez et Evo Morales (président de Bolívie) pour affronter la crise ne sont pas très différentes de celles des autres gouvernements de la région dont je viens de parler. Il n’y a pas une différence radicale dans la sphère économique. Je pense qu’il y a des différences en termes d’anti-impérialisme, de réformes constitutionnelles, de récupération du contrôle sur les ressources naturelles. Mais ce serait simplificateur de dire qu’il y a des différences astronomiques entre les expériences économiques de la région. Personnellemnt, j’aurais préféré pouvoir dire que les gouvernements d’Equateur, du Venezuela et de Bolívie sont en train de mettre en oeuvre un modèle radicalement alternatif. Mais ce n’est pas encore le cas. Il y a des annonces et des perspectives qui peuvent être très intéressantes, mais il ne faut pas confondre discours et intentions avec les faits de la vie réelle.

Où en est aujourd’hui le débat sur la dette publique ?

La question de la dette a ses hauts et ses bas. Le thème était brûlant dans les années 1980, il est revenu en force avec le default de l’Argentina fin 2001 |13|. Maintenant, nous revenons à une situation de tension dans ce domaine, mais c’est seulement le début. En 2007, l’Equateur a constitué une commission d’audit dont j’ai fait partie. Et, à partir de nos conclusions, le gouvernement de Correa a décidé de suspendre le paiement de 3,2 milliards de dettes en titres commerciaux, vendus à Wall Street et qui se clôturaient entre 2012 et 2030. Correa a suspendu le paiement à partir de novembre 2008 et a affronté les créanciers, les détenteurs des titres. Et il a obtenu le 10 juin 2009 que 91% des titres soient vendus au gouvernement de l’Equateur avec une décote de 65%. Ce qui signifie que l’Equateur récupéra 3,2 milliards de dollars de bons en les payant 1 milliard. Il a économisé 2,2 milliards de dollars, plus les intérêts qui restaient à payer. Cela montre que, même un petit pays peut affronter les détenteurs de titres et leur imposer un “sacrifice”. Eux, qui gagnent toujours, ont dû abandonner la perspective de continuer à gagner beaucoup d’argent avec ces titres. La leçon est que si l’Equateur a réussi à le faire, des pays comme le Brésil, l’Argentine et d’autres pourraient le faire aussi. L’Argentine avait suspendu le paiement en 2001 mais, en 2005, elle a commis l’erreur fondamentale d’échanger des titres et non de les racheter ou de les annuler totalement. Elle les a échangés avec une décote mais elle a dû continuer à payer les intérêts à un taux élevé. La dette de l’Argentine aujourd’hui est du même volume que celui de 2001. La question du paiement de la dette reviendra sur la scène internationale en raison de deux facteurs fondamentaux. Premièrement, la crise financière et économique, qui a diminué les exportations du Sud et les revenus fiscaux qu’elles génèrent, rend plus difficile le remboursement de la dette publique interne et externe. Le second facteur est l’augmentation du coût de refinancement de la dette. Comme les banquiers du Nord sont entrés en crise, leur tendance est d’être plus exigeants vis-à-vis des pays du Sud qui désirent s’endettter au niveau international.

Traduit du portugais par Denise Comanne avec l’aide de Laurent Atsou.


Notes

|1| Hebdomadaire brésilien de diffusion nacional, il est édité et est la propriété de mouvements sociaux parmi lesquels la Via Campesina, Consulta Popular, des organisations chrétiennes de gauche, des mouvements féministes et étudiants... http://www.brasildefato.com.br/v01/agencia/entrevistas/para-alem-do-forum-social-mundial-a-quinta-internacional

|2| Igor Ojeda se réfère à la conférence inaugurale du séminaire international intitulé « 10 années après : défis et propositions pour un autre monde possible » organisé à Porto Alegre du 25 au 29 janvier 2010 par le « Groupe de réflexion et d’appui au processus du FSM » composé de plusieurs organisations brésiliennes, notamment IBASE, Ethos et l’Instituto Paulo Freire.

|3| Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra (Movimiento de los Trabajadores Rurales Sin Tierra) http://www.mst.org.br/

|4| Instituto Brasileiro de Análises Sócias e Econômicas (Instituto Brasileño de Análisis Sociales y Económicos). http://www.ibase.org.br/

|5| L’entreprise pétrolière mixte (l’Etat brésilien détient 39% de son capital) Petrobras est la deuxième transnationale brésilienne en termes d’investissements à l’étranger. Elle est responsable de dégradations environnementales graves notamment en Amazonie.

|6| «  La Rencontre internationale de partis de gauche, tenue à Caracas les 19, 20 et 21 novembre 2009, après avoir reçu la proposition du Commandant Hugo Chávez Frías de convoquer la Ve Internationale socialiste en tant qu’instance des partis, courants de socialistes et mouvements sociaux du monde entier, où nous pourrons harmoniser une stratégie commune de lutte anti-impérialiste, dépasser le capitaliser pour le socialisme et l’intégration économique solidaire d’un nouveau genre, décide de valoriser ladite proposition au vu de sa dimension historique qui propose un nouvel esprit internationaliste »http://www.psuv.org.ve/files/tcdocumentos/engagement.caracas.pdf

|7| Zetnet a lancé un appel international pour une cinquième internationale qui recueille un certain succès, voir en anglais et espagnol seulement : http://www.zcommunications.org/newinternational.htm

|8| Voir Eric Toussaint « Du coup d’Etat au Honduras aux sept bases US en Colombie : la montée de l’agressivité de Washington » www.cadtm.org/Du-coup-d-Etat-au-Honduras-aux

|9| Voir Eric Toussaint, « Le rebond du Forum social mondial » http://www.cadtm.org/Le-rebond-du-Forum-social-mondial (Février 2009)

|10| Il faut aussi mentionner les énormes mouvements sociaux qui ont eu lieu à la Guadeloupe et à la Martinique au 1er trimestre 2009.

|11| Voir Eric Toussaint, « Du coup d’Etat au Honduras aux sept bases US en Colombie : la montée de l’agressivité de Washington », 7 décembre 2009,www.cadtm.org/Du-coup-d-Etat-au-Honduras-aux

|12| Au Brésil, 11 millions de familles brésiliennes vivant en dessous de la ligne de pauvreté reçoivent entre 7 et 45 euros par mois. Cette mesure constitue une amélioration réelle du quotidien de près de 24% de la population dont les revenus permettent à grand peine de survivre. Lors des élections de 2006, Lula a fait les meilleurs résultats électoraux dans les régions les plus pauvres en raison de l’application de ce plan mis en œuvre en 2003 lors de son premier mandat. Voir notamment V.M. Castro et M. Bursztyn, « Social inclusion or poverty alleviation ? Lessons from recent Brazillian experiences », Center for International Development, Harvard University, www.politiquessociales.net/IMG/pdf/027.pdf La Banque mondiale soutient avec enthousiasme ce programme : http://go.worldbank.org/PE5Z73M330 Le gouvernement Lula a annoncé en novembre 2009 qu’il comptait distribuer gratuitement 11 millions de téléphones portables pour les familles pauvres. Le coût d’utilisation mensuel sera au minimum d’environ 3,00€.

|13| Suite à une rébellion sociale massive combinée à un manque de liquidités, entre fin 2001 et mars 2005, le gouvernement argentin a suspendu le remboursement de 100 milliards de dollars sous forme de bons.

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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 13:06
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Le sommet de Copenhague, n’a pas pris de décisions à la hauteur des dangers énoncés par les scientifiques du GIEC. Le climat de la planète n’a pas droit au même empressement que le système financier. Qui pouvait se faire la moindre illusion? Certains militants et responsables d’ONG, mais pas ceux qui avaient identifié les véritables responsables de la crise climatique. Le cadre de la conférence de Copenhague n’était certainement pas le cadre adéquat pour contraindre «les voleurs à rendre gorge» selon le mot d’ordre d’un hymne célèbre.

Il serait pourtant faux de penser qu’il ne s’est rien passé à Copenhague. La mobilisation, jeune et massive, les forums, la manifestation internationale et tout ce qui est venu bousculer le ronron officiel, nous en reparlerons. Mais, il n’est pas non plus exact de parler uniformément «d’échec au sommet». Car «au sommet», tous les gouvernements n’avaient pas le même objectif et cette conférence a bel et bien été le théâtre d’une bataille diplomatique, dont l’issue en dit long sur les nouveaux rapports de force internationaux.

Pour situer l’importance historique de cette confrontation sur l’avenir de la planète, le «Quotidien du Peuple», organe officiel du Parti Communiste Chinois, n’hésite pas à parler d’une revanche sur la conférence de Versailles, qui avait vu les vainqueurs de la première guerre mondiale se partager le monde. Mais les enjeux ont été obscurcis par les gesticulations auxquelles chaque gouvernement s’est livré en direction de sa propre opinion publique. Au fil des jours, le grand écart, entre les positions affichées et les objectifs réellement poursuivis, est devenu intenable au point de nécessiter, pour conclure la conférence, le recours aux négociations secrètes entre «vrais grands». Mais la bataille climatique ne s’est pas terminée là et il est préférable d’identifier les enjeux politiques et économiques afin que le mouvement social puisse s’orienter dans les combats écologiques à venir.

Démystifier la politique européenne

Les dirigeants de l’UE ont fait beaucoup d’effort pour paraître les meilleurs défenseurs du climat. La réalité est nettement moins brillante.

Ils ont poursuivis deux objectifs. Obtenir la mise en place d’un marché mondial du carbone et se débarrasser du traité de Kyoto et de la «responsabilité partagée et différenciée» qui est au cœur de ce traité.

Ils n’ont pas hésité à annoncer que le protocole de Kyoto prenait fin en 2012. En réalité, ce sont les engagements chiffrés pris par les pays «développés» qui courent jusqu’en 2012 et doivent au terme du traité être renouvelés fin janvier de cette année. En application de la «responsabilité différenciée» cette obligation ne repose que sur les pays «développés», regroupés dans l’annexe I du traité, dont bien sûr les pays de l’UE. Voilà la charge, même si elle reste assez symbolique, dont les dirigeants de l’UE ont voulu se débarrasser en dissolvant Kyoto dans un nouveau traité, qui aurait mis sur le même plan pays développés et pays émergents, devenus entre temps de redoutables concurrents.

Ils ont essayés d’étendre le marché européen du carbone au niveau mondial et instaurer un mécanisme REDD qui sous prétexte de lutter contre la déforestation aurait fait peser un danger supplémentaire sur les forêts primaires et les terres agricoles. Déjà Londres, Paris, Francfort se disputaient la place de première bourse mondiale du carbone.

Un traité à ces conditions aurait eu rapidement des conséquences catastrophiques.

Mais au final, les dirigeants européens ont échoués à imposer leurs solutions, malgré les manœuvres de la présidence danoise et les gesticulations de Sarkozy sur la scène internationale. Au dernier quart d’heure la France et l’Angleterre n’ont pas hésité à battre le rappel de leurs clients africains. Toute cette agitation s’est révélée vaine. La politique européenne a sombré à Copenhague et il n’y a pas lieu de le regretter.

Cette impuissance s’explique fondamentalement par le déclin économique; les entreprises européennes ne voient plus leur salut qu’en Asie. Mais s’y ajoute un facteur proprement politique qui tient aux institutions dont la bourgeoisie européenne s’est dotée. Le grand marché ouvert à la concurrence, sans gouvernement et sans légitimité populaire, ne pèse d’aucun poids sur la scène internationale.

Basic

C’est l’acronyme pour représenter la coalition du Brésil, de l’Afrique du Sud, de l’Inde et de la Chine, les principales puissances émergentes qui après avoir torpillé le projet de l’UE préparé à huis clos par le Danemark, ont négocié directement avec Obama le compromis final, ratifié par 30 états et présenté à la conférence en plénière, sans débat, ni vote.

Les objectifs de l’Inde et de la Chine ont toujours étaient clairs. Maintenir la contrainte des quotas de rejet sur les pays qui en sont historiquement les premiers responsables. Refuser tout contrôle international sur leur économie nationale. Ne rien accepter qui puisse porter atteinte à leur croissance économique, entre 6 et 8% en 2009. Ce qui ne signifie pas que ces états refusent de prendre en compte la crise climatique. Mais se situant résolument dans la perspective d’une augmentation de leur production et de leur consommation d’énergie, ils n’envisagent de contribuer à la limitation globale des rejets qu’en diminuant la part des énergies fossiles dans leur bilan énergétique. Bref en modernisant leur appareil de production, ce qui ne peut que contribuer à en faire des concurrents encore plus redoutables pour les vieux pays industriels.

Ils ont réussi à faire peser leur nouvelle puissance économique, tout en restant liés au groupe des pays les plus pauvres. Au cours de la conférence, ils ont su se poser en porte-parole des pays en développement face à l’égoïsme des pays riches. Voilà la clé de leur succès.

Mais s‘ils ont eu la capacité de faire échouer les projets des vieilles puissances impérialistes et de préserver leurs intérêts nationaux, ils n’avaient pas encore les moyens d’imposer leurs propres solutions à l’ensemble de la planète. D’où un compromis tardif et inachevé.

Ils ont été rejoints dans cette voie par les USA, qui ont abandonné au dernier moment leurs alliés européens et japonais. Les USA n’ont pas signé le traité de Kyoto et aucune contrainte ne pèse sur eux. Comme les pays du groupe BASIC, ils sont fermement décidés à n’accepter aucune limitation de leur souveraineté. L’objectif d’Obama était des plus limité. Sauver la face en réintégrant sur la pointe des pieds la communauté internationale engagée dans la lutte contre la crise climatique. Une simple déclaration d’intention suffisait. Le plus important, pour lui, se jouera sur la scène intérieure.

Le développement comme ligne de partage

Il existe une bonne corrélation entre la prospérité d’une économie – mesurée en terme de PIB par tête – et ses émissions de CO2. Tant que l’utilisation des combustibles fossiles reste la principale source d’énergie, plus un pays est riche, plus il émet de gaz à effet de serre.

Actuellement les principaux pays émetteurs sont dans l’ordre, la Chine, les Etats-Unis et l’Inde. Mais rapporté au nombre d’habitants on obtient un résultat bien différent: l'Inde émet 1,2 tonne par habitant et par an, la Chine 5,5 tonnes, alors que les Etats-Unis sont à 24 tonnes, l'Europe à 12 et la France à 8. Les pays africains sont en moyenne à 0,7.

Or ces chiffres sont très représentatifs de la quantité d’énergie dont dispose chaque habitant de la planète. Ils sont aussi révélateurs de l’impasse dans laquelle s’engage l’humanité en suivant le mode de développement des pays impérialistes.

Comme l’a dit au cours du sommet le premier ministre indien M. Singh: «Chacun de nous, rassemblés ici aujourd’hui, sait que les plus affectés par le changement climatique en sont les moins responsables».

On pourrait ajouter que les responsables de la crise climatique sont ceux qui ont le plus à perdre au changement de mode de production indispensable pour la résoudre.

On est là au cœur du problème, au sein de chaque pays et au niveau mondial. Aucune politique de limitation du gaspillage énergétique ne peut avoir de légitimité, tant que les plus riches ne sont pas contraints de modifier leur mode de vie, ce qui nécessite de s’en prendre à leurs privilèges et à leur pouvoir.

Les bourgeoisies des pays émergents ne sont pas porteuses d’un modèle émancipateur étant elles-mêmes adossées à une montagne d’injustice et d’inégalité. Mais leur ascension fragilise une hiérarchie mondiale que nous n’avons aucune raison de défendre.

Pour deux degrés de plus...

Les recommandations formulées par les scientifiques du GIEC se sont toujours appuyées sur les mesures de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Le seul objectif scientifiquement valide pour enrayer le basculement climatique, c’est de revenir le plus rapidement possible au taux existant avant l’aire industrielle. Objectif popularisé par la campagne internationale «350» chiffre qui correspond à ce taux.

Malheureusement, le débat s’est focalisé sur l’augmentation moyenne de température acceptable. Or une fois l’équilibre climatique bouleversé, nous n’avons aucune certitude scientifique sur ce qui va se produire et qui aura de toute façon des conséquences très différentes selon les régions du globe. Impossible dans ces conditions d’évaluer ce qui est acceptable et pour qui.

C’est pourtant ce pas qui a été franchi à Copenhague. Dans la déclaration commune, les chefs d’état se résignent par avance à enregistrer une augmentation moyenne de la température du globe de deux degrés!

Ce qui va se traduire par la disparition sous la mer de régions entières et notamment de petits états insulaires. En Afrique, cette augmentation moyenne peut se traduire par une augmentation de plus de trois degrés, ce qui ferait littéralement griller toute une partie du continent. Bref, ce sont des millions d’être humains dont l’existence vient d’être rayée d’un trait de plume par le tout nouveau prix Nobel de la paix et ses interlocuteurs.

De l’ONU à l’OMC

On ne peut marchander sur la crise climatique. Le seul objectif fondé scientifiquement, moralement acceptable et politiquement mobilisateur, c’est de revenir à la concentration de gaz à effet de serre proche de celle qui prévalait avant l’ère industrielle. Ce qui implique une planification sur le long terme pour accompagner la destruction naturelle des quantités accumulées. Aucun mécanisme de marché ne peut permettre d’atteindre cet objectif. Il ne pouvait même pas être envisagé au sommet de Copenhague. Les propositions concrètes, présentées dans le cadre de la mondialisation libérale, visent toutes à approfondir la marchandisation du monde qui est pourtant à la source de la crise écologique, économique et sociale.

A l’inverse toute mesure écologique efficace implique une rupture avec la mondialisation capitaliste et ses institutions, OMC, FMI, BM... Il n’y a donc pas lieu de regretter que la conférence de Copenhague n’ait pas débouché sur des décisions contraignantes.

Le sommet de Cochabamba

Hugo Chavez et Évo Morales, appuyés plus discrètement par Cuba, sont les seuls à avoir refusé le compromis imposé et à s’être ouvertement battu sur une ligne alternative. Leur originalité ce n’est pas seulement d’avoir dénoncé le capitalisme ou l’impérialisme occidental. Plusieurs chefs d’état se sont livrés à cet exercice, dont le président iranien M. Ahmadinejad. Ils se sont distingués de tous les autres parce qu’ils se sont adressés à ceux qui étaient hors les murs, aux militants expulsés du Bella Center, à ceux qui manifestaient dans les rues de Copenhague et au delà à tous les peuples du monde.

Non la solution à la crise climatique ne pouvait venir de l’intérieur du Bella Center.

Elle ne peut venir que de la mobilisation des peuples, indépendamment des puissances financières et des intérêts étatiques qui régnaient en maître à Copenhague. C’est à ce niveau, pas moins, que peuvent être pris en compte les intérêts supérieurs de l’humanité et que doivent être conçues et appliquées les solutions à la crise qui n’est pas seulement climatique, mais qui est une crise globale du développement humain.

Logiquement, Evo Morales appelle à réunir le premier sommet mondial des mouvements sociaux sur le changement climatique en avril 2010 à Cochabamba. Un début d’alternative pour les espoirs trahis à Copenhague.

Cette initiative ouvre la voie à la constitution d’une alliance pour la planète qui unisse les travailleurs et travailleuses qui sont les principaux acteurs de la production industrielle moderne, les paysans qui nourrissent l’humanité et les peuples indigènes qui sont les gardiens de zones encore préservées de la planète essentielles à notre survie.


C’est pour le moment la seule lueur d’espoir. Rendez-vous à Cochabamba!


(Voir sur ce site la déclaration de convocation pour la Conférence de Cochabamba)
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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 11:10
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Haïti – Je me souviens
Militarisation du territoire et usurpation de la souveraineté d'Haïti
par François Marginean
 

L’hypocrisie générale des médias et des politiciens dans le cas des tenants et des aboutissants – de l’Histoire – d’Haïti, est tout simplement répugnante. On s’émeut de la catastrophe qui s’y est produit sans jamais parler du contexte dans lequel se trouve les Haïtiens depuis le début de l’arrivée des premiers empires colonialistes. Cette mise en contexte de la condition d’Haïti est non seulement absolument nécessaire pour comprendre pourquoi ce pays et sa population sont pris dans cette misère endémique, mais aussi par respect pour eux.

Il n’y a pas plus irritant que de voir ces politiciens occidentaux et médias se demander de façon condescendante pourquoi est-ce que les Haïtiens semblent être incapables de s’autodéterminer et se sortir une bonne fois pour toute de cette misère cauchemardesque. S’ils possédaient ne serait-ce qu’une once d’honnêteté, ils se regarderaient dans le miroir et feraient un retour substantiel sur l’Histoire pour comprendre comment un pays et son peuple peut être détruit, anéanti, subjugué et dénié.

La tragédie d’Haïti

Tel se nomme le chapitre du livre de Noam Chomsky intitulé L’an 501, La conquête continue: La tragédie d’Haïti. Parce qu’il s’agit bel et bien d’une tragédie. Crée de toute pièce, par l’homme. Le dernier tremblement de terre n’a que révélé dramatiquement à la communauté internationale et mis sous les projecteurs une situation accablante qui perdure depuis des centaines d’années. Si Haïti n’avait pas déjà été dans une situation des plus tragique, ce tremblement de terre n’aurait pas eu des effets aussi dévastateurs que présentement.

La république d’Haïti fut proclamée le premier janvier 1804, après qu’une révolte d’esclaves eut chassé les dirigeants coloniaux français et leurs alliés. Les chefs révolutionnaires abandonnèrent l’appellation française de « Saint-Domingue » en faveur du nom utilisé par le peuple qui avait accueilli Colomb en 1492, au moment où il arrivait pour créer la première colonie européenne du Nouveau Monde. Les descendants des premiers habitants ne purent pas fêter la libération. En moins de 50 ans, leur nombre avait été réduit à quelques centaines, à partir d’une population précolombienne dont l’évaluation varie de quelques centaines de milliers à huit millions d’âmes, selon la source.

Il n’en restait plus un seul, d’après les savants français contemporains, lorsqu’en 1697, la France enleva à l’Espagne le tiers occidental d’Hispaniola, qui s’appelle à présent Haïti. Le chef de la révolte, Toussaint Louverture, ne put pas célébrer la victoire non plus. Il avait été capturé par fourberie et envoyé dans une prison française où il mourut « de mort lente de froid et de misère », pour reprendre les termes d’un historien français du XIXe siècle.

Heureusement, il existe encore des gens qui se souviennent:

Haïti est le pur produit du colonialisme et de l’impérialisme, de plus d’un siècle d’utilisation de ses ressources humaines aux travaux les plus durs, des interventions militaires et de la ponction de ses richesses.

Cet oubli historique ne serait pas aussi grave que le fait réel qu’Haïti constitue une honte de notre époque, dans un monde où l’immense majorité des habitants de la planète continue d’être exploitée et mise à sac. – FIDEL CASTRO
http://www.legrandsoir.info/La-lecon-d-Haiti.html

Colomb décrivit le peuple qu’il avait découvert comme étant « très sympathique, accommodant, paisible, aimable, digne » et son pays riche et accueillant. Hispaniola était un des endroits qui comptait une des plus hautes densité de population au monde de cette époque. Ils étaient décrit comme étant des gens « les plus dépourvus de fourberie, de méchanceté et de fausseté ». En 1552, soit soixante ans après leur arrivée, les Espagnols réduiront cette population indigène à environ 200 personnes par tous les moyens: en les tuant, les terrorisant, les faisant souffrir, les torturant et au final, les détruisant complètement.

Les Espagnols échouèrent dans leurs tentatives de piller les richesses de l’ile, car le peuple qu’ils avaient réduit à l’esclavage mourrait trop vite, allant même jusqu’à commettre des suicides collectifs pour échapper à cet enfer. C’est alors que dès le début du 16e siècle, un grand nombre d’esclaves africains seront expédiés alors qu’on instaura l’économie de plantation.

« Saint-Domingue était la plus riche possession coloniale européenne dans les Amériques », écrivit Hans Schmidt; en 1789, elle produisait les trois quarts du sucre du monde et elle était le plus grand producteur de café, de coton, d’indigo et de rhum. Les esclavagistes fournissaient à la France une richesse énorme, grâce au travail de 450 000 esclaves, autant que dans les colonies antillaises britanniques ».

Ainsi, la révolte des esclaves montera progressivement pour atteindre des proportions sérieuses à la fin de 1791, inquiétant bien l’Europe et ses avant-postes. En 1793, la Grande-Bretagne envahit l’ile lui assurant un monopole sur les ressources prisées s’y trouvant.

Les États-Unis, qui avaient des liens commerciaux avec la colonie française, envoyèrent aux dirigeants français 750 000 dollars d’aide militaire ainsi que des troupes pour aider à réprimer la révolte. La France expédia une armée énorme, comprenant des troupes polonaises, néerlandaises, allemandes et suisses. Son commandant écrivit finalement à Napoléon qu’il serait nécessaire d’anéantir pratiquement toute la population noire si on voulait imposer la domination française. Sa campagne fut un échec et Haïti devint le seul exemple dans l’Histoire « d’un peuple asservi qui brise ses chaines et contraint par les armes une grande puissance coloniale à battre en retraite ». (Farmer)

En dépit de tout cela, l’indépendance sera proclamée en 1804.

« L’aide humanitaire » et « l’intervention désintéressée »

Entre 1849 et 1913, des navires de guerre américains vont entrer dans les eaux territoriales haïtiennes 24 fois, au nom de protéger des vies et des propriétés américaines. On accorde bien peu d’importance à l’indépendance d’Haïti et de considération pour les droits de ses habitants. Cette mentalité interventionniste et colonialiste se poursuit sous le gouvernement de Woodrow Wilson qui adopta rapidement une politique d’invasion et d’instauration d’un gouvernement militaire américain.

En 1915, Wilson envahit de nouveau Haïti et ses troupes assassinèrent, détruisirent, rétablirent pratiquement l’esclavage et liquidèrent le système constitutionnel.

Les États-Unis resteront au pouvoir pendant 20 ans et le laisseront ensuite aux mains de la Garde nationale qu’ils avaient créée et de ses dirigeants traditionnels. Au cours des années 1950, la dictature de Duvalier prit la relève, pour mener le jeu à la manière du Guatemala, toujours avec le ferme soutient des États-Unis.

Sous le joug de la dictature de « Bébé Doc » Duvalier, les multinationales et sociétés américaines s’implantent en sol Haïtien et s’orientent souvent à l’exportation des richesses naturelles. Au cours des années 1980, c’est le FMI et la Banque Mondiale qui commencent à prendre leur tribut sous le choc des programmes d’ajustement structurels qui firent baisser la production agricole tout comme les investissements, le commerce et la consommation. La pauvreté devint encore plus terrible. On prête de l’argent en Haïti pour rembourser les intérêts et les dettes encourues (n’oublions pas que Haïti a acheté son indépendance de la France à grand frais); ayant pour seul résultat d’augmenter sans cesse les dettes du pays et asservir le pays.

Les conditions du FMI furent en sorte que pratiquement tous les employés d’État, les enseignants et autres durent être congédiés et accepter les politiques néolibérales de « libre marché ». Ces politiques auront pour conséquence d’inonder le marché haïtien de riz, de sucre ainsi que d’autres produits agricoles américains hautement subventionnés, ce qui a ruiné les fermiers haïtiens qui ne pouvaient plus faire compétition, détruisant donc la capacité de ce pauvre pays à se nourrir lui-même.

Dans les années 1990, c’est les États-Unis qui continue la conquête et le contrôle de Haïti. Washington appuie deux coups d’État et par deux fois envoie des troupes militaires en Haïti. Les deux coups d’État furent montés pour renverser Jean-Bertrand Aristide, le premier président haïtien à être démocratiquement élu par un vote populaire. Les coups d’État de 1994 et 2004 ont fait environ 13 000 victimes haïtiennes.

En 1994, suivant trois ans de règne militaire, une force d’occupation militaire de 20 000 troupes et de « forces de la paix » sont dépêchés vers Haïti. L’intervention militaire américaine de 1994 « n’a jamais eu comme but de restaurer la démocratie. Au contraire: elle a été mise en place pour prévenir une insurrection populaire contre la junte militaire et sa cohorte néolibérale ».

Durant le pouvoir militaire (1991-1994), le FRAPH passa (non officiellement) sous la juridiction des forces armées, prenant ses ordres chez le commandant en chef, le général Raoul Cedras. Selon un rapport de la Commission des Droits de l’Homme des Nations unies, daté de 1996, le FRAPH avait bénéficié du soutien de la CIA.
Sous la dictature militaire, le trafic de drogue fut protégé par la junte militaire qui, de son côté, était également soutenue par la CIA. Les dirigeants du coup d’État de 1991, y compris les commandants paramilitaires du FRAPH, figuraient sur les feuilles de paie de la CIA. (Voir Paul DeRienzo, Voir également Jim Lobe, IPS, 11 oct. 1996).

A ce propos, Emmanuel Constant, alias « Toto », confirma, dans l’émission « 60 Minutes » de la CBS, en 1995, que la CIA le payait environ 700 dollars par mois et qu’il avait créé le FRAPH alors qu’il était sur les feuilles de paie de l’agence. (Voir Miami Herald, 1er août 2001). Selon Constant, le FRAPH avait été constitué « avec les encouragements et le soutien financier de la Defense Intelligence Agency [la DIA] américaine et de la CIA » (Miami New Times, 26 février 2004). Michel Chossudovsky, Haïti, un coup d’État financé et orchestré par les États-Unis

Les troupes américaines et alliées demeureront dans le pays jusqu’en 1999. Les forces armées haïtiennes seront démantelées et le Département d’État américain engage la compagnie de mercenaires privés DynCorp pour fournir des « conseils techniques » concernant la restructuration de la Police Nationale Haïtienne. (Michel Chossudovsky, The Destabilization of Haiti, Global Research, February 28, 2004)

Le coup d’État de février 2004

Durant les mois menant au coup d’État, des forces spéciales américaines, avec l’aide de la CIA, entraînaient des escadrons de la mort composés d’anciens tonton macoutes de l’ère de Duvalier. L’armée rebelle paramilitaire traversa la frontière séparant Haïti de la République Dominicaine au début de février 2004, explique Michel Chossudovsky. Il s’agissait d’une unité paramilitaire bien entraînée et équipée, intégrée par d’anciens membres du Front pour l’avancement et le progrès d’Haiti (FRAPH). Ces escadrons en habit civil ont été impliqués dans des tueries de masse de civils et d’assassinats politiques durant le coup militaire sponsorisé par la CIA de 1991, qui avait renversé le gouvernement démocratiquement élu de Bertrand Aristide.

Des troupes étrangères furent envoyées en Haïti. La force onusienne MINUSTAH a été mise en place suite au coup d’État soutenu par Washington en février 2004. Le président Bertrand Aristide sera enlevé et déporté par les forces armées américaines, à la pointe du fusil. S’il refusait, c’était une balle dans la tête. Ce coup a été organisé par les États-Unis, avec le soutient actif du Canada et de la France.

Haïti est ainsi donc sous occupation militaire étrangère depuis février 2004. Le contingent de forces américaines sous SOUTHCOM, combiné aux forces étrangères apportées par MINUSTAH, assure une présence d’environ 20 000 troupes pour ce pays de 9 millions de personnes, un taux comparable à celui des troupes étrangères présentes en Afganistan.

Janvier 2010: Invasion militaire d’Haïti déguisée en aide humanitaire d’urgence

Ce n’est plus d’une aide humanitaire gérée par la société civile dont il s’agit, mais bel et bien d’un déploiement et d’une occupation militaire d’Haïti en règle. L’armée US et le Pentagone contrôlent de facto Haïti. Et on s’y préparait: Un scénario de secours aux sinistrés d’Haïti était prévu par les militaires étasuniens un jour avant le tremblement de terre. Cela est exposé à merveille dans cet autre excellent article de Michel Chossudovsky:

- La militarisation de l’aide d’urgence à Haïti : opération militaire ou invasion?

Le but n’est pas de travailler à la réhabilitation du gouvernement national, de la présidence et du Parlement, tous décimés par le tremblement de terre. Depuis la chute de la dictature de Duvalier, le dessein des États-Unis a constitué à démanteler graduellement l’État haïtien, à restaurer les tendances coloniales et à obstruer le fonctionnement d’un gouvernement démocratique. Dans le contexte actuel, l’objectif n’est pas seulement d’abolir le gouvernement, mais aussi de réorganiser le mandat de la MINUSTAH, dont le quartier général a été détruit.

« Le rôle consistant à diriger les secours et à gérer la crise est tombé rapidement aux mains des États-Unis, dans l’absence, à court terme du moins, de toute autre entité compétente. » ( US Takes Charge in Haiti _ With Troops, Rescue Aid – NYTimes.com, 14 janvier 2009)

Avant le tremblement de terre, il y avait, selon des sources militaires étasuniennes, quelque 60 personnels militaires en Haïti. D’un jour à l’autre, une escalade militaire s’est produite instantanément : 10 000 troupes, marines, forces spéciales et employés des services de renseignement, etc., sans compter les forces mercenaires privées sous contrat avec le Pentagone.

Selon toute probabilité, l’opération humanitaire sera utilisée comme prétexte et justification pour établir une présence militaire étasunienne davantage permanente en Haïti.

Il s’agit d’un déploiement massif, d’une « escalade » de personnel militaire assigné aux secours d’urgence.

La mission tacite de SOUTHCOM, avec son quartier général à Miami et des installations militaires étatsuniennes à travers l’Amérique latine, est d’assurer le maintien de régimes nationaux serviles, à savoir des gouvernements étatsuniens par procuration, dévoués au Consensus de Washington et au programme de politique néolibéral. Bien que le personnel militaire étatsunien sera au départ impliqué activement dans l’aide d’urgence et les secours aux sinistrés, cette présence militaire étatsunienne renouvelée en Haïti servira à prendre pied dans le pays ainsi qu’à poursuivre les objectifs stratégiques et géopolitiques des États-Unis dans le bassin des Caraïbes, objectifs largement dirigés contre Cuba et le Venezuela.

L’aide humanitaire d’urgence et la sécurité sont devenus le lieu d’un nouveau racket profitable pour le Pentagone et sa cohorte de mercenaires privés. Les désastres naturels et l’aide humanitaire deviennent un prétexte et un couvert pour les compagnies de la reconstruction et de mercenaires privées déguisés en forces de sécurité d’opérer dans ce marché extrêmement lucratif, mais combien inhumain. Tout cela, au détriment des haïtiens qui ne sont manifestement pas chauds à l’idée de voir une aide humanitaire être apporté par des militaires et mercenaires armés jusqu’aux dents. Cela rappelle le cas de Katrina où 70 000 soldats et mercenaires privés avaient été déployés dans les rues de la Nouvelle-Orléans, avant même de penser à apporter de la nourriture et de l’aide aux victimes.

Les États-Unis préparent une occupation à long terme à Haïti. Avec le « déferlement » des militaires US à Haïti, un officiel US a indiqué que Washington prépare une occupation de longue durée de la nation caribéenne pauvre et dévastée par le tremblement de terre.

Il se trouve donc plusieurs motifs soutenant ce déploiement militaire massif en Haïti. À ceux-ci pourraient certainement s’ajouter les ressources naturelles encore disponibles, tels que le pétrole en grande quantité, semble-t-il, d’or, d’iridium, d’uranium, sans compter la masse de travailleurs bon marché qui travaillent pour quelques dollars par année.

Alors, la prochaine fois que vous entendrez quelqu’un se demander pourquoi Haïti a tant de misère à se relever,  se sortir de cette pauvreté cauchemardesque et de ce marasme politique éternel, vous leur pointerez ces quelques faits saillants historiques et un miroir…

Longue vie au peuple haïtien!


http://les7duquebec.wordpress.com/2010/01/26/haiti-%E2%80%93-je-me-souviens/comment-page-1/#comment-11894

François Marginean : Technicien en Architecture, chercheur indépendant, animateur de radio à l'émission L'Autre Monde sur CHOQ FM de l'UQAM, éditeur du blog Les Nouvelles Internationales et collaborateur chez Les 7 du Québec.


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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 10:11
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Depuis qu’Haïti a été terriblement secouée par un tremblement de terre, le syndicat des ex empires négriers s’est aussitôt empressé de lui porter secours.

Les Etats-Unis et la France ont été les premiers ex empires à ouvrir le bal des hypocrites, en dépêchant des secouristes à Port-au-Prince. L’aide humanitaire c’est très bien, mais pourquoi avoir attendu le pire pour réanimer un pays depuis longtemps à l’agonie. Ça fait des décennies qu’Haïti attend impatiemment son plan Marshall, certains de ses habitants se sont même nourris de galettes d’argile dans l’indifférence totale. Ni le P.N.U.D, ni la F.A.O n’ont envisagé de convoquer une conférence internationale pour délivrer ce pays d’une misère chronique. Combien de conférences internationales n’ont-elles pas été convoquées en faveur du Proche-Orient ? Comme tout peuple en quête de liberté et de dignité, le peuple haïtien a combattu les troupes napoléoniennes pour être libre et digne, alors pourquoi cette rancune tenace ? Ce qui est valable pour les autres est interdit aux Nègres, notamment la dignité et le devoir de mémoire. Nicolas Sarkozy (chantre de la non repentance) a même prévu de se rendre très prochainement en Haïti. Mais pour y faire quoi ? Un pays où tous les symboles de l’Etat sont à terre. Plus de palais présidentiel, de gouvernement, de trésor public, de Parlement, d’hôpitaux, de force publique et que sais-je d’autres. En 206 ans d’indépendance, cette ex colonie française, pourtant membre de l’O.I.F (Organisation Internationale de la Francophonie) n’a jamais reçu la moindre visite d’un chef d’Etat français. Il a fallu que des dizaines de milliers d’Haïtiens se retrouvent sous les décombres pour que chacun manifeste une compassion contrefaite. Non, Haïti n’a pas besoin de compassion, mais de compensation. Pendant plus de deux siècles, des générations d’Haïtiens ont été condamnées à payer le prix de leur audace, celui d’avoir vaincu l’esclavagiste au cours d’un combat loyal, car partout ce dernier avait triomphé sur le Nègre, sauf en Haïti et en Ethiopie (uniques symboles de fierté pour les Nègres), raison de leur condamnation.

En 1915, l’armée américaine a envahi Haïti, violant du coup sa souveraineté acquise apres d’âpres batailles. Il était insupportable pour l’Oncle Sam de voir des Nègres bomber le torse sur le continent américain. L’occupation militaire américaine en Haïti dura 19 ans. Celle-ci était intervenue 4 ans après le décès d’Anténor Firmin, précurseur de la littérature haïtienne et auteur de l’ouvrage « de légalité des races » en réponse à « l’essai sur l’inégalité des races » du Comte Arthur de Gobineau (suprématiste aryen). Hormis d’être tous les deux écrivains, Anténor Firmin et Arthur de Gobineau n’avaient en commun que leur premier prénom (Joseph). Il est aussi important de rappeler que l’honorable Anténor Firmin s’était opposé en tant que Ministre de Florvil Hippolyte à l’installation d’une base militaire américaine en Haïti 24 ans avant son incursion. En janvier 2010, le grand empire a récidivé en déployant un bataillon composé de 12000 soldats. Ce n’est pas avec le fusil qu’on soigne les blessés.

En 2004, les Etats-Unis et la France, pourtant « brouillés » au sujet de la seconde guerre du Golfe, se sont vite réconciliés sur le dos d’Haïti en y menant une opération commando conjointe nommée «Bonaparte», comme pour rappeler aux Haïtiens que le syndicat des ex empires tenait sa revanche sur Toussaint Louverture. Et qui était le chef de la diplomatie française à cette époque ? Un certain Dominique De Villepin, grand bonapartiste devant l’éternel. C’est au cours de cette opération que fut débarqué Jean-Bertrand Aristide, président légitime. Ce dernier avait eu le tort avant la célébration du bicentenaire de son pays, de réclamer des sous (21 milliards $) à la France qui avait rançonné Haïti 200 ans auparavant. En 1825, Haïti a dû s’endetter auprès des banques françaises pour payer 150 millions de francs or, afin de faire valider son indépendance par l’ex métropole qui la menaçait d’une invasion militaire. Ce n’est qu’à ce prix que la France sous le règne de Charles X « lâcha prise ».

C’est ainsi qu’en 2004, la célébration du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti (la plus grande victoire du peuple noir) fut torpillée. Thabo Mbeki, président de l’Afrique du sud à l‘époque et inconditionnel prosélyte de la renaissance africaine, supplia ses pairs africains de faire le déplacement jusqu’à Port-au-Prince, au nom de la dignité africaine. Malheureusement, son appel ne fut pas entendu. Les valets de l’impérialisme à la tête des Etats africains (surtout « francophones ») préférèrent éviter l’incident diplomatique avec Paris, car Jacques Chirac les surveillait de près. Haïti est l’incarnation de l’Afrique dans le nouveau-monde, il fallait y aller. Maintenant que la première république noire est à terre, la plupart des Chefs d’Etats africains manifestent leur solidarité en débloquant des millions de dollars. Il n’est jamais trop tard pour s’amender. En 2004, il leur suffisait d’acheter un billet aller-retour pour Port-au-Prince pour sauver l’honneur.

N’oublions pas qu’Haïti fut le seul Etat à protester à la Société des Nations en 1936 contre le largage de bombe à gaz par l’aviation militaire italienne sur le peuple éthiopien. En 1960, par solidarité panafricaine, Haïti dépêcha des enseignants, des médecins, des administrateurs et des instructeurs militaires au Congo-Léopoldville (actuellement Congo-Kinshasa) pour aider le Premier Ministre Patrice Lumumba en difficulté, lorsque la Belgique sabota l’indépendance de son ex colonie. Simon Bolivar s’est inspiré de la révolution haïtienne pour déclencher la sienne en Colombie avant que celle-ci ne s’étende dans toute l’Amérique du sud et aboutisse à l’indépendance de tous ses Etats. Ce n’est pas seulement l’Afrique qui est redevable à Haïti, c’est tout le monde noir.

En 2004, le président Jean-Bertrand Aristide a été kidnappé pendant son sommeil pour être embarqué de force jusqu’en Afrique du sud en pyjama via Bangui, comme au bon vieux temps de la traite transatlantique. Sauf que cette fois, le captif avait fait le parcours inverse, toujours avec la bénédiction du Vatican qui n’a jamais pardonné à cet ancien curé d’avoir troqué la soutane et la croix contre des talismans indigènes.

Je profite de la période de deuil pour laver le linge sale en public. Il n’y a aucune raison d’économiser la lessive, le moment est venu de sortir tous les dessous. Posons-nous d’abord la question suivante : « pourquoi Haïti a été haïe par les siens ?».

Partout dans le Nouveau monde, les Haïtiens sont devenus la risée de leurs propres frères, parce qu’ils ont osé s’affranchir de la servitude en mettant en déroute la plus puissante armée du monde de l’époque. La France, les Etats-Unis, l’Espagne, le Portugal, la Hollande, le Danemark et le Vatican se sont ligués contre ce petit pays devenu la cible de tous les embargos depuis son indépendance en 1804. Autrefois, Saint-Domingue (actuellement Haïti) était la colonie française la plus prospère des Antilles grâce à sa production sucrière. Une fois indépendante, Haïti est devenue un îlot de pauvreté. Chaque empire négrier redoutait la contagion et voulait préserver son cheptel, puisque le Nègre n’était qu’une bête (d’après Montesquieu in Esprit des lois). Il fallait à tout prix effrayer les Nègres pour prévenir toute forme d’insurrection. Résultat, dès qu’on évoque Haïti dans le Nouveau-monde, le Nègre (particulièrement francophone, hispanophone et lusophone) flippe. Combien de fois ne l’ai-je pas vu pointer du doigt Haïti (l’exemple à ne pas suivre).

La République Dominicaine, voisine d’Haïti, autrefois créée par les Oncles Tom (fayots) avait reçu toutes les bénédictions, celle du syndicat des empires et du Vatican. Pourquoi le Vatican? Parce qu’Haïti a jalousement gardé le Vaudou (culte authentique africain). Les négriers avaient pour ambition d’effacer toute trace d’africanité chez le Nègre du Nouveau-monde, mission presqu’accomplie, sauf en Haïti, à Cuba, à San Basilio de Palenque (Colombie), à Salvador de Bahia (Brésil), chez les Saramakas et Boni(Guyane), les Jukas (Surinam), les Garifunas (Honduras et Belize). Dans ces contrées d’Amérique, les Nègres ont dit niet à la Vierge Marie et tout le tralala religieux devant lequel le Nègre ne cesse de s’agenouiller pour être d’avantage soumis.

Certains illuminés W.A.S.P comme le pasteur Pat Robertson ont cru bon d’évoquer la malédiction divine pour justifier la tragédie haïtienne. Non, Haïti n’est pas maudite, sinon elle n’aurait pas fait face aux cyclones ravageurs qui ont balayé les bidonvilles des Gonaïves et noyé l’île de la Tortue (au moment où le pays était dirigé par le Premier Ministre du même nom). La résistance d’Haïti n’a jamais été entamée.

Combien de villes transalpines n’ont-elles pas été secouées par des calamités naturelles?
Le 6 avril 2009, l’Aquila n’a-t-elle pas été touchée par un séisme? Et que dirait-on de Pompéi définitivement ensevelie par le Vésuve il y a plusieurs siècles ? Dès qu’il s’agit d’un pays habités par des Nègres, les vieux préjugés refont surface. Il n’y a pas si longtemps, lorsque l’Argentine a connu une crise économique sans précédent, on a vu à la télé des Argentins attaquer des camions frigorifiés et s’emparer des kilos de viande. Les commentateurs se sont abstenus de parler de malédiction, parce qu’il s’agissait de leurs semblables.

On peut également relever quelques coïncidences, en faisant notamment un parallèle avec les cyclones Katrina et Rita qui ont dévasté la Louisiane, territoire vendue aux Etats-Unis par Napoléon Bonaparte en 1802, conséquence de la révolution haïtienne. C’est la Louisiane qui a doublé la superficie des Etats-Unis d’Amérique. L’Oncle Sam peut remercier les Haïtiens de posséder un si vaste empire. Ne dit-on pas aux Etats-Unis « New-Orleans is the Caribbean of the United States», parce que la Nouvelle-Orléans se tourne vers la Caraïbe et sa population demeure toujours accros aux Mojos (talismans). C’est peut-être pour cela qu’en 2005, George Bush ne s’y était pas précipité pour sauver les Nègres de la noyade.

Le 12 janvier 2010, moins de deux semaines après la célébration du 206e anniversaire de l’indépendance d’Haïti, dame nature a assené le coup de grâce au brave peuple haïtien. On estime à plusieurs milliers, le nombre de victimes, sans compter les habitations détruites, un véritable bilan de guerre. Ce n’est pas la fin des temps, mais probablement le début de la résurrection d’un peuple abandonné (aussi par les siens). Nous avons péché en oubliant l’axiome africain « Je suis nous» (l’individu est indissociable de sa communauté). Aujourd’hui la douleur et l’émotion nous accablent tous, de l’Afrique aux Amériques, parce qu’Haïti c’est nous.

Meno ba dia nseke di fua di sasa (Je suis le palmier sacré qui fane et se régénère à tout moment) chantent les Kongo.

Haïti ne mourra pas, c’est un palmier sacré qui se régénère au milieu de l’Océan.

Ngombulu Ya Sangui Ya Mina Bantu LASCONY
Ecrivain, documentariste, historiographe

Srce: www.visionafricaine.com
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23 janvier 2010 6 23 /01 /janvier /2010 18:13

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La récente tragédie en Haïti a ému les peuples du monde entier de par son impact destructeur, ses conséquences environnementales et sociales, et surtout la perte de vies humaines qu’elle a provoquée. Lamentablement, les désastres naturels ne sont pas une nouveauté dans ce pays des Caraïbes, comme en font foi les ouragans Hanna et Ike au cours de l’année 2008.

Il n’est pas non plus nouveau de voir la communauté internationale lancer des promesses de coopération et d’aide à Haïti. En tant qu’organisations et mouvements sociaux, nous nous inquiétons que la réponse internationale puisse être coordonnée autrement que sur la base du respect de la souveraineté et de plein accord avec les nécessités et demandes du peuple haïtien.

Le moment est venu pour que les gouvernements qui participent à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), les Nations Unies et en particulier les États-Unis, le Canada et la France, revoient de fond en comble les politiques erronées qu’ils ont appliquées en Haïti. La vulnérabilité du pays aux désastres naturels –en grande partie causée par la dévastation de l’environnement, le manque d’infrastructures de base et la faible capacité d’action sociale de l’État– n’est pas sans liens avec ces politiques qui, historiquement, ont miné la souveraineté du peuple et de son pays. Elles ont engendré une dette historique, sociale, environnementale et culturelle dont la responsabilité est en grande partie attribuable à ces pays et institutions. Il est urgent de réparer ces dettes avec le peuple haïtien, encore plus maintenant face à la situation à laquelle il est confronté.

En ce sens, nous rejetons la militarisation du pays en tant que réponse inappropriée au récent désastre, et dénonçons la mesure unilatérale des États-Unis d’envoyer plus de 10000 soldats afin de protéger ses intérêts économiques et géopolitiques. L’occupation des six dernières années par des forces étrangères, par le biais de la MINUSTAH, n’a pas contribué dans les faits à la stabilisation ni à l’établissement d’infrastructures et de services publics adéquats. Rien n’indique que le maintien de ces politiques constitue un moyen efficace dans la période à venir.

Nous exigeons des gouvernements et organisations internationales l’annulation immédiate et inconditionnelle de la dette externe de Haïti, dont le remboursement affecte des millions de vies humaines. Nous exigeons également que les ressources destinées à l’aide et à la reconstruction ne conduisent pas à un nouvel endettement, ni qu’on impose des mesures de conditionnalité ou autres restrictions de nature externe qui en altèrent les objectifs, comme cela est devenu une pratique courante des Institutions financières internationales comme la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement (BID) et le Fonds monétaire international (FMI), ainsi que des pays dits « donateurs ». De plus, nous refusons que les entreprises privées multinationales profitent de cette tragédie pour faire des affaires d’or par le biais de la reconstruction du pays, comme cela est arrivé en Irak, ou qu’elles exploitent la main d’œuvre bon marché et tirent parti des ressources naturelles.

La société haïtienne, ses organisations, ses mouvements sociaux et ses représentants au sein de l’État, doivent être les protagonistes de l’effort international de reconstruction de leur pays. Ils doivent être les premiers à être écoutés et entendus, et doivent conserver la maîtrise finale et souveraine des décisions prises sur leur destinée. Le peuple haïtien s’est remis debout à maintes occasions, partant d’une force de volonté et conviction exemplaire qui en ont fait le premier peuple libre de l’Amérique. Toute coopération ne peut être efficace que si elle sait prendre acte de cet engagement et compte sur l’entière participation populaire.

Nous demeurons aux aguets et suivons les événements dans un dialogue constant avec les organisations et partenaires haïtiens, pour faire en sorte que la coopération internationale s’effectue sur la base de principes solidaires, et pour éviter que les erreurs des politiques du passé ne se répètent.

Pour une Haïti libre et souveraine !

S’il vous plaît envoyez vos signatures à jubileo@wamani.apc.org


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21 janvier 2010 4 21 /01 /janvier /2010 08:20

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Le président de la Bolivie, Evo Morales, propose de réaliser une consultation auprès des peuples du monde afin d'obtenir un accord, qui dépasse les désaccords entre les présidents des différents pays, qui puisse sauver la Terre-Mère. Durant le sommet de Copenhague il avait parlé de ce projet, et il est entrain de le mettre place. La Bolivie lance une pétition en faveur de ce référendum mondial. La pétition est désormais accessible et propose de répondre aux cinq questions suivantes :

• Etes-vous d'accord pour rétablir l'harmonie avec la nature en reconnaissant les droits de la Terre-Mère ? • Etes-vous d'accord pour changer ce modèle de surconsommation et de gaspillage qui découle du Capitalisme ? • Etes-vous d'accord sur le fait que les pays développés doivent réduire et réabsorber leurs émissions de gaz à effet de serre chez eux pour que la température ne monte pas de plus de 1 degré ? • Etes-vous d'accord pour transférer l'argent dépensé dans les guerres vers un budget destiné au changement climatique et qui serait supérieur à celui de la défense ? • Etes-vous d'accord pour la création d'un Tribunal International Pour la Défense du Climat au sein des Nations Unies afin de juger ceux qui ne respectent pas la Terre-Mère ?

Lorsqu'il a rencontré les mouvements sociaux, Evo Morales, à Copenhague a déclaré « … En quoi consiste le fait que les peuples du monde décident du futur de l'humanité ? Il consiste en un référendum mondial sur le changement climatique.Que les peuples du monde décident par leur vote conscient du destin de l'Humanité… ».

Le gouvernement de la Bolivie invite les mouvements sociaux, les défenseurs de la Terre-Mère , les scientifiques, juristes, universitaires et gouvernements qui souhaitent travailler sur cette question à la Conférence Mondiale des Peuples sur le Changement climatique et les Droits de la Terre-mère du 20 au 22 avril 2010 dans la ville de Cochabamba, en Bolivie.

Rappelant que « le changement climatique représente une réelle menace pour l'existence de l'humanité, des êtres vivants, et de notre Mère-Terre comme nous la connaissons aujourd'hui », Evo Morales a souligné dans sa déclaration que « constatant le grave danger qui existe pour les iles, les zones côtières, les glaciers de l'Himalaya, des Andes et les montagnes dans le monde,…les sources d'eau, les populations affectées par des catastrophes naturelles en croissance, les plantes et les animaux, et l'écosystème en général », il a mis en évidence que « les plus affectés par le changement climatique seront les plus pauvres de la planète qui verront leur foyer détruits, leurs sources pour survivre aussi, et seront obligés de migrer et de chercher refuge ».

Evo Morales a réaffirmé que « 75% des émissions de gaz à effet de serre viennent des pays du Nord irrationnellement industrialisés », que l'échec regrettable de la Conférence de Copenhague est du à la responsabilité de pays dits « développés » qui ne veulent pas reconnaître la dette climatique qu'ils ont vis-à-vis des pays en voie de développement, les futures générations et la Terre-Mère » , et « la nécessité de lutter pour la justice climatique ».

Cette Conférence aura donc pour objectif de :
1) Analyser les causes naturelles et systémiques qui provoquent le changement climatique et proposer des mesures de fonds qui rendent possible le bien-être de toute l'humanité en harmonie avec la nature.
2) Discuter et aboutir sur le projet de Déclaration Universelle des droits de la Terre-Mère.
3) S'accorder sur des propositions de nouvelles obligations pour le Protocole de Kyoto, et pour les projets de Décisions de Convention Marco des Nations Unies sur le Changement Climatique que suivent les gouvernements engagés dans les négociations sur le changement climatique et de tous les scénarios des Nations Unies pour :
a) dette climatique,
b) migrants-réfugiés du changement climatique,
c) réduction des émissions,
d) adaptation,
e) transfert de technologie,
f) financement,
g) forêts et changement climatique
h) visions partagées,
i) peuples indigènes et autres
4) Travailler à l'organisation du Référendum Mondial des Peuples sur le changement climatique.
5) Analyser et définir un plan d'action pour avancer sur la constitution d'un Tribunal de justice Climatique.
6) Définir les stratégies d'action et de mobilisation pour la défense de la vie face au changement climatique et pour les droits de la Terre-Mère.

El Correo, 20 janvier 2010

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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 07:44
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Au fur et à mesure que le temps passe, la situation se dégrade en Haïti où le seime dévastateur de mardi dernier a mis en relief les conséquences terribles de la pauvreté ancestrale de ce pays caribéen ainsi que la faiblesse des institutions pour donner une réponse adéquate aux très nombreux besoins de la population.

Cette fin de semaine, des actes de violence se sont produits et ils ont fait deux morts : l’un au cours d’un affrontement de la police avec un groupe qui se livrait au pillage et l’autre à la suite d’un linkage d’une personne accusé d’avoir volé.

La distribution de l’aide insuffisante qui arrive aux sinistrés doit se faire sous la surveillance des forces de la MINUSTAH, la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation avec des soldats armés jusqu’aux dents pour contenir les milliers de personnes qui demandent de l’eau, des médicaments et des aliments.

À cette situation très difficile s’est joint un nouveau facteur: l’attitude des Etats-Unis qui ont décidé, unilatéralement, d’assumer le contrôle de l’aéroport de Port-au-Prince et ils autorisent qui bon leur semble à y atterrir et obligent les autres à se diriger vers la République dominicaine.

L’occupation militaire à laquelle procèdent les Etats-Unis en Haïti où ils ont dépêché 10 000 soldats en dépit de la présence des forces de l’ONU, a donné lieu à une protestation énergique de la France et du Brésil.

Le Secrétaire français à la Coopération, Alain Joyandet, a demandé à l’ONU de préciser quel est le rôle des Etats-Unis en Haïti qu’il faut aider et pas occuper –a-t-il précisé-.

Pour sa part, le Président du Brésil Luiz Inacio Da Silva a rappelé que son pays est le coordonnateur de la MINUSTAH et qu’il est donc responsable de la sécurité en Haïti. 15 militaires brésiliens, le représentant de l’ONU, Luiz Carlos da Costa, ainsi que Zilda Arns, une remarquable personnalité dans la lutte pour les droits des enfants sont morts à cause du séisme en Haïti.

L’intervention militaire étasunienne n’a fait jusqu’à présent qu’entraver l’acheminement et la distribution de l’aide humanitaire au lieu de l’accélérer comme le prétend le gouvernement étasunien.

Pendant ce temps et au milieu d’une crise humanitaire sans précédents dans la région, avec une discipline et un dévouement extraordinaires, les médecins cubains –plus de 400- qui travaillaient déjà en Haïti avant le séisme, renforcés par des collègues haïtiens ayant été formés à Cuba mènent une lutte permanente contre la mort et la douleur, débordés uniquement, comme l’un d’entre eux l’a déclaré, par la tragédie consistant à ne pas pouvoir faire plus.

Des spécialistes d’autres pays se sont joints à cette mission mais en dépit de leur travail exemplaire ce n’est qu’une goutte d’eau dans un océan de besoins qui poussent progressivement des milliers de personnes au désespoir.

Ce lundi, les Présidents d’Haïti, René Préval et de la République Dominicaine, Leonel Fernandez, tiendront une réunion pour préparer une conférence internationale destinée à coordonner l’aide humanitaire aux sinistrés.

Ce qui sera fait devra l’être cependant, sans précipitation et sans conditions politiques. Personne ne doit chercher de façon opportuniste, à jouer le rôle de protagonistes.Tout devra être fait avec agilité et transparence pour que, comme l’a signalé le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-Moon, chaque dollar arrive là où il doit arriver : à ceux qui en ont le plus besoin, à ceux qui, après presque deux siècles ont survécu au pire cataclysme qu’ait souffert Haïti : la pauvreté colossale de 80% de ses presque 9 millions d’habitants. C’est une misère injuste que la nature sous forme de tremblement de terre a lancée soudain à la figure de l’humanité !
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17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 10:10

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Comment se fait-il que Cuba se relève des catastrophes naturelles et pas Haïti ? La nature, seulement ? La malédiction ? Diantre... Pour l'Occident repu et satisfait, absous par lui-même de ses crimes, sans doute mais en vérité, pas sûr...La "démocratie", chère à nos parlementaires médiatiques et à Philippe Corcuff, n'est apparemment pas la panacée, surtout quand elle est armée et, au nom du droit d'ingérence, qu'elle piétine la souveraineté d'un peuple. A Cuba, au moins, quelques principes socialistes garantissent la santé et l'instruction du peuple et on vit mieux que dans un taudis du Bronx. Dans la "démocratie" on vote, certes, mais guère plus... A Haïti, cependant, même ce droit-là est bafoué.

J'ai souvent honte de la France mais cela est particulièrement vrai quand je pense à Haïti. Si pays martyr il y a, je suis au regret de rappeler que la France a une responsabilité écrasante dans la misère sociale haïtienne. Qui sait que notre pays a fait littéralement payer à Haïti sa révolte contre l'esclavage et son indépendance jusqu'en 1947 via ce que l'on a appelé "la dette de l'indépendance" ? Qui sait, à propos de cette même extorsion de fonds, qu'une commission chargée de statuer sur un éventuel remboursement à Haïti et qui a refusé cette idée était notamment composée de Dominique de Villepin et du grandissime républicain, héros du Front de gauche, Régis Debray ? Qui sait encore que ce même Régis Debray, bien qu'américanophobe à ses heures, a, sur la question de Haïti, soutenu l'intervention US contre le président élu par le peuple haïtien, Jean-Bertrand Aristide, parce que celui-ci exigeait que la France remboursât l'argent extorqué des années durant ?

(je conseille vivement la lecture des articles suivants)

Par Sylvain Jean sur Médiapart

http://narconews.com/Issue45/article_fr2559.html

http://faltoulouse.free.fr/fr/textes/haiti.html

http://www.contretemps.eu/interventions/notre-role-dans-catastrophe-hait...

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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 07:15

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Le sommet alternatif aura lieu du 20 au 22 avril prochain,

les inscriptions sont ouvertes

jeudi 14 janvier 2010, par Primitivi

Durant Copenhague il en avait parlé, Evo Morales est entrain de le mettre en place : un référendum qui est en cours et un sommet alternatif pour avril prochain. Nous relayons les infos pour participer au référendum et s’inscrire au sommet.

“Étant donné que nous avons des différences profondes de président envers le président, consultons le peuple et faisons ce qu’il nous dit”
Evo Moraux Ayma. Président de l’État Plurinational de la Bolivie

Il est très important de signer et de faire signer massivement la pétition lancée par la Bolivie sur le référendum mondial :

http://portalmre.rree.gov.bo:80/cumbre/Referendum.aspx
Seulement un peu plus d’un millier de signatures pour le moment !
Il en faut plus, beaucoup plus.

Voir également : http://derechosmadretierra.org/

Pour s’inscrire à la Conférence Mondiale des Peuples sur Changement Climatique
qui aura lieu à Cochabamba du 20 au 22 avril prochain

Ambassade de Bolivie en France
12, avenue du Président Kennedy
75016 Paris
Tél : 01.42.24.93.44
Fax : 01.45.25.86.23
Courriel : embolivia.paris@wanadoo.fr
Site Internet : www.amb-bolivie.fr

La Section consulaire reçoit du lundi au vendredi
de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 17h00
Courriel : consulat@amb-bolivie.fr

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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 18:02
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Oscar Fortin
Je ne sais pourquoi, mais encore tout petit je m’intéressais à ce pays sous la gouverne autoritaire de ce médecin, devenu par la suite PAPA DOC. Mes souvenirs me rappellent les « tontons macoutes », cette police au service du grand PATRON, qui n’avait aucun sentiment. Elle coupait les têtes, assassinait des femmes et des enfants. Elle le faisait comme si elle allait à l’épicerie du coin pour y acheter une pinte de lait. Ces souvenirs me rappellent également que c’était une terre recherchée pour y passer des vacances au soleil. C’était devenu une destination incontournable pour des milliers de Québécois. D’ailleurs, plusieurs y vivaient comme missionnaires, d’autres comme coopérants d’organismes d’aide internationale et un certain nombre comme entrepreneurs ou hôteliers. Une ou deux fois par année on nous parlait dans les églises de la pauvreté du peuple et de la nécessité d’apporter une aide aux missionnaires qui y déployaient leur action. On ne nous disait pas pourquoi ils étaient si pauvres.

Haïti, pays de 8.3 millions d’habitants (statistique de 2005), est l’histoire d’un peuple d’esclaves que l’Espagne, puis la France, au 17ième et 18ième siècle, ont fait émigrer de l’Afrique vers ces nouvelles terres pour y travailler aux grandes plantations de canne à sucre et de café. Voici ce qu’en dit la fiche technique sur la République d’Haïti :

« La colonie de Saint-Domingue, qu'on appelait souvent «la Saint-Domingue française», devint la colonie européenne la plus riche de tout le Nouveau Monde. À la fin du XVIIIe siècle, la valeur des exportations de Saint-Domingue (Haïti) dépassait même celle des États-Unis; cette prospérité reposait sur les cultures commerciales de sucre et de café pratiquées dans de grandes plantations employant près de 500 000 esclaves noirs et encadrés par quelque 30 000 Blancs. En 1789, à la veille de la Révolution française, la colonie de Saint-Domingue comptait plus de 700 000 esclaves, ce qui était un nombre nettement supérieur par rapport au nombre des Blancs (moins de 50 000); dans la partie espagnole de l'île, on ne comptait que 30 000 esclaves. »

Prenant en compte le fait que la population, à cette époque, n’était pas de 8.3 millions d’habitants, mais plutôt d’un peu moins d’un million, c’est dire qu’il s’agissait bien d’un peuple d’esclaves au service de la France de cette époque.

En 1804, ce fut la déclaration d’indépendance. Aucun pays n’appuya ce nouvel État noir. La France exigea même une compensation de 150 millions de francs, soit 21 milliards de dollars d’aujourd’hui, contribuant ainsi à ruiner l’économie de l’Ile. Ce fut le début d’une période confuse. Entre 1804 et 1957, quelque 24 chefs d'État sur 36 seront renversés ou assassinés. Ce ne sera qu’à partir de 1867, qu’Haïti, après avoir été mis au ban des Nations sera reconnu progressivement par la France, les États-Unis et le Saint-Siège.

L’occupation étasunienne se réalisa progressivement au début du siècle pour s’imposer définitivement en 1915. Voici comment la fiche technique décrit cette période :

« Le pays fut, dans les faits, gouverné exclusivement par des Mulâtres jusqu'en 1910 et connut une période de prospérité relative. Dès 1906, les compagnies américaines commencèrent à construire des voies ferrées et à exproprier les paysans sans titres de propriété. Les Américains finirent par occuper militairement Haïti, le 28 juillet 1915. En 1918, tout le pays fut en état d’insurrection. On estime que la guérilla a fait au moins 15 000 morts. Washington mit alors en place un gouvernement soumis à ses volontés et s’engagea en contrepartie à fournir à Haïti une aide politique et économique. Au cours de cette période, Les Américains firent adopter trois lois restreignant la liberté de la presse.

Les travaux de modernisation, dont la mise en place d’une infrastructure routière, l'amélioration des techniques agricoles et le développement du réseau téléphonique furent accélérés. Toutefois, cette marche forcée vers la modernité se fit aux dépens des couches les plus défavorisées de la population. Les Haïtiens conservèrent une forte hostilité envers l'occupant américain qui n'hésitait pas, si la situation semblait l'exiger, à fusiller des Haïtiens par centaines à la fois. En août 1934, les États-Unis quittèrent Haïti. La fin de l’occupation, ajoutée aux conséquences de la crise économique mondiale, engendra le retour à l’instabilité et encouragea les velléités dictatoriales des dirigeants locaux »

De 1945 à 1957, ce sera l’alternance entre gouvernements élus et coups d’État militaires. En 1957, François Duvalier

« Dès le départ, François Duvalier imposa une politique répressive en interdisant les partis d’opposition, en instaurant l’état de siège et en exigeant du Parlement l’autorisation de gouverner par décrets (31 juillet 1958). Le 8 avril 1961, il prononça la dissolution du Parlement.
 Le régime s’appuya sur une milice paramilitaire, les Volontaires de la sécurité nationale surnommés les «tontons macoutes». Avec cette garde prétorienne personnelle, il neutralisa l’armée, sema la terreur dans tout le pays et parvint à étouffer toute résistance. Après des rumeurs de complot, il renforça la répression et, en 1964, il se proclama «président à vie». Il exerça jusqu'à sa mort une implacable dictature (on compta 2000 exécutions pour la seule année 1967). En janvier 1971, une modification de la Constitution permit à François Duvalier de désigner son fils, Jean-Claude, comme successeur.
 À la mort (de façon naturelle) de Papa Doc, le 21 avril 1971, Jean-Claude Duvalier, 19 ans (d’où son surnom de «Baby Doc»), accéda à la présidence de la République. Amorçant une timide libéralisation du régime, Jean-Claude Duvalier exerça une dictature dont son père aurait été fier. Puis, son régime s'enfonça dans la corruption et l'incompétence. En 1986, un soulèvement populaire renversa le fils Duvalier qui partit se réfugier dans le sud de la France et... dépenser sa fortune (ce qui est maintenant fait).

Toutefois, la fin de la dictature des Duvalier ne signifia pas la fin de la répression. Une junte militaire dirigée par le général Henri Namphy s'empara aussitôt du pouvoir. Un nouveau coup d'État remplaça la junte par le général Prosper Avril qui demeura au pouvoir de 1988 à1990. Acculé au départ en mars 1990, il démissionna pour ouvrir la voie à des élections sous contrôle international. »

L’élu, Jean-Bertrand Aristide, est un prêtre catholique, près des pauvres et dont la pensée s’inspire beaucoup de la théologie de libération. Une élection qui ne plaira pas tellement au grand voisin du Nord. Son règne sera donc marqué par de nombreux obstacles. Dès 1991, ce sera un coup d’État militaire qui le chassera du pays, Il se réfugiera aux États-Unis. Il y restera trois ans, le temps que prenne fin son mandat. De quoi faire penser à ce qui vient de se passer au Honduras avec le Président Zelaya.

Il se présenta de nouveau aux élections de 2000 qu’il remporta avec plus de 91% des voix. Il n’en fallait pas plus pour que la machine à la diabolisation et à la désinformation sortent toutes ses munitions. L’enfer n’était plus assez profond et cruel pour recevoir un personnage aussi trompeur. Elle en n’avait jamais fait autant pour diaboliser un Président. Ni Papa Doc, ni les chefs militaires putschistes n’ont eu droit à pareil traitement.

« Ce scrutin fut marqué par de multiples malversations et plongea à nouveau le pays dans une situation des plus confuses. De plus, le trafic de drogue a dépassé les records atteints sous la junte militaire. Quant à la classe moyenne, elle n'a pas semblé apprécier l'ancien «petit curé». Elle lui a reproché ses sermons, ses origines, son caractère imprévisible et son emprise sur les masses. Ses adversaires considéraient Aristide comme un dangereux démagogue, voire le champion de la duplicité et du vol.
 Enfin, «Titid», comme l'appelait le peuple, n'a jamais digéré les trois ans volés lors de son exil forcé à Washington. Par peur, il s'est défendu et a eu tendance à devenir plus autoritaire, comme bien d'autres l'avaient fait avant lui! Depuis les élections de 2000, c'était l'impasse entre le Lafanmi Lavalas, le parti du président, et l'Organisation du peuple en lutte, qui contrôlait le Parlement. C'est un véritable régime d'anarchie qui s'est de nouveau installé en Haïti. »
 « Puis, le 29 avril 2004, Jean Bertrand Aristide a fini par démissionner de la présidence haïtienne, alors que sont arrivés les premiers Marines américains, avant-garde d'une force internationale envoyée par l'ONU pour ramener l'ordre dans la capitale, Port-au-Prince. Ces forces comprennent des troupes américaines, françaises, canadiennes et d'autres des Caraïbes. Peu après le départ d'Aristide, le président de la Cour de cassation d'Haïti, Boniface Alexandre, a annoncé qu'il assurait l'intérim en vertu de la Constitution. À l'issue de neuf jours d'un dépouillement chaotique, René Préval a finalement été déclaré, le 16 février 2006, vainqueur de l'élection présidentielle d'Haïti, avec 51,5 % des voix. Le jour de son investiture, le 14 mai suivant, le nouveau président déclarait en créole: «Je promets de me dévouer à la Constitution, de respecter les lois haïtiennes et de protéger la souveraineté du pays.»

Comme tout semble facile : des troubles internes, le Président démissionne, une bonne âme accepte d’assumer la transition, comme Pedro Carmona au Venezuela lors du coup d’État manqué de 2002 ou Michelletti au Honduras qui se dévoue comme un « héro national » pour assurer des élections libres pour un nouveau Président. Il y a là comme une recette pour procéder à un changement de gouvernement de manière à ne pas trop faire de vagues. Dans certains cas, apparaître même comme des sauveurs.

Je conclue en disant que le « peuple haïtien » est toujours le peuple le plus pauvre de l’hémisphère occidentale alors que le pays, paradoxalement, dispose d’infrastructures aéroportuaires des plus modernes. Curieux, n’est-ce pas? Depuis des décennies les gouvernements versent des centaines de millions de dollars dans ce pays dont la population vit toujours, à 70%, dans une extrême pauvreté.

Si ce n’étaient des 400 médecins cubains qui y travaillent auprès des populations les plus démunis, ce serait encore plus tragique. D’ailleurs ils ont été les premiers présents auprès des victimes de ce puissant et terrible tremblement de terre. Nos médias ont oublié d’en glisser un mot.

J’espère que vous ne m’en voudrez pas si je vous confie qu’il y a des larmes qui me font pleurer et d’autres qui me donnent des « hauts de cœur ». Je pleure avec le peuple Haïtien pour autant de souffrances et de calamités qui lui tombent dessus. Par contre les larmes de ceux qui l’ont maintenu dans la dépendance et la pauvreté, me rendent malade.

Oscar Fortin

Québec, le 14 janvier 2010

http://humanisme.blogspot.com
est élu Président grâce au soutien des noirs qui virent en lui l’occasion de mettre fin au règne des mulâtres. La fiche technique décrit sa gouverne en ces termes :
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