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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 15:21
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La guerre que les Etats-Unis mènent contre Cuba n'en finit pas.


Depuis 1959, tout leur a été bon : intervention armée, actions de sabotage, terrorisme [1], assassinats de diplomates, tentatives d'assassinat contre Fidel Castro lui-même, provocations les plus diverses y compris le financement de groupes oppositionnels et, enfin, un blocus inhumain.

Avec Cuba - de Kennedy à Obama [2] - tous les présidents américains n'ont eu, jusqu'à aujourd'hui, qu'un seul objectif : anéantir l'exemple d'un pays latino-américain qui s'est libéré de leur oppression et qui - en dépit des difficultés qui lui sont imposées - parvient à offrir à son peuple un niveau social que lui envient les peuples voisins. [3]

Certains, en France, se permettent de juger de la situation cubaine selon les normes d'un pays qui ne connaît pas les agressions et les tentatives de déstabilisation permanentes d'une super-puissance comme les Etats-Unis.


Ils n'oublient qu'une seule chose : Cuba est un pays en guerre - une guerre qui lui est infligée. Cuba doit se défendre.


Quant aux journalistes des grands médias français - chiens de garde du système de domination occidentale - leur haine de Cuba n'a d'égale que leur mansuétude vis-à-vis des crimes de guerre perpétrés par les Etats-Unis. Ces auto-proclamés défenseurs des droits de l'homme n'ont pas honte de qualifier de "bavures" l'assassinat par l'aviation américaine de 21 civils, dont 4 femmes et un enfant, comme cela vient de se produire en Afghanistan, le 22 février dernier. [4]


La solidarité latino-américaine avec Cuba


En Amérique latine, c'est différent : les peuples et nombre de dirigeants comprennent les Cubains et soutiennent leur lutte.

Car tous - du Chili au Nicaragua, en passant par le Brésil - TOUS, sans exception, ont eu à souffrir, à un moment ou à un autre, de l'ingérence ou de l'agression militaire de leur encombrant voisin du Nord.

Ce 24 février, réunis à Cancun (Mexique), les chefs d'Etat latino-américains ont tenu à condamner énergiquement le blocus économique, commercial et financier que les Etats-Unis appliquent contre Cuba ; ils ont dénoncé les lois à caractère extraterritorial, comme la loi Helms-Burton, qui vont à l’encontre des normes du droit international et provoquent d’importants dommages au peuple cubain.


La coopération avec le Brésil


1605867348.PNGLe Brésil apporte à Cuba un soutien économique non négligeable comme l'attestent les résultats de la récente visite du président Lula dans l'île (Photo : Lula et Raul Castro - février 2010).

Plusieurs projets de coopération sont en cours. Ainsi, le port de Mariel, à 50 km de La Havane, sera modernisé pour devenir le plus grand port d'Amérique centrale avec une capacité de mouvement d'un million de conteneurs par an. Les investissements seront de l'ordre de 800 millions de dollars dont 443 seront financés par le gouvernement brésilien.

Plusieurs autres accords ont été paraphés, touchant au domaine agricole : développement de la production de soja à Cuba ; contrôle génétique et biologique des fléaux agricoles, notamment pour la tomate et le poivron.

La presse brésilienne a également rapporté que la troisième entreprise de médicaments génériques du Brésil allait installer une fabrique dans l'île, en partenariat avec une entreprise cubaine. L'idée est d'utiliser Cuba comme plate-forme d'exportation de médicaments génériques pour la région.

Comme l'a rappelé le président Lula, le Brésil souhaite amplifier le commerce entre les deux pays et devenir le premier partenaire de Cuba en matière de politique d’investissement et de développement. A l'issue de sa visite, il a déclaré : "C'est avec enthousiasme que mon gouvernement finance des entreprises brésiliennes afin qu'elles puissent travailler ici et aider au développement de Cuba".


Solidarité commune avec Haïti


Le président Lula a aussi expliqué que ses rencontres avec les dirigeants cubains avaient permis "d’approfondir la politique de solidarité de Cuba, du Brésil et d’autres pays d’Amérique latine envers Haïti". Pour lui, les Cubains "sont les mieux préparés, et nous tenons à travailler ensemble pour redonner l’espoir aux Haïtiens".

 

JPD (depuis le Brésil)


[1] Citons, entre autres, l'attentat du 6 octobre 1976 contre le vol 455 de la compagnie Cubana qui a causé la mort des 73 passagers et membres de l’équipage. "Cette action terroriste fut reliée à Orlando Bosch [...] qui avait été formé par la CIA". (Noam Chomsky)

[2] Depuis sa prise de fonction Barack Obama a assoupli le "mur des Caraïbes" : ont été levées les restrictions qui interdisaient aux Cubains vivant aux Etats-Unis de visiter leur famille sur l’île, plus de 14 jours tous les trois ans et qui limitaient les transferts de fonds à 100 dollars par mois.

Pour le reste pas de changement : les Cubains vivant aux Etats-Unis et n’ayant pas de famille dans leur pays d’origine ne peuvent toujours pas se rendre dans l'île ; les sanctions économiques contre les entreprises qui commercent avec Cuba continuent de s'appliquer ; les échanges culturels sont entravés, jusqu'à l'Orchestre Philarmonique de New York qui a été interdit de se produire à La Havane.

[3] "La révolution a étendu l'accès à l'assistance médicale, à l'éducation et autres besoins basiques de prévoyance qui - dans le passé - étaient interdits à beaucoup de Cubains". (Mauricio Font, Cubain vivant aux Etats-Unis, professeur de sociologie à l'Université de la ville de New York)

[4] Déjà en septembre dernier des avions de l'OTAN avaient tué 142 civils.

Le Petit Blanquiste

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8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 07:14

dormez-citoyens

« Les FARC avec Chavez auraient demandé à l’ETA de faire des repérages en Espagne afin de tuer des personnalités colombiennes dont le président Uribe lui-même et son prédécesseur Andres Pastrana », pouvait-on lire dans les torchons français : « Le nouvel obs », « le Monde », « la croix », « l’express » etc. Rien que ça !

« Le juge espagnol Eloy Velasco Núñez écrit que l'enquête lancée par la justice espagnole en 2008 a fourni des éléments "démontrant une coopération du gouvernement vénézuélien dans la collaboration illégale entre les FARC et ETA". L'enquête est largement fondée sur des courriers électroniques découverts dans un ordinateur du chef des FARC, Raul Reyes, tué dans un raid de l'armée colombienne sur un camp des rebelles du côté équatorien de la frontière en mars 2008. »

À l’heure d’élections législatives et présidentielles en Colombie, respectivement en mars et mai prochains, voilà que ce magistrat espagnol nous ressort ce plat tant de fois réchauffé qu’il en devient immangeable. La tactique est ancienne et usée mais le Pouvoir rance des oligarques colonisateurs n’a rien en substitution. La justice espagnole – comme la française – « est indépendante de l’État » entend-on des hommes politiques français et autres trainant des casseroles lorsqu’ils s’expriment dans les médias…également « indépendants ». Mais qui est ce juge Eloy Velasco Núñez ?

Eloy Velasco Núñez a été huit ans au service de l’Aznarien Parti Populaire (de Droite - disons Extrême) du gouvernement de Valence en tant que Directeur Général de la Justice. Puis il est élu en juin 2008 par la précédente Commission Permanente du Conseil Général du Pouvoir Judicaire (CGPJ) espagnol. Ce Conseil étant presque totalement Conservateur c'est-à-dire avec des relents du feu caudillo fasciste Franco, et à l’image d’Uribe assassin de son peuple.

Velasco est « indépendant » disent les « notables nationaux » corrompus. Certes il est indépendant du peuple mais pas des marionnettistes du PP d’Aznar et du PSOE de Zapatero qui n’a plus rien d’ouvrier, eux-mêmes marionnettes de l’État le plus terroriste de la terre, les USA avec à sa tête des présidents bien connus pour leurs manières d’instaurer la paix à des fins désintéressées. Ainsi le juge « indépendant » aurait dans ses classeurs les coupures de presse informant que d’après l’ordinateur de Raul Reyes, pulvérisé dans l’attaque des FF.AA. et des paramilitaires de Colombie, des courriers électroniques qui indiqueraient des liens entre le Venezuela, les FARC et l’ETA. C’est sur cette preuve, qui jusqu’aujourd’hui aucun tribunal juridique sérieux n’a pris en considération, que ce juge inféodé a basé son accusation.

Peut-être le juge espagnol n’est pas au courant que ces informations ont été données en pâture aux médias internationaux par les forces militaires et le président Uribe après avoir "saisi" l’ordinateur inexploitable de Raul Reyes. De même que si par chance l’ordinateur avait résisté à la désintégration par les ogives, encore faudrait-il croire que le courrier du commandant était sur le disque dur, et en plus que les services secrets de l’armée colombienne n’avaient rien touché. Comment un juge, au poste qui est le sien, pourrait-il être aussi naïf et baser son accusation sur ce seul chef ?

Tous les juges et procureurs ont compris depuis longtemps qu’une telle accusation n’est pas exploitable car elle mène dans une impasse, mais il s’en trouve un, expressément aujourd’hui, à l'heure d'élections, qui a été nommé pour jouer la fameuse partition : « Mentons, mentons, il en restera toujours quelque chose » et focaliser l’opinion sur des contrevérités.

Si tous les médias espagnols emboîtent le pas et jouent leur rôle de collaborateurs des assassins de l’intelligentsia colombienne, certains plus prudents comme RTVE fait le relais mais ne prend pas de risque, ce média s’assure en disant que « le juge Velasco qui fait des recherches sur les relations entre l’ETA et les FARC… « Croit » que le gouvernement vénézuélien a collaboré pour faciliter ces relations… ». Pour la France les porcheries où pataugent ces journalistes d’investigation faisant leurs emplettes dans les bacs de l’Associated Press, ont bien agi en fonction des ordres impériaux.

À vouloir lire du sensationnel, beaucoup se salissent les mains en tenant ces torchons baveux, mais pour ce coup, l’encre vient de Colombie, elle est le sang d’hommes, de femmes et d’enfants innocents et est utilisée pour protéger leur bourreau dont le nom Uribe devient gênant pour ceux qui l’ont mis en place. Mais cette encre est aussi là pour assurer le suivisme de son successeur.

La conclusion « explicative » d’un de ces médias sans scrupule est très significative de l’objectif bien loin du thème initial :

« Les deux groupes [ETA et FARC NdE] d'inspiration marxiste sont considérés par l'Union européenne et les Etats-Unis comme des organisations terroristes. Les séparatistes basques, qui veulent créer un Etat indépendant dans le nord de l'Espagne et le sud-ouest de la France, ont commencé la lutte armée à la fin des années 1960, tandis que les FARC ont pris les armes en 1964 pour instaurer un régime marxiste ». AP

Les Farc sont en effet inspirées par le Marxisme Léniniste, mais la qualification de terroriste donnée par l’UE colonialiste et les USA l’État le plus guerrier de tous les temps n’a aucune « légitimité ». Traiter les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie- Armée du Peuple (FARC-EP) de terroriste et dire qu’ils ont pris les armes, sans expliquer la raison véritable, c’est vouloir faire l’impasse volontaire d’un pan de l’histoire de la Colombie qui arrange bien les valets et l’Empire. Ainsi les peuples ne sauront pas qu’elles ont pris les armes suite à une boucherie perpétrée contre les paysans à Marquetalia en 1964. Le conflit armé durera jusqu’à ce qu’en 1984 les FARC et Belisario Betancourt (président) signent un accord de paix en contrepartie que les FARC puissent s’organiser pour être représentées dans la vie politique nationale, ainsi en 1985 naitra l’Union Patriotique (UP). Mais très tôt, dès le milieu 1985, commenceront des assassinats et des disparitions d’hommes politiques et d’adhérents de l’UP. Une partie reprendra les armes, le reste de l’UP tentera de continuer dans la vie politique, et en 1994 le dernier représentant de ce parti sera assassiné. Depuis, la répression et les massacres de la « guerre sale » de l’État colombien corrompu continue, sa pérennité étant assurée par ses ramifications avec les narcotrafiquants et l’utilisation des paramilitaires qui continueront à tuer tout opposant au régime despotique. L’histoire est encore longue et les massacres perpétrés par l’État, feront des FARC la seule véritable armée du peuple. L’Armée ‘légale’ de l’État colombien n’aura de cesse de massacrer son peuple avec l’aide des paramilitaires aux ordres du président.

De cela le juge espagnol n’en parle pas, et il est certain qu’il n’enverra pas d’arrêté au Tribunal Pénal International dans lequel le chef d’accusation doit être « crimes contre l’humanité » en impliquant tous ces assassins dont les noms sont donnés par les paramilitaires repentis et que les médias espagnols et français complices de ces crimes contre l’humanité préfèrent taire car ils en ont reçu l’ordre.

Uribe aura livré la Colombie aux Yankees insatiables dans le pillage de ressources étrangères, comme Pétain l’eut fait avec la France à son époque, mais ce dernier trouvât, aussi, en face de lui des hommes et des femmes organisés, résistant clandestinement à l’ordre établi et installés dans un long conflit armé. Comment le terrorisme médiatique nommerait-il aujourd’hui ces gens valeureux de tous les continents ayant donné leur vie pour sauver le pays et le peuple de France sans défense ?

Esteban Le Tacle

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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 09:17
Chuck STROUSE

posada-terroristaIllustration : affiche cubaine "Nous avons posé la bombe. Et alors ?" (propos prononcés par Posada Carriles)

Dans un clubhouse à Westchester, un bel homme de 82 ans dans un costume sombre sourit et pointe son index vers le ciel. La lumière est tamisée mais on distingue ses yeux bleus, ses sourcils gris épais et un ventre proéminent. S’exprimant à voix basse à quelques admirateurs, il a tout l’air d’un guajiro sénescent, avec une exception : ses bras, sa poitrine et sa mâchoire sont couverts de cicatrices, provoqués par des balles d’assassins.

Il s’agit de Luis Posada Carriles, héros de l’exil cubain, ex-agent de la CIA et terroriste légendaire.

Le meurtrier présumé d’au moins 74 innocents sera bientôt jugé au Texas, bien que le juge ait repoussé la date du procès la semaine dernière. Ne ratez pas ce procès. S’il est acquitté, cela prouvera le degré d’ineptie, d’hypocrisie et de corruption du gouvernement. Et s’il est condamné, la peine prononcée sera probablement le minimum et aura un impact significatif sur les procès à venir des assassins du 11 septembre.

« Le fond de l’histoire est que le Ministère de la Justice tente de le poursuivre pour d’horribles actes de terrorisme, » dit Peter Kornbluh, porte-parole de National Security Archive de Washington DC. « Mais toute cette affaire est, comme on dit en espagnol, una vergüenza – une honte. »

Il existe de nombreux éléments qui prouvent que Posada a tenté d’assassiner le dirigeant d’un pays, qu’il a ourdi des complots qui ont provoqué la mort de plusieurs dizaines de personnes et tué un touriste dans un attentat contre un hôtel. Pourtant, il n’est poursuivi pour aucun de ces crimes, parce que le gouvernement (US) a entaché la procédure et fait disparaître de nombreux documents cruciaux. Au final, Posada sera accusé d’avoir menti aux autorités, soit une simple petite tape sur les doigts, chose qui aurait soulevé un tollé si Posada avait été, par exemple, un Arabe. Mais Posada est Cubain, et toute la différence est là.

Posada est né à Cienfuegos. Il a étudié la chimie et a travaillé à Akron, Ohio, avant la révolution cubaine de 1959. Il est retourné sur l’île mais, comme de nombreux autres exilés cubains, a rapidement déchanté devant la politique de Fidel Castro. Il est donc reparti aux Etats-Unis. Sa soeur, colonel de l’armée Cubaine, est restée.

Ensuite, avec l’aide de millions de dollars des contribuables étatsuniens, Posada s’est lancé dans une campagne sanglante de 50 ans contre le gouvernement de Castro. Il a fait exploser des bombes dans la capitale de l’île et a coordonné l’attaque de 1961 de la Baie des Cochons à partir de l’Amérique centrale. Après l’échec de l’invasion, il a rejoint un groupe d’exilés qui ont suivi une formation d’élite à l’Académie militaire de Géorgie ; il en est sorti deux ans plus tard comme espion et lieutenant.

Il a ensuite tenté de tuer Castro avec une arme à feu dissimulée dans une caméra et des explosifs cachés dans un flacon de shampoing. En 1976, il a organisé l’explosion en plein vol d’un avion de ligne cubain, le vol 455 de la compagnie Cubana, qui transportait 73 passagers. Six ans plus tard, sous la pression des Etats-Unis, il fut acquitté par un tribunal vénézuélien qui a ensuite bizarrement changé d’avis et a décidé de refaire un procès. Mais entre-temps, l’espion avait corrompu ses gardiens et avait réussit à s’échapper. Vingt ans plus tard, il organisait des attentats dans des hôtels à la Havane, provoquant des millions de dollars de dégâts et la mort d’un touriste italien.

« C’est une guerre » a-t-il déclaré à Ann Louise Bardach dans une interview de 2006 qu’elle relate dans son livre Without Fidel : A Death Foretold in Miami, Washington, and Havana, « une sale guerre ».

Bien sûr, Posada a de fervents supporters aussi bien au sien du gouvernement qu’à l’extérieur. En quelques jours, ses partisans ont récolté des milliers de dollars pour assurer sa défense en organisant ce qu’ils ont appelé un « radio marathon » sur Radio Mambi (radio de Miami virulemment et violemment anti-cubain – NdT). « Luis Posada est un type super, » a déclaré un des dizaines de vieux exilés qui se sont exprimés en sa faveur. « Sa guerre va libérer Cuba ».

Incroyablement, ces sentiments ont fait basculer les procureurs et le Congrès. Même le FBI, qui a dépensé des millions de dollars sur plusieurs dizaines d’années à enquêter sur Posada, s’est débarrassé de manière inexplicable des preuves qu’il avait accumulé. De plus, l’administration Reagan a embauché Posada dans le scandale Iran-Contra.

Les pressions exercées par le gouvernement des Etats-Unis ont même eu des effets à l’étranger. Un tribunal panaméen a condamné Posada pour complot en vue d’assassiner Fidel Castro lors d’un sommet Ibero-Américain. Puis, en 2004, la Présidente du Panama Mireya Moscoso a gracié Posada. Il a quitté le pays juste avant l’invalidation de la grâce par la Cour Suprême du Panama. (Mireya Moscoso a gracié Posada la veille de la fin de son mandat suite à des élections qu’elle a perdues. Elle s’est ensuite réfugiée à Miami en traînant toute une série de casseroles. De mémoire, elle est « recherchée » par la justice panaméenne – NdT)

Tout a commencé lorsque Posada est entré illégalement aux Etats-Unis par la mer et demandé l’asile politique. Au mois de mars 2005, probablement après avoir été averti qu’il risquait d’avoir des ennuis, il a annoncé qu’il allait quitter le pays. Mais lorsque toute l’attention médiatique est retombée, il fut arrêté. Le crime dont on l’accuse n’est pas celui d’avoir tué les 73 passagers du vol Cubain ou le touriste à la Havane ; le crime dont on l’accuse est d’avoir menti aux officiers des services d’immigration sur son voyage aux Etats-Unis et son entrée illégale sur le territoire.

Il était arrivé à bord d’un voilier appelé Santrina, et non par le bus comme il l’avait déclaré lors de son interrogatoire. Selon les procureurs, il a menti aussi sur son passeport.

En 2006 et 2007, une sous-commission du Congrès et un grand jury de Newark ont examiné le passé meurtrier de Posada. Le reportage de Bardach fut un élément clé présenté au dossier. Il avait virtuellement avoué sa culpabilité, en déclarant que le meurtre du touriste italien « était un accident déplorable, mais je dors comme un bébé. » Le gouvernement a voulu saisir les notes et les enregistrements de l’auteure. Soutenue par le New York Times, qui avait publié son article (co-écrit avec Larry Rohter), Bardach a refusé et un long procés a suivi. (Bardach n’a pas voulu commenter cette affaire).

Ensuite, le dossier contre Posada est pratiquement tombé à l’eau. Sous les pressions du Président George W. Bush et d’un Congrès Républicain fanatiquement anticommuniste, la sous-commission et le ministre de la Justice des Etats-Unis n’ont rien fait. Puis le 8 mai 2007, un juge de district, Kathleen Cardone a fini par libérer Posada, en accusant les procureurs de « fraude, tromperie et manipulation ».

« les tactiques du gouvernement dans cette affaire sont si honteuses et scandaleuses qu’elles sont en violation avec la notion la plus élémentaire de justice », a-t-elle écrit.

L’année suivante, une Cour d’Appel a invalidé la décision de Cardone et a ordonné un nouveau procès. Mais cette fois-ci Posada n’allait pas être accusé d’entrée illégale sur le territoire mais d’avoir menti à des agents fédéraux. Une petite couche fut rajoutée lorsque les notes de Bardach réapparurent et on a rajouté l’accusation d’avoir menti aussi au sujet des attentats à la Havane.

Pire : lors de la préparation du procès, la Cour a cédé aux pressions des procureurs et a mis sous scellés la quasi totalité des documents relatifs à Posada. Le 10 juillet (2009), le Miami Herald et Associated Press ont tenté d’intervenir. Leur raisonnement était le suivant : le gouvernement ne peut pas sceller arbitrairement des documents s’il ne sont pas classifiés « secret ». Mais la Cour a repoussé leur demande et a placé sous scellés plus de 300 documents cette année.

« C’est mauvais, » dit Adolfo Jimenez, avocat du Miami Herald et d’Associated Press. « Tout est fait pour tenir le public dans l’ignorance ».

La juge Cardone a récemment annoncé que le procès durerait probablement deux mois. Un groupe de gauchistes agités, le Comité National Pour la Libération des Cinq Cubains, a annoncé des manifestations pendant toute la durée du procès. Et au mois d’Octobre dernier, le National Security Archive de Kornbluh a publié un document gouvernemental déclassifié qui révèle que Posada a même trahi sa propre communauté en exil. Sous le nom de code de Pete, il informait la CIA sur les activités de dirigeants dont le feu Jorge Mas Canosa (CANF – Cuban American National Foundation – fondée par Rondald Reagan et avec mucho dinero - NdT).

Voilà où nous en sommes. Le gouvernement a détruit une bonne partie des preuves. Une juge fédérale respectée a déclaré que les procureurs étaient coupables de fraude. Et tout en laissant pourrir un procès important, le gouvernement préfère se battre contre la presse (Bardach, le Herald et Associated Press)

Les procureurs pourraient même perdre les quelques miettes de charges qui leur restent contre un de plus dangereux idéologues du monde occidental. Mais Kornbluh garde espoir. « Ce procès pourrait confirmer ce que tout le monde sait. » dit-il. « Luis Posada est une source majeure de terrorisme ».

Chuck Strouse

Traduction VD pour le Grand Soir

ARTICLE ORIGINAL
http://www.miaminewtimes.com/2010-0...

Nota : les commentaires (en anglais) postés sur l’article original valent le détour pour découvrir un peu l’état d’esprit (et mental) de l’extrême-droite de Miami.

EN COMPLEMENT
Luis Posada Carriles : un poseur de bombes au soleil. premier interview de Posada Carriles dans le New York Times, par Ann Louise Bardach, 1998 http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr/s... )

Le terroriste qui (devrait) embarrasser l’Amérique, de Viktor Dedaj
http://www.legrandsoir.info/Le-terroriste-qui-devrait-embarrasser-l-Amerique.html

Interview d’Ann Louise Bardach sur son livre (audio et texte en anglais), Oct. 2009
http://www.democracynow.org/2009/10/16/journalist_ann_louise_bardach_on_how

URL de cet article
http://www.legrandsoir.info/L-assassin-Cubain-Luis-Posada-Carriles-passera-en-jugement-Miami-New-Times.html
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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 07:31

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Dans les prisons du monde,un détenu sur quatre se trouve aux Etats-Unis. La composition de la population pénale est extrêmement raciste: un adulte noir sur quinze est en prison, un sur neuf dans la tranche d’âge 20-34 ans, et un sur 36 est hispano. Les deux tiers des condamnés à perpétuité sont noirs ou hispanos et, dans l’Etat de New York, 16,3% seulement des détenus sont blancs.

Environ sept mille personnes meurent chaque année dans les prisons étasuniennes, par assassinat ou suicide.

Les gardiens des prisons portent normalement des pistolets Taser. Selon un rapport, 230 citoyens des Etats-Unis sont morts de balles tirées par ces armes en 2001. Ce même rapport cite le cas d’une prison du comté de Garfield, dans le Colorado, où les gardiens utilisent régulièrement ces pistolets ainsi que des pulvérisateurs de poivre contre les prisonniers, et les attachent parfois à des chaises dans des positions douloureuses pendant des heures.

On a appris récemment que 72 personnes ont perdu la vie dans des centres de détention pour émigrés au cours des cinq dernières années.

D’après un autre rapport émanant du département de la Justice des Etats-Unis et datant du deuxième mandat présidentiel de Bush, il y avait dans les prisons fédérales et étatiques 22 480 porteurs du VIH ou cas confirmés de SIDA, dont 27 sont décédés dans les prisons fédérales. Le Los Angeles Times informe dans un article du 20 septembre 2007 de 426 décès résultant d’un traitement tardif, dont 18 ont été tenus pour «évitables» et 48 comme «éventuellement évitables». Un diabétique de 41 ans, Rodolfo Ramos, a été retrouvé mort et couvert de ses déjections dans sa cellule où il avait été laissé seul pendant une semaine. Le personnel de la prison était informé de son état de santé et ne lui avait permis de recevoir aucun traitement.

Dans au moins quarante Etats de l’Union, de jeunes délinquants âgés de 14 à 18 ans sont traduits devant des tribunaux pour adultes. C’est actuellement le cas de 200 000 d’entre eux, bien qu’il soit démontré que cette procédure est inadéquate.

Treize centres de détention de mineurs des Etats-Unis enregistrent un taux élevé d’abus sexuels. Un jeune détenu sur trois dit avoir été agressé.

Les prisons comptent environ 283 000 malades mentaux, quatre fois plus que les hôpitaux psychiatriques.

Dans les prisons d’Etat ou fédérales, 4,5% des prisonniers ont subi une ou plusieurs agressions sexuelles; dans 2,9% des cas, l’agresseur faisait partie du personnel pénitentiaire et, pour 0,5% d’entre eux, les agresseurs ont été des membres du personnel et des prisonniers.

Dans les prisons étasuniennes, la brutalité ou la torture sont endémiques. Un film britannique intitulé Torture: America’s Brutal Prisons, sorti récemment, montre des scènes filmées par des caméras de surveillance où l’on voit des gardiens frapper des détenus, parfois jusqu’à ce que mort s’ensuive, utiliser contre eux leurs pistolets ou des électrodes, des chiens d’attaque, des agents chimiques et des dispositifs dangereux d’immobilisation. Bon nombre de prisonniers sont soumis à des périodes prolongées d’isolement, ce qui a des effets pervers sur leur santé psychique et les conduit parfois à la démence ou au suicide. Le gouvernement US ne fournit pas de données chiffrées sur ces cas, mais on sait que la plupart des prisonniers soumis à cette véritable torture mentale l’ont été pour une durée supérieure à cinq ans.

 Granma

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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 07:29
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Par Jean-Pierre Dubois

La Petite Blanchiste . Bresil, le 26 février 2010.

"La menace américaine" : C’est le titre choisi pour l’éditorial du journal O Estado de São Paulo (Brésil) de ce 12 février. Le fait est d’autant plus surprenant que d’ordinaire ce journal de la droite brésilienne ne marchande pas son soutien aux États-Unis.

De quoi s’agit-il ?

Le libre-échange commercial - au coeur de la doctrine de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) - a été invoqué par les pays capitalistes occidentaux tant que cela leur permettait d’imposer l’entrée de leurs marchandises dans les autres pays, au détriment des productions nationales de ces derniers.

Depuis quelques années, l’explosion économique des anciens pays pauvres, comme l’Inde, la Chine ou le Brésil, a modifié la donne : les économies occidentales, durement concurrencées, tendent maintenant à chercher refuge dans le protectionnisme.

C’est ce qui arrive avec le Brésil.

Ce pays, grand producteur de coton, a traduit les Etats-Unis devant l’OMC, ce dernier pays allouant des subventions à ses propres producteurs de coton "en violation des lois commerciales".

Au terme d’un procès, qui a duré sept années et est passé par deux instances juridiques, l’OMC a finalement recommandé l’élimination des subventions américaines.

Mais les Etats-Unis ont superbement ignoré cette recommandation, ce qui - selon la réglementation de l’OMC - autorise le Brésil à user de représailles commerciales pour compenser les dommages causés.

Le montant de cette compensation pourrait atteindre 830 millions de dollars dès cette année. Pour le moment, le gouvernement brésilien envisage d’imposer des augmentations aux taxes d’importation sur certains produits américains à hauteur de 560 millions de dollars. Le restant serait obtenu par la suspension de droits de propriété intellectuelle (blocus des remises de royalties, annulation de patentes) ; le président Lula vient de signer un décret en ce sens.

O Estado note, qu’en général, dans une telle situation, les pays concernés cherchent par la négociation à éviter d’en arriver aux représailles. "Mais le gouvernement américain n’a montré aucune disposition, jusqu’à maintenant, à rechercher un accord avec les autorités brésiliennes", ajoute-t-il.

Plus, le nouvel ambassadeur des États-Unis, à son arrivée au Brésil, a évoqué "la possibilité de contre-représailles". Or, pour le journal brésilien, "l’idée de contre-représailles est incompatible avec la légalité internationale".

Il ajoute : "En rejetant l’élimination des subventions, le gouvernement américain méprise les normes souscrites par tous les pays membres de l’OMC. [...] Maintenant, en lançant des menaces de contre-représailles à l’encontre du pays vainqueur du procès, ce gouvernement déclare préférer, au plan international, le régime de la force à celui de la loi".

"Si [la force] était le régime souhaité pour le commerce international, le meilleur serait d’éliminer l’OMC [...]. Pourquoi instituer et maintenir des règles et tribunaux s’ils ne s’appliquent pas à tous ?", conclut-il.

Quant à Celso Amorim, le ministre des Relations extérieures du Brésil, il a déclaré que, dans cette affaire, son pays "ne peut s’incliner".

* * * *

Ce qui échappe au journal brésilien c’est que le recours à l’imposition de la force ne se limite pas, pour les États-Unis, au domaine du commerce international. C’est une caractéristique, permanente et générale, de ce pays qui agit toujours en marge de la légalité internationale. "L’Etat américain demeure un Etat violent et sans foi ni loi", écrit Noam Chomsky. [1]

Du blocus de Cuba à l’invasion de l’Irak, en passant par le bombardement de la Serbie, pour prendre quelques exemples, tout cela s’est décidé en dehors de toute instance internationale légitime. (et même contre les instances internationales légitimes - commentaire du Grand Soir)

Comment est-ce possible ?

Si la politique de force des États-Unis ne rencontre pas la réprobation qu’elle mériterait, c’est que les grands médias occidentaux - les plus puissants de la planète - se font les relais complaisants de la propagande et de la désinformation systématiques qui précèdent et accompagnent les actions belliqueuses de ce pays.

C’est aussi que les autres gouvernements - tels ceux de l’Union européenne - deviennent muets dès que les manquements à la légalité internationale concernent les États-Unis.


Nota :



[1] Noam Chomsky, "Un monde complètement suréel - Le contrôle de la pensée publique", Ed. Lux, Quebec, 2003.

Source : El Correo

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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 23:50

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AFP :Une trentaine d'élus démocrates et républicains du Congrès américain ont déposé mardi un projet de loi qui se propose de lever l'interdiction faite aux Américains de se rendre à Cuba et de faciliter les échanges commerciaux avec l'île communiste.

S'il était approuvé, le texte, dont l'AFP s'est procuré copie, interdirait au président américain d'empêcher ses concitoyens d'aller à Cuba, comme c'est le cas aujourd'hui.

Pour le moment, seuls les Cubano-américains sont autorisés par Washington à se rendre dans leur pays d'origine sous embargo depuis 1962. Tous les autres Américains doivent obtenir une autorisation et sont passibles d'une amende dans le cas contraire.

La loi propose aussi de grandement faciliter les exportations de produits agricoles des Etats-Unis vers Cuba, en autorisant La Havane à payer directement ses fournisseurs américains.

Depuis 2000, agriculteurs et laboratoires pharmaceutiques américains ont la possibilité de vendre leurs produits à Cuba. Mais le gouvernement cubain est obligé de payer ses importations comptant et en passant par les institutions financières d'un pays tiers. La marchandise ne peut être transportée par des bateaux cubains.

"Ce projet de loi permettra à nos agriculteurs de multiplier leurs capacités de vendre leurs produits à Cuba, comme ils le font avec nos autres partenaires commerciaux", a expliqué le président de la commission Agricole de la Chambre des représentants, Collin Peterson, principal instigateur du texte.

Malgré les restrictions auxquelles Cuba est soumis, les Etats-Unis sont le principal fournisseur de produits agricoles de l'île communiste. En 2009, Cuba a acheté pour 590 millions de dollars de produits agricoles aux Etats-Unis.

 

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 14:12

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Après le chorus d’éloges éhontés qui suivit l’élection d’Obama en France, certains sont redescendus sur Terre. Mais jusqu’où ira le désillusion ?

Se rappelle-t-on la manière dont l’élection d’Obama fut accueillie comme le retour du Messie sur Terre et particulièrement en France. Il était noir, il était sexy, il était progressiste, il allait créer la sécu aux E-U et arrêter les guerres et les massacres. C’était tout juste si le Sahara allait pas reverdir. Le 9 novembre 2008, en pleine "Obamania", je m’étais fendu sur Agoravox de ce petit commentaire à l’usage des illuminés. L’auteur de l’article écrivait ceci : "Y a-t-il une intelligence historique des peuples ? Aucun historien ne le démontrera scientifiquement. Mais lorsque tout s’écroule devant nos yeux, l’arrivée de Barack Obama à la tête de la première puissance mondiale laisse entrevoir que hasard et nécessité sont enfouis dans les moteurs qui font avancer les peuples." Je lui avais donc répondu ce qui suit :   " Vous surestimez les capacités d’un peuple soumis à une propagande incessante.Les américains n’ont pas compris grand chose en élisant Obama, ils ont juste acheté un produit sexy, qu’on leur a vendu grâce à la campagne de publicité la plus gigantesque de l’histoire. De même que TF1 et autres ont vendu aux ouvriers français le produit Sarkozy, grâce au fameux slogan aussi désopilant qu’abêtissant : "travailler plus pour gagner plus !" Comme vous le soulignez, les américains étaient déjà habitués à voir des noirs aux plus hautes fonctions (Powell et Rice) et tout aussi capables qu’un blanc de mentir éhontément et sans relâche. Obama n’est que l’incarnation la plus actualisée et aveuglante pour permettre aux élites de masquer la seule distinction qui vaille dans une société et qui ne nécessite pas de faire référence à la question raciale : les dominants contre les dominés, les israéliens contre les palestiniens, les smicards et les rmistes contre le CAC40, les américains "subprimés" contre Goldman, JPMorgan et consorts. D’ailleurs vous oubliez de mentionner que l’un des principaux sponsors de Obama ce furent les grandes firmes de Wall Street. Nous verrons comment il réagira par rapport au fait qu’une bonne partie du plan Paulson est en train de partir en primes annuelles pour les super-cadres incompétents et hallucinés des banques en faillite. C’est bien connu qu’on ne mord généralement pas la main de celui qui vous nourrit.
Joffrin intime aux lecteurs de Libé d’accueillir béatement le nouveau président : manque de bol, il connaît de moins en moins bien son public (après les diatribes anti-chavez et l’affaire Siné), dont une bonne partie ne souhaite pas être dupe. Tout cela rappelle le "Nous sommes tous américains" du Monde, ce même journal qui appellera, par la plume de Bruckstein entre autres, à la guerre en Irak. On a aussi beaucoup entendu critiquer la France, incapable de foutre, elle, un président noir à son pouvoir. Là encore, cela rappelle beaucoup d’éditorialistes qui fustigeaient la France rétrograde, incapable de suivre le modèle américain des retraites en fonds de pension (avec les conséquences que l’on sait à présent). Ou même le concept de "France Rance" par Sollers au moment de la guerre en Irak de 2003, où le plumitif regrettait que son pays ne fasse pas montre, comme les E-U, d’un peu plus de "virilité" : un million de morts, c’est pour Sollers la seule façon qu’a un pays de ne pas passer pour une tapette.
Pour conclure : méfions-nous du produit sexy et soi-disant multiculturaliste qu’on essaye de nous vendre à tout crin : c’est de la camelote."   La démonstration de l’auteur n’était d’ailleurs pas totalement fausse : le peuple américain voulait réellement croire qu’Obama serait le sauveur. Sans se rendre compte qu’il faisait tout autant partie que les autres de l’oligarchie étasunienne. Et qu’après le fiasco Bush (fiasco en apparence car pour les élites, Bush avait parfaitement rempli sa mission), il convenait d’apaiser le peuple avec ce que toutes les apparences donnaient comme un anti-Bush. Le problème c’est qu’il ne s’agissait justement que d’apparences. Dans le fond rien n’avait changé, Obama plaçait d’anciens dirigeants de Goldman Sachs aux plus hauts postes du Trésor (imaginez, c’est comme si en France on avait mis à la tête de notre ministère de la santé une femme qui aurait été douze années au service de l’industrie pharmaceutique...), il poursuivait les guerres néo-cons et même les intensifiait, sa réforme de l’assurance maladie était un fiasco complet (on se demande d’ailleurs s’il n’a pas tout fait pour), les banques de Wall Street mettaient en place une nouvelle bulle financière et explosaient les records de bonus (jusqu’au prochain sauvetage, si c’est encore possible). Bref la première année d’Obama fut un désastre à tous les points de vue (sauf celui des nantis).   Mais Obama peut faire encore mieux que son prédécesseur. Comment en effet ne pas voir que petit à petit se constitue autour du Vénézuela une véritable toile d’araignée, qui n’attend que le moment où le président bolivarien fera l’erreur fatale (ou plutôt le moment où aura été mis en place un prétexte fallacieux pour envahir le pays, avec l’aide de la bonne droite collabo-putschiste du Vénézuela, et l’essentiel de la sphère médiatique internationale) ? On imagine déjà ce que dira Obama pour justifier l’invasion. "Le Venezuela est un pays frère, que nous nous devons d’aider dans cette période difficile. Il est également impossible pour l’économie américaine de supporter que son principal fournisseur en pétrole sombre dans le chaos." Hop ! Pliez la baraque ! Adieu Chavez ! Vive le FMI, les multinationales et les patrons collabos ! Les pauvres peuvent de nouveau crever la gueule ouverte. Fantasme "anti-américaniste primaire"(sic) ? Sept bases militaires étasuniennes viennent d’être installées dans l’état-caniche voisin, la Colombie. Elles s’ajoutent aux deux bases panaméennes Punta Coca et Bahia Piña, aux divers "Postes d’opération avancés" dont deux installés tout près des côtes vénézueliennes, sur les îles néerlandaises d’Aruba et de Curaçao (cf. l’article de Maurice Lemoine, "Basus belli" dans le Monde Diplo de février). La IVe flotte américaine a été réactivée et rode dans les parages. Sans compter les récents renforts installés à Haïti sous couvert d’aide humanitaire (qui franchement peut croire cette baliverne, de la part de l’état le plus dangereux et machiavélique depuis près de soixante ans ?). La seule question n’est donc pas de savoir si cela va avoir lieu (tout est déjà en place) mais quand ? Et la grande inconnue reste le Brésil. Mais d’ici là, peut-être qu’un bon gouvernement de droite comme les aiment Libé ou Le Monde aura remplacé Lula. Alors, plus rien n’arrêtera ce bon Obama dans sa quête pour la liberté et la démocratie au Vénézuela. 
Agoravox
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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 07:30
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L'économiste Samir Amin décrypte le dernier rapport de la CIA sur l'état du monde. Des travaux qui montrent que les experts de l'agence de renseignement ne voient qu'un seul horizon : la domination du modèle américain. Dans cette première partie, Samir Amin évoque l'aveuglément libéral des experts.
Samir Amin - économiste
La lecture du dernier rapport de la CIA sur « le monde en 2025 » ne fournit guère de renseignements qu’un observateur ordinaire de l’économie et de la politique mondiale aurait ignoré. Par contre elle nous permet de mieux connaître le mode de pensée de la classe dirigeante étasunienne et d’en identifier les limites.

Je résumerai mes conclusions de cette lecture dans les points suivants :
  • la capacité de « prévoir » de Washington étonne par sa faiblesse ; on a le sentiment que les rapports successifs de la CIA sont toujours « en retard » sur les évènements, jamais en avance ;
  • cette classe dirigeante ignore le rôle que les « peuples » jouent parfois dans l’histoire ; elle donne le sentiment que les opinions et les choix des classes dirigeantes comptent seuls, et que les peuples « suivent » toujours ces derniers choix pour s’y adapter sans jamais parvenir à les mettre en échec et encore moins à imposer des alternatives différentes ;
  • aucun des « experts » dont l’opinion aurait été retenue n’imagine possible (et encore moins « acceptable ») un mode de gestion de l’économie autre que celui dont l’économie conventionnelle reconnait le caractère prétendu « scientifique » (l’économie capitaliste « libérale » et « mondialisée »), il n’y aurait donc pas d’alternative crédible (et donc éventuellement possible) au « capitalisme libéral » ;
  • l’impression qu’on tire de cette lecture est que, de surcroit, l’establishment étasunien conserve quelques solides préjugés, notamment à l’égard des peuples d’Afrique et d’Amérique latine
La CIA n'a pas vu venir la crise

Le rapport précédent – le monde en 2015 – n’avait pas imaginé que le mode de financiarisation du capitalisme des oligopoles devait nécessairement conduire à un effondrement comme cela s’est produit en 2008 et avait été prévu et décrit des années auparavant par des analystes critiques que les experts de l’establishment étasunien ne lisent jamais (dont François Morin, John Bellamy Foster et moi-même).

De la même manière l’échec militaire en Afghanistan n’avait pas été imaginé et c’est seulement donc dans ce dernier rapport que l’idée d’un abandon partiel de la stratégie de Washington de contrôle militaire de la planète est envisagée – évidemment suite à son échec !
Aujourd’hui encore donc (dans la perspective de 2025) le rapport affirme sans hésitation « qu’un effondrement de la mondialisation » reste impensable. Notre hypothèse est au contraire qu’il y a une forte probabilité de « dé-globalisation » par la constitution de régionalisations robustes et déconnectées (au sens que les rapports que ces régions entretiendraient entre elles seront l’objet de négociations ne remettant pas en cause gravement leur autonomie relative).

D’une manière générale « l’hégémonie » des Etats Unis, dont le déclin est visible depuis plusieurs décennies, affirmée pourtant dans le rapport précédant comme toujours « définitive » est désormais imaginée comme « écornée
», mais néanmoins toujours robuste.
Myopie fatale
Il est coutumier que les classes dirigeantes n’imaginent pas le terme possible du système qui assure la perpétuation de leur domination. Les « révolutions » sont donc toujours, pour elles, non seulement des « catastrophes », mais encore des accidents imprévisibles, inattendus, « irrationnels ».

Cette myopie fatale leur interdit de sortir du cadre d’une prétendue « real-politik » (fort peu réaliste en réalité !) dont le parcours est façonné exclusivement par les effets des calculs, des alliances et des conflits concernant les seules classes dirigeantes.

La géopolitique et la géostratégie sont alors strictement enfermées dans l’horizon des possibilités conformes à ces jeux. Les raisonnements développés par les analystes de la CIA, concernant les différentes options possibles de la classe dominante étasunienne (et de ses alliés subalternes européens et japonais), en réponse à celles de leurs adversaires sérieux (les pays « émergents », Chine en premier lieu) et aux oscillations chaotiques possibles d’autres, sont certainement fondées.

Mais il reste que l’éventail des objectifs et des stratégies mises en œuvre par les Etats, les nations et les peuples des périphéries du système mondial (qu’il s’agisse des pays émergents ou de ceux qui sont marginalisés) est sérieusement rétréci par le préjugé « libéral » fondamental.

La contradiction fondamentale à laquelle les classes dirigeantes des pays concernés sont confrontées est ignorée. Que ces classes soient « pro-capitalistes », au sens large du terme, n’est pas discutable, mais évident. Il reste que leurs projets capitalistes ne peuvent se déployer que dans la mesure où les stratégies mises en œuvre contraignent alors, avec succès, les centres impérialistes à reculer.
La fin de la "belle époque"
Le rapport sous estime largement cette contradiction pour se satisfaire de ce qui paraît encore correct aujourd’hui, à savoir que les pouvoirs en place (en Chine, en Inde, au Brésil, en Russie et ailleurs) ne remettent pas (encore ?) en cause les fondements de l’ordre international. Il en est ainsi parce que dans la phase précédente de déploiement de la mondialisation, celle que j’ai qualifiée de « belle époque » (1980-2008) les pays émergents étaient effectivement parvenus à « tirer profit » de leur insertion dans la mondialisation en opération.
 
Mais cette phase est désormais close et les classes dirigeantes des pays concernés devront le constater et, partant, mettre en œuvre des stratégies de moins en moins « complémentaires » de celles déployées par les oligopoles du centre impérialiste, en fait donc de plus en plus conflictuelles avec celles-ci.

Un facteur décisif – ignoré par les analystes de la CIA – accélèrera probablement cette évolution : la difficulté à concilier une croissance « capitaliste » forte et des réponses acceptables aux problèmes sociaux associés à celle-ci, à laquelle se heurtent les pouvoirs en place dans les périphéries du système.

Les experts de la CIA ne font pas la distinction entre les classes dirigeantes du centre impérialiste et celles des périphéries, puisqu’elles sont toutes « pro-capitalistes ». Pourtant, à mon avis, cette distinction est essentielle. Les classes dirigeantes de la triade impérialiste – les serviteurs fidèles des oligopoles – ne sont effectivement pas « menacées », du moins dans l’avenir visible. Elles garderont donc probablement l’initiative dans la gestion de la crise, en faisant marginalement si nécessaire quelques concessions aux revendications sociales.

Par contre les classes dirigeantes des périphéries sont dans des positions beaucoup moins confortables. Les limites de ce que peut produire la voie capitaliste sont ici telles que leur relation aux classes populaires demeure ambiguës.

Des évolutions dans les rapports sociaux de force, favorables à des degrés divers aux classes populaires sont ici possibles, et même probables. La convergence entre le conflit qui oppose l’impérialisme aux peuples et nations des périphéries d’une part et celui qui oppose le capitalisme à la perspective socialiste d’autre part est à l’origine de la position inconfortable des classes dirigeantes pro-capitalistes au pouvoir dans le Sud.
Le libéralisme rend aveugle
Faute de saisir la nature de cette contradiction majeure, les experts de l’establishment étasunien considèrent que l’option du « capitalisme d’Etat » (de la Chine et de la Russie) n’est pas viable et doit conduire un jour ou l’autre à une restauration du capitalisme libéral. L’autre possibilité, qui leur échappe, est que ce capitalisme d’Etat évolue « à gauche », sous la pression victorieuse des classes populaires.

Les scénarios envisagés dans le rapport sont de ce fait fort peu réalistes. L’imaginaire de Washington ne va pas au-delà du préjugé selon lequel le succès même de la croissance forte des pays émergents renforcera les classes moyennes qui aspireront à la fois au capitalisme libéral et à la « démocratie », définie bien entendu selon la formule en cours en Occident (pluripartisme et système électoral de la démocratie représentative), la seule formule de démocratie reconnue par l’establishment occidental.
 
Que les classes moyennes en question n’aspirent pas à la démocratie parce qu’elles savent que le maintien de leurs privilèges exige la répression des revendications populaires ne vient pas à l’esprit de nos « experts ». Qu’en conséquence la démocratisation, associée au progrès social et non dissociée de celui-ci comme c’est le cas dans le modèle de la « démocratie » représentative » préconisée, doive emprunter d’autres voies, est tout également étranger à leur mode de pensée.

D’une manière générale, les « experts » du libéralisme ignorent la possibilité d’une intervention des peuples dans l’histoire. En lieu et place ils survalorisent le rôle des « individus exceptionnels » (comme Lénine et Mao, à l’intervention desquels les révolutions russe et chinoise est attribuée, comme s’il n’y avait eu aucune situation objective qui rendait prévisible ces révolutions, quelqu’ait été le rôle de ses dirigeants !).

Ce qu’on peut tirer du jeu des « scénarios », imaginés dans le cadre du mode de pensée limité des experts libéraux est finalement maigre. Beaucoup de détails intéressants (et sans doute correctement saisis), aucune vue d’ensemble qui entraîne la conviction, puisque les contradictions majeures qui donnent sens et portée aux luttes et aux conflits sont ignorées.

Par exemple la longue liste des innovations technologiques susceptibles de s’imposer n’apprend pas grand chose. Sauf que – mais nous le savons déjà -  les pays émergents (la Chine et l’Inde en particulier) sont capables d’en maîtriser le contrôle.

La question véritable qui se pose ici, pour ces pays comme pour les pays « nantis » de la triade, concerne l’usage de ces technologies, les intérêts sociaux au service desquels elles seront mises en œuvre, les « problèmes » à la solution desquels elles peuvent contribuer et en contrepoint, les « problèmes » sociaux supplémentaires que ces usages génèrent. Aucune de ces questions majeures n’est étudiée dans le rapport.

http://www.marianne2.fr/Le-declin-de-l-empire-americain,-pour-la-CIA-ca-reste-un-film-1-2_a185148.html
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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 07:25
Samir Amin
Les experts de l’establishment étasunien ne s’intéressent qu’aux choix « possibles » des classes dirigeantes des « pays qui comptent » (la Chine en premier lieu, ensuite la Russie et l’Inde, puis l’Iran et les pays du Golfe, enfin le Brésil).

L’Europe, à leur avis, n’existe pas (et sur ce point ils ont certainement raison) et de ce fait restera forcément alignée sur les choix de Washington. L’illusion qu’ils peuvent se faire sur les pays du Golfe est instructive : « riches » ces pays doivent « compter », le fait qu’on puisse être riche et insignifiant (ce que je crois être le fait pour ces classes dirigeantes) ne leur paraît pas « imaginable ».

J’avais pourtant écrit une critique amusante du projet de Dubaï, avant son effondrement prévisible. Leur crainte concernant l’Iran, non pas pour son « régime islamique » mais parce que cette grande nation n’accepte pas la résignation, est par contre fondée.
L'Europe et l'Afrique oubliées

Il reste certainement un zeste de racisme dans le jugement porté par ces experts sur l’avenir de l’Afrique et de l’Amérique latine.

L’Afrique ne comptera toujours pas, et restera ouverte au pillage de ses ressources. Le seul problème pour eux est qu’ici les Etats Unis (et leurs alliés subalternes européens) se trouveront désormais en concurrence difficile avec les appétits de la Chine, de l’Inde et du Brésil. La crainte n’est pas sans fondement.
Mais la possibilité d’un rapport Sud/Sud associant les « pays émergents » (Chine, Inde et Brésil) et l’Afrique d’une nature quelque peu différente au rapport impérialiste de pillage classique, et que ce rapport puisse contribuer à sortir l’Afrique de sa situation de région « marginalisée » (« exclusion programmée ») pour entrer enfin dans l’ère de l’industrialisation, ne leur paraît pas être digne de réflexion.

L’Amérique latine de son côté n’inquiète toujours pas Washington. Le seul pays « émergent »  –  le Brésil – restera « sage ». Le modèle de l’intégration irréversible dans l’espace dominé par les Etats Unis que le Mexique illustre, leur paraît être à la longue la destinée inévitable du continent.

Les « avancées » révolutionnaires (Cuba, le Venezuela, la Bolivie) sont considérées comme destinées à faire faillite. Les « scénarios » dessinés dans le rapport, dans ces conditions, renseignent plus sur les limites de la pensée dominante aux Etats Unis que sur les probabilités de leur réalisation.
Le spectre du "péril jaune"
Le premier de ces scénarios consacre une victoire éclatante de la Chine s’imposant comme nouvelle « puissance hégémonique », entrainant dans son sillage une Russie rénovée (c'est-à-dire ayant réussi à diversifier et moderniser son industrie et en particulier ses industries de pointe fondées sur un système d’éducation performant ; sortie donc de la situation réduite à celle d’un exportateur de pétrole et de gaz), une Inde autonome mais résignée, un Iran (« islamiste » ou pas) devenu acteur dominant au Moyen Orient.

La « Conférence de Shanghai » victorieuse, réduit l’OTAN au statut d’une alliance impuissante – voire ridicule – contrainte de renoncer définitivement à son projet de « contrôle militaire de la Planète » et à ses interventions sous le prétexte de « guerre au terrorisme ». L’alliance de Shanghai garantit l’accès de la Chine et de l’Inde à 70% des productions de pétrole et de gaz du Moyen Orient.

Cette image – outrageusement forcée – remplit une fonction idéologique évidente. Il s’agit d’agiter le spectre du « péril jaune » et de mobiliser les Européens, voire les Arabes (du Golfe en particulier) derrière le plan de « résistance » de Washington. L’image est forcée parce que la Chine (ses classes dirigeantes – fussent-elles « pro-capitalistes ») n’a pas l’objectif de s’imposer comme puissance « hégémonique » planétaire. Beijing est suffisamment réaliste pour savoir que cela serait un objectif démentiel par son irréalisme.

Par contre et précisément parce que la Chine sait que les moyens qu’elle peut déployer pour imposer aux Etats Unis, à l’Europe et au Japon le respect de ses droits (en autre d’accès au pétrole) sont limités, Beijing pourrait concevoir que leur puissance serait renforcée si la Chine parvenait à entraîner, avec elle (et non « derrière » elle) l’ensemble du Sud.

Le second « scénario » consacre, à l’opposé, l’échec retentissant du « Plan de Shanghai », l’éclatement du groupe éphémère que représente le BRIC, la montée en ligne du conflit Chine/Inde, la stagnation de la Russie et l’avortement du projet nationaliste de l’Iran. Rien de cela n’est rigoureusement impossible. Il reste que ce succès « total » des Etats Unis ressemble trop à ce que Washington souhaiterait pour être crédible.

Un autre point de vue social
L’analyse que je propose – en contre point des élucubrations de Washington (et de bien d’autres inspirés par la même méthode de pensée) – est fondée sur d’autres principes de réflexion, associant ouvertement celle-ci aux objectifs de « transformation » du monde (c'est-à-dire à la fois de l’ordre social dans les pays concernés et des équilibres internationaux) qu’on souhaite promouvoir. La méthode exige qu’on donne sa place à un « autre point de vue social », celui qui répond aux intérêts des classes populaires et des nations.
 
Un « monde meilleur » implique à la fois des équilibres sociaux à l’intérieur de chacune de composantes des composantes nationales du système plus favorables aux classes populaires et simultanément un ordre international négocié plus favorable aux pays du Sud, « émergents » ou « marginalisés ». La seule question qui se pose est donc : quels sont les agents possibles qui peuvent agir dans ce sens et quelles stratégies sont-ils en mesure de déployer à cet effet ?

Dans cet esprit le « conflit Nord/Sud » et la lutte pour le dépassement socialiste du capitalisme sont indissociables du point de vue des peuples, même s’ils sont « dissociés » en fait dans les stratégies déployées par les classes dirigeantes du Sud aux postes de commande.

Toutes les « avancées », même modestes, encore fragmentées et partielles, qui vont dans le sens de nos espoirs et souhaits doivent être soutenues. Par exemple une réorientation du développement donnant plus de place au marché interne, et moins d’importance décisive aux exportations. Par exemple un renforcement des relations de coopération Sud/Sud.

Mais il reste nécessaire d’aller bien au-delà de ce qu’on voit déjà amorcé ici et là, en réponse à la crise, en particulier en ce qui concerne la nouvelle coopération Sud/Sud. Celle-ci n’aura de sens que si elle permet aux pays encore « exclus » (l’Afrique en particulier) d’entrer dans l’ère de l’incontournable industrialisation.

Associer le renforcement du progrès social à l’intérieur des nations et celui de l’autonomie dans les rapports internationaux implique nécessairement des avancées démocratiques.

Mais la démocratisation passe ici par la lutte des classes, qui est le seul moyen par lequel les classes populaires peuvent imposer leur plus grande participation aux pouvoirs réels de décision et non par le renforcement des pouvoirs de la « classe moyenne », obtenu par une démocratie représentative « à l’occidentale », la seule évidemment que connaissent les experts de l’establishment étasunien.


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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 07:51

chavez-obama.jpg

Affecté par la crise économique mondiale et la baisse du prix du pétrole, éprouvé par une sécheresse qui menace l’approvisionnement électrique du pays, le Venezuela traverse une période difficile comme cela arrive dans de nombreux pays du monde.

Mais le pays est entouré de bases militaires et d’espions de la CIA, scruté à la loupe par les grands médias locaux et internationaux de même que par les gouvernements occidentaux, tous attendent un faux pas de sa part.

Ce faux pas, l’opposition interne, très minoritaire mais très appréciée à l’extérieur des frontières vénézuéliennes, est prêt à tout pour le provoquer de sorte que la moindre mesure prise par l’administration Chavez prend des proportions démesurées.

Par exemple, une dévaluation partielle de la monnaie, annoncée le 8 janvier, suivie par l’expropriation de la chaîne de supermarchés Exito qui en avait profité pour spéculer sur les prix des aliments et accaparer des stocks, a déclenché un tollé médiatique accusant le président Chavez de fermer « par centaines des commerces constamment menacés d’expropriation ».

La dévaluation vise, sagement et en toute souveraineté, à réduire les importations pour relancer la production nationale et diversifier les exportations puisque celles reliées au pétrole représentent 90% des revenus en devises du Venezuela.

Une autre mesure, décriée partout comme une preuve d’inefficacité de la révolution bolivarienne, est la baisse drastique de 20% de la consommation d’énergie qui, depuis le début de cette année, affecte les secteurs public et privé.

La mesure est causée par une longue période de sécheresse qui fait dramatiquement baisser le niveau d’eau des barrages hydro-électriques, principalement celui de la centrale El Guri qui, à elle seule, alimente en électricité 73% du pays.

L’état « d’urgence électrique », décrété officiellement le 8 février dernier, provient aussi de l’arrêt « temporaire » de vente d’électricité au Venezuela par la Colombie voisine, également très touchée par la sécheresse.

Une troisième mesure, qui ailleurs serait passée inaperçue, a relancé l’agression médiatique permanente envers le gouvernement vénézuélien, cette fois sous la forme d’accusations de « faire taire les médias d’information critiques » et de « s’attaquer à la liberté d’expression ».

Il s’agit de la suspension temporaire par la Commission nationale des télécommunications (CONATEL) des activités d’une demi-douzaine de chaînes télévisées qui ne se conformaient pas aux exigences de la Loi de responsabilité sociale en matière de radio et télévision (RESORTE).

La chaîne RCTV, qui a participé activement au coup d’état raté de 2002 contre Hugo Chavez et se retrouve aujourd’hui parmi les fautives, ignore volontairement cette loi.

Alors que toutes les autres chaînes suspendues s’y sont rapidement conformées et ont repris leur programmation, RCTV a un tout autre agenda : agiter les rues et espérer qu’un gouvernement sous haute surveillance commette les erreurs qui précipiteront sa chute.

Contre les mesures mentionnées, les médias vénézuéliens et les recteurs de certaines universités ont mobilisé un mouvement étudiant issu des classes riches. Des affrontements qui ont duré toute la dernière semaine de janvier ont fait deux morts et 16 blessés.

À leur tour, ces violences ont alimenté une nouvelle campagne médiatique annonçant « la fin imminente du cycle Chavez ». Le 25 janvier, le Washington Post publie un éditorial affirmant que « Hugo Chavez et le socialisme du 21e siècle ont été défaits et sont en train de s’écrouler ».

« Le pays, poursuit l’éditorialiste, s’enfonce dans la récession, l’inflation à deux chiffres et le possible effondrement du réseau électrique national. »

Quatre jours plus tôt, en pleine entrevue télévisée, le président de la Fédération des chambres de commerce et de production du Venezuela (FEDECAMARAS), Noel Alvarez, lance à un animateur hilare que « la solution pour sortir du régime Chavez est la solution militaire. »

Le plus terrible est que cette dernière est réellement là.

Les États-Unis, rappelle Ignacio Ramonet, sur le portail internet Mémoire des luttes, ont immédiatement réagi à l’entrée en fonction du président Chavez, le 2 février 1999.

Obligés par le traité Torrijos-Carter de 1977 d’évacuer l’importante base militaire de Howard, au Panama, le Pentagone choisit alors de disperser ses installations à Manta (Équateur), Comalapa (Salvador) et dans les îles d’Aruba et Curaçao, situées à quelques kilomètres de la côte vénézuélienne.

Dès le début, l’un des objectifs est de surveiller le Venezuela et aider à déstabiliser la révolution bolivarienne.

En même temps, après les événements du 11 septembre 2001, Washington abandonne définitivement les grandes bases militaires avec un personnel nombreux et des équipements lourds pour les remplacer par des installations dotées de très peu d’effectifs mais d’une technologie avancée en matière de détection.

La base de Manta a participé au coup d’état manqué contre Hugo Chavez, en avril 2002, et, en 2005, les États-Unis renouvellent l’accord avec les Pays-Bas pour Aruba et Curaçao où s’intensifie rapidement l’activité militaire.

C’est au cours de cette même année qu’est créée l’ALBA et que, facilement réélu, le président Chavez commence à évoquer le « socialisme du 21e siècle ».

Les États-Unis réagissent encore en imposant un embargo sur la vente d’armes et de matériel militaire au Venezuela sous le faux prétexte que le pays ne collabore pas suffisamment à la lutte contre le terrorisme.

L’embargo force le gouvernement Chavez à se tourner vers la Russie pour équiper l’armée bolivarienne dont les avions F-16 de fabrication états-unienne se retrouvent sans pièces de rechange.

Les États-Unis ont alors beau jeu de dénoncer un « réarmement massif » du Venezuela omettant de mentionner la colossale aide militaire qu’ils fournissent eux-mêmes à la Colombie et les budgets d’armement brésilien et chilien, infiniment plus élevés que celui du Venezuela.

En 2008, Washington réactive la quatrième flotte, abolie depuis 1948, dont la mission est de surveiller et contrôler la côte Atlantique de l’Amérique du Sud.

L’encerclement du Venezuela s’accélère ensuite. La base de Manta, évacuée en 2009, est remplacée par l’utilisation de plusieurs bases militaires colombiennes dont certaines proches de la frontière sud-ouest du Venezuela. Puis, en octobre dernier, le président conservateur du Panama, Ricardo Martinelli, cède l’usage de quatre autres bases de son pays aux États-Unis.

À cela, l’expert en géopolitique, Michel Chossudovsky, ajoute l’invasion d’Haïti déguisée en aide humanitaire, qui, depuis le tremblement de terre du 12 janvier dernier, permet à Washington de disposer d’une véritable armada à la fois proche de Cuba et de Venezuela.

Sans oublier le coup d’état du 28 juin dernier, au Honduras, que l’administration Obama a largement aidé à réussir, encourageant clairement les aspirants putschistes de la droite vénézuélienne.

« Le Venezuela et la révolution bolivarienne, conclut Ignacio Ramonet, se retrouvent donc encerclées par pas moins de 13 bases états-uniennes (…) ainsi que par les porte-avions et les vaisseaux de la quatrième flotte. »

« Le président Barack Obama semble avoir donné carte blanche au Pentagone. Tout paraît annoncer une agression militaire. Les peuples du monde accepteront-ils que soit commis un nouveau crime contre la démocratie en Amérique latine? »


André Maltais est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.  Articles de André Maltais publiés par Mondialisation.ca

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