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4 septembre 2010 6 04 /09 /septembre /2010 23:26

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Fidel en la Universidad de La Habana. Foto: Alex Castro

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Fidel en la Universidad de La Habana. Foto: Ismael Francisco

Chers compañeros

Je vous ai demandé de nous réunir tôt avant que notre soleil ne chauffe trop.

Ce grand escalier d’honneur où je pensais ne jamais revenir fait remonter en moi des souvenirs indélébiles des années où j’ai commencé à prendre conscience de mon époque et de mon devoir. Vous pouvez, certes, acquérir des connaissances et vous conscientiser  tout au long de votre existence, mais vous ne ferez jamais plus face à la vie avec la même pureté et le même désintéressement de votre jeunesse. C’est à cet âge-là que j’ai découvert mon vrai destin.

Je suis entré à cette Université, alors la seule du pays, une première semaine de septembre. Il est donc inévitable que j’évoque le souvenir de tant de compañeros que j’ai connus voilà exactement soixante-cinq ans, sans toutefois risquer à me demander ce que chacun est devenu : je préfère conserver le souvenir de l’époque où ils étaient tous jeunes et enthousiastes, et, en règle général, désintéressés et purs.

Je me réjouis plus que tout d’avoir devant moi ceux qui sont aujourd’hui à l’image de ce que nous étions hier,  quoique incomparablement plus cultivés, plus libres et plus conscients.

 À mon époque, le pouvoir de la force brutale et la brutalité de la force, de l’inconscience et de la corruption, qui était alors le lot de notre peuple, s’abattaient sur cette Université.

L’exemple de ceux qui nous avaient précédés, des étudiants fusillés sur exigence des hordes de ceux qui se faisaient appeler les « volontaires espagnols », dont beaucoup étaient nés sur cette terre-ci et se mettaient au service de la tyrannie espagnole, l’exemple de l’Apôtre de notre indépendance et le sang versé par des dizaines de milliers de patriotes durant trois guerres d’Indépendance, nous offraient une histoire capable d’inspirer nos luttes. Nous ne méritions vraiment pas d’être la colonie d’un Empire bien plus puissant qui s’empara de notre patrie et d’une bonne part de la conscience nationale, semant l’idée fataliste qu’il était impossible de briser un si joug si dur.

Pis encore, une puissante couche d’exploiteurs avait vu le jour qui, au service des intérêts de l’Empire, pillait notre peuple en en ponctionnant les richesses, en le maintenant de force ligoté et ignorant et en utilisant bien souvent des gens nés dans ce pays pour en faire des tortionnaires et des assassins de leurs frères.

La Révolution mit fin à ces horreurs. Voilà pourquoi nous pouvons nous réunir ici en cette matinée de septembre.

Mais que j’étais loin de penser qu’à une occasion pareille, nous devrions consentir des efforts encore plus grands et viser des objectifs supérieurs à ceux qui nous étaient apparus à un moment donné comme les buts les plus élevés des peuples, en quête de la justice et du bonheur des êtres humains.

Il semblait impossible qu’un pays aussi petit que Cuba soit obligé de prendre sur ses épaules le fardeau de la lutte contre ceux qui ont globalisé notre planète et l’ont soumise à un pillage inconcevable, et lui ont imposé un système qui menace aujourd’hui la survie même de l’humanité.

Je ne parle pas seulement des intérêts de notre nation. Disons que ces objectifs d’existence et de bien-être des peuples sont périmés face à des objectifs relevant d’intérêts mondiaux sans lesquels la vie des nations est impossible. Il est vrai aussi que, dans nos luttes pour la libération nationale et sociale, notre pays, bastion du colonialisme espagnol sur ce continent, fut le premier à avoir été occupé et le dernier à avoir secoué le joug après plus de quatre cents ans de domination.

Notre lutte de libération nationale fusionna avec les tenaces efforts de libération sociale de nos travailleurs. Ce ne fut pas l’œuvre de la volonté ; ce le fut du hasard. Le mérite du peuple cubain est d’avoir su comprendre et fortifier les liens indissolubles existant entre les deux (Applaudissements et vivats à Fidel).

Le temps dont dispose l’humanité pour livrer cette bataille est incroyablement limité. Voilà maintenant plus de trois mois que je ne cesse de me battre modestement pour faire connaître à un monde insouciant les terribles dangers qui menacent la vie humaine sur notre planète. On sait – et je suis bien forcé de le rappeler – que nous ne vivons plus à l’époque de la cavalerie et des épées d’acier sur fond d’arquebuses d’un seul tir, lesquels avaient été précédées des siècles durant par des machines qui démolissaient les murailles ou tentaient du moins de le faire, ou par des chars de combat tirés par des chevaux et aux roues cernées de couteaux, toutes armes cruelles, certes, mais au pouvoir destructeur limité, que les humains usèrent pour se faire la guerre entre eux du jour où ils inventèrent la massue. Mais depuis les deux Guerres mondiales, ils ont mis au point des armes automatiques, des chars blindés, des avions de combat et des forteresses volantes, des sous-marins, des torpilles, des cuirassés et des porte-avions, qui furent capables d’élever les pertes humaines à des dizaines de millions de victimes, sans parler des centaines de millions de personnes qui en meurent ensuite de la destruction, des blessures, des maladies et des famines qui sont les séquelles inévitables des guerres.

Mais il fallut attendre la fin de la dernière guerre mondiale pour voir apparaître une arme sans parallèle par ses capacités de destruction et d’extermination : la bombe atomique. Voilà plus de soixante ans que l’on parle du bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki. Et j’ai tenu à signaler que le pouvoir destructeur des armes de ce genre stockées dans le monde est plus de 440 000 fois supérieur à celui de ces bombes. Un simple calcul mathématique l’indique. Je n’en dis pas plus pour ne pas avoir à employer des mots très durs contre les responsables de cette réalité  infiniment triste dont nul n’ignore les causes.

Mais cela n’a pas suffi. Les visées de domination économique et militaire des premiers à avoir lancé ces terrifiants instruments de destruction et de mort ont conduit l’humanité à un risque réel : disparaître. Je n’ai pas besoin d’argumenter au sujet de quelque chose que vous ne connaissez que trop. La tâche des peuples, autrement dit de plus de sept milliards d’êtres humains, est d’empêcher ce risque tragique de se concrétiser.

Je n’éprouve aucun plaisir à dire la douloureuse vérité qui constitue une honte pour quiconque a à voir avec la politique et le gouvernement : on a occulté délibérément cette réalité au monde, et il échoit à Cuba la tâche difficile de mettre en garde l’humanité contre le danger réel qui la menace. Sur ce point, nous ne pouvons pas renoncer.  J’ai utilisé des arguments que je ne souhaite pas répéter à présent. Face aux sceptiques, notre devoir incontournable est de continuer de nous battre. Toujours plus de gens dans le monde, que je sache, prennent conscience de cette réalité.

Commentant la première partie de l’interview que j’ai donnée le lundi 30 août à la directrice de La Jornada, ce prestigieux journal mexicain, un citoyen de Notre Amérique qui l’a lue sur le site web CubaDebate a eu des mots si profonds que j’ai décidé d’inclure l’essentiel de ses idées dans ce Message aux étudiants cubains :

Je lance un appel à tous les pays engagés dans des conflits militaires. De grâce, pensez toujours à obtenir une paix véritable, ce qui nous convient à tous. Nos enfants, nos petits-enfants, les êtres humains du monde, nous vous en saurons tous gré. Nous avons besoin de vivre en paix et en sécurité sur une planète de moins en moins habitable. C’est très facile à comprendre. L’armement nucléaire doit disparaître, aucun pays ne doit en posséder, l’énergie atomique doit être utilisée uniquement pour le bien. LA SEULE VRAIE VICTOIRE EST DE REMPORTER LA PAIX !

Nous devons relever aujourd’hui deux grands défis : consolider la paix mondiale et sauver la planète des changements climatiques. Dans le premier cas, il faut faire reposer une paix durable sur des bases solides ; dans le second, il faut freiner les changements climatiques. Il faut prendre conscience de ces problèmes que nous avons provoqués nous-mêmes et du fait que nous sommes les protagonistes des changements à opérer. Le panorama du siècle dernier n’était pas semblable à celui-ci. Les armes actuelles sont plus perfectionnées et plus meurtrières, et la planète est plus débile et plus polluée.

Conférence mondiale de Cancún sur les changements climatiques. […] La seule chance qu’il nous reste. […] Nous sommes parvenus à un point critique de non-retour. Nous voudrions faire maintenant, parce que nous avons peur, n’importe quoi pour sauver nos vies, mais tout serait en vain et trop tardif. Les occasions nous passent devant une seule fois, et il faut les saisir. Notre mère la Nature est comme un fumeur passif : même sans le vice, nous la rendons malade.

Nul n’a le droit de recourir à la violence contre aucun être humain, aucun pays, aucune nation. Nul ne peut couper un arbre s’il n’en pas planté trois auparavant. […] Nous ne pouvons tourner le dos à la Nature. Au contraire, nous devons l’enlacer toujours. Parce que nous sommes nous-mêmes Nature, parce que nous faisons partie de cet éventail de couleurs, de son, d’équilibre et d’harmonie. La Nature est parfaite.

Kyoto a représenté un espoir pour tous les êtres humains…

Si nous ne faisons rien, nul ne se sauvera, il n’existera pas d’endroit sûr sur la Terre, dans l’air, dans le cosmos. La grande énergie qui s’accumule jour à jour à cause de l’effet de serre, puisque les rayonnements solaires restent attrapés et déchargent toujours plus d’énergie sur la surface terrestre, finira par provoquer des catastrophes naturelles aux conséquences imprévisibles. Qui a sur la Terre un bouton capable de stopper un tel désastre ?

…nous ne pouvons pas perdre notre temps en guerres anachroniques qui nous affaiblissent et épuisent nos énergies. Les ennemis font la guerre. Éliminons toutes les causes qui font de l’homme un ennemi de l’homme. Ceux qui se  font la guerre ne sont même pas sûrs que ce soit la solution à leurs problèmes, ils réagissent d’une manière émotionnelle et ne font aucun cas de leur conscience, car ils pensent en se trompant que la voie de la paix, c’est la guerre. Je dis, sans crainte de me tromper, que la paix s’obtient par la paix. SI TU VEUX LA PAIX, PRÉPARE-TOI À CHANGER TA CONSCIENCE. (Applaudissements.)

Jusqu’ici, l’essentiel de ce commentaire, en des mots très simples et compréhensibles par n’importe quel citoyen du monde.

Mercredi dernier, 1er septembre, tandis que je préparais ce message, le site CubaDebate a donné l’information suivante, qui émane de quelqu’un d’une formation solide et d’un grand prestige :

Une nouvelle vague de fuites au sujet d’une attaque contre les cibles nucléaires iraniennes qu’Israël prépare de concert avec les États-Unis peut avoir cette fois-ci des fondements réels, estime George Friedman, directeur exécutif d’un centre prestigieux, Stratfor, qui compte parmi ses collaborateurs d’anciens analystes de la CIA, dans un article publié mardi.

On a diffusé à de nombreuses reprises différentes versions d’une attaque éventuelle contre la République islamique, prétendument filtrées par des services secrets et visant, selon des experts, à exercer des pressions psychologiques sur Téhéran pour le contraindre à chercher à s’entendre avec l’Occident.

…cette tactique a échoué, et il est très peu probable qu’on la réutilise dans ce même but, signale Friedman…

« Paradoxalement, ce nouveau cycle de rumeurs sur la guerre peut viser cette fois-ci à convaincre justement l’Iran qu’il n’y aura pas de guerre, alors qu’elle se prépare déjà en fait… »

Friedman écarte absolument l’hypothèse que Tel-Aviv ose lancer une telle opération militaire sans le concours du Pentagone.

Friedman signale en même temps que la conséquence la plus grave d’une attaque éventuelle contre l’Iran serait que celui-ci bloque le détroit d’Ormuz, entre le golfe d’Oman et le Golfe persique, ce qui interromprait 45 p. 100 des livraisons mondiales de pétrole dont le cours monterait en flèche, entravant la relance de l’économie mondiale après la récession.

Il est incroyable que la crainte d’une attaque se doive aux conséquences qu’elles pourraient avoir sur les cours du pétrole et sur la lutte contre la récession ! Je n’ai pas le moindre doute, pour ma part, que les capacités de riposte classique de l’Iran déclencheraient une guerre féroce qui échapperait au contrôle des belligérants et qui se convertirait irrémédiablement en un conflit nucléaire mondial. C’est ce que je soutiens.

Une dépêche significative de l’AFP affirme:

Offrant une interview à la BBC à l’occasion de la présentation de ses Mémoires, l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair a averti ce mercredi que la communauté internationale pourrait bien ne pas avoir d’autre choix que la guerre si l’Iran met au point des armes nucléaires.

« Je pense qu’il n’y aura pas d’autre choix si l’Iran continue de mettre au point des armes nucléaires. Ce pays doit recevoir ce message haut et clair », a conclu Blair, reprenant à son compte une menace que les États-Unis et Israël ont déjà brandie plusieurs fois.

            Si l’Iran fabrique des armes nucléaires, les autres n’en ont pas la moindre preuve et ne peuvent pas en avoir, parce que l’Iran dans ce sens utilise des centres de recherche, fait des recherches. L’Iran ne disposera pas avant un ou deux ans, comme eux-mêmes l’ont reconnu, du matériau utile à la fabrication d’une bombe. Rappelons, soit dit en passant, que les vrais fabricants d’armes atomiques en possèdent 25 000, sans parler d’une quantité inimaginable d’armes classiques. Ils  n’ont pas de preuve, car il s’agit d’un centre de recherche. Est-ce là une raison pour attaquer l’Iran ? Posséder une usine qui produit de l’énergie électrique à partir de l’uranium n’est pas un délit, mais pour l’Occident, c’est une preuve que l’Iran fabrique des armes ! On a déjà fait ce coup-là en 1981, contre un centre de recherche iraquien, et de nouveau en 2007 contre un centre de recherche syrien. Mais on n’en a pas parlé. Pourquoi n’en a-t-on pas parlé ? Mystère. Il y a des choses terribles dont personne ne parle et sur lesquelles on ne publie rien.

            Voilà donc les fameuses preuves, en vertu desquelles on parle d’attaquer les réacteurs et les centres de recherche iraniens. Il ne faut donc pas se laisser berner par la petite formule : « s’ils tentent de fabriquer des armes nucléaires ».

            Une dépêche de l’agence ITAR-TASS informe :

            Les sanctions contre l’Iran ne donneront pas le résultat escompté. Le problème iranien ne doit pas être réglé par aucune méthode de force, a affirmé aujourd’hui le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, devant des étudiants [quelle coïncidence !] de l’Institut des relations internationales (MGIMO).

            Aucun problème mondial ne doit être réglé par des méthodes de force, a souligné Lavrov, qui a attiré l’attention sur l’attitude du président Barack Obama vis-à-vis de l’Iran, en particulier l’appel à des négociations. Nous nous félicitons d’une normalisation éventuelle des relations entre l’Iran et les USA, a-t-il noté.

La Russie n’est pas seulement un membre du Conseil de sécurité ayant le droit de veto ; elle est aussi un puissant pays dont on ne peut ignorer les avis. Indépendamment du fait que, le 9 juin, tous les pays ayant le droit de veto ont voté la résolution. La Turquie et le Brésil ont voté contre, et le Liban s’est abstenu. C’était là un moment très important, parce que la Résolution votée autorise l’inspection des cargos iraniens à compter de quatre-vingt-dix jours, soit, selon certains, le 9 septembre, soit, selon d’autres, le 7. De plus, ce jour-là le Conseil de sécurité doit faire savoir si l’Iran a respecté la résolution ou non.

Reste à savoir maintenant ce qu’ils vont faire devant cette situation, comment ils évaluent l’opinion mondiale, quel effet cela aura, s’ils inventent un nouveau délai, s’ils disent qu’ils ne feront rien ou s’ils ratifient qu’ils vont le faire. Ça prendra plus ou moins de temps, mais pas tant que ça.

Je vous recommande d’être attentifs. Nous devons demander à nos médias de nous informer pour pouvoir suivre la situation de près.

Grâce aux moyens électroniques, toujours plus de personnes dans le monde s’informent et nul ne peut l’empêcher, même si les agences de presse et les grands médias aux mains de puissantes entreprises capitalistes font silence. Le monde l’apprend. Je vous le dis à partir de la quantité de messages qui arrivent. Je vous ai lu un commentaire de mon choix, mais ils se suivent : 4h52, 4h54, 4h55… Les compagnons qui les collectent expliquent qu’ils arrivent de partout dans le monde, pas seulement d’Amérique latine. Il est impossible de les collecter et de les commenter tous, mais nous avons une idée de l’état d’opinion, de la crédibilité  de ce que nous disons, et je peux vous assurer que la crédibilité est grande. C’est clair, et c’est décisif. C’est une étape nouvelle ; on n’avait jamais connu une situation pareille.

Je vous suggère donc, à vous et à tous nos compatriotes, d’être attentifs, et à nos médias d’informer, parce que la presse internationale garde parfois un silence étrange et publie tout d’un coup toute une série de nouvelles. Celles qui vont tomber seront de plus en plus intéressantes.

Nul ne peut dire ce qu’il va se passer exactement, parce que les événements sont en pleine évolution

Que se passera-t-il le 7, le 9, le 15, le 20 ? Nous devons tracer nos plans de travail, chacun le sien. Pour ma part, je me concentre là-dessus depuis un certain temps, collectant autant d’informations que possible.

Nous avons tous une part de travail, une part de responsabilité, sans pour autant stopper ce que nous sommes en train de faire.

Mais il y a un autre pays très important, dont parle la dernière dépêche reçue hier après-midi, de Reuters : « L’Union européenne exerce des pressions sur la Chine pour qu’elle applique les sanctions contre l’Iran. »

Car, en plus de la fameuse Résolution 1929, du 9 juin, qui fixe les sanctions dont j’ai parlé, les satellites européens et d’ailleurs ont imposé des sanctions additionnelles pour étrangler l’Iran, et ils se plaignent pour l’attitude de la Chine, et aussi de la Russie :

La responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Catherine Ashton, a affirmé jeudi avoir exercé des pressions sur la Chine pour que ses entreprises ne prennent pas la place laissée par les autres sociétés qui ont abandonné l’Iran en vertu des sanctions.

            Elle ne précise pas de quelles sanctions il s’agit, celles du Conseil ou celles de l’UE. Les deux, j’en suis convaincu.

Toute personne honnête peut comprendre la complexité, la gravité du problème qui menace le monde.

Compañeros étudiants, comme à une autre époque, apparemment lointaine mais qui me semble remonter à hier, je vous remercie d’être venus soutenir moralement cette lutte pour la paix (applaudissements). Je vous invite à ne pas cesser de batailler. Dans cette lutte-ci, comme tant d’autres du passé, on peut vaincre (applaudissements).

Préservons la vie humaine ! Que les enfants et les jeunes en jouissent dans un monde de justice ! Que les parents et les grands-parents partagent avec eux le privilège de la vie !

La distribution juste des richesses matérielles et spirituelles que l’homme est capable de créer grâce au développement fabuleux des forces productives, telle est la seule solution possible.

 

Je vous remercie.

Le 3 septembre 2010

(Ovation.)

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27 août 2010 5 27 /08 /août /2010 08:10

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Si l’on me demandait qui est le meilleur connaisseur de la pensée israélien, je répondrais sans hésitation que c’est Jeffrey Goldberg. Journaliste inlassable, il est capable de rencontrer des dizaines de fois un leader ou un intellectuel israélien pour enquêter sur sa pensée.

Il n’est pas neutre, bien entendu : il est à fond partisan d’Israël. Quand l’un d’eux n’est pas d’accord avec la politique de ce pays, il ne l’est pas non plus à moitié.

Mais mon objectif est de faire connaître la pensée qui inspire les principaux leaders politiques et militaires de cet Etat.

Je me sens en droit de donner mon avis, parce que je n’ai jamais été antijuif et que je partage avec ce peuple une haine profonde du nazi-fascisme, coupable de génocide contre ses enfants, ses femmes et ses hommes, jeunes ou vieux, contre lesquels Hitler, la Gestapo et les nazis ont étanché leur haine.

J’abhorre pour la même raison les crimes du gouvernement fasciste de Netanhayu, qui assassine des enfants, des femmes et des hommes, jeunes et vieux, dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie.

Jeffrey Goldberg a publié un article intitulé « The Point of No-Return » qui paraîtra dans la revue The Atlantic, de septembre 2010, mais qui est déjà en ligne sur Internet. J’extrais les idées essentielles de ce long article pour les lecteurs le connaissent.

Il se peut qu’à un moment donné des douze prochains mois, les sanctions économiques dévastatrices imposées à la République islamique d’Iran persuadent ses dirigeants de renoncer à leur poursuite de l’arme atomique. […] Il se peut aussi que des « opérations de contre » menées par les services de renseignement d’Israël, des USA, de Grande-Bretagne et d’autres puissances occidentales […] retardent sensiblement les progrès de l’Iran. Il se peut aussi que le président Obama, qui a dit à plusieurs reprises que la perspective d’un Iran État nucléaire était « inacceptable » ordonne une attaque miliaire contre  ses principales installations d’armements et d’enrichissement d’uranium.

[…]

Je ne me livre pas à un exercice mental ni ne me lance dans un jeu de guerre individuel quand je discute de la possibilité d’une attaque israélienne contre l’Iran et ses conséquences potentielles. Israël a attaqué et détruit deux fois un programme nucléaire ennemi. En 1981, les avions de guerre israéliens ont bombardé le réacteur iraquien d’Osirak, interrompant à jamais (comme on peut le constater) les ambitions nucléaires de Saddam Hussein ; en 2007, ils ont détruit un réacteur de fabrication nord-coréenne en Syrie. Une attaque contre l’Iran serait donc sans précédent uniquement par sa portée et sa complexité.

J’ai exploré les possibilités d’une attaque de ce genre pendant plus de sept ans […] Depuis mars 2009, j’ai interviewé sans ménagement une quarantaine de décideurs israéliens du passé et du présent au sujet d’une attaque militaire, ainsi que de nombreux fonctionnaires étasuniens et arabes. Dans la plupart de  ces interviews, j’ai posé une simple question : quelle est le pourcentage de possibilités qu’Israël attaque le programme nucléaire iranien dans un avenir proche ? Tout le monde ne m’a pas répondu, mais un consensus s’est dégagé : il y a largement plus de 50 p. 100 de possibilités qu’Israël lance une attaque d’ici juillet prochain. […] J’ai testé ce consensus en m’adressant à de nombreuses sources dans le gouvernement et hors du gouvernement, et dans différents partis politiques. Compte tenu de la sensibilité extrême de ce thème, la plupart ont parlé avec réticence et sous le sceau de l’anonymat. […] Le raisonnement des décideurs israéliens a été sans équivoque : l’Iran a besoin tout au plus d’un an à trois ans pour faire sa percée en matière de capacité nucléaire […] Et le facteur le plus crucial de la doctrine de sécurité nationale israélienne, un principe qui remonte aux années 60, quand le pays mit au point sa capacité nucléaire à lui en réponse à l’expérience vécue par les juifs durant l’Holocauste, est qu’il ne peut permettre à aucun adversaire régional d’atteindre la parité dans ce domaine avec l’Etat juif resurgi et encore assiégé.

Au cours de notre conversation avant sa prise de possession, Netanyahu n’a pas abordé la question en termes de parité nucléaire […] il a contraire abordé le programme iranien comme une menace non seulement pour Israël mais aussi pour toute la civilisation occidentale.

« […] quand le croyant aux yeux écarquillés prend les rênes du pouvoir et s’empare des armes de destruction massive, alors le monde doit commencer à se préoccuper, et c’est ce qui est en train de sa passer en Iran. » (Netanyahu). […]

Au cours de notre conversation,  Netanyahu a refusé d’analyser son calendrier d’action, voire de dire s’il envisage une attaque militaire préventive contre le programme nucléaire iranien. […] il estime que l’Iran n’est pas un problème seulement pour Israël, mais que c’en est un pour le monde entier, et que le monde, conduit par les États-Unis, a le devoir de se colleter avec. Mais il ne fait pas très confiance aux sanctions, ni à celles relativement faibles adoptées récemment par le Conseil de sécurité des Nations Unies ni à celles plus rigoureuses prise par les USA et leurs alliés européens.

Mais, si j’en crois mes conversations avec des décideurs israéliens, la période de tolérance durant laquelle Netanyahu attendra de voir si les méthodes non miliaires de l’Occident stopperont l’Iran, prendra fin en décembre. […]

Le gouvernement Netanyahu est déjà en train d’intensifier ses analyses, non seulement au sujet de l’Iran, mais d’une question que de nombreux israéliens ont du mal à comprendre : le président Obama. Les Israéliens s’efforcent de répondre à ce qui est pour eux la question la plus urgente : dans quelles circonstances le président Obama utiliserait la force pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire ? Tout dépend de cette réponse.

Les Israéliens arguent que l’Iran exige l’attention urgente de toute l communauté internationale, en particulier des États-Unis, du fait de leur capacité hors de pair de faire jouer leur force militaire. C’est aussi la position de nombreux dirigeants arabes modérés. Voilà quelques semaines, l’ambassadeur des Émirats arabes unis aux USA,  Yousef al-Otaiba, m’a dit d’une façon rarement aussi directe… que son pays appuierait une attaque militaire contre les installations nucléaires iraniennes […] « Les pays petits, riches, vulnérables de la région ne veulent pas être les seuls à prendre le taureau par les cornes si personne ne vient les aider », m’a-t-il dit.

Plusieurs dirigeants arabes ont suggéré que la position des USA au Moyen-Orient dépendra de leur volonté de faire face à l’Iran. Ils arguent d’une manière intéressée qu’une attaque aérienne contre une poignée d’installations iranienne ne serait pas aussi compliquée ou aussi problématique, mettons, qu’envahir l’Iraq. « On ne discute pas d’une invasion de l’Iran », m’a dit un ministre arabe des Affaires étrangères, « mais de frappes ponctuelles contre plusieurs installations dangereuses, ce que les USA pourraient faire très facilement. »

[…]

Barack Obama a dit des tas de fois qu’un Iran nucléaire était « inacceptable ». […] « Un Iran nucléaire modifierait les règles du jeu non seulement au Moyen-Orient mais dans le monde entier. Cela commencerait à désintégrer, je pense, ce qu’il reste de notre cadre de non-prolifération nucléaire. Des pays du Moyen-Orient verraient eux aussi la possibilité de se doter d’armes atomiques ».

Mais les Israéliens doutent que quelqu’un qui s’est présenté comme l’antithèse de George W. Bush, auteur d’une double invasion en Afghanistan et en Iraq, lance une attaque préventive contre une nation musulmane.

« Nous avons tous vu son discours au Caire », m’a dit un haut fonctionnaire israélien qui faisait allusion à l’allocution de juin 2009 dans lequel Obama tenta de relancer les relations avec les musulmans en soulignant la volonté de coopération des USA et leur respect de l’islam. « Nous ne croyons pas que ce genre de personne lancerait une attaque audacieuse contre l’Iran. Nous craignons qu’il se lance dans une politique visant à endiguer un Iran nucléaire plutôt qu’à l’attaquer. »

[…]

« Bush, c’était il y a deux ans, mais le programme iranien était le même, ainsi que l’intention », m’a dit ce fonctionnaire israélien, « Je ne crois donc pas personnellement qu’Obama soit plus bushien que Bush. »

Si les Israéliens se convainquent une fois pour toutes qu’Obama, quelles que soient les circonstances, n’attaquera pas l’Iran, alors le compte à rebours commencera pour une attaque unilatérale d’Israël. […]

…une attaque contre l’Iran, selon des fonctionnaires du renseignement israéliens, pourrait provoquer des représailles tous azimuts de la part de l’allié de l’Iran au Liban, l’Hezbollah, qui possède maintenant, selon les estimations de la plupart des sources de renseignement, au moins 45 000 missiles (au moins le triple de l’été 2006, durant la dernière série d’affrontements avec Israël).

...Netanyahu n’est pas le seul à comprendre ce problème : plusieurs autres Premiers ministres antérieurs ont abordé la menace de l’Iran dans ces termes similaires : ceux de l’existence même. « Il a un sens profond de son rôle dans l’histoire juive », m’a dit Michael Oren, l’ambassadeur israélien aux USA. 

Puis Jeffrey Goldberg raconte longuement l’histoire du père de Netanyahu, Ben-Zion, qu’il considère, entre autres mérites marquants, comme l’historien le plus sérieux au sujet de l’Inquisition espagnole, et qui vient de fêter son centenaire.

            […] Benjamin Netanyahu n’est pas précisément connu pour sa souplesse vis-à-vis des Palestiniens, bien qu’il se soit efforcé dernièrement de satisfaire certaines de demandes de Barack Obama pour faire avancer le processus de paix.

Une fois conclue cette partie de l’article, Goldberg poursuit son examen de cette situation complexe. Il analyse parfois durement un commentaire fait en 2001 par l’ancien président Hashemi-Rafsanjani qui parla d’une bombe qui détruirait Israël, une menace qui fut même critiquée par des forces de gauche ennemies de Netanyahu.

Les défis posés par un Iran nucléaire sont bien plus subtils qu’une attaque directe, m’a dit Netanyahu. « […] Les militants supplétifs de l’Iran seraient en mesure de lancer des missile et de mener d’autres activités terroristes, tout en bénéficiant du parapluie atomique. […] Au lieu de rester un conflit local, bien que douloureux, il deviendrait un confit mondial. Ensuite, cet événement enhardirait les militants islamiques sur de nombreux continents qui pourraient voir là un signe providentiel que leur fanatisme est sur le point de triompher. »

« Cela provoquerait un changement radical dans l’équilibre du pouvoir dans notre région », dit-il. […]

D’autres dirigeants israéliens jugent que la simple menace d’une attaque nucléaire de la part de l’Iran, combinée avec les menaces chroniques que vivent les villes israéliennes de la part des missiles de Hamas et du Hezbollah, minerait graduellement la capacité du pays de protéger ses citoyens les plus créatifs et les plus productifs. […] 

[…] “Le vrai test pour nous est de faire d’Israël un endroit si attrayant, un endroit si à la pointe en matière de société humaine, d’éducation, de culture, de science, de qualité de vie, que même les jeunes Juifs des USA souhaitent venir ici. » [Ehud Barak, ministre de la Défense]

Selon plusieurs sondages, le patriotisme est très élevé en Israël, et il me semble peu probable que la peur d’une attaque iranienne pousse les Juifs à chercher refuge ailleurs. Mais un des principaux partisans d’une attaque contre les installations nucléaires iranienne, Éphraïm Sneh, ancien général et ancien vice-ministre de la Défense, est convaincu que si l’Iran franchit le seuil nucléaire, l’idée même d’Israël sera en danger : « Ces gens sont de bons citoyens, des citoyens courageux, mais la dynamique de la vie est-elle que si des parents ont un enfant dans une université étasunienne pour deux ans et que celle-ci lui offre une troisième année, ils diront : "Mais oui, reste là-bas." » Voilà ce que me commenta Sneh quand il me reçut il n’y a pas si seulement dans on bureau hors de Tel-Aviv. « Si quelqu’un finit un doctorat et qu’on lui offre un emploi aux USA, il pourra y rester. Cela ne veut pas dire que les gens vont partir en courant pour prendre l’avion […] Le résultat final sera que nous serons victimes d’un vol de cerveaux accéléré et qu’un Israël qui ne  reposerait pas sur l’esprit d’initiative, sur l’excellence, ne serait plus l’Israël d’aujourd’hui. »

[…]

Un lundi soir, au début de l’été, j’ai pris place dans le bureau de Rahm Emanuel, qui n’est décidément pas goy le chef du cabinet de la Maison-Blanche, et j’ai écouté plusieurs fonctionnaires du Conseil de sécurité national qu’il avait réunis à sa table de conférence expliquer en bien des mots pourquoi l’État juif devait avoir confiance que le président non-juif des USA empêcherait l’Iran de franchir le seuil nucléaire.

 […] L’un de ceux qui étaient assis à la table, Ben Rhodes, conseiller adjoint à la sécurité nationale, et auteur principal du récent document: « Stratégie de sécurité nationale pour les États-Unis », et du discours conciliant du président au Caire, affirma que le programme nucléaire iranien constituait clairement une menace pour la sécurité des USA et que l’administration Obama répondait à ce genre de menace de la même manière que les précédentes. « Nous sommes en train de coordonner une stratégie tous azimuts pour élever les pressions sur l’Iran, mais cela ne veut pas dire que nous ayons retiré une carte de la table », affirma-t-il. « Notre président a prouvé a plusieurs reprises que quand il juge nécessaire d’utiliser la force pour protéger les intérêts de sécurité nationale, il l’a fait. Nous n’allons pas faire des hypothèses pour savoir quand nous utiliserons la force militaire et si nous allons le faire, mais nous avons dit clairement que nous n’avons jamais éliminé le recours à la force face à toute situation qui menace notre sécurité nationale. »

[…] (Un ancien fonctionnaire de Bush m’a dit que son président s’était heurté au problème inverse : englué dans deux guerres et croyant que l’Iran n’était pas près de franchir le seuil nucléaire, il s’était opposé au recours à la force contre le programme iranien et avait clairement dit ses vues, « mais personne ne l’a cru ».

À un moment donné, j’ai avancé l’idée que, de raisons largement évidentes, peu de gens croyaient que Barack Obama ouvrirait un troisième front au Moyen-Orient. Un des fonctionnaires me répondit  avec chaleur : « Qu’avons-nous fait qui puisse vous faire croire que nous pensons qu’un Iran nucléaire représente une situation tolérable ? »

[…]

Les fonctionnaires de l’administration Obama, en particulier au Pentagone, ont signalé plusieurs fois leur chagrin face à la possibilité d’attaque militaire préventive. En avril, la sous-secrétaire à la Défense, Michele Flournoy, a dit aux journalistes que la force militaire contre l’Iran « était hors de question à court terme ». Elle s’est ensuite rétractée, mais l’amiral Michael Mullen, le chef de l’état-major interarmes, a aussi critiqué l’idée d’attaquer l’Iran. […] « Dans une région si instable, nous n’avons pas besoin d’en rajouter. »

…le président n’a écarté à aucun moment l’idée d’éviter la prolifération par la force. […] Gary Samore, fonctionnaire du conseil de sécurité nationale qui supervise le programme de l’administration contre la prolifération, m’a dit que les Israéliens étaient d’accord avec l’appréciation des USA que le programme iranien d’enrichissement d’uranium était plein de problèmes.

[…] « …compte tenu des rapports de l’AIEA, nous pouvons dire que les choses marchent mal pour les Iraniens », dit Samore. « Les centrifugeuses qu’ils utilisent sont de technologie inférieure. Ils se heurtent à des tas de difficultés techniques, en partie parce que nous avons travaillé à les empêcher d’accéder aux composantes étrangères. Les pièces qu’ils fabriquent ne sont soumises à aucun contrôle de qualité. » […]

Dennis Ross, ancien négociateur pour la paix au Moyen-Orient et maintenant haut fonctionnaire au Conseil de sécurité nationale, a dit durant la réunion qu’il croyait que les Israéliens comprenaient maintenant que les mesures prônées par les USA avaient ralenti l’avance de l’Iran et que l’administration travaillait à convaincre les israéliens – et d’autres parties dans la région – que la stratégie des sanction « avait des possibilités de marcher ».

« Le président à dit qu’aucune option n’avait été retirée de la table, mais voyons maintenant pourquoi nous pensons que cette stratégie peut fonctionner », a-t-il dit. […] “En juin dernier, comme ils n’avaient pas répondu à notre appel bilatéral, le président a dit que des mesures seraient prises en septembre. » […]

Ross argue que les sanctions peuvent faire changer le régime d’avis. « Les sanctions vont jouer. Elles interviennent à un moment où les Iranien ont des problèmes de gestion, ils devront supprimer les subsides (aux aliments et à l’essence), le public se sépare d’eux, leurs élites sont divisées, et les élites sont coupées du reste du pays. […] »

Il y a une question à laquelle aucun fonctionnaire de l’administration ne tient à répondre : que feront les États-Unis si les sanctions échouent ? Plusieurs fonctionnaires arabes se sont plaints devant moi que l’administration Obama ne leur avait pas communiqué ses intentions, même d’une manière générale. […]

« Les électeurs d’Obama aiment que l’administration montre qu’elle ne va pas aller se battre en Iran, mais ce n’est pas une question de politique intérieure », m’a dit un ministre arabe des affaires étrangères. « L’Iran continuera d’être irresponsable à moins que l’administration ne commence à lui parler d’une manière irraisonnable. La meilleure façon d’éviter une attaque contre l’Iran c’est de lui faire croire que les USA sont sur le point de l’attaquer. Nous devons connaître les intentions du président à ce sujet. Nous sommes ses alliés. » (Selon deux sources de l’administration, ce point a provoqué des tensions entre Obama et l’amiral Dennis Blair, qui vient de démissionner comme directeur du renseignement national : Blair, dont on a dit qu’il insistait beaucoup sur la menace iranienne, a affirmé au président que les alliés arabes des USA avaient besoin d’être davantage rassurés, et Obama n’aurait pas apprécié ce genre de conseil.)

En Israël, bien entendu, les fonctionnaires dépensent beaucoup d’énergie pour comprendre le président Obama, malgré les assurances qu’ils ont reçues d’Emanuel, de Ross et d’autres. […]

[…]

Récemment, le chef du renseignement militaire israélien, le général Amos Yadlin, a fait une visite secrète à Chicago pour rencontrer Lester Crown, le milliardaire dont la famille possède une part significative de General Dynamics, l’entreprise militaire. […] Crown affirme: “Nous partageons avec les Israéliens l’idée que nous avons assurément la capacité militaire  et que nous devons en faire usage. La montée de l’Iran n’est pas dans les meilleurs intérêts des USA. Je soutien le président, mais j’aimerais que les fonctionnaires soient un peu plus causants quand ils doivent le faire. Je me sentirais plus tranquille si je savais que nous utiliserons la force en ultime instance. Vous ne pouvez pas menacer quelqu’un en bluffant. Vous devez avoir la volonté de le faire. »

[…] Plusieurs fonctionnaires (israéliens) m’ont demandé si je pensais qu’Obama était antisémite. Je leur ai répondu par une boutade d’Abner Mikva, ancien représentant, juge fédéral et mentor d’Obama, qui avait dit en 2008 : « Quand tout ceci finira, les gens diront que Barack Obama a été le premier président juif. » Je leur ai expliqué qu’Obama était très imprégné des œuvres d’écrivains, d’universitaire et de penseurs juifs, et qu’une grande quantité de ses amis, partisans et conseillers étaient juifs. Mais le philosémitisme ne veut pas que vous soyez forcément d’accord avec la parti Likud de Netanyahu, et certainement pas parmi les juifs des USA qui, tout comme le président pour qui ils ont voté en grandes quantités – soutiennent en général la solution des deux États et ont des réserves sur les établissements juifs en Cisjordanie.

[…]

Rahm Emanuel a suggéré que l’administration tente de faire passer un fil dans une aiguille : en fournissant un soutien « inébranlable » à Israël ; en le protégeant des conséquences d’une bombe atomique iranienne ; mais en le pressant pour qu’il cherche une solution de conciliation avec les Palestiniens. Emanuel […] a mentionné les six derniers Premiers ministres israéliens – dont Netanyahu qui, durant sa première période fin 1990, au grand regret de son père, s’engagea avec les Palestiniens – pour plaider sa cause. « Rabin, Peres, Netanyahu, Barak, Sharon, Olmert  - chacun a cherché une formule de règlement négocié qui serait favorable à Israël du point de vue de ses intérêts stratégiques. Il y a eu des tas d’autres menaces tandis que les différents gouvernements israéliens poursuivaient le processus de paix. » […]

Selon Emanuel, Israël doit examiner avec soin si une attaque militaire n’aurait pas des conséquences pires que le mal qu’elle voudrait supprimer. « Je ne suis pas sûr que, étant donné le temps limite, et quel qu’il soit, l’Iran stopperait » son programme nucléaire. « Il l’ajournerait, tout simplement. »

C’est alors que je me suis rendu compte que sur certaines questions, les Israéliens et les Étasuniens ne parlent pas la même langue.

Dans mes conversations avec d’anciens généraux et stratèges des forces de l’air israéliennes, le ton était précautionneux. Bien des gens que j’ai interviewés étaient prêts, sous anonymat, à dire pourquoi il serait difficile pour Israël d’attaquer les sites nucléaires iraniens. Et des généraux israéliens, tout comme leurs collègues étasuniens, contestaient l’idée même de l’attaque. « Nous utiliserions mieux notre temps à faire des pressions sur Barack Obama pour qu’il le fasse, au lieu de tenter de le faire nous-mêmes », affirma un général. « Nous sommes très bons pour ce genre d’opération, mais c’est un gros morceau. En comparaison, les Étasuniens peuvent le faire bien plus facilement. C’est trop gros pour nous. »

[…]

Ces avions (qui passeraient par l’Arabie saoudite) devraient rentrer au plus vite, en partie parce que le renseignement israélien estime que l’Iran ordonnera aussitôt à Hezbollah de tirer des missiles sur les villes israéliennes, et que les forces de l’air auraient besoin de ressources pour poursuivre les groupes missiliers d’Hezbollah.

…en cas d’attaque unilatérale d’Israël sur l’Iran, sa mission (celle du général Gadi Eisenkot) serait de combattre les groupes missiliers d’Hezbollah […] (selon les fonctionnaires du renseignement étasuniens et israéliens, les Iraniens) espèrent conserver Hezbollah comme une réserve jusqu’à ce que l’Iran puisse franchir le seuil atomique.

(Selon Eisenkot) “Hezbollah a perdu beaucoup d’hommes… C’est une des raisons pour lesquelles nous avons eu quatre ans de tranquillité. Ce qui a changé en ces quatre ans, c’est qu’Hezbollah a accru sa capacité missilière, mais nous avons aussi accru la nôtre. » Au sujet d’une attaque éventuelle sur l’Iran, il conclut : « Notre disponibilité signifie qu’Israël a les coudées franches. »

[…]

Les USA  apparaîtraient aussi comme des complices d’une attaque israélienne, même s’ils n’en étaient pas avertis d’avance. La supposition – souvent correcte, mais pas toujours – qu’Israël n’agit qu’avec l’approbation des USA est une vue habituelle au Moyen-Orient, et c’est l’une de celles que les Israéliens disent prendre en compte maintenant. J’ai parlé avec plusieurs fonctionnaires israéliens qui débattent de ces questions, entre autres : que se passera-t-il si le renseignement étasunien apprend les intentions israéliennes plusieurs heures avec l’heure prévue de l’attaque ? « C’est pour nous un cauchemar, me dit l’un d’eux. Que se passera-t-il si Obama appelle Netanyahu et lui dit : "Nous savons ce que vous allez faire. Stoppez immédiatement." Stopperions-nous ? Ça se pourrait. Une décision a été prise : nous ne pouvons pas mentir aux Etasuniens au sujet de nos plans. Mais nous ne voulons pas les informer d’avance. Pour notre sécurité et la leur. Alors, que faisons-nous ? Des questions difficiles. » […]

[…]

“De nombreux Israéliens (selon un planificateur militaire) pensent que les Iraniens construisent Auschwitz. Nous devons leur faire savoir que nous avons détruit cet Auschwitz ou alors leur faire savoir que nous avons essayé, mais que nous avons échoué. »

Bien entendu, des dirigeants israéliens pensent bien entendu qu’une attaque militaire contre l’Iran est trop risquée. […] « Nous ne voulons pas que les politiques nous placent dans une situation difficile à cause du mot Shoah », affirme un général. […]

Après avoir regardé la photo des avions israéliens survolant Auschwitz dans au moins une douzaine de bureaux différents, je saisis combien ceci est contradictoire : si les physiciens juifs qui créèrent l’arsenal nucléaire d’Israël avaient pu faire un retour dans le temps et l’espace et envoyer une escadrille de chasseurs-bombardiers en 1942… […]

[…]

Benjamin Netanyahu estime, pour des motifs de sécurité nationale, que si les sanctions échouent, il sera obligé de prendre des mesures. Or, une attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes – qu’elle réussisse ou non – peut faire que l’Iran redouble d’effort – en comptant cette fois-ci sur une certaine dose de sympathie internationale – pour mettre au point un arsenal nucléaire. Cela pourrait aussi provoquer le chaos contre les USA au Moyen-Orient. […] Shimon Peres juge le programme nucléaire iranien comme potentiellement catastrophique, à coup sûr. […] Quand je lui ai demandé s’il croyait a la solution militaire, il m’a dit : « Pourquoi devrais-je déclarer une chose pareille ? »

Au bout de plusieurs mois d’interviews, j’en arrive à croire que l’administration sait qu’Israël engagera bientôt, presque sûrement, des actions contre l’Iran si rien ni personne n’arrête son programme nucléaire. […] Plus en début d’année, j’étais d’accord avec ceux qui, dont de nombreux Israéliens, Arabes et Iraniens, croyaient qu’il n’y avait aucune chance qu’Obama recoure jamais à la force pour stopper l’Iran ; je continue de croire qu’il n’y a guère de possibilités dans un avenir proche, pour une bonne raison : le Pentagone n’est vraiment pas du tout chaud. Mais Obama est clairement attrapé. […] Voilà quelques semaines, Denis McDonough, le chef du Conseil de sécurité nationale, m’a dit : « Ce que vous voyez en Iran, c’est le croisement d’une série de priorités importantes pour le président, qui voit là une sérieuse menace pour le système de non-prolifération mondial, une menace qui peut conduire à des nouvelles activités nucléaires dans une région aussi sensible et une menace pour un ami proche des États-Unis : Israël. Je pense que vous voyez les différents courants confluer, ce qui explique pourquoi c’est important pour nous. »

Quand j’ai demandé à Peres ce qu’il pensait de l’effort de Netanyahu pour présenter ce cas à l’administration Obama, il m’a répondu […] que son pays savait quelle était sa place dans le monde, que cela incombe au président des USA, le seul à pouvoir décider finalement comment sauvegarder le mieux l’avenir de l’Occident. L’histoire concernait son mentor, David ben Gourion.

Voilà ce que m’a raconté Pères : « Peu après l’élection de Kennedy à la présidence, Ben Gourion lui rendit visite à l’hôtel Waldorf-Astoria de New York. Après la réunion, Kennedy le raccompagna à l’ascenseur et lui dit : "Monsieur le Premier ministre, je tiens à vous dire que j’étais élu grâce à vos gens : alors, que puis-je pour vous en retour ?" Ben Gourion s’insurgea, et lui répondit : "Ce que vous devez faire, c’est être un grand président des États-Unis, Vous devez comprendre qu’avoir un grand président des États-Unis est une grande chose." »

Peres expliqua ce qu’il voyait comme le véritable intérêt d’Israël : « Nous ne voulons pas gagner le président. Nous voulons que le président gagne. »

 

Jeffrey Goldberg

« Jeffrey Mark Goldberg, journaliste israélo-étasunien. Auteur et journaliste de la revue The Atlantic. A travaillé avant pour la revue The New Yorker.  Écrit principalement sur des questions internationales, de préférence sur le Moyen-Orient et l’Afrique. Certains le considèrent le journaliste-bloggeur le plus influent sur les questions en rapport avec Israël. »

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 25 août 2010

18 h 18

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25 août 2010 3 25 /08 /août /2010 10:01

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PLEINEMENT engagé dans sa bataille incessante pour informer le monde sur le danger d’une guerre nucléaire, et tenter de persuader le président Barack Obama de s’abstenir d’appuyer sur la gâchette, le commandant en chef Fidel Castro a rencontré le lundi 23 août des scientifiques cubains pour traiter de la question des armes nucléaires et des dangers d’une conflagration à grande échelle.

Pendant deux heures, le leader de la Révolution a échangé des vues et posé de nombreuses questions au Dr Tomas Gutierrez Pérez, directeur général de l’Institut de météorologie, à l’ingénieur José Fidel Santana Nuñez, président de l’Agence pour l’énergie nucléaire et les technologies de pointe du ministère des Sciences, des Technologies et de l’Environnement, au colonel José Luis Navarro Marrero, chef du Secrétariat des sciences et des technologies des Forces armées révolutionnaires, et au Dr Fidel Castro Diaz-Balart, conseiller scientifique du Conseil d’Etat.

Hiroshoma et Nagasaki, les bombes à uranium, à plutonium et à hydrogène, la capacité nucléaire militaire des grandes puissances, la portée radioactive de l’explosion d’une bombe suivant sa puissance, le naufrage du sous-marin nucléaire russe en 2000, l’hypothèse d’un «hiver nucléaire», entre autres, ont été au centre des débats.

Fidel a évoqué les journées de la Crise d’octobre 1962, le processus qui déboucha sur l’accord d’installation de missiles soviétiques à Cuba, le danger qui plana sur Cuba et sur le monde, les erreurs commises par Khrouchtchev et Kennedy. «Kennedy lui-même était horrifié de voir combien le monde avait été proche de la guerre», a signalé Fidel.

«Nous n’avions aucun intérêt à la présence de missiles chez nous, ni d’une base. Nous étions plus intéressés par l’image du pays. Une base soviétique ici dévalorisait l’image de la Révolution, sa capacité à influer dans notre région. Pourquoi avons-nous accepté?... C’était très dur pour nous, mais c’était une question d’internationalisme». Et il a rappelé la réunion avec la direction révolutionnaire, où il a déclaré que «si nous attendions du camp socialiste qu’il se sacrifie et se batte pour nous, nous devions être prêts à nous sacrifier pour eux».

Ce souvenir historique l’a amené à analyser les dangers du présent, dans un monde qui détient près de 25 000 ogives nucléaires: «N’est-ce pas une histoire de fous?, a-t-il demandé aux scientifiques. Sur cette petite planète il suffit d’une centaine de bombes pour provoquer un hiver nucléaire. Seuls des êtres insensés peuvent justifier ce genre de folie».

Et d’ajouter plus loin: «C’est comme si le monde en était à sa première guerre, comme si l’histoire humaine n’avait pas connu autre chose que la guerre. C’est comme si, depuis qu’il s’est armé d’un gourdin, l’homme n’avait fait que la guerre. Tous ces raisonnements sont erronés, c’est pourquoi je m’efforce de tenter de persuader les gens du danger. Il y a peu, qui savait que le danger de guerre existait? Qui a soulevé cette question? Qui contrôle tous ces médias dans le monde?

«A présent tout va dépendre d’un homme; non pas parce qu’il est puissant mais parce que c’est le seul à avoir la faculté d’appuyer sur la gâchette. S’il ne le fait pas, tout le monde lui en sera reconnaissant, y compris les millionnaires; même Israël lui en sera reconnaissant», a conclu le commandant en chef dans ses observations, convaincu que les scientifiques peuvent aussi beaucoup contribuer à cette bataille pour la prise de conscience sur les graves dangers qui planent sur l’humanité.
 

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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 19:43

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Fidel con Odalys Bravo,  jefa de la Brigada "Moto Méndez". Foto: Roberto Chile

Chers combattants pour la santé de personnes nées handicapées,

J’ai signé hier 213 exemplaires du livre Por todos los caminos de la Sierra. La victoria estratégica, datés d’aujourd’hui, à votre intention, pour vous qui rentrez dans la patrie pour un bref repos.

Vous avez dû faire face à des cas véritablement sévères: des êtres humains nés aveugles ou sourds-muets, qui n’ont jamais vu un rayon de lumière, qui n’ont jamais entendu un son. Autrement dit, des personnes qui sont nées et qui ont eu peu de contact avec la vie. Ces deux éléments simples suffisent souvent au bonheur parce qu’ils permettent de chanter, de communqiuer, en un mot, de vivre.

Les personnes dont vous vous occupez, porteuses de tout type de souffrances, vous rétribuent en vous donnant l’occasion de faire le bien, de faire quelque chose qui ne s’achète pas avec tout l’or du monde. Ceci démontre à l’évidence que l’être humain, au-delà de ses instincts, est capable de s’ériger en symbole de la générosité et du bien.

Personnene pourrait s’expliquer autrement votre inlassable combat: vous affrontez la chaleur, la pluie, les dangers; vous traversez des forêts et des marécages, vous défiez le froid et la neige de montagnes escarpées pour venir en aide à des êtres humains qui ne peuvent se passer de vous, tout comme, aujourd’hui, vous-mêmes ne pouvez vous passer d’eux.

Dans deux semaines, vous repartirez, non pas, cette fois, de la terre où tomba le Guerrillero héroïque à destination de Cuba, mais de Cuba pour l’Equateur, où, depuis bien des mois, d’autres compatriotes livrent la même bataille aux côtés de médecins de ce pays frère.

Notre force, qui a déjà apporté le bonheur à près de 800 000 personnes au Venezuela, en Bolivie, en Equateur et au Nicaragua, n’est qu’un soupçon de tout ce qui peut se faire pour les peuples de cet hémisphère et pour le reste du monde sans reevoir un centime en échange. Rien n’est plus important que l’exemple que vous avez ainsi légué aux jeunes qui, à vos côtés, ont entrepris cette tâche auprès de leur peuple et de ceux d’autres pays.

De toute son histoire, l’empire n’a pas été capable -et ne pourrait jamais l’être- de secourir 1% seulement des cas que vous avez traités. A quoi sert un tel système?

Voilà pourquoi j’ai eu tant de plaisir d’apposer fraternellement ma signature sous le nom et le prénom de chacun de vous.

Jusqu’à la victoire, toujours!

Fidel Castro Ruz
17 août 2010
 

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16 août 2010 1 16 /08 /août /2010 10:09

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La Résolution 1929 voté le 9 juin 2010 par le Conseil de sécurité des Nations Unies, a scellé le destin de l’impérialisme.

 Je ne sais combien de gens auront pris conscience de ce que, entre autres absurdités, le secrétaire général de cet organisme, Ban Ki-moon, exécutant des ordres venus de plus haut, a commis l’idiotie de nommer Álvaro Uribe – alors qu’il était sur le point de conclure son mandat en Colombie – vice-président de la commission chargée d’enquêter sur l’attaque israélienne à la flottille humanitaire qui transportait des aliments essentiels à la population assiégée de la Bande de Gaza, l’attaque ayant eu lieu dans des eaux internationales, à une distance considérable de la côte.

 

Cette décision octroie à Uribe, accusé de crimes de guerre, une impunité totale, comme si un pays aux fosses communes remplies de cadavres de personnes assassinées, dont certaines contenant jusqu’à deux mille victimes, et aux sept bases militaires yankees, plus les autres bases militaires colombiennes à leur service, n’avait rien à voir avec le terrorisme et le génocide !

Le journaliste cubain Randy Alonso, qui dirige le programme « La Table ronde » de notre télévision nationale, a publié le 10 juin 2010, sur le site wec CubaDebate, un article intitulé « Le « gouvernement mondial » se réunit à Barcelone », dans lequel il signalait :

« Ils sont arrivés à l’agréable hôtel Dolce en voitures de luxe aux vitres fumées ou en hélicoptère.

 

« Plus de cent pontes de l’économie, des finances, de la politique et des médias des USA et d’Europe, qui accouraient à la réunion annuelle du Club de Bilderberg, une sorte de gouvernement mondiale agissant dans l’ombre.

 

D’autres journalistes honnêtes suivaient comme lui les nouvelles qui parvenaient au compte-goutte de cette curieuse rencontre. Quelqu’un de bien mieux informé qu’eux suivait la piste de ces rencontres depuis de nombreuses années.

« Le Club sélect qui s’est réuni à Sitges a vu le jour en 1954, à partir de l’idée du conseil et observateur politique Joseph Retinger. Ses promoteurs furent au départ le magnat étasunien David Rockefeller, le prince Bernard de Hollande et le Premier ministre belge, Paul Van Zeeland, afin, avant tout, de combattre l’ « anti-américanisme » croissant en Europe et de contrer l’Union soviétique et le communisme qui prenaient de la force sur le vieux continent.

 

«  Il a tenu sa première réunion les 29 et 30 mai 1954 à l’hôtel Bilderberg, à Osterbeck (Hollande), d’où son nom, et il s’est retrouvé depuis tous les ans, sauf en 1976.

 

« Il existe un noyau d’affiliés permanents – les 39 membres du Comité  directeur – les autres sont des invités.

 

« …l’organisation exige que personne « ne donne d’interview » ni ne révèle rien de qu’ « a dit un participant individuel ». Une des conditions sine qua non est une excellente maîtrise de l’anglais… aucune interprète n’étant présent.

 

« On ne sait trop quelle est la portée réelle de ce groupe. Ceux qui l’étudient disent que ce n’est pas par hasard qu’il se réunit toujours un peu avant que ne le fasse le G-8 (ex-G-7) et qu’ils cherchent l’établissement d’un nouvel ordre mondiale en matière de gouvernement, d’armée, d’économie et d’idéologie unique.

 

« David Rockefeller a déclaré dans le cadre d’un reportage de la revue Newsweek : « Quelque chose  doit remplacer les gouvernements, et le pouvoir privé me semble pour ce faire le meilleur organe ».

 

« …le banquier James P. Warburg a affirmé : « Que ça plaise ou non, nous aurons un gouvernement mondial. La seule chose à savoir, c’est si ça sera de gré ou de force« .

 

« Ils connaisaient dix mois avant la date exacte de l’invasion de l’Iraq. Ils savaient aussi ce qu’il allait se passer avec la bulle immobilière. Avec une information pareille, on peut faire beaucoup d’argent sur toutes sortes de marchés. Nous parlons de clubs de pouvoir et de savoir.

 

« Pour les observateurs, l’un des points qui tracassent le plus le Club, c’est la « menace économique » que représente la Chine, avec ses répercussions sur les sociétés étasunienne et européenne.

 

« Pour connaître son influence sur l’élite, qu’il suffise de dire que Margaret Thatcher,  Bill Clinton, Anthony Blair et Barack Obama ont été ses invités avant d’avoir été élu au sommet en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Obama s’est rendu à sa réunion de Virginie (USA) en juin 2008, cinq mois avant sa victoire électorale, que le groupe avait prévue dès sa réunion de 2007.

 

« Bien qu’ils agissent en tapinois, la presse arrive de temps à autre à sortir un nom. Parmi ceux qui sont allés à Sitges, on comptait les présidents de FIAT, de Coca Cola, de France-Telecom, de Telefónica de España, de Suez, de Siemens, de Shell, de Novartis et d’Airbus.

 

« Il y avait aussi des gourous des finances et de l’économie, comme George Soros,  le fameux spéculateur ; Paul Volcker et Larry Summers, conseillers économiques d’Obama; George Osborne,  le tout nouveau secrétaire britannique du Trésor ; Peter Shilton, ancien président de Goldman Sachs et de British Petroleum ; Robert Zoellic, président de la Banque mondiale ; Dominique Strauss-Kahn, directeur-général du FMI ; Pascal Lamy,  directeur de l’Organisation mondiale du commerce ; Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne ; Philippe Maystad, président de la Banque européenne d’investissement.

 

« Nos lecteurs le savaient-ils ? Un organe important des médias a-t-il dit un mot ? Est-ce donc ça la liberté de la presse dont on parle tant en Occident ? L’un d’eux peut-il nier que les plus puissants financiers du monde se réunissent systématiquement tous les ans, hormis l’année susmentionnée ?

 

« Le pouvoir militaire a envoyé certains de ses faucons : Donald Rumsfeld, l’ancien secrétaire à la Défense de Bush ; Paul Wolfowitz, son subalterne ; Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l’OTAN ; et Jaap de Hoop Scheffer, son prédécesseur.

 

« Le magnat de l’ère numérique, Bill Gates, a été le seul à dire quelque chose  à la presse avant la rencontre : « Je serai présent. Il y aura beaucoup de débats financiers sur la table ».

 

« Les spéculateurs de nouvelles disent que le pouvoir dans l’ombre a analysé l’avenir de l’euro et les stratégies pour le sauver, la situation de l’économie européenne et l’orientation de la crise. Le groupe tient à prolonger la vie du malade à l’aide de la religion du marché et de coupes sombres  dans le social.

 

 “ Cayo Lara, le coordonnateur de Gauche unie, a défini clairement le monde que nous imposent les Bildeberg : « Le monde à l’envers : les démocraties soumises au contrôle, à la tutelle et aux pressions des dictatures des pouvoirs financiers ».

 

« Le plus périlleux, comme l’a révélé le journal espagnol Público, c’est le consensus du Groupe en faveur d’une attaque des USA contre l’Iran. […] Se rappeler que ses membres connaissaient la date exacte de l’invasion de l’Iraq en 2003 dix mois à l’avance. »

 

Est-ce là une idée saugrenue, quand on réunit toutes les preuves que j’ai exposées dans mes dernières Réflexions ? Les hautes sphères de l’Empire ont d’ores et déjà décidé de la guerre contre l’Iran, et seul un effort extraordinaire de l’opinion publique mondiale pourra l’empêcher d’éclater sous peu. Qui cache la vérité ? Qui dupe ? Qui ment ? Peut-on démentir quoi que ce soit de ce que je dis ici ? 

 

Fidel Castro Ruz

Le 15 août 2010

8 h 25

Source : changement de société

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14 août 2010 6 14 /08 /août /2010 22:20

Fidel-souriant-1.jpgFélicitations au Commandant Fidel Castro Ruz pour ses 84 ans.

 

Caracas, le 13 Août 2010 - Ayant récupéré de la maladie qui l'a depuis 2006 tenu éloigné de la vie publique, le leader de la Révolution Cubaine, Fidel Castro, atteint ce vendredi ses 84 ans en maintenant sa position révolutionnaire comme Cher d'Etat et visionnaire de la géopolitique mondiale.

 

A 84 ans, après avoir été jusqu'en 2006 à la tête de la Révolution Cubaine, de laquelle il sera toujours le plus grand leader, Fidel se consacre davantage maintenant à l'étude et à l'élaboration d'articles - plus de 290 jusqu'à présent - dans lesquels il analyse le panorama mondial.

 

Le parcours de Fidel jusqu'à ses 84 ans n'a pas été facile, si on prend en comte le fait que, en plus de ce qu'il a considéré comme une grave maladie, il a dû vaincre 640 tentatives d'assassinat émanant de ses adversaires, actions qui, selon son service de sécurité, ont été organisées en majorité par la CIA des Etats-Unis.

 

Pour citer un de ces cas, le livre "Le mérite est d'être en vie", du journaliste Cubain Luis Báez, qui comprend des entrevues avec des agents de la CIA, raconte un cas parmi d'autres, comme celui où il s'agissait d'empoisonner Fidel en 1959 avec une capsule qui serait vidée dans un genre de "milk shake" au chocolat que le leader révolutionnaire avait l'habitude de prendre à l'hotel Habana Libre. Un employé devait placer la pastille dans la boisson, mais, selon l'auteur, il s'est désisté à la dernière minute.

 

Ces tentatives d'assassinat sont dues à ce que Fidel, après le triomphe de la Révolution Cubaine en 1959, est devenu un ennemi coriace du gouvernement des Etats-Unis et en démonstration de ceci, est le fait que son élimination a été inclue dans un plan d'action menées par la CIA, approuvé en Mars 1960 par le président des USA d'alors, Dwight D. Eisenhower.

 

Né le 13 Août 1926 à Birán, village situé à environ 80 Km de Holguín, capitale de la province orientale de Cuba qui porte le même nom, le Commandant Fidel a passé la plus grande partie de sa vie à se consacrer à la politique révolutionnaire.

 

Depuis ses années à l'Université, Fidel a pris la tête de mouvements opposés aux gouvernants qui passaient par la Présidence de Cuba, et, en 1953, il a dirigé l'assaut de la caserne de la Moncada, considéré comme le germe du soulèvement qui a commencé en 1956 dans la Sierra Maestra contre la dictature de Fulgencio Batista.

 

Avec d'autres éminents leaders révolutionnaires comme Camilo Cienfuegos, Ernesto che Guevara et son frère Raúl Castro, Fidel parvint à libérer Cuba de la dictature de Batista avec le triomphe de la Révolution en Janvier 1059.

 

Parmi les célébrations de ce nouvel anniversaire de Fidel, à Asunción, capitale du Paraguay, la délégation Cubaine présente au IV° Forum Social des Amériques inaugurera ce vendredi une exposition de photos en hommage à l'anniversaire des 84 ans du leader historique révolutionnaire.

 

Outre l'exposition sera projeté le documentaire "Commandante" (2003), du directeur de cinéma et scénariste Américain Oliver Stone.

 

L'exposition comprend 21 instantanés du leader Cubain, Fidel Castro, pris par le photographe Liborio Noval depuis les premières années du triomphe de la Révolution, le 1° Janvier 1959, jusqu'à l'année 2002 .

 

Par ailleurs, à Cuba et dans d'autres pays, se préparent une série de manifestations, festives et commémoratives de tous types, pour saluer une année de plus de vie du Commandant légendaire.

 

"Avec Fidel et pour la paix" est la devise qui sera utilisée pour ce jour-là, lors de concerts, présentation de livres, réalisations de fresques, rencontres littéraires et choeurs d'enfants.

 

Au travers de ces actions, les organisations de jeunes veulent envoyer un message international de "Non à la guerre", le même qui fut envoyé par Fidel Castro à l'Assemblée Nationale de Cuba le 7 Août dernier.

 

Histoire d’une vie

 

Fidel Alejandro Castro Ruz est né le 13 Août 1926 à Birán, Holguín, ancienne province orientale. Il devint docteur en Droit en 1950. Depuis tout jeune il a dénoncé avec énergie la corruption, la négligence officielle et le gangstérisme qui prévalaient dans le pays.

 

Après le coup d'état de 1952, il a organisé et entraîné un groupe de jeunes à la tête desquels il a donné l'assaut le 26 Juillet 1953 aux cartels de Santiago de Cuba et de Bayamo. Il a subi la prison pendant 22 mois, et peu de temps après sa libération résultant d'une forte pression populaire, il a fondé le Mouvement du 26 Juillet.

 

En 1955 il est parti en exil pour organiser au Mexique l'insurrection populaire armée contre la dictature de Fulgencio Batista.

 

Le 2 Décembre 1956 il a débarqué à Cuba à la tête d'un détachement expéditionnaire transporté à bord du navire "Granma", et il a donné le coup d'envoi à la guerre révolutionnaire dans la Sierra Maestra.

 

Il a dirigé la lutte des forces rebelles du Mouvement du 26 Juillet dans tout le pays durant 25 mois de guerre.

 

Depuis le triomphe de la Révolution et depuis toutes ces années, il a impulsé et dirigé la lutte du peuple Cubain pour la consolidation du processus révolutionnaire, sa marche vers le socialisme, l'unité de tout le peuple, le développement de l'éducation, de la santé, du sport, de la culture et de la science, la défense du pays, l'affrontement des agressions extérieures, la conduite d'une activité de politique extérieure engageant ces principes, les actions de solidarité avec le mouvement révolutionnaire international et l'approfondissement de la conscience révolutionnaire, internationaliste et communiste du peuple.

 

Il a promu à l'échelle mondiale la bataille du Tiers Monde contre l'ordre économique en vigueur, en particulier contre la dette extérieure et le gaspillage des ressources comme conséquence des dépenses militaires.

 

Il a pris la tête de la lutte du peuple Cubain pour affronter les effets du blocus économique imposé à Cuba par les Etats-Unis et les conséquences du plan économique de destruction du socialisme dans les pays européens, et il a encouragé l'action tenace des Cubains pour surmonter les graves difficultés résultant de ces facteurs, ainsi que sa résistance durant la "Période Spéciale".

 

Le 31 Juillet 2006, il délègue provisoirement ses responsabilités à la tête de l'Etat, du gouvernement, des Forces Armées Révolutionnaires (FAR) et du Parti Communiste (PCC), en raison d'un accident de santé.

 

Le 19 Février 2008, dans un message au pays, il signale: "je n'aspirerai ni n'accepterai la charge de Président du Conseil d'Etat et de Commandant en Chef."

 

Dans ce message, Fidel expose sans dramatiser qu'il trahirait sa conscience en prenant une responsabilité qui demande une mobilité et un don total de soi qu'il n'est pas en condition physique d'offrir.

 

Ensuite furent données à connaître ses Réflexions, publiées par Cubadebate. Ces écrits sont devenus une référence obligatoire à cause des exposés qu'y fait le leader de la Révolution cubaine et le guide des peuples du monde soucieux de leur dignité.

 

Depuis Aporrea.org nous faisons parvenir notre voix d'affection et de félicitations au Commandant Fidel pour ses 84 ans.

 

Source: http://www.aporrea.org/internacionales/n163322.html

 

Hugo Chavez (Vénézuéla), Daniel Ortega (Nicaragua), Evo Morales (Bolivie), le théologien de la liberté Brésilien, Leonardo Boff, et bien d’autres leader ont félicité Fidel pour son anniversaire : http://www.cubadebate.cu/noticias/2010/08/14/chavez-evo-y-daniel-y-otros-lideres-felicitan-a-fidel-por-cumpleanos-video/

 

Et, bien sûr, les Cubains :

Video : http://www.youtube.com/user/CubainformacionTV

Traduction : Alma

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14 août 2010 6 14 /08 /août /2010 00:26

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Le 12 mars 2004, nous apprîmes qu’un citoyen d’origine argentine mais naturalisé mexicain était réclamé par l’Interpol pour un cas d’opération de provenance illicite.

L’investigation prouva que cet homme était entré dans notre pays le 27 février dans un jet privé, en compagnie de quelqu’un d’autre, et qu’il était descendu dans une chambre d’hôte légale.

Il fut arrêté le 30 mars.

Le 31, le ministère mexicain des Affaires étrangères présenta à son homologue cubain une requête d’extradition concernant Carlos Ahumada Kurtz, contre qui existait un mandat d’arrêt pour participation probable à un délit de fraude générique.

Cinq jours après, à la suite de l’enquête, il fut placé en prison préventive.

Il déclara au cours des interrogatoires qu’il s’était mis d’accord, dès novembre 2003, avec des leaders politiques du Parti Action nationale (PAN) et du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), le sénateur Diego Fernández de Cevallos et l’ancien président Carlos Salinas de Gortari, pour dénoncer les manigances frauduleuses de fonctionnaires du gouvernement du District fédéral (Mexico) qui étaient de proches collaborateurs du gouverneur Andrés Manuel López Obrador, du Parti révolutionnaire démocratique (PRD). Des vidéos filmés par lui-même ou par des collaborateurs montraient le secrétaire personnel du gouverneur, René Bejarano, en train de toucher des milliers de dollars des mains d’Ahumada, ou alors le secrétaire des finances du District fédéral, Gustavo Ponce Meléndez, en train de dépenser de grosses sommes dans un casino de Las Vegas (USA), les vidéos ayant été présentés à la télévision mexicaine.

On avait tendu un piège à Bejarano : après qu’il eut critiqué violemment à un programme de télévision la corruption de fonctionnaires publics, on le fit passer dans un studio attenant où on lui présenta une vidéo où on le voyait en train de toucher de l’argent, d’où un grand scandale qui détruisit son prestige.

Salinas de Gortari et Fernández de Cevallos virent les vidéos avant et organisèrent, de concert avec Santiago Creel, secrétaire de l’Intérieur, et Rafael  Macedo de la Concha, procureur général de la République sous le gouvernement  Fox, la dénonciation et sa diffusion postérieure, tout en offrant à Bejarano en échange une soutien économique pour ses affaires et une protection judiciaire pour lui-même et sa famille.

Ahumada  eut plusieurs contacts avec Fernández de Cevallos, pour analyser la qualité des vidéos et les améliorer, voire pour occulter son propre visage, et il ratifia sa dénonciation dans une chambre de l’hôtel Présidente, de Mexico, en présence de représentants du ministère public.

Une fois les vidéos diffusées, Salinas lui indiqua, à travers son avocat Juan Collado Mocelo et son adjoint personnel Adán Ruiz, d’abandonner Mexico et de se réfugier à Cuba, ce qui se fit par contact téléphonique et visite du personnel susmentionné.

Il s’agissait avant tout, selon des déclarations d’Ahumada, de discréditer  López Obrador et le PRD pour l’affaiblir comme candidat présidentiel  aux élections de 2006.

Carlos Ahumada Kurtz fut expulsé au Mexique le 28 avril 2004 et remis à la police qui le plaça sous la juridiction du juge de Mexico qui avait rédigé le mandat d’arrêt. Notre ministère des Relations extérieures confirma ce même jour la procédure suivie contre Ahumada et sa déportation.

Celui-ci, pendant son arrestation à Cuba, reçut la visite de sa femme, du consul et fut autorisé à titre exceptionnel à avoir un entretien avec l’avocat de Salinas, Juan Collado.

Ce cas déclencha une grosse campagne médiatique.

Des dirigeants de différents partis, en particulier le PRD, se montrèrent d’accord avec Cuba en ce qui concernait la déportation ; notre ministère de l’Intérieur signale même dans un rapport reçu hier, 11 août 2010 que López Obrador avait été satisfait de cette mesure.

Par ailleurs, un « Rapport d’analyse des informations sur la déportation de Carlos Ahumada »  signalait dans un paragraphe : « Le président du PRD, Godoy,  a téléphoné à notre ambassade, pour dire sa "satisfaction" de la déclaration "cubaine" et de la "déportation". Il a dit aussi que López Obrador "était très satisfait”. » C’était ce qui nous intéressait le plus.

Le procureur général de Mexico « a appelé notre ambassade pour se féliciter de cette déportation et demander des renseignements sur le vol ».

Et ainsi de suite. De nombreuses personnalités, des représentants d’organisations et de partis politique, des députés et des sénateurs, nous exprimèrent leur satisfaction et leur gratitude.

Blanche Petrich et Gerardo Arreola, envoyée et correspondant, respectivement, de La Jornada, câblèrent la dépêche suivante :

« Le détenu implique directement de hauts fonctionnaires du gouvernement, a signalé le ministre cubain des Relations extérieures.

« La Havane, 5 mai. Assis au bord d’un sofa à brocart passé de mode, grassouillet, la bonne mine, l’industriel Carlos Ahumada affirme à ses interlocuteurs assis à côté de la caméra qui le filme : "Je ne voulais pas lâcher les vidéos, parce que c’était en quelque sorte mon seul moyen de pouvoir négocier ce que je voulais négocier, autrement dit de l’aide. Hélas, j’ai fini par tout lâcher, et on ne m’a rien donné en échange. Même pas une protection juridique, puisqu’on m’accuse au contraire de blanchiment d’argent, et je n’ai pas reçu non plus d’aide économique. Bref, on ne m’a rien donné et je suis prisonnier ici. "

“A dose homéopathique, à peine quatre minutes de ces redoutables vidéos aux mains du gouvernement cubain, le ministre des Relations extérieure Felipe Pérez Roque a présenté "les preuves" que lui demandait le secrétaire aux Affaires étrangères, Luis Ernesto Derbez.

« "Les faits – a conclu Pérez Roque – ont, hélas, des connotations politiques considérables, parce que de hauts fonctionnaires du gouvernement sont impliqués dans la planification, la réalisation et la diffusion de ces vidéos a des fins politiques".

« Dans les extraits présentés cet après-midi à la presse, Ahumada ne mentionne aucun nom de l’équipe de Fox, ni ne donne des détails du complot tramé contre la figure politique du chef du gouvernement de Mexico, Andrés Manuel López Obrador, ni aucun indice de l’identité de ceux qui sont derrière lui. Et ce, bien que le ministère des Relations extérieures ait dit que les autorités judiciaires cubaines possédaient "des heures et des heures » de déclarations enregistrées du détenu. "Ahumada en a dit bien plus à nos fonctionnaires".

« Qui sont ces "ils" dont parle Ahumada ? Quels sont ceux que montrent les vidéos ? »

« "Ce sera au gouvernement mexicain de le dire. Nous avons dit, nous, qu’il avait dit que de hauts fonctionnaires étaient impliqués dans la planification préalable de toute cette affaire. Il a déclaré que les objectifs en étaient politiques. C’est au Mexique à mener une enquête là-dessus. Ce n’est pas notre objectif à nous. Nous, nous avons été contraitns de donner ces preuves parce que le ministre mexicain, Derbez, nous a sommés d’en présenter. Cette sommation nous a obligés à aller plus loin. "

« "Pendant un mois, Cuba a fait l’objet d’accusations et de versions selon lesquelles nous protégions Ahumada. Je répète que ce sont les autorités mexicaines qui sont obligées de rendre compte au système politique et au peuple mexicain de ces faits", a insisté Pérez Roque.

Cette dépêche intéressante s’étend sur plusieurs pages que je ne tente même pas de résumer, parce que je ne veux pas m’étendre aussi longtemps que dans mes Réflexions d’hier.

Je tiens seulement à mentionner une instruction indispensable que j’avais donnée le 2 avril 2004 au vice-chef du département des relations internationales du Comité central du parti, José Arbesú, afin qu’il aille au Mexique pour clarifier parfaitement notre position sur le cas Ahumada :

« Il faut le faire auprès de tous les dirigeants des partis, que nos gens aillent leur parler, non seulement au PRD, au PRI, mais aussi au PT, à Convergencia. I l faut aussi parler à Bolaños [notre ambassade au Mexique]. Il faut leur expliquer comment ça s’est passé, comment nous l’avons appris, faire tomber toutes les questions qu’on se pose.

« Il faut dire tout d’abord à Obrador que nous ne sommes pas mêlés à un complot contre lui, à aucune conspiration, que nous ne sommes ligués avec personne pour lui faire du tort, que nous avons appris qu’Ahumada était là, que nous ne sommes pas capables de faire une chose pareille.

« Que nous avons appris par l’Interpol que cet individu était dans notre pays.

« Que, vrai, nous avons beaucoup de problèmes à régler, que nous sommes occupés à d’autres choses, et que la direction du pays n’était pas même pas au courant de ces scandales…

« Que, dès que nous l’avons appris, nous avons ordonné une enquête. Que nous avons même arrêté ce type pour savoir et apprendre ; qu’il n’était pas la seule victime, mais que l’honneur, le prestige du pays, de la Révolution étaient en jeu. Qu’il ne doit pas y avoir de confusion là-dessus. Que tout ce qu’il a à dire nous intéresse au contraire.

« Demander leur opinion à ceux du PRI, aux autres, à tout le monde ; ce que nous voulons, c’est qu’ils nous parlent. Et tu leur fais à tous le laïus de notre position, comment on nous a mêlés à ça, et que nous n’allons pas permettre qu’on nous implique dans des cochonneries, qu’on nous accuse de protéger et d’appuyer… »

Les gens du parti de López Obrador voulaient qu’on leur envoie une copie des déclarations filmées d’Ahumada, mais nous ne pouvions pas les satisfaire. Nous les avons adressées comme de juste à l’autorité qui avait réclamé l’extradition. Toute autre attitude n’aurait pas été sérieuse.

Nous comprenons parfaitement la méfiance de López Obrador. Il avait été trahi par des gens qu’il croyait honnêtes, et ceux qui étaient prêts à lui porter un coup de poignard ont profité des circonstances.

Il y avait une raison de plus. Quand Ahumada lui a montré les vidéos, qu’il qualifia de « missile atomique » contre Obrador, Salinas était à Cuba. C’était un type extrêmement habile, qui savait bouger ses pièces en joueur d’échecs expert, avec un talent bien supérieur à celui de son entourage.

Quand il était président du Mexique, son rival était Cuauhtémoc Cárdenas avec qui, pour des raisons qui coulent de source,  nous avions d’excellentes relations. Tous les États, grands, moyens et petits, avaient reconnu Salinas.

Cuba fut la dernière à le faire. Ce n’est que quelques jours avant la passation du pouvoir que nous avons accepté son invitation d’y assister.

Je ne savais pas qu’il y ait eu des fraudes. Salinas était le candidat du PRI, un parti pour lequel les électeurs mexicains avaient toujours voté des décennies durant. Seul le cœur me faisait croire qu’on avait volé les élections à Cuauhtémoc.

Salinas fut extrêmement aimable avec moi ce jour-là, il conversa pas mal et il me montra sa gigantesque bibliothèque de deux étages bourrée de livres. Ils ne faisaient pas tapisserie.

Quelque chose de très important arriva. Nous étions en août 1994, un moment de crise migratoire sérieuse entre Cuba et les USA. William Clinton, le président étasunien d’alors, qui ne voulait pas de Carter, lequel s’était proposé comme médiateur, et que je préférais, moi, nomma Salinas et je fus forcé de l’accepter.

Il se porta bien, et agit vraiment en médiateur, non comme un allié des USA. Et c’est ainsi qu’un accord fut signé entre nos deux pays, alors que celui que nous avons obtenu lors de la première crise, sous Reagan, n’avait été qu’un faux-semblant.

Quand Zedillo, quelqu’un de vraiment médiocre, son successeur à la présidence, méfiant peut-être de son influence politique, lui interdit de vivre au Mexique, Salinas, qui traversait alors une situation personnelle difficile, demanda à vivre à Cuba. Nous l’autorisâmes sans hésitation, et c’est ici que naquit la première fille de son second mariage.

Il voulut investir dans notre pays, mais nous ne lui permîmes pas. Il acheta la villa d’un particulier dans la capitale.

William Clinton, lui, ne se porta pas bien. Il respecta les accords migratoires, mais il maintint le blocus économique, la Loi d’ajustement cubain et, dès qu’il put, il durcit les pressions économiques contre Cuba par la Loi Helms-Burton, toujours en vigueur.

Quand Salinas a raconté dans un livre le rôle qu’il a joué dans les négociations migratoires, il  a dit la vérité, coïncidant en cela avec le journal de gauche New Yorker, qui a narré les activités de Richardson, alors secrétaire à l’Énergie, durant sa visite à Cuba : celui-ci a proposé à Clinton d’interdire les vols provocateurs d’avions utilisés durant la guerre du Vietnam au-dessus de l’espace aérien de La Havane, parce que nous lui avions dit que nous ne tolérerions plus ces violations.

Avant de regagner les USA, il m’a dit que cela n’arriverait plus, et j’ai cessé de m’occuper de ce problème. Les choses ne  se sont pas passées, hélas, comme il le prévoyait, et l’incident a bel et bien eu lieu.

Salinas a continué de visiter Cuba avec une certaine fréquence, nous avions des échanges, et il n’a jamais tenté de me berner. Je suis ensuite tombé gravement malade le 26 juillet 2006 et je n’ai plus rien su de lui.

Je n’ai pas changé. Je serai fidèle aux principes et à la morale que j’ai pratiqués depuis que je me suis fait révolutionnaire.

Je m’honore aujourd’hui de partager les vues de Manuel López Obrador, et je n’ai pas le moindre doute que, bien plus tôt qu’il ne l’imagine, tout changera  au Mexique.

« …les arbres doivent se mettre en rang pour que le géant aux bottes de sept lieues ne passe pas ! C’est l’heure du dénombrement et de la marche unie, et nous devons aller en carré serré, comme l’argent à la racine des Andes ! » Voilà ce qu’écrivait José Martí, il y a de cela presque cent vingt ans, le 1er janvier 1891.

 

Fidel Castro Ruz

Le 12 août 2010

21 h 30

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13 août 2010 5 13 /08 /août /2010 13:55

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je lisais ce matin 13 août, jour où Fidel entrera dans sa 84 e année ce qu’avait dit un peintre-céramiste cubain Fuster : « Fidel est ma joie de vivre » et j’ai ressenti la même chose.  Moi qui ne suis cubaine que d’adoption, bien que mes grands parents polonais se soient naturalisés Cubains quand ils ont fui Hitler, je partageais cette allégresse. Oui Fidel est la voix de cette Révolution que j’ai tant aimée parce qu’elle correspond au meilleur de l’humanité. Il suffit que j’entende Fidel et toutes les mesquineries, les déceptions de l’engagement, les échecs s’effacent, la voix me dit « Nous devons faire ce qui est le sens de notre vie et tout le reste importe peu ». Et me voici régénérée parce que le chemin est plus clair, je suis avec les autres, l’ego douloureux oublié dans cette étrange mission à laquelle le commandant me convie…

 

Comment expliquer :  Fidel est une voix, mais pas celle d’un tribun, pas celle d’un démagogue, il y a de l’intimité, mais aussi de la force dans cette voix, ce n’est pas une voix qui impose mais elle ouvre le dialogue, elle nous fait suivre et partager un raisonnement parfois même on a l’impression de se perdre dans les méandres de son insatiable curiosité mais c’est toujours pour mieux comprendre, pour dénoncer les illusions nocives, les mensonges. On passe sans transition du détail le plus trivial mais aussi le plus pointu à la philosophie, à la dialectique de la nature… La raison critique se déploie, la logique rationnelle et pourtant le projet est utopique autant que sportif, un dépassement de soi: la  voix  nous invite à escalader des montagnes et de là-haut, après avoir  donné le meilleur de nous-mêmes dans l’escalade, la main nous désigne un point de l’horizon en nous décrivant quelque chose que nous ne pouvons pas encore voir mais qui exalte notre imagination. Là est ce dont nous avons toujours rêvé, on le devine à peine, ce sera pour ceux qui nous suivront, mais nous nous sommes la génération qui a su que c’était possible, nous avons lutté, enlevé les pierres du chemin pour que ce destin soit celui de l’humanité.

Ce grand seigneur courtois même avec ses adversaires appartient à cette Amérique latine chevaleresque, il en appelle toujours au meilleur de nous mêmes. Pourtant décrire cet appel à l’utopie est insuffisant, très insuffisant, jamais il n’emporterait l’adhésion du peuple cubain s’il était seulement un Don Quichotte aventurier, ce qui caractérise Fidel est le réalisme des moyens pour parvenir aux buts. Oui nous dit-il c’est possible, il suffit de mettre le pied sur un terrain solide, celui où le pas s’affermit.Ca parait fou, mais puisqu’il le dit,  alors que  nous avons tous cet instant de doute, nous faisons le choix de le suivre parce que c’est lui, son désinteressement, son expérience et l’horizon qu’il nous fait entrevoir.
 
Fidel est l’homme qui voit loin, beaucoup plus loin que tous les autres, Machiavel a déjà noté ces hommes exceptionnels qui voient très loin, ce qui est important parce qu’ils interviennent alors que l’on peut encore corriger ce qui commence à poindre. Mais le danger avec ce type d’individu est que personne ne les croit puisqu’ils parlent de choses encore inconnues des autres et Fidel a de surcroit  la capacité d’emporter la conviction de ceux qui l’entourent, son peuple et nous tous…  

C’est ce que nous avions expliqué avec J.F.Bonaldi dans notre livre, nous l’avons écrit grace à la connaissance fantastique que Bonaldi a accumulé sur Fidel, une connaissance au jour le jour, depuis trente ans, je me suis laissée guider par ce parcours d’une français vivant à la havane et traduisant les discours de Fidel, ce savoir fait de respect, d’allégresse et de dévouement, je l’ai vu pendant le long silence de Fidel être gagné par la tristesse mais demeurer patient et j’ai beaucoup appris sur ce qui permet à un révolutionnaire de tenir y compris quand il perd la joie de vivre parce qu’il a du mal à entendre la voix de la révolution, parce que les temps sont difficiles et que plus encore que de pain il a besoin d’espérance…
Mais je voudrais dire aussi ma propre manière de tenter d’approcher ce qui fait de Fidel ce personnage d’exception et le peuple cubain son alter ego. En tentant de comprendre ce phénomène politique je ne sortais des écrits de Fidel que pour me pénétrer de deux lectures apparement étrangères au monde cubain, Ernst Bloch, le marxiste allemand, et son « principe espérance » où le rôle de l’utopie et dans le même temps je n’ai cessé de lire et relire le contrepoint de cette pensée là avec Machiavel, tout Machiavel, le prince mais pas seulement son oeuvre complète, le réalisme, la stratégie la plus intelligente. Quand j’arrêtais ces lectures c’était pour vivre le quotidien des Cubains, me pénétrer de leurs manières d’être, pour comprendre cette « symbiose » joyeuse et profonde.

Ce regard sur le Révolutionnaire Fidel Castro paradoxalement m’a rapproché de Raoul, si l’ainé reste un hidalgo austère et toujours un peu seul depuis la mort du Che, Raoul est le Cubain, sa transformation révolutionnaire vers toujours plus de collectif. Il y a quelque chose dans ce peuple qui bouleverse ceux qui le découvrent, un véritable pas en avant vers une autre humanité, ce n’est pas individuel, c’est collectif. C’est le syncrétisme cubain qui mèle toutes les couleurs, toutes les musiques, dépasse le traumatisme de l’esclavage pour aller vers les étoiles, la petite étoile cubaine… Alors que l’Empire s’enfonce dans la nuit et menace de nous entraîner dans l’éxplosion de mille soleils, la petite étoile, faible lueur continue à vaciller au loin, elle est celle de notre nécessaire Révolution si nous voulons survivre, la victoire du savoir et de l’intelligence sur la puissance…  Cela n’a pas commencé avec Fidel mais depuis les Lumière, le père Varela, l’influence de la Révolution française, cela s’est poursuivi au XIX e siècle avec maceo, Marti, au XXe avec les luttes ouvrières, celle du tabac, de la canne à sucre, et le génie de Fidel et des barbudos a été de savoir qu’une poignée à peine armée si elle représente l’unité d’un peuple vainct toutes les armées mercenaires, cette unité est construite dans l’Histoire et dans la victoire sur toutes les oppressions, elle est irresistible, la victoire stratégique qui surmonte tous les handicaps… Et il est logique qu’à partir d’une telle vision, il nous explique que le recours aux armes est inutile que le combat est celui du corps à corps, du coeur à coeur, de l’intelligence à l’intelligence de chacun avec chacun pour emporter la conviction de tous. A Cuba, il s’est passé quelque chose l’amorce d’une transformation, d’un nouveau destin pour nous tous.

Merci commandante, merci au peuple cubain, à tous les compagnons de Fidel avec à leur tête son frère Raoul. Merci de nous convaincre qu’un autre destin est possible pour l’humanité et que nous pouvons dépasser les concurrences, les haines, l’individualisme forcené et destructeur, l’avidité dans laquelle nous sommes emprisonnés et toutes ces choses absurdes qui nous déchirent vainement.

mais écoutez plutôt et voyez cette video… Oui il y a tant de choses à défendre…

13 Ago 2010 | 5 Comentarios

Feliz cumpleaños Commandante Fidel .

Danielle Bleitrach


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13 août 2010 5 13 /08 /août /2010 08:32

 


Fidel, Fidel, les peuples te remercient

paroles en action et faits qui chantent,

c'est pourquoi de loin je t'ai apporté

une coupe du vin de ma patrie:

il est le sang d'un peuple souterrain

qui arrive depuis l'ombre jusqu'à ta gorge,

miniers qui vivent depuis des siècles

en puisant du feu de la terre glacée.

Ils vont sous la mer chercher les charbons

Et quand ils reviennent ce sont des fantômes:

Habitués à la nuit éternelle,

on leur a volé la lumière du jour

et cependant tu as ici la coupe

d'autant de souffrances et de distances:

l'allégresse de l'homme emprisonné,

peuplé par des ténèbres et des espoirs

qui à l'intérieur de la mine sait quand

le printemps arrive et son parfum

parce qu'il sait que l'homme est en lutte

jusqu'à atteindre la clarté la plus large.

C'est Cuba que les mineurs austraux voient,

les enfants solitaires de la pampa,

les bergers du froid en Patagonie,

les parents de l'étain et de l'argent,

ceux qui se marient à la cordillère

tirant le cuivre de Chuquicamata,

des hommes d'autobus dissimulés

dans des multitudes pures de nostalgie,

les femmes de champs et les femmes d'ateliers,

les enfants qui ont pleuré leurs enfances:

c'est cette coupe-ci, prends-la, Fidel.

Elle est pleine de tant et tant d'espoirs

Qu'en buvant tu sauras que ta victoire

est pareille au vieux vin de ma patrie:

il n'est pas fait par un homme mais plusieurs

pas par un seul raisin mais plusieurs plantes:

ce n'est pas une goutte mais plusieurs rivières:

pas un capitaine mais plusieurs batailles.

Ils sont avec toi car tu représentes

tout l'honneur de notre longue lutte

et si Cuba tombait nous tomberions,

et nous viendrions pour la soulever,

et si elle fleurit de toutes ses fleurs

elle fleurira de notre propre sève.

Et s'ils s'aventurent à toucher le front

de Cuba par tes mains libérée

ce sont les poings du peuple qu'ils trouveront,

nous sortirons les armes enterrées:

le sang et l'orgueil arriveront

pour défendre la Cuba la bien aimée.

Pablo Neruda dans Canción de gesta, 1960, Traduction de M C

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13 août 2010 5 13 /08 /août /2010 07:36

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Aristote, le plus célèbre philosophe de l’Histoire, me l’a appris.

L’être humain est capable des actions les plus merveilleuses et des pires iniquités.

Fort de son étonnante intelligence, il est à même d’user des lois inaltérables de la Nature pour faire le bien ou pour faire le mal.

À l’époque où nous préparions notre lutte armée dans les montagnes cubaines, j’ai vécu dans la grande nation mexicaine – que chaque Cubain a toujours considéré comme un peu à soi – alors que j’avais bien moins d’expérience qu’aujourd’hui une période de temps fugace mais inoubliable où toutes les merveilles se réunissaient sur un coin de la Terre.

Je n’aurais pas les mots pour décrire mes impressions aussi bien que vient de le faire un Mexicain qui n’est pas pour rien le plus autorisé pour parler de la tragédie de son pays, puisqu’il a été élu gouverneur de l’important district électoral de Mexico, la capitale, et qu’il a été le candidat de la « coalition pour le bien de tous » aux dernières élections de 2006.

Des élections qu’il a, certes, remportées face au candidat du PAN. Mais l’Empire ne lui a pas permis d’accéder à la présidence.

À l’instar d’autres dirigeants politiques, je savais comment Washington avait peaufiné les idées du « néolibéralisme » et les avait vendues aux pays d’Amérique latine et à ceux du reste du monde comme la quintessence de la démocratie politique et du développement économique, mais je ne trouve pas d’exemple plus clair de la façon dont a utilisé cette doctrine pour détruire et engloutir les richesse de ce pays si important, riche en ressources naturelles et foyer d’un peuple héroïque dont la culture remonte à avant l’ère chrétienne, voilà plus de deux mille ans.

Andrés Manuel López Obrador, avec qui je n’ai jamais parlé et à qui ne me lie aucune amitié, vient de publier un petit livre où il expose brillamment  – et je lui en sais gré – ce qu’il se passe dans ce pays frère : La Mafia qui s’est emparé du Mexique… et 2012.

Il m’est arrivé entre les mains voilà quatre jours, le 7 août, dans l’après-midi, au retour de ma réunion avec les députés de notre Assemblée nationale du pouvoir populaire. Je l’ai dévoré. Il décrit la façon dont les États-Unis dévorent à pleines dents un pays frère de ce continent, auquel il a arraché jadis presque la moitié de son territoire, les plus grandes mines d’or au meilleur aloi, et la richesse pétrolière qu’il avait exploité intensément pendant plus d’un siècle et qui fournit encore presque trois millions de barils par jour. Sans parler des énormes extractions de gaz dont j’ignore les chiffres.

Obrador explique au premier chapitre un très curieux phénomène : la disparition du chemin de fer, créé à l’époque de Benito Juárez avec l’ouverture du premier tronçon entre Mexico et Veracruz.

Sous Porfirio Díaz, le réseau s’étendit sur plus de vingt mille kilomètres et s’élargit encore plus considérablement avec la Révolution mexicaine.

Obrador raconte qu’il n’existe plus qu’une voie ferrée qui

« va de Chihuahua (Chihuahua) à Los Mochis (Sinaloa). En un clin d’œil, les technocrates liquidèrent les illusions des libéraux du XIXe siècle qui voyaient dans la communication par chemin de fer la voie idéale pour faire progresser le Mexique. »

« L’arrivée de Fox à la présidence de la République n’a servi qu’à recomposer le vieux régime et à maintenir la même corruption. Il s’agissait en fait du sexennat du Guépard : tout changer en apparence pour que tout reste pareil. Dès avant de monter à la présidence, Fox s’est soumis aux organismes financiers internationaux et a continué, bien entendu, d’être au service des potentats du pays. Qui plus est, non content de maintenir  telle quelle  la politique économique, il s’est appuyé sur le même groupe de technocrates qui agit depuis l’époque de Salinas.

[…]Aujourd’hui, la quasi-totalité des institutions bancaires appartiennent à des étrangers ; elles n’octroient pas de crédits pour développer le pays, elles investissent dans des valeurs publiques, elles encaissent les taux d’intérêt les plus élevés au monde, font des profits fabuleux et sont la source clef du transfert de ressources à leurs maisons mères d’Espagne, des États-Unis et d’Angleterre.

Fox a continué de brader les biens du peuple et de la nation à des particuliers, Mexicains et étrangers […] il a étendu sans limites la braderie du territoire national pour y exploiter l’or, l’argent et le cuivre […] il a modifié la Loi minière pour octroyer des concessions uniques de prospection et d’exploitation pour jusqu’à cinquante ans prorogeables […] au point que jusqu’en décembre 2008, les concessions se montent à 24 816 396 hectares, soit 12 p. 100 du territoire national ou la superficie de l’Etat de Chihuahua, le plus grand du pays.

Les chiffres que donne López Obrador à la fin de son chapitre premier sont tout à fait étonnants et surprenants, même pour ceux qui ont la pire opinion du néolibéralisme.

« En 2005, sous le foxisme, la loi de l’impôt sur le revenu a été modifiée encore une fois pour permettre à nouveau aux grandes sociétés de conserver la totalité de leurs profits. Pour mieux comprendre ce que cela veut dire, que l’on sache qu’en 2008, selon des chiffres officiels, quatre cents gros monopoles qui ont eu des revenus pour cinq billions de pesos – soit plus de la moitié du produit intérieur brut de l’année – n’ont payé que 1,7 p. 100 d’impôt sur le revenu et au titre de l’impôt entrepreneurial à taux unique (IETU).

« De plus, c’est sous le gouvernement Fox qu’on a enregistré le plus d’allègements d’impôts en faveur de ce qu’on appelle les gros contribuables, les gouvernements du PRI et du PAN ayant voulu justifier  bien entendu ces prébendes fiscales sous le prétexte fallacieux de l’encouragement aux investissements. Si cela était vrai, alors le pays aurait connu une croissance économique durant ces vingt-sept dernières années, et non la paralysie en cours. On peut d’ailleurs prouver que les allègements d’impôts sont supérieurs à la croissance des investissements privés : rien que de 2001 à 2005, alors que ces derniers ont augmenté de 279 milliards de pesos, les allégements se sont chiffrés à 604 milliards, soit plus du double. La corruption au sommet de l’État est si officielle que l’Institut fédéral d’accès à l’information publique (IFAI) a décidé de maintenir secrets pendant douze ans – jusqu’en 2019 – les noms des sociétés que le Service de l’administration fiscale (SAT) a avantagées en 2005 en leur rendant des millions de pesos d’impôts.

Voilà ce qu’a dit exactement Carlos Ahumada quand nous l’avons arrêté à Cuba pour violation de nos lois. López Obrador connaît cette déclaration parce que nous lui avons envoyé les minutes correspondantes en même temps que l’intéressé, le 28 avril 2004.

Le fait a constitué sans aucun doute la plus grande escroquerie politique de l’histoire du continent. J’éclaircirai certains points avec une précision totale.

Toujours au chapitre premier, avec, en sous-titre, “Les maîtres du Mexique », López Obrador écrit :

« Durant tout le temps que j’ai été chef du gouvernement de Mexico (2000-2005), j’ai connu presque tous les membres de cette élite… »

Je partage son opinion sur Carlos Slim. Que j’ai connu moi aussi. Il me rendait toujours visite quand j’allais au Mexique et il l’a fait une fois à Cuba, me faisant cadeau d’un téléviseur – le plus moderne d’alors – que j’ai conservé chez moi jusque voilà un an. Il ne prétendait pas me soudoyer. Et moi, je ne lui ai jamais demandé aucune faveur. Bien qu’il soit le plus riche de tous – sa fortune dépasse les 60 milliards de dollars – c’est quelqu’un d’intelligent qui connaît tous les secrets de la Bourse et les mécanismes du système capitaliste.

Il y aurait des multimillionnaires, avec ou sans Salinas, avec ou sans Fox, mais jamais autant, bien entendu, autant que sous la mafia qui s’est emparée du Mexique et que López Obrador identifie dans son livre.

Le chapitre 2 s’intitule : “Abandon, corruption et pauvreté ». Il donne la croissance du PIB des pays du monde de 1982 à 2009 ; il admire les 101, p. 100 de la Chine. Et il mentionne dans un paragraphe à part celle de 2009.

« Par-dessus le marché, le Mexique a occupé cette année-là le dernier rang parmi tous les pays du continent et, aussi incroyable que cela paraisse, après Haïti.

« Les technocrates ont agi en fondamentalistes. Non contents de se plier à l’orthodoxie des organismes financiers internationaux, ils ont converti leurs recommandations en une idéologie.

« Le Mexique rural a été le plus touché par les politiques néolibérales. L’abandon des campagnes est dramatique. Je me rappelle encore ce qu’affirmait, tout heureux, Pedro Aspe, secrétaire des Finances du gouvernement Salinas : pas la peine de promouvoir les activités productives dans le secteur agricole parce que, dans un univers mondialisé, il est plus économique d’acheter à l’étranger ce que nous consommons.

« L’ensemble des politiques néolibérales appliquées à la campagne a provoqué un grave retard de la production agricole par rapport à la croissance démographique. Du triennat 1980-1982 au triennat 2007-2009,  le PIB par habitant dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de la sylviculture et de la pêche a diminué de 15,2 p. 100. Autrement dit, alors que la production alimentaire totale a progressé à un rythme annuel de 1,5 p. 100, la population l’a fait, elle, de 1,7 p. 100.

« À compter de 1996, la production de pétrole a continué de s’élever pour battre en 2004 un record de 1 231 145 000 barils. De 1996 à 2004, les exportations de brut sont passées de 563 millions à 683 millions de barils par an, en coïncidence avec la surexploitation du complexe Cantarell, dont la production, qui représentait 47 p. 100 de la production nationale en 2000 en représentait 61 p. 100 en 2004, ce qui en a fait le gisement de pétrole à plus fort rendement dans l’histoire du monde.

« Tandis que l’extraction de pétrole augmentait, les réserves vérifiées chutaient d’une manière catastrophique : 48,3 milliards de barils en 1982, mais à peine 10 milliards en 2009. Rien que sous le gouvernement Fox, le tiers des réserves vérifiées a été consommé.

« Cette politique technocratique absurde a aussi causé des ravages dans le raffinage, le gaz et la pétrochimie. Les sociétés liées à ces activités se sont vues priver de ressources pour pouvoir s’étendre et se moderniser. Le pays n’a pas construit une seule raffinerie depuis 1979. À la suite de notre mouvement, Calderón a été contraint de dire qu’il en ferait une, mais deux ans se sont écoulés et pas une seule brique n’a encore été mise en place.

« Parallèlement, on a fixé comme prix de référence celui des USA, le plus cher au monde. Si bien que nous sommes devenus des importateurs de gaz.

« Dans la pétrochimie, faute d’investissements et par suite de l’abandon, tout ce qu’on a fait c’est réduire les "pertes" des complexes en supprimant des lignes de production.

« …les grandes sociétés industrielles et financières ont choisi de confisquer à Pemex tous ses revenus. De 2000 à 2009, cette société a enregistré des ventes accumulées de 8,841 billions de pesos et a payé des impôts pour 6,185 billions, soit 70 p. 100 de ses ventes. […] tandis que ses investissements publics directs (dette non comprise) se sont montés à 437 milliards de pesos, soit 5 p. 100 de ses ventes totales.

« Logiquement, une fois adoptée la politique néolibérale, le secteur énergétique a resserré ses liens avec les intérêts étrangers, ce qui a fait s’éloigner encore plus la possibilité de l’intégrer et de s’en servir comme levier du développement national, et tous les gouvernements néolibéraux ont maintenu l’idée et l’objectif de privatiser aussi bien l’industrie électrique que l’industrie pétrolière.

« Nous refusons l’occupation de notre territoire. Le Mexique doit rester un pays libre, indépendant et souverain. Nous ne voulons pas devenir une colonie.

« …je leur ai rappelé à cette occasion ce qu’avait dit une fois le général Lázaro Cárdenas del Río : "Un gouvernement ou un individu qui livre les ressources nationales à des sociétés étrangères trahit la patrie." À notre époque, hélas, la corruption prime le patriotisme.

« L’une des affaires les plus juteuses au bénéfice de fonctionnaires et d’entrepreneurs a été l’achat de gaz à des sociétés étrangères. Ce qui explique pourquoi les technocrates n’ont jamais eu d’intérêt à extraire du gaz ni à éviter son gaspillage. Le Mexique est le pays pétrolier qui brûle le plus de gaz dans l’atmosphère.

« Ce qui inquiète le plus les gens aujourd’hui, c’est le manque d’emplois. Le chômage est alarmant. Le retard a augmenté d’une manière exponentielle. On calcule qu’un million de jeunes arrive tous les ans sur le marché du travail et que les nouveaux emplois créés par l’économie formelle ne couvrent même pas le quart de la demande.

« Ceux qui ont pu conserver leur emploi touchent des revenus qui ne leur permettent même pas de satisfaire l’indispensable. Le Centre d’analyse multidisciplinaire de la faculté d’économie de l’UNAM soutient, dans un rapport d’enquête de janvier 2010, que 17 776 000 personnes, soit  41 p. 100 de la population économiquement active, reçoivent moins de deux salaires minimums qui ne leur permettent pas de se procurer un panier de la ménagère recommandable des points de vue nutritif, culturel et économique.

« En éducation, le retard est impressionnant : la population âgée de quinze ans ou plus qui n’a pas terminé l’école primaire se monte à 34 p. 100 ; l’analphabétisme atteint 9,46 p. 100, mais se monte jusqu’à 23 p. 100 dans des Etats à plus forte marginalisation comme Oaxaca, Guerrero y Chiapas.

« Au Mexique, seuls 2 jeunes sur 10 entrent à l’Université, soit à peine 20 p. 100, alors que l’Unesco a fixé comme paramètre de référence de 40 à 50 p. 100.

« Le recteur de l’UNAM, José Narro Robles, a fait savoir en février 2010 que seuls 10 350 candidats avaient passé l’examen d’entrée sur un total de 115 736, soit 8,9 p. 100.

« L’État ayant abandonné ses devoirs dans l’enseignement supérieur, les inscriptions dans des écoles privées ont augmenté de 16 à 37 p. 100 ces vingt dernières années.

López Obrador écrit au chapitre 3 :

Se sentant menacée, l’oligarchie, la mafia au pouvoir, n’a pas  hésité à démolir le peu qui avait été construit au Mexique pour instaurer la démocratie.

« Le temps et la réalité ont prouvé que la fraude a causé un tort énorme ; elle a blessé les sentiments de millions de Mexicains, il a sapé les institutions, avili totalement la société dite politique.

« Aujourd’hui, 9 mars 2009, à Tamazula (Durango), où est né le premier président du Mexique, Guadalupe Victoria, je conclus ma tournée dans les 2 038 municipalités du pays à régime de parti. Il ne me reste que les 418 municipalités de mœurs et coutumes indigènes de l’Etat d’Oaxaca, que je visiterai dans les quatre derniers mois de l’année.

« Pendant 430 jours, nous avons parcouru 148 173 kilomètres de routes goudronnées et de chemins de terre, pour atteindre les endroits les plus reculés du Mexique.

« La carence d’infrastructures et de services essentiels dans les communes est notoire. Des 2 038 que j’ai visitées, 108 ne disposent pas de routes goudronnées pour rejoindre les chefs-lieux. L’État le plus en retard à cet égard est Oaxaca : de ses 152 communes à régime de parti, 36 n’ont pas de routes goudronnées. Vient ensuite Puebla, avec 15. Là et dans la région montagneuse de Guerrero, j’ai constaté non seulement le mauvais état des routes, mais j’ai vu que les nouvelles, à peine construites, étaient d’une si mauvaise qualité qu’elles reviendront des chemins de terres dans un an au plus tard.

« Il est illogique de consommer tant de coca-cola ou son équivalent…

« Je crois que la consommation de ce soda, calculée à un million de litres par jour, se doit essentiellement à la publicité, au point de devenir dans certaines régions un signe de statut.

« Il faut absolument éliminer la politique économique actuelle qui n’a même pas donné de résultats en termes quantitatifs. Le Mexique est l’un des pays du monde où la croissance a été la plus faible ces dernières années.

« Il faut changer la manière de faire de la politique. Ce noble emploi s’est complètement perverti. La politique est aujourd’hui synonyme de tromperie, de magouilles au sommet et de corruption. Les législateurs, les dirigeants et les fonctionnaires publics sont coupés des sentiments du peuple ; l’idée continue de prévaloir que la politique est l’affaire des politiques, et non de tout le monde.

« La transformation dont le pays a besoin ne doit pas viser seulement la croissance économique, la démocratie, le développement et le bien-être ; elle implique aussi et surtout de cristalliser un nouveau courant de pensée reposant sur la culture de notre peuple, sur sa vocation au travail et sur son immense bonté, en y ajoutant des valeurs comme la tolérance, le respect de la diversité et la protection de l’environnement.

« Après avoir conclu en mars 2009 ma tournée dans les 2 038 communes à régime de parti du pays, j’ai élaboré un texte intitulé : "Le pays d’en bas : note sur ma tournée à travers le Mexique". Le 20 novembre, j’ai fini de visiter les 418 communes à mœurs et coutumes indigènes d’Oaxaca.

« Le peuple d’Oaxaca a pu survivre par sa culture. Il en émane une mystique de travail, du talent, de fortes relations familiales et communautaires. Ses liens à la terre l’aident à maintenir une économie d’autoconsommation basée sur le maïs, les haricots et des oiseaux de basse-cour, sur le café, l’exploitation des forêts, la fabrication de nattes et de chapeaux, l’artisanat et d’autres activités. Sa créativité et sa force de travail sont très appréciées dans les villes du pays, dans les campagnes du Nord et à l’étranger. Aux États-Unis, les Mixtèques se sont gagné à juste titre le renom d’être les meilleurs ouvriers au monde.

« Pourtant, à cause de l’abandon du gouvernement, Oaxaca est l’État le plus pauvre et le plus marginalisé du pays. Et ses habitants le ressentent aujourd’hui plus que jamais. Partons du fait qu’ils ont trois sources de subsistance fondamentales : l’économie d’autoconsommation, les soutiens gouvernementaux et l’argent provenant de l’émigration. Le principal, en tout cas, est la culture du maïs. Cette plante bénie garantit les aliments de base, dont la tortilla, complété par le haricot, le piment, le nopal, et permet d’alléger la faim. Pourtant, en 2009, à cause du retard des pluies, les récoltes ont été perdues et il leur a fallu acheter du maïs.

« La troisième source de revenus sont les fonds familiaux de l’étranger qui ont diminué en 2009 d’environ 18 p. 100, à cause de la crise économique aux USA et dans notre pays. Les revenus à ce titre avaient été estimés à Oaxaca à 1 456 000 000 de dollars en 2008, mais à seulement 1 194 000 000 en 2009.

« J’avais le cœur brisé de voir des hommes pleurer en évoquant leur situation difficile et l’abandon dans lequel ils se trouvent.

« Question santé, la constante est la même : l’abandon. Il existe des communes sans médecin ;  dans les cliniques de premier niveau des chefs-lieux, les médecins ne travaillent que de lundi à vendredi, et les médicaments manquent partout.

« Dans l’éducation, malgré les efforts des élèves et des professeurs, le retard est notable. Les écoles sont abandonnées, les toits sont en mauvaises conditions, les tableaux et les pupitres manquent, des salles sont faites de matériaux précaires. Et le plus regrettable, c’est que de nombreux enfants et adolescents doivent marcher deux heures pour aller à l’école et presque tous arrivent sans avoir pris un petit déjeuner.

« On m’a taxé sur le plan personnel de type messianique et de fou, Je fais ici une parenthèse pour raconter que j’ai participé récemment à un cycle de conférences au Collège de Mexico. Et l’historien Lorenzo Meyer m’a demandé si j’avais pensé à quelque chose pour contrecarrer les attaques contre moi parce que, si on m’avait associé en 2006 à Chávez que je ne connais même pas, il n’était pas farfelu de penser que, en vue des élections présidentielles de 2012, on me comparerait au moins à Osama Bin Laden.

« La campagne contre moi a atteint un tel niveau que beaucoup croient aux rumeurs selon lesquelles j’ai beaucoup d’argent et des résidences de luxe dans le pays et à l’étranger. Certains, obnubilés par leurs idées de droite, d’autres, complètement manipulés, ne peuvent accepter que je ne suis pas corrompu et que je me bats pour des idéaux et des principes, ce que je considère le plus important dans ma vie.

« Je suis fier toutefois de constater qu’on n’est pas parvenu à nous détruire et qu’on n’y arrivera pas. Non seulement parce que nous avons une autorité morale, mais aussi parce que nous, femmes et hommes qui participons à cette lutte, nous vouons un amour profond à nos semblables et que, au-delà des traîtrises et face à l’adversité, nous restons convaincus de pouvoir bâtir une société plus juste, plus humaine et plus égalitaire. »

Dans son chapitre final, López Obrador signale dix objectifs, résumé de sa pensée politique :

« 1. Récupérer l’État et le mettre au service du peuple et de la nation.

« 2. Démocratiser les médias.

« 3. Créer une nouvelle économie.

« 4. Combattre les pratiques monopolistiques.

« 5. Abolir les privilèges fiscaux.

« 6. Faire de la politique en tant qu’impératif moral et pratiquer l’austérité républicaine.

« 7. Renforcer le secteur énergétique.

« 8. Assurer la souveraineté alimentaire.

« 9. Instaurer l’Etat-providence.

« 10. Promouvoir un nouveau courant de pensée.

Il se demande:

« Que faire de la mafia ?

« Notre réponse à : que faire de la mafia ? ou plutôt : que faire des oligarques ? va dans un autre sens et part de notre conception que le principal problème du Mexique est justement la primauté d’une poignée de gens qui possèdent le pouvoir et sont les responsables de la tragédie nationale actuelle. Et si nous sommes attachés, comme cela est évident, à instaurer la démocratie et à transformer le pays, il vaut mieux que l’on sache dès maintenant ce que nous ferons des oligarques quand notre cause aura triomphé.

« …ce qui a primé, hélas, dans notre pays, c’est la cupidité, s’enrichir à tout prix, sans le moindre scrupule moral. Autrement dit, la culture de la débrouillardise et la maxime du : mets-t-en plein les poches. »

Il conclut, p. 205, sur ces mots :

« La révolution des consciences est donc en marche afin de bâtir la nouvelle République. La tâche est sublime. Rien ne peut être plus important dans le domaine public que la renaissance du Mexique. Aucune autre activité ne produit plus de satisfaction que de lutte pour le bien d’autrui. C’est un orgueil de vivre témérairement et d’avoir en plus le bonheur d’écrire l’Histoire. »

Son livre est une dénonciation courageuse et irréfutable de la mafia qui s’est emparée du Mexique.

  1. Il ne parle pas du fait que les USA constituent un marché de drogues colossal et que leur industrie militaire fournit les armes les plus perfectionnées, ce qui a converti le Mexique en la première victime d’une guerre sanglante dans laquelle plus de cinq mille jeunes Mexicains perdent la vie tous les ans. Je comprends toutefois que quelqu’un qui parcourt inlassablement les parages les plus reculés du pays ne pouvait pas aborder ce point. J’estime donc un devoir de ma part de rappeler au peuple mexicain que ce problème s’ajoute aux faits dénoncés avec courage par López Obrador.
  2. Il ne dit pas non plus que les changements climatiques sont devenus un danger colossal pour la survie de notre espèce et qu’ils provoquent déjà, de fait, de très graves problèmes comme celui que souffre actuellement la Russie, où le nombre de victimes de la chaleur et de la fumée des incendies provoqués dans les forêts et la tourbe ont plus que doublé celle des personnes qui demandent des services funèbres à Moscou et dans d’autres villes. C’est justement au Mexique que doit se tenir le prochain Sommet sur les changements climatiques et bien d’autres activités connexes.
  3. Il omet toute référence au danger imminent de guerre nucléaire qui risquerait de faire disparaître notre espèce. Il est juste toutefois de signaler que López Obrador a fini son livre le 24 mai 2010, quand le Conseil de sécurité n’avait pas encore adopté la Résolution 1929, qui date du 9 juin 2010 et qui ordonne l’inspection des cargos iraniens, déclenchant une situation incontournable.

López Obrador sera toutefois la personne dotée de plus d’autorité morale et politique au Mexique quand le système s’effondrera et, avec lui, l’Empire. Sa contribution à la lutte pour éviter que le président Obama ne déclenche cette guerre sera d’une grande valeur.

À suivre (demain).

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 11 août 2010

21 h 53

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