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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 10:18

Une mort glorieuse triomphe du temps
et prolonge la sublime existence
jusqu’à la plus lointaine postérité.
SIMÓN BOLÍVAR

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Alfonso Cano

Publication intégrale de la déclaration des FARC-EP

Jorge Briceño VIT !
Biographie de l’héroïque guérilléro

30 avions et 27 hélicoptères, 7 tonnes d’explosif tritonal* et la technologie militaire de pointe du South Command étatsunien et du Mossad israélien, une utilisation disproportionnée de la force de frappe et de la violence terroriste de l’État, tout cela réuni contre un homme installé dans ses quartiers dans la montagne. Il ne représentait pas un homme mais tout un peuple.


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Ce qui s’est passé le 22 septembre très tôt le matin dans les forêts de la Macarena n’a pas été un combat mais un infâme assassinat, un massacre exécuté sans risque, bien sûr, par un État terroriste subordonné aux diktats de Washington. C’est contre le commandant Jorge Briceño, du Secrétariat des FARC, qu’ont été concentré tout le feu et toute la haine d’une caste dominante criminelle, d’extrême-droite, qui depuis des décennies met le pays à sang et l’appauvrit.

Jorge était un symbole vivant, un symbole puissant, de rébellion et d’espoir pour le peuple des plaines de Colombie, il était sorti de l’école de guerre des guérillas mobiles créée par le légendaire Manuel Marulanda Vélez. C’était un être d’une humanité exceptionnelle, et donc aimé par les gens et les troupes de la guérilla. À l’époque de la zone neutre et des dialogues de paix, lorsqu’il apparaissait, de temps en temps, au milieu de la population de La Macarena, un attroupement d’enfants pieds nus, bruyants, le suivaient dans les rues poussiéreuses. Lui, il était heureux, et les laissait lui ôter son béret et entrer dans son cœur, comme dans la chanson Jojoy de Julián Conrado. Il était comme un aimant, il entraînait le peuple sur son sillage et se fondait avec ses rêves. Paysans, ouvriers, chômeurs, maires, curés, universitaires, syndicalistes, enseignants, étudiants, afro-descendants, ménagères, tous écoutaient la magie fougueuse de ses paroles qui faisaient allusion au rêve de la Nouvelle Colombie, la Patria Grande et le Socialisme.

C’était un dur, oui, mais il était d’une grande tendresse. Fort contre l’ennemi, affectueux avec son peuple. Dans son sac à dos, le Journal du Che ne manquait jamais. Il se nourrissait avec avidité de la pensée de Guevara, et il avait appris à s’endurcir avec ce guérillero, sans jamais perdre la tendresse. Ce guerrier nourrissait une passion pour les héros et leur désir ardent de liberté et justice.

Il était entré dans les FARC en 1968. C’était à l’époque féroce du Front National bi-partiste et oligarchique, le parti de la répression et de l’exclusion brutale, qui voulait criminaliser le droit des peuples d’accéder à la politique. Il a porté bien haut les couleurs communistes, toujours à côté de Manuel et de Jacobo, et c’est par les vicissitudes de la juste guerre contre l’oppression qu’il s’est forgé les qualités de guérilléro.

Il était surnommé « Mono » pour son teint blanc ou ses cheveux clairs, blonds ou roux, et « Jojoy » pour un tic de jeunesse. Et c’est ainsi, armé de son fusil à l’épaule et de sa politique, que le jeune « Mono Jojoy » a traversé les trois cordillères des Andes, par le versant escarpé colombien.

Il a gagné sa première révolution contre lui-même. Implacable avec ses défauts humains qu’il surmontait, peu à peu, à la force du poignet, il est parvenu de façon naturelle à ce que son imposante force politique et guerrière d’homme nouveau soit reconnue de tous. De sa fibre humaine, ce qui a le plus a vibré, a été sa passion pour la liberté et ce désir de dignité pour tout un chacun, si chers à son cœur.

La figure de Jorge fera son chemin dans l’immense forêt du Caguán, dans ses ports fluviaux aux eaux jaunâtres, et atteindra la dimension insolite de légende. Constructeur infatigable de parti et de milices populaires, il sera une cheville ouvrière de l’Union patriotique comme alternative politique et poussera à remplacer la culture de la coca par celle du caucho [caoutchouc] et du cacao. Conscient de l’importance de la propagande révolutionnaire, il fait installer, pour la première fois, une presse offset en plein cœur de la montagne. À Remolinos et à Santo Domingo, il est l’homme de la logistique, des uniformes, des armes, des finances. Formateur de cadres, il faisait venir les cadets tout frais diplômés de l’École Nationale, pour s’informer des nouvelles connaissances techniques enseignées. Il n’a jamais été gêné par ce qu’ils pouvaient savoir de plus que lui, au contraire, il les accueillait avec admiration et apprenait beaucoup d’eux. Il accumulait Insatiablement les connaissances.

Puis le guerrier a surgi dans les plaines indomptables et sauvages qui s’étendent sur la moitié du territoire et ont une riche histoire de rébellion contre le pouvoir central. Là, il a gravé son nom, dans le même moule doré que celui de Marulanda et de ses camarades, avec les attributs de stratège militaire et politique, combattant en première ligne et meneur de groupes guérilleros vers la capitale. Le pouvoir de Jorge, son leadership imposant, captivant, se fondait dans la direction collégiale et dans le grand amour que lui portaient les guérilleros et le peuple.

Aucun chef rebelle de Notre Amérique n’avait été attaqué avec autant de férocité. Les 50 bombes intelligentes made in USA qui ont détruit et rasé son poste de commandement, n’ont pas suffi à calmer la haine des oligarques. Après s’être assuré de la mort du commandant, le gouvernement a lancé, de toutes parts, l’attaque médiatique la plus infâme contre son image et l’exemple de dignité qu’il a donné ; chimérique et vaine tentative. La stratégie ne visait pas à tuer seulement la personne, mais aussi le rêve de cette immense foule de gens simples qui croit au projet politique libertaire des FARC-EP. Sang et feu, terre rasée, terrorisme d’État, sont les pratiques courantes du régime pour défendre les intérêts des transnationales, la bourse et le pouvoir d’une oligarchie apatride à la botte des Yankees.

Face à cette barbarie de l’État, la dynamique Catherine Ashton, Commissaire de l’Union Européenne n’a pas pipé mot, de même que ceux qui condamnent sans cesse nos modestes moyens de résistance. Nous n’en avons pas besoin ; la force morale des FARC est inébranlable. Nous savons bien que la perfidie de l’empire s‘exprime à travers leur voix.

Le commandant Jorge incarnait les plus profonds sentiments altruistes des FARC, dans la lutte et la résistance des populations contre le terrorisme d’État. Comme tout le monde sait, les États terroristes, tel la Colombie, cherchent toujours à projeter ce qu’ils sont sur ceux qui les combattent. C’est pour cela que le président Santos, depuis New-York, si près de son idéal de pensée, aboie comme un fou pour discréditer la lutte des populations pour la justice et déforme la réalité du conflit interne de la Colombie en essayant vainement de diaboliser le soulèvement armé et en stigmatisant Jorge, montré comme le symbole de la terreur et de la violence.

Que peut-on attendre de plus de ces sinistres personnages ? Il n’y a pas très longtemps, lorsqu’il était Ministre de la défense et des « faux positifs », Juan Manuel Santos plaisantait sur les cadavres de guérilleros tués aux Montes de María. Aujourd’hui, le chef actuel de ce ministère, monsieur Rodrigo Rivera, est plus attristé par la mort de la chienne Sasha que par les centaines de soldats morts et blessés sur les champs de bataille de La Macarena.

Le traquenard « Sodome », nom de l’opération qui a coûté la vie des nôtres, n’est rien d’autre que l’État colombien lui-même dans sa plus pure déliquescence morale. Le « terrier » du véritable monstre terroriste est le Palacio de Nariño où siège le gouvernement de Bogotá. C’est de là qu’a été planifié le désastre humanitaire dont souffre la patrie. C’est de cette antre même, que les têtes pensantes de la sécurité démocratique, si applaudie par le président Santos, ont ordonné les massacres contre la population sans défense, les exécutions extrajudiciaires (« faux positifs »), les fosses communes, les détentions massives, les disparitions et les déplacements forcés des populations, et tant d’autres crimes abominables contre l’humanité.

À ceux qui, aujourd’hui au gouvernement, ivres de triomphalisme, nous somment de nous rendre, nous répondons par les mêmes mots que le commandant Jorge Briceño adressait au général Padilla en janvier 2010, en réponse à une exigence identique :

« …Dommage que vous nous connaissiez si peu, Monsieur Padilla de León : en toute sincérité, sans haine ni rancœur et avec le respect que tout révolutionnaire garde pour ses adversaires, je vous réponds : Non, merci beaucoup, général. »

Chez les FARC nous n’avons pas l’âme de traîtres, mais celle de patriotes et de révolutionnaires.

Nous avons lutté et nous continuerons à le faire, avec courage, engagement et sacrifice pour renverser le régime pourri des oligarchies et construire un autre ordre social, ou parvenir à des accords qui permettent de construire une patrie pour tous.

Nous n’avons jamais proclamé le principe de la guerre pour la guerre, ni mené cette lutte comme un défi personnel, bien que nos objectifs soient ceux de parvenir à des changements profonds dans la structure sociale de la Colombie, qui prennent enfin en compte les intérêts des majorités nationales et des secteurs populaires et conduisent au renversement de l’actuel régime politique criminel, oligarchique, corrompu, absolutiste et injuste, comme nous l’avons consigné dans notre Plateforme Bolivarienne pour la Nouvelle Colombie.

Avec l’honnêteté de notre engagement pour le changement social et la loyauté que nous devons à notre peuple, nous vous garantissons que nous n’allons pas lâcher après plus de 40 ans de lutte, ni accepter une paix fallacieuse. Nous ne trahirons pas les rêves de justice de cette Colombie qui réclame la paix et la justice sociale, ni la mémoire des milliers de morts, ni les victimes des innombrables tragédies qu’a provoquées cette guerre cruelle que l’oligarchie a déclarée le peuple, il y a plus de 50 ans.

La Colombie a besoin de trouver la voie qui mette fin à cette guerre entre frères, des chemins de réconciliation qui nous mènent vers des accords de paix. Mais ça ne se fera pas par une fausse paix dans laquelle une minorité oligarchique va continuer à s’accaparer toutes les richesses, alors que l’immense majorité de la population reste écrasée par le poids de la pauvreté, la terreur militariste, la misère et la déchéance morale d’une classe dirigeante corrompue jusqu’à la moelle. La paix est le chemin le plus sûr pour arriver à reconstruire la patrie et à réconcilier tous les Colombiens.

Obtenir la paix en contrepartie d’une reddition ou d’une soumission, est une illusion de l’oligarchie. Ce serait un crime de trahison envers le  peuple et ses désirs historiques d’obtenir, enfin, la justice sociale pour tous.

Des accords de paix oui, mais le point fondamental est : avec ou sans changement structurel sur le politique et le social ?
Plus de démocratie ou plus d’autoritarisme et plus de répression et de soumission à l’Empire ?

Nous vous invitons à réfléchir sur ces saines paroles pleines de bon sens et d’actualité, figurant dans le message que le commandant Manuel Marulanda Vélez avait adressé aux Forces Militaires :

« L’avenir de la Colombie ne peut être celui de la guerre indéfinie, ni celui de la spoliation des richesses de la patrie, de même que notre souveraineté ne peut plus continuer à être honteusement laissée à la voracité des politiques impériales du gouvernement des USA ; nous sommes toujours prêts à nous asseoir et discuter sérieusement pour trancher nos différends, par un échange civilisé d’opinions permettant d’arriver à la suppression définitive des causes politiques, économiques et sociales qui génèrent le conflit interne, pour le bien des futures générations de compatriotes »…

Pour certains analystes mercenaires, qui paraît-il sont les seuls spécialistes du conflit, le coup de la Macarena « laisse les FARC sans leader et sans possibilités de se reconstruire ». L’agent de la CIA, Alfredo Rangel, s’imagine que les FARC sont maintenant “orphelines” avec un moral au plus bas, pas loin [ad portas, dans le texte original (aux portes) NdT] de l’abandon de la lutte armée...S’ils pensent ça, ils se trompent lourdement. Ils sont, comme toujours, à côté de la plaque et refusent de comprendre que nous sommes une direction collective, un groupe collégial de nature politique et militaire à tous les niveaux de sa structure de commandement. Ils ne peuvent pas percevoir dans le brouillard d’une analyse partiale, fondée sur leurs propres fantasmes, le pouvoir de cohésion spécifique à l’État Major Central des FARC et de son Secrétariat. La lutte révolutionnaire a tout prévu jusqu’aux ultimes cas de figures, ainsi toutes les instances de commandement des FARC fonctionnent avec des suppléances afin de remplacer rapidement les postes devenus vacants à cause des pertes inhérentes à la confrontation ou pour d’autres motifs. C’est pour cela que le Commandant Pastor Alape, et avant la disparition de Jorge, était déjà le membre principal du Secrétariat, pendant ce temps, le Bloc Commandant Jorge Briceño a pu de restructurer, en désignant en son sein un nouveau suppléant.

Nous ne sommes pas des soldats novices, le résultat incertain d’une bataille ne nous affole pas. Nous nous battons pour la paix, la Nouvelle Colombie, la Grande patrie et le Socialisme, pour un nouveau pouvoir. Le guérillero farien porte en lui la conscience et la loyauté à la cause, et il sera toujours avide de lutte et de victoires. Comme le disait le commandant Jorge quelques jours avant son départ : « Nous sommes des éléments de la lutte populaire et le peuple est invincible ».

Pour le président Santos, la chute du grand guérillero signifie la fin des fins de la guérilla, la déroute de la rébellion, qui jamais n’arrivera, et qui est annoncée depuis 1964 pour justifier l’obsession militariste d’un secteur de l’oligarchie, redoutant physiquement une solution politique qui signe la fin de ses privilèges. Ils ne se rendent pas compte qu’en fermant les portes au dialogue et à la solution politique ils les ouvrent à  la révolution. C’est ce que disait Fidel dans sa plus récente réflexion : « au contraire de ce qu’affirme le gouvernement colombien, l’assassinat du commandant Jorge…va accélérer le processus révolutionnaire en Colombie. »

Nous le disons sans outrance mais avec radicalité : si Santos veut venir vers nous, qu’il vienne, mais qu’il vienne en personne sans utiliser le peuple en uniforme comme chair à canon. L’arrogance et le ton de l’ultimatum de Santos sonnent comme les ordres en anglais, que les guérilleros à l’écoute des communications de la force publique, peuvent capter lors des grandes manœuvres.

Pour cet instant de courage, nous faisons nôtre les réflexions de Julius Fucik au pied de l’échafaud : « Lorsque le combat est un combat à mort ;/la haine résiste ;/ l’indécis renonce ;/ le lâche trahit…,/ le bourgeois désespère ;/ et le héros combat ».

Lorsque l’on voit l’ignominie de certains reporters minables et autres scribouillards de la grande presse, avides de sang face au cadavre du chef guérillero, hurlant leurs diatribes, il est de notre devoir moral de déplorer l’absence d’éthique de ceux qui essaient d’inciter l’opinion nationale à adhérer à la nature guerrière et au terrorisme de l’État.

Cette machine de la désinformation se consacre à diaboliser la guérilla et à sanctifier le gouvernement. Leurs canaux taisent la voix du peuple, ils ne donnent la parole qu’à des experts à la solde de la CIA et du capital financier, ils couvrent et justifient ainsi les crimes les plus immondes de l’État contre l’humanité.

Pendant 15 minutes les journaux télévisés ont montré, en boucle et aux horaires de grande écoute, les images du bombardement dévastateur avec la claire intention de légitimer le terrorisme institutionnel, inciter à remercier les criminels, conforter la population à adhérer à la politique guerrière de l’État et pousser tout le pays à percevoir le conflit avec les yeux de la droite néolibérale.

Guidés par la technologie, les pilotes et les artilleurs du terrorisme qui ont ouvert le feu ne sont pas des héros, mais de lâches instruments d’un pouvoir tyrannique et pro-yankee qui ne pense qu’à prolonger éternellement l’injustice sur le sol colombien. Ils agissent contre leur propre peuple au bénéfice d’une puissance étrangère. Ce fut une attaque perfide, sans risque. Déclencher des tirs sous couvert de l’obscurité à des milliers de mètres de haut n’a rien d’héroïque, car les moyens de combat ne sont pas équilibrés entre les forces adverses. Le résultat a été différent sur terre : 30 militaires sont morts et 70 ont été blessés.

Lorsque la triste information a été connue par la population modeste de Colombie, certains journalistes robotisés et charognards se sont précipités sur les habitants de La Macarena pour les forcer à donner un avis contre la guérilla ou pour qu’ils reconnaissent que la municipalité était libérée de son principal bourreau. Ils faisaient allusion à Jorge en sachant pourtant qu’il était le principal bienfaiteur de toute cette région. Depuis des décennies le pouvoir central s’est refusé à ouvrir une route pour désenclaver cette riche région paysanne. Jorge et ses guérilléros l’ont construite, ce qui avait permis de relier par la route La Macarena avec San Vicente del Caguán et Neiva. De même que, pour aider ces gens très pauvres, il avait aussi construit la voie qui mène jusqu’à Vistahermosa (Meta). Tendu des ponts sur des canaux et des rivières bombardés ensuite par les Forces Aériennes, une fois remis à la communauté. Sous la conduite de Jorge, les quartiers de San Vicente del Caguán ont été pavés, les routes des plaines du Yari réparées et rendues carrossables, plusieurs aqueducs restaurés et remis en état de fonctionnement, des brigades de santé ont été formées, une taxe sur les alcools avait été mis en place pour rémunérer des enseignants…La population se souvient aussi avec gratitude de la façon dont le commerce avait repris sous la tutelle de la guérilla. Cette belle histoire nous montre bien le caractère social et le sens de la solidarité du commandant, et cela ne pourra pas être occulté tant que la population le gardera vivant et enraciné dans le cœur, une population oubliée qui n’a connu la présence de l’État qu’à travers les bombes et la mitraille.

Même affaibli par le diabète, le commandant Jorge était parvenu à ralentir pendant de long mois, dans la région entière de La Macarena, l’avancée de plusieurs brigades mobiles avec un effectif total de plus de 15000 hommes. Surpris par sa dynamique irrésistible, par sa volonté inébranlable, et inspirés de sa profonde admiration pour le Che, nous lui avions adressé ces mots : « Jorge, avec nos respects. Merci pour ton exemple, pour ton inépuisable capacité de travail malgré la maladie, et parce que tu nous apprends comment combattre l’adversaire. Nous sommes contents que tu aies dépassé, depuis pas mal de temps déjà, le Che, ton modèle guerrier. Avec ce que tu as réalisé, on ne peut plus dire « être » comme le Che, mais « le dépasser ». Tu nous as placé la barre très haut, frère ». Il nous répondit avec sa modestie de toujours : « Nous ne l’avons pas mise si haute, c’est nous qui ne faisons qu’en dessous de la base du travail stratégique qui est la nôtre. Nous sommes en train de réveiller un petit géant endormi ».

Le rapport militaire du Bloc Oriental au mois d’août est le suivant :

Confrontations armées 166; soldats morts 157; soldats blessés 294; hélicoptères détériorés 10, bateaux détériorés 2 ; guérilleros morts 11.

Maintenant, guérilleros des FARC, c’est à nous qu’il revient d’être comme Jorge, le plus entêté des guerriers de Manuel. Bien que la tâche ne soit pas facile, c’est notre devoir. Ses mots résonnent dans les esprits des guérillas : « Nous sommes nés pour vaincre, pas pour être vaincus ».

Les soldats de Manuel Marulanda Vélez sont invincibles parce que leur drapeau est la cause du peuple, ses fusils sont la justice sociale, l’indépendance et la liberté qui combattent pour la Nouvelle Patrie, parce qu’ils marchent vers la victoire avec la puissance dévastatrice de la pensée de Marx et de Bolívar, Le Plan Stratégique et soutenus par le peuple organisé.

De la dernière partie de la vie rebelle féconde de Jorge, nous devons souligner :

Élu membre du Secrétariat des FARC par la Huitième Conférence de la Guérilla en 1993, son ascension va se poursuivre sans discontinuer jusqu’au sommet des héros. Comptes-rendus des assemblées et des conférences des guérillas en main, il continue sur la lancée du Plan Stratégique connu sous le nom de Campagne Bolivarienne pour la Nouvelle Colombie, aux côtés de son grand maître le commandant Manuel. Il réajuste les plans et les structures de commandement et s’occupe du bon fonctionnement des directions. Il est responsable de l’école des cadres Hernando González Acosta et son attention se porte sur la formation de nouveaux commandants. Organisateur de parti clandestin, animé par de profondes convictions communistes, il déclarait après ses réunions de cellules : « j’ai pris un bain de communisme, j’ai accompli mes tâches et mes devoirs de militant ». Le 29 avril 2000, pour le lancement du Mouvement Bolivarien à San Vicente, il était radieux à côté de Manuel Marulanda, Alfonso Cano et ses camarades de l’État Major. Il était heureux avec les 30.000 personnes rassemblées dans la savane, il avait été l’artisan de cet événement, de la réunion de Bolívar avec son peuple, il avait joué un rôle fondamental dans l’impressionnante logistique de la mobilisation. Quelques mois plus tard nous l’avons vu en première ligne pour la libération unilatérale de plus de 300 prisonniers de guerre capturés au cours des campagnes militaires du Bloc Oriental. « Je vous respecte – leur disait Jorge-, car vous vous êtes rendus en combattant ; méfiez-vous de ce que vous allez dire à la presse, même si vos avis nous sont favorables, car cela peut vous porter préjudice ».

Nous devons souligner bien sûr son intérêt permanent et son respect pour tous les mouvements et processus révolutionnaires dans le monde. Passionné par les études et par le dépassement de soi, il lisait avidement et il aimait autant pénétrer dans l’histoire universelle que dans celle du pays. Il dormait seulement 3 ou 4 heures par nuit pour consacrer la plus grande partie de son temps à l’organisation et à la mise en œuvre des tâches révolutionnaires. Excellent brouilleur de piste et connaissant parfaitement ses troupes, il savait écouter et être autocritique. Inflexible en tout, au combat, en politique, attentif aux changements des modalités opérationnelles de l’adversaire, il était d’une grande efficacité dans l’accomplissement des tâches du mouvement.

Homme franc, direct, réaliste, rigoureux, fraternel, loyal à la cause révolutionnaire, véritable camarade et ami, voilà certainement ses valeurs les plus chères. Nous ne permettrons pas que ces qualités de la personnalité du commandant Jorge soient déformées par des pseudo-journalistes s’obstinant à offenser sa mémoire.

De toutes manières, avec Manuel, Jacobo, Jorge, Raúl, Iván Ríoset, avec tous ceux qui sont tombés, avec le Libertador, nous, guérilleros des FARC, nous entrerons dans Bogotá, les poings du peuple levés, les pieds aux étriers de l’insurrection, pour instaurer sur la place Bolívár le nouveau gouvernement, patriotique et bolivarien inspirateur de notre lutte. Juste ; mille fois juste : un droit indispensable pour détruire ce grand mal qu’est l’oppression. Nous, les Colombiens, nous avons tous les droits à vivre dans la dignité, en paix, en démocratie, en toute souveraineté et liberté. Comme le disait Jorge, « c’est là que nous nous dirigeons.»

La consigne est, Triompher ! C'est avec Bertolt Brecht que nous disons aux révolutionnaires : « Que celui qui est toujours en vie ne dise pas ‘’jamais’’/ Le ferme n’est pas ferme / Tout ne sera pas pareil/ Lorsque ceux qui dominent auront parlé, les dominés parleront/ Qui peut oser dire ‘’jamais’’ ?/ De qui dépend que l’oppression se poursuive ? De nous/ De qui dépend qu’elle s’arrête ? De nous aussi/ Que celui qui est abattu, se dresse !/ Que celui qui est perdu, se batte !/ Qui pourra retenir celui qui connaît sa condition ?/ Les vaincus d’aujourd’hui seront les vainqueurs de demain/ et le jamais, devient un aujourd’hui même ».

Gloire aux héros tombés dans la résistance à l’oppresseur, c’est le cri du commandant Jorge qui résonne au plus profond de la conscience de la guérilla. Gloire à Raúl Reyes, gloire à Iván Ríos, gloire à ceux qui sont tombés dans la région de Sucombios, gloire à tous les combattants qui ont donné leur vie pour la cause de la liberté, HASTA SIEMPRE.

Hasta Siempre, Jorge, camarade, commandant, ami. Nous vaincrons.

Honneur au commandant Jorge Briceño, héros de la liberté, de la Nouvelle Colombie, de la Grande Patrie et du socialisme.

Secrétariat de l’État Major Central des FARC-EP

Montañas de Colombia, 8 octobre 2010
Année du bicentenaire du cri de l’indépendance

Notes:
*Explosif tritonal : Mélange de TNT et d’Aluminium. Le mélange de 20%-40% de poudre d’Aluminium aux 80%-60% de TNT augmente la puissance explosive de la TNT, accentue l'effet de feu pour amplifier la combustion et provoquer une plus grande onde de choc.

Traduction : Esteban

Révision : Michèle Maliane


***************
Source ANNCOL : “Farc se pronuncia sobre asesinato del comandante Briceño
Article publié le 9 octobre 2010

Source : Le Tacle

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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 10:05
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Jorge Enrique BOTERO

Je marche dans les contreforts du massif de la Macarena avec une escouadre de 11 guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), dans les entrailles de l’ultime partie montagneuse de la Colombie avant que le paysage ne s’emplisse de larges plaines, vertes et infinies, qui mènent jusqu’au Venezuela et au Brésil, des milliers de kilomètres à l’est.

teaser-tanja-video-2_0.jpgIl y a presque trois ans que j’ai envoyé une demande au Mono Jojoy pour interviewer Tanja Nijmeijer, une jeune néerlandaise qui a intégré les FARC fin 2002. Il y a quelques jours j’ai eu la réponse. J’ai immédiatement préparé mon matériel d’enregistrement, j’ai pris quelques vêtements, et je me suis mis en route.

Maintenant que je suis les traces de Tanja et que je m’approche lentement et difficilement de l’endroit où je l’imagine, ma curiosité pour cette femme augmente. Elle est devenue une véritable légende de ces forêts inconnues où se déroule, depuis le milieu du siècle passé, la guerre la plus longue de l’hémisphère occidental.

Il y a à peine deux semaines j’ai vu à Bogotá un documentaire dans lequel la mère de Tanja demande aux FARC de permettre à sa fille de rentrer à la maison. Le film, œuvre du réalisateur néerlandais Leo de Boer, montre une mère ébahie qui vole au-dessus de la forêt amazonienne dans un hélicoptère de l’armée colombienne, et qui par haut-parleur crie à sa fille de s’enfuir. Hannie, la mère de Tanja, dans le même documentaire demande pardon à un groupe de victimes de la guerre pour les éventuelles actions violentes que sa fille a pu commettre. Tandis que nous descendons et montons des montagnes, dans un silence absolu, le bruit des mortiers faisant écho sur les roches des montagnes, je me souviens du jour où j’ai connu la Néerlandaise, en juin 2003, peu après son entrée dans les rangs de l’insurrection.

L’image d’une Tanja qui serait séquestrée par les FARC ne correspond pas à la guérillera enthousiaste que j’avais eue devant moi. Elle s’appelait déjà Alexandra et elle portait un fusil AK47 qui semblait fait à sa mesure. D’exténuantes journées d’entraînement pendant plusieurs semaines lui avaient sculpté un corps qui rendait jalouses les autres guérilleras – et ses premiers amours faisaient leur apparition dans les feuillages. On percevait aussi son côté éducatrice, raison pour laquelle le Mono Jojoy l’avait déjà remarquée. Quelques mois plus tard je l’avais revue, elle se trouvait déjà dans les campements du commandant du Bloc oriental, donnant des cours d’anglais à un groupe de guérilleros. « We are FARC, we are the people army », faisait-elle répéter à ses élèves, dans la salle de classe très bien aménagée où je l’avais rencontrée de nouveau.

Les jours et les nuits passent jusqu’au moment où Efrén, le commandant du Front 27 des FARC et chef du campement où j’attends, m’annonce, le 19 août, que je dois me préparer, parce que dans quelques heures je verrai Holanda (Tanja). « Le camarade Jorge Briceño vous envoie son salut, qui sait s’il ne vous donnera pas une interview… », ajoute Efrén.

Le 20 août je commence une courte marche à la fin de laquel je découvre Alexandra, fondue dans les feuillages, parmi 300 guérilleros qui se préparent pour une parade militaire solennelle à l’occasion du premier grade donné à 57 novices guérilleros. Par la même occasion on rendra hommage à Jacobo Arenas, l’un des fondateurs de cette mystérieuse force insurgée colombienne.

La caméra est déjà en marche, et déjà amoureuse de Tanja, lorsque soudain, dans un dense tunnel d’arbres, marchant lentement et visiblement affecté par le diabète et par le temps qui passe, apparaît Jorge Briceño, le chef du Bloc oriental des FARC, plus connu sous le nom de Mono Jojoy. Il est escorté par sa garde personnelle, par une petite armée d’infirmières, par son fils Chepe, par son ex petite amie Shirley, par sa nièce Diana et par l’homme chargé de filmer ses déplacements, Julian. Ce dernier est le neveu du Mono Jojoy, le plus redouté des guerriers des FARC et le trophée le plus convoité par le gouvernement de Bogotá.

Lorsque s’achève la parade militaire, après les hymnes et les discours, je salue le chef guérillero. « Je vous félicite d’oser venir jusqu’ici. À partir de demain vous pourrez interviewer Alexandra », m’annonce-t-il, tout en plaisantant à propos des estomacs que la vie et le cancer m’ont confectionnés.

Je remercie Jojoy de m’avoir permis de venir jusqu’à ses terres pour faire un reportage sur Tanja, mais je l’avertis que je ne pense pas m’en aller de là sans avoir enregistré une interview avec lui. « Il y a plus de sept ans que vous n’avez pas donné d’interview », dis-je. Le chef guérillero garde le silence pendant un moment qui semble éternel, avant de répondre : « Je vais y réfléchir, mais pour le moment concentrez-vous sur Holanda ».

Le 25 août, 27 jours avant qu’une tornade de bombes ne mette fin à ses jours, j’ai le Mono Jojoy devant ma caméra. C’est la dernière fois qu’il a donné une interview.


arton11960-9f911.jpgJorge Enrique Botero : Huit années de gouvernement Uribe sont passées, plus de 10 milliards de dollars provenant des États-Unis sont passés aussi, ainsi que 30 milliards de dollars investis par la Colombie, des dizaines de milliers de soldats, des avions, des débarquements, des bombardements, des récompenses, des délateurs, et pourtant les FARC sont encore là… Comment expliquez-vous cela, commandant ?

Mono Jojoy : Tout simplement parce que le peuple est invincible, et les causes qui sont à l’origine de notre soulèvement existent encore. Et ces causes se sont multipliées avec l’uribisme, et cela fait que les FARC se perfectionnent toujours plus, tant sur le plan politique que sur le plan militaire. C’est la raison pour laquelle ni les impérialistes ni l’oligarchie colombienne ni Uribe ne peuvent nous vaincre : parce que nous sommes un peuple soulevé en armes.

Jorge Enrique Botero : Comment s’est traduit sur le plan militaire ce perfectionnement des FARC dont vous parlez ?

Mono Jojoy : Avec beaucoup plus de mobilité, avec un meilleur respect des consignes à tous les niveaux quant au déroulement tactique des opérations, quant à l’organisation des masses, quant au contact avec le peuple. Nous continuons d’avancer avec davantage de force parce que nous existons depuis 46 ans et nous aurons bientôt 47 ans. Des soulèvements populaires se produiront bientôt, non seulement en Colombie, mais dans toute l’Amérique, comme dans le monde entier.

Jorge Enrique Botero : Les FARC sortaient d’une période de presque trois ans de dialogue, d’une Zone de distension, d’une faible confrontation avec l’armée, et soudain, les dialogues sont rompus. Cela a été dur pour vous de passer de la Zone de distension au plan « patriota » ?

Mono Jojoy : La conception politico-militaire et stratégique des FARC a toujours été basée sur des unités de guérilla mobiles, propres d’une armée irrégulière. Pendant toute la période des conversations cela restait bien clair pour nous. Alors ce qui s’est produit c’est une adaptation à la nouvelle situation. En plus, si durant le gouvernement d’Andrés Pastrana il y avait bien cinq municipalités évacuées par la force publique, ailleurs il y avait confrontation politico-militaire.

Jorge Enrique Botero : Commandant, durant la marche qui m’a mené ici, j’ai eu l’occasion de converser avec beaucoup de guérilleros, qui d’une certaine façon étaient satisfaits de la quantité des entraînements, de l’expérience du combat acquise pendant ces années. Quels changements voyez-vous dans la troupe ?

Un personnel et des cadres beaucoup plus qualifiés, plus politiques, ce sont des artisans de la paix en Colombie, qui voient la confrontation militaire comme une nécessité pour parvenir à des conversations. Nous ne faisons pas la guerre pour la guerre, ou parce que cela nous plaît. C’est l’État qui a inventé cette guerre et c’est à ce même État, avec son oligarchie, avec les Gringos, qu’il revient d’en trouver la solution.

Jorge Enrique Botero : Il y a sept, la dernière fois que j’ai pu vous interviewer, vous aviez pronostiqué à un groupe de prisonniers de guerre qu’avec le président Uribe aucun accord ne se produirait, et votre pronostic s’est avéré juste. Je voudrais vous demander : à votre avis, où va cette guerre ? Comment voyez-vous le futur avec l’arrivée du nouveau président Juan Manuel Santos ?

Mono Jojoy : Santos, comme continuateur d’une politique impérialiste, oligarchique, va utiliser tous les moyens pour détruire la lutte du peuple colombien. Nous, qui faisons partie de cette lutte, nous partons du principe que le peuple est invincible ; alors la guerre doit s’achever autour d’une table de conversation, en réglant les questions signalées dans les documents des FARC. Sinon il n’y a pas d’accord. Elle ne s’achèvera ni avec des tirs ni avec des bombes, ni avec des missiles, ni avec des avions. Elle s’achèvera avec des idées, avec des politiques, en réglant les problèmes du peuple. C’est vers cela que va la guerre. Nous, modestement, très modestement, nous poursuivons la confrontation militaire parce qu’il n’y a pas d’autre issue. C’est l’adversaire qui ne veut pas parler. La guerre continuera tant que l’oligarchie souhaitera la maintenir. Nous ne sommes pas d’accord avec la guerrre, nous la faisons parce qu’ils nous y ont contraints, ils nous l’ont imposée. Il n’y a pas d’autre décision et nous le faisons avec dignité.

Jorge Enrique Botero : Il reste 19 officiers de la force publique retenus par les FARC. Que savez-vous d’eux ? Sont-ils en bonne santé, comment vont-ils ? Que pensez-vous qu’il puisse arriver quant à leur libération ?

Mono Jojoy : Tout d’abord la proposition d’Échange de prisonniers reste valable, c’est l’une de nos propositions, c’est pour cela que nous luttons, et le peuple colombien doit beaucoup lutter pour aller vers la libération de ces sous-officiers et officiers de la police et de l’armée que nous détenons. C’est là une décision politique. Le gouvernement avait dit qu’il allait les libérer en utilisant tous les moyens. Des actions audacieuses et regrettables se sont alors produites ; certains ont pu être libérés, mais rien n’indique que ces opérations connaîtront toujours le succès. L’objectif est l’Échange de prisonniers, et c’est ce pour quoi nous luttons.

Jorge Enrique Botero : Avez-vous des nouvelles des otages ? Quel est leur état de santé ?

Mono Jojoy : Ils sont dans une situation compliquée en raison de la mobilité, en raison des opérations militaires, avec les bombardements qui les mettent en danger, alors qu’ils ont combattu en défense de l’État, en faveur de l’oligarchie colombienne, laquelle n’a pas le moindre intérêt pour eux maintenant. L’oligarchie les utilise comme chair à canon, ils meurent ou ils sont mutilés, alors que ce sont des pauvres comme nous, des gens du peuple.

Jorge Enrique Botero : On a beaucoup parlé de l’isolement supposé dans lequel se trouveraient les FARC, on est allé jusqu’à dire que vous êtes contraints de manger des racines. Tout récemment on a fait beaucoup de publicité à propos de certaines grottes où vous vous trouviez caché… on dit que vous êtes déconnectés du monde. Le Mono Jojoy se sent-il connecté au reste du monde ?

Mono Jojoy : Nous sommes connectés au monde. Nous sommes informés, et aujourd’hui les FARC sont connues partout où il y a des êtres humains. Nous mangeons des racines ? Oui nous mangeons de la yucca, nous mangeons des pommes de terre, des arracachas, et bien d’autres… Nous allons très bien, dans le meilleur état physique, parce que nous sommes des athlètes, nous sommes mobiles, et rien ne nous intimidera.

Jorge Enrique Botero : Le génie politique et militaire de Marulanda manque beaucoup aux FARC aujourd’hui ?

Mono Jojoy : Nous avons été très affectés, tous les guérilleros des FARC, le Secrétariat, l’État major central, les commandements de Bloc, les commandements conjoints, les Fronts, tous, parce qu’il est irremplaçable.

Jorge Enrique Botero : Quelle est la politique des FARC sur la question des frontières ?

Mono Jojoy : Nous préconisons les bonnes relations avec les voisins, pour l’organisation des masses, pour le respect mutuel. Sur ce plan certaines fautes ont été commises à certains niveaux où les consignes n’ont pas été correctement respectées ; et nous avons connu des difficultés. Mais nous défendons la fraternité, parce que nous sommes des peuples bolivariens, qui luttons de la même façon pour la liberté, la justice et l’unité.

Jorge Enrique Botero : Que répond le Mono Jojoy à ceux qui affirment que le temps des armes est révolu ?

Mono Jojoy : Chacun pense à sa façon. Que ce soit le président d’un État, que ce soit le sénateur d’une République, une personne au pouvoir, chacun a sa façon de penser. Nous, qui appartenons à la lutte populaire, nous pensons que la lutte armée révolutionnaire est pleinement d’actualité et c’est pour cela que les documents officiels des FARC ne doivent pas être modifiés. Il s’agit des oligarques et des impérialistes. Le jour où cesse l’agression contre les peuples du monde, le jour où l’oligarchie cesse de tuer les Colombiens, nous réaliserons des changements en conséquence.

Jorge Enrique Botero : Alexandra combat dans votre unité, c’est la jeune holandaise qui a intégré les FARC en 2002. Quelle opinion avez-vous de cette personne ? Comment interprétez-vous le fait qu’une fille comme elle entre dans la guérilla colombienne ?

Mono Jojoy : Elle est arrivée en Colombie pour des questions de travail, en raison de son souhait de connaître le monde. Elle a commencé à connaître les FARC, on lui parlait très mal des FARC, on lui disait que les FARC n’existaient pas, ou que nous étions ce qu’il y a de pire, et elle a commencé à nous connaître et elle est tombée amoureuse de la lutte révolutionnaire à partir des FARC. Finalement, vivant dans la guérilla, elle est une extraordinaire étudiante. Elle fait tout ce que doit faire un guérillero, elle a fait les cours de base, les cours moyens, les cours généraux. Elle travaille très bien et les gens l’aime beaucoup. En plus, elle commence à avoir un rôle dirigeant parce qu’elle en a la capacité. C’est une fille dont on a beaucoup parlé, mais c’est une révolutionnaire européenne, c’est une internationaliste, et par elle beaucoup d’autres peuvent venir, parce que l’exploitation est mondiale.

Jorge Enrique Botero : Lorsque cette fille a intégré les FARC et que vous l’avez vue vous avez pensez qu’elle pouvait être guérillera ou vous avez eu des doutes ?

Mono Jojoy : Au début, la première fois que nous nous sommes vus, étant donnée notre expérience, je me suis dit « elle va pas tenir », c’est en raison du comportement qu’il faut avoir dans la montagne, en raison de son état physique. Mais je me suis trompé et maintenant elle marche plus que moi.

Jorge Enrique Botero

Source : Revue Question (http://questiondigital.com/?p=8016)

Traduction : Numancia Martínez Poggi

URL de cet article
http://www.legrandsoir.info/Colombie-La-derniere-interview-du-Mono-Jojoy-les-causes-qui-sont-a-l-origine-de-notre-soulevement-existent-encore.html
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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 23:00

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La Havane, 8 novembre, (RHC)- Le Président vénézuélien, Hugo Chavez, a relevé ici, à La Havane, que son pays et Cuba ont bâti un système d’intégration sans précédents dans l’histoire du monde. Il a tenu ces propos dans une intervention spéciale à la télévision cubaine au cours de laquelle il a ajouté :

“Nous les Cubains, les Vénézuéliens, nos deux Révolutions, nos deux gouvernements, chacun respectant les particularités de l’autre, nous avons créé un système d’intégration sans précédents, pas seulement en Amérique Latine mais aussi dans le monde. Nous avons mis sur place un mécanisme, un système d’intégration, d’union absolument complémentaire. Nous nous complémentons. Nous ne nous régissons pas par les mécanismes de concurrence du capitalisme. Nous avons des mécanismes d’intégration généreux, humanistes qui ont été utiles à nos deux pays. Je considère que l’apport que le Venezuela a fait à Cuba a été modeste mais important.

Chaque jour, nos deux pays s’entraideront plus et mieux pour atteindre l’objectif d’une Révolution Socialiste et je cite Simon Bolivar : donner au peuple tout entier la plus grande part possible de bonheur, de sécurité sociale et de stabilité politique. Je crois qu’il revient plutôt aux Cubains d’évaluer avec exactitude le modeste apport que le Venezuela a fait. Mais l’addition des deux apports mutuels, ces deux mécanismes qui ne sont qu’un seul, n’ont pas de précédents. Nous sommes en train de démontrer que nous pouvons faire beaucoup de choses ; atteindre des objectifs très ambitieux avec peu de ressources financières mais surtout avec la ressource immense de la volonté, de l’amour. Comme l’a dit José Martí : « L’amour se paie avec de l’amour »

Hugo Chavez assiste ici à Cuba aux activités de commémoration du 10e anniversaire de l’Accord Intégral de Coopération entre nos deux pays qu’ont signé lui et le leader historique de la Révolution Cubaine, Fidel Castro le 30 octobre 2000, à Caracas.

En évaluant les 10 ans de relations entre Cuba et le Venezuela, Hugo Chavez a indiqué que nos deux pays sont le berceau d’un monde nouveau.

Il a également fait savoir qu’il se réunira avec le Président Raul Castro et avec d’autres membres du gouvernement pour procéder à une révision exhaustive de l’Accord de Coopération Cuba-Venezuela ; sa portée en 10 ans de fonctionnement pour le proroger de 10 ans encore.

Il a dénoncé le fait que l’opposition vénézuélienne et l’empire étasunien tentent de monter une opération contre la Révolution Bolivarienne pour présenter comme un héros le trafiquant de drogue Walid Makled, arrêté en Colombie.

Le Chef de l’État vénézuelien a indiqué qu’il est persuadé du fait que le gouvernement colombien ne va pas se prêter à ce jeu. Il a indiqué qu’il y a un plan pour nuire aux relations entre le Venezuela et la Colombie.

Source : RHC

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 07:00

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Un an pour continuer à avancer, maintenir la stabilité politique et sociale, jusqu’au nouveau scrutin présidentiel prévu le 23 octobre 2011. C’est le défi de Cristina Fernandez de Kirchner, Présidente de la République argentine. Une nouvelle page de la vie politique s’ouvre après le décès de Nestor Kirchner.

A quelques mois des élections présidentielles, la disparition brutale de l’ancien président Nestor Kirchner, dont on pensait qu’il briguerait un nouveau mandat pour succéder à la Présidente en exercice Cristina Fernandez de Kirchner, rebat complètement les cartes.

Les prochains mois vont être semés d’embûches pour la Présidente Cristina Kirchner, pour mener à bien la politique entreprise depuis 2003. Une politique reposant sur un paradigme différent, en rupture avec ce qu’avait connu le pays jusque là : basée sur la demande, la création d’emploi, et le rôle de l’Etat dans la lutte contre l’exclusion, des relations différentes avec le FMI, la construction d’une politique régionale…. Avec de l’audace, mais aussi parfois en défiant les « grands » du pouvoir financier … Tel fut le chemin de la reconstruction socio-économique d’un pays dévasté par le néolibéralisme.

Le mandat de Cristina Kirchner fut, ces derniers mois, déjà plus tourmenté que celui de son prédécesseur dans un pays qui a retrouvé des forces : les revendications des différents secteurs se sont faites plus présentes à travers une opposition de gauche constructive, mais aussi parfois comme pour les retentions à l’exportation avec une opposition ultra conservatrice, au service d’intérêts pas forcément nationaux. Mais la Présidente sut rebondir, créer avec sagacité son propre calendrier politique.

Rassembler, maintenir stabilité et gouvernabilité du pays sont aujourd’hui les deux premiers objectifs. Eviter le chaos, préserver le bien commun. Or, les voix, d’une droite très conservatrice, s‘élèvent déjà pour déstabiliser la présidente rappelant de façon insidieuse que Nestor Kirchner tirait toutes les ficelles derrière elle.

Une femme, une veuve, est-elle bien capable ? Ceux qui dénonçaient « les K » comme un système, le voit amputé donc incapable. C’est bien mal connaître la personnalité de Cristina Kirchner et ses compétences. Oui en effet, Nestor Kirchner était son conseiller le plus proche et avisé, et celui qui écartait les dangers. Oui, sa disparition crée un vide. Oui, Cristina Kirchner va devoir continuer son chemin sans son compagnon de lutte et de vie.

Un défi qu’elle relèvera sans doute, par sa capacité à combattre, son opiniâtreté dans l’adversité. Elle va garder son cap. Et faire taire les venimeux qui voudront établir un parallèle stupide entre elle et Evita. La comparaison s’arrête au genre et au statut matrimonial.

Aujourd’hui le pays voit en elle une veuve. Qu’il faut aider, soutenir, mais l’adhésion émotionnelle ne doit pas être un facteur d’affaiblissement du pays, au contraire. Car une partie de l’opposition, la plus archaïque, voit justement en cette veuve, une proie facile.

La Présidente argentine devra déjouer les trahisons, les coups bas des membres de son propre parti, le si complexe Parti Justicialiste. Divisé en deux grandes familles : le Frente para la Victoria, que représente les Kirchner, et Daniel Scoli... Et le PJ Fédéral qui regroupe des figures comme Carlos Menem, Eduardo Duhalde, Carlos Reutemann.

Sans omettre le jeu trouble de la très conservatrice et influente Eglise argentine. Qui malgré une oraison convenue dès hier – « aujourd’hui nous sommes là pour prier pour un de nos frères » accueillie au cri d’ « hypocrite » dans la cathédrale- n’aura eu de cesse de participer à la déstabilisation du gouvernement ces derniers mois, mobilisant ses troupes -jusque les enfants des écoles catholiques- contre certaines réformes comme le mariage homosexuel, la contraception…. Une église dont le rôle pendant la dictature n’est pas encore soldé.

La déstabilisation peut aussi venir du dehors, enjeux géostratégiques et financiers aidant , les vieux démons sont toujours là : ces derniers mois l’Amérique Latine a été l’objet de plusieurs épisodes de ce type (Bolivie, Equateur, ...). L’Argentine doit s’en protéger.

Le gouvernement argentin doit donc continuer son chemin tant à l’intérieur du pays – éviter la surchauffe inflationniste, maîtriser la croissance tout en ne freinant pas le marché interne et l’emploi, maîtriser ses réserves de change, protéger la souveraineté nationale- qu’au niveau régional à travers l’Unasur et la défense de ses intérêts sur la scène internationale. Alors que le Brésil va justement connaître une nouvelle présidence.

Opposition comme parti au pouvoir ont 11 mois pour préparer l’avenir du pays avec des projets qui dépassent la simple échéance électorale, au service de cette notion d’intérêt commun qui doit rassembler un pays.


 Articles de Estelle Leroy-Debiasi publiés par Mondialisation.ca

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 22:35

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Nestor Kirchner a succombé à 60 ans d’une maladie cardiaque. Il a été président de l'Argentine de Mai 2003 à Décembre 2007 et était Secrétaire Général de l'UNASUR. Sept pays d'Amérique Latine ont décrété un jour de deuil national pour lui rendre hommage: la Colombie, le Pérou, le Chili, le Brésil, le Vénézuéla, le Paraguay et l'Uruguay. Les chefs d'état de Bolivie, du Vénézuéla du Brésil, d'Equateur, d'Urugay, de Colombie et du Chili se sont rendus à ses funérailles en Patagonie, suivies par des milliers d'Argentins. Piedad Córdoba, les Mères de la Place de Mai (les deux étant candidates au Nobel de la Paix…) et le légendaire footballeur Maradona étaient là aussi, parmi d’autres personnalités reconnues dans le monde politique et culturel.

 

Le Président Kirchner a succédé en Argentine à plusieurs décades de dictature qui avaient laissé l'Argentine, selon Rafael Correa, Président Pro Tempore de l'UNASUR, comme "une terre stérile et abandonnée, avec un vide politique impossible à remplir (...) à cause de la guerre sale pratiquée par la dictature dans les années 70 - 80". Rafael Correa a rappelé que la lutte de l'ex-président contre le néo-libéralisme est reconnue pas l'histoire autant que son engagement dans la défense des Droits de l'Homme.

 

Avant l'arrivée de Kirchner au pouvoir, il y avait 18,3% de chômeurs et la "dette" s'élevait à 32 000 millions de dollars. Sous l'administration de Kirchner, l'Argentine a fait baisser de 10% le nombre de chômeurs et l'intégralité de la "dette" au FMI, soit 9 810 millions de dollars, a été remboursée. Il a aussi contribué à enterrer définitivement l’Accord de Libre Commerce des Amériques (ALCA)

La nouvelle du décès de Nestor Kirchner réjouit donc sans vergogne aucune les tenants du néolibéralisme et de la culture des "dettes" en Amérique Latine, donc le FMI dont la présidence est actuellement assurée par le dit « socialiste » Français Dominique Strauss-Kahn (AFP: http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jva-

SZTN6Aeye94JSN8oC3ao7raQ?docId=CNG.317c6a5e22169e8e6518be1a345390f6.d01 )

 

Présent en Patagonie, l'écrivain Urugayen Eduardo Galleano dit:

 

"Selon ce qu'on m'a dit sur la côte colombienne, un vieil homme pauvre, un pêcheur noir, peut monter au ciel et depuis là-haut, il voit la terre."

 

"Au retour, il a raconté et a dit que nous, les petits humains, nous sommes comme une mer de feux, qu'il y a de grands feux et des petits, et des feux de toutes les couleurs."

 

"Aucun feu n'est semblable aux autres. Quelques feux, les feux stupides, n'éclairent pas et ne brûlent personne, mais d'autres feux brûlent la vie avec tant d'ardeur qu'on ne peut les regarder sans ciller et que celui qui s'en approche s'enflamme".

 

"Néstor Kirchner était de ceux là, et il sera difficile de l'éteindre"

 

Son épouse Cristina Fernandez de Kirchner lui a succédé à la présidence en 2007 et il lui incombe la lâche, alourdie par la douleur et l'absence de son compagnon de luttes, d'alimenter le feu allumé chez les Argentins par les époux Kirchner, surnommés « le Pingouin et la Pingouine » en raisons de leurs origines en Patagonie.

 

C'est pourquoi, lors des funérailles de son mari, le peuple Argentin a autant accompagné la dépouille du mari que le deuil de son épouse , en criant et inscrivant partout: "Courage! Force, Cristina!".

Cristina-et-JF-oeillet.jpg

 

En Janvier 2009, Cristina avait témoigné de la reprise de la vie publique de Fidel Castro en se faisant prendre en photo à ses côtés: http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/02/Cristina_fidel.jpg

Par ailleurs, Granma International consacre un article en français à ce décès brutal.

Il reste à faire en Argentine… Courage et Force, Cristina !

Sources :

http://www.granma.cu/frances/notre-amerique/29octubre-44impresionante.html

http://www.aporrea.org/

http://www.radiomundial.com.ve/yvke

Compilation et traduction : Alma

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 22:28

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La victoire de Dilma Rousseff, une économiste de 62 ans était attendue. Tous les sondages réalisés ces dernières semaines lui donnaient un large avantage des intentions de vote. La candidate du Parti du Travail , sera la première femme présidente de l’histoire du Brésil. Elle devra approfondir les changements entrepris par son prédécesseur et camarade de parti, Luis Inacio Lula Da Silva, qui ont transformé le Brésil en la première puissance économique de la région et un interlocuteur valable et respecté du monde développé.
Durant ces 8 ans de mandat de Lula, entre 30 et 40 millions de personnes sont sorties de la pauvreté, ce qui a signifié non seulement un grand succès social, mais un facteur important pour le renforcement économique du pays étant donné que le marché intérieur s’est développé considérablement.

Sur le plan extérieur, le Brésil a dépassé les frontières continentales. Il a commencé un échange économique puissant avec la Chine, la Russie, l’Iran et l’Inde entre autres. Le Brésil est considéré comme une économie émergeante.

Certains considèrent que l’accent mis sur l’exportation de matières premières est une faiblesse de l’économie brésilienne qui exporte du soja, du fer et de la viande. Mais il ne faut pas oublier qu’il existe au Brésil, une industrie électronique, pharmaceutique, aéronautique et militaire bien consolidée.

Un seul bouton sert d’exemple : le système de vote automatique a été un acteur important du processus électoral qui vient de se terminer. Totalement fabriqué au Brésil, il est unique dans la région. Il a été considéré comme un succès de la technologie nationale.

Ce système a permis d’informer la population, en deux heures à peine, des résultats des élections. Il est par ailleurs invulnérable aux irrégularités. En effet, les deux tours des élections présidentielles au Brésil ont eu lieu sans qu’il y ait eu une seule plainte de fraude ou de doute.

Une donnée importante: Le Président Lula quitte le pouvoir avec un taux de popularité de 84% au terme de 8 ans de mandat, du jamais vu. Ce pourcentage signifie non seulement que les pauvres appuient la politique suivie par Lula, mais aussi les autres couches de la population y compris la classe privilégiée.

Maintenir ce taux de popularité sera également un défi pour la nouvelle présidente qui, contrairement à l’avis de certains, n’est pas une néophyte en questions de politique ou d’administration publique.

C’est vrai que c’est la première fois qu’elle brigue une charge dépendant de l’élection populaire. Son grand mérite est d’y être parvenue, elle seule au premier coup. Ce qui n’est pas le cas de son rival, José Serra, du Parti social démocrate qui en est à sa seconde candidature.

D’autre part, même si l’on ne peut pas ignorer, l’influence que la figure de Lula a exercée sur les électeurs, il faut dire que la population a voté pour Dilma Rousseff non pas par inertie, mais parce qu’ils ont perçu sa capacité pour poursuivre l’œuvre initiée par Lula. Ex ministre de l’énergie et des mines et l’ex chef du cabinet présidentiel, Dilma connaît bien la façon de gouverner, car elle même elle a été l’une des protagonistes de la prise de décisions qui ont changé le pays.

Avec l’élection de Dilma Rousseff, l’ère “Lula da Silva” n’est plus un phénomène isolé au Brésil pour devenir une tradition politique. Le pays le plus grand de l’Amérique Latine et des Caraïbes a laissé derrière lui une époque de changements pour entrer dans une phase de changement d’époque.

Fuentes: RHC, AIN, GRANMA, TRABAJADORES, JUVENTUD REBELDE, PL, REUTER, EFE, IPS, ANSA, AFP, XINHUA, TASS, DPA, AP.

 

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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 18:11

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Grâce à leur longue grève de la faim, les prisonniers politiques mapuches ont réussi à faire entrer leurs revendications dans le débat public.

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Marche en faveur des prisonniers politiques Mapuche, 1er septembre
Certains droits réservés par Periódico El Ciudadano

 

La fin de la grève de la faim des 32 prisonniers politiques mapuches incarcérés dans cinq prisons chiliennes a été célébrée le 9 octobre par nombre d’éditoriaux et d’articles d’opinion reconnaissant le succès du mouvement des Mapuches. C’est là, à n’en pas douter, la principale réussite politique de ce long jeûne volontaire [de 85 jours pour la plupart]. Cet écho compte beaucoup plus que les mesures négociées à Concepción, à Angol et à Temuco, permettant de démêler la situation juridique des Indiens, ou même que les réformes partielles au Congrès de la loi antiterroriste [adoptée sous la dictature (1973-1990) de Pinochet et au nom de laquelle les militants mapuches ont été arrêtés]. Le fait d’avoir replacé les exigences des Mapuches dans le débat public est un succès politique à marquer d’une pierre blanche. Le mérite en revient avant tout aux grévistes de la faim, à leurs familles et à leur communauté. Certes, ce débat braque aussi les projecteurs sur le contexte historique, politique et, disons-le également, “citoyen” et “démocratique” du combat mapuche d’aujourd’hui, avec des implications qui restent encore pour l’heure en souffrance. Des implications qu’il faudra faire figurer sur la prochaine liste de doléances, ajoutons-le. Car faire entrer un débat dans l’arène publique est une chose, mais faire en sorte que celui-ci sorte de la caricature en est une autre.

Pourtant les caricatures et les mauvaises plaisanteries sont légion dans les bilans que dressent de cette grève les médias chiliens. Les “gentils Mapuches”, les “méchants Mapuches”, le “leadership violent”, le “leadership paisible”… Parfois, heureusement, certains mettent dans le mille. C’est le cas d’un reportage remarquable d’Ana María Sanhueza dans Qué Pasa [dans notre prochain numéro, 1044, du 4 novembre 2010], qui décrit l’irruption d’une nouvelle génération mapuche, de jeunes conscients de leurs droits, fiers de leurs origines et, bien que formés dans le moule de la “connaissance occidentale”, résolus à ne pas oublier le chemin parcouru jadis par leurs grands-parents. Des jeunes d’une vingtaine d’années qui ont troqué la charrue contre les livres (ou l’ordinateur) et dont beaucoup, au cours de la grève de la faim, ont fait leur entrée en société. Gonzalo Müller, chroniqueur dans l’émission de télévision Estado Nacional et pour le journal La Segunda, leur a donné dans le quotidien du soir le nom de “Generación Weichafe” [génération de guerriers], décrivant presque avec terreur des “jeunes qui portent sur la question un regard rompant avec les exigences traditionnelles de ce peuple”. Les exigences traditionnelles de ce peuple ? Pour Gonzalo Müller, les concepts de “nation mapuche”, d'“autonomie” et d'“autogouvernement”, qu’on entend aujourd’hui à Concepción ou à Temuco dans la bouche de lycéens et d’étudiants aux cheveux longs, ne feraient donc pas partie des “exigences traditionnelles” des Mapuches. En font partie en revanche, comprend-on dans sa chronique, les programmes d’aide de l’Etat, l’engrais pour les semailles, les gravillons pour les chemins, le fourrage pour les bêtes et les paniers familiaux de produits de base, toujours indispensables dans cette société qui n’en peut plus de s’appauvrir.

Gonzalo Müller, éminent professeur à l’Ecole d’administration de l’Université pour le développement, ignorerait-il que dans les années 1930 un des principaux chefs mapuches, Manuel Aburto Panguilef, appelait à l’instauration dans le sud d’une “république indienne” fédérée à l’Etat chilien ? Ignorerait-il que, entre 1925 et 1973, 8 parlementaires mapuches (souvent alliés aux conservateurs) ont représenté les intérêts de leur “race” dans l’honorable hémicycle du Congrès national ? Ne sait-il pas que, dans les années 1970, Alejandro Lipschutz, anthropologue letton et conseiller sur les questions ethniques pour l’Unidad popular [l’Unité populaire, la coalition de gauche qui conduisit Allende à la présidence], plaidait en faveur de la création d’un “territoire indien autonome” comme solution au problème déjà persistant des conflits territoriaux ? Alejandro Lipschutz, qui avait senti dans sa chair le joug assimilateur et uniformisant du communisme soviétique dans sa Lettonie natale, se refusait à “paysannifier” (comme le faisait Allende lui-même) la lutte des Mapuches. Les descendants de Lautaro [illustre guerrier mapuche qui s’opposa aux colonisateurs espagnols au XVIe siècle] ne seraient rien que de “pauvres paysans chiliens” ? Aux yeux de l’anthropologue, quelque chose clochait dans cette affirmation qui, admettons-le, continuait (et continue aujourd’hui encore) de transcender les clivages au sein de la classe politique chilienne, de la gauche à la droite. Et, bien que Müller ne se l’imagine pas un seul instant, nos grands-parents, à l’époque, s’éloignaient déjà de cette conception, prenant prudemment leurs distances avec la gauche et ses rêves de révolution. Ouvrant, non sans difficultés, un chemin revendicatif bien à eux.

Le fait est que les “nouveaux discours”, les “nouveaux récits”, la “nouvelle épopée” que Gonzalo Müller croit voir affleurer, comme par génération spontanée, chez les jeunes Mapuches n’ont en réalité rien de nouveau ou presque rien. Bien au contraire : ils tiennent pour beaucoup d’une mémoire recouvrée, de retrouvailles générationnelles avec un passé pas si lointain, avec des voix familières qui, il y a trente, quarante ou cinquante ans nous parlaient d’un peuple possédant une histoire, un présent et, surtout, un avenir à construire. C’est de cela que parlent aujourd’hui les nouvelles générations. C’est de tout cela, à leur façon, qu’ils parlent au pays entier. Tantôt timidement, tantôt en élevant la voix. Quelquefois de façon contradictoire et confuse. Et peut-être ne le savent-ils pas eux-mêmes, mais par leur voix renaît la voix de leurs ancêtres. S’agit-il d’une voix qui nous renvoie dans le passé, vers cette “communauté perdue” que dépeignent les anthropologues et les sociologues, vers cette “réduction rurale” idéalisée par les dirigeants et les poètes ? Absolument pas. La voix mapuche, dans l’actuel Chili conservateur, est une voix riche de modernité et d’avenir. Une voix qui renvoie, pour qui veut bien l’écouter, à des débats de tout premier ordre dans le concert international : multiculturalisme, approfondissement de la démocratie, citoyenneté et interculturalité, décentralisation du pouvoir et nouvelles formes de représentation sociale et politique, modèles de développement et impact de ces derniers sur l’humanité et sur la planète, etc. Rien de tout cela ne parle du passé. A l’inverse, ce sont des voix qui, à travers cette jeunesse, font faire aux Mapuches et à tous les Chiliens un pas de plus vers l’avenir. Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir.

Cette nouvelle génération va dans peu de temps, si je peux me hasarder à un pronostic, rompre avec toutes les images préconçues en vigueur sur ce que nous, Mapuches du Chili, sommes censés être : des paysans, des domestiques asservis, des boulangers, des vendeurs sur le marché de la Vega à Santiago, de simples soldats dans les rangs de l’armée – des chasseurs-cueilleurs peut-être encore ? Il serait bon, messieurs les représentants des classes politique et intellectuelle de ce pays, de leur accorder un peu plus d’attention. Ils sont nombreux, il serait temps de s’en rendre compte. On estime à 2 000 le nombre de jeunes Mapuches dans les seules universités publiques et privées de Temuco. Ils sont plusieurs centaines d’autres sur les campus et dans les facultés de Concepción, de Valdivia, d’Osorno et de Puerto Montt. Sans parler de Santiago et de Valparaíso, deux villes où se concentrent désormais la majorité des nôtres, une diaspora qui peu à peu rompt avec la timidité et exige elle aussi sa place dans cette Histoire. Ces milliers d’étudiants mapuches, ajoutés à plusieurs autres milliers de jeunes qui, dans les communautés rurales, renforcent l’identité et le discours mapuches, unis à une classe moyenne émergente formée d’intellectuels et d’actifs qui au quotidien conquièrent symboliquement des espaces qui jusque-là leur étaient fermés, forment une génération montante extrêmement puissante. C’est le passage du panier d’aide à la lutte pour le pouvoir politique. Le passage de l’assistanat à la reconnaissance et à la pleine jouissance des droits. Ils annoncent, en somme, l’aube du Mapuche et le crépuscule du “Mapuchito”.
 Articles de Pedro Cayuqueo publiés par Mondialisation.ca

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26 octobre 2010 2 26 /10 /octobre /2010 10:46

FOSA-GIGANTE-COLOMBIA3

 Par Azalea Robles

  • "Il faut promouvoir la mobilité des droits de propriété " Banque mondiale.
     

  • De nombreuses victimes de la contre-réforme agraire en Colombie ont disparu dans les fours crématoires, les élevages de caïmans et les fosses communes ” Survivant.
     

  • Ce que vise la Loi sur les Terres de Santos, c'est à légaliser la spoliation des terres. C'est la consolidation de la contre-réforme agraire.
     

  • Les millions d'hectares de terres volés aux victimes et aux personnes déplacées par le terrorisme d'État en Colombie sont sur le point d'être remis légalement entre les mains du grand capital, grâce à un tour de passe-passe juridique très futé du gouvernement de Juan Manuel Santos.
     

  • “Le président Uribe se plaignait de ne pas pouvoir créer d'exploitations de 45.000 hectares dans les plaines orientales : il se plaignait de ne pas pouvoir supprimer l'UAF, qui est une parcelle relativement petite de terre, et cela gênait M. Uribe (…) À l'article 69, on lit l'UAF sera supprimée (… ); c'était ce dont se plaignait Uribe…” J.E.Robledo

Depuis la prise de fonctions du nouveau président de Colombie, Juan Manuel Santos, propriétaire des principaux médias de masse et grand latifundiste, nous avons été témoins d'une grande opération médiatique qui vise à présenter les “différences” entre l'administration de Santos et l'administration de Uribe. L'administration de Uribe est apparue publiquement comme une administration marquée par le paramilitarisme, la torture, les violations des droits humains… et la stratégie consiste à faire croire que Santos se démarque de ces niveaux de barbarie, en s'appuyant sur le monopole des médias de masse. Il convient cependant de rappeler que Santos a été ministre de la Défense de Uribe, et responsable des mal nommés “faux positifs ” (1) : exécutions extrajudiciaires pratiquées par l'armée de Colombie. Les militaires enlèvent des jeunes, les déguisent en guérilleros et les assassinent, puis ils les présentent comme des “guérilleros morts au combat”. Les militaires commettent ce crime pour “afficher des résultats” dans leur guerre contre l'insurrection, et aussi pour assassiner les civils qui “dérangent” (lire les syndicalistes, les enseignants, les dirigeants paysans, etc.). Les médias de masse se chargent de diffuser le mensonge, puisqu'en Colombie les moyens de diffusion de masse prennent pour argent comptant ce que leur disent les sources militaires… La médiatisation des supposés guérilleros morts est macabre : on montre des corps alignés, à demi nus, allongés sur le sol … On conditionne ainsi l'opinion publique à la déshumanisation des guérilleros. Avec les “faux positifs”, la directive présidentielle 029 pousse les militaires à “présenter des cadavres”, puisqu'ils reçoivent des récompenses économiques ou des permissions en fonction des cadavres présentés.

Les organisations de victimes dénoncent plus de 5.000 cas de “faux positifs”, la Fiscalía enquête sur quelque 2.000 exécutions extrajudiciaires commises directement par des membres des forces de sécurité de l'État colombien, mais l'impunité règne. Les “faux positifs” sont des crimes contre l'humanité et montrent à quel point les montages, les mensonges et les crimes font partie intégrante de l'État colombien, qui relève du concept d'État terroriste. C'est une évidence triste et vérifiable, bien que le degré d'horreur la fasse paraître invraisemblable; l'ONU et d'autres organismes sont au courant de ces pratiques mais demeurent complaisants à l'égard de l'État colombien.

Les faux positifs sont de réels assassinats qui servent à créer une réalité virtuelle… les médias de masse exercent un rôle particulièrement belliciste en Colombie, en légitimant un régime génocidaire, au point d'occulter les fosses communes gigantesques, comme ils ont essayé de le faire avec la plus grande fosse commune du continent américain (2), située derrière la base militaire de la Force Omega à la Macarena (Meta), qui contient au moins 2.000 cadavres, et qui a été dénoncée par des observateurs internationaux, des ONG de défense des droits humains, et par des proches de victimes de disparus … Les médias de masse cachent les crimes de l'État colombien et se prêtent à tous les montages que préconisent les militaires, comme la médiatisation des morts de paysans déguisés en guérilleros.

La construction d'une réalité virtuelle, qui opère comme une scénographie masquant la réalité objective, est une composante fondamentale de la guerre en Colombie. Et dans ce texte, nous voulons traiter d'un cas essentiel de falsimedia (désinformation), puisqu'il s'agit de tromper au sujet d'une des questions les plus fondamentales de l'injustice et de la guerre en Colombie : la question de la terre.

Pour blanchir l'image du gouvernement de Santos, les médias de masse cherchent à faire croire, en Colombie et dans le monde, que Santos “rendra la terre aux déplacés” et “procédera à une réforme agraire”… Rien n'est plus éloigné de la réalité, bien que les apparences se fondent sur des échafaudages spécialement construits pour soutenir la propagande. L'argument de ce gouvernement, “la réparation aux victimes”, auxquelles on dit qu'ont leur rendra les terres usurpées, a été dénoncé comme une utilisation cynique des déplacés par des organisations de victimes telles que le Mouvement des victimes de crimes d'État, et par des opposants tels que le sénateur Robledo. (3)

 Concrètement, l'objectif de la Loi sur les Terres de Santos est la légalisation de la spoliation des terres. C'est la consolidation de la contre-réforme agraire.

 Les millions d'hectares de terres volés aux victimes et aux personnes déplacées par le terrorisme d'État en Colombie sont sur le point d'être remis légalement entre les mains du grand capital, grâce à un tour de passe-passe juridique très futé du gouvernement de Juan Manuel Santos.

C'est le même cynisme qui a été appliqué en Colombie lors des fameux "dialogues de Ralito 'entre' le gouvernement et les paramilitaires", dialogues populairement qualifiés de Monologue, étant donné la façon dont la structure paramilitaire est utilisée comme outil de guerre sale par l'État lui-même... Le paramilitarisme est l'arme de la guerre sale de l'État colombien, et bénéficie aussi d'un financement et des conseils des multinationales et des latifundistes; c'est un outil mis en oeuvre pour éliminer les opposants et chasser d'immenses quantités de personnes de zones à haut intérêt économique. 

Aujourd'hui, ce sont plus de 6 millions d'hectares de terres qui ont été enlevés aux victimes et déplacés; en Colombie, on compte plus de 4,5 millions de déplacés. Le MOVICE et d'autres sources parlent de plus de 10 millions d'hectares usurpés, le gouvernement avance le chiffre de 3,5 millions d'hectares.

La Loi sur les terres de Santos contient plusieurs ruses, voyons  concrètement en quoi consiste la règle:

La règle dit que dans certaines zones du pays choisies par le gouvernement, il sera procédé à des restitutions de terres dans un délai limité.

Si la personne spoliée ne veut pas de la terre, l'État lui propose un titre de trésorerie qui viendra à échéance avec une vente très bon marché de sa terre.

D'après les enquêtes, la grande majorité des déplacés (jusqu'à 80%) craignent de revenir sur leurs terres étant donné que les régions sont sous la domination du paramilitarisme et qu'il y règne un régime de terreur.

Ce qui précède montre que ce que l'on présente comme la restitution de parcelles de terre aux personnes spoliées par la violence cache justement la spoliation définitive de ces personnes.

La Loi sur les Terres est présentée dans les médias de masse pour ce qu'elle n'est pas.

En Colombie, les terres doivent être restituées aux déplacés; mais ce n'est pas ce que vise la Loi sur les Terres. Premièrement : la Loi ne sera pas d'application dans l'ensemble du pays, mais uniquement dans les territoires désignés par le gouvernement (zones de consolidation paramilitaire-militaire). Les déplacés ne pourront donc pas effectivement aller vivre dans des zones dominées par leurs bourreaux.

Deuxièmement : La politique agricole de ce gouvernement s'inscrit dans la poursuite de la politique du gouvernement de Uribe, en ce sens qu'il s'agit d'une politique néolibérale, qui favorise la grande propriété, le capital étranger, la méga exploitation minière, les mono-méga-cultures, le démantèlement de la protection des paysans et du secteur national de l'agriculture contre les produits subventionnés des USA et de l'UE : une politique d'annihilation de la souveraineté alimentaire …

On va supprimer l'UAF (Unité agricole familiale) pour établir de grandes plantations sur les hauts plateaux. Davantage de terres seront dévolues aux multinationales étrangères. La Banque mondiale encourage la concentration des terres et préconise l'acquisition de titres comme étape préalable à la constitution de monopoles. L'acquisition de titres sur les terres est désormais encouragée par le gouvernement, alors qu'il l'a toujours rejetée; il est évident qu'aujourd'hui, l'objectif est le transfert des terres des paysans vers le grand capital. Selon la Banque mondiale : "Il faut promouvoir la mobilité des droits de propriété."

La politique agricole du gouvernement de Juan Manuel Santos, qui est  de favoriser la grande propriété et le ‘libre commerce’ implique la ruine de l'agriculture : un appauvrissement accru, davantage de déplacements en masse des populations, davantage de faim et de misère, dans un pays dont la majorité de la population vit déjà dans l'indigence.

En Colombie, 68% de la population vit dans la pauvreté et l'indigence. La concentration de la richesse est scandaleuse : la Colombie est le 11e pays dans le monde où l'inégalité sociale est la plus élevée (11e place selon le cœfficient de GINI), et est le pays où l'inégalité est la plus grande sur le continent américain. Il y aurait, selon les chiffres les plus cléments, 8 millions d'indigents et 20 millions de pauvres (4). Plus de 20.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de dénutrition aiguë (chiffres de l'UNICEF); sur 100 mères déplacées en cours de grossesse, 80 souffrent de dénutrition chronique (5). Simultanément, et corrélativement à cette misère, un seul banquier, Sarmiento Angulo, contrôle 42% du crédit national et déclare des revenus de 1.250 millions de dollars pour le dernier bimestre de 2009. (6)

Cette injustice sociale et cette misère vont s'accentuer avec la politique agricole du gouvernement de Santos, qui poursuivra les TLC et le ‘libre commerce’. L'article 53, qui se réfère à la politique agraire de l'administration de Santos, parle d'encourager la grande production entrepreneuriale… Elle soutient le modèle de la grande propriété et de l'extraction minière par les multinationales.

 Avec la Loi sur les Terres de Santos, il s'agit d'officialiser des changements de propriété : et plus (uniquement) par la spoliation, mais par la voie...disons "licite"... quel cynisme ! Après des centaines de massacres, et la création de zones de terreur militaire-paramilitaire, de zones de non retour, on cherche à créer une situation de non retour juridique.

On a caché la réalité terrible au sujet de la Loi sur les Terres de Juan Manuel Santos.

C'est une loi qui va également mettre fin aux rares dernières lois sur la protection des petits paysans, comme l'UAF (Unité agricole familiale).  L'UAF est  une loi qui limite les terrains, qui empêche les dimensions exagérées.

 Voici ce qu'a déclaré le sénateur Jorge Enrique Robledo à ce sujet (7), lors du débat sur le projet de loi sur les terres, en séance plénière du Sénat, en septembre 2010 :

“Le président Uribe se plaignait de ne pas pouvoir créer d'exploitations de 45.000 hectares dans les plaines orientales : il se plaignait de ne pas pouvoir supprimer l'UAF, qui est une parcelle relativement petite de terre, et cela gênait M. Uribe (…) À l'article 69 (relatif à la politique agricole de l'administration de Santos),  on lit que l'UAF (Unité agricole familiale)… sera supprimée (… ); c'était ce dont se plaignait Uribe…” 

Il faut dénoncer cette Loi des Terres pour ce qu'elle est : une étape fondamentale de la spoliation, la légalisation sans retour en arrière par la voie juridique.

Le terrorisme d'État en Colombie et le modèle minier de saccage de l'environnement et de spoliation des paysans, des indigènes et des afro-descendants se consolide avec Santos; ce n'est pas pour rien que d'aucuns l'appellent “le nouvel administrateur des intérêts des USA et de l'UE en Colombie”. Le terrorisme d'État demeure la garantie d'éliminer les opposants au pillage.

NOTES:

1.             “faux positifs”¹: (Les faux positifs sont des assassinats d'enfants et de jeunes gens perpétrés par l'armée colombienne, qui médiatise ensuite leurs cadavres en les faisant passer pour des “guérilleros morts au combat”: http://www.falsos-positivos.blogspot.com/

http://www.rebelion.org/noticia.php?id=114699&titular=terrorismo-de-estado:-el-caso-de-los-falsos-positivos-

 2.             La plus grande fosse commune d'Amérique latine, une découverte dantesque qui ne suscite cependant pas le rejet international que mérite le régime colombien : plus de 2000 cadavres de disparus imputables à la force Omega du "Plan Colombie". (16) L'armée y aurait enterré des disparus depuis 2005:  http://www.publico.es/internacional/288773/aparece/colombia/fosa/comun/cadaveres
http://www.rebelion.org/noticia.php?id=99507

3.             http://www.youtube.com/user/POLOMOIRTV#p/a/u/0/4rHBVTE6eaw

http://www.movimientodevictimas.org/index.php?option=com_content&task=view&id=714&Itemid=1

 4.             L'étude de la Misión para el Empalme de las Series de Empleo (MESEP), Pauvreté et inégalité 2009, a comptabilisé huit millions de Colombiens dans l'indigence et 20 millions de pauvres. Dans les zones rurales, sur 100 foyers, 65 sont considérés comme pauvres et 33 vivent dans l'indigence. http://www.abpnoticias.com/index.php?option=com_content&task=view&id=2446&Itemid=90
http://www.elcolombiano.com/BancoConocimiento/I/informe_sobre_pobreza_e_indigencia/informe_sobre_pobreza_e_indigencia.asp

5.             En Colombie, plus de 20.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de dénutrition aiguë; sur 100 mères déplacées enceintes, 80 souffrent de dénutrition chronique, UNICEF: http://www.elcolombiano.com/BancoConocimiento/D/desnutricion_infantil_que_no_deja_crecer_/desnutricion_infantil_que_no_deja_crecer_.asp

http://colombia.indymedia.org/news/2009/09/106455.php

La Colombie, pauvre parmi les pauvres :
http://alainet.org/active/33960&lang=es

 6.             Sarmiento Angulo, l'entrepreneur le plus riche de Colombie est, avec la poignée d'oligarques parmi lesquels on distingue Ardila Lule et Santo Domingo, le grand promoteur de la néfaste “Sécurité" démocratique” du gouvernement Uribe, et, par hasard, Uribe a obéi à chacune de ses suggestions en un temps record de 24 heures, comme ce fut le cas lorsque Sarmiento Angulo proposa que “l'impôt pour financer la sécurité démocratique” soit permanent et qu'il s'applique à tous les Colombiens : aussitôt dit, aussitôt fait : http://www.lasillavacia.com/historia/1717

http://noticieroconfidencial.com/?p=11

Colombie : les revenus et les bénéfices des grandes entreprises sont en augmentation http://www.desdeabajo.info/index.php/actualidad/colombia/4850-colombia-crecen-las-ganancias-y-los-beneficios-de-las-grandes-empresas.html

Crise du modèle néolibéral et inégalité en Colombie (…) http://www.desdeabajo.info/index.php/fondo-editorial/vertices-colombianos/5779-crisis-del-modelo-neoliberal-y-desigualdad-en-colombia-dos-decadas-de-politicas-publicas.html

http://www.portafolio.com.co/economia/finanzas/ARTICULO-WEB-NOTA_INTERIOR_PORTA-7480367.html

Publié le 15 février 2010 : Les revenus du secteur financier ont atteint les 8,5 milliards de dollars.
http://www.elespectador.com/articulo187857-ganancias-del-sector-financiero-llegaron-85-billones

 7.            L'exposé du sénateur Jorge Enrique Robledo lors du débat sur le projet de loi sur les terres, pendant la séance plénière du Sénat  du 21 septembre 2010, nous éclaire sur cette question : http://www.youtube.com/user/POLOMOIRTV#p/a/u/0/4rHBVTE6eaw

Source : Arlac

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 14:29

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Mercredi 13 Octobre 2010  - Le président Bolivien, Evo Morales, a affirmé ce mardi qu'il trouvait "très suspecte" l'élection de ceux qui remportent le Prix Nobel et qu'après réflexion sur l'attribution de cette récompense il est arrivé à la conclusion qu'elle ne sera jamais remise à des personnalités dont la position politique "ne soutient pas l'Empire".

 "J'en suis arrivé à la conclusion que le Prix Nobel de la Paix ne va jamais être décerné à des mouvements sociaux ou à des personnalités anti-capitalistes et anti-impérialistes. De cela, je suis convaincu." assura-t-il.

 Il a fait ces déclarations lors d'une conférence de presse à laquelle participait aussi le vice-président de Bolivie, Álvaro García Linera, au cours de laquelle il a ajouté qu'il "était conscient que les organisations qui accordent ces récompenses ont le droit de faire leur choix", mais, cependant, il a souligné "qu'à ce niveau, les nominations sont très suspectes".

 En guise d'exemple pour argumenter sa position, Morales a rappelé l'attribution du Premier Prix Nobel de la Paix en 2009 au président des Etats-Unis, Barack Obama, et la remise de cette récompense en littérature à l'écrivain Péruvien Mario Vargas Llosa, qui est aussi un "personnage de la mouvance capitaliste".

 "Si lui (Obama) est considéré comme premier en en ce qui concerne la Paix, comment seront les autres premiers, comme celui de Littérature, Vargas Llosa, qui m'attaque personnellement tous les trimestres, et auquel je n'ai jamais répondu."

 Il a redit que le refus manifesté pour le gagnant de cette année, le Chinois Liu Xiaobo, n'était pas dû à "une attitude prédéterminée" mais qu'il y avait parmi les candidats des défenseurs de valeur des droits de l'homme qui l'auraient mérité.

 "Il y avait par exemple les Mères de la Place de Mai en Argentine qui représentaient une candidature convaincante, mais elles ne furent pas élues",

 En dernier, il a fait savoir que le prix Nobel ne sera pas plus fort que ses valeurs et qu'il maintiendra sa position révolutionnaire.

 Evo Morales a postulé pour le Nobel de la Paix depuis 2006, quand il est arrivé à la présidence de la Bolivie. Il a reçu l'appui de personnalités internationales, généralement de gauche, qui appuyaient les pays progressistes, les groupes indigènes et les divers mouvements sociaux.

 Campagne mondiale contre le racisme.

 Lors de la célébration du 87° anniversaire des forces Aériennes de Bolivie (FAB), Evo Morales en a profité pour annoncer que ce pays allait prendre la tête au niveau mondial d'une campagne contre le racisme et la discrimination.

 "C'est un mal qui créé des dommages et divise les peuples", a-t-il manifesté.

 Il a ajouté que "la liberté d'expression, ce n'est pas fait pour promouvoir le racisme et la division" et il a certifié que la discrimination pour "des questions d'ethnie" était le produit de l'héritage colonial et qu'elle devait être éradiquée.

 "La lutte contre le racisme a commencé avec l'approbation d'une loi qui tend à défendre le droit des Boliviens"

 Il a souligné que, pour faire front à la discrimination, le rôle d'une armée agissant conjointement avec le peuple est fondamental pour consolider le processus de transformations sociales.

 "Une nouvelle doctrine a vu le jour dans les Forces Armées de Bolivie, qui est un exemple pour les militaires des autres nations Latino-Américaines et ceux du monde (...) Elles ne sont pas là pour provoquer des guerres, ce qui ne veut pas dire qu'elles ne sont pas préparées à défendre la patrie si celle ci est menacée", a-t-il souligné.

 

Petra Dos Santos

Source :radiomundial

Traduction : Alma

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 07:58

compu-jojoy.jpg

Lire ou relire : Colombie : Trente bombes pour quoi ?

Photo des prétendus ordinateurs de « Mono Jojoy », présentés cette fois dans ce qui semble être un « butin » sorti de décombres, et avec un boîtier légèrement abîmé. ( En dépit d’un bombardement ultra violent, cependant !)

 

mono_jojoy.jpg17 Octobre 2010 - Les guérilleros ont emporté leurs ordinateurs au moment des intenses combats pendant les jours de bombardement contre "Mono Jojoy" durant lesquels a été abattu le commandant insurgé.

 

Selon une information de l'agence ANNCOL les guérilleros des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) ont "retiré" les deux ordinateurs du campement de Mono Jojoy. Ce qui flanque par terre la version du gouvernement colombien qui a déclaré 12 ordinateurs et supports USB. Selon cette information "les ordinateurs des guérilleros utilisent un système de cryptage qu'il est impossible de déchiffrer".

 

Ils ont aussi révélé que les journalistes Edmundo García et Francisco Aruca du programme populaire de Miami "La Tarde se Mueve", ont dénoncé que c'étaient les forces des Etats-Unis et non pas celles de la Colombie qui avaient conduit le bombardement contre "Mono Jojoy"

Aporrea

Traduction : Alma

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